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LA NATION ET LES PEUPLES QUI LA COMPOSENT : UNE VISION GÉOPOLITIQUE DE L'ESPAGNE

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Barbara Loyer

To cite this version:

Barbara Loyer. LA NATION ET LES PEUPLES QUI LA COMPOSENT : UNE VISION GÉOPOLI- TIQUE DE L’ESPAGNE. Hérodote - Revue de géographie et de géopolitique, Elsevier Masson/La Découverte, 2005. �hal-02077678�

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La Découverte | « Hérodote »

2005/2 no 117 | pages 85 à 103 ISSN 0338-487X

ISBN 2707146145

Article disponible en ligne à l'adresse :

--- https://www.cairn.info/revue-herodote-2005-2-page-85.htm

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La nation et les peuples qui la composent : une vision géopolitique de l’Espagne

Barbara Loyer*

Reclus voyage en Espagne à la fin du XIXesiècle et c’est par l’Europe méridio- nale où l’Espagne compte 250 pages, qu’il débute en 1876 la Nouvelle géographie universelle. Au début du siècle, l’Espagne a livré une guerre de libération natio- nale contre les armées de Napoléon Ieret a infligé à l’Empereur sa première défaite en Europe. Au cours de cette guerre, en l’absence du roi, prisonnier des Français, une nouvelle Constitution avait institué la monarchie parlementaire et sonné la fin du régime absolutiste. Mais, à peine la guerre terminée, les classes possédantes de l’ancien régime ayant repris leur pouvoir, l’Espagne entra alors dans une longue période de stagnation, pour ne pas dire de décadence, traduite notamment par la perte des dernières colonies de la Couronne, en 1898, face à la puissance montante des États-Unis. Cet événement représente l’un des points de départ du dévelop- pement d’un mouvement organisé régionaliste puis nationaliste en Catalogne, qui convergera trente ans plus tard avec son équivalent du Pays Basque et de Galice.

L’existence de partis nationalistes de plus en plus puissants sera l’une des causes, avec la lutte contre le communisme en marche, du soulèvement franquiste.

Il faut dire tout ceci pour aborder le texte d’Élisée Reclus car celui-ci est à la fois une présentation des traits géographiques de la péninsule et une réflexion sur le passé et l’avenir de la nation et des peuples d’Espagne. Le futur y est très souvent envisagé. Sa description introductive de l’isolement et de la sauvagerie de certaines terres castillanes se conclut par : « Phénomène très lent mais continuel d’égalisation des hommes et des choses. Sous l’influence du milieu historique, les Castillans du

Hérodote, n°117, La Découverte, 2etrimestre 2005.

* Géographe, université Paris-VIII.

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Nord et du Sud, de la montagne et des terres unies, arrivent à ressembler de plus en plus aux autres Espagnols, de même que ceux-ci se rapprochent des autres Européens. » Sur le port de Cadiz : « Lorsque le réseau des chemins de fer de la péninsule, déjà rattaché à celui du reste de l’Europe, sera utilisé comme il devrait l’être, la rade de Cadiz disputera au grand port du Tage (Lisbonne) le privilège d’être la tête de ligne de tout le continent européen sur la route de l’Atlantique austral » [NGU, t. I, p. 758]. Au sujet des ressources naturelles du pays : « Les plaines qui se relèvent vers la sierra de Montanchez et celle de Guadalupe sont riches en rognons de phosphates de chaux, vrai trésor pour l’amendement des campagnes épuisées. L’Angleterre et la France ont importé déjà de l’Estremadure une certaine quantité de ces phosphates, mais on peut dire que l’immense réserve des agriculteurs futurs est à peine entamée » [ibid., p. 702].

C’est donc un texte en marche, écrit pour signifier les forces de mouvements et de stagnation, pour donner au lecteur quelques clés de compréhension de l’avenir contenu dans le présent qu’il rapporte. On le comprend donc plus aisément en le situant dans le contexte géopolitique de l’époque et en gardant à l’esprit la suite des événements historiques que Reclus essaye d’envisager. Non qu’il ait toujours raison, dans le cas de l’Espagne certaines de ses idées ont été démenties, mais cette tension pour restituer la complexité du moment afin de comprendre le sens général des événements postérieurs à l’écrit, rend le texte passionnant.

Peuples et État espagnol

Élisée Reclus accorde une place essentielle à la complexité interne de l’État espagnol. Sur les considérations au sujet des peuples et des races, sa pensée paraît de prime abord dépassée car il y a de longs développements au sujet des caractères fondamentaux des différentes populations d’Espagne que l’on ne ferait plus aujourd’hui. « Au milieu de toutes les diversités provenant du sol, de la race, du climat et des mœurs, il est bien difficile de parler d’un type général représentant tous les Espagnols » [ibid., p. 656]. Il faut dire aussi qu’au XIXesiècle la différen- ciation des coutumes, vêtements, mœurs était infiniment plus grande qu’aujour- d’hui. Ses descriptions et les dessins de quelques paysans typiques le prouvent et il aurait fallu faire preuve d’aveuglement pour ne pas les voir ou les décrire.

Pourtant Reclus se projette dans l’avenir. Il faudrait, pour qualifier la façon qu’à Reclus d’envisager le présent, inventer une nouvelle figure de grammaire appelée « futur potentiel ». Il accorde notamment une importance centrale à la nouveauté que représente l’amélioration des communications, notamment le chemin de fer. Pour lui la multiplication des contacts entre toutes ces populations devrait conduire vers une fusion progressive en un seul peuple ; c’est l’hypothèse de futur la plus probable à ses yeux, mais il est prudent, à raison. Hérodote

, n°117, La Découverte, 2etrimestre 2005.

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Il est certain que d’année en année le lien d’unité politique se noue plus forte- ment entre les divers peuples de l’Espagne, grâce à la facilité croissante des voyages et des échanges, à la substitution graduelle d’une même langue aux dia- lectes provinciaux, au rapprochement spontané qu’amènent la compréhension des mêmes idées et la formation des partis politiques ; mais Andalous et Galiciens, Basques et Catalans, Aragonais et Madrileños sont encore bien éloignés de s’être fondus en une seule nationalité [ibid., p. 665].

Sur les Basques, il pensait aussi que :

La guerre les a déjà brisés une première fois1; elle menace de les briser encore et de les réduire à merci mais la paix, non moins que la guerre, tend à les priver de leur individualité nationale pour les faire participer à la vie politique des popula- tions espagnoles. L’industrie moderne, aidée par le commerce et les voyages, change les mœurs locales, enseigne la langue des voisins, fait disparaître les anciennes traditions. Les Basques ne sont pas seulement un peuple qui saute et danse au haut des Pyrénées, comme le disait Voltaire, c’est aussi un peuple qui travaille, et c’est par le travail que se fera la fusion nationale avec les autres Espagnols [ibid., p. 867].

