ÉTUDE DE LA LIBÉRATION DE L’AZOTE, DU PHOSPHORE
ET DE L’ACIDE SIALIQUE NON PROTÉIQUES, AU COURS
DE L’ACTION DE LA PRÉSURE SUR LA CASÉINE ( 1 )
CH. ALAIS
Centre national de Recherches
zootechniques,
Institut national de la Recherche
agronomique, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
La libération de substances azotées non
protéiques,
au cours de l’action de la présure sur la caséine, a été étudiée. Ces substances sontséparées
dumélange
réactionnel au moyen de l’acidetrichloracétique.
La libération de l’azote non
protéique, qui
se traduit par une courbeNPN f (t) caractéristique,
est liée au raccourcissement du temps de
coagulation
du lait : ce temps devientnul lorsque
la réactionenzymatique
est achevée.La
quantité
d’azote nonprotéique
n’estproportionnelle
à la concentration du substrat que pour les faibles valeurs.L’adsorption
des substances solubles sur leprécipité explique
les anomalies constatées.Les résultats
comparatifs
obtenus avec la caséine x et la caséine entière dont elleprovient,
permettent de calculer uneproportion
de ig p. 100de la caséine x dans la caséine entière.La présure libère le
phosphore
et l’acidesialique,
solubles dans l’acidetrichloracétique
à 12p. 100, à la même vitesse que l’azote.On a conclu que la réaction étudiée, avec libération du
caséino-glycopeptide,
est bien la réactionprimaire spécifique
de laprésure, indispensable
à lacoagulation.
INTRODUCTION
La
coagulation
du lait par laprésure
est consécutive à uneprotéolyse
limitéede la
caséine,
au cours delaquelle
se forment unepartie
insoluble enprésence
d’ionsCa
++
,
lacc paracaséine u,
et unepartie soluble,
en faibleproportion,
la «protéose
de( 1
) Cette étude fait partie des recherches présentées dans une thèse soutenue en y6z devant la Faculté des Sciences de Paris.
( 2
) Adresse actuelle : Institut de Biochimie, Faculté des Sciences, Orsay (Seine-et-Oise).
H AMMAR
STEx »
( 1 874).
B!RxrDG!(1 942 )
adistingué
deux stades successifs dans cephénomène :
a)
Un stadeenzymatique
au coursduquel
seproduit l’attaque
de la caséinepar la présure.
Cette réactionn’exige
pas laprésence
d’ions Ca++etpossède
un faiblecoefficient de
température ;
elle seproduit
encore à une vitesse notable àO O C ;
onl’appelle également
« réactionprimaire
».b)
Un stade decoagulation proprement
ditequi
concerne laplus grande partie
des substances formées au cours du
premier
stade. Cette deuxièmeréaction,
ou« réaction
secondaire », possède
un coefficient detempérature
élevé( 1 ,5
pardegré C),
comme une réaction de
dénaturation ;
elle est extrêmement lente au-dessous de 10°C.Nous avons
précédemment
montré(Ar,AZS
etal., 1953 )
que l’onpeut
dissocierla réaction
primaire
de la réaction secondaire en faisantagir
laprésure
sur des solu-tions
sodiques
de caséine et que l’onpeut
suivre le cours de laprotéolyse
en mesurantla libération de l’azote non
protéique,
soluble dans l’acidetrichloracétique,
en fonc-tion du
temps.
Nous avonségalement
montré(A!,ars, 195 6)
que le filtrat trichlor-acétique
à 12 p. 100 de concentration finalecontient, presqu’à
l’état depureté,
une substance
glycopeptidique
que nous avonsappelée
« NPN-12 p. IOO»,puis
« caséino-glycopeptide
n. !’i!ALGH et v. HrPP!!( 195 6)
ont émisl’hypothèse
que laprésure réagit spécifiquement
sur la caséine x.Nous avons
poursuivi
l’étude de la libération des substances nonprotéiques
afin de
préciser
leur relation avec la réactionprimaire
et deparvenir
à une meilleureconnaissance de cette réaction
qui précède
lacoagulation.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
SuhstYat
Nous avons utilisé
comparativement
la caséine entière, la caséine a et la caséine de vache.Quelques expériences
ont été faites avec le lait de vache afin de mesurer le temps decoagulation parallèlement
audosage
de l’azote nonprotéique (NPN).
Lait : lait de vache frais et écrémé par
centrifugation.
