A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
B RUNO S ÉVENNEC
Normes invariantes par difféomorphismes sur C
k(X )
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 6
esérie, tome 7, n
o2 (1998), p. 335-355
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1998_6_7_2_335_0>
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- 335 -
Normes invariantes
pardifféomorphismes
surCk(X)(*)
BRUNO
SÉVENNEC(1)
Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse Vol. VII, n° 2, 1998
RÉSUMÉ. - On étudie les semi-normes invariantes par difféomorphis-
mes sur les espaces de fonctions Ck d’une variété compacte X. En particulier, on montre que pour k >_ 1, si X est connexe, sans bord et de dimension au moins 2, toutes ces semi-normes sont continues pour la
topologie de la convergence uniforme et sont décrites explicitement.
ABSTRACT. - One studie diffeomporphism invariant seminorms on the
Ck functions spaces of a compact manifold X. In particular, it is proved
that for k >_ 1, if X is connected, without boundary and of dimension
at least 2, these seminorms are continuous for the uniform convergence
topology, and are explicitely described.
Introduction
L’objet
de ce travail est derépondre
à laquestion
suivante.Si X est une variété
compacte,
et k > 0 unentier, quelles
sont les(semi-)normes
surCk(X) (espace
desfonctions Ck
surX)
invariantes pardifféomorphismes,
etplus précisément
par lacomposante
neutreDiffo(X)
du groupe des
difféomorphismes
de X ?Cette
question
n’est que laplus simple
d’une famille dequestions analogues.
Onpourrait
en effetremplacer
les fonctions sur X par les sec-tions d’un fibré vectoriel "naturel" associé au fibré
tangent
de X(via
unereprésentation
linéaire del’exemple
leplus
naturel étantproba-
blement celui des
demi-densités, qui
fournit un espace de Hilbert surlequel
t *~ Reçu le 26 février 1996, accepté le 6 mai 1996
(1) Unité de Mathématiques Pures et Appliquées, U.M.R. 128 du C.N.R.S., École
Normale Supérieure de Lyon, 46 allée d’Italie, F-69364 Lyon Cedex 07 (France)
E-mail : sevennec@umpa.eps-lyon.fr
les
difféomorphismes agissent
par isométries. Une modification certainementplus profonde
consiste àremplacer
le groupe desdifféomorphismes
par le sous-groupe de ceuxqui préservent
une structuresupplémentaire "peu rigi-
de" donnée sur
X,
parexemple
une formevolume, une
formesymplectique,
etc.
(cf. [H], [LM]).
Ces
généralisations
ne sont pas abordéesici,
l’une des motivations de cette étudeayant
été de vérifier que la(semi-)norme
"variation totale d’une fonction" sur une variété de dimension 1 nepossède
pasd’analogue
en dimension
supérieure.
Enfait, quitte
à écarter d’éventuelsexemples pathologiques,
on arrive à décrirecomplètement
toutes les semi-normespossibles lorsque
X estcompacte,
connexe sans bord et de dimension aumoins 2
(corollaires
12 et16) : essentiellement,
iln’y
a que la normeC~.
Dans le cas
général,
on obtient une classification àéquivalence
de semi-normes
près
surC~{X ) (théorème 7,
corollaire8).
Trois
appendices regroupent
des résultats reliés defaçon plus
ou moinsmarginale
à laquestion ci-dessus,
comme la mesurabilité et ses liens avecl’axiome du
choix,
oul’approximation
deshoméomorphismes
par des dif-féomorphismes
dans le cas de la dimension 4.Semi-normes mesurables sur un Banach
Sur un Banach
(E, ( ( ’ ~ ~)
de dimensioninfinie,
il existe des formes linéairesdiscontinues,
et donc des(semi-)normes
discontinues.Cependant,
elles sontnécessairement
pathologiques,
comme le montre le lemme suivant.LEMME 1.2014 Toute semi-norme Baire-mesurable sur un Banach est continue.