S’il est une chose qui n’a pas changé en Espagne depuis l’époque d’Élisée Reclus c’est le souvenir ou la volonté de la diversité, mais celle-ci, qui allait alors de soi, qui était une réalité très forte parce qu’on ne mangeait pas la même chose, on ne parlait pas les mêmes langues, etc., est maintenant le résultat d’une volonté de maintenir la différence malgré l’homogénéisation des modes de vie qui a bien eu lieu comme Reclus l’avait prévu. De nos jours ce sont essentiellement les langues qui créent la différence, et c’est par elles qu’en Catalogne, au Pays Basque ou en Galice certains députés expriment leur refus de voir leur région/

nation assimilée à l’Espagne. Le catalan, le valencien, le basque, le galicien, sont des langues co-officielles avec l’espagnol dans les communautés autonomes où elles sont parlées mais, l’espagnol étant commun à tous les citoyens, ceux-ci ont le devoir de le connaître. Du temps de Reclus, les langues locales n’étaient apparem- ment pas des outils primordiaux de différenciation politique, les différences étaient si nombreuses que les langues n’en constituaient qu’une de plus. Reclus leur accorde pourtant une attention assez précise. Au sujet des Baléares par exemple : Par la langue, ce sont des Catalans, mais leur idiome est plus pur et se rapproche plus de l’ancien parler limousin que le langage des habitants de Barcelone [ibid.,

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1. Il fait allusion à la première guerre carliste de 1833 à 1837. La seconde aura lieu juste après son passage en Espagne, dans les années 1870.

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p. 793]. Les Valenciens se distinguent aussi des Castillans par leur langage, pur dia- lecte provençal. Le parler de Valence, quoique mêlé à beaucoup de mots arabes, est plus rapproché que le catalan de la langue des anciens troubadours. Il est fort doux à entendre, surtout dans une bouche féminine [ibid., p. 784].

Reclus parle longuement de la langue basque : « D’après quelques auteurs, c’est en euskara que le premier homme aurait salué la lumière ; l’orthodoxie locale érigea même cette imagination en article de foi, et bien mal venu eût été l’étranger qui se serait permis d’émettre un doute sur ce fait primitif de l’histoire humaine » [ibid., p. 857], mais il adopte un point de vue prudent :

En attendant que la comparaison des langues humaines nous ait révélé si l’idiome euskarien est vraiment indépendant de tout autre, il nous faut considérer les Basques, restés sans frères sur les continents, comme un peuple entièrement à part, comme le débris d’une ancienne humanité rongée de tous les côtés par les flots envahissants d’une humanité plus moderne.

Il fait le point néanmoins sur les théories de l’époque et esquisse une géographie de cette langue.

Il est toutefois assez surprenant qu’il ne dise quasiment rien de la langue cata- lane au sujet de la Catalogne elle-même. Sans doute est-ce parce qu’il accorde une influence politique prépondérante à l’espagnol :

Madrid devrait profiter aussi du rôle intellectuel de premier ordre qui lui assure l’usage, devenu général en Espagne, de la noble langue castillane [...] c’est Madrid qui modifie, assouplit et renouvelle la langue ; c’est elle qui profite des avantages que lui donnent les journaux et la presse pour réduire les autres dialectes de la Péninsule à l’état de patois et pour imprimer à tous les esprits comme un sceau castillan [ibid., p. 706].

Dans ce cas, le castillan n’est pas seulement la langue du pouvoir, c’est aussi celle de la liberté d’une opinion publique naissante : « En temps de liberté, c’est à la Puerta del Sol, l’agora des Madrilènes, que se fait en grande partie l’opinion publique des Espagnols » [ibid., p. 706].

La consolidation de l’État-nation espagnol devait, aux yeux de notre auteur, passer par l’exercice de la liberté des peuples qui le composent, mais « il est toute- fois évident que si la vie de l’Espagne ne se dépensait pas pour une si grande part en luttes intestines et qu’elle s’appliquât tout entière à des œuvres d’intérêt collec- tif, l’utilité de la race ibérique serait bien autrement considérable pour le reste du monde » [ibid., p. 663]. Abstraction faite de la race ibérique, bien des Espagnols souscriraient aujourd’hui à ces paroles.

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Les représentations des Espagnols sur eux-mêmes

La notion de race ibérique apparaît clairement aujourd’hui de plus en plus éloignée de la réalité car le pays n’est plus un pays d’émigration mais d’immi- gration. Mais Reclus montre pourtant qu’à son époque déjà l’homogénéité de l’Espagne était aussi une représentation que l’on peut fortement relativiser par l’analyse. Il insiste à diverses reprises sur le fait que dans certaines régions, notamment méditerranéennes, la population est le résultat d’un croisement d’influences et de races très nombreuses. Il n’y a pas, dit-il, de race espagnole.

Il est vrai que l’Inquisition fit expulser du royaume ou réduire en esclavage des centaines de milliers, peut-être un million de Maures ; mais ceux qu’elle traitait ainsi étaient les musulmans ou les convertis douteux : la grande masse de la popu- lation dite espagnole n’en avait pas moins dans ses veines une forte part de sang berbère ou sémite. Quand l’ordre d’exil fut promulgué contre toute leur race (les Maures, c’est-à-dire les populations mélangées du nord de l’Afrique, Arabes et sur- tout Berbères) ceux mêmes qui se prononçaient et qui étaient chargés de le mettre à exécution avaient dans leurs propres artères une forte part de sang maure [ibid., p. 737]. Dans certaines régions [...] la population était devenue tellement africaine, que les pratiques religieuses, et non la nuance de la peau, étaient les seuls indices de démarcation entre musulmans et chrétiens. L’idiome andalou, plus encore que le castillan, est fortement arabisé par l’accent...

Suit la description de la dimension musulmane de l’urbanisme, des topo- nymes, etc.

