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Le rôle de l’infirmière pivot en chirurgie : présentation de cas

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Academic year: 2022

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324 Volume 28, Issue 4, Fall 2018 • CanadIan onCology nursIng Journal reVue CanadIenne de soIns InFIrmIers en onCologIe

FEA TURES /Ch R o niq UES Le rôle de l’infirmière pivot en chirurgie :

présentation de cas

par Lorraine DeGrace

iNtrODuctiON et cONteXte

C

e court article a pour but de décrire les différentes tâches incombant à l’infirmière pivot en chirurgie onco- logique à la Clinique d’évaluation du cancer Ages. Il présente les outils uti- lisés pour rationaliser la prestation des soins et ainsi faciliter l’expérience du patient et de sa famille, depuis la réfé- rence jusqu’à la phase postopératoire.

Cette information pourrait être utile pour d’autres programmes de cancé- rologie qui cherchent à améliorer l’ex- périence de leurs patients en chirurgie oncologique.

On estime qu’environ 26  800 Canadiens ont reçu un diagnostic de cancer colorectal en  2017 (Société cana- dienne du cancer, 2017). En vue d’amé- liorer les délais de diagnostic et de traitement, la province de l’Ontario a instauré le Programme d’évaluation dia- gnostique pour augmenter la qualité et l’accessibilité des soins, favoriser une approche centrée sur la personne et une prestation de soins intégrés, et optimi- ser la valeur des soins prodigués (CCO, 2015).

En  2007, notre programme régional de cancérologie a lancé un Programme d’évaluation diagnostique pour le cancer colorectal – la Clinique d’évaluation du cancer – afin d’offrir un seul et unique point d’accès à une équipe multidisci- plinaire, des tests coordonnés et de l’ac- compagnement pour les patients. La clinique reçoit chaque année plus de 450  patients atteints de cancer colorec-

tal présumé ou diagnostiqué. En tant que centre tertiaire, bon nombre des

patients qui nous sont confiés ont des besoins complexes, dont plusieurs comorbidités, et un diagnostic nécessi- tant un traitement néoadjuvant ou des interventions chirurgicales combinées.

Nous sommes d’avis que le rôle de l’in- firmière pivot est essentiel afin d’assu- rer des soins coordonnés, opportuns et holistiques.

Les patients dirigés vers la Clinique d’évaluation du cancer colorectal sont examinés, puis classés par priorité avant d’être admis par l’infirmière pivot. Cette dernière se charge d’évaluer les patients, de transmettre son enseignement et de prodiguer des soins rapides en plus d’être la personne-ressource pour le patient, sa famille et l’équipe multidis- ciplinaire. Diverses stratégies facilitent et soutiennent la navigation du patient : directives médicales permettant de coordonner les étapes et les consulta- tions appropriées, outils de suivi du patient, organisation des rencontres avec les chirurgiens. Les directives médicales autorisent l’infirmière pivot à demander des imageries diagnostiques ou des prélèvements sanguins et à envoyer des demandes de consultation aux diverses spécialités (p. ex. oncologie médicale/radio-oncologie, spécialistes hépato-pancréato-biliaires, programme de médecine interne et psychosociale) qui figureront dans le parcours théra- peutique du patient dans l’approche d’équipe interdisciplinaire.

Plusieurs ressources sont utilisées à des fins informatives et éducatives afin d’aider le patient et sa famille à se prépa- rer pour ce qui les attend. L’infirmière pivot de la Clinique d’évaluation du can- cer offre des séances d’enseignement aux patients du Réseau local d’intégra- tion des services de santé qui attendent une intervention chirurgicale colorec- tale conjointement avec un stomathé- rapeute disponible pour rencontrer les

patients et leurs proches et leur trans- mettre l’information relative à la stomie et au marquage en vue de l’intervention.

L’infirmière pivot appelle tous les patients dirigés vers la Clinique d’éva- luation du cancer colorectal pour éta- blir un premier contact. Cet appel est important, car il permet au patient de comprendre le processus dans lequel il s’engage pour les semaines à venir.

