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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Les héros du sport

SYLVAIN DUFRAISSE

Les héros du sport

Athlète d’État, dopage omniprésent, tutelle pesante du KGB… La liste des croyances collectives sur le sport sovié- tique est bien ancrée dans les mémoires.

Cet ouvrage, le premier en français sur ce sujet, éclaire à partir de sources inédites le processus de fabrique des champions en URSS et leurs conditions sociales d’existence. Les « héros du sport », incarnations du régime dans les stades au moment de la Guerre froide, ont été pour les Soviétiques des figures qui ont donné corps à la patrie et à ses succès. Ils eurent à démontrer par leurs performances la capacité à « rattraper et dépasser » les États capitalistes et à réaliser des « hommes nouveaux ». Loin d’une seule machine à broyer les vies, le sport s’est avéré aussi un moyen de faire partie des promus du régime.

Sylvain Dufraisse, agrégé d’histoire et docteur en histoire contemporaine de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est actuellement maître de conférences à l’université de Nantes.

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Diffusion Harmonia Mundi www.champ-vallon.com

Graphisme : Mily Cabrol.

Les héros du sport

Une histoire des champions soviétiques (années 1930-années 1980)

SYLVAIN DUFRAISSE

LA ChoSE pUbLIqUE

Champ Vallon

ISBN : 979-10-267-0775-2

APLAT_HEROS_SPORT.indd 1 21/01/19 15:03

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Les héros du sport

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collection

« lachosepublique »

dirigéeparpierreserna

Illustration de couverture :

« Les sportifs soviétiques sont la fierté de notre pays.

Pour une génération en bonne santé, heureuse, prête au travail et à la défense de la patrie socialiste ! »

Victor Koretsky, 1935.

© 2019, champvallon, 01350 ceyzérieu www.champ-vallon. com

isbn 979-10-267-0775-2

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syLVain dufraisse

Les héros du sport

une histoire des chamPions soViétiques (années 1930 - années 1980)

champ Vallon

Préface de Marie-Pierre Rey

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Préface

Marie-Pierre Rey

Que l’on ait en tête le bras levé des athlètes afro-américains aux Jeux olympiques de 1968 à Mexico, l’attentat palestinien à l’encontre de la délégation sportive israélienne en 1972 à Munich et les divers boycotts dont les Jeux ont pu faire l’objet – en novembre 1956 à Melbourne à l’heure de la crise de Suez et de l’invasion de la Hongrie, en 1976 lorsqu’il s’est agi pour plusieurs pays africains de dénoncer le régime de l’apartheid, en 1980 lorsqu’une soixantaine d’États ont interdit à leurs sportifs de se rendre à Moscou pour protester contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan puis en 1984 lorsqu’en représailles les délégations soviétiques et est-européennes (à l’exception de la délégation roumaine) ont dû renoncer à faire le voyage à Los Angeles –, force est de constater que le sport de haut niveau a rarement échappé à l’emprise du politique.

En 1896, refondant les Jeux olympiques à Athènes, Pierre de Coubertin avait en tête l’avènement d’un univers sportif pacifié et «sanctuarisé » ; mais au fil du xxe siècle et jusqu’à aujourd’hui, non seulement les sportifs ont eu du mal à rester à l’écart des vicissitudes politiques et diplomatiques de leur temps, mais plus encore, ils se sont souvent retrouvés partie prenante des tensions internationales et des rivalités idéologiques. Très tôt en effet, en faisant surgir des émotions collectives et des passions nationales, les compétitions sportives, instruments d’une guerre symbolique canalisée par des règles, ont aussi – et ce fut tout particulièrement le cas en Union soviétique – contribué à transformer les sportifs en soldats valeureux d’un pays et d’une cause à défendre et à promouvoir.

Attachée à retracer l’histoire des champions soviétiques des années 1930 à 1980, la belle étude de Sylvain Dufraisse met en avant deux éléments essentiels sur lesquels je souhaiter m’arrêter à mon tour, à savoir le rôle clef joué par le contexte international dans la naissance, l’affirmation et le développement en URSS du sport de haut niveau ; et la tutelle omniprésente qu’exerça la sphère politique sur le destin des centaines d’hommes et de

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femmes, lesquels, parvenus au sommet de la hiérarchie sportive du fait de leurs performances, furent érigés en icônes révérées du régime.

Pourtant, dans ce double cheminement, et l’ouvrage que l’on va découvrir ici en fait la brillante démonstration, rien n’alla de soi. Jusqu’à la fin des années 20, les Soviétiques – et le poème de Maïakovski raillant la sottise et la petitesse des recordmen en fait foi – affichent un mépris total pour le système sportif occidental qu’ils condamnent et rejettent. Ils le perçoivent comme la quintessence d’une société bourgeoise exécrée et ne voient dans le champion « à l’occidentale » que l’expression d’un modèle sportif individualiste et égoïste ; a contrario, ils valorisent l’idée de « culture physique de masse », parce qu’elle répond à des valeurs collectives. Toutefois, et c’est le premier signe d’une évolution notable, à partir du début des années trente, les autorités soviétiques commencent à se réconcilier avec la notion de compétition comme avec celle de performance, tandis qu’émerge la figure du « maître », défini comme un sportif généreux et altruiste opposé au recordman bourgeois tant décrié. C’est que dans cette période, et plus encore avec l’avènement de la guerre froide en 1947-1948, le regard porté sur le sport évolue parce que les impératifs du pouvoir changent : pour Staline, en effet, il ne s’agit plus seulement d’inciter à une pratique du sport et de la culture physique jugée bénéfique à la santé de la population et utile en termes de cohésion sociale et culturelle ; il faut désormais à l’extérieur des frontières soviétiques faire l’imparable démonstration que le modèle socialiste incarne l’avenir. D’où, à l’heure de la guerre froide comme ensuite au temps de la coexistence pacifique puis de la détente, la transformation des sportifs en combattants, engagés dans cette guerre des modèles qui bat alors son plein entre l’Est et l’Ouest.

Toutefois, et ce n’est pas là le moindre des paradoxes, si durant le stalinisme, le sport soviétique se construit contre le sport occidental dont il conteste l’essence et refuse les valeurs, dans le même temps, il va largement s’en inspirer voire se former à son contact pour comprendre les clefs de son succès et chercher à le surpasser. Quelques contacts se nouent dès les années trente entre sportifs soviétiques et occidentaux mais c’est véritablement à partir des années 1944-1945, puis après guerre, que des rencontres prennent place entre des équipes soviétiques et occidentales. Dès lors, et alors que la guerre froide s’installe, les compétitions sportives remplissent une double fonction. Elles constituent d’abord des observatoires, permettant aux Soviétiques d’acquérir des informations et des données destinées à améliorer la préparation et les performances physiques de leurs athlètes. Mais elles constituent aussi autant d’occasions d’affrontement entre les corps et les idéologies et dans ce schéma, l’affront, la défaite humiliante, les écarts de conduite, les comportements inadéquats sont traqués comme autant d’insultes à la patrie soviétique. De là, comme le souligne bien Sylvain Dufraisse, un

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jeu d’équilibre fragile entre d’un côté, le désir de s’ouvrir au savoir et aux pratiques des Occidentaux et d’être intégré au système international et, de l’autre, la crainte d’échouer dans ces compétitions et de ne pas réussir à faire la démonstration de la supériorité du régime socialiste.

