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Compte rendu de l’ouvrage de Peter Orton. - The Transmission of Old English Poetry. Turnhout, Brepols, 2000 (Westfield Publ. in Med. and Renaissance Studies,
12)
Stephen Morrison
To cite this version:
Stephen Morrison. Compte rendu de l’ouvrage de Peter Orton. - The Transmission of Old English Poetry. Turnhout, Brepols, 2000 (Westfield Publ. in Med. and Renaissance Studies, 12). 2004, pp.420-422. �halshs-01338234�
Peter Orton. — The Transmission of Old English Poetry. Turnhout, Brepols, 2000 (Westfield Publ. in Med. and Renaissance Studies, 12)
Stephen Morrison
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Morrison Stephen. Peter Orton. — The Transmission of Old English Poetry. Turnhout, Brepols, 2000 (Westfield Publ. in Med.
and Renaissance Studies, 12). In: Cahiers de civilisation médiévale, 47e année (n°188), Octobre-décembre 2004. pp. 420- 422;
http://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_2004_num_47_188_2895_t1_0420_0000_3 Document généré le 01/06/2016
420 CAHIERS DE CIVILISATION MÉDIÉVALE, 47, 2004 COMPTES RENDUS résister aux effets nuisibles que le relativisme
avait eus sur la discipline historique. Toutefois, ce scepticisme domine de nouveau la sphère historiographique à partir des années soixante- dix, à travers la vulgarisation des postulats en rapport avec le linguistic turn et les théories métahistoriques de Hayden White. Le débat autour de l'historisme se poursuit de nos jours, par conséquent, de façon ouverte, bien que logiquement avec des connotations
philosophiques bien différentes de celles qui sont analysées dans le livre d'O.G. O.
Dans le dernier chapitre du livre, peut-être le plus cohérent et réussi, O.G. O. analyse brillamment la manipulation historique qui s'est produite entre les deux guerres dans une Allemagne en quête de revanche. Le
commentaire judicieux qu'il développe sur l'œuvre, aussi célèbre que polémique, d'Ernst Kantorowicz, L'empereur Frédéric II (1927) est le plus brillant des épilogues qu'on pouvait
donner à ce livre. O.G. O. combine avec efficacité sa double facette d'historiographe et de médiéviste éprouvé. Malgré leurs différences évidentes, les meilleurs exposants de cette union entre la « science » — la discipline historique — et la « vie » — l'Allemagne a besoin d'un chef indiscutable — ne sont-ils pas le César de Friederich Gundolf et le Frédéric II d'Ernst Kantorowicz, s'inscrivant dans le droit fil des thèses historistes de Nietzsche ? À partir de ce moment, les historiens assumeront un engagement accru en tant que citoyens, et pas seulement en tant que scientifiques. Le témoignage tragique de Marc Bloch, fusillé en 1944 pour sa part active dans la résistance, et les prises de position politiques des jeunes historiens britanniques des années cinquante (E.P. Thompson, EJ. Hobsbawm) sont deux exemples significatifs de cette tendance.
L'ouvrage de O.G. O. accomplit avec efficacité le but de présenter les lignes maîtresses d'un débat vraiment central dans le monde
intellectuel allemand de la période 1860-1930. Il s'agit d'un débat qui, du reste, dépasse aussi bien les frontières nationales allemandes que les frontières disciplinaires de l'histoire. Les
arborescences de l'historisme touchent, en effet, toute la tradition occidentale et le panorama complet des sciences sociales. À ce livre, il manque peut-être une introduction et une conclusion synthétiques qui pallieraient en partie son principal défaut : le manque de cohérence d'un plan interne. Cela paraît naturel, compte tenu
de l'origine hétérogène des matériaux
rassemblés, à savoir quatre articles différents. Ceci ôte également de la cohérence à un récit qu'on aurait préféré linéaire, indispensable aujourd'hui dans le discours et la narration historiques.
Pour la même raison, il y a quelques répétitions qui auraient pu être évitées par une révision générale du texte. Tout cela n'enlève rien à la valeur d'un ouvrage qui examine le monde complexe et influent de l'historiographie allemande à son apogée, entre le gouvernement de Bismarck et la république de Weimar.
L'excellente traduction d'Isabelle Kalinowski et la remarquable habilité d'O.G. O. pour
combiner interprétation et érudition, grâce en particulier à des notes infrapaginales toujours bienvenues, sont d'autres détails, en rien
secondaires, qui revalorisent ce livre. Il s'agit, en somme, d'un excellent modèle d'interprétation historiographique, qui a su trouver le juste milieu entre la philosophie théorique de l'histoire et l'érudition étroitement biographique.
Jaume Aurell.
Peter Orton. — The Transmission of Old English Poetry. Turnhout, Brepols, 2000, XVII-223 pp. (Westfield Publications in Médiéval and Renaissance Studies, 12).
