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MON FRANÇAIS AU BAC Je veux raconter les souvenirs de mon apprentissage du français au BAC quand j étudiais il y a quarante ans ou plus.

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Academic year: 2022

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MON FRANÇAIS AU BAC

Je veux raconter les souvenirs de mon apprentissage du

français au BAC quand j’étudiais il y a

quarante ans ou plus.

Je jure que les

événements insolites qui suivent et ensuite se détaillent sont, en toute rigueur, véritables.

Á cette époque là, c’était le français la langue majoritaire qu’on étudiait dans les classes. Au contraire qu’aujourd’hui, l’anglais avait disparu des curriculums et on ne sait pas les raisons pédagogiques ou politiques de cette mesure : En définitive, le régime franquiste était aussi mal considéré par la France que par L’Angleterre. Mais bon, les intentions des dictatures militaires sont normalement très obscures…

J’ai étudié le Bac au Lycée Public Alfonso VIII (huitième) (un roi du moyen Âge) de Cuenca, un centre sérieux et masculin (cela va sans dire): l’institut des filles était placé dans un autre endroit de la ville. Il s’agissait d’une

séparation ontologique, essentielle, dictée par la nature, selon l’avis du proviseur, l’évêque et la crème illustrée de la ville.

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Je suis allé à Cuenca car mes parents, tous les deux

fonctionnaires dans l’enseignement, avaient été mutés de Madrid à cette petite ville en province. J’y ai habité dix ans.

Je ne l’oublierai jamais.

Madame la professeur qui enseignait la matière de français s’appelait Doña Teresa et c’était une veuve d’un âge

indéfinie, petite, brune, un peu dure d’oreille qui exigeait aux élèves un traitement respectueux, mais pas à l’inverse.

Elle adorait le cognac, d’après quelques langues de vipère.

On disait qu’avant le cours, elle prenait dans toliettes deux ou trois bonbons pour éviter la bouffée de la bouteille de Soberano.

On se servait d’un livre dont le titré Miroir de la France était une anthologie de textes littéraires, surtout d’auteurs

classiques comme Racine, Corneille ou Molière (mais pas Voltaire, interdit par L’Eglise). Aussi, le miroir montrait quelques passages de Sartre (inintelligibles) ou de Camus (déprimants). C’était un miroir de la France des XVIIème et XVIIIème siècles car la France contemporaine était une

démocratie et quelqu'un pouvait poser certaines questions…

Le livre avait en plus, des textes « de l’actualité de notre pays », ajoutés évidemment, dont les sujets, je me

rappelle, étaient sportifs (La gloire du Real Madrid),

héroïques (L’Espagne, la course en tête), homophobes (La maladie de notre siècle) ou machistes (La femme au

volant). C’était, la fameuse éducation des valeurs !

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Lors, la méthode d’enseignement du français mettait l’accent sur trois compétences.

Première compétence : la version (français-espagnol) et indirecte (espagnol-français) des textes classiques. Après tout, les dictionnaires se présentent de cette manière.

C’est facile d’imaginer la qualité des versions que nos faisions du Cid de Corneille, Phèdre de Racine ou Tartuffe de Molière. A fin de « corriger les nuances et saisir le

sens » Doña Teresa lisait avec grosse voix la traduction des livres de poche de la collection Austral… que personne

n’écoutait. Peu importait. Heureusement, dans les examens nous devions résoudre des phrases comme : ma mère

m’aime, c’est á dire, je suis aimé par ma mère. Parfois la justice existe dans le monde. Cependant la moitié de la classe échouait à son examen.

Pour le thème, elle nous apportait des photocopies des textes du Don Quijote, El Lazarillo o La Celestina… Glorieux et mémorable notre commencement du Quijote ou des lamentations de Calixto pour la mort de Melibea… Le thème ne faisait pas partie de l’examen. Quel soulagement, mon Dieu ! Comme exprime le dicton. Le bon Dieu serre la corde autour du cou, il serre, il serre, mais ne va pas jusqu'au bout.

Deuxième compétence : vocabulaire. D’abord il faut remarquer que nous ne parlions jamais en français ;

seulement certaines expressions que le serveur du bar au

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coin connaissait. C’est le français touristique, le registre Benidorm!

Le but, c’était le vocabulaire. Doña Teresa nous obligeait à préparer un tas de fiches « par ordre d’importance

lexique », même pas alphabétisées, qu’elle nous demandait en classe. Elle faisait l’appel et puis par hasard :

- Rodolfo (en espagnol, évidement) est-ce que tu as apporté les fiches de vocabulaire. Donne-les-moi. [Alors, elle mélangeait les fiches et en prenait une].

- Voyons, Roberto ou Rodrigo ? Qu’est que signifie le mot

« Pourtant ».

- Por tanto, Madame…

- Por tanto, mon petit, tu es bête… je vous ai répété deux mille fois que... Tu es sourd, donc. La clase en général est une nullité. Qu’est-ce que tu préfères, un zéro ou être exécuté au lever du jour.

- Être exécuté, madame.

- Pourtant, je vous mettrai un zéro. Et disparaît de ma vue.

La professeur était une défenseuse acharnée d’une devise qui commençait à monter dans la liste des succès ;

« apprendre le français en mille mots ». La bêtise, c’était ça.

Troisième compétence : chanter. Souvent, la classe

chantait en chœur et par cœur. On apprenait la conjugaison verbale de cette manière. Elle écrivait sur le tableau les temps verbales du verbe parler, l’unique que nous

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connaissions, et nous hurlions à tue-tête … Au fond, on écoutait le rythme monotone des quelques propos

obscènes, licencieux, qui rimaient avec la conjugaison.

Musique et parole de la classe. Heureusement, la surdité la sauvait du mauvais goût de mes camarades.

Nous chantions aussi des chansons célèbres, comme Sous le pont d’Avignon, Dans le jardin de France… et, quand Doña Teresa avait dépassé les niveaux d’alcool dans le sang nous chantions La Marseillaise. C’était la guerre. Don Miguel, le professeur de philosophie de la classe d’à côté, frappait notre porte et entrait très pâle:

- Ça fait peur Teresa, je l’annonce, un jour tu seras guillotinée !

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