Dès 1934, afin de mener à bien la « fabrication « de ses élites sportives, le pouvoir se prononce pour une totale réorganisation du système sportif qui doit hisser les champions vers les sommets internationaux mais en réalité, et l’ouvrage le démontre, les années trente sont encore caractérisées par bien des tâtonnements et une très grande diversité des statuts et des trajectoires et ce n’est qu’en 1945 que s’implantent, sur l’ensemble du territoire soviétique, les premières pépinières destinées aux enfants repérés comme particulièrement doués. En parallèle, la fin des années trente et l’immédiat après-Seconde Guerre mondiale voient apparaître non seulement la codification des entraînements et du régime imposé aux sportifs « amateurs » mais aussi les premières gratifications, les récompenses, les salaires confortables et les titres prestigieux concédés aux « sportmen ». Ces derniers, désormais, appartiennent au panthéon soviétique : ils incarnent des êtres nourris de valeurs collectives, généreux, ouverts aux autres mais exigeants envers eux-mêmes, disciplinés, adeptes de l’effort jusqu’au dépassement de soi, courageux défenseurs de la patrie durant la Seconde Guerre mondiale et moralement irréprochables.

L’avènement de la coexistence pacifique khrouchtchévienne renforce encore le rôle du sport au plan international ; ce dernier devient le lieu privilégié de la compétition mais aussi de la coopération Est-Ouest au fur et à mesure que l’élite sportive, appelée à voyager à l’extérieur des frontières, s’ouvre au monde. Mais cette ouverture appelle des contreparties bien décrites dans l’ouvrage : la prise en charge des athlètes soviétiques se perfectionne tandis qu’ils sont de plus en plus préparés voire conditionnés « à l’épreuve de l’étranger ». Des normes comportementales très strictes leur sont imposées, dans des détails qui prêtent d’ailleurs à sourire et rien n’est anodin. Les sportifs sont en effet considérés comme des ambassadeurs à part entière du régime auxquels il en coûte de déroger aux règles édictées tant l’Occident se montre à l’affût du moindre de leurs faux pas, dans une impitoyable guerre de propagande bien illustrée par l’affaire des chapeaux à Londres en août 1956.

C’est aussi dans cette période khrouchtchévienne que se développent le sport spectacle et le phénomène de starisation de certains champions. Désormais adulés, ils font l’objet d’une véritable ferveur populaire. Les plus accomplis des athlètes excellent dans leur spécialité sportive comme dans leur parcours professionnel. C’est tout particulièrement le cas de l’haltérophile Iuri Vlassov qui, dans les années cinquante-soixante, fait figure de nouveau « bogatyr » et d’intellectuel au brillant parcours universitaire avant de devenir « l’homme le plus fort au monde ». Larissa Latynina parvient elle aussi à concilier

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entraînement et études, de même que les sœurs Press, toutes deux ingénieurs.

Toutefois, à côté de ces icônes irréprochables, le système engendre aussi des étoiles éphémères et bientôt déchues, des stars aux prises avec des scandales et des errances. Ainsi du jeune footballeur Streltsov qui, ayant sombré dans l’alcool et la débauche, devient l’incarnation du « parasitisme social ».

Ces cas de chute sont finalement peu nombreux eu égard à la pression croissante qui pèse sur les sportifs. Les années cinquante puis soixante leur imposent en effet un régime drastique qui ne laisse guère de place à la fantaisie, à l’écart, à l’improvisation ; tout est désormais sous contrôle : le rythme des entraînements, le sommeil, la nourriture, les loisirs, la vie sociale, et c’est peut-être cette ascèse imposée aux corps comme aux esprits qui se trouve à l’origine des phénomènes de rejets étudiés par Sylvain Dufraisse.

Dans les derniers chapitres de l’ouvrage, l’auteur décrit avec talent l’apogée de la machine rouge, soit la période qui va du milieu des années soixante au début des années quatre-vingt. Loin de constituer une période de stagnation selon l’expression trop hâtivement employée pour qualifier les années Brejnev, elle coïncide sur le plan sportif avec une explosion des échanges, une course à la puissance et un contrôle moral encore plus resserré qu’à l’heure khrouchtchévienne. Époustouflants, les résultats sont au rendez-vous. Mais ces performances, jugées surréelles par l’Occident, commencent à nourrir des soupçons : la question de la virilisation des athlètes féminines soviétiques devient un des lieux communs des années soixante et les accusations de dopage font leur apparition dans la presse occidentale, alors même que dès 1971 les autorités centrales soviétiques mettent précisément en place un programme sévère de lutte antidopage.

Icônes et vitrines du régime, les sportifs soviétiques ne sont pas toujours accueillis avec bienveillance à l’étranger et certains sont même victimes de violences verbales voire physiques ; a contrario quelques-uns choisissent de faire défection et de passer à l’Ouest mais ils seront très peu nombreux car les autorités soviétiques sont parvenues à créer un lien privilégié avec leurs élites sportives. Dans ce lien très fort, le facteur social a certes joué un rôle clef : nombre de ces sportifs, d’origine extrêmement modeste, ne durent leur réussite qu’au statut social que le régime soviétique fut en mesure de leur offrir. Mais peut-être faut-il voir aussi, dans ce lien privilégié, une autre clef d’explication livrée dans la fin de l’ouvrage. On y voit se perfectionner non seulement le régime sportif proprement dit mais aussi l’ampleur de la formation politique, historique et culturelle dispensée aux athlètes. En dépassant les stricts contours du sport, cette formation ne pouvait que les conduire à se sentir partie intégrante d’un système pygmalion qui les transforma, tour à tour, en ambassadeurs, combattants, stars pour le cinéma et la télévision, et pour les plus chanceux d’entre eux, en icônes mémorielles.

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Au total, Sylvain Dufraisse signe ici une magnifique étude qui apporte beaucoup non seulement bien sûr, à l’histoire sociétale de l’Union soviétique et à l’histoire du sport en général, mais aussi à l’histoire des relations internationales, des représentations et des imaginaires politico-sociaux à l’heure de la rivalité Est-Ouest.

Marie-Pierre Rey

université Paris i Panthéon sorbonne.

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introduction

lesfiguresimposées :

les « batailles », leshéros, lesmythes

Le sport soviétique fait encore aujourd’hui l’objet d’une véritable fascination. il véhicule toute une série de fantasmes, de moments épiques et de figures héroïques réactivés régulièrement à l’occasion du calendrier sportif, qui participent à la fabrication d’une mytholo- gie chamarrée autour de son élite sportive. ces éléments constituent des sortes de « buttes-témoins d’un autre âge1 » qui rappellent la glo- rieuse époque du sport soviétique, tout autant qu’ils sont des filtres, voire des écrans dans l’appréhension de l’évolution de l’élite sportive d’urss et qu’ils figent ses représentations autour de personnalités, de situations et d’événements.

