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n c o d r e u r , c a p a b le e t in d é p e n d a n t, a y a n i ___ d é jà t r a v a illé d a n s b o n n e m a is o n , d ’e n c a d r e m e n t s t r o u v e r a it d e s u ite p in c e s t a b le el b ie n r é t r ib u é e , c h e z H . S c iilâ fli, e n c a d r e m e n ts e t o b j e t s d ’a r t , B e r n e , A m t li a u s g a s s e , 7. P487*F
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CAUSERIE
SUR L’ÉDUCATION
La peur de la science
On rencontre encore, dans notre bonne Ville de Genève, qui fut pourtant un foyer fl’où ont rayonné au loin pas mal d’idées nouvelles — on rencontre des gens qui e e scandalisent à la pensée que l’ éducation d o it chercher dans la science un appui efficace. « L ’ éducation, disent-ils, est Un art qui, pour être pratiqué, ne de mande qu’ un peu de bon sens. Que venez- Vous donc faiTe, pédants que voua êtes, * v e c vos expériences, votre psycholog vos laboratoires, vos enquêtes et vos statistiquesî L ’éducation est d’ essence démocratique, donc à la portée de tout le Blonde. Votre science, au contraire, est incurablement aristocratique, et réservée a quelques initiés sortant des universités, {fou s nous sommes passés d ’elle et de Cous jusqu’aujourd’hui, nous nous en
E
asserons bien encore à l’ avenir. Donc, onsoir, et ne nous ennuyez plus ! »ie comprends très bien qu’on tienne
* * laiyiaofi- Il est fort naturel, et confor
me aux inclinations de notre instinct. Ce qui est nouveau paraît toujours absurde. Naturellement nous nous en défions. Nous préférons nos chères habitudes à des recettes inédites don t nous ne sai sissons pas la raison d’ôtre, et qui nous paraissent engendrées par un pédantis me stérile.
Cette a ttitu d e négative & l’ égard de la science ne se justifie cependant en aucune façon. E t je voudrais rappeler ici, puis que, paraît-il, cela est encore nécessaire, que la science est l’amie de l’homme, et que* loin d ’être aristocratique, elle est au contraire l’alliée naturelle du tra v a il leur. I l n’ y a que l’oisif qui n’ait aucun intérêt à la connaître et à la cultiver.
Qu’ est-ce que la science ? C’est tout simplement un ensemble de préceptes nous perm ettant d ’économiser un nombre considérable de tâtonnements, e t de parvenir à des résultats pratiques q u ’il serait impossible d’atteindre autrement.
I l n’ y a, entre la science et la simple connaissance ou le vulgaire bon sens, aucune frontière absolue. Celle-là n’est que le prolongement de ceux-ci. Elle s’ en distingue seulement par une précision plus grande, qui se traduit pratique ment par la possibilité d’atteindre un résultat voulu avec de plus grandes chances de succès, ou même avec une certitude entière. Cette précision plus grande est elle-même le fruit d’ un très grand nombre d ’expériences, qui ont ceci de particulier au ’elles ont été poursui
vies, bon pas au p e tit bonheur, comme procèdent les tâtonnements de la pra tique vulgaire, mais systématiquement, c’ est-à-dire en se plaçant dans des condi tions rendant possible l’ analyse des fa c teurs intervenant dana la production d ’un phénomène.
L e sauvage ou l’ enfant, par instinct, se sert d ’ un levier pour soulever un bloc de pierre. P ar tâtonnement, il trouvera que le soulèvement est d’ autant plus aisé que le bras de levier est plus long. Mais la simple pratique ne v a pas plus loin, et pour connaître de façon plus approfondie les propriétés du levier, afin de les exploiter, il faut opérer non plus instinctivement, mais systématique ment : c ’est la science. L a science, on le voit, est donc bien l’amie du travailleur, dont elle centuple le pouvoir d ’action sur le monde extérieur,et q u ’elle conduit à se3 fins avec un minimum d’ efforts, et en lui épargnant une série d’ essais infruc tueux. L a science, en un mot, est le ré sultat d ’ une série d’ essais faits une fois
pour toutes, résultat qui peut se commu
niquer facilement à celui q u i en a besoin, et qu i évite par conséquent à chacun de perpétuels recommencements.
Cela semble bien facile à comprendre. E t cependant in e r t ie du cerveau humain est ei grande que les diverses conquêtes de la science ont eu la plus grande peine à être reconnues par ceux-là mêmes aux quels elles apportaient une mine iné' faisable de pouvoirs nouveau*,
Galilée, condamné f a r l’ Eglise ro maine pour avoir enseigné que la terre tourne, restera éternellement le prototype de l’homme de science persécuté au nom du dogme soutenu p a r le soi-disantbon sens. Mais, i l en est Dien d ’autres qui ont eu à lutter contre les préjugés dont la science est la victim e. Rien n’ est plus instructif que l’histoire des obstacles qu ’ont eu à surmonter la science et les savants pour faire accepter chacun d e leurs progrès nouveaux. Ûn seul exemple, que je choisis parce qu ’il n’ est pas sans analogie avec celui de l’éducation : la résistance qu’ont opposée les agriculteurs au cours du siècle dernier, à l’introduc tion des engrais chimiques pour faire récupérer au sol sa valeur nourricière. On sait aujourd’hui ce que leur a coûté cette méfiance, qui, pour instinctive et générale q u ’elle ait été, n’ en était pas moins complètement injustifiée. Je ne puis m ’empêcher de comparer l’ effare ment qui s’ emparait des paysans aux quels on venait proposer de m ettre sur leurs champs des nitrates, des phospha tes et des superphosphates à celui que suscite chez certains maîtres d ’école le p ro je t d ’introduire dans leurs classes des méthodes plus rationnelles, tenant com pte d « nécessités (je la psychologie
et de la biologie de l’enfant.
