INFLUENCE D’UN APPORT DE DL-MÉTHIONINE
A DES VACHES AU DÉBUT DE LA LACTATION
SUR LA PRODUCTION LAITIÈRE
ET LA COMPOSITION DU SANG
B. RÉMOND,
C. CHAMPREDON* C. DECAEN, R. PION* M. JOURNETRenée LEFAIVRE, J. LEFAIVRE B. MARQUIS
Station de Recherches sur
l’Élevage
des Ruminants,*
Station d’Étude des Métabolismes,
Centre de Recherches zootechniques et vétérinaires, I. N. R. A., 63 - Saint-Genès-ChamQanelle
RÉSUMÉ
A un lot de m vaches laitières nous avons distribué 50 g de DL-méthionine par jour et par animal (lot méthionine); nous avons comparé ses productions à celles d’un autre lot de vaches
(lot témoin), traité de la même façon, mais qui ne recevait pas de méthionine. La distribution de méthionine a commencé 2 semaines avant le vêlage et s’est terminée à la 5esemaine de la lac- tation.
Les
quantités
d’aliments ingérées ont été les mêmes dans les 2 lots (tabl. 2) ; il en est de même des quantités de lait et de matières azotées produites, et de la teneur du lait en matières azotées (tabl. 2et fig. i). En revanche, le taux butyreux et la quantité de matières grasses sécré- tée dans le lait ont été plus importants dans le lot méthionine que dans le lot témoin (P < 0,05).Le poids vif des vaches a diminué après le vêlage dans le lot méthionine, mais a augmenté dans le
lot témoin. Dans le lot méthionine, comparativement au lot témoin, la composition des acides gras du lait n’a pas été significativement différente bien que le pourcentage des acides gras longs a eu tendance à être plus élevé (tabl. 3) ; par ailleurs, la concentration des corps cétoniques dans le
sang a été plus élevée (P < 0,10), ainsi que celle des acides gras libres dans le plasma (de façon
non significative).
A la 5e semaine de la lactation la concentration des acides aminés libres totaux du sang a été plus faible dans le lot méthionine que dans le lot témoin, ce qui a été principalement dû à
une diminution de la concentration des acides aminés indispensables (tabl. 5) ; la concentration des acides aminés du cycle de l’urée a aussi été plus faible. A la différence des autres acides aminés
indispensables,
les concentrations de la méthionine et de lalysine
n’ont pas été plus faibles dans le lot méthionine que dans le lot témoin, et la concentration de l’histidine a même été plus élevée.Il semble que la méthionine ait pu agir au niveau digestif en stimulant la croissance des
microorganismes du rumen et en particulier des protozoaires, au niveau métabolique en accrois-
sant la mobilisation des lipides corporels et aussi peut-être au niveau de la mamelle en accroissant l’activité de synthèse.
INTRODUCTION
Ëtudiant
lacomposition
des différentes classes delipides
deslipoprotéines sériques
chez des vaches normales etacétonémiques,
et se fondant sur les rôles connusde la méthionine dans le métabolisme
lipidique,
MCCARTHY et al.( 19 68)
ont émisl’hypothèse qu’une
carence en cet acide aminépouvait
être un facteurimportant
de
l’apparition
de l’acétonémie chez les bovins. Al’appui
de cettehypothèse,
cesauteurs ont montré
qu’un apport
de méthionine ou d’unanalogue hydroxylé (MHA) permettait
une améliorationrapide
de l’état de santé de vachesacétonémiques
etune
augmentation importante
de leurproduction
laitière.L’action
favorable de lasupplémentation
durégime
en MHA sur laquantité
de lait
produite
etplus
encore sur le tauxbutyreux
a été mise en évidence avec desvaches en bon état de santé au début de la lactation
(G RIEL e1 al., ig68;
POLAN etal.,
ig 7
o a ; PATTON et
al.,
1970b). Cependant,
BURGOSet OLSON( 1970 ) qui
distribuaient desquantités
de MHA semblables à celles des auteursprécédemment
cités à desvaches
qui, semble-t-il,
n’étaient pas au début de lalactation,
n’ont trouvé aucuneffet favorable.
Enfin,
CHANDi.ËR !al.,
1970, n’ont pasenregistré
de variation deproduction
laitière chez des vachesauxquelles
étaient infusés 20g de MHA parjour pendant
6jours.
