Annexe au Cerfa n° 11630 de demande de dérogation à la réglementation relative aux espèces protégées – Lâcher d'individus de Gypaète dans le Parc national du Mercantour
(demande du 29 janvier 2013) C-finalité du projet
Historique et cadre d'action
Le programme international de réintroduction du Gypaète barbu dans les Alpes s’intègre dans un vaste plan de conservation de l’espèce sous l’égide de la VCF (Vulture Conservation Foundation, créée en 2009) anciennement FCBV (Foundation for the Conservation of the Bearded Vulture). Il se concrétise par le lâcher, dans le milieu naturel, de jeunes oiseaux nés en captivité.
Ainsi depuis 1993, 41 jeunes gypaètes barbus (23 femelles, 18 mâles) ont été réintroduits dans les Alpes du sud au sein de deux parcs (Parc national du Mercantour et Parco Alpi-Marittime). La première reproduction a lieu en Ubaye en 2008 puis deux ont suivi en 2011 et 2012 (reproduction en cours 2013) dans une commune proche du Parc national du Mercantour, Saint-Paul-sur-Ubaye.
Au cours de ces trois dernières années, d'autres tentatives d'installation de couples ont été
observées. Ainsi, en 2013, un nouveau couple potentiel est présent en Haute-Tinée en cœur du parc national du Mercantour.
De par la position stratégique dans l'arc alpin et à l'échelle de l'Europe (lien entre les systèmes insulaires: Corse et Sardaigne et le continent: Italie / France), les alpes méridionales et plus
particulièrement, les deux espaces protégés Alpi-Marittime et Mercantour ont un rôle prépondérant dans la constitution d'une métapopulation connectée et viable avec les autres noyaux de
populations.
Au cours de la période 2007-2012, la Fondation Albert 2 a été un partenaire privilégié dans la réussite de ce programme.
Cependant, la population de gypaète dans les Alpes du sud reste fragile compte tenu:
- du faible nombre d'individus encore reproducteurs, - d'un âge à maturité tardif (7/8 ans),
- des difficultés rencontrées dans d’autres sites de lâcher notamment la Sardaigne,
- des nombreuses menaces qui pèsent sur cette population: empoisonnement renforcé par le contexte du retour des grands prédateurs: loup, lynx; collisions par les câbles; dérangement par les hélicoptères lors de portage de matériels pour les éleveurs, randonneurs, touristes et photographes, braconnage, ….
En conséquence, le Parc du Mercantour et son voisin italien, le Parc Alpi Marittime souhaitent poursuivre leur participation pour répondre:
– à l’objectif de protection et de renforcement de la population de Gypaète barbu des Alpes du sud en réalisant au moins 2 lâchers au cours de la période 2012-2014, selon le planning suivant:
• 2012: 2 oiseaux relâchés dans le PNAM
• 2013: lâcher prévu de 2 oiseaux dans le PNM
• 2014: organisation du meeting annuel de la Vulture conservation fundation (VCF)
– aux enjeux de préservation de l’espèce en Europe via des actions identifiées dans le Plan National français d'Actions « Gypaète/ 2012-2019 », dont le Parc national du
Mercantour est partenaire.
Modalités du lâcher et du suivi
L' installation dans une grotte aménagée, dans le cœur du parc national du Mercantour (soit au sein de l'espace réglementé) s’effectue quelques semaines avant la date présumée d’envol, pour
permettre aux poussins de se familiariser avec leur environnement. Durant l’élevage, les manipulations par l’homme sont limitées au strict minimum, de manière à réduire tout risque d’imprégnation. Durant la phase pré-envol, et sauf en cas de problèmes liés à leur sécurité ou à leur santé, les jeunes n’ont plus de contact avec l’homme. L’apport de nourriture se fait de préférence de nuit ou à défaut, à leur insu.
Dans le but d’harmoniser le suivi sur l’évolution du développement des oiseaux réintroduits un protocole de suivi a été mis en place sur l’arc Alpin. Ce protocole initié dans le cadre du
financement LIFE « Conservation du Gypaète barbu dans les Alpes Française » a été réalisé par ASTERS et le Parc National du Mercantour.
Ses objectifs sont d’assurer les meilleures conditions possibles de lâcher et de suivi des jeunes Gypaètes, mais aussi de garantir une qualité minimale de suivi et d’observation des poussins. Il s'agit de:
- préparer un environnement favorable et garantir la tranquillité du site de lâcher - s’assurer du bon état sanitaire des oiseaux et de la qualité de leur émancipation - d'optimiser les méthodes de lâcher
- d'organiser le suivi post-envol jusqu'à l'émancipation.
Le marquage des oiseaux est classiquement réalisé par décoloration des plumes juste avant le lâcher. Cela permet un suivi par un réseau d'observateurs jusqu'à la première mue mais reste insuffisant pour les zones mal couvertes, aussi depuis 2007, les oiseaux lâchés dans les 2 parcs sont équipés d'émetteurs GPS/GSM.
En effet, avant d’occuper un territoire fixe et de se reproduire, ils entreprennent de vastes pérégrinations. En l’espace de quelques jours, les jeunes oiseaux peuvent parcourir tout l’arc alpin.
Il est très difficile d’observer les gypaètes durant cette période de forte vulnérabilité. Seule la télémétrie permet de localiser les oiseaux en temps réel et en cas de problème d'intervenir. La connaissance des déplacements contribue donc à mieux protéger à court et long terme une espèce emblématique de tout l’écosystème alpin.
Le mini-émetteur n'excède pas 3% du poids de l’oiseau, il est à peine visible et seule une antenne extrêmement mince dépasse du plumage. La durée d’activité des émetteurs est de 14 mois en moyenne. Pour la fixation de l’émetteur, deux systèmes sont utilisés: soit sur une plume caudale ou avec une bande élastique sur la cuisse des animaux. L'émetteur se détache « spontanément » au bout d’environ deux à trois ans.
Les données transmises par les émetteurs sont collectées, et traitées par la SWILD Urban Ecology
& Wildlife Research (Dr D.Hegglin), partenaire du programme de réintroduction: www. swild.ch