Démonstration. . -
(Directement inspirée
de~a,
p.21~) Rappelons qu’une partie
d’un espacetopologique
est Baire-mesurable(Bourbaki [B,
p.69]
dit"approchable" )
si elle est différencesymétrique
d’un ouvert et d’unepartie maigre.
Lesparties
Baire-mesurables forment une tribu(engendrée
par les boréliens et lesparties maigres).
On définit comme d’habitude la notiond’application
Baire-mesurable.Soit alors
{E, ~ ~ ~ ~ ~)
unBanach,
et N une semi-norme Baire-mesurablesur E. Par
définition,
l’ensemble C ={.c : N(x) 1 ~
estBaire-mesurable,
c’est-à-dire C = avec U ouvert et M
maigre.
L’ouvert U nepeut
être
vide,
car sinon C = M seraitmaigre,
cequi
contredirait le théorèmede Baire
puisque
E =Un
nC. Soit donc B =BE
C U une boule ouverte derayon c > 0
(pour
la normeinitiale [ [
. Alors si ê,Mais comme
(x
+B)
n B est un ouvert non vide et(x
+M)
U M estmaigre,
ceci entraîne
0,
et donc B CC+(-C)
=2C,
d’où la continuitéde N
(N
0Dans la
suite,
onqualifiera simplement
de mesurable une semi-norme Baire-mesurable.Notons que l’on
peut
donner un sensmathématique précis
à l’intuition selonlaquelle
toutepartie
"raisonnable" ou"explicitement
définissable"d’un espace
métrique complet séparable
est Baire-mesurable(appendice B).
Invariance par
homéomorphismes
Sur
l’espace C~(X),
une semi-norme N mesurable(donc
continue pourla
topologie CO)
et invariante parDiffo(X)
l’est aussi par tout homéomor-phisme qui
est limite uniforme dedifféomorphismes isotopes
à l’identité. Il résulte de[KS,
théorème2.7,
p.78]
que si X et aX n’ont pas decomposante
de dimension
4,
c’est le cas pour touthoméomorphisme isotope
à l’identité(en particulier
pour ceuxqui
sontproches
del’identité, d’après [EK]
et[Ci]).
Dans ces cas, onpourrait
donc aussi bien supposer N invariante parHoméoo(X)
=Diffg(X).
En revanche si X est de dimension
4, Diffo(X) (ou
mêmeDiff(X)
nHoméoo(X))
n’est pas dense dansHoméop(X)! (appendice C).
De toutesfaçons,
on verra aposteriori
que, au moins si X est connexe, sans bord et dedimension > 2,
toute semi-norme mesurableDiffo-invariante
surC~(X)
est aussi invariante par
Homéoo,
enexplicitant
toutes ces semi-normes.Support
d’une semi-norme surCk(X)
Soit N une semi-norme sur
C(X) .
Sonsupport
est par définition leplus petit
fermé F de X tel quesupp( f)
CX ~
F entraîneN( f)
= 0. Il est clairqu’il
existe(sous-additivité
deN, compacité
deX)
et on le notesupp(N).
Noter que
ker(N)
déterminesupp(N).
Si N est
Diffo-invariante, supp(N)
est une sous-variété deX, et plus pré-
cisément une réunion de
composantes
connexes de X et de 8X(transitivité
de
Diffo(X)
sur toutecomposante
connexe de int X et de8X).