Desexpériences
effectuées auxËtats-Unis,
onpeut
conclure que la distribution de MHA a un effet favorable sur laquantité
de laitproduite
et le tauxbutyreux quand
il est distribué au début de la lactation à raison de 25 à 45 g parjour environ ;
distribué enplus
faiblequantité,
il n’a pasd’action,
tandisqu’en quantité plus importante,
il a une action défavorable sur laquantité
de laitproduite
à cause,
semble-t-il,
de son effetdépressif
sur lesquantités
d’alimentsingérées.
Les
expériences
réalisées avec la méthionine n’ont pas étéplus
nombreuses.WILLIAMS et al.
( 1970 )
n’ont pas trouvé d’effet sur laproduction
laitière endistri- buant 12 g parjour
deDL-méthionine protégée ;
demême,
BRODERrCK e1 al.( 1970 )
pour des doses variant de 5à 45g par
jour.
Les infusions intraveineuses deL-méthio-
nine ne se sont pas révéléesplus
efficaces(T FICHMAN et
al.19 6 9 ,
CHANDLER e1al., 1970
).
Mais contrairement auxexpériences qui
ont mis en évidence l’intérêt de lasupplémentation
en MHA(cf. ci-avant),
aucune de celles réalisées avec la méthio-nine n’a été effectuée avec des vaches
qui
étaient au début de la lactation.Les modes d’action de la méthionine et du MHA sont encore mal connus. Au niveau de la
digestion,
le MHA accroîtrait ladigestibilité
de la matièresèche,
de la cellulose bruteet, quand
l’aliment concentré estbroyé,
celle des matières azotées(P OLAN
et al.,
1970b).
Ilaugmenterait
aussi la concentration desprotozoaires
dansle
jus
de rumen(P A TT ON
etal.,
1970c),
tandis que invitro,
la méthionine stimulerait lasynthèse
deslipides (Pn!rrorr et al., 19 68
et 1970a).
Le MHA
ajouté
à la rationpourrait
aussi avoir une action directe sur le méta-bolisme de
l’animal,
d’autant que POLAN et al.( 1970 a)
etG R i p L et
al.( 19 68)
ontnoté que sa distribution
augmentait
la concentration de la méthionine dans le sang.Avec des vaches au début de la
lactation,
POLAN e1 al.( 1970 a)
ont constaté que la distribution de MHA entraînait une modification de lacomposition
deslipides plas-
matiques ;
les acides gras libres et lestriglycérides
avaientdisparu
desa-lipopro-
téines,
et lestriglycérides,
desfi-lipoprotéines.
CHAND!,ER et al.( 1970 )
ont observéune
augmentation significative
de la concentration deslipides totaux,
destriglycé-
rides et des acides gras libres du
plasma.
PA!rTOrr et al.( 1970 b)
ont aussi observé uneaugmentation
de la concentration deslipides
totauxplasmatiques.
Des
quelques
étudesréalisées,
il ressort que si l’action du MHA sur la sécrétion du lait et des matières grasses au début de la lactation sembleétablie,
en revanche celle de la méthionine ne l’est pas.Quant
à leurs modesd’action,
ils restent encore àpréciser.
La France est un des
principaux
paysproducteurs
deméthionine ;
aussi avons-nous utilisé la méthionine à la
place
duMHA.
Dans uneexpérience
effectuée avecdes vaches fortes
productrices
au début de lalactation,
nous avons voulu observer l’influence de la distributionjournalière
de 50 grammes deDI,-méthionine
sur laquantité
de laitproduite
et sacomposition,
lepoids
vif des animaux et la concentra- tion de certainsconstituants
du sang.’
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Schéma
expérimental
et alimentationPendant l’hiver ig69-ig!o, 22vaches (14 Frisonnes, 6 Holstein, i Normande et 1Frisonne X Montbéliarde) ont été
réparties
environ 4semaines avant le vêlage en 2lots destinés l’un à rece- voir une supplémentation en méthionine (lot méthionine) et l’autre non (lot témoin). La consti-tution des 2 lots a été effectuée en tenant compte de la race, du numéro de la lactation, de la date du vêlage, et de la
quantité
de lait produite et de sa composition pendant la lactation précé-dente. Au cours de celle-là, le numéro de la lactation, la quantité de lait produite en 305 j ours et les
teneurs du lait en matières grasses et en matières azotées ont été respectivement de 1,7 - ççt ! kg―
37 , 4
p. iooo et 33,9 p.
i ooopourlelotmëthionine,eti,5― 43 00 kg―36,7?.1 0 0 0 et
33.9p.iooopour le lot témoin.