Sur la Catalogne, il écrit : « Il est certain que la contrée maritime est celle qui a reçu dans sa population le plus d’éléments divers » [ibid., p. 826], ou à propos des gitans : « Ils diminuent, sans doute à cause des croisements qui les ramènent dans le gros de la population. Leur race est loin d’être pure, car il n’est pas rare que les Tsiganes épousent des Espagnoles. »

Reclus s’inscrit en faux contre les représentations de supériorité des Espagnols catholiques (à l’époque où la France colonise le Maghreb) :

Depuis que les Maures ont été presque tous chassés ou exterminés, après une sanglante guerre qui dura jusque vers la fin du seizième siècle, les colons de la Galice et des Asturies qui reçurent les terres conquises sont pour la plupart restés dans un état de véritable barbarie ; ils ne sont en rien les supérieurs des Maures convertis qui obtinrent à prix d’argent le privilège de rester à Ujijar, la capitale de l’Alpujarra. Ni les uns ni les autres ne se sont guère donné la peine d’exploiter les richesses de ces belles montagnes, qu’entoure une ceinture de despoblados ; ils se sont bornés à en dévaster les forêts [ibid., p. 717].

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Liberté, j’écris ton nom...

Élisée Reclus sait que le monde est d’autant plus complexe que sont multiples et contradictoires les représentations que les hommes s’en font. Il accorde une réelle importance à cette dimension de la réalité, car elle peut amener des peuples à se faire la guerre ou à devenir des oppresseurs en ayant le mot liberté à la bouche, comme il l’a observé à diverses reprises en Espagne. Dans la partie consacrée à l’Andalousie, il écrit, par exemple, au sujet de l’occupation de Gibraltar par les Anglais : « Les Espagnols le ressentent comme une insulte et leur cause devrait avoir la sympathie de tous, s’ils ne détenaient pas eux-mêmes, de l’autre côté du passage, la ville et le territoire de Ceuta. On leur a pris l’un des Piliers d’Hercule avec autant de droit qu’ils en avaient eu à s’emparer de l’autre » [ibid., p. 729].

Élisée Reclus est un idéaliste, en ce sens qu’il a des idéaux politiques, très souvent reflétés par son texte, mais il ne veut pas transmettre de mythes. Dans ses analyses, la liberté est un élément toujours complexe et relatif. Sur les libertés anciennes de l’Aragon, il montre par exemple comment l’égalitarisme des origines s’est peu à peu perverti :

Quand on n’eut plus besoin d’eau pour la lutte, les marchands, les artisans, les laboureurs, se trouvèrent en dehors du droit [...]. Quoique la constitution du royaume d’Aragon fût donc bien éloignée d’être républicaine, pourtant elle contrôlait le pouvoir royal avec tant d’efficacité que les souverains tentèrent fréquemment de s’en débarrasser » [ibid., p. 827].

De même, au sujet du sentiment de liberté des Catalans : « C’est parmi les Catalans qu’ont été recrutés en grande partie ces “volontaires de la liberté” qui ont combattu avec tant d’acharnement et parfois tant de férocité pour maintenir les Cubanais dans la servitude politique et les Noirs dans l’esclavage » [ibid., p. 830].

Les représentations que les uns ont sur les autres font également partie de l’analyse : « Les Catalans ne sont guère moins contents d’eux-mêmes que les Aragonais [...]. Ils ne pouvaient tolérer que des ordres leur fussent donnés par ces Castillans qu’ils méprisent » [ibid., p. 828], ce que rendent « les Castillans de vieille roche [qui] avaient un mot pour flétrir leurs compatriotes du nord de l’Ebre : ils les appelaient “Catalans rebelles” ; ceux-ci, de leur côté, acceptaient ce terme non comme une opprobre mais comme un titre de gloire », en vertu de

« ce vieil instinct d’indépendance catalane auquel le gouvernement de Madrid ne sait point faire sa part ».

De même, le mépris des Basques pour leurs voisins est retenu comme un fac- teur d’isolement et de survivance de la langue basque.

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Le cas des Basques

Certains passages du chapitre sur les Basques sont extrêmement représentatifs de la rigueur d’Élisée Reclus, de sa conscience de la grande relativité des points de vue, et de l’importance que ceux-ci ont dans la société. Reclus exprime un grand respect pour les Basques « qui ont vécu en paix, comme des petites républiques »,

« fraternellement unies en une grande fédération ; Irurak bat, les trois n’en font qu’une, telle est la belle devise des provinces vascongades ». Il juge cette société euskarienne « supérieure aux populations voisines par ses éléments de civili- sation », et cite en exemple « le grand respect qu’on y avait pour la personne humaine ».

Tout Basque était absolument inviolable dans sa demeure, jamais il ne pouvait être privé de son cheval ni de ses armes, sa maison sacrée pour tous, dans les assises nationales tous votaient, le suffrage de tous avait la même valeur, les citoyennes donnaient leur avis, et leur voix, avec la même liberté que les hommes [ibid., p. 860].

Mais il souligne que, dans cette société traditionnelle, la femme n’était pas, malgré les apparences, l’égale de l’homme :

Cependant il n’était pas d’usage que les femmes fussent assises à la même table que l’etcheco jauna et ses fils : elles mangeaient debout à côté du foyer ; même de nos jours, cette vieille habitude d’inégalité n’a point disparu des campagnes et telle est la force de la tradition, que la femme se croirait presque déshonorée si on la voyait assise à côté de son mari à tout autre jour que celui de ses noces.

On voit par ce souci, si rare, de la condition féminine combien la liberté et l’égalité étaient pour Reclus des valeurs fondamentales qui ne pouvaient souffrir de demi-mesures. Il qualifie cette coutume de « reste de la barbarie primitive », mais admet aussi que ce qu’il voit comme une marque d’oppression peut être défendu par les opprimées elles-mêmes.

Enfin, sans renoncer à admirer l’esprit d’indépendance et la singularité des Basques, il sait aussi relativiser cette qualité afin que son information, en décri- vant les deux faces de la médaille, soit scientifique par son esprit de rigueur et l’honnêteté du parti pris :

Toutefois il ne faudrait point croire que les populations euskariennes sont compo- sées d’hommes supérieurs de toutes manières à leurs voisins, aux qualités correspon- dent aussi les défauts. Actuellement le grand malheur des Basques est précisément dérivé de leurs anciens privilèges nationaux. Ils veulent continuer les traditions du passé, parce que ce passé fut héroïque, se renfermer dans les étroites limites de leur patrie, parce que cette patrie fut libre à côté des nations esclaves, rester étrangers au mouvement historique des peuples d’Europe, parce que ceux-ci ne sont pas de race

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noble comme eux. Par un revirement bizarre des choses il se trouve qu’en défendant leurs libertés provinciales les Basques se sont faits les champions de l’absolutisme pour les autres provinces ; ils ne veulent point qu’on touche à leurs fors, et, pour en assurer la conservation, ils ne veulent pas non plus permettre à leurs voisins de se débarrasser de leurs entraves. De cette attitude naissent les plus étranges inconsé- quences et de singuliers malentendus, causés d’ailleurs en grande partie par l’igno- rance des Basques, car l’instruction est très peu répandue chez eux : elle n’était point stipulée dans leurs fors ! [ibid., p. 863].

