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Submitted on 13 Apr 2018
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Le groupe d’appui pédagogique Une alternative dans la formation des enseignants
Jean-Claude Mouton, Christine Felix
To cite this version:
Jean-Claude Mouton, Christine Felix. Le groupe d’appui pédagogique Une alternative dans la forma-
tion des enseignants. Diversité : ville école intégration, CNDP, 2014, 177, pp.42-49. �hal-01766532�
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Le groupe d’appui pédagogique
Une alternative dans la formation des enseignants
Jean-Claude MOUTON Christine FÉLIX
Il s’agira ici de montrer comment un regroupement de professionnels, dont la constitution repose sur une démarche volontaire d’associer la formation à la recherche, un « milieu de recherche associé à un milieu de travail » (Oddone, Rey, Briante, 1981), est conduit, à partir d’une fonction de formation de formateurs, à produire des ressources pour la formation et à contribuer à la production de connaissances relatives à l'évolution de la professionnalité enseignante.
Introduction
Au moment où la formation des enseignants connaît à la fois une reconstruction et une restructuration, avec notamment la mise en place des ÉSPÉ, les conditions d’une professionnalisation efficace se posent en formation initiale, mais aussi celles « d’une véritable formation continue », comme le recommande la Commission européenne dans son rapport du 28 mai 2014
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C’est dans ce contexte que cette présentation vise à rendre compte de l’expérience d’un groupe de professionnels, des enseignants exerçant en zone d’éducation prioritaire, associé à une équipe de recherche depuis 2006 et constitué dans le but, à la fois, de produire des ressources pour les enseignants débutants et de devenir pour ses membres des intervenants potentiels dans la formation continue des personnels. Il s’agira de montrer comment cette collaboration pourrait contribuer, du moins en partie, à la conception et à la mise en œuvre de nouvelles modalités de formation professionnelle telles que prescrites par la refondation de la formation aux métiers de l’enseignement, de l’éducation et de formation.
Formé aux outils de l’analyse du travail par les chercheurs de l’équipe ERGAPE
2, ce groupe d’appui pédagogique (GAP) composé d’enseignants expérimentés est progressivement amené à exercer une poly-activité ; d’abord en tant qu’enseignants exerçant en établissements scolaires dits « difficiles », puis en tant que tuteurs ou formateurs de terrain, intervenant aussi bien dans leur propre établissement au moment de l’accueil des stagiaires que dans d’autres établissements de l’académie pour assurer diverses formations.
Genèse du GAP et étapes de son développement
Dès la rentrée 2006, une politique éducative qui se veut « positive » et « ambitieuse » décide d’augmenter les moyens alloués aux établissements scolaires qui concentrent les plus grandes difficultés. C’est ainsi, par exemple, que 1 000 professeurs et 3 000 assistants pédagogiques vont être affectés dans les établissements sensibles et qu’il est explicitement attendu de ce recrutement une aide à la création et la mise en œuvre de projets et d’outils supposés prévenir la difficulté scolaire, ou la prendre en charge lorsqu’elle est avérée. Ces
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Étude de la Commission européenne intitulée « Comment rendre le métier d’enseignant plus attractif ? ».
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ERGAPE : Ergonomie de l’activité des professionnels de l’éducation.
2 professeurs référents doivent également favoriser une plus grande concertation entre les personnels de l’éducation, aider à structurer les équipes pédagogiques et développer l’accompagnement à la formation des jeunes enseignants.
La fonction de ces « nouveaux professeurs » est ainsi partagée entre un service d’enseignement, des interventions pédagogiques effectuées dans une pluralité de dispositifs d’aide (PPRE
3, groupes de besoins, aide au travail personnel, accompagnement pédagogique des élèves en rupture, etc.) et des animations d’équipes, notamment autour de questions telles que la liaison avec les écoles du réseau d’éducation prioritaire ou la coordination des différents dispositifs, ou bien l’aide et les conseils en direction des professeurs demandeurs, l’accompagnement des néotitulaires, etc.
La diversité de ces missions prescrites – et dont la liste ici est loin d’être exhaustive – oblige les professionnels à une prise en compte de dimensions transversales de leur activité qui, si elles existent depuis toujours au sein des classes « ordinaires », n’ont jamais véritablement été identifiées jusqu’alors comme des éléments significatifs du métier, requérant une expertise particulière (Félix, Saujat, Combes, 2012). Par ailleurs, cette nouvelle division du travail entre les différents partenaires ne va pas sans poser des problèmes de tous ordres aux professionnels de l’éducation : Comment se restructurent les divers collectifs de travail au sein des établissements en éducation prioritaire ? Autour de quelles activités actuelles ou redéfinies par les acteurs ? Comment ces derniers s’emparent-ils des prescriptions et qu’en font-ils pour organiser leur travail et celui des élèves ? (Félix, Saujat, 2012). Des questions d’autant plus cruciales que l’invention des objectifs à atteindre comme des moyens d’y parvenir reste à la charge de ces professionnels. En effet, il n’est pas besoin d’une longue argumentation pour comprendre que la défaillance, à la fois d’un genre professionnel (Clot, Faïta, 2000) – ici due à des transformations importantes du métier et de ses ressources – et d’une organisation du travail qui place les professionnels dans des situations inextricables, n’offre pas à ces derniers la possibilité de mobiliser des règles communes et connues du métier. Les professeurs, comme les assistants pédagogiques par ailleurs, sont alors contraints de trouver en eux-mêmes les ressources dont ils ne peuvent disposer à partir de l’activité des autres.
Toutes ces raisons nous ont conduits à nous intéresser, en tant qu’équipe de recherche, à l’activité des débutants dans ces nouveaux espaces de travail où le travail coopératif, supposé parvenir à améliorer des objectifs de performance, d’efficacité et de qualité, permettrait de développer une compétence collective centrée sur la participation des personnes plus que sur la « seule innovation technologique ou l’acquisition de modèles extérieurs » (Ré, 2006, p. 56).
Une commande de l’institution
L’existence du GAP relève donc d’une initiative locale, issue d’une rencontre en juin 2006 entre des cadres supérieurs de l’Éducation nationale (IA-IPR
4) et des enseignants- chercheurs, membres de l’équipe de recherche ERGAPE, dans le but de constituer un collectif de travail associant des professionnels à des chercheurs en vue d’accompagner les équipes éducatives dans la mise en œuvre de la politique de relance de l’éducation prioritaire.
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PPRE : Programme Personnalisé de Réussite Educative.
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