La composition chimique des aliments est rapportée dans le tableau i. Pour tous les animaux la ration de base était constituée de foins (de graminées et de luzerne) et d’ensilage
d’herbe,
offérts à volonté, ainsi que de betteraves riches en matière sèche ou de pulpes. Un aliment concen-
tré était donné 2 fois par
jour :
avant le vêlage, en faible quantité (respectivement 2,75 kg et3 ,
05kg pendant les semaines-2 et -i), et après le vêlage en
quantité
croissante de façon que les besoins théoriques des animaux, déduits de leur production laitière pendant les 4e, 5eet 6ejoursde la lactation (DECAEN et al., 1970), soient couverts vers la fin du premier mois de la lactation.
L’aliment concentré était composé de 55 p. 100d’orge, 20p. 100d’avoine, 10p. 100de tourteau
d’arachide,
10p. 100de tourteau de colza et 5 p. 100d’un mélange de minéraux. En substitution à cet aliment concentré, les vaches du lot méthionine ont reçu chaque jour, en 2 distributions,de 2semaines avant à 5 semaines après le vêlage, chacune 500 g d’un aliment concentré préparé
par l’A. E. C., contenant io p. 100de DL-méthionine.
Dans la suite de l’exposé, on a appelé période expérimentale, celle qui débutait la 2esemaine avant le vêlage et se terminait la 5e semaine de la lactation, et période post-expérimentale, les
6 et 7esemaines de la lactation.
Mesures
Voici, avec leur fréquence, les différentes mesures individuelles qui ont été effectuées : quan- tités d’aliments ingérées, chaque jour ; quantité de lait produite, à chaque traite ; teneur du lait
en matières grasses (méthode Gerber), chaque jour; teneur du lait en matières azotées (méthode
au noir amido II B), une fois par semaine ; poids vif des animaux, une fois par semaine.
La composition des acides gras du lait a été mesurée par
chromatographie
en phase gazeuse des esters méthyliques et butyliques (DECAENet ADDA, 1966), avec un chromatographe muni dedétecteurs à ionisation de flamme. Les échantillons de beurre étaient constitués le 7ejour de la lactation, et au cours des 3eet 7esemaines, à partir du lait produit en une journée.
Les mêmes jours, du sang était prélevé au niveau de la veine jugulaire, dans un flacon hépa- riné, avant la distribution des aliments du matin. Dans le sang entier, on a mesuré sur toutes
les vaches, la concentration du glucose par la méthode à la
glucose-oxydase
(HuGGETTet NIXON, 1957), et, sur q vaches de chaque lot, celle des corps cétoniques (PRocos, 1961). Dans le plasma,
on a mesuré sur toutes les vaches, la concentration des acides gras libres (DOLE et MEINERTZ, 19
6 0
), et celle des lipides totaux
(F OLC H
et al.,1957 )
sur 4 vaches de chaque lot pour le prélève-ment du 7ejour de la lactation, et sur 2vaches de chaque lot pour les 2autres prélèvements.
D’autres prélèvements de sang ont été faits au niveau de la veine jugulaire, sur 7 vaches de
chaque lot, 3 heures après la distribution des aliments du matin, au cours de la gesemaine après
le vêlage pour le lot témoin, et des geet 7e semaines pour le lot méthionine. Les échantillons de sang correspondant au même lot et à la même semaine ont été mélangés en quantité égale. Dans
l’échantillon moyen ainsi obtenu, les acides aminés libres ont été extraits par épuisements succes- sifs à l’ëthanol à 84p. 100 (PAWLAK et PION, 1968) et dosés par colorimétrie après séparation
par chromatographie sur des colonnes de résines échangeuses d’ions, au moyen d’un analyseur
automatique.
L’analyse
des résultats zootechniques a été effectuée statistiquement par analyse de cova.riance.
RÉSULTATS
Les résultats de caractère
zootechnique (quantités
d’alimentsingérées, quantité
de lait
produite
etcomposition
dulait, poids
vif et bilanénergétique)
des 2 lotsd’animaux sont rassemblés d’une
part
dans le tableau 2qui présente
les moyennesobtenues
pendant
les 5premières
semaines de lalactation, période
surlaquelle
aporté l’analyse statistique
desrésultats,
et d’autrepart
dans lafigure
iqui
illustrel’évolution de
quelques
variables de 2 semaines avant à 7 semainesaprès
levêlage.