Les historiens d’aujourd’hui ne disent rien d’autre.

De même, son regard sur le pouvoir local en fait apparaître la complexité et les contradictions :

Mais que de diversités, de contrastes et de bizarreries féodales dans cette orga- nisation des communes et des provinces, en apparence si démocratique ! telle bour- gade est une république indépendante, telle autre se groupe avec un certain nombre de villages en « université » souveraine ; d’autres encore ne se composent que d’en- claves. Dans tel village, la municipalité nouvelle est nommée par celle qui vient d’achever ses fonctions ; dans tel autre, elle est choisie par des électeurs censitaires ou par des nobles d’une certaine catégorie, ou même, soit par le seigneur local, soit par son représentant. Les juntes provinciales se renouvellent aussi suivant les procé- dés les plus divers, en vertu des traditions les plus disparates. Le suffrage, que l’on considère dans les démocraties modernes comme un droit naturel appartenant à l’homme libre, est encore un privilège parmi les Basques et n’est point exercé par tous. En outre, l’usage de ce privilège est accompagné de formalités puériles et réglé par une étiquette jalouse : les lois de la préséance ne sont pas moins religieu- sement observées sous le « chêne de justice » qu’à la cour de la reine d’Angleterre.

On comprend qu’avec de pareilles institutions où la tradition féodale se mêle au vieil instinct de race, les Basques aient fini par se trouver, eux républicains, les champions les plus obstinés de l’ancienne monarchie espagnole. Ce sont eux qui ont donné à l’Église catholique son génie inspirateur, son véritable chef, dans la personne d’Ignace de Loyola [ibid., p. 864].

Reclus écrit avant la fondation du parti nationaliste basque qui saura cristal- liser toutes ces frustrations en une idéologie portée par un appareil partisan très efficace. Il ne pouvait guère prévoir cette évolution. « Il est évident que la situation tout exceptionnelle des provinces vascongades ne pourra se maintenir longtemps. » Avec le statut d’autonomie actuel, et la reconnaissance dans la Constitution espagnole des « droits historiques » basques, Euskadi, comme on appelle aujour- d’hui le Pays Basque autonome, a conservé une situation particulière, sinon exceptionnelle, au sein de l’Espagne. Les propositions actuelles du président de la Communauté autonome basque visant à donner à ce territoire un statut de « libre Hérodote

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association » avec l’État espagnol, si elles étaient acceptées (ce n’est pas le cas), en feraient par contre un cas véritablement exceptionnel. Le débat est donc encore très actuel. « Si les descendants des Euskariens ne veulent pas d’une liberté commune avec les autres habitants de la péninsule, c’est en vain qu’ils essayeront d’être libres tout seuls » [ibid., p. 867].

Cette remarque pourrait être signée par bien des Espagnols d’aujourd’hui.

Une superstructure néfaste : l’Église

À l’époque de Reclus, et de son point de vue d’anarchiste, c’est l’Église catho- lique qui représente le plus dangereux pouvoir. Il cite fréquemment les méfaits de l’Inquisition, l’injustice que représente l’immense patrimoine ecclésiastique.

Il voit la religion comme l’une des grandes causes du « recul étonnant qu’a subi la puissance castillane depuis trois siècles ». On s’étonne d’ailleurs qu’il n’accorde pratiquement aucune place au rôle de l’armée dans les affaires de l’État. Cela traduit sans doute son désir de privilégier les temps longs sur la conjoncture heurtée de la vie politique contemporaine. L’Église en revanche apparaît très souvent.

La cause suprême et fatale a été la longue suite de guerres religieuses qu’ils ont eues à soutenir contre leurs voisins [...]. Durant plus de vingt générations, les guerres religieuses, qui pour les autres peuples étaient un événement exceptionnel, devinrent l’état permanent du peuple d’Espagne. Il en résulta que le patriotisme de race et de langue s’identifia presque complètement avec l’obéissance absolue aux ordres des prêtres, [ce qui représente à ses yeux un] long assujettissement de la pensée, un [abaissement intellectuel et moral] [ibid., p. 660].

C’est encore à l’Église qu’il attribue la décadence démographique et politique des Castilles, face à Madrid notamment. « Le grand nombre des Castillos qui ont donné leurs noms aux provinces centrales, l’insécurité du travail, la prise de posses- sion du sol par les grands feudataires de la Couronne, les communautés religieuses et les ordres militaires, Alcántara, Calatrava et autres, eurent pour conséquence fatale de dégoûter le cultivateur et de l’éloigner de la terre ; les champs retom- bèrent en friche, la misère devint générale ; les villes et les villages se dépeu- plèrent » [ibid., p. 690].

Ou bien : « Sous la lourde oppression que les tribunaux ecclésiastiques, le fisc, la grande propriété faisaient peser sur eux, les habitants des hautes campagnes du Duero durent abandonner toute initiative et devenir absolument incapables de lutter contre la concurrence étrangère » [ibid., p. 691].

Cela ne l’empêche pas de souligner l’importance de la religion dans le proces- sus de construction nationale :

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Quoique chaque province ait son type particulier, ces types se ressemblent par assez de côtés pour qu’il soit possible de s’imaginer une sorte d’Espagnol idéal ou le Galicien se mêle à l’Andalou, l’Aragonais au Castillan. L’œuvre nationale a été longtemps commune, surtout à l’époque des luttes séculaires contre les Maures, et de cette communauté d’action, jointe à la parenté des origines, proviennent quelques traits appartenant à toutes les populations péninsulaires [ibid., p. 656].

Une des caractéristiques de la pensée de Reclus est en effet d’admettre l’histoire, de ne pas tergiverser pour l’adapter à son idéologie.