Caséine entière : obtenue par
précipitations répétées
du lait àpI3
4,6.Caséine fx obtenue par fractionnement de la caséine entière au moyen de l’urée, selon HIPP
et
coll. (19!2)Caséine x : obtenue en suivant la méthode de !ICKENZIE et WAKE
( 19 6 1 ).
Pour être soumises à l’action de la
présure,
les caséines sont dissoutes dans l’eau àpli
6,8, avec addition de I!TaOfI 0,1 N.Enzyme
Présure cristallisée extraite des caillettes de veaux
(ALA I S, 1955 ).
La réaction de laprésure
sur les solutions de caséine a lieu à
2 SOC
et sur le lait, à 2°C.liléthodes
analytiques
L’azote est dosé par
micro-Kjeldahl ;
lephosphore
par la méthode de BAMMANet coll.( 194 8) après digestion
par l’acidesulfurique
concentré ; l’acidesialique
par la méthode à l’acide thiobarbi-turique
de WAxREn( 1959 ), après hydrolvse
par l’acidesulfurique
0,1N(S VENNERHOLM , r 95 8)
et enprenant comme standard l’acide-N
acétylneuraminique
cristallisé extrait de la caséine de vache(R
IBADEAU
DUMAS et AI,AIS, ig6i). La méthode de WARREN estapplicable
en présence d’acidetrichloracétique ;
des essaispréliminaires
nous ont montré que l’acidesialique
n’est pas détruit.Les courbes NPN f
(t)
sont établies en dosant l’azote du filtrattrichloracétique
à différents temps d’action de laprésure
sur les solutions de caséine ou sur le lait. Les courbes dephosphore
etd’acide
sialique
nonprotéiques
sont établies de la même manière. Les conditions de ladéprotéinisa-
tion par l’acide
trichloracétique (TCA)
sontprécisées
àchaque expérience.
RESULTATS
L- Relation entre la libération de l’azote non
protéique (NPN)
et le
temps
decoagulation
du laitLa
figure
ireprésente
la courbe de libération de l’azote nonprotéique
dans dulait à
pH 6, 7
sous l’action de laprésure.
I,emélange
réactionnel est maintenu à 20C afind’empêcher
lacoagulation ’
du lait. Les traits horizontauxreprésentent
letemps
de
coagulation
d’unpetit
volume demélange brusquement porté
à40 0 C
au momentde
chaque prélèvement
pour ledosage
de l’azote nonprotéique.
Cetemps
de coagu- lation va en décroissant et devientpratiquement
nul au début dupalier
formantla deuxième
partie
de la courbe.Il existe donc une relation entre le raccourcissement du
temps
decoagulation
et la libération de l’azote non
protéique
soluble dans 12 p. ioo de TCA.II. -
Influence
de la concentration du substrat sur laquantité
d’azote nonprotéique
Le tableau i résume les résultatsd’expériences
faites avec 4 solutions de ca-séine,
dont les concentrations sont comme i - 3,2- 10- 12, et avecquatre
con-centrations de
TCA,
laquantité
deprésure
étant constante( 0 , 3 UP/ml,
soit4
!ig/ml).
Lesdosages
sont faitsaprès
25 mn d’action deprésure (début
dupalier
de la courbe à 12p. 100 de
TCA).
Pour une concentration donnée de
TCA,
laquantité
d’azote nonprotéique (qui
est en relation avec la vitesse de laréaction),
par ml de solution decaséine,
variebeaucoup
avec la concentration de cette dernière. Elleparaît
êtreproportion-
nelle à la concentration du substrat pour des solutions à o,45 et 1,45 p. ioo ; pour les solutions
plus
concentrées : 4,25 et 5,25p. 100, elle est relativement moinsgrande.
En
conséquence
laproportion
de NPN p. 100 N-caséine est moins élevée dans cessolutions concentrées. On
peut
supposerqu’il
y a inhibition par excès de substratou que le NPN est en
partie
adsorbé sur leprécipité.
III. -
Influence
du mode deprécipitation par
l’acidetrichloracétique
sur la
quantité
d’azote nonprotéique
i. - On
peut
vérifier la dernièreexplication
ci-dessus en modifiant les condi- tions de ladéprotéinisation
par TCA de manière que la mêmequantité
deprotéine
soit
présente
dans lemélange, quelle
que soit la concentration de la caséine dans la solutionemprésurée.
Dans lesexpériences précédentes
le volume des différentessolutions de caséine était le même
(conditions A),
donc laquantité
deprotéine
dansle
mélange
avec TCA variaitbeaucoup.