Quantités
d’alimentsingérées
Les
quantités ingérées
dechaque
aliment(exprimées
en matièresèche)
ont étéen moyenne les mêmes pour les 2lots d’animaux au cours de
l’expérience.
Le tableau 2présente
lesquantités
d’alimentsingérées
au cours des 5premières
semaines de la lactation. Pendant les 2 semainesqui
ontprécédé
levêlage
lesquantités ingérées
deration de base
(somme
de tous lesaliments, excepté
l’alimentconcentré)
et de rationtotale ont été
respectivement
de 9,2kg
et 12,2kg
pour le lotméthionine,
et de8,5 kg
et m,3
kg
pour le lottémoin ; pendant
les 6eet7 e
semaines de la lactation(période post-expérimentale),
elles ontrespectivement
été de II,okg
et1 8, 3 kg
pour le lot méthionine et dem,8 kg
eti8, 5 kg
pour le lot témoin. Au cours de lapériode expéri-
mentale
(de
2semaines avant levêlage
à 5semainesaprès),
les animaux du lot méthio- nine ontingéré
parjour
50 g de méthionine libre deplus
que les animaux du lottémoin ;
ils en ont encoreingéré
en moyenne 10 g deplus
parjour pendant
la6
e semaine de la lactation.
Quantités
de laitproduites
etcomposition
du laitLes
productions
laitières initiales(moyenne
des4 e , 5 e
et 6ejours
de lalactation)
ont été sensiblement
identiques
etrespectivement
de 20,9 et 21,3kg
pour les lots méthionine et témoin. Ces derniers avaient donc unpotentiel
deproduction
compa-rable car,
d’après JouRNET (résultats
nonpubliés),
laquantité
de laitproduite jusqu’aux
environs du5 e jour
de la lactation est encore peu influencée par le niveau d’alimentation. Laquantité
maximale de laitproduite (moyenne journalière
d’unesemaine de
mesures)
a été de2 6, 1 kg
et 25,3kg respectivement
pour les lots méthio- nine ettémoin,
et a eu lieu au cours des5 e
et4 e
semaines de lactation.L’augmenta-
tion de la
quantité
de laitproduite
a donc été différente entre les 2 lots : elle a étéplus importante, comparativement
à laproduction
moyenne des4 e ,
5e et 6ejours,
ou à celle de la 2e
semaine,
et a duréplus longtemps
dans le lot méthionine que dans le lot témoin. En moyenne, pour les 5premières semaines,
lesquantités journalières
de lait
produites
n’ont pas étésignificativement
différentes entre les 2lots(respecti-
vement
23 ,6
et 23,5kg
pour les lots méthionine ettémoin).
Il en est de même pour le lait à 4 p. 100 de matières grasses,malgré
une différence de 1,2kg
en faveur dulot méthionine. Pendant les 2 semaines
post-expérimentales,
laproduction
laitièredes vaches du lot méthionine a continué à être
supérieure
à celle des animaux du lottémoin,
de la mêmequantité
quependant
la 5e semaine de lactation : de1 ,6 kg
de lait et dei,8 kg
de lait à 4p. 100de matières grasses.Pendant toute
l’expérience,
le tauxbutyreux
des animaux du lot méthioninea été
supérieur
à celui des animaux du lottémoin,
de 3,3g p. i ooo en moyenne pour les 5premières
semaines de lactation(P
<0 , 05 ).
Dans le lotméthionine,
il atoujours diminué, rapidement pendant
les 4premières
semainespuis plus
lentementensuite,
tandis que dans le lot témoin il n’a diminué quependant
les 3premières
semaines de la lactation
(parallèlement
à celui du lotméthionine), puis
n’aplus
évolué ensuite. Il en résulte
qu’à partir
de la3 e
semaine de lalactation,
la différenceentre les taux
butyreux
des 2 lots a diminué d’une semaine à l’autre.Les
quantités
moyennes de matières grasses sécrétées au cours des 5premières
semaines ont été
plus
élevées(P
<0 , 05 )
pour le lot méthionine( 934 g/j)
que pour le lot témoin(85 2 g/j).
La teneur moyenne du lait en matières azotées n’a pas été
significativement plus
élevée pour le lot méthionine(différence
de 0,7 g p.z ooo).