L’analyse régionale

Quand il passe à l’analyse régionale, qui constitue la plus grande partie de son livre sur l’Espagne, la démarche de Reclus est tout autant géopolitique que dans l’introduction générale. Bien que certains passages fassent un peu figure de cata- logue, sur la hiérarchie des villes de Castille par exemple, passées en revue l’une après l’autre, la réflexion sur les rapports de pouvoir et les représentations qui les fondent, guerres de religion, liberté des peuples, est reprise au niveau régional, pour évoquer « la fréquence des rapports historiques entre l’Andalousie et les contrées berbères » [ibid., p. 729], la perte des « droits autonomes » des Valenciens au XVIIIesiècle après une « guerre atroce » dont le souvenir « contribue, dans les guerres civiles, à relâcher le lien noué par la force entre Madrid et la province du littoral » [ibid., p. 784], ou la place de Madrid en Castille et son articulation avec le niveau étatique. L’analyse des rivalités internes est parfois très précise, par exemple concernant le partage de l’eau à Valence :

Cette eau précieuse, qui se transforme en une si grande quantité de produits agricoles et qui enrichit la campagne de Valence, ne pouvait manquer d’être l’objet de litiges nombreux entre les propriétaires limitrophes. Aussi a-t-il fallu régler l’usage des eaux de la manière la plus stricte. Chaque commune a ses heures pré- cises ; le signal de l’ouverture et de la fermeture des rigoles d’alimentation est donné par la cloche de la cathédrale de Valence. Un tribunal des eaux juge toutes les questions d’arrosage qui surgissent entre les cultivateurs ; il se compose de huit syndics des huit acequias, simples laboureurs élus librement par leurs égaux, non comme les plus versés dans la chicane, mais comme les plus sensés et les plus hon- nêtes... [ibid., p. 775].

Suivent des paragraphes sur l’origine probable du tribunal, la description du lieu, le fonctionnement des plaidoiries.

Alors que la première partie générale sur l’Espagne porte largement sur les grandes structures physiques et les temps longs de l’histoire de l’État espagnol, Hérodote

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c’est dans la partie régionale sur la Catalogne que l’on trouve la description du tracé de la frontière, qui fait transition avec le chapitre sur la Navarre et le Pays Basque. Elle est brève mais pertinente ; on ne trouve pas l’équivalent dans les livres de géographie générale d’aujourd’hui.

C’est là que les fictions politiques ont fait passer cette ligne idéale qui, suivant les ordres venus de Paris et de Madrid, sépare tantôt de bons amis et alliés, tantôt des ennemis mortels. Toutefois les bornes ne sont point toutes placées sur le faîte.

En maints endroits, les sinuosités de la frontière descendent sur l’un ou l’autre versant pour annexer, soit à l’Espagne, soit à la France, des pâturages ou des forêts qui sembleraient devoir appartenir au pays limitrophe. [...] Dans l’ensemble, ce sont les empiétements des Espagnols qui l’emportent, chose toute naturelle d’ailleurs puisque la déclivité la plus douce, et par conséquent la plus facilement accessible, est celle qui regarde le midi. Plus nombreux, plus accoutumés à la vie des montagnes, les pâtres aragonais et basques n’ont pas manqué de s’approprier les pâturages du versant septentrional toutes les fois que l’occasion s’en est présen- tée, et, plus tard, les traités internationaux n’ont eu qu’à consacrer les prétentions du plus fort [ibid., p. 841].

Enfin, les conditions de vie de sa population, des travailleurs, et les relations établies entre la société et l’environnement naturel sont un élément récurrent de l’analyse régionale. Au sujet des mines d’Almaden, il écrit : « Malheureusement le travail des mines est des plus insalubres : les ouvriers, au nombre de trois cents en moyenne, entrent au chantier pendant vingt jours tous les mois ; le reste du temps, ils s’occupent de la culture de leurs champs » [ibid., p. 702]. Sur celle de Linares,

« les mineurs de Linares sont réputés les plus hardis de toute l’Espagne ; mais les phtisies, les fièvres et les coliques de plomb causées par leur genre de travail font parmi eux beaucoup de ravages, et les eucalyptus, ou “arbres à fièvre”, plantés en grand nombre dans le pays n’ont pu qu’assainir l’air extérieur, non celui des mines. On a remarqué que ni les chevaux, ni les chiens, ni les chats, ni les poulets ne peuvent respirer l’atmosphère des mines de plomb ; mais les rats n’en souffrent point » [ibid., p. 742].

En Andalousie, il souligne le problème de l’inégale répartition des terres : On peut dire que l’amour du labeur n’est pas la vertu capitale des Andalous.

Aussi les immenses ressources du pays, qui pourrait être pour le reste de l’Europe une grande serre de productions presque tropicales, ne sont-elles que médiocrement utilisées. Mais il serait injuste d’en accuser seulement les habitants eux-mêmes ; la faute en est aussi aux conditions de la tenure du sol. La basse Andalousie, plus encore que les Castilles, est un pays de grande propriété. [...] Nombre de ces pro- priétés, consistant en excellentes terres situées sous l’un des meilleurs climats du monde, se sont peu à peu transformées en pâtis à peine utilisés. Sur des étendues

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de plusieurs lieues on ne voit pas une seule demeure, pas un verger, pas même les vestiges du travail humain [ibid., p. 739].

Madrid, géohistoire d’une capitale

Les pages sur Madrid, dans le chapitre « Castille », se rajoutent ainsi à ce qui a déjà été dit sur la capitale dans la présentation générale.

Toutes les fois que les diverses provinces d’Espagne ont essayé de se grouper en un même corps politique, ou qu’elles ont dû se soumettre à un pouvoir centrali- sateur, c’est dans cette région que devaient se nouer les relations et de là que devait partir l’action du gouvernement. Là aussi devait s’opérer le fait matériel du croise- ment des grandes routes, si important dans l’histoire des nations [ibid., p. 665].

La description de Madrid annonce la réalité contemporaine, difficile à admettre pour certains Castillans d’aujourd’hui, d’une Castille déconnectée de la capitale au point qu’après 1978 celle-ci et son territoire proche ont été érigés en communauté autonome uniprovinciale.

Quoique les Castillans soient devenus les maîtres du reste de l’Espagne, grâce à leur courage tenace et à la position centrale qu’ils occupaient, cependant, par un singulier contraste, ils ne dominent plus dans la capitale de leur propre pays.

Madrid, foyer d’appel de toute la Péninsule, n’est une cité castillane que du point de vue géographique, mais ce ne sont pas les indigènes qui y parlent le plus haut.

Galiciens et Cantabres, Aragonais et Catalans, gens de Murcie et de Valence s’y rencontrent en foule.

Loin de tomber dans les poncifs actuels sur la domination des périphéries par le centre, Reclus explique : « L’envahissement de Madrid et des Castilles par les provinciaux de toute l’Espagne n’est pas seulement l’effet naturel de la centralisa- tion administrative, politique et commerciale, il est également produit par la rareté des habitants sur le plateau des Castilles » [ibid., p. 689].