Mais, <fct-on, la Bcieaçe peut être en défaut et ne pas tenir ses promesses. Rien n’est plus erroné. Non; la scienee n’ est , ianaàis en défaut, parce on ’ elle ne pçut
pas l’être. L a science cherche à fournir les moyens d’ atteindre un certain but. Si ce but n’ est pas atteint par les moyens indiqués, c’ est que ceux-ci ont été l’objet d’ une erreur d ’ expérimentation ou d’in terprétation dont le savant seul, et non la science, est responsable. Ce n’ est pas parce qu’on a opéré trop scientifique ment, qu’on a manqué le but. C’est au contraire paTce que l’on n’a pas procédé avec une science assez rigoureuse. L e reproche que l’on croyait faire à la science se retourne donc en un éloge en sa faveur.
On a par exemple reproché à la fameuse méthode Taylor, qui veut organiser scien tifiquem ent le tra v a il des ouvriers, de conduire au surmenage. Mais, lorsque l’application de cette méthode conduit à ce triste résultat, ce n’ est pas la science qui est en défaut : il faut s’en prendre, ou bien à ceux qui appliquent la méthode, et l’ appliquent mal, ou bien à ceux qui ont posé les principes de la méthode, et qui ont péché par insuffisance d ’expé rimentation, en négligeant certains fa c teurs importants (fatigabilité, désir de distraction, etc.) qui interviennent dans l’ a ctivité du travailleur. T aylor désirait diminuer la fatigue de l’ ou vrier; si sa m é thode n’y parvient pas, c ’ est q u ’ elie n’a pas été assez scientifiquement élaborée.
Assurément, avant d ’être adoptée par la pratique, une théorie scientifique doit être vérifiée et, lorsqu’il s’agit d ’un d o maine comme celui de la psychologie et de l’édiio.âtîon. où les difficultés de contrôle
sont relativem ent grandes, il est sage de n’accueillir qu ’avec prudence les conclusions des spécialistes. I l convien drait cependant — et cela précisément pour leur faciliter ce contrôle si désirable — de ne pas repousser d ’ emblée les h y pothèses qu’ils suggèrent ou les moyens d ’ action qu ’ ils préconisent. On devrait au moins prendre à leur égard une a tti tude de neutralité bienveillante. Or, trop souvent, ces malheureux hommes de science, qui ne demandent, après tout, qu’ à faire un pas de plus dans le chemin de la vérité, pour le plus grand bien de nos écoles et de nos enfants, on les soup çonne de je ne sais quelle machiavélique idée de derrière la tê te et l’on insinue (ça ne manque jamais !) qu’ ils machinent quelque abominable com plot politique. C’est un défaut de chez nous. I ropose-t- cm quelque chose de nouveau ? On sent se dresser autour de soi comme une mu raille invisible de méfiance et de suspi cion. I l est étonnant combien il y a en core, dans le domaine de la pédagogie, de cultivateurs, ignares qu i ont peur des superphosphates !
L ’autre iour en('autre jour encore, le D r Jeanneret, de Lausanne, dans deux captivantes conférences qu’il fit à Genève sur l’h
y-f
iène de l’enfant, nous racontait com-ien les premiers essais d ’organisation d ’ une plage yiour bains d ’air, a ’eau et de soleil à V id ÿ près Lausanne soulevèrent de haussements d ’ épaules, de moqueries et même de proi estations.CeDendant.l’ ex
périence a montré que des milliers d’en fants y trouvent la joie et la santé.
Oui, libre à chacun de ne pas croire - avant d’avoir touché. Mais en attendant que la preuve soit administrée, que votre expectative soit bienveillante. N e soyez jamais hostiles d’emblée; c’ est l’ attitude des sots ! En barrant ia route, par prin cipe, à tout ce qui heurte la routine an cienne, on risque d ’arrêter au passage des conceptions fécondes et bienfaisantes. N ’oublions pas que tout progrès, avant d ’avoir été un progrès dûment con stata a commencé par être une idée plus ou moins conjecturale. E t toute idée nou velle est une chance de progrès. _
I l y a d’ailleurs d’autres causes qui s’opposent à la marche de. la science. Elles ont léurs racines dans le besoin de domination de certains hommes ou de certains partis. L a science a ce carac tère en effet d ’être impartiale, désintéres sée, et, lorsqu’ elle a parlé, d’ entraîner
(au bout d’ un temps plus ou moins lon g) la conviction de tous. C’ est pour cela que ne la chérissent guère ceux dont elle pourrait gêner les combinaisons per sonnelles ou dont elle risque de démentir des opinions auxquelles un vaniteux et puéril entête-îuiv* les attache plus qu à la recherche de la vérité. _
Tou t à l’heure, nous constations que lg, peur de la science s’ expliquait par b peur du nouveau. Ici, le cas est plus gra* ve : la peur de la science, c'esl la p e j » «