La poésie anglaise composée avant la Conquête normande est aujourd'hui conservée, pour l'essentiel, dans quatre manuscrits : le manuscrit dit de Caedmon, ou de Junius (Oxford, Bodleian Library, Junius XI) ; le livre de Verceil (Vercelli, Bibl. Capitolare, CXVII) ; le livre d'Exeter (Bibliothèque de la
cathédrale, 3501) et le codex de Beowulf (Londres, BL, Cotton Vitellius, A.XV). Tous les quatre datent de la période de la réforme
bénédictine, v. 950-1020. Il s'agit d'un corpus
fragmentaire, de qualité inégale, et dont le caractère représentatif de ce qui constituait l'ensemble des compositions poétiques, connues en Angleterre à l'époque, reste incertain. Des cent quatre-vingt-cinq poèmes ou fragments qui ont survécu aux vicissitudes du temps et à la stupidité destructrice de l'homme, seuls vingt (y compris les fragments) sont représentés dans plus d'une version, soit un peu plus de 2 % du total. C'est cette partie du corpus qui est examinée par P. Orton dans son importante monographie. Son objectif est de mesurer, aussi exhaustivement que possible, la précision,
ou la fiabilité, des scribes dans leur travail de transmission textuelle. Ce faisant, il tente de reprendre, sur ce point précis, la question posée par Kenneth Sisam en 1953 K
Sa méthode est sûre, couvrant un grand nombre d'aspects de l'activité des scribes connus des spécialistes de la critique textuelle : les fautes mécaniques ; les erreurs dues à l'interprétation des morphèmes ou de la syntaxe du récit ; les problèmes posés par l'utilisation d'un fonds lexical propre à la composition poétique (surtout chez les scribes supposés peu expérimentés dans ce domaine ; voir, p. ex.
p. 67-68) ; la tendance, chez certains, à vouloir délibérément améliorer leurs modèles, parmi d'autres. D'importantes questions concernant l'interprétation littéraire de ce corpus sont ainsi soulevées. À titre d'exemple, le lien entre l'inscription runique trouvée sur la croix de Ruthwell (Ecosse) et le poème, conservé dans le livre de Verceil, connu sous le nom de
« Rêve de la croix » , est-il direct ou indirect (p. 144 et ss) ? L'analyse de P. Orton donne raison à la première de ces solutions possibles.
Tout au long de ce livre, les problèmes d'interprétation et de critique littéraires sont présentés, commentés, éclaircis et, parfois, résolus, grâce à la place accordée au caractère textuel du récit. À mes yeux, il s'agit d'une démarche fondamentale. Une des conclusions majeures, à savoir que les scribes anglo-saxons ne
possédaient qu'une connaissance imparfaite de la langue poétique — point de vue déjà avancé par Sisam dans le livre cité plus haut — soulève bien des questions centrales à notre
appréciation de la production littéraire en Angleterre aux Xe et xr s. : à quel public étaient destinées les compositions poétiques ? Les poèmes ont-ils été souvent copiés et dans quelles conditions ? Quelles étaient les
conditions matérielles de conservation du corpus poétique (comparées à celles de la prose, mieux connues) ? Si ces questions ne sont pas posées directement par P. Orton, elles le sont implicitement, et son étude nous donne matière à réflexion sur plusieurs fronts.
Cela dit, il y a des moments où le lecteur s'interroge. Tous les textes poétiques vieil-anglais sont connus grâce aux activités des scribes : il n'y a pas trace de la main des auteurs. Donc,
par définition, les textes sont corrompus. À la lumière de cette banalité, comment interpréter l'énoncé suivant, à propos des compétences des scribes en tant qu'éditeurs ? : « The only reliable source of this kind of information is poems surviving in two or more copies ; [la raison d'être de cette étude] for only when we are in a position to compare différent readings from the period do we stand any chance at ail of identifying with confidence the uncorrupted version of the text that lies behind the cor- rupted version... »2 (p. 44), ce qui suppose que les versions forcément corrompues donnent accès immédiatement au texte composé par l'auteur. Rien n'est moins certain.
Il semble aussi que le fait que l'on a affaire ici à un corpus fragmentaire, incomplet, n'a pas toujours été pris en considération. À titre d'exemple, le poids de l'argument qui porte sur la substitution, dans une version du poème
The Death of Edgar, de sopboran (qui ne respecte pas le schéma allitératif, et qui est jugé erroné) pour wopboran, attesté dans deux autres manuscrits, repose sur l'observation que le premier de ces termes « is unattested else- where» (p. 94). Et si ce « elsewhere » ne constituait qu'un faible pourcentage de l'ensemble ? Même point de vue dans la
discussion de la substitution, dans le Solomon and Saturn, de wuldorlic (version A) pour wundor- lic (version B), ce dernier étant gratifié d'une certaine importance parce qu'il il est jugé « the rarer word » (p. 118). Peut-on être si sûr ? Il semble difficile, pour ne pas dire plus, de tirer de telles conclusions d'un corpus de textes dont la représentativité est si incertaine.
Quant aux pratiques scribales responsables de certaines erreurs évidentes, les cas évoqués par P. Orton peuvent parfois être éclaircis par l'évocation de phénomènes non mentionnés dans sa présentation. Je donne deux exemples.