Lesquantités
dematières azotées
produites
n’ont pas étésignificativement
différentes entre les 2 lots Poidsvif
Le
poids
vif moyen des animaux du lot témoin aaugmenté
dès le début de lalactation, pendant
les 7 semaines del’expérience,
tandis que dans le lotméthionine,
il a diminué
jusqu’à
la semaine 3(de
14kg) puis
a peuchangé jusqu’à
la semaine 7. Entre levêlage (juste après)
et la moyenne des semaines 4!-
5, lepoids
vif individueldes animaux a diminué d’en moyenne
11 ,6 kg
dans le lotméthionine,
mais a aug- menté de5 ,6 kg
dans le lottémoin ;
il a diminuépour
10 des I vaches dans le lot méthionine et aaugmenté
pour 7 des m vaches dans le lot témoin. La variation depoids
vif entre la semaine i et la moyenne des semaines 4 + 5a étésignificative-
ment différente entre les 2lots
(P
<0 , 05 ).
Bilan
énergétique
Le bilan
énergétique
des 2 lots d’animaux a été calculé àpartir
desquantités
d’aliments
ingérées
et de leur valeurénergétique
pour lesapports,
des recommanda- tions de FREDERICKSENpour les besoins d’entretien(UF
pour l’entretien = i,5 -f-poids
vif
(en
centaine dekg)/ 2 ),
et de celles de LEROY( 1949 )
pour les besoins de pro- duction laitière( 0 , 3 8
UF parkg
de lait à 4 p. ioo de matièresgrasses).
Les valeursénergétiques
des foins et del’ensilage
ont été déduites de ladigestibilité
de leurmatière
organique
mesurée avec des moutons, par la formule de BR!IR!a!( 1954 ).
Le bilan
énergétique, négatif
au début de lalactation,
est devenupositif
au coursdes semaines 5 et 4,
respectivement
pour les lots méthionine et témoin. Pendant les2
premières
semaines de la lactation le déficiténergétique
a été à peuprès identique
pour les 2 lots d’animaux
( 1 ,8 UF).
Pour les 5premières semaines,
le bilanénergé- tique
des 2 lots d’animaux a éténégatif,
maisplus
fortement(de o,6
UF paranimal)
dans le lot méthionine que dans le lot témoin.
Com!osition
des acides gras du laitLa composition
des acides gras du lait estprésentée
dans le tableau 3. Pour les2 lots
d’animaux,
lesproportions
relatives des acidespalmitique -! palmitoléique
a eu tendance à
augmenter
avec le stade delactation,
et celle des acides graslongs (C
18 + Ci!:1)
à diminuer. Laproportion
des acides courts(C,
àC 1E )
aaugmenté
dansle lot
méthionine,
mais n’a pas varié dans le lot témoin. Les variations que nousavons observées sont
beaucoup plus
faibles que cellesqu’avaient
observées DE- CAE
N et ADDA
( 19 66)
avec des vachesqui
étaient au même stade de lactation. Lesproportions
des 3 classes d’acides gras n’ont pas étéstatistiquement
différentes entreles
2lots, quelle
que soit la semaine de mesures considérée( I re , 3 e
ou7 e ),
mais laproportion
des acides graslongs
a eu tendance à êtreplus
élevée dans le lot méthio- nine que dans le lot témoin.Les
rapports -Cu’1
et.C 1 8:0 qui
donnent une idée de l’activité des désaturases!16:1 C18:1
de la
glande mammaire,
n’ont pas étésignificativement
différents entre les 2 lots.Les acides gras de
chaque
classe(C 4
àC n ; Ci, -! C 1o :t; C 18
-!-C 18 : 1 )
ont étésécrétés en
plus grande quantité
par le lot méthionine que par le lottémoin,
sauf les acides gras courts à la Iresemaineexpérimentale.
Les acides graslongs
onttoujours contribué, plus
que les autres classes d’acides gras, à laplus grande quantité
dematières grasses sécrétée par les animaux du lot méthionine.
Teneurs du sang en certains constituants Glucose et
corps cétoniques (tabl. 4 .).
La concentration du
glucose oanguin
a eu tendance àaugmenter
avec l’avan-cement du stade de
lactation,
mais elle n’a pas étéstatistiquement
différente entre les 2 lots. La concentration des corpscétoniques
n’a pas varié avec la semaine de lactation mais elle a étéplus
élevée dans le lot méthionine que dans le lot témoin(P
< o,io pour les semaines l et3 ).
Pour chacune des 3 semaines de mesures( I re ,
, ... ,
acétone
+ acétoacétate ,., , ...,3
e,
et7 e
’semaine),
’ lerapport
&dquo;’13 - h y d roxy b u t yr ate
a étéplus important
dansg-hydroxybutyrate
&dquo; &dquo;le
lot méthionine que dans le lot témoin. La différence n’estsignificative (P
<0 ,05)
que si on compare les valeurs obtenues à la
3e
semaine de la lactation(q.
donnéespar
lot)
oupendant
toutel’expérience ( 12
données parlot).