Si N est une semi-norme mesurable sur
C~ (X )
etf
EC~ (X )
estnulle
sursupp(N),
on aN( f )
=0,
carf
=lim fn (uniforme)
avecC
X ~ supp(N),
et N est continue.Réduction
(sur C~(X )~
au cassupp(N)
= XLEMME 2.2014 Si N est une semi-norme mesurable
Diffo-invariante
suret Y =
supp(N),
on a N = N o p, où N est une semi-normeDiffo-
invariante sur et p : - est
l’application
"restriction".Démonstration. . - L’existence de N vérifiant N = N o p résulte de ce
qui précède,
et il suffit de voir queN
estDiffo-invariante. Or,
Y étant réunion decomposantes
de X et de8X,
toutdifféomorphisme
de Yisotope
à l’identitése
prolonge
en un élément deDiffo(X) :
il suffit de l’écrire commetemps
1 d’unchamp
de vecteurs(sur Y) dépendant
dutemps
et d’étendre cechamp
L’étude des semi-normes mesurables
Diffo-invariantes
surC~ (X ),
seramène donc au cas
"non-dégénéré" supp ( N )
= X.Régularisation
des mesures N-continuesSi N est une semi-norme continue
(c.-à-d. mesurable)
sur le dualde
l’espace
semi-normé E =(Ca( .X ), N)
s’identifie au sous-espaceE’
del’espace M(X)
=CO(X)’
des mesures(de Radon)
sur Xqui
sont N-continues,
c’est-à-dire vérifient Vf
eC0(X), (f) ~
constN { f )
. On note~V~ la norme duale sur E’
(cas
de laplus petite
constante dansl’inégalité).
Pour toute mesure p sur
X,
intdésigne
l’extension à X de la restrictionde
àintX,
, c’est-à-dire pourf
EC0(X),
on a = oùxn converge uniformément vers 1 sur tout compact de int X et est nulle sur 8X. On pose = ~c - pint. C’est une mesure à
support
dans 8X.On suppose désormais N invariante par
Diffo(X).
Pour étudierN,
on vaexhiber dans
E’
des mesuresayant
despropriétés spéciales,
en utilisant le fait queDiffo(X) opère
aussi(par isométries)
sur E’.DÉFINITION
3.- Unefamille (¢$)
dedifféomorphismes
de X estrégularisante
si :(i)
s varie dans unvoisinage
de 0 dansRp, 03C60
=id ;
(ii) (s, x)
H~’(x)
estlisse ;
(iii)
pour x E intX(resp.
s ~03C6s(x)
est une submersion en 0 E IfBp à valeurs dans X(resp. 8X J.
On construit aisément une telle famille en
composant
les flots de suffi-samment de
champs
de vecteurstangents
au bord.LEMME 4.- Soit E
E’, (03C6s)
unefamille régularisante
et uneapproximation
de l’unité dans Alors =f
ds convergefaiblement
vers ~,(pour
e -0~, N~(~),
et et sont àdensités lisses sur int X et 8X
respectivement.
Démonstration. - La
régularité
et la convergence sontclassiques,
et lamajoration
de résulte de l’invariance de N :De
façon générale,
l’adhérence faible dansM(X)
de toutepartie
bornée(en
norme de E’ est contenue dansE’,
fait que l’on utilisera souvent dans la suite.Discrétisation
LEMME 5. - Si
supp(N)
=X,
E’ contient tous les "doublets"bx
-êy
demasses de Dirac tels que x et y
appartiennent
à la même composante de X. . Démonstration. - SoientX1,
...X k
les composantes connexes de X . Pourtout i,
il existe une mesure p telle que0, puisque
sinon
supp(N) C X B int Xi (par Hahn-Banach).
Alors il existe une bouleB ~ C int
X~
telle quep(int B) #
0. Pour tout x E intB,
il existe~,
champs
de vecteurs sur X desupport B,
dont le flot est noté tel quePar convergence
dominée,
on adonc,
enposant ~ct
=c’est-à-dire
t
converge faiblement vers une mesure~x
=a 03B4x
+ v,a ~ 0,
supp v C
X ~ B.
Comme =N’(p)
restebornée,
on a aussiE E~
(et
mêmeChoisissant un
autre x’
E intB,
on obtientbx - b~~
=(~c~ -
EE~,
et l’invariance de
E~
parDiffo(X)
fournit V x, y E intXi, by
EE~.
Enfin si par
exemple
y tend vers unpoint z
de reste bornée(constante)
et la limite faible6x - 6z
deappartient
aussi àE~,
cequi
achève de démontrer le lemme. 0LEMME 6. - Si
supp(N)
=X,
etX1,
, ...Xk
sont lescomposantes
deX,
pour toute mesure EE’,
les mesures03A3(Xi) 03B4xi (xi
~Xi)
appartiennent
àE’.