Les champions rouges conservent en effet une grande popularité.

ils agissent comme un foyer d’identification des russes à l’urss et sont les témoignages vivants d’une grandeur passée. dans la résur- rection du sport russe à l’international depuis la première élection de Vladimir Poutine, le sport d’élite se construit sur le prestige sportif soviétique. cette première forme de résurgence s’est révélée durant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver organisés à sotchi le 7 février 2014, lors de laquelle les références à la culture populaire soviétique étaient constantes, dans un spectacle mâtiné de « sovietostalgie2 ». cette cérémonie grandiose ouvrait un événe- ment dont l’objectif était de montrer la puissance retrouvée de la russie ; elle donne l’occasion à quelques gloires des sports d’hiver

1. nora Pierre, « entre mémoire et histoire, la problématique des lieux », in nora Pierre (dir.), Les Lieux de mémoire, I. La République, Paris, Gallimard, 1984, p. XXiV.

2. oushakine serguei, « “We’re nostalgic but we’re not crazy” : retrofitting the Past in russia », The Russian Review, 66, 2007, p. 451-482.

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de l’urss précédemment héroïsées, toujours mobilisées, de figurer en bonne place. La patineuse de vitesse Lidija Pavlovna skoblikova, le hockeyeur Vladislav aleksandrovitch tretjak et la patineuse artis- tique irina Konstantinovna rodnina ont ainsi l’occasion de porter le drapeau olympique et d’allumer la flamme olympique, liant le passé soviétique au présent russe. Leur présence montre la pérennité des fi- gures sportives soviétiques dans l’espace médiatique actuel. Profitant de leur popularité toujours réelle pour en faire bénéficier les partis qu’ils représentent et leur assurer un soutien populaire, de nombreux anciens champions, dont tretjak et rodnina, ont entamé une carrière politique et sont devenus députés à la douma1. d’autres formes de résurgences comme les films consacrés aux champions confirment cette vogue constante. depuis le grand succès de Legenda n° 17 sur le champion de hockey Valerij harlamov réalisé par nikolaj Lebedev et sorti en 2013, de nombreux autres biopics ont été réalisés ou sont en cours de réalisation, et dressent les portraits romancés du hockeyeur Vjatcheslav fetisov ou du lutteur ivan maximovitch Poddubny2.

au-delà de la popularité et de la célébrité de quelques-uns, le sportsman soviétique et ses représentations appartiennent au « monde de l’homme soviétique » et restent attachés à cette période3. L’art contemporain s’est emparé également de cette figure. Les mosaïques d’ol’ga soldatova s’appuient ainsi sur l’esthétique des affiches, les citant et les reproduisant, et mettent en scène des champions olym- piques, des athlètes et des patineuses. entre 1998 et 2008, les photo- graphies de Valerij Katsuba proposent dans une série de clichés des citations nombreuses de toutes les œuvres d’art russe et soviétique portant sur la culture physique. Les auteurs Ludmila oulitskaja et Boris akounine incluent eux aussi des héros sportifs à leurs récits et jouent alors avec les codes soviétiques, en évoquant les récits associés à ces personnalités ou leurs régimes de vie et les différences sociales qui en résultaient4.

La figure des héros sportifs s’est aussi inscrite dans une série de

« batailles », d’épreuves, de moments épiques qui cristallisent l’atten-

1. tetrault-farber Gabrielle, « a Glimpse into russia’s star-studded duma », The Moscow Times, 7 octobre 2014. (disponible en ligne : http ://www.themoscowtimes.com/

news/article/a-glimpse-into-russia-s-star-studded-state-duma/508592.html, page consultée le 4 janvier 2015).

2. azarov anton, Slava, moscou : Pimanov i partnëry, 2015. 205’. un documentaire américain porte sur ce même hockeyeur. Polsky Gabe, Red Army, Los angeles : Gabriel Polsky productions, 2014. 84’.

3. Vajl’ Petr, Genis aleksandr, 60-e mir soveckogo čeloveka, moscou, 1996, nLo, 369 p.

4. akunin Boris, Špionskij Roman [roman d’espionnage], moscou, astrel’, 2005, 397 p. ; oulitskaïa Liudmila, Médée et ses enfants, trad. sophie Benech, Paris, Gallimard, 1998, p. 113-116.

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tion des mémorialistes, donnant lieu à une pléthore d’articles et de monographies qui ressassent et revisitent les mêmes matchs et les mêmes faits d’armes, offrant une légende noire et une légende dorée des sportifs soviétiques, ainsi que des repères évidents : le « match de la mort », les frères starostin au Goulag, la piscine rouge de sang contre les hongrois à melbourne en 1956, la déchéance de strel’tsov, les superséries de 1972… ces repères, dont certains ont été construits à l’époque soviétique ou dans l’ambiance de la Guerre froide, soit de manière officielle, soit dans les cercles de supporters, connaissent dans les médias et les mentalités russes et occidentales contemporaines une fortune particulière. ils favorisent certains sports ; le football y tient une place démesurée. divers traits de l’élite sportive soviétique s’y illustrent : l’individu face à la machine étatique et sa capacité de résis- tance, le patriotisme des sportifs et leur incroyable ténacité ou leur caractère mécanique et leur brutalité. sur le versant le plus sombre de ces histoires, souvent dans les pays occidentaux, s’égrènent aussi les souvenirs de la Guerre froide dont les scories tenaces polluent encore les représentations : dopage organisé et institutionnalisé, violence des entraîneurs dont certains seraient allés jusqu’à mettre enceintes leurs jeunes athlètes pour le bien de la compétition, utilisation des corps jusqu’à l’épuisement, entraînements insupportables… ces récits, quels qu’ils soient, participent, dès lors, à figer l’histoire du sport de l’europe de l’est communiste en une mythologie étouffante. mais ils montrent également combien les athlètes aux « pointes rouges », les haltérophiles herculéens et les gymnastes aux lignes pures ont été des figures marquantes de la seconde moitié du xxe siècle. L’aura des

« héros du sport » soviétiques a dépassé les enceintes des stades.

cet ouvrage a pour objectif de constituer la genèse de l’élite spor- tive soviétique et de répondre à la question suivante : comment les sportsmen d’urss sont-ils parvenus à devenir l’incarnation de la su- perpuissance et, en union soviétique, un foyer d’identification aux succès du régime ?

ce processus débute au milieu des années 1930, moment où émerge l’élite sportive, dans un contexte de centralisation du mouvement sportif, d’héroïsation des individus et de début d’internationalisation.

ce tournant manifeste constitue la première borne chronologique de l’étude. il permet d’ores et déjà de montrer que l’apparition de l’élite sportive en urss n’est pas le résultat de la Guerre froide, que des ins- titutions, des pratiques se structurent dès la seconde moitié des an- nées 1930. cette étude se poursuit jusqu’au début des années 1980.

il s’agit de ne pas s’abstraire de la chronologie politique intérieure de l’urss qui agit nettement sur la formation de l’élite sportive, mais davantage de la lier aux chronologies parallèles, celle des relations