Dans les nouvellesexpériences
que nousavons
faites,
le volume dechaque
solution decaséine, mélangé
avecTCA,
est in-versement
proportionnel
à la concentration de la caséine(conditions B).
Le tableau 2 résume les résultats
d’expériences comparatives,
à 12 et à 2 p. 100 de TCA. On voit que le mode dedéprotéinisation
a unegrande
influencelorsque
laconcentration finale de TCA est 12 p. 100. Les
proportions
d’azote nonprotéique
trouvées dans les conditions habituelles
(A)
avec les solutions à 4,4, 2,2 et 1,1p. 100 de caséine sont:1 ,8,
2,3 et 3, ip. 100; alors que dans les conditions(B) (donnant
le même volume de
précipité)
la mêmeproportion
est obtenue avec les trois solutions : 1,3, 1,4 et 1,4 p. IOO. Il est doncprobable qu’intervient l’adsorption
de substances solubles sur leprécipité.
On ne constate pas de telles différences
lorsque
la concentration de TCA est 2p. 100 ; leprécipité
est d’ailleursplus dispersé (sous
formede flocons), qu’à
12p. 100 de TCA.2
. - L’influence des conditions dans
lesquelles
laprotéine, ayant
subi l’action d’un enzyme, estséparée
desproduits
solubles de la réaction a été mise en évi- dence parJ A C OBS E N (i 947 ).
Cet auteur a obtenu uneplus
forteproportion
de subs-tances
solubles,
enajoutant
de l’acétone à l’acidetrichloracétique.
Nous avonsessayé
cette addition. Lafigure
2 montre que laprécipitation
à 12 p. ioo de TCA et io p. 100 d’acétone donne en effet uneproportion
d’azote nonprotéique plus
éle-vée que la
précipitation habituelle,
avec TCA seul. Dans ce dernier cas, la valeurfinale ne
représente
que de 79 à 86 p. ioo de la valeur obtenue enprésence
d’acétone.I,a valeur du NPN-0 est aussi
légèrement plus
faible sans acétone(o,ig
p. 100 deN-caséine) qu’en présence
d’acétone( 0 ,2 3
p.1 00 ).
,
En ce
qui
concerne laprécipitation
avec 2p. 100deTCA,
on ne constate aucunedifférence,
que le réactif contienne de l’acétone ouqu’il
n’en contienne pas.IV. - Formation de l’azote non
protéiq l te
àpartir
de la caséine oc et de la caséine x A. Caséine oc.La caséine oc
préparée
par la méthode à l’urée estexempte
desfractions et
y.Nous savons
qu’elle
n’est pashomogène ;
elle renferme la caséine x, insensible aucalcium,
et la caséine oc, sensible aucalcium,
et,peut-être,
des constituants mineurs mal connus.La
présure réagit
avec la caséine « de la mêmefaçon qu’avec
la caséine entière(N I T S C HM A
NN
etKE LL E R , rg55). Toutefois,
dans nosexpériences,
nous avons obtenudes
proportions
d’azote nonprotéique
à I2p. 100de TCAplus
variablesqu’avec
lacaséine
entière,
dans des conditions fixes dedéprotéinisation. Après
60 minutesd’action de 0,03
UP/ml,
et enajoutant
i volume de TCA à 24p. 100à I volume de solution de caséine à 3. p. 100, cesproportions
sont :I
re
préparation
de caséine a, NPN =0 ,86
et z,i2 p. 100de N-caséine.2
e
préparation
de caséine ce, NPN =1 ,6 7
et 1,92 p. 100 de N-caséineDans les mêmes
conditions,
la caséine entière donne de i,5 à i,9p. 100 de NPN.Les résultats ci-dessus
permettent
de penser que le traitement de la caséineentière,
aboutissant à laséparation
d’une fractionhomogène
àl’électrophorèse
àpH 8,6
et de mobilité -
6, 5 ,
laisse unequantité variable,
dans la caséine <x, ducomposant qui
est le vrai substrat del’enzyme.
B. Caséine x
Avec la caséine x, nous avons obtenu des courbes de NPN
f (t)
à 12 p. 100 deTCA de forme
comparable
à celles de la caséine entière et de la caséine (1.; mais la pro-portion
desproduits solubles, après l’accomplissement
de la réactionprimaire,
estenviron 5 fois
plus
élevéequ’avec
la caséine entière(tableau 3 ).
Le fait que la caséine x subit une
dégradation beaucoup plus importante
queles caséines
plus complexes
dont elle estissue,
est en faveur de laconception
dusubstrat
spécifique
del’enzyme,
dans la réactionprimaire.