Démonstration. . - On munit X d’une
métrique
riemannienne auxiliaire.Considérons sur X une fonction de Morse F telle que :
(i) Flax
=0, dF ~
0 sur8X,
F > 0 sur intX,
,(ii)
F a un seulmaximum xi
parcomposante Xi
de X. .Le
champ
devecteurs ~
= F.’OF a un flot~t
sur X(qui
fixe8X),
dontles
points
fixes dans int X sont lespoints critiques
de F.Si
EE’ ,
on peutrégulariser
sanschanger
les Les variétés stables despoints critiques
~
x2 deFlint
Xi sont alors-négligeables,
de sorte que ~ x2(t
~oo)
pour -presque tout
point
x Eint Xi . Ainsi, t
= converge faiblement(pour t
-~oo)
vers~C°°
E E’ vérifiantet est à densité lisse sur 8X.
On
peut répéter
le mêmeargument
sur la variété(sans bord) 9X,
c’est-à-dire construire un
champ
de vecteurs ~(analogue
àç)
sur8X, l’étendre
à X en un
champ {C°°)
de flot noté dont lesupport
ne contient aucun defaçon
à obtenir v =limt~~ 03C8t* ~
EE’,
mesure discrète(à support fini)
telle que Vi,
=Écrivant
on obtient
grâce
au lemmeprécédent v’
= v + EE’ ;
ilest clair que
v’
=Ei d’où
le lemme. 0Classification à
équivalence près
surC~{X )
.THÉORÈME
7.2014 Une semi-norme N mesurable etDiff0-invaria
te surest caractérisée à
équivalence près
par son noyauker(N). ~~. plus, ker(N)
est constitué defonctions
localement constantes sursupp(N),
et Ninduit sur une norme
équivalente
à la normequotient
deIl Î
.~~.
Démonstration. - On
peut
supposer quesupp(N)
= X(lemme 2;
rappelons
queker(N)
déterminesupp(N)).
Cequi précède
montre alorsque
ker(N)
est contenu dans le sous-espace des fonctions localement constantes sur X. . Plusprécisément,
si xi~
y2~ Xi
et C = supibyi ) (quantité
finied’après
le lemme5),
on aoù par définition oscA
f
= supAf - infA f.
.Par
ailleurs,
si t =(tl,
... ,tk)
ERk
et x t E est la fonction valant t2 sur on a = 0 si et seulement si V ~c EE’, = E
= 0. En
posant
on a donc
ker(N)
= ER~}.
Poursimplifier,
on munitRk
de sa normeeuclidienne, notée ]
.1.
Si A = ...,ak)
ER,
ilexiste ~ E E’
vérifiant=
Ài
etN~(~,)
const~a~ (cas
trivial du théorème del’application ouverte).
On a donc pour toutef
ECO(X) (les
xiE Xi
sontfixés)
Au
total,
il vient doncMais
(rappelons
que les x~ sontfixes)
d’où finalement en
prenant
l’infim m sur t ER1
Comme
l’inégalité
inverse(avec
une autreconstante)
résulte de la continuité deN,
le théorème est démontré. 0COROLLAIRE 8. Si X est connexe, les semi-normes mesurables
Diffo-invariantes
desupport
X sur sontéquivalentes
àIl ~ II ~
ouà osc = sup - inf.
En
particulier
si X est connexe etfermée,
ce sont les seulsexemples
nonnuls à
équivalence près.
On verra que dans ce cas, et sidim X > 2,
onpeut
en fait décrire tous les
exemples.
Notons que ce résultat donne aussi une
description complète
des sous-espaces fermés
Diffo-invariants
deClassification sur pour X fermée connexe, dim X > 2 On suppose maintenant X
fermée,
connexe, et dedimension ~
2. Ceciéquivaut
à dire que pour tout n, le groupeDiffo(X) opère
transitivement surles
n-uplets
depoints
distincts dans X. On suppose aussi pour l’instant que N est une norme(mesurable
etDiffo-invariante
sur Enparticulier
N est
équivalente à, Il.1100
et E~ =M(X).