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internationales, de la Guerre froide, du mouvement olympique, dont les événements et les scansions temporelles influencent les institu- tions et les pratiques soviétiques, ainsi qu’à une temporalité plus longue, celle de l’histoire sociale. Le début des années 1980 paraît être un autre moment de rupture : il constituera la borne finale de cet ouvrage. L’organisation des Jeux olympiques à moscou s’avère un moment de gloire ; les victoires sont nombreuses ; l’urss a réussi à démontrer sa capacité d’organisation et a accueilli des milliers de visiteurs malgré le boycottage d’une partie des pays occidentaux.

derrière cet apparent succès, plusieurs éléments montrent toutefois les limites du modèle de formation d’athlètes tel qu’il a jusque-là été conçu. Les campagnes à l’étranger se multiplient pour dénoncer les dérives du monde sportif soviétique (dopage, exploitation des corps, professionnalisme larvé). Le monde sportif soviétique est confronté aux évolutions du mouvement olympique et aux réformes du cio, ainsi qu’au poids croissant des états-unis dans les institutions spor- tives internationales. en urss, le sport de haut niveau ne semble plus si attractif pour la population.

des années 1930 aux années 1980, un autre dilemme retient l’at- tention des autorités sportives, des journalistes, des représentants des organes politiques en urss : comment faire pour que les athlètes pro- duits ne deviennent pas des caricatures des champions bourgeois si décriés ? La tension entre, d’une part, l’adhésion au système sportif in- ternational, à la course aux records et ses principes, et, d’autre part, le besoin d’affirmer une figure alternative d’athlètes, pèse sur la fabrique de l’élite sportive. de nombreux travaux avaient déjà mis en exergue le rôle majeur des sportifs dans la diplomatie culturelle soviétique du- rant la Guerre froide. Pour paraphraser l’historien russe mihajl Prozu- menchtchikov, le « grand sport » serait alors devenu l’objet de « grande politique »1. Peu d’historiens s’étaient cependant interrogés sur les conséquences sociales et économiques d’une telle implication et sur la manière dont les champions victorieux contre les états-unis avaient été formés. ma démarche vise à comprendre comment l’urss s’est mise à produire une nuée de champions alors que la russie impériale n’avait qu’une faible tradition sportive. dès lors, il a semblé nécessaire de s’éloigner de l’ensemble de mythes qui obturaient l’appréhension de ce groupe social et qui donnaient des explications rapides et sim- plistes aux succès soviétiques. il est apparu essentiel de ne pas croire non plus à la seule éclosion de purs talents, résultat d’une transforma- tion anthropologique rapide et de l’apparition d’« hommes nouveaux ».

1. Prozumenŝikov mihajl, Bol’šoi sport i Bol’saâ politika [Le grand sport et la grande politique], moscou, rosspen, 2004.

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dynamiquesdunsystèmesportif :

étapes, acteurs, luttes

L’histoire du sport et de la culture physique soviétique connaît un renouveau réel depuis une dizaine d’années1. en urss et dans la rus- sie contemporaine, jusqu’à une période très récente, elle fut l’apanage des instituts de culture physique et servait à légitimer une conception soviétique de l’éducation physique et du sport. dans les pays occi- dentaux, les publications avaient jusque-là été marquées par le rôle de la diplomatie et des performances sportives dans la Guerre froide et par la perception que les occidentaux avaient de la puissance sovié- tique. elles louaient alors un système sportif produisant à partir de la masse une élite formidable ; elles en disséquaient les performances ou en contestaient les méthodes. L’ouverture des archives et l’inté- rêt accru pour l’histoire du sport ont permis de dépasser ces postu- lats, de s’intéresser davantage aux modes d’organisation du sport en

urss, au spectacle sportif et aux espaces de loisirs, à la pratique de la culture physique, ainsi qu’à ses représentations2. ces travaux récents ont permis également de mieux réinscrire les individus dans la pra- tique de la culture physique et du sport et de montrer la pluralité des acteurs à l’œuvre dans la définition d’une politique sportive et dans son application.

La formation de sportifs d’élite comme leur valorisation relèvent ainsi d’une politique qui a été loin de faire l’unanimité dans les débuts

1. emeliantseva ekaterina, « russian sport and the challenges of its recent historiography », Journal of Sport History, 38/3, 2011, p. 361-372 ; Katzer nikolaus, « soviet Physical culture and sport, a european Legacy ? », in tomlinson alan, young christopher, holt richard (ed.), Sport and the Transformation of Modern Europe, States, Media and Markets, 1950-2010, oxon, routledge, 2011, p. 18-34 ; rohdewald stefan, « Von der schaffung des menschen zum sieg des “neuen menschen” im Weltsport ? », in malz arié, rohdewald

stefan, Wiederkehr stefan (dir.), Sport zwischen Ost und West, osnäbruck, fibre Verlag, 2007, p. 327-347.

2. Parmi les ouvrages marquants : edelman robert, Serious fun : a History of Spectator Sport in the USSR, new york, oxford university Press, 1993 ; Levent nina, Healthy Spirit in a Healthy Body : Representations of the Sports Body in Soviet Art of the 1920s and 1930s, frankfurt/

main, Peter Lang, 2004 ; Keys Barbara, Globalizing Sport : national Rivalry and International Community in the 1930s, cambridge, harvard university Press, 2006 ; o’mahony mike, Sport in the USSR, Physical Culture-Visual Culture, Londres, reaktion Books, 2006 ; edelman

robert, Spartak Moscow, a History of the People’s Team in the Workers’ State, ithaca/London, cornell university Press, 2009 ; Katzer nikolaus, sandra Budy, alexandra Köhring, manfred Zeller (dir.), Euphoria and Exhaustion, Modern Sport in Soviet Culture and Society, campus Verlag, frankfurt/ new york, 2010 ; Grant susan, Physical Culture and Sport in Soviet Society, Propaganda, Acculturation and Transformation in the 1920s and 1930s, new york/

Londres, routledge, 2013.

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de l’union soviétique. La culture physique, promue par le régime né des révolutions de 1917, est jusqu’à la fin des années 1920 une nébu- leuse, assez plastique, remodelée en fonction des inflexions politiques et des équilibres successifs entre organisation de jeunesse (Kom- somol), parti, ministères et unions professionnelles, entre groupes d’avant-garde comme le Prolet’kult1, les mouvements hygiénistes et les collectifs plus traditionnels, entre demandes locales et objectifs inter- nationaux. dans l’espace soviétique, au cours des années 1920, la pro- motion de la culture physique demeure mal coordonnée. Les instances administratives se succèdent. de 1917 à 1922, les activités physiques sont prises en charge par le Vsevobuch (Vseobchchee Voennoe Obutchenie, agence centrale de préparation militaire). en 1922, l’union pansovié- tique pour la culture physique rouge est chargée de coordonner les politiques en matière d’activité physique. elle est remplacée en 1923 par le conseil suprême de culture physique, rattaché au comité exé- cutif central du parti communiste. mais cette dernière institution reste faible et paralysée par les tensions entre les différents acteurs chargés des activités physiques. Les représentants qui y siègent promeuvent ainsi des pratiques parfois contradictoires : volonté d’une révolution totale des activités physiques, préparation militaire, moyen d’améliorer la santé de tous et d’éloigner la population des fléaux sociaux, refus de la compétition, opposition à l’égard des champions, développement de cercles de pratiques sportives dans les usines, souhait de promouvoir un « sport pour tous ». ce foisonnement est source de conflits, en parti- culier entre le Komsomol et les unions professionnelles. cette période est également marquée par l’essor des compétitions et par la revivifica- tion de pratiques comme le catch, le football ou les courses de chevaux.