Si l’on admet que les substances azotées non
protéiques (à
12 p. 100 deTCA) proviennent
entièrement de la caséine x, lesproportions indiquées
dans le tableau 3(caséine
n°2 ) permettent
de calculer que la caséine entière doit contenir 19 p. 100 de caséinex (r, 55
Xioo/8).
Avec la caséine x, comme avec la caséine
entière,
laproportion
d’azote non pro-téique
formédépend
de la concentration du substrat. Demême,
à 2 p. 100 de TCA il y a environ deux foisplus
d’azote nonprotéique qu’à
12p. IOO.La valeur « NPN-0 » est
toujours plus
élevée avec la caséine xqu’avec
la ca-séine entière ou la caséine oc. La solubilité
apparente
de la caséine x dans TCA n’est donc pasnégligeable.
Il est à noter
qu’avec
la caséine x, la concentration de l’azote nonprotéique
dans les filtrats à z2 p. 100de TCA
(jusqu’à
0,100mg/ml)
est biensupérieure
à celleque l’on a constatée avec la caséine entière
(jusqu’à
0,050mg/ml)
dans les mêmesconditions
expérimentales.
S’ils’agit,
dans les deux cas, de la mêmesubstance,
onpeut
en déduire que le filtrattrichloracétique
obtenu avec la caséine entière n’est pas saturé en NPN et que lepalier
de la courbecaractéristique représente
bienl’achèvement de la réaction
primaire (figure
1, 2,3 ).
V. -
Phosphore
et acidesialique
solubles dans l’acidetrichloracétique après
l’action de laprésure
L’étude
du passage en solutiontrichloracétique
duphosphore
et de l’acidesialique,
détachés de la caséineaprès
l’action de laprésure, comparativement
au pas-sage en solution de
l’azote, peut apporter
des éclaircissements sur la nature des substances solubles.a)
Dans 4expériences,
avec la caséine entière et la caséine ri. de vache et avecla caséine de
chèvre,
nous avons déterminé lephosphore
et l’azote dans le filtrattrichloracétique
obtenu enprécipitant
lemélange
caséine -!-présure, après
diverstemps
de réaction. Lafigure
3 montre les résultats d’une de cesexpériences
avecla caséine de vache. La courbe
représentant
la libération dephosphore
nonprotéique
soluble dans TCA à 12p. 100a la même forme que la courbe de l’azote non
protéique ;
mais elle ne lui est pas
parallèle.
Avant l’addition de
présure,
laproportion
dephosphore passant
en solutionest
toujours plus
élevée que celle del’azote ; apès
l’action de laprésure
on constatele contraire. La
rapport P/N
dans le filtrattrichloracétique
va en diminuantrégu-
lièrement au cours de la
réaction,
enpartant
dutemps
zéro. Mais si l’on ne tientcompte
que duphosphore
et de l’azotepassés
en solutionaprès
l’addition de lapré-
sure, ce
rapport
reste sensiblement constant, comme le montre letableau 4 et
ilest
toujours
nettement inférieur à cequ’il
est dans la caséineoriginelle.
On remarque que la
petite
fraction de lacaséine, qui
est solubilisée par 12p. 100 de TCA(sans
action de laprésure)
estbeaucoup plus
riche enphosphore
que le NPNproprement
dit et que la caséine. Si cette fraction avait la même teneur en azote que la caséine( 14 ,8
p.ioo),
elle contiendraitrespectivement :
2,7- i,g et3 ,6
p. ioo dephosphore,
dans le cas des 3 caséines du tableau 4.!-_.._-_._!!-- __ _ _ _! _-! _
A 2 p. 100 de
TCA,
uneexpérience
avec la caséine entière de vache montre que lerapport P/N ,après
action de laprésure,
est voisin de cequ’il
est à 12p. 100 maisqu’au temps
o il estbeaucoup plus
faible.b)
Nous avonssuivi,
en fonction dutemps
d’action de laprésure,
laquantité
d’acide
sialique, exprimée
en acideN-acétylneuraminique (NANA),
se retrouvantdans le filtrat
trichloracétique,
avec la caséine x comme substrat. Nous avons obtenu des résultatsprésentés
dans le tableau 5,qui
vont en sens contraire desprécé-
dents,
en cequi
concerne lesproportions.
