ÉTUDE DE LA PRODUCTION
DE LA VIANDE CHEZ LES OVINS
VII. - NOTE SUR I,ES RELATIONS ENTRE L’INDICE DE CONSOMMATION ET LA CROISSANCE DE L’AGNEAU
R. BOCCARD
Laboratoire de Recherches sur la
Viande,
Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Sei ll c-et-Oise).
SOMMAIRE
L’indice de consommation de 52agneaux mâles de la race
Prdaipes
du Sud élevés aurégime
lacté exclusif, évolue en fonction des vitesses de croissance. ("est aux vitesses de croissance voisines de200g par
jour
que la transformation de la ration cngain
depoids
vif présente le meilleur rendement.L’augmentation
de l’indice de consommation pour les vitessessupérieures
ou inférieures à 200g/jour souligne
la nécessité de la détermination de la vitesse de croissanceoptimum
pour les différents types deproduction
de viande.L’indice de consommation
(rapport
entre laquantité
d’aliments consommée par un animalpendant
unepériode
déterminée et songain
depoids
vifpendant
lemême
temps)
est une valeur souvent calculée et utilisée pour différentescomparai-
sons dans le domaine de la
production
animale.L’indice de consommation à un
âge
donné estgénéralement
considéré comme unefonction linéaire de la vitesse de croissance.
Toutefois,
chezl’agneau, quand
la vitesseest très faible ou assez
élevée,
il semble(RicoRDE A U.
BoccARD,19 6 1 )
que la relationsoit
plutôt
curvi-linéaire et que les rendements de la transformation du lait maternelen
gain
depoids
vif diminuent(Ow!!, I957 )
avec les très fortes consommations. Deplus,
l’indice de consommation varieégalement
selonl’âge
des agneaux(L!ROY,
LERY,ZEU E R, Ic!52)
et leurtype
de naissance(simple
ougémellaire), (R I C ORD E AU ,
BOCCARD,
ig6i).
La
présente
note a pourobjet
l’examen desvariations,
en fonction de la vitesse decroissance,
de l’indice de consommation del’agneau pendant
lapériode
d’allaitement.MATÉRIEL
Nous avons, dans cette note, utilisé les résultats du contrôle d’alimentation
d’agneaux
que nousavons élevés dans le but d’étudier l’influence de la vitesse de croissance
globale
sur la croissance musculaire.52agneaux de la race
Pyéal(!es
du Sud furent choisispendant
quatre saisons dans le troupeau du domaineexpérimental
deBrouessy.
Seuls les mâles dont lepoids
de naissance étaitcompris
entre3 ,
400kg et 3,700kg furent retenus. Placés en cases individuelles i à
2 jours après
leur naissance, ilsfurent alimentés exclusivement au lait de brebis provenant du
mélange
du lait de traite d’un trou- peau d’un effectif minimum de 30brebis. Le lait fut distribué par biberon enquantité
contrôlée.Les tétées étaient
espacées
selon unrythme
diurne aussiproche
quepossible
de celui des tétées naturelles(RICORDEAU,
BOCCARD, DENAMUR, 1960). Les animaux étaient peséschaque
matin avantla
première
tétée et lesquantités
de lait étaientajustées quotidiennement
pour maintenir l’animal à la vitesse de croissancequi
lui étaitimposée.
Les indices de consommation furent calculés par
périodes
de 10jours
oumultiples
de 10jours
àcompter du 2&dquo; ou 3e
jour après
la naissance.RÉSULTATS
Les
principaux
résultats sont rassemblés dans lafigure
i où les indices de consommation(kg
de lait parkg
degain
depoids !-if),
calculés sur 10, 20, 30, 40, 50jours,
sontreprésentés
en fonction de la vitesse de croissance(en
g parjour).
DISCUSSION
A chacun des
âges,
l’indice de consommation pour une vitesse de croissance donnéeprésente
une variabilité assezgrande, malgré
les conditions strictes ayantprésidé
au choix des animaux. Cette variabilité estimputable
enpartie
aux !-aria-tions de
composition
dulait,
aux erreursexpérimentales,
mais aussi aupotentiel
de transformation propre à
chaque
animal.Pour la
première période
de 10jours,
entre les vitesses de croissance faibles et la vitesse de croissance de 200g degain
parjour,
l’indice de consommation s’abaisserapidement
deplus
de iokg
delait/kg
degain à kg
delait/kg
degain.
L’indice deconsommation reste
pratiquement
constant pour toutes les vitessessupérieures
à 200g de
gain
parjour.
