ActuAlité
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16 novembre 2016
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également être poursuivis. « Pour autant, il ne s’agit pas de laisser ces patients sans soin ni accompagnement, ajoutent-ils.
Leurs parcours doivent être fondés sur une prise en charge médicale et sociale, et non sur la prescription d’un médica- ment. » Et pour ces syndicats la dépense évitée par la non-prescription des quatre traitements médicamenteux inutiles et dangereux pourrait être plus efficacement consacrée à l’accompagnement des ma- lades et aux aidants – en facilitant notam- ment le maintien à domicile par des « solu- tions de répit ».
C’est dans ce contexte que l’on ap- prend les derniers développements des recherches des géants de la pharmacie contre la maladie d’Alzheimer. C’est no- tamment le cas d’une publication de Science Translational Medicine 2 centrée sur le verubecestat de la multinationale Merck.
Selon les chercheurs de la firme améri- caine, il s’agit là d’une molécule dénuée de toxicité hépatique et / ou neurologique sé- vère. Une molécule qui aurait la propriété de réduire la présence de protéines toxi- ques bêta-amyloïdes, accumulées dans le
cerveau des malades. Il ne s’agit toutefois ici que d’un essai clinique qui n’a réuni que trente-deux participants à des stades précoces ou modérément avancés de cette maladie neurodégénérative.
Deux essais cliniques internationaux de phase 3 sont en cours pour évaluer l’efficacité clinique du verubecestat. Ils seront terminés en juillet 2017. Si les ré- sultats sont probants, ce traitement oral pourrait être mis sur le marché d’ici deux à trois ans. C’est du moins ce qu’espère le fabricant. Deux autres molécules (des an- ticorps visant indirectement les plaques amyloïdes) – le solanezumab (Eli Lilly), et l’aducanumab (Biogen ) – font également l’objet d’essais cliniques de phase 3.
Il faut aussi compter avec une publica- tion du Journal of Controlled Release,3 signée de chercheurs français (INSERM, CNRS, CEA, Universités Pierre-et-Marie-Curie et Paris-Descartes). Ces derniers sont par- venus à mettre au point deux nouveaux types d’anticorps (et ce à partir d’immu- noglobulines de lamas) ; des anticorps qui ont pour caractéristique de pouvoir fran- chir la barrière hémato-encéphalique. Ils
ont ainsi réussi à atteindre, de manière non invasive, des cellules du cerveau dans un modèle murin de la maladie d’Alzheimer.
Leurs deux anticorps sont notamment capables de se fixer spécifiquement sur les plaques bêta-amyloïdes. L’espoir est ici d’améliorer le diagnostic précoce de la maladie en marquant, directement dans les tissus nerveux du patient, les accumu- lations anormales de protéine Tau et de plaques bêta-amyloïdes.
« Le fait de pouvoir proposer un diag- nostic précoce pourrait permettre de tester des traitements avant l’apparition des symp- tômes, ce qui n’était pas possible jusqu’à présent »font valoir les chercheurs.
1 médicaments de la maladie d’Alzheimer : un intérêt médical insuffisant pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale. haute Autorité française de santé, 21 octobre 2016.
2 Kennedy me, et al. The BAce1 inhibitor verubecestat (mK-8931) reduces cns β-amyloid in animal models and in Alzheimer’s disease patients. science Transl med 2016;8:363ra150.
3 camelid single-domain antibodies : A versatile tool for in vivoimaging of extracellular and intracellular brain targets.http://dx.doi.org/10.1016/j.jconrel.2016.09.019
lu pour vous
pédalez ! c’est bon pour votre santé et celle des autres
Genève, lundi 24 octobre : une escouade de policiers municipaux verbalise les cyclistes qui prennent quelque licence avec le code de la route. Je n’y échappe pas et engage la discussion avec les deux agents, qui m’expliquent que cette cam- pagne de sensibilisation est justi
fiée par la recrudescence d’acci
dents de circulation impliquant des cyclistes. Dépitée par la sanction et le message, je songe à prendre un abonnement de bus. Mais la lecture fortuite d’un article de presse,1 sui
vie d’une courte recherche biblio
graphique m’a remise en selle.2,3 En effet, selon une revue de la lit
térature parue en 2015,1 analysant 30 publications portant sur les risques / bénéfices inhérents à la pratique de la mobilité douce (les déplacements à pied sont inclus dans l’analyse ; pour le vélo, il s’agit de l’utiliser comme alternative à un transport motorisé pour des trajets allant de 2 à 10 km selon les études), les principaux risques sanitaires auxquels les cyclistes s’exposent – accidents de la circulation, pollution atmosphérique – sont nettement contrebalancés par le bénéfice que l’activité physique engendrée par
ce mode de déplacement procure.
Le rapport bénéfice / risque médian est de 9 (il varie de 2 à 360, toutes pathologies confondues) et porte sur la diminution des risques car
diovasculaires, de maladies respi
ratoires, de diabète de type 2, de cancer et de maladies neurodégé
nératives.
Mieux encore : une étude hollan
daise, analysée dans cette publica
tion, a quantifié le gain individuel d’espérance de vie qui serait géné
ré dans une population de 500 000 habitants âgée de 18 à 64 ans, si la majorité d’entre eux effectuait quo
tidiennement ses déplacements en bicyclette pour les courtes distances (7,5 km aller / retour par jour en moyenne). Il ne s’agit pas seule
ment d’un exercice de style : les auteurs estiment qu’une politique
publique favorisant la mobilité à vélo pour les trajets courts ne serait pas impossible à mettre en œuvre dans un pays où 41 % des adultes possèdent à la fois un vélo et une auto. Et ils militent pour, car le gain pour les cyclistes, 3 à 14 mois de vie en plus, est largement supérieur aux effets secondaires liés à l’ex
position à la pollution ( 0,4 à 40 jours de vie perdue) ou aux acci
dents de circulation (5 à 9 jours de vie en moins).
Mais la cerise sur le gâteau, c’est que les cyclistes procurent aussi un bénéfice au reste de la société : plus de monde à vélo c’est moins de pollution atmosphérique en ville et une diminution de la mortalité par accident, qui chez les moins de 30 ans (audelà c’est moins fla
grant) est plus importante en voi
ture qu’en vélo. Ils sont encore plus importants si les politiques d’aménagement urbain sont favo
rables aux cyclistes (augmentation du nombre des pistes cyclables, sé paration franche des zones auto / vélo réduisant l’exposition à la pol
lution, limitation de l’accès des voi
tures autour des structures scolaires aux heures d’entrée et de sortie d’école pour sécuriser les trajets des écoliers et les initier au vélo.
Avis aux cyclistes qui pratiquent régulièrement le vélo en milieu ur
bain : continuez à pédaler (en res
pectant les règles), vous contribuez au bienêtre commun et vivrez plus longtemps !
dr sophie durieux-paillard Programme santé migrants, Service de médecine de premier recours, Genève
1 Foucart s. les bénéfices du vélo bien supérieurs aux risques encourus par les cyclistes. le monde, 31.10. 2016.
2 mueller n, rojas-rueda D, cole-hunter T, et al. health impact assessment of active transportation. A systematic review.
prev med 2015;76:103-14.
3 Johan de hartog J, Boogaard h, nijland h, hoek G. Do the health benefits of cycling outweight the risks ? environ health perspect 2010;118:1109-16.
D.R.