Cltés
'-r t 1
lrnti()sopnie ilniitiq uc
l-{ i
s§n ire
64 20r5
Directeur Yves Charles Zarka
Politi UES
La normalisation compruble internatizndle :
delEtat
dedroit au droit
sansI'Etat'
YvoNNE Murrsn-l-e.cenor
Longtemps demeurée confidentielle
et
réservée à quelques. experts, la normal-isatiàn comptableinternationale est
devenueobjet du
discours politique à la suite de l'adopdon parlacommission
européenne, en2A02,àu réfërertiel
comptableinternational produit par un
organisme privé ;elle alimentera, à la suite de la crise financière de 2008, une doctrine hos- tile accusant les normes comptables internationales d'avoir amplifié la crise
et
accéléré sa propagation'.La promotion
de ces normes, soudainement portées,rr.*ü,
desàébats politiques internationaux, notamment ceux duG20,
^permis de dépasser làur caiactère technique_Pour s'interroger sur les
.royurr.-..
etvaleuri
qu'elles véhiculent â11nom d'un
certain ordre jusyd.Hissées par certains aü
r"rg
de u bien collectifr » ou de o bien communs,,
définies par d'autres
.omr*
n objet régalien6,
les normes comptables sont1. L. Cohen-Tanugi, Le Droit sans lEtai Paris, Pui 2007.
2. D. Martpau.t È Mot*d, Normes comptables et risefnancière, Prapositions poar ane-.reformc du rystàme dz iégatation comptable, Rapport àu Ministre dz l'écottamie,
*
l'Industrie et*
lÛmploi,1 3 octobre 2009, p. 20.
3. Lexpression esr empruntée à A. Supiot, in Homo juidicus. Essai sur k fonaion anthropolo' gique du droit,Paris, Seuil, 2005, p. 265'
"
' 4. C. Hoarau er R. tlter, IFÀS : u Les normes comptables du nouvel ordre économique glo- bil, ", Comptabilité, Contôh, Audit,200713, p. 13 sq.5. A. Iiurlaud et B. Colasse, Réponse aux iommenraires sur o Normalisation comptable interna- tionale : le retour du politique ? ", Comptabilité, Conttôle, Audit, tomeXll{'t, déc. 2011, p.
ll5
sq.,spéc.
'
6,^E. Chiapello et K. Medjad, p.122. n Une privatisation inédite de la norme: le cas de la politique comptable européenne ", Sociologie dæ traaai[, vol.49, janvier-mars 2007 , p- 46.Cit* 64, Paris, pur, 201 5
65
Lawrnalisatin umpwbb intmatimalt:
ù tÉatdedrcit a*dnitwxl'Éat hrnnt Malln-Lagailt
Dosbr Politiqws da capial
désormais présentées, à travers
l'information
qu elles véhiculent, commeparticipani d'une compétition
intellectuelle mondialevisant à infuen-
ôer, à1rr't.r.
deschoix
stratégiques,Ie fonctionnement de
l'économie mondiale'.Peu investie par lâ
doctrine juridique,
lacritique
de Ianormalisation compmble intèrnationale nourrit porrtant les réflexions, dans
une économie globalisée,sur la muratiôn du droit qui s'inscrit, de
façonplus globale,
darrsune mutation profonde
des sociétés occidentales àntréàsdepuis la deuxième moitiè du xx'siècle et
sousl'effet de ia mondialisation,
dansl'ère de
cequ'il
estconvenu d'appeler, le
post-modernisme. Ce mouvement, théorisé notamment dans
l'ouvrage de Jean-FrançoisLyotard La
Condition post-moderne{1979), annon-
..r*i. la sortie du monde moderne qui-a
placé,depuis
lestraités
de lVestphalie duxvlt'
siècle,l'État
au centre du système p-olitique etjuri- diqué.
Caractériséepar
l'émergenced'une nouvelle forme d'organi- sation politique globale, l'ère post-moderne emPorte une
remise en caused;
laconception traditionnelle
deI'Etat
et bouleverse sarelation
audroit,
modeléË dans le conceptd'État
dedroit. Celui-ci
postuleun Ét*t .orrrtruit
par ledroit qu'il
édicte mais aussiqui
lelimite. Il
renvoieà
un
ordrejuridique
hiérarchisé, expression de la souveraineté étatique,tel
que systématisé par Hans Kelsenu.Désormais,
la
société post-modernes'inscrit
dansun
espace géogra-phique diffus et dominé par le
pluralismejuridique tel que l'a
exposé Sanii Romanoe ; parce quel'État
est relayé, supPlanté o$encore concurrencé dans laproduction
du droit,o, celui-ci neproêde
plus exclusivement de la,o,rr.r"in.té
législative de lanation"
révélantun
éclatement de lanotion
d'intérêt général. Replacer le processus de normalisation comPtable inter-nationalelntre
ce dàuble phênomène de pluralismejuridique"
et d'écla- tement de lanotion d'intéiêt
général Peut, nous semble-t-il, contribuer à7. J-F. Lepetit, u Proposirion de réforme du dispositif français de normalisation comptable ,,
6 avril2007, p. 1-4.
8. H. Kelsen, 7héarie pare du droit (1934), trad. de la2' éd., 1962.
9 . L'Ardre juridique, Paris, Dalloz, 197 5 .
10. J. Che;aili rr, L'Éut pott-*aderne, Paris, LGDJ, 4' éd., 2A14, p' 124.
1 1. À. Supiot, Homo juridiau, op. cit., p' 27 .