Et lorsque l’observateur d’aujourd’hui s’interroge sur ce lien particulier qui unit l’Andalousie à l’Espagne, car l’Andalousie est à la fois extrêmement singu- lière et symbole de l’Espagne (avec le flamenco, la corrida...), Reclus répond déjà en son temps sur l’imprégnation andalouse de l’Espagne :

Ce sont principalement les Andalous qui se font remarquer par leurs gestes, leur animation, leur brillante faconde. On ne voit, on n’entend qu’eux : aussi les prend- on quelquefois pour les véritables représentants du caractère espagnol, et s’expose- t-on ainsi à faire de grandes méprises dans ses jugements. À bien des égards, ces hommes du Midi contrastent absolument avec leurs voisins du Nord [ibid., p. 738]. Hérodote

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Quand on sait que les Basques et les Catalans ont la réputation d’être les plus entreprenants créateurs de richesses de la péninsule, et que les Andalous ont dû au

XXesiècle s’expatrier en masse pour aller chercher du travail hors de leur région, on est plus surpris de trouver cette remarque : « D’une manière générale, on peut dire que les Galiciens et les Basques, les Catalans des Pyrénées et des Baléares viennent faire à Madrid la besogne matérielle, tandis que les Méridionaux se char- gent surtout des travaux de l’esprit ».

Mais si l’on y songe, il est vrai qu’en même temps qu’elle est la région la plus pauvre d’Espagne, l’Andalousie a fourni au pays un très grand nombre d’artistes et notamment de poètes : Góngora, Antonio Machado, Vicente Aleixandre, Federico García Lorca, Luis Cernuda...

En règle générale, Reclus relativise l’importance des conditions du milieu pour expliquer la géographie, sauf quand ce sont des conditions trop mauvaises :

Au premier abord, il semblerait que Madrid est du nombre de ces capitales dont l’existence est due surtout au caprice et qui, si elles n’avaient été la résidence d’une cour, seraient toujours restées de petites villes sans grande importance. Sans fleuve qui l’arrose, puisque le Manzanarès est un simple torrent aux eaux soudaines d’hiver et de printemps, peu favorisée par le climat et la nature du sol, Madrid offrait certainement moins d’avantages que Tolède, la vieille cité romaine et visi- gothe ; mais une fois qu’elle eut été choisie comme capitale, elle ne pouvait manquer d’acquérir peu à peu la prépondérance, même au point de vue du commerce et de l’industrie [ibid., p. 703].

Il utilise le concept intéressant de « valeur historique » d’un lieu pour expliquer certaines évolutions.

La division de la Péninsule entre deux races et deux religions sans cesse en guerre changea brusquement la valeur historique de la haute vallée du Tage ; de région centrale elle devint zone limitrophe, et « marche » débattue entre les armées ; les capitales devaient se déplacer avec les alternatives des batailles. Mais, dès que les Maures eurent été expulsés de Cordoue, l’Espagne reprit, comme aux temps des Visigoths, son centre de gravité naturel au sud de la sierra de Guadarrama. D’abord les souverains hésitèrent entre l’antique Tolède et sa voisine, la petite ville de Madrid, où les Cortès avaient tenu plusieurs fois leurs séances, où des rois de Castille avaient résidé. Tolède avait de grands avantages : riches en palais et en magnifiques débris du passé, elle s’élève au bord d’un fleuve, dans une position forte par la nature et par l’art ; elle jouissait, en outre, du prestige que lui donnaient son ancienne puissance et son titre de ville primatiale des Espagnes ; mais elle prit part à l’insurrection des comuneros contre Charles Quint, tandis que Madrid devint le siège des insurrections militaires contre des citoyens révoltés. C’est là proba- blement ce qui décida du sort respectif des deux villes. Roi, courtisans, employés

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s’accordèrent à trouver le séjour à Madrid plus agréable, d’autant plus que cette ville ouverte offrait l’avantage réel de pouvoir s’étendre librement dans la plaine [ibid., p. 705].

La géographie physique de l’Espagne

La géographie physique occupe une grande place, toutes les connaissances alors très récentes en géologie sont mises à profit pour expliquer la formation des paysages. Ces longs passages sont assez plaisants à lire car l’importance relative donnée à tel ou tel paysage par rapport à d’autres est liée à son insertion dans l’histoire ou dans la société contemporaine.

La description de Roncevaux traduit bien la déception que j’ai ressentie moi- même en arrivant sur ce col :

Sur la foi des légendes, on se représente volontiers ce passage des monts comme une gorge effroyable entre des rochers à pic, et c’est au contraire un vallon doux et tranquille. Le célèbre mont d’Altabiscar, qui s’élève à l’orient, est une longue croupe où les fleurs roses des bruyères se mêlent au jaune doré des genêts et des ajoncs, et la Playa de Andrès Zaro, où le grand massacre eut lieu, est une plaine riante dont les eaux murmurent sous l’ombrage des aulnes. Un vieux couvent, entouré de murailles crénelées et flanqué de quelques maures, barre une large route carrossable qui vient de Pampelune, puis au-delà, vers la France, un charmant sentier, semblable à l’avenue d’un parc, se glisse à l’ombre des hêtres et s’élève en pente douce vers un col gazonné où se trouve la chapelle rustique d’Ibañeta. Ce paysage gracieux serait le Roncevaux de sinistre mémoire. On ne voit pas un seul rocher d’où les Basques auraient pu rouler des blocs de pierre sur les envahisseurs francs ; on cherche vainement des yeux le précipice au fond duquel Roland fit pour la dernière fois résonner son cor d’ivoire. C’est à leur vaillance et à leur ruse, non pas à l’âpreté des gorges d’Altabiscar, que les montagnards doivent leur triomphe sur les armées de Charlemagne [ibid., p. 854].

Parlant des montagnes qui séparent la Castille de l’Andalousie, il insiste parti- culièrement sur le passage qui permet de franchir cet obstacle :

Son importance comme chemin de passage entre la vallée du Guadalquivir et le centre de l’Espagne ne pouvait manquer non plus d’en faire une position militaire de premier ordre. Dans toutes les guerres civiles et étrangères qui ont désolé la contrée, un des principaux objectifs était de s’assurer le libre passage du Despeña- perros. C’est au pied de ce col, en 1212, que se livra la terrible bataille de Navas de Tolosa, où, d’après la chronique, 200 000 musulmans furent massacrés [ibid.,

p. 713]. Hérodote

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Les montagnes de Grenade sont aussi rattachées à leur histoire : « Dans ces montagnes [de Grenade] chaque nom, chaque légende, rappelle le séjour des Maures » ; suivent de nombreux exemples [ibid., p. 717]. À propos de Gibraltar : L’îlot de Gibraltar, dépendance naturelle de l’Espagne, est devenu, en vertu de la conquête, une forteresse de l’Angleterre. La fiction de l’empire des mers qui a poussé la Grande-Bretagne à s’emparer de Malte, de Périm, de Ceylan, de Singapour, de Hong Kong, ne pouvait permettre aux Anglais de laisser la forte position de Gibraltar entre les mains de ses propriétaires naturels et ils en ont fait une citadelle prodigieuse, ayant une sorte de « coquetterie » dans ses formidables armements.