Pour lespériodes portant
sur les 20 ou 30premiers jours
du
contrôle,
au-dessous de 200g degain
parjour,
l’indice de consommationprésente
la même évolution que pour la
première période
de IOjours.
Au-dessus de 200g degain
parjour,
par contre, l’indiceprésente
une tendance très nette àl’augmentation.
Il existe donc une vitesse de croissance pour
laquelle
le rendement de la trans- formation du lait de la ration engain
depoids
vif est maximum. Il faut noter aussique, au-dessus de 200g de
gain
parjour,
les indices de consommation obtenus pour lespériodes,
sur 10, 20, 30, 40, 5ojours,
augmentent d’unepériode
à l’autre. Cetteaugmentation
est deplus
enplus
forte au fur et à mesure que l’animalvieillit, phéno-
mène
qui
estbeaucoup
moins net pour les indices de consommation obtenus pour les vitesses inférieures à 200g degain
parjour
etqui
traduit vraisemblablement les variations decompositiorcdu gain
depoids
vif.Nos résultats montrent que,
lorsque
l’indice de consommation estpris
commecritère de
comparaison (entre
deuxtraitements,
entre deuxrégimes
alimentairesou entre des
aptitudes
deproduction
desanimaux),
il estindispensable,
pourjuger
correctement la valeur relative de cet
indice,
de considérerégalement
la vitessede
croissance,
ainsi que lacomposition
dugain.
Lepremier point
avaitdéjà
été souli-gné
pourl’espèce porcine
par FÉVRIER( 1952 ) qui
avait montré que l’indice de con-sommation n’était pas le témoin fidèle de l’efficacité de la ration.
Pour ce
qui
est enparticulier
de la sélection des brebis par le contrôle indirect de leurproduction
laitière avant latraite,
méthode où l’onappliquait jusqu’alors
un coefficient moyen de transformation du
gain
depoids
vif en lait consommé par les agneaux, les résultats ci-dessuspourraient permettre
d’établir des coefficients de transformationappropriés, permettant
une meilleure estimation de laproduction
laitière des brebis.
D’une
façon générale,
dans unplan
d’amélioration de laproduction animale,
il est nécessaire de
prendre
enconsidération,
non seulement laquantité
et laqualité
du
produit,
mais le coût unitaire de ceproduit,
fonctionprincipalement
de la vitesseadoptée
pour l’obtenir. Laprésente
notesouligne,
dans le casd’agneaux
de racePréalfies
duSud,
la relation entre la vitesse de croissance et le coût deproduction
etmet en évidence l’existence d’une vitesse de croissance pour
laquelle
le rendementde la transformation de la ration en
produit
estoptimum.
Si l’onpeut
s’attendreà ce que le même
phénomène
sereproduise
pour les différentes races, voire les diffé- rentesespèces,
il reste encore à établirquelle
est, du strictpoint
de vue de l’efficacité de la transformation de laration,
la vitesseoptimum
pourchaque type particulier
de
production
de viande.Reçu
pourpublication
en octobre19 6 3 .
SUMMARY
STUDY OF MEAT PRODUCTION IN SHEEP.
VII. NOTE ON THE RELATION BETWEEN THE RATIO OF MILK CONSUMED TO LIVE WEIGHT GAIN AS INFLUENCED BY THE RATE OF GROWTH
The ratio of milk consumed to live
weight gain
of S2malePréalpes
du Sud lambs fed on milkonly
is influencedby
the rate ofgrowth.
The better conversion ratio is obtained at the rate ofgrowth
of 200
g/day.
At
higher
rates and at lower rates as well, the conversion ratio is increased. Thispoints
out theneed of the
knowledge
of theoptimum
rate ofgrowth
in any type of meatproduction.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
FÉVRIER R., 1952. L’indice de consommation est-il chez le Porc le témoin fidèle de l’efficacité d’une ration?
Ann. Zootech., 1, r !5-r8¢.
LE R
OY A. M., L!xi G., ZELTER S. Z., 1952. Contribution à l’étude de l’utilisation du lait par les jeunes
animaux. Ann. Zootech., 1, 6l-ï7.
OwErr J. B., r957. A study of the lactation and growth of hill sheep in their native environment and under lowlands conditions. J. Agi,. Sci., 48, 387-¢rz.
R ICORDFAU
G., BOCCARDR., DENAMURR., ig6o. Mesure de la production laitière des brebis pendant la période d’allaitement. Ann. Zootech., 9, 97-120-
R l ëO RDF A
U