.On remarque alors que pour tout entier p >
0,
et .ci, ..., xp distincts dansX,
définit une norme dans
indépendante du
choix des xi.LEMME 9. -
|v|p
= °uJ(v)
=(infv,supv)
EII82.
Enparticu-
dier, |v|p ne dépend
que de (inf v, sup v).
Démonstration. - C’est une
simple application
du théorème des valeurs intermédiaires(TVI).
Parcontinuité,
onpeut
supposer les vt distincts.L’indépendance
de vis-à-vis du choixdes xi permet
d’écrire(la
secondeégalité
vient duTVI),
cequi
démontre le lemme.Remarquons
que
(pour
la mêmeraison) I(a, b) I2
est une fonction croissante de l’intervalle~
LEMME
10. - p
EM(X)
est limitefaible
de mesures discrètes tellesque
Ç N~{~)
Démonstration. . - Elle est
analogue (en plus simple)
à celle des lemmes 5 et 6.D’après
le lemme4,
onpeut
supposer à densité lisse. Soit alors03C6tn
le flot de
gradient
descendant d’une fonction de Morse dont les minima sont1/n-denses
dans X. .Alors,
étantlisse, l’image de
par03C6tn
convergefaiblement
pour t
-~ oo vers une mesure discrète avecN!{~c).
De
plus
sif
EC~{X ),
où =
| |(1)
est la norme usuellede et 03C9
est un module de continuité uniforme def. Donc ~~
converge faiblement vers ~,, et le lemme est démontré. 0THÉORÈME 11. -
N( f )
=(inf f,
supf) I 2,
, et enParticulier N( f )
nedépend
que de(inf f,sup f)..
Démonstration. . - Le lemme
précédent
et Hahn-Banach entraînentSoit dont pn une suite de mesures
discrètes, 1,
avecN(f).
Comme nedépend
que def
restreinte à...,
xp},
le lemme 9 donneet la remarque
qui
le suitmajore
ceci par|(inf f,
supf ) I 2 qui
est pardéfinition
majoré
parN( f).
Iln’y
aplus qu’~à
faire tendre n vers l’infini pour conclure. DCOROLLAIRE 12.- Si X est
fermée,
connexe et de dimension>_ 2,
les semi-normes mesurables
Diffo-invariantes
sur sont données parN( f)
= v(inf f,
supf ),
, où v est une semi-norme sur1182
invariante par lasymétrie (a, b)
~(b, a)
etv(a, b)
est(pour
ab) fonction
croissante de l’intervalle~a, b~.
Enparticulier,
les seules "vraies" semi-normes(noyau
~ 0)
sontproportionnelles
à sup - inf.Démonstration. - Il sufit pour inclure le cas d’une semi-norme
N( f) d’ajouter
à celle-ci(par exemple)
pour en faire une norme(inva- riante).
Le théorèmeappliqué
à cette norme montre queN(f)
nedépend
que de
(inf f
supf ),
et comme N s’annule sur lesconstantes
si c’est une"vraie" semi-norme
(corollaire 8),
le résultat est alors immédiat. 0Norme
Diff~-invariante
maximale sur 1On s’intéresse maintenant aux
(semi-)normes
invariantes surC~{X ),
l~ >
1. Il est alors naturel de demander l’invariance par le groupe DDiffo(X) (on
va voir que cela conduit aussi à des résultatsplus complets).
Pour éviter lescontre-exemples triviaux,
on suppose que X(variété
C°°compacte)
n’a pas de composante réduite à unpoint,
demême que son bord 8X
(cela garantit
l’existence de fonctions vérifiant leshypothèses
de l’énoncéqui suit).
LEMME 13. - Si F G n’est constante sur aucune
composante
deX ou de
~X
, l’orbite de F sousDiffk0(X) engendre l’espace
vectorielEn
particulier,
c’est le cas si X estfermée
connexe et F est non constante.Démonstration.- On montre en fait que toute fonction
f
ECk(X)
estune combinaison linéaire de fonctions de la forme F
o ~ 2014
F o~,
avec~,
~
EDiff~(X).