Lipides
totaux et acides gras libres(tabl. 4 ).
La concentration des
lipides
totaux dans leplasma
aaugmenté
dans les 2 lotsavec l’avancement de la lactation
mais,
pour chacune des 3 semaines deprélèvements,
n’a pas été différente entre les 2lots. La concentration des acides gras libres dans le
plasma
a diminué dans les 2 lots entre les semaines i et 3(P
<o,oi)
et 3 et 7(de façon
nonsignificative).
Pour chacune des 3 semaines deprélèvements,
iln’y
a paseu de différence
significative
entre les lots méthionine ettémoin,
bien que la concen- tration moyenne des acides gras libres ait étéplus
élevée de 30 p. 100 pour le lot méthionine que pour le lot témoin.Acides aminés libres
(tabl. 5).
La
présence
dans la ration des animaux du lot méthionine d’unequantité
im-portante
de méthionine ne semble pas entraînerd’augmentation
de la teneur enméthionine du sang,
puisque
les concentrations de cet acide aminé dans les échantil- lonsprélevés
chez les animaux des deux lots 5semainesaprès
le début de la lactation sont voisines et relativementfaibles ;
elle a toutefois pourconséquence
une série demodifications des concentrations
des
autres acides aminés : la somme des teneurs del’ensemble des
composés
dosés estlégèrement plus
faible dans le cas desanimaux
du lot méthionine que dans celui des animaux du lottémoin,
et cettedifférence
est due surtout à une différence de teneurs des acides aminés considérés commeindispensa-
bles et
semi-indispensables
chez lemonogastrique ;
la somme des concentrationssanguines
de cescomposés
est diminuée d’environ i5p. 100par l’addition de méthio- nine dans laration.
Cette baisse n’est pas observéeégalement
pour tous les acides aminésindispensables
etsemi-indispensables :
la teneur en histidine est nettementaugmentée
et la teneur enlysine
ne diminue pas, cequi correspond
à une augmen- tation de laproportion
de cette dernière dans la somme des acides aminés « indis-pensables
» et «semi-indispensables
» ; les teneurs enarginine
et en méthionine nesont que
légèrement diminuées,
alors que les teneurs en valine et enphénylalanine et,
à un moindre
degré,
en isoleucine et leucine le sontplus
que la moyenne. Les diffé-rences observées dans le cas des acides aminés non
indispensables
sont moins mar-quées :
les teneurs en alanine et en citrulline sont diminuées dans uneproportion supérieure
à la moyenne, alors que la concentration de l’acideaspartique
est augmen-tée ainsi que la
proportion
deglycine
dans l’ensemble des acides aminés.La somme des concentrations
sanguines
des acides aminés ducycle
de l’urée estnettement
plus
faible dans le cas des animaux du lot méthionine que dans celui des animaux du lot témoin.L’analyse
des échantillons de sangprélevés
chez les animaux du lot méthionine deux semainesaprès
lasuppression
de la distribution de méthionine aux animaux met en évidence uneaugmentation
de la teneur en acides aminés libres du sang,qui
devient voisine de celle du sang des animaux témoins. Les teneurs en histidine et en
lysine augmentent
presque dans les mêmesproportions
que celles des acides aminésindispensables,
et se trouvent de ce fait nettementsupérieures
à cellesqui
ont étéobservées chez les animaux témoins. La somme des concentrations des acides aminés du
cycle
de l’uréeaugmente
et atteint une valeur voisine de cellequi
a été observée chez les animaux témoins.DISCUSSION
Le taux
butyreux
et laquantité
de matières grasses sécrétée dans le lait ont étésignificativement plus importants
dans le lot méthionine que dans le lottémoin,
cequi
est en accord avec le? résultats des essais effectués auxÉtats-Unis
avec le MHA(P OLAN
e1 al.,
1970 ; PATTON !al.,
197ob ; GmXL e1 al., ig68).
Enrevanche,
la quan- tité de laitsécrétée, l’augmentation
deproduction
laitière au début de lalactation,
la concentration des
protéines
dans le lait et laquantité
deprotéines
sécrétée n’ont pas étésignificativement plus importantes.