L’infirmière pivot explique également le processus de stadification ainsi que les différents tests et appels prévus pour les rendez-vous. Elle évalue les symp- tômes du patient et lui remet ses coor- données, ce qui aide à mieux gérer le stress et l’anxiété pouvant être causés par la période d’attente entre les tests et les rendez-vous. Ces coordonnées repré- sentent un accès direct pour parler à l’infirmière, être évalué puis dirigé vers les services adéquats en cas d’urgence.

La présente étude de cas décrit le rôle de l’infirmière pivot auprès des patients d’oncologie chirurgicale colorectale et de leur famille, soit les guider dans le système afin de leur donner un accès opportun aux soins spécialisés. Les patients dirigés vers la Clinique d’éva- luation du cancer colorectal sont exami- nés, classés par priorité puis admis par l’infirmière pivot.

ÉtuDe De cAs

Un suivi a été demandé pour Lara, une femme de 68 ans dont la première coloscopie après un test de saignement occulte fécal (TSOF) positif a confirmé la présence d’un adénocarcinome. Elle a été informée des résultats de la colos- copie par son médecin de famille. Lara a ensuite été dirigée vers la Clinique d’évaluation du cancer par son gas- troentérologue, contactée par l’infir- mière pivot, puis évaluée avant de subir un dépistage de symptômes urgents.

Elle se sentait un peu anxieuse et se

Au suJet De l’Auteure

Lorraine DeGrace, inf. aut., B.Sc.

inf., Clinique d’évaluation du cancer, Hôpital d’Ottawa, Campus Général 613-737-8899, poste 79691

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Canadian OnCOlOgy nursing JOurnal • VOlume 28, issue 4, Fall 2018 reVue Canadienne de sOins inFirmiers en OnCOlOgie

FEA TURES /Ch R o niq UES

questionnait à propos de la chimiothé- rapie et de ses chances de survie, mais l’appel téléphonique l’a rassurée.

L’historique de la maladie décelée a indiqué qu’elle ressentait depuis envi- ron deux mois une légère douleur au quadrant inférieur droit, des ballonne- ments abdominaux après les repas et de la fatigue. Ses selles étaient régulières, mais plus foncées qu’à l’habitude, sans saignements apparents.

L’infirmière pivot a ensuite revu avec la patiente ce qui allait se passer dans les jours suivants. Conformément aux directives médicales, une tomodensito- métrie de l’abdomen et du bassin, une radiographie thoracique et des prélève- ments sanguins ont été demandés pour la stadification initiale. La patiente et sa famille ont été informées à propos de la stadification et des rendez-vous à venir, et les coordonnées des personnes-res- sources ont été remises.

Les résultats des tests ont été exami- nés par l’infirmière pivot, pour révéler une numération globulaire complète normale. Sauf pour une hémoglobine un peu basse (110), le taux d’électrolytes était normal, révélant un bilan hépa- tique augmenté et un ACE à  7,8. Les rapports de pathologie ont dévoilé un adénocarcinome modérément différen- cié et la tomodensitométrie de l’abdo- men et du bassin a permis de constater un épaississement de l’intestin (dans le cæcum), en plus de mener à la décou- verte fortuite de 2  lésions hypodenses sur le foie. Une IRM de l’abdomen et du foie a ensuite été demandée par l’in- firmière pivot, puis Lara a été appelée et informée des résultats et de la pro- chaine imagerie.

Une consultation avec un chirur- gien colorectal a donc été planifiée pour Lara, qui a rempli l’auto-évaluation sur les antécédents personnels et répondu à l’Échelle d’évaluation des symptômes d’Edmonton (EESE). Ces tests ont révélé qu’elle souffrait d’anxiété (5/10), de fatigue (5/10) et de constipation (4/10),

mais n’ont fait état d’aucune douleur ou nausée. L’EESE a été revue par l’infir- mière pivot ainsi que le chirurgien. Au besoin, les patients de la Clinique d’éva- luation du cancer sont aussi rencontrés en vue d’un arrêt tabagique.