C’est que la valeur stratégique de Gibraltar est précisément en rapport avec son immense importance dans le mouvement des échanges de commerce [ibid., p. 729].

Il n’y a pas de séparation nette entre géographie physique et humaine. Au milieu de la description des montagnes d’Andalousie il raconte que

dans les creux bien abrités, surtout dans ceux du versant septentrional, des amas de neige sont les glacières naturelles que louent les habitants de Grenade et où ils envoient des neveros pour s’approvisionner de neige pendant l’été : on donne à ces névés le nom de ventisqueros, à cause de la tourmente ou ventisca qui souvent fait tourbillonner en nuages les innombrables aiguilles. Un de ces amas, emplissant le cirque ou corral de la Velata, qui s’ouvre entre les deux sommets de Mulahacen et du Picacho, s’est transformé en un véritable glacier de 60 à 100 mètres d’épaisseur et tout bordé de moraines. Ce champ de glace, qui donne naissance à la source prin- cipale du Genil, est le plus méridional d’Europe [...]. Les neiges fondantes de la Sierra Nevada donnent aux campagnes des vallées et des plaines environnantes une exubérance prodigieuse de végétation [ibid., p. 714].

C’est à une époque toute récente que les visiteurs de Grenade ont ajouté les sommets de la Sierra Nevada au nombre de ces buts d’escalade que se sont donnés les membres des divers clubs alpins. Il est vrai qu’à bien des égards les monts de la Sierra Nevada ne sont comparables ni aux Alpes, ni même aux Pyrénées. [...] Mais ils ont la grâce de leurs basses vallées, l’aspect sauvage de leurs défilés de l’Alpu- jarra, taillés comme au ciseau dans l’épaisseur des roches ; ils ont surtout l’admi- rable panorama que l’on contemple de leurs cimes. Déjà les voyageurs célèbrent comme d’une merveilleuse beauté le tableau que l’on a sous les yeux quand on gra- vit les contreforts occidentaux de la sierra [...] mais du haut des sommets de la chaîne, combien le spectacle est encore plus grandiose et plus étendu... [Suit une description des chaînes que l’on peut embrasser de ce point de vue, ibid., p. 718.]

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L’Andalousie

Si l’on fait la liste des thèmes abordés pour l’une des régions les plus grandes d’Espagne, l’Andalousie, on verra la richesse de l’analyse de Reclus. Il commence par montrer la singularité de la grande vallée qui structure l’Andalousie, où coule le Guadalquivir, séparée de la Castille par une chaîne de montagnes que l’on tra- verse « par le défilé de Despeñaperros ou “Précipite-chiens”, formidable cluse, du fond de laquelle monte la voix du torrent, [qui] paraît d’autant plus belle qu’elle mène du plateau triste et nu de la Manche aux riches campagnes de l’Andalousie ».

Après trois pages sur le cours du fleuve Guadalquivir, il retrace l’histoire géo- logique de la région, notamment celle de l’ouverture du détroit de Gibraltar, décrit le climat, cette « île de chaleur parfaitement limitée de tous les côtés par des zones de températures plus basses » avec toujours une évocation des hommes dans ces conditions, ce qui ajoute du sens à la description scientifique :

Les deux grandes bornes d’Afrique et d’Europe qui se dressent en face l’une de l’autre sont pour les marins les grands indicateurs météorologiques : quand elles se ceignent de nuages élevés ou s’enveloppent de brouillards, parfois non moins épais que ceux de Londres, le vent d’est s’annonce ; quand elles se profilent nettement dans le ciel bleu, c’est un signe assuré de vent d’ouest [ibid., p. 731].

Il développe les aspects connus de la réalité : « d’ordinaire le nom de l’Andalousie ne rappelle point à l’esprit l’idée de ces régions infertiles. On songe plutôt aux orangers de Séville, à la luxuriante végétation de la véga de Grenade ; on se souvient des appellations de Champs-Élysées et de Jardin des Hespérides que les Anciens avaient données à la vallée du Bétis. Même par sa flore spontanée l’Andalousie a mérité d’être nommée “les Indes d’Espagne” [ibid., p. 733, suit une énumération de ladite flore et de toutes les espèces acclimatées introduites d’Orient et du Nouveau Monde et du bénéfice que procure aux malagueños la pro- duction du sucre]. Mais il accorde autant de place à ce qui est moins souvent connu :

Tandis que dans les régions tempérées de l’Europe l’été est une saison de fleurs et de feuillage, elle est, au contraire, une saison de sécheresse et de mort dans l’Andalousie, si ce n’est dans les jardins et les campagnes arrosés, qui gardent leur éclat pendant les chaleurs, la végétation se brûle, se racornit, prend une teinte grisâtre qui se confond avec celle de la terre [...]. Il est certain que le climat d’Andalousie, considéré dans son ensemble, ne fournit pas au sol une suffisante humidité [ibid., p. 732].

Il poursuit sur la tenure de la terre et sa faible mise en valeur, les gisements miniers, leur exploitation, comparaison entre ce que fut l’industrie andalouse et la situation actuelle où elle n’est « que l’ombre d’elle-même », conditions de travail Hérodote

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des ouvriers, villes d’Andalousie, dans l’actualité comparée au passé, sites et avantages, rôle historique de certaines d’entre elles, description de Grenade, misère des habitants d’aujourd’hui : « que de malheureux déguenillés vivant avec les pourceaux en de hideuses tanières ! que de masures branlantes où l’on reconnaît les débris entremêlés d’anciens palais ! dans le voisinage immédiat du faubourg de l’Albaicin [...] toute une population, surtout composée de Gitanos, n’a même pour s’abriter que des grottes immondes creusées dans la pierre ! » [ibid., p. 746].