Onpeut
se demander si unapport plus
faible de méthionine n’aurait pas
provoqué
une différencesignificative
de laproduc-
tion laitière entre les 2
lots,
àl’avantage
du lot méthionine. Eneffet,
50g de méthio- nineéquivalent
à 62 g deMHA,
et POLANetal., ( 1970 a)
ont montréqu’un apport
de MHA
supérieur
à 45gpar jour
était défavorable à une sécrétion maximale delait ;
en
fait,
cette action défavorable semblait être laconséquence
non pas d’une actiondépressive
directe du MHA sur la sécrétion dulait,
maisplutôt
d’un effetdépressif
sur les
quantités
d’alimentsingérées. Or,
dans notreessai,
lesquantités ingérées
étaient les mêmes dans les 2 lots.
Pour les 7 semaines de
lactation,
les différences depoids
vif entre les 2lots d’ani-maux reflètent
approximativement
une différence depoids
vifvide ;
eneffet,
lesquantités
d’alimentsingérées
étant les mêmes dans les 2lots,
onpeut
penser que lespoids
des contenusdigestifs
étaient aussi les mêmes. Bien que dans le lottémoin,
le
poids
vif des animaux aitaugmenté
dès le début de lalactation,
il estprobable
que le
poids
vif vide aitdiminué,
au moinspendant
les 2 ou 3premières
semaines :en
effet,
la teneur duplasma
en acides gras libres était élevée et le bilanénergétique
des animaux était
négatif.
Mais contrairement à cequi
s’estprobablement produit
dans le lot
méthionine, l’augmentation
dupoids
des contenusdigestifs
a étéplus importante
que la diminution dupoids
vif vide.Il
apparaît
donc que c’estgrâce
à une mobilisationplus importante
de leursréserves
corporelles
que les vaches du lot méthionine ont pu sécréter dans le laitune
quantité plus importante
de matières grasses. C’est ce que semblent d’ailleurs confirmer la teneurplus
élevée en acides gras libresplasmatiques (de façon
nonsigni- ficative)
et en corpscétoniques sanguins (P
<o,io),
laproportion plus importante (de façon
nonsignificative)
des acides graslongs
du lait et lerapport
acétone -!- acétoacétate
p-hydroxybutyrate
plus
élevé dans le lot méthionine que dans le lot témoin. Ce mode d’action de laméthionine, probablement indirect,
n’en exclut pasd’autres,
enparticulier
uneaugmentation
de ladigestibilité
de laration,
comme lesuggèrent
POLAN et al.(ig 7 o b)
ou une activité de
synthèse
accrue de laglande mammaire, puisque
non seulement laquantité
des acides graslongs
sécrétéeprovenant
deslipides corporels
aaugmenté
mais aussi celle des acides gras courts
synthétisée.
Mais la seule différence depoids
vif à la
5 e
semaine de la lactation( 15 kg)
suffit àexpliquer
la différence deproduction
laitière des animaux
après
5semaines de lactation( 44 kg
de lait à 4 p. 100de matièresgrasses).
La diminution de la concentration dans le sang des acides aminés
indispensables,
de ceux du
cycle
de l’urée et lalégère augmentation
de laproportion
de la méthioninedans les acides aminés
indispensables
enprésence
de 50g de méthioninesupplémen-
taire dans la
ration,
et les variations en sens inverseaprès suppression
de sa distri-bution, suggèrent
que la méthionine était l’acide aminé leplus
limitant del’organisme
de l’animal et
qu’une partie
de la méthionine distribuée ensupplément
a été absor-bée :
l’apport supplémentaire
de méthionine à l’animal hôte a pu s’effectuer d’au moins deuxfaçons :
d’unepart,
par uneabsorption
directe à travers laparoi
du rumen,ou par un passage du rumen à l’intestin d’une
partie
de la méthionineingérée,
sousforme libre ou liée mais non
métabolisée ;
d’autrepart,
par uneaugmentation
de laquantité
deprotéines
microbiennessynthétisée
dans le rumen,principalement
par lesprotozoaires ;
cet accroissement de laquantité
deprotozoaires
estsuggéré
parl’augmentation
dans le sang des vaches du lot méthionine de la concentration de lalysine
et del’histidine,
acides aminés dont lesprotozoaires
sontplus
riches que les bactéries(FAUCONNEAU
etPION, 1 9 66) ;
cela confirmerait les résultats obtenus par PATTON
et al.
( 19 68,
1970 a, 1970c).
