• Aucun résultat trouvé

De quoi sera fait le futur des MICI ?

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "De quoi sera fait le futur des MICI ?"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

174 | La Lettre de l'Hépato-gastroentérologue • Vol. XIX - n° 4 - juillet-août 2016

ÉDITORIAL

De quoi sera fait le futur des MICI ?

What does the future hold in IBD?

A

fin de changer l’histoire naturelle des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) et d’améliorer le quotidien de nos patients, il va falloir viser de nouveaux objectifs thérapeutiques tels que l’indice de Lémann, qui mesure la destruction de la paroi intestinale (abcès, sténoses, fistules) dans la maladie de Crohn. Le meilleur moyen d’y arriver est d’appliquer la stratégie du “treat-to-target” (recommandations STRIDE [Selecting Therapeutic Targets in Inflammatory Bowel Disease] de l’International Organization for the Study of Inflammatory Bowel Disease), qui consiste à

surveiller de façon rapprochée le patient (symptômes) et son intestin (endoscopie) afin d’obtenir une rémission complète.

La principale limite de cette stratégie est l’absence d’études contrôlées ayant démontré son efficacité, même si les preuves indirectes

de la nécessité d’obtenir une rémission complète se sont accumulées ces dernières années. Les recommandations STRIDE n’ont pas retenu les marqueurs fécaux comme cible thérapeutique, puisque le seuil à ne pas dépasser n’est pas connu (250 μg/g pour la calprotectine fécale ?) et que, là encore, des études d’intervention sont devenues

indispensables. En ce qui concerne l’utilisation des biothérapies en pratique clinique, 2 questions se posent quotidiennement : faut-il doser les anti-TNF ? Par quelle biothérapie commencer, étant donné l’enrichissement de notre arsenal thérapeutique ? Le dosage

des anti-TNF semble intéressant en cas de non-réponse primaire, de perte de réponse secondaire et avant de réduire la posologie

de l’anti-TNF. Il n’y a pas d’indication à ce jour qui justifie de réaliser un tel dosage à chaque perfusion ou à chaque injection chez un patient qui est en rémission. Cinq biothérapies (l’infliximab, l’adalimumab,

le golimumab, le védolizumab et l’ustékinumab) peuvent actuellement être utilisées en France chez les patients atteints de MICI. Comment choisir ? Il s’agit ici d’un problème de riches qui est tout à l’avantage de nos patients. En dehors des conditions de remboursement (ces 5 molécules ont ou auront la même autorisation de mise sur le marché), il faut prendre en compte la voie d’administration (sous-cutanée ou intraveineuse), qui est importante en termes

de satisfaction et de préférence des patients alors que l’observance n’est pas influencée par ce paramètre. Il faut également prendre en compte l’efficacité et la tolérance de chaque molécule. Les études comparant ces biothérapies n’étant pas encore achevées et étant donné les limites des méta-analyses, il est important de regarder le niveau de preuve dans chaque indication. Par exemple, seuls les anti-TNF ont une efficacité démontrée dans les fistules anopérinéales, et seul l’infliximab Laurent

Peyrin-Biroulet

Service d’hépato-gastroentérologie, CHU de Nancy.

0174_LGA 174 12/09/2016 16:18:03

(2)

La Lettre de l'Hépato-gastroentérologue • Vol. XIX - n° 4 - juillet-août 2016 | 175

ÉDITORIAL

peut être utilisé en cas de poussée sévère de rectocolite hémorragique ayant conduit à une hospitalisation. Leur coût respectif, qui a été

fortement impacté par l’arrivée des biosimilaires, sera un autre paramètre à prendre en compte au moment de choisir la biothérapie

la plus adaptée à chaque patient. L’étude I-CARE, pilotée par le Groupe d’étude thérapeutique des affections inflammatoires du tube digestif et soutenue par l’European Crohn’s and Colitis Organisation, qui va inclure prospectivement près de 20 000 patients ayant une MICI à travers toute l’Europe (plus de 1 000 patients l’ont déjà été !) va nous apporter des réponses dans ce domaine en permettant une comparaison directe entre les biothérapies sur une grande base de données. Après l’étude CESAME pour les thiopurines, les résultats de l’étude I-CARE pour les biothérapies devraient également changer notre pratique. Même à l’ère des biothérapies, il ne faut pas oublier de vieux médicaments presque gratuits comme la ciclosporine ! Les données à long terme de 2 essais contrôlés (CYSIF et CONSTRUCT) n’ont pas montré de différence entre la ciclosporine et l’infliximab. Alors que faut-il faire ? En cas d’exposition préalable aux thiopurines, il faut privilégier l’infliximab. Sinon, c’est au cas par cas, sachant que le principal message à retenir pour la pratique est qu’il faut agir vite et surveiller ces patients “comme le lait sur le feu”

en prenant une décision de changement ou d’optimisation thérapeutique tous les 3 à 5 jours, si l’état général du patient le permet. En cas d’état général altéré, il faut privilégier une colectomie. La prévalence des carences nutritionnelles telles que la carence martiale est élevée chez les patients atteints de MICI. Il faut donc les dépister systématiquement, les traiter et effectuer une surveillance régulière afin de détecter une rechute précoce.

Bonne lecture !

L’auteur déclare avoir des liens d’intérêts avec MSD, Abbvie, Takeda, Janssen, Norgine, Ferring, Pfizer, Biogaran.

AVIS AUX LECTEURS

Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef.

Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (chercheurs, hospitaliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui repré- sentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier. La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double aveugle, l’implication d’un service de rédaction/révision in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef.

Notre publication répond aux critères d’exigence de la presse :

· accréditation par la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse) réservée aux revues sur abonnements,

· adhésion au SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé),

· indexation dans la base de données internationale ICMJE (International Committee of Medical Journal Editors),

· déclaration publique de liens d’intérêts demandée à nos auteurs,

· identification claire et transparente des espaces publicitaires et des publi-rédactionnels en marge des articles scientifiques.

0175_LGA 175 12/09/2016 16:18:03

Références

Documents relatifs

Une hémi colectomie gauche : résection de tout le territoire de l’artère mésentérique inférieure (2eme moitié du côlon transverse, le côlon demandant et le

Bloc fistuleux en fosse iliaque droite avec

Plusieurs études sug- gèrent qu’au-delà de la seule dispari- tion de tous les symptômes, c’est l’ob- tention d’une rémission profonde, à savoir biologique sur la foi des taux

Un score de handicap spécifique a été récemment validé et publié (Disability index) [22, 23]. Cet indice tient compte des principales préoccupations des patients porteurs de MICI

– forme multinodulaire. Les adénopathies souvent volumineuses sont présentes dans 58% des cas. 2) La tumeur carcinoïde: elle représente 15% des tumeurs malignes du grêle et

Pour ce qui concerne les sténoses bénignes du rectum et du côlon, les rares résultats publiés ne suffisent pas à se faire une opinion : on peut être tenté par la pose

• Origine liée au diabète mais sans lien avec l’atteinte diabétique digestive :. – Médicaments

• L’ETP a pour objectif d’enrichir les connaissances du patient pour lui permettre d’acquérir des compétences afin d’améliorer sa qualité de vie avec sa maladie.