Les antécédents de Lara ont révélé qu’elle était traitée pour de l’hyperten- sion depuis quelques années, qu’elle était atteinte de diabète de type  2 et qu’elle avait subi une appendicecto- mie en  2000. Par ailleurs, elle était en bonne santé. Ses antécédents familiaux indiquent que son père est décédé à 69  ans d’une maladie coronarienne et que sa mère est décédée à 72 ans d’un cancer ovarien. Aucun antécédent fami- lial de cancer colorectal n’a été rapporté.

Lara était mariée et vivait avec son mari.

Elle avait deux enfants et cinq petits-en- fants. Les membres de la famille étaient tous d’un grand soutien.

Après la rencontre avec le chirur- gien, le plan de soins a été révisé, les ressources éducationnelles ont été transmises et Lara a pu obtenir des réponses à ses questions. La tomoden- sitométrie ayant révélé des lésions au foie, la patiente a été dirigée vers l’on- cologie médicale et les chirurgiens hépato-pancréato-biliaires.

Elle a rencontré le chirurgien et l’on- cologue médical. Un CCIP a été installé pour la chimiothérapie, puis elle a reçu 4 cycles de chimiothérapie (5-FU), à rai- son d’un cycle toutes les 2  semaines.

Une IRM a été refaite après le 4e  cycle de chimiothérapie, confirmant la réduc- tion des lésions hépatiques et l’absence de nouvelles lésions.

En maintenant ses suivis avec le chirurgien spécialiste et puisqu’elle avait bien répondu à la chimiothérapie et que la lésion était opérable, elle est devenue admissible à une lobectomie hépatique, combinée à une résection du colon.

Lara a revu le chirurgien colorectal à la Clinique d’évaluation du cancer et consenti à subir une hémicolectomie

droite. L’EESE a été révisée et les res- sources éducationnelles portant sur l’intervention chirurgicale et le chemi- nement clinique ont été fournies. On a répondu aux questions et préoccu- pations exprimées par la patiente et sa famille au sujet de l’opération et la durée de l’hospitalisation. On a ensuite planifié, pour Lara et sa famille, une séance d’information de groupe de 45 minutes.

L’opération s’est bien déroulée et Lara s’est rétablie sans complications.

Elle a obtenu son congé de l’hôpital cinq jours après l’opération. Au jour  3 du retour à la maison, elle a appelé l’infirmière pivot de la clinique parce qu’elle s’inquiétait d’un écoulement au site d’incision. Une évaluation télépho- nique a alors été faite  : l’écoulement était minime et séreux, et la patiente ne rapportait aucune fièvre, rougeur ou induration. On lui a recommandé de consulter son médecin de famille au cas où elle aurait d’autres préoccupations.

Elle a revu le chirurgien colorectal à la Clinique d’évaluation du cancer pour un suivi, 4  semaines après l’interven- tion. L’incision a été examinée, elle était propre et intacte. Ses habitudes intesti- nales sont revenues à la normale, tout comme son régime alimentaire et son bien-être général. On a répondu aux questions de la patiente et de sa famille, en ce qui concerne les futurs plans de soins et à l’égard de la chimiothérapie adjuvante et des lignes directrices pour le suivi colorectal. L’infirmière pivot s’est assurée que Lara aurait un ren- dez-vous de suivi avec le spécialiste et l’oncologue médical.

Comme on le constate, l’infirmière pivot en chirurgie oncologique de la Clinique d’évaluation du cancer travaille en étroite collaboration avec tous les membres de l’équipe multidisciplinaire afin d’assurer une approche efficace, coordonnée et holistique aux patients atteints de cancer colorectal et à leurs familles.

rÉFÉreNces

Action Cancer Ontario (2015). Programmes d’évaluation diagnostique – 2015. Toronto : auteur.

Société canadienne du cancer (2017).

Statistiques sur le cancer colorectal  2017.

Toronto : auteur.

Références

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