Le
rapport NANA/N
varie très peu, la valeur autemps
zéro étantdéduite,
comme dans le cas durapport P/N. Mais,
dans le cas de l’acidesialique,
laprésure
détacheune ou des substances considérablement
plus
riches que la caséineoriginelle
et que la fraction soluble autemps
zéro.Les courbes de formation de l’acide
neuraminique
ont la même allure que celles du NPN. Ellesatteignent
unpalier
horizontal avec 12p. ioo de TCA. Mais la pro-portion
de NANA solubilisé est considérablementplus
élevée que celle de l’azote.DISCUSSION
L’interprétation
des courbes de libération de l’azote nonprotéique
solubledans 12 p. ioo d’acide
trichloracétique,
en fonction dutemps
d’actionde la présure,
a
déjà
été discutée(A LAIS
etal., ig 53 ).
Laquestion
se pose, eneffet,
de savoir si cescourbes traduisent bien la réaction
primaire.
La relation que nous avons constatée entre la libération de l’azote nonprotéique
et l’évolution dutemps
decoagulation
du lait constitue un
argument
en faveur de cettehypothèse.
Les résultats que nous avons
obtenus,
en faisant varier la concentration de lacaséine,
montrent que la vitesse de la libération des substances solubles n’est pro-portionnelle
à la concentration du substrat que pour les faibles valeurs de cettedernière,
comme le montre lafigure q. (d’après
les données du tableaui).
Ce
phénomène
seproduit
aussi bienlorsque
la concentration en acide trichlo-racétique
est élevée : 12et 22p. 100(dans
ce cas le filtrattrichloracétique
ne contientque le
caséino-glycopeptide),
quelorsqu’elle
est faible : 2à 6 p. 100(dans
ce cas d’autressubstances
solubles,
résultant de la réaction deprotéolyse générale,
se trouventprésentes
à côté ducaséino-glycopeptide) .
Une inhibition de la réactionprimaire
par excès de substrat neparaît
pas devoir être retenue, pourexpliquer
les constatationsprécédentes.
Les résultatsprésentés
dans le tableau 2 montrent quelorsque
laquantité
deprotéine
dans lemélange
àdéprotéiniser
ne varie pas, laquantité
d’azotenon
protéique
ne varie pas nonplus,
àpartir
de solutions de caséine à différentes concentrations.Lorsqu’on
étudie une réactionenzymatique
deprotéolyse,
comme nous avonstenté de le faire pour la
présure
et lacaséine,
il faut tenircompte
du fait que les mé- thodes usuelles deprécipitation
nepermettent
pas une nette différenciation entre les troistypes
de substances : laprotéine native,
laprotéine dégradée
et lesfragments
libérés dont la solubilité dans les réactifs est
plus
ou moinsgrande.
Les
expériences précédentes
montrent que laproportion
des substances solublesdépend (en
dehors de la concentration del’enzyme
et du substrat dans lemélange réactionnel) :
i. - de la concentration de l’acide
trichloracétique
dans lemélange
en coursde
déprotéinisation.
2
. - de la concentration de la caséine dans ce même
mélange.
3
. - des conditions
expérimentales :
manière demélanger
l’acide trichlor-acétique, présence
d’acétone dans l’acidetrichloracétique.
Il faut
cependant
remarquer que,lorsque
l’on fait varier les conditions 2 et 3, à 12p. 100 deTCA,
la courbe de formation de l’azote nonprotéique
en fonction dutemps
conserve la mêmeforme ;
seulechange
la valeur finale. Il estprobable
quel’adsorption
de substances solubles sur leprécipité
estresponsable
de la diminution de cette valeur finale. Cetteadsorption
est d’autantplus grande
que laquantité
de caséine est
plus
élevée dans lemélange
et que les conditions del’expérience
favo-risent la formation d’un
précipité plus compact.
Différents auteurs ont suivi la libération de l’azote non
protéique
àpartir
de lacaséine x ; leurs
résultats, comparés
auxnôtres,
sont résumés dans le tableau 6.L’augmentation
de l’azotesoluble, après
l’action de laprésure (au
début dupalier
de la courbe NPN f
(t)),
est leplus
souvent voisine de 8 p. 100. La valeur obtenue par GARNIER( 1957 )
estbeaucoup plus faible,
mais sa « fraction x »présente
unesolubilité élevée dans 12 p. 100 de TCA
(NPN-0)
et une teneur enphosphore
beau-coup
plus
haute que celle que l’on observe dans lespréparations
lesplus
pures decaséine x.