Les débats sont alors vifs entre les tenants des différentes tendances et les projets s’affrontent dans la presse et les instances administratives2.

À l’étranger, les soviétiques développent une forme d’internatio- nalisme sportif. L’internationale rouge du sport (irs), créée en 1921, constitue la première structure chargée d’unifier le sport soviétique et les fédérations ouvrières. cette institution, dépendant du Komin- tern, a pour but de constituer un contrepoids aux organisations spor- tives bourgeoises et socialistes (comme l’internationale sportive de Lucerne), de propager le communisme parmi les sportifs ouvriers, et devient le support d’une multiplication des échanges entre athlètes.

L’irs reste cependant une organisation marginale, sans beaucoup

1. Le Prolet’kult est une organisation artistique qui vise à développer une culture pro- prement prolétarienne et projette de rénover les activités physiques.

2. Grant susan, Body politics, Body Politics : the Development of Soviet Physical Culture in the 1920s and 1930s, Ph. d. sous la direction de Judith devlin, université de dublin, 2009, p. 30-32.

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d’argent, piètrement organisée, dont les orientations contreviennent à celles développées par l’administration sportive soviétique. enfin, les athlètes soviétiques n’y trouvent pas d’adversaires à leur hauteur.

son rôle s’atténue et l’irs est finalement dissoute en 19371.

Les acteurs du monde sportif conservent une certaine autonomie durant les années 1920. L’immixtion du parti dans ces questions est progressive ; elle est parallèle à la constitution d’une administration propre aux questions sportives. Le 13 juillet 1925, une résolution du parti propose une définition idéologique et consensuelle de ce que doit être le rôle et les fonctions de la culture physique. celle-ci a une ambition totale : hygiéniste, militaire, éducative et politique. elle doit servir à entraîner, éduquer et unir les « masses ». cette résolution vise également à clarifier le rôle de chacun des acteurs dans le mouvement de culture physique mais elle n’est pas suivie d’effets. Les difficultés de contrôle, les tensions entre les acteurs du monde sportif et le suc- cès mitigé de réforme des activités physiques constituent autant de prétextes justifiant une intervention plus ferme du parti. en 1929 le comité central du parti publie un décret qui insiste sur la nécessité de donner un nouvel essor au mouvement de culture physique. un an plus tard, le 3 avril 1930, la nouvelle perspective se traduit par la mise en place d’une administration, le conseil pansoviétique de culture physique, dotée d’un pouvoir de contrôle plus puissant sur le mouvement sportif, d’un rôle de coordination plus actif, ainsi que par une orientation plus claire vers les « masses »2. c’est alors que se développe en urss une administration centralisée du sport, chargée de la mise en œuvre d’une politique publique des activités physiques.

La centralisation est encore renforcée le 21 juin 1936 avec la trans- formation du conseil en comité pansoviétique de culture physique et de sports, disposant des pouvoirs d’un commissariat du peuple et s’appuyant sur une pyramide de comités locaux.

toutefois, le mouvement sportif soviétique est loin d’être monoli- thique et, à côté de l’administration de la culture physique, au parti et au Komsomol ainsi qu’à leurs antennes locales respectives, d’autres institutions importantes apparaissent. Les équipes et les cercles de culture physique se fédèrent au sein de puissantes « sociétés spor- tives volontaires », sur le modèle du Dinamo, fondé par le ministère de l’intérieur en 1923, ou du cdKa, club des forces armées, fondé en 19283. ces sociétés sportives se forment à partir de 1935. Parmi elles,

1. Gounot andré, Die Rote Sportinternationale 1921-1937. Kommunistische Massenpolitik im europäischen Arbeitersport, münster, Lit Verlag, 2002.

2. Grant susan, Body politics, op. cit., p. 30-38.

3. Le cdKa est devenu le cdsa de 1951 à 1957, le csKmo de 1957 à 1960, enfin le

cska de 1960 à 1994.

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InTRODUCTIOn

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le Lokomotiv rassemble les employés des transports ferroviaires ; le Spartak, ceux des services de distribution et de commercialisation ; le Zenit, ceux des industries de haute technologie ; le Burevestnik, les étu- diants et les professeurs des universités…1 elles constituent des agents importants du monde sportif soviétique, disposent de fonds propres, financent leurs équipes et leurs infrastructures et sont soutenues par des patrons puissants, membres ou proches des cercles dirigeants. il est donc essentiel de tenir compte des luttes, des tensions, des négo- ciations entre ces différentes institutions dans le processus de forma- tion de l’élite sportive soviétique et dans le façonnage des champions.

dufaçonnagedescorps :

lelaboratoiredunemodernitésportive ?

dans un ouvrage fortement marqué par une analyse totalitariste de la société soviétique, Lucian Boia développe un argument qui lie sport et homme nouveau. afin de démontrer la révolution anthro- pologique à l’œuvre, les dirigeants soviétiques auraient favorisé l’émergence des champions, illustrant « la naissance d’un nouveau type humain, plus robuste et plus performant », « preuve évidente d’une forme de supériorité sur la société capitaliste2 ». or, christophe charle a démontré que cette tendance n’était aucunement réservée à l’union soviétique. L’après-Première Guerre mondiale se caracté- rise en europe par une diffusion plus large de la pratique sportive, par une massification des publics, par une professionnalisation des activités, par la popularisation de disciplines phares dans lesquelles se singularisent des vedettes sportives, hommes nouveaux, exhibant un corps musclé, bronzé et endurant, défendant leur identité face à d’autres groupes locaux ou nationaux. dans les années 1920 et 1930, remarque-t-il, le sport moderne rend possible l’impossible : la réus- site dès la jeunesse, la récompense immédiate de l’épreuve, la gloire fulgurante de son vivant3. Le sport propose alors des héros modernes,

1. hromov n. i., « dobrobolvolnye sportivnye obšestva », Bolŝaâ sovetskaâ ènciklopedia, moscou, Gosudarstvennyj institut « sovetskaâ ènciklopedia », 3e édition ; Zuev V.n. « Èvolûciâ organov gosudarstvennoj vlasti v sfere upravleniâ fizičeskoj kul’turoj i sportom v načale XX-ogo veka i v sovetskoj periode » [L’évolution des organes de pouvoir gouvernemental dans la sphère de l’administration de la culture physique et du sport au début du xxe siècle et durant la période soviétique], teoriâ i praktika fizičeskoj kul’tury, 2004, 3.

2. Boia Lucian, La Mythologie scientifique du communisme, Paradigme, caen, p. 140-141.

3. charle christophe, Discordances des temps, une brève histoire de la modernité, Paris, armand colin, 2011, p. 361-364.

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InTRODUCTIOn

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jeunes, qui permettent de vivre par procuration des expériences aux limites des possibilités physiques. en urss, la question de la promo- tion de ces figures a été d’abord vivement dénoncée au début des années 1920, en particulier par les tenants d’une vision utopiste du Proletkul’t ou par les hygiénistes1. malgré tout, les célébrités sportives existent et commencent à séduire les foules par leurs performances.

elles obtiennent une reconnaissance institutionnelle à partir de 1934 au moment où s’amorce la valorisation par le pouvoir d’individualités (aviateurs, ouvriers, paysans, officiers, marins) qui « favorise [nt] le développement de l’état en accomplissant une action méritoire. » La promotion des champions sportifs s’inscrit dans une tendance plus globale de légitimation culturelle, concomitante de la formation de l’état soviétique.

« Les héros pouvaient constituer de nouveaux modèles, ils for- maient un groupe sur lequel on pouvait compter, qu’on n’hésitait pas à mobiliser et surtout ils étaient en chair et en os, la représentation visible que la dictature du prolétariat n’était pas la prise du pouvoir par des éléments les plus grossiers du peuple, mais par les “meilleurs fils du peuple »2 ».

au-delà de la seule promotion de figures, l’union soviétique se ca- ractérise par un investissement précoce dans la formation d’athlètes de haut niveau, par le développement d’une administration chargée de sélectionner, parfaire, valoriser les corps sportifs, de planifier et de contrôler les performances et d’innover en matière de techniques.

c’est une véritable ingénierie sportive qui se développe autour des meilleures équipes et qui mobilise entraîneurs, diététiciens, physio- logues, biomécaniciens et psychologues. hors d’urss, le rythme de la professionnalisation, des interventions fédérales ou des inflexions politiques varie en fonction des sports. À l’inverse, le cas soviétique se singularise par une gestion précocement centralisée des modes de préparation, des gratifications symboliques et des conditions d’emploi et de rétribution. Les conseils et comités successifs dirigeant le mou- vement sportif tentent de déterminer des institutions et des cadres pour l’ensemble des sports pratiqués, justifiant alors une approche de l’élite sportive dans son ensemble et non pas sport par sport.

enfin, l’étude de ce secteur de l’action publique, la culture phy- sique et le sport, se révèle particulièrement féconde et riche, tant pour aborder l’histoire de l’urss que celle du sport. La quantité d’archives

1. Les hygiénistes veulent utiliser la culture physique pour développer l’hygiène et pré- server la santé de la population.

2. montlibert catherine de, « Les héros de l’union soviétique : de l’idéal à la remise en cause partielle », Regards sociologiques, 6, 1993, p. 30-31.

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InTRODUCTIOn

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conservées (consultées aux archives d’état de la fédération de rus- sie, aux archives nationales russes d’histoire politique et sociale, aux archives nationales russes d’histoire contemporaine, aux archives municipales de moscou ou aux archives centrales d’état de saint- Pétersbourg) et leur accès ouvert jusqu’à la période très contempo- raine (le début des années 1990) permettent, ce qui est exceptionnel, d’appréhender la continuité de l’action d’un état dans ce domaine.

La masse des données conservées, la « civilisation du rapport1 » et la pluralité des échelles d’analyse et des angles (médico-scientifique, politique, organisationnel, disciplinaire, ego-documents) rendent possible l’analyse d’une « politique des corps » à l’échelle individuelle, permettent de l’incarner dans des femmes et des hommes et de cer- ner les effets immédiats des jeux de normes et de règles à l’œuvre.

Les trois premiers chapitres de cet ouvrage portent sur la période qui court du milieu des années 1930 jusqu’en 1952. L’union sovié- tique participe à cette date aux Jeux olympiques à helsinki et entre de manière triomphale dans l’arène mondiale. mais cette victoire mo- rale n’est que l’aboutissement d’une profonde mutation du monde sportif soviétique, liée à une centralisation plus forte et à un contrôle plus net des autorités politiques sur ce domaine, comme à l’essor de l’importance des compétitions dans les relations entre pays. ces deux tendances accentuent le rôle des athlètes de haut niveau. elles entraînent la nécessité de produire et de définir une élite de sports- men. comment les athlètes soviétiques se sont-ils rapprochés du sport bourgeois ? comment se sont-ils inspirés de leurs pratiques et com- ment les ont-ils captées ? comment l’administration centrale du sport cherche-t-elle à structurer le collectif des meilleurs athlètes en les dif- férenciant des autres pratiquants ? comment la figure du sportsman idéal se construit-elle ? telles sont les questions qui structureront la réflexion des trois premiers chapitres.

Les trois chapitres suivants (4, 5 et 6) abordent la période de 1952 au mitan des années 1960. ils inscriront l’élite sportive, désormais délimitée, dans les nouveaux enjeux auxquels est confrontée la socié- té soviétique : la Guerre froide culturelle, le dégel et la mobilisation khrouchtchévienne. comment les sportsmen réagissent-ils à l’ouver- ture à l’étranger favorisée par l’entrée de l’urss aux Jeux olympiques, puis par Khrouchtchev ? quelles en sont les conséquences sur leur statut et leurs conditions de vie ? comment l’émergence de célébrités sportives, voire d’idoles, est-elle vécue en urss ? comment, puisque

1. moullec Gaël, Werth nicolas, Rapports secrets soviétiques, 1921-1991, Paris, Gallimard, 1994, p. 14.

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InTRODUCTIOn

le sport tient une place importante dans l’affirmation de la supériorité de la patrie, se définit un « régime sportif », impliquant une rationali- sation des existences ?

Les trois derniers chapitres (7, 8 et 9) couvrent la période de 1964 à 1980, moment où l’élite sportive connaît son plus haut niveau de puissance et acquiert une reconnaissance internationale. Les trois décennies précédentes ont contribué à l’instituer, à construire une série de dispositifs et de structures qui ont permis de faire des sports- men une incarnation de la suprématie soviétique. ces trois chapitres analyseront comment et par quels moyens l’élite sportive soviétique tente de maintenir sa force et son aura. comment tient-elle son rôle de vitrine, de courtier et de symbole de la suprématie soviétique ? comment, face à la concurrence des états-unis et de nouveaux pays, comme aux contraintes qui en découlent, les autorités sportives et politiques raffermissent-elles encore le régime sportif ? comment, au moment où la pratique d’élite tend à se distinguer nettement de la pratique de masse, parviennent-elles à faire du sportif d’élite le sym- bole de la réussite de tout un chacun ?

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avertissement

Pour faciliter la lecture de l’ouvrage, lorsqu’il s’agit de toponymes ou de noms de famille de dirigeants politiques, j’ai choisi de conserver la transcription usuelle fran- çaise : Khrouchtchev, staline, Brejnev, donetsk, tchoukotka, tcheliabinsk etc. J’ai francisé les noms de lieux et de personnages mentionnés dans le corps du texte. au contraire, ces mêmes noms figurent en translittération selon la norme iso 9 : 1995 dans les appels de note et la bibliographie1.

on trouvera ci-après la translittération en caractères latins dans le corps du texte.

caractère cyrillique translittération

ë ë

ж zh

й j

с s

у u

ф f

х h

ц ts

ч tch

ш sh

щ chtch

ы y

э è

ю ju

я ja

ь

ъ ‘‘

1. Pour la citation des archives russes : f. (fonds d’archives), inv. (inventaire), d. (dos- sier), l. (page, abrégé l.)

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listedesacronymesutilisés

ccsos, Tsentral’nyj sovet sojuza sportivnyh obchtchestv i organizacij, conseil central de l’union des organisations et des sociétés sportives

cdKa, Tsentral’nyj dom krasnoj armii, maison centrale de l’armée rouge

cdsa, Tsentral’nyj dom sovetskij armii, maison centrale de l’armée soviétique

ciK, Tsentral’nyj ispolnitel’nij komitet, comité central exécutif

csKa, Tsentral’nyj sportivnij klub armii, club sportif central de l’armée

csdf, Tsentral’naja studija dokumental’nyh fil’mov, studio central du cinéma documen- taire

dosaaf, Dobrovolnoe obchtchestvo sodejstvija armija, aviacii i flotu, société volontaire d’assistance de l’armée, de l’aviation et de la flotte.

dso, Dobrovolnoe Sportivnye Obchtchestva, sociétés sportives volontaires

dJussh, Detsko-Junosheskoj Sportivnoj Shkole, école sportive pour la jeunesse et pour les enfants

osoaViaKhim, Obchtchestvo sodejstvija oborone, aviatsionnomu i himitcheskomu stroi- tel’stvu, société d’assistance à la défense et l’action aéronautique et chimique

omsBon, Otdel’naja motostrelkovaja brigada osobogo naznatchenija, Brigade motorisée spéciale.

Pcus, Parti communiste de l’union soviétique

rKP (b), Rossijskaja kommunistitcheskaja partija (bol’shevikov), Parti communiste de russie (bolchevique)

rsfsr, Rossijskaja sovetskaja federativnaja socialistitcheskaja respublika, république so- cialiste fédérative soviétique de russie

rss, république socialiste soviétique

ssr, Sovetskaja Socialistitcheskaja Respublika, république socialiste soviétique

VKP (b), Vsesojuznaja kommunistitcheskaja partija (bol’shevikov), Parti communiste pansoviétique (bolchevique)

VLKsm, Vsesoijuznyj Leninskij Kommunistitcheskij Sojuz Molodëzhi, union pansovié- tique léniniste et communiste de la jeunesse (appelée également Komsomol). ses membres seront désignés comme des komsomols.

VcsPs, Vsesoijuznyj tsentral’nyj sovet professional’nyh soijuzov, conseil central d’urss des unions professionnelles.

VuZ, Vyschtche utchebnoe zavedenie, établissements d’enseignement supérieur.

VVs-mVo, Voenno-vozdushnye sily Moskovskogo Voennogo okruga, forces de l’armée de l’air du district militaire de moscou.

Pour plus de commodité dans la lecture et afin d’éviter l’usage de trop nombreux acronymes, j’ai conservé l’appellation cscP (comité suprême de culture physique) pour qualifier les différentes institutions successives, chargées de l’éducation physique et du sport en urss. entre 1959 et 1968, la gestion de ces questions est assurée par le conseil central de l’union des sociétés et des organisations sportives d’urss. J’utilise- rai alors l’acronyme ccsos (Central’nyj sovet sojuza sportivnyh obchtchestv i organizatsij

SSSR).

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27 ProLoGue

« Quels Champions nous faut-il ? »

Débats sur l’élite sportive à la fin des années 1920

du 12 au 24 août 1928, les spartakiades regroupent à moscou des délégations issues des fédérations sportives ouvrières euro- péennes et même d’uruguay, ainsi que de nombreux soviétiques1. elles constituent une formidable tribune des succès du pays. Pre- mier événement sportif international d’envergure en terre sovié- tique, elles apparaissent comme un contrepied au sport « bourgeois » dont l’événement majeur, les Jeux olympiques, se tient aux mêmes dates à amsterdam. en s’assurant une forte participation des spor- tifs sociaux-démocrates (venus principalement d’allemagne), en les mobilisant pour des visites d’usines, de logements ouvriers, de crèches, d’écoles et d’hôpitaux modèles, il s’agit de donner à voir la modernité soviétique et d’attirer vers l’internationale rouge du sport (irs). Pourtant, l’influence de l’ouest sur l’urss est patente.

Bien que certains éléments de la culture physique d’avant-garde aient été intégrés au programme comme la grande fête populaire (massovoe guljan’ie) sur les monts Lénine, le programme est sem- blable à celui des Jeux olympiques2. La manière de concourir suit les mêmes principes : compétition entre individus et rivalité entre territoires3. La comparaison en matière d’organisation et de per- formances s’avère alors possible. elle est d’autant plus favorisée

1. Gounot andré, « Les spartakiades internationales, manifestations sportives et politique du communisme », Cahiers d’histoire, revue d’histoire critique, 2002, 88, p. 60- 63 ; Gounot andré, « entre exigences révolutionnaires et nécessités diplomatiques : les rapports du sport soviétique avec le sport ouvrier et le sport bourgeois en europe, 1920- 1937 », in arnaud Pierre, riordan James (dir.), Sport et relations internationales (1900-1941).

Les démocraties face au fascisme et au nazisme, Paris, L’harmattan, 1998, p. 255.

2. Grant susan, Body Politics : the Development of Soviet Physical Culture in the 1920s and 1930s, op. cit., p. 271.

3. sunik aleksandr, Očerki otečestvennoj istoriografii istorii fizičeskoj kul’tury i sporta [essais sur l’historiographie contemporaine de l’histoire de la culture physique et du sport], moscou, izdatel’stvo sovetskij sport, 2010, p. 408.

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PROLOGUE

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que l’on compte de nombreux envoyés spéciaux de la presse « bour- geoise »1.

Les athlètes d’urss, qui dominent les épreuves, sont érigés en preuve vivante des progrès accomplis dans tous les secteurs sociaux2. ainsi, la figure du champion soviétique se révèle aux yeux des par- ticipants étrangers3. rosette Guérard, dirigeante du mouvement sportif ouvrier français, est fascinée par marija shamanova dont elle avait admiré les prestations lors de sa venue à Paris en août 1926.

en union soviétique, les spartakiades donnent lieu à de vifs débats au cours desquels la question du sport d’élite se pose4. Le champion devient une préoccupation qui cristallise les tensions inhérentes au mouvement sportif soviétique, les oppositions institutionnelles, les théories et les pratiques développées tout au long des années 1920.

La période de la neP a en effet vu refleurir le spectacle sportif et émerger des célébrités sportives. dans un contexte, mondial et local, de diffusion du sport-spectacle et d’appropriation du sport de com- pétition, le modèle du champion occidental agit comme un repous- soir mais également comme un moteur dans la constitution d’une définition d’un champion « à la soviétique » 5.

lacritiquedesdérivesbourgeoises :

ladénonciationdecertainesformesdélitismesportif

avant tout, l’élite sportive apparaît dans le débat sur la culture physique pour être dénoncée. Le champion, les sportifs profession- nels sont considérés comme des résidus « bourgeois » qui nuisent à la bonne marche du mouvement de culture physique et à sa pleine réalisation.