Onpeut
alors supposer X connexe. On note d sadimension,
et V le sous-espace vectoriel
Diff~-invariant
deCk(X) engendré
par F.Comme F n’est pas constante, il existe une
(petite)
boule ouverteB C int X et une
carte X
: B - telle que Xi = F dans B. Alors sif
ECk(X)
est àsupport
dans B et si ~ est assezpetit (précisément
si~~f/~~1
> -1 dansB),
définit un
difféomorphisme Ck
àsupport compact
dansB, qui
seprolonge
trivialement
en §
E Parconstruction,
on af
= E V.Si maintenant
supp( f)
Cint X
, onpeut
écriref
comme une sommef
=f1
+ ... +fp,
oùchaque fi
est àsupport
dans EDiff~(X)
(utiliser
unepartition
del’unité).
On a donc aussif
E V dans ce cas. Resteà traiter les fonctions
f
àsupport
dans unvoisinage
collier du bord.Soit Y une
composante
de 9X.Puisque
F n’est pas constante surY,
onpeut
trouver comme ci-dessus une "demi-boule"B+, voisinage
ouvert dansX d’un
point
de Y C8X, et
une carte x :B+ -~ I~Bd-1 x [0, oo [ telle
quex 1 = F dans
B+ (noter
que l’on a forcément ici d >1).
Le mêmeargument
donne
f
EV,
d’abord poursupp( f )
CB+ puis
poursupp( f )
contenu dansun collier de Y. Le lemme est démontré. 0
Remarques
0)
Cet énoncé estinspiré
de l’exercice2,
de[G,
p.146] (exercice
sur les’sous-espaces Diff-invariants
deC°°{X )).
1)
Dans le cas(exclu
par l’énoncé X= ~ _ ~ [0, 1 ~,
une seule fonction F ne suffitjamais puisque
siaF(0)
+bF(1)
=0,
tous les éléments de V satisfont la même relation.Cependant
si onremplace
par
Diffk(I),
la conclusion redevient valable à condition de supposer queF(1) ~ ~F(0)
et queF~(0), F’(l)
ne sont pas tous deux nuls. Onpourrait
aussiprendre
deux fonctions "modèles"Fi, F2.
2)
L’énoncécorrespondant
avec k = 0(Diffk0
=Homéoo)
est faux pourX =
~1,
et iln’y
a même aucune fonction F E dont l’orbitesous
Homéoo engendre l’espace
vectoriel(appendice A).
3)
La démonstration fournit pour toutef
ECk(X)
unedécomposition
telle que
03A3|03BBi| const~f~C1.
Enposant VF(f)
= Pourtoutes ces
décompositions,
on obtient sur unesemi-norme,
continue pour la
topologie Cl, qui
est clairementDiffk0-invariante.
LEMME 14.- Pour toute
fonction
Fvérifiant
leshypothèses
du lemmeprécédent, VF
est une normeDiffk0-invariante
surCk(X),
et elle domine toutes les semi-normesDiffk0-invariantes surCk(X).
Enparticulier
celles-cisont
automatiquement
mesurables(en fait
continues pour latopologie
et
VF est,
àéquivalence près, indépendante
du choix de F.Démonstration.- Il suffit d’observer que si
f
=03A3 03BBiF o 03C6i
et N est unesemi-norme
Diffk0-invariante
sur on ad’où
N ( f ) N(F)VF(f).
.Appliquant
ceci à N =Il.1100’
on en déduit queVF
est une norme, et le reste est immédiat. 0La continuité de
VF (ou
toute autreN)
pour latopologie C~
surC~(X)
permet
de laprolonger
àC~(X),
et ceprolongement
estDiff10-invariant (Diff§
est dense dans On neperd
donc rien à supposer~ = 1.
Si
X - ~ 1,
onpeut
montrer queVF
estéquivalente
à la norme(où Var( f)
=f ~
est la variation totale def
EC1(SI)).
En
particulier VF
n’est pas continue pour latopologie Co.