12. S. Koit, o Le concept de sysième juridico-comptable à l'épreuve de la normalisation inter- nationale ,, in \. Muller-ügarde' (dîr.), Normalisatioi mmptable, Aaualités et enjeux, Thomson Reuters, 2A14, p. 39.
faire émerger une nouvelle évolution en
lien
avec la responsabilité sociale des entreprises.NORMÀLISÂTION COMPTÀBLE INTËRNÂTIONÂLE ET PLURALISME JURiDIQUE
Les normes comptables internationales (IFRS pour International
Financial Reporting Standards)ont pour objectif
de permettre, à travers le monde, lacompatibilité
et la comparabilité deI'information
financière diffirsée par les grandes entreprises sur les marchés financiers. Elles sont appliquées, àcelour,
dans1i8
paysdont
les États membres del'Union
européenne, représentant plusde97
o/o duproduit
intérieur brut mondial.Si elles ont vocation à s'appliquer, en
priorité,
eux comptes consolidés desentreprises transnationales
qui
agissentsur
les marchés internationaux, des processus de convergence avec les comptesindividuels
des sociétés et les comptes publics, relevant naturellement des législations nationales,ont
été lancés marquant une stratégie d'expansion sans précédent.La normalisation d'un
réferentiel comptable àvocation mondiale
et marquéd'une
grandetechnicité, ne pouvait être le produit d'un
seulEtat
incapablede
dépasser l'obstacle des souverainetés étatiqueset
de leurs intérêts divergents. Aussi, dès les années 7960, émerge,à
travers les congrèsinternationâux et
lespublications
professionnelleset
acadé- miques, une recherche de normes comptables capables defournir
un lan- gagecommun
dans le champ de l'économie mondiale.Lharmonisation
comptable æntée par la Commission européenne dans les années L970, etinitiée
dans le cadre plus large d'une harmonisation dudroit
de socié- tés va échouer, celle-ciétant
incapablede
dépasser les divergences desÉtats-membres
et,
précisément,l'ôpposition
êntrele
systèmejuridique
anglo-saxonet le
systèmejuridique continental'r.
Léchec européen va laisser place aux initiatives particulièrement dynamiques de ia profession comptable. Parce que dans les pays dedroit
continental comme la France, lacomptabilité
est marquée par l'emprise étatique, à travers notâmment les premières planifications,l'initiative
viendra d'Angleterre où la culturejuridique,
dominéepar la
CommonLaw,
permet de penserla loi
sansl'Etar.
Précisément, dès larévolution
industrielle, le gouvernement laisse13. M.Pébereau(dir.),RapporrAFEP-MEDEF,,,Renforcerleprocessusd'adoptiondesnormes comptabies internationales : un enjeu stratégique pour I'Union européenne ,, juillet 2A13, p. 5.
67
Itnonrukation conpwblt inttmatianale :
ù lEatdz droit ru dnitsaru I'Etat Yrome Mulbr-lagardt
$:
E:,.:
lt)i:
à l'entreprise le soin de déterminer
l'information
financière àfournir
auxactionniires.
Se développe alorsun
réseau entre les associations p.o.f..-- sionnelles comptables[,ri ptoporenr
defournir
des normes de q_ualité,orientées vets lês besoins des giandes sociétésta. Dans ce contexte,
Henry
Benson, a§sociédu cabinet coopers
and Lybrand,fonde en 1973
avec les associations professionnelles de plusieurs pâys,un
organismep-'!!:
l'International
Àccouruting Standard Cammittee(IASC),
devenu en 2001Y International
Accountiig
Standard Board(IASB),
aux Êns de rêpondre, sousla
pression de l'économie globale, àla
demandede
normesinter-
nationales. C'est à cemoment
que se dessinent les grandes lignes de lacomptabilité qui vont
marquer la normalisation mondiale.Tiès rapidement, prenant acte de son
échecdans
I'harmonisation comptable,la Commission
européenne déclare dansune
communica-don-(2000)
confier celle-ci àl'IÂsc.
Adopréesparla commission
dansun
règlement de2\a2,t,
les normes deI'IASC
deviennenr obligatoires à toutes les sociétés cotées européennes àpartir
de Z0A5 entraînant une vâgue d'adhésions similaires dànsle monde, notamment par
les pays développés.Danl-
le champ ouvert de la mondialisation, l'action de I'IASB
va s'exercer,.n
nar[e
des États, maisconjointement
avec d'autres acteurs politiques ou privés comme l'Organisation des Nations unies(ONU)
oui'Orgàir"rion
de coopération etd-e développementéconomique(OCDE)'
Le piocessus de normalisation comptable internationale est donc moins le rèsultat d'une stratégied'éviction d"t Ét"t.
par le normalisateur privé, que l'expression d'uneiransformation
dudroit,
marquée-par une complé-Àentariié
complexe desdifférenrs
acteurset
modes derégulation ; il
parricipe
, .n .êlr, d'un
mouvemenr plus _globalde
régulation*ansn*-
Uonaliprlalr'6, illustrant
le passage dun État
régulateur au capitalisme régulatËurnullement
spécifique àl" co*ptabilité comme.le montre
laré[ulation d'inrerner,
del'environnement,
de la sécurité alimentaire ou.r".or.
de la propriétéindustrielle.
Mais ce déplacement des solrces dudroir
versdeipouvoirs
privés économiques replace la question de la sou- veraineté,., àru
dela
régulation par ledroit.
Partagée, