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Maurice Zermatten, "Chapelles valaisannes"

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

P. DE CHASTONAY: Introïbo;— Les Constitutions de l'Ordre des Jésuites Bien que ce bulletin soit réservé d'habitude à des ouvrages qui — selon notre p r o g r a m m e — intéressent au premier chef la vie et l'histoire valaisannes, nous croyons utile d'y signaler brièvement aussi certaines publications qui, émanant d'enfants du Valais, appartiennent à notre patrimoine spirituel et contribuent indi- rectement à l'honneur de nos annales.

Nos lecteurs connaissent ces ouvrages du P . Paul de Chastonay, dont le m é - rite ne se mesure pas au volume, où il a su faire revivre et marquer comme en intaille les figures du cardinal Schiner, du P . R o h et du val d'Anniviers. N o t r e infatigable et très érudit compatriote, dont l'étude est le délassement, vient d'y ajouter deux publications nouvelles : L'une, Introibo 1, série de méditations, d'une

1 E d i t i o n s Benziger St Cie., Einsiedeln et Cologne, 1941.

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profondeur et d'une limpidité de source baptismale, sur le sacrifice de la messe et certaines des plus belles paroles de la liturgie ; l'autre, destinée à un public plus étendu, et qui ne saurait manquer de faire date, sur Les Constitutions de l'Ordre des Jésuites 1.

Il n'est aucun sujet dont on a davantage parlé et disputé, et si passionnément, sans le moins connaître, que des fameuses « Constitutions » de la non moins fa- meuse « Compagnie ». S u r la foi d'opinions plus retentissantes que vraiment in- formées, elles ont donné lieu à des jugements de billon qui circulent partout et que n o m b r e d e gens, qui n e sont pas t o u j o u r s des ignorants, acceptent t o u t faits, sans se rendre compte qu'ils acceptent là une fausse monnaie. A cause de ses idées-forces de finalité, d'universalité, d'apostolat et d'obéissance, si souvent com- prises au rebours de leur esprit et de leur vérité ; à cause de son action d a n s le siècle, de son dynamisme, de ses méthodes et de ses moyens, et n o t a m m e n t de ce levier de la connaissance et du maniement psychologiques des hommes, dont il se sert ; à cause de certaines déviations peut-être aussi, l'Ordre non moins célèbre que méconnu, a été discuté, c o m b a t t u et honni plus que tout autre.

Cet exposé de la genèse, du contenu et de l'esprit véritables des « Constitu- tions » met, avec une science, une bonne foi, u n e sérénité, une clarté et u n tact supérieurs, toutes choses au point. I l explique, de l'intérieur et par ses princi- pes les plus élevés, le mécanisme d'une action qui, vue du dehors, a t r o p souvent été jugée uniquement de l'extérieur, et sommairement. O n a trop oublié, quand on l'a su, que ces « Constitutions », émanation des « Exercices » ignatiens, sont un code de caractère purement religieux, dont les règles ne tendent qu'à des fins spirituelles et réclament, de c e u x qui s'y soumettent, des habitudes de perfec- tion particulières. L'institution ne devait pas être rendue responsable d'erreurs ou de défauts individuels. Ces erreurs humaines, amplifiées p a r la polémique, n'étaient pas le fait des « Constitutions » mais, au contraire, d'une entorse à celles-ci.

Ce sera le m é r i t e durable de l'auteur d'avoir donné à tous les esprits sou- cieux de vérité et d'équité, non moins que d'information exacte, cette petite

« S o m m e » d'une hauteur de vues et en même temps d'une précision ne laissant rien à désirer, d'une richesse spirituelle si abondante, qui renseigne, éclaire, fait réfléchir et édifie. Accessible à tous, elle aidera à la révision de bien des er- reurs et des préjugés, et c o n t r i b u e r a sans doute à l'apaisement et à la compré- hension, en ce m o m e n t où se joue tragiquement le sort, dans le monde, de l'esprit chrétien et de l'héritage surnaturel sur lesquels nous vivons.

Jn. Gn.