Les résultats que nous avons obtenus avec la caséine x sont intéressants pour deux raisons. D’une
part,
la valeur du NPN-0 estfaible ;
or la substancequi
resteen solution
lorsque
l’onprécipite
la caséine x par 12p. 100de TCA est très différente ducaséino-glycopeptide
libéré par laprésure (communication
àparaître) ; plus
laproportion
de cette substance(NPN-0)
estélevée, plus l’interprétation
des résultatsanalytiques
concernant les substances solublesaprès
l’action de laprésure
est difficile.D’autre
part,
nous avons étudiéparallèlement,
dans les mêmes conditions et à la mêmeconcentration,
la libération de l’azote nonprotéique
àpartir
de la caséineentière ;
ce
qui permet
de calculer que la caséine entière de vache que nous avons utilisée doit contenir 10p. 100 de caséine x, valeur confirmée par lacomposition glucidique
des caséines
(A L A I S, 19 6 2 ).
WAUGHet V. HtPP!!,( 195 6)
ont calculé uneproportion
de 15 p. 100
d’après
lesdiagrammes d’électrophorèse.
Les résultats concernant le
phosphore
et l’acidesialique
montrent que laprésure
détache des
fragments
solubles très différents du substrat. Parrapport
à la caséineoriginelle,
le NPN estappauvri
enphosphore
et fortement enrichi en acidesialique.
Le
phosphore
et l’acidesialique
sont libérés à la même vitesse que l’azote non-protéique ;
dans le filtrattrichloracétique
lesrapports P/N
etNANA/N
sont cons-tants au cours de l’action de la
présure.
Il est doncpossible qu’une
seule substance(le caséino-glycopeptide)
soit libérée. Des résultats différents ont étépubliés
par BEEBY
( 19 6 3 ) ;
mais cet auteur ne déduit pas les valeurs autemps
O.La relation que nous avons constatée entre la libération de l’azote
non-protéique
et le
temps
decoagulation
du lait d’unepart,
etl’analogie
queprésentent
entre ellesles courbes de libération de
l’azote,
duphosphore
et de l’acidesialique
nonprotéiques,
avec une vitesse initiale
élevée,
sanspériode d’induction,
dans des conditions dedéprotéinisation
où lecaséino-glycopeptide apparaît seul,
d’autrepart, permettent
de conclure que cette substance est le résultat direct de la réaction étudiée et que celle- cicorrespond
à la réactionprimaire
de laprésure
sur lacaséine, qui
est la cause de lacoagulation.
Reçu
pourpublication
enseptembre 19 6 3 .
SUMMARY
RELEASE OF NON-PROTEIN NITROGEN, PHOSPHORUS AND SIALIC ACID DURING RENNIN ACTION
Non-protein
substances are released from caseinduring
theprimary
reaction ;they
areseparated
from the reaction mixture
by
trichloracetic acid at a final concentration of 2or 12 p. ioo ; at the latter concentration «caseino-glycopeptide
» is theonly
solubleproduct.
While
studying
the release ofnon-protein nitrogen
soluble in 12p. 100trichloracetic acid frommilk, a
relationship
was observedduring
the rennin action at 2°C betweenproteolysis
and the clot-ting
time of milksubjected
to arapid pre-heating.
Theclotting
time decreases with an increase innon-protein nitrogen
until no more is released, and at thispoint coagulation
is almost instantaneous(fig. 1).
The amount of
non-protein nitrogen
releasedby
rennin from casein solutions isproportional
to the amount substrate
only
when this is low(table
I,fig.
4). The reaction does not appear to be inhibitedby
an excess of substrate. The amount ofnon-protein nitrogen
in the trichloracetic filtratedepends
onexperimental
conditions. Theadsorption
of soluble substanceby
theprecipitate explains
the anomalies observed
(table
2,fig. 2 ).
It has been
possible
to calculate that there are 10 p. 100xcasein in isoelectric whole casein(table 3 ) by comparing
the results obtainedusing
x-casein and the whole casein from which it was derived.The results obtained
by
different workers for the amount ofnon-protein nitrogen
from x-casein is discussed(table 6).
The
non-protein
part soluble in 12p. 100trichloracetic acid releasedby
rennin is low inphos- phorus
and rich in sialic acid. Thesecomponents
are released at the same rate asnitrogen (after
thevalues at zero-times have been
deducted).
It ispossible
that asingle
substance is present.It may be concluded from these results that the reaction
resulting
in the release of caseino-glycopeptide
isdefinitively
theprimary
reaction of rennin necessary for the ultimatecoagulation.
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