En premier lieu, dans sa discussion du
glissement du terme gudhafoc, dans Brunnanburh A, à cuôhafoc (erroné), dans la version B, P. Orton suggère que, puisque « a copying error involving the misreading of g- as c- seems unlikely, [...] perhaps unfamiliarity with the poetic élément gud-, « battle », decided the transmitter to replace it with something more meaningful to him ». Peut-être, mais gud-, en 1. Kenneth Sisam, Studies in the History of Old
English Literature, Oxford, 1953, ch. 2, « The Authority of Old English Poetical Manuscripts ».
2. C'est nous qui soulignons.
422 CAHIERS DE CIVILISATION MÉDIÉVALE, 47, 2004 COMPTES RENDUS tant que «poetic élément» signifiant la lutte
armée, se retrouve évoqué à maintes reprises dans le récit poétique et, pour cette raison, sa capacité à semer la confusion chez les scribes semble très contestable. Il s'agit des forme respectivement vocalisée et non-vocalisée du même phonème, une observation qui ouvre la porte au phénomène de la transmission du texte par la dictée, pratique reconnue présente dans certains milieux monastiques d'Angleterre avant la Conquête. À défaut de la dictée, on pourrait, si nécessaire, faire appel à la mémoire auditive du scribe : ce qu'il voit ne reste pas exclusivement une impression visuelle ; il forme en même temps une
impression de la prononciation du terme en question.
En deuxième lieu, s'appuyant encore sur la perception visuelle du scribe, P. Orton remarque, à propos de Cœdmon's Hymn, que
« modrepanc (v. 2, erroné) » au lieu de « mod- gepanc » « seems an unlikely mistake ». Certes, mais le contexte plus large révèle la présence, dans le vers suivant, du terme wuldorfœder. Il n'est pas impossible dans ce cas précis que le scribe, ayant lu une séquence comprenant ce détail, ait fait le lien associatif entre mère et père, avant de se remettre à sa copie, pour produire une telle bêtise.
En somme, et en dépit des remarques ponctuelles exprimées sur tel ou tel détail, le livre de P. Orton s'adresse à tous ceux qui
s'intéressent à la production et à la diffusion de la poésie anglaise avant la Conquête. Ces propos ne recevront pas l'approbation de chaque lecteur, mais personne ne pourra rester insensible à leur importance.
Stephen Morrison.
William D. Paden. — An Introduction to Old Occitan. New York, Modem Language Association of America, 1998, XXV-610 pp.
(Introductions to Older Languages, 4).
Conçue pour servir à des buts éminemment pratiques, cette grammaire se propose de satisfaire aux exigences d'un public assez vaste d'étudiants, y compris ceux issus d'une école qui « has undergone a fundamental change by the présent time ». Compte tenu de la dévaluation croissante de l'étude du latin, la
stratégie adoptée est la suivante : sur un total de trente-deux chapitres, les dix premiers (dont
l'initial traite de la prononciation) offrent une introduction à la morphologie descriptive de l'occitan; le latin ne fait son apparition que dans les deux sections qui suivent,
respectivement consacrées à la phonologie et à la morphologie historiques ; les chapitres restants développent la syntaxe et la formation des mots.
Chaque chapitre est accompagné d'un texte, ces « readings » ayant été rangés selon le critère de la difficulté croissante. Quelques vidas mises à part, il s'agit surtout de poèmes édités par l'auteur lui-même sur la base d'un « copy- text ». Les troubadours les plus représentés sont, dans l'ordre, Guilhem IX, Bernart de Ventadorn, Marcabru, Bertran de Born, Peire Cardenal. Côté non lyrique, on rencontre des morceaux choisis du Boeci, de la Chanson de la Croisade albigeoise, de Flamenca.
Chaque pièce versifiée est accompagnée d'une fiche comprenant le schéma métrique, les références aux répertoires de Pillet-Carstens et de Frank, une liste des « major éditions »,
l'inventaire des témoins manuscrits. Suit un apparat essentiel réparti en deux étagements, un pour les « rejected readings in the base manuscript » et l'autre pour les « selected variants » des autres témoins. Le lecteur peut encore compter avec un certain nombre de notes, consacrées tantôt à des problèmes de traduction, tantôt à des informations historiques et géographiques.
Les exercices chaque fois proposés à la fin touchent à des questions d'ordre grammatical ou étymologique (mais pas forcément, cf. p. ex.
la question posée à la p. 129 : « Hâve you ever seen your uvula ? »).
L'esprit de divulgation est partout évident.
Ainsi, faisant allusion à l'unité de base de la langue lyrique européenne, depuis les
troubadours jusqu'au pétrarquisme, l'A. reprend de l'un de ses ouvrages précédents l'idée de comparer l'ancien occitan « to the Italian of Mozart's Don Giovanni, which was written in Poland by a German native for a Polish audience, or to English as the language of lyric song around the globe at the end of the twentieth century » (p. 5).
Quant aux manuscrits choisis comme base, R est privilégié pour Marcabru et Guiraut de Bornelh ; pour le reste, D (à côté de A) est parmi les plus souvent représentés. En
particulier, le choix de R encourage la sélection de variantes faciliores, telle pudor (au lieu de fol-