MAURICE ZERMATTEN : C h a p e l l e s v a l a i s a n n e s

l l y a des gens qui desservent leur pays parce qu'ils travestissent son â m e : ce sont des inconscients ou des m a l o t r u s ; il y en a d'autres qui le servent a d m i - rablement parce que, ayant regardé son visage, entendu b a t t r e régulièrement son pouls au rythme j u s t e de sa vie profonde, aimé ce qui fait son originalité et son charme, ils ont traduit en actes, en gestes ou en paroles ce qu'ils ont perçu, compris et assimilé. Maurice Zermatten est de ces êtres mtelligents et réceptifs, assez fort p o u r ne pas se contenter d'une béate exclamation, assez bon pour ne pas g a r d e r égoïstement ce qu'il a bien vu et longuement contemplé. E t j a m a i s il ne se lasse de voir encore plus et d'aimer plus profondément. Professeur, il

1 Aubier, Editions Montaigne, Paris 1941, version française de l'ouvrage paru, en allemand, sous le titre : Die Satzungen des Jesuitenordens.

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ne s'enferme pas dans sa classe à corriger des copies qui ne sont pas précisément des sources d'émotions très vives ; capitaine, il ne croit pas que son temps doive se passer à rédiger des rapports militaires, si intéressants qu'ils soient. Rien de ce qui fait la noblesse, l'incomparable noblesse du pays valaisan, son pays, n'échappera à son oeil ouvert pas plus qu'à son cœur avide de visages nouveaux et aimables.

On l'a vu romancier prestigieux, nouvelliste captivant, chantre ému des pays du Rhône : il est toujours l'un ou l'autre quand ce n'est pas l'un et l'autre. E t voici que pèlerin attentif, il se rend dans les vallées où il y a des chapelles, des Chapelles valaisannes 1, et il s'attarde autour et à l'intérieur, dans les milieux qui les fréquentent, auprès de ce peuple sain et courageux qui croit et travaille.

Cela forme un «visage pittoresque et religieux du Valais » auquel ne manquent pas les belles reproductions photographiques qui situent dans leur habituel et splendide décor les images des sanctuaires vénérés.

Il faut justifier cette abondance de lieux de prière élevés à la gloire de la Vierge et des saints : Maurice Zermatten parle des gens de chez nous, « à mi chemin de la terre et du ciel». « L a terre les retient solidement, âpre et pauvre sous l'im- placable soleil, si besogneuse qu'il faut des miracles de ténacité pour obtenir d'elle une poignée de seigle, une grappe de raisin. Mais le ciel, par mille voix, leur rappelle sa splendeur, et le paradis s'ouvre au soir de leur vie sacrifiée.» E t Zermatten ajoute ces lignes qui expliquent tout : « Que deviendraient ces pau- vres sans cette foi absolue qui est la leur ? L'Eglise leur enseigne le vrai sens d'une destinée tout entière consacrée au devoir. Elle donne une résonance infinie à ces prières qui s'échappent naturellement des cœurs simples. Elle est faite à leur mesure, propose à chacun des modèles à sa taille, hors des métaphysiques et des abstractions confuses. Ils savent quelle dévotion accomplir pour que la pluie vienne féconder la terre, quelle supplique réciter pour qu'un foyer ne demeure pas stérile. Dieu est près d'eux, avec eux dans chacune de leurs démarches et c'est d'abord pour lui qu'il convient d'être honnête et d'avoir le cœur bon ».

L i b r e maintenant à Maurice Zermatten d'écrire son offrande des pays valaisans

« à N o t r e - D a m e de Valère qui règne sur le pays tout entier », car « partout la Vierge est présente, partout honorée et secourable » ; libre à lui de nous conter comment est née la chapelle et les belles histoires qui l'environnent, l'autel d e noyer, la table de communion, les bancs, le clocher, les cloches, les processions ; de nous entretenir des j o u r s clairs et des j o u r s sombres, joyeux et tristes dont la liturgie de l'Eglise épouse les mille nuances et les préoccupations variées ; de nous emmener ensuite à travers vallées et plateaux pour surprendre au passage ces lieux de refuge où les dévotions s'épanouissent, confiantes et sereines, tou- j o u r s pures et fraîches comme en témoignent les gracieuses légendes qui en émanent.

C'est fini et Zermatten n'a fait que nous indiquer la route. « Il reste mille dé- couvertes à faire, Dieu merci, dit-il, mille chapelles, oratoires, sanctuaires à vi- siter ces années prochaines. Ce pays, on n'a j a m a i s fini de l'explorer. Ses riches- ses sont si nombreuses qu'une vie humaine ne suffirait pas à les recenser. » E t le poète avide nous livre le secret de son bonheur en nous conviant à l'évasion prometteuse : « P r e n d s ton bâton de pèlerin ; va au hasard des sentiers. N e t'embarrasse pas d'itinéraires savamment préparés. La joie est dans l'aventure. »

Excellent conseil. E n route et bon voyage.

F . - M . B.

1 Editions Victor Attinger, Neuchâtel.

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