Il consacre une page entière à l’Alhambra (« tout délabré »), le Generalife, la riche vallée de Grenade si renommée pour les Arabes des siècles passés, les autres villes du bassin du fleuve Genil, celles de la haute vallée du Guadalquivir, les raisons de leur ancienne gloire et l’état dans lequel elles sont lorsqu’il écrit deux pages sur Cordoue, son histoire, « mais les guerres civiles, l’invasion étrangère et le fanatisme firent disparaître tous ces trésors » [ibid., p. 751], sa décadence,

« quoique occupant le véritable centre géographique de l’Andalousie, elle est pourtant restée, depuis l’expulsion des Maures, bien au-dessous de Séville, de Málaga, de Cádiz, de Grenade », la mosquée-cathédrale, les districts les plus riches des environs de Cordoue (qui ne sont pas ceux qu’arrose le Guadalquivir), l’espace dépeuplé de la vallée du Guadalquivir entre Cordoue et Séville, Séville,

« la reine actuelle du Guadalquivir », l’urbanisme mauresque, « les agréments de la vie », la chute de Séville arabe et l’arrivée des immigrants de descendance chrétienne, certains quartiers, l’industrie (le monopole commercial de Séville avec l’Amérique « a eu les conséquences inévitables que tout privilège entraîne après lui : il n’a pas permis à l’initiative industrielle de se développer et quand est venu le moment d’agir dans des conditions d’égalité, la situation s’est réglée par un désastre » [ibid., p. 754]), les industries réputées, l’eau de Séville. Ainsi que les anciennes cités de la Bétique inférieure et leurs liens avec les voies de communi- cations anciennes et modernes, Jérez, son vignoble et les investissements anglais : La maladie de la vigne qui a longtemps épargné les cépages de Jerez, tandis qu’elle dévastait les vignobles du reste de l’Europe, est une des causes qui ont le plus contribué à l’exportation du sherry ; mais la réduction considérable de droits votée par le Parlement anglais a été une raison plus décisive encore. Une grande partie des vignobles est entre les mains de propriétaires anglais ; des négociants, des préparateurs de la même nation sont occupés en foule à couper les différents crus avec les gros vins de Chiclana, de Rota et de Sanlucar, à se livrer à toutes les opé- rations, légitimes ou frauduleuses, qui appartiennent à ce genre de commerce [ibid., p. 740].

La baie de Cadiz, pêcheurs et vignerons, exportation du vin de Jerez, rapports entre Cadiz et Buenos Aires en Argentine, les chantiers, les salines, l’observatoire de marine par lequel les astronomes espagnols font passer leur premier méridien,

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les forts, les remparts les fossés, l’évolution géologique récente du littoral ; Cadiz, histoire, position géographique privilégiée, conjectures sur son avenir, histoire coloniale. Cadiz est « la seule ville qui soit en relation d’affaires avec le monde entier », le site et les problèmes d’extension urbaine, l’urbanisme, les habitants, la Constitution espagnole rédigée à Cadiz pendant la guerre contre Napoléon.

Sur la côte, Almería au temps passé et depuis que « les Espagnols ont pris soin de mettre un terme à cette prospérité », la cathédrale-forteresse, les maisons, le renouveau « depuis que l’Algérie a pris une grande importance comme pays de colonisation espagnole ».

Málaga, comparée aux ports de Barcelone et de Cadiz, la cathédrale, les maisons, les villas, les villes de bains sulfureux, les eaux minérales (Lanjarón).

Antequera, Ronda, Algesiras, histoire, sites, spécialités. Gibraltar, un entrepôt de commerce extrêmement actif, ses relations avec Tanger, la présence des négo- ciants marocains dans la ville, les profits du commerce de contrebande, l’impor- tance maritime de Gibraltar mais l’inconvénient de son exposition aux vents, nombre de navires qui font escale à Gibraltar pour passer le détroit, rôle de hangar à charbon pour les vapeurs, proportion des bateaux anglais qui y relâchent, des Français, des Italiens, des Espagnols. Le séjour à Gibraltar, fièvres et régime mili- taire, différence entre Anglais et étrangers, nécessité pour les Espagnols d’avoir un permis, mouvements pendulaires des Anglais vers l’Espagne, la saison de la chasse et les Anglais, la ville de San Roque qui « est devenue presque anglaise à cause des immigrants de Gibraltar qui viennent y chercher pendant les chaleurs de l’été un air plus frais et plus salubre que celui de leur promontoire ».

La plupart des chapitres régionaux sont construits de la sorte, comme un voyage durant lequel le lecteur est invité à s’arrêter plus longuement dans certains lieux ou à observer plus attentivement ce qui compte le plus pour les autochtones.

Par exemple, sur la côte levantine, Reclus prend le temps de décrire le tribunal des eaux, mais aussi les « soins constants et très pénibles » que requiert la culture des palmiers-dattiers d’Elche, la culture des spartes dont les Anglais font du papier, ou les situations originales comme celle des campagnes de Lorca qui « quoique fort riantes sont bien différentes » car elles ont été dévastées cinquante ans auparavant par la rupture de plusieurs digues. Sur la Catalogne, sa préoccupation pour les questions écologiques lui fait mettre l’accent sur le problème, toujours d’actualité, du delta de l’Ebre.

Les empiétements du delta diminueront d’année en année, et depuis le commen- cement du siècle ils ont déjà diminué, en proportion des progrès accomplis par les cultivateurs dans l’irrigation de leurs campagnes. Le débit de l’Ebre [...] ne cessera de se réduire si toutes les améliorations projetées se réalisent [ibid., p. 823].

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Et enfin sur La Manche :

Par une bizarrerie qui n’est point unique dans l’histoire, la Manche est beau- coup plus fameuse par le roman que par les événements réels. Les fiers chevaliers de Calatrava, dont les châteaux se dressent encore çà et là, sont oubliés, mais on se rappelle toujours le chevalier à la « triste figure » qu’a fait vivre le génie de Cervantès. Toboso, les champs de Montiel, Argamasilla de Alba, les moulins à vent dont on voit les grands bras s’agiter au-dessus des champs moissonnés, font surgir de la pensée le type immortel de l’homme qui se dévoue à faux et que poursuivent la moqueuse destinée et les sarcasmes de ceux pour lesquels il se dévoue [ibid., p. 702].

L’Espagne célèbre cette année le 400eanniversaire de l’édition de Don Quichotte.

Faudrait-il, de nos jours aussi, inclure dans sa géographie une évocation de ce paysage spirituel ? Bien des idées d’Élisée Reclus sur l’Espagne restent intéres- santes aujourd’hui tant son tableau est époustouflant d’érudition et d’intelligence.

Au-delà des changements survenus, ce texte peut encore aujourd’hui constituer un socle à partir duquel renouveler l’enquête.

Bibliographie

RECLUSÉlisée, Nouvelle Géographie universelle : la Terre et les hommes, vol. I : L’Europe méridionale (Grèce, Turquie, Roumanie, Serbie, Italie, Espagne et Portugal), Hachette, Paris, 1876.

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