1. Gounot andré, « entre exigences révolutionnaires et nécessités diplomatiques. Les rapports du sport soviétique avec le sport ouvrier et bourgeois en europe, 1920-1937 », art. cit., p. 267.

2. Gounot andré, « Les spartakiades internationales, manifestations sportives et politiques du communisme », art. cit., p. 63.

3. deschamps yannick, Les Athlètes soviétiques sous le regard des français, mémoire de master 2 sous la direction de Philippe Poirrier et de françois-Xavier nérard, université de Bourgogne, 2012, p. 111.

4. sunik aleksandr, Očerki otečestvennoj istoriografij istorii fizičeskoj kul’tury i sporta [essais sur l’historiographie contemporaine de l’histoire de la culture physique et du sport], op. cit., p. 416.

5. Gounot andré, « Le sport travailliste européen et la fizkul’tura soviétique : critiques et appropriations du modèle « bourgeois » de compétition (1893-1939), Cahiers d’histoire, revue d’histoire critique, 120, 2013, p. 33.

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PROLOGUE

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maïakovski, dans un poème écrit à l’occasion des spartakiades, Tovarishi, pospor’te o krasnom sporte ! [camarades, discutons du sport rouge !],expose ces dérives. trois figures de sportifs y apparaissent comme des repoussoirs : l’haltérophile, le boxeur, le footballeur. ils permettent de définir ce que n’est pas le « sportif rouge » : à savoir un athlète qui ne se consacre qu’à sa pratique sportive, en négligeant tout le reste. Les principes opposés à ceux que tente de défendre la culture physique se lisent déjà : le sport qui spécialise, qui produit des corps hypertrophiés, qui détourne du collectif. maïakovski dénonce tout au- tant l’affairisme qui ronge le monde sportif. Le poème se conclut par les injonctions suivantes : « Le recordiste sans cervelle ne nous est pas indispensable / nous avons besoin de masses de sportifs en action ».

ce texte fait écho aux articles publiés au même moment dans fiz- kul’tura i Sport [La culture physique et le sport]. comme eux, il dé- nonce les maux du sport et les confronte avec l’idéal de la culture phy- sique. comme eux, il dit, en caricaturant, ce qu’est devenu le monde sportif soviétique de la fin des années 1920. L’élite sportive existe déjà ; elle est liée au spectacle sportif devenu de plus en plus populaire du- rant la période de la neP. Le choix des sports réalisé par maïakovski n’est pas anodin. L’haltérophilie, la boxe, le football mais aussi la lutte connaissent un vif succès dès la fin du xixe siècle et durant le début du

xxe siècle dans la russie impériale puis en urss1. ils sont les premiers sports où s’illustrent des célébrités, les premiers à incarner le spectacle sportif2. La boxe, la lutte, le football comme l’escrime impliquent aussi l’esprit de compétition, aspect vivement dénoncé par les hygiénistes3. alors que ces disciplines connaissent déjà des formes de profession- nalisme, ce thème est l’objet de discussions âpres entre razenko et ittin, deux représentants du conseil central d’urss des unions profes- sionnelles (VcsPs) au cscP4. Les débats qui les opposent s’affichent dans la presse. constatant que le spectacle sportif connaît un grand succès et que les cercles de culture physique n’attirent pas le monde es- compté, ittin cherche des moyens pour massifier la pratique du sport.

un meilleur jeu peut augmenter l’intérêt pour le sport et attirer davan- tage de monde dans les cercles, l’organisation de base de la culture physique. razenko s’oppose vivement à ces idées qu’il raye d’un trait

1. edelman robert, Serious fun : a History of Spectator Sport in the USSR, new york, oxford university Press, 1993, p. 9-41, p. 27-37 ; mcreynolds Louise, Russia at Play, Leisure Activities at the End of the Tsarist Era, ithaca/London, cornell university Press, 2003, p. 76- 142 ; Hmelnitskaâ Irina B., Sportivnye obŝestva i dosug v stoličnom gorode nachala XX veka : Peterburg i Moskva, Moscou, Novyi hronograf, 2011, 335 p.

2. mcreynolds Louise, op. cit., p. 77, p. 87-90.

3. riordan James, Sport in the Soviet Society, London, cambridge university Press, 1977, p. 101.

4. Komsomol’skaâ Pravda, 10 janvier 1930.

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PROLOGUE

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de plume. selon lui, deux tendances s’affrontent : celle qui suit la po- sition révolutionnaire et vise une diffusion de la culture physique et sa massification, servant ainsi la construction socialiste ; celle qui met l’accent sur l’individualisme, sur le professionnalisme et l’amélioration du soi, exprimant les idéaux des vieux sportsmen. Le professionnalisme y est considéré comme une trace de l’influence bourgeoise dans le mouvement de culture physique et est donc vivement condamné.

La quête du record est considérée comme une autre dérive bourgeoise du sport soviétique. e. Kaplan, secrétaire de l’internationale rouge du sport, s’oppose vivement au rekordmenstvo1. définie comme l’aspiration aux résultats maximum dans les compétitions, elle ne permet pas d’atti- rer les masses à la culture physique, d’en améliorer leur santé et apparaît comme un des principes fondateurs du sport bourgeois.

L’actualité de cette question au lendemain des spartakiades sou- ligne l’ambiguïté de la culture physique en construction et la difficulté d’articuler objectifs intérieurs et rayonnement extérieur. si théorique- ment la quête du record est proscrite, car elle présuppose l’individua- lisme et ne permet pas d’éduquer dans l’esprit de solidarité de classe, elle a cours lors des compétitions d’athlétisme en urss tout au long des années 19202. elle est à la base de l’organisation de la Première spartakiade internationale où quatre-vingts records d’union sovié- tique auraient été battus3. elle permet de mesurer par des chiffres les progrès réalisés et permet la comparaison avec l’adversaire4.

Les contraintes extérieures (utilisation du sport pour renforcer le prestige du pays) et les limites intérieures (faible diffusion de la culture physique) ont toutefois pour conséquence l’acceptation pro- gressive du sport de compétition, avec comme corollaire celle de l’élite sportive, composée des meilleurs sportifs de leur discipline.

accommodements :

verslacceptationdelélitesportive

Les années 1921-1929 constituent une période matricielle pour la définition de la culture physique5. alors que les avant-gardes artis-

1. Kaplan e., « Protiv rekordsmenstva, za kollektivizm », fizkul’tura i Sport, 44, 1928, p. 2.

2. Velikie Duèli, moscou, fizkul’tura i sport, 1974, p. 35-39.

3. Dinamo, ènciklopediâ, moscou, olma-Press, 2003, p. 138.

4. article de L’Humanité « Performance », carnet de rosette Guérard p. 66. Gounot

andré, « entre exigences révolutionnaires et nécessités diplomatiques. Les rapports du sport soviétique avec le sport ouvrier et bourgeois en europe, 1920-1937 », art. cit., p. 266.

5. riordan James, Sport in the Soviet Society, op. cit., p. 82.

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