Sachant que la méthionine
participe
à lasynthèse
desphospholipides
et à laliaison
deslipides
et desprotéines
dans leslipoprotéines sériques (références
citéespar MCCARTHYet
al., ig68), peut-on
penser quel’apport supplémentaire
de méthio-mine a facilité la formation de
lipoprotéines
et ainsipermis
une sécrétionplus impor-
tante de
lipides
dans le lait ? Ou bien cela a-t-il étéprovoqué,
et alorscomment,
par un meilleur
équilibre
des acides aminés obtenugrâce
àl’apport supplémentaire
de méthionine ? Il est aussi
possible
que la méthionine distribuée ensupplément
auxanimaux ait
agi
autrement que par sa fonction d’acide aminéindispensable.
Chez lepoussin,
CHARKEY(1959)
asuggéré
que la méthioninepourrait agir
commeagent
de
couplage
de réactionsbiochimiques,
ou enaugmentant
lasynthèse
d’unagent
decouplage,
ou eninterférant
dans l’action dedécouplage
de l’hormonethyroïdienne.
Après
la cessation de ladistribution
deméthionine,
outre uneaugmentation
de la concentration de la somme des acides aminés
indispensables
et de ceux ducycle
de
l’urée,
et une diminution de laproportion
de la méthionine dans les acides aminésindispensables,
nous avons observé uneaugmentation
de la concentration de lalysine
et de l’histidine dans le sang,
plus
faiblecependant
que la moyenne des autres acides aminés.Les
effets de lasuppression
de la distribution de laméthionine
se manifes- teraient doncplus rapidement
chez l’animal hôte que chez lesmicroorganismes
durumen.
Puisque,
directement ouindirectement,
la distribution de 50g de méthionine aentraîné une
production supplémentaire
de matières grasses dans lelait,
commentexpliquer qu’à
la7 e
semaine de la lactation laproduction
de matières grasses desanimaux
du lot méthionine nesoit
pas devenue la même que celle des animaux du lot témoin ? Le besoin en méthionine étaitprobablement plus
faible à la7 e
semaine de la lactationqu’à
la5 e semaine ;
eneffet,
entre la5 e
et la7 e semaine,
lesquantités
de matières azotées et de matières grasses
produites
parjour
dans le lait par les animaux du lot méthionine ont diminuérespectivement
de 40 g( 4 ,6
p.100 )
et 72g(7,5
p.100 ),
tandis que laquantité
de matières azotéesdigestibles ingérée
aaugmenté
de 147’g
(8,6
p.100 ).
Parailleurs,
il est vraisemblable que la duréed’enregistrement
de la
production
des animauxaprès
la cessation de ladistribution
de méthionine n’a pas été suffisammentlongue.
Nos résultats
permettent
de penser que des vaches dont le niveau deproduction
laitière est élevé
peuvent
être carencées en méthionine au début de la lactation. Pour des vachesqui ingéraient
2zkg
d’une ration constituée de foin de luzerne et de maïs,J
A C OBSON
et
al.( 1970 )
ont calculé laquantité
d’acides aminés que les animaux avaientingérée
etproduite
dans le lait. Pourchaque
acideaminé,
lerapport
de laquantité ingérée
à laquantité produite
étaitsupérieur
à l, mais c’est pour la mé- thioninequ’il
était leplus
faible.’
La
quantité journalière
de méthioninedistribuée
aux animaux(5 0 g)
a étéchoisie
d’après
les résultats desexpériences
effectuées avec le MHA aux!tats-Unis.
Or on sait que la méthionine est utilisée dans le rumen en
proportion plus grande
que le
MHA,
cequi
n’estpeut-être
pas undésavantage
si elle stimule lasynthèse
desprotéines
microbiennes. Il serait donc nécessaire de comparer lesproductions
devaches recevant des
quantités
différentes de méthionine. Avec lerégime
que nousavons
utilisé,
la distribution de méthionine a entraîné laproduction
d’unsupplément
de matières grasses dans le lait aux
dépens
deslipides corporels.
Il serait intéressant d’étudier l’action de la méthionine distribuée ensupplément
derégimes qui
tendentà
orienter
le métabolisme deslipides
de la vache laitière vers lasynthèse
de matièresgrasses
corporelles,
comme lesrégimes
à based’ensilage
de mais ou àproportion élevée
d’aliments concentrés.
Avec différents
régimes
et des vaches dont lesniveaux
deproduction
laitièreseraient
différents,
il faudrait étudier le besoin enacides aminés,
enparticulier
audébut de la
lactation ;
c’est en effet au cours de cettepériode
que lesrisques
decarence sont les