On va voir quece fait est
spécial
à la dimension 1.Classification sur pour X fermée connexe,
dim X > 2
On va montrer que si X est connexe, fermée
(compacte
sansbord)
etde dimension au moins 2 "la" norme
VF
est continue pour latopologie CO
(sur C1(X)).
Il en résultera dans ce cas une classificationcomplète
des(semi-)normes Diff10-invariantes
surC1(X)
vu la classification obtenueauparavant
surCO(X).
Soit F une fonction
C~
àsupport compact dans -2 , 2 ~ d, d ~ 2,
telle que
F(x)
= 1 +cos(03C0x1)
dansC = [-1,
etF(x)
= 0 si1
(tas
desable).
Soit n > 0 un entierpair.
Par undifféomorphisme
à
support compact de ] -2, 2 d,
onpeut
faire en sorte queFI,n,E
=F o
vérifie,
pourLorsque g
-~0,
converge dansC~
vers une fonctionqui
est C°°au
voisinage
de C =[-1,
et coïncide en fait avec 1 +cos(n03C0x1)
dansce
voisinage.
Notons que1, puisque VF
est continue pour latopologie Cl.
De
même,
on construit des fonctionsF~, ...,
telles que =1 +
cos(n7rXi)
auvoisinage
de C et 1. On pose alors G =Gn
=F1~~, -I- ~ ~ ~ ~- Fd~n d’où,
enparticulier,
d etdVF (on supprime
l’indice n pour
alléger
lesnotations).
On ne s’intéresse à Gqu’au voisinage
de
C,
où elle vautG(x)
= + Enparticulier,
lespoints critiques
de G dans cevoisinage
sont les x = tels que xi =n. On note S leur ensemble. Ils sont non
dégénérés,
d’indiceégal
aunombre
de ki pairs.
On considère maintenant le
champ
de vecteurs"singulier"
défini dans,
On a bien sûr
~dG , ç) = 1,
et voit aisémentque ç
vérifie dansC’
les estimationsSoit
~t
le "flot local" de~.
Il n’est paspartout défini,
et on noteT*(a-)
la borne
supérieure
des T tels que existepour Itl ~
T. . On a alorsl’estimation
En
effet, p(t)
= dist~~t(x), S~
vérifie(p
estlipschitzienne,
cequi
suffit pour le calculqui suit) :
. -le seconde
inégalité
résultant de l’estimation de On en déduit alorsp~t~2 > p(0)2 -
et l’estimation de T* en découle.Fixons maintenant un réel {) >
0, qui
sera choisiexplicitement plus
tard. Alors si on obtient
6/2n
pour3cg62/4 (noter
queT*(.c) ~ c3b2).
Enparticulier,
pour ces valeurs det,
on aet donc aussi
Si
f
est une fonctionCl
telle quesupp( f )
CC’, dist (supp( f) , S~
>8/n,
et
3c362/4,
onpeut
définir pour tout x E] -2, 2
Alors 1/;
est uneapplication Cl de ] -2 , 2
danslui-même, qui
vérifie(tout
a été fait pour
cela!)
Pour
que Ç
soit undifféomorphisme de ] -2 , 2 (à support compact),
ilsuffit que ce soit un
difféomorphisme
local. Or si x Esupp(f),
on ade sorte que pour que
D~(.c)
soitinversible,
il suffit queet donc
(puisque
queou encore que
Tout l’intérêt de cette
inégalité
vient dupetit n, qui peut
être choisi aussigrand
que l’on veut. Seule la normeCO
def
est réellement contrainte et pas sa normeCl.
Plusprécisément,
on a montré que sif
E-1, 1
vérifie _ _ _"
on a 2 et donc 2d.
Avant de
conclure,
il reste à choisir 6 defaçon
à se débarrasser del’hypothèse gênante dist { supp{ f ), S) ~ (c.-à-d.
àsupport
"loin" de,S’).
Pour ce
faire,
on observequ’il
suffit depouvoir décomposer
toute fonctionf
E àsupport dans -3/4 , 3/4 ~ d
parexemple,
enf
=f1
+f2,
avecfi
àsupport
"loin" de S(comme f ci-dessus)
etf 2
àsupport
"loin" d’un translaté deS,
parexemple
sonimage S’2
par undifféomorphisme
àsupport compact de ] -2 , 2 qui
coïncide dans C avec la translation de vecteur{1/2n,
...,1/2n) (rappelons
que S C(1/n)?Ld).
On doit deplus
contrôlerles normes
CO
etC~
desf i .
Or si
4b _
il existe unefonction x
EC~
telleque 0 x 1, ~ = 0
dans le b
1 n- voisinage
deS,
x = 1 dans le03B4/n-voisinage
deS’2 ,
et enfin6- > 0 étant arbitrairement
petit,
parexemple
e =(V~ - 46)/2.
Alors sif
ECô (] -3/4, 3/4 [d)
est telle que~ f~ ~ ~ 3c362/4,
les fonctionsfi
=xf
et
f2
=(1 - x) f
vérifient la même estimation etOn aura donc
4d,
pour peuqu’il
existe un b > 0 vérifiantce
qui
est clair.En
conclusion,
et avec le 6ci-dessus,
on obtientPar
partition
del’unité,
on en déduit aussitôt le théorème suivant.THÉORÈME
15. - Si X estcompacte
connexe sans bord et de dimension>_ 2,
la normeVF
estéquivalente
à la normeC~
sur pour toutefonction C1
non constante F sur X. .COROLLAIRE 16. - Sous les mêmes
hypothèses
surX,
toute semi-normeDiffk0-invariante
sur k >1,
est de laforne N( f )
=v(inf f,
supf) (cf.
corollaireEn
particulier,
ce résultat montrequ’en
dimension > 1 on nepeut
mesurer les "oscillations" ou la "variation totale" d’une fonction
C1
defaçon
à la fois Diff-invariante et sous-additive. Pour une fonction
f
suffisammentrégulière
surX,
on peutgénéraliser
la variation totale définie en dimension 1 enposant
où
bo(E)
est le nombre decomposantes
connexes de E C X. Eneffet,
ilrésulte de
[Y]
que cettequantité
est finie dès quef
E d =dimX,
etelle est clairement invariante par
difféomorphismes.
Cequi précède implique
que pour d > 1 cela ne peut pas être une norme, de même que toute
quantité analogue (il
est clair queVar( f )
n’est pasmajorée
parconstsup
Questions
(1)
Une normeDiffl0-invariante
surCk(X)
est-elle nécessairement mesu-rable
(donc continue)
si /, > k ou si /, = k = 0? Enparticulier,
existe-t-il une semi-norme
Diffo-invariante
non nulle sur(Cela paraît
peuplausible.)
(2)
SidimX ~ 2,
8X =0, l’espace
vectorielC~(X )
est-ilengendré
par l’orbite sousHoméoo
d’un(ou
même d’un nombrefini)
de ses élémentsF ?
(Voir
ci-dessous pour le cas dimX = 1. Uneréponse positive
résoudrait afhrmativement le = 0 e la
question précédente.)
~
Appendice
A.Le
Homéo0(S1)-module
n’est pas detype
finiAutrement
dit, l’espace
vectoriel(C~(~1)
n’est pasengendré
par l’orbitesous d’un nombre fini de ses éléments. La démonstration de ce
fait m’a été
suggérée
par A. Fathi. Sif
E posonsoù :ci, ..., zn E
~~
sontcycliquement
ordonnés et = L’obs~~; vation essentielle est que, pour n - oo, 0. Eneffet,
si w est le modulede continuité uniforme de
f,
on aMais pour tout 6 >
0,
puisque
le nombredes ti
> 6 est inférieur à1/~,
C = On a donclimsup Varn(f)ln
pour tout 6 >0,
d’où le résultat.Supposons
maintenant que le résultat annoncé soitfaux,
c’est-à-direqu’il
existeFi,
... ,Fp
E telle que toutef
E s’écrivef
=Eij ÀijFi
o(somme finie, Àij
ER,
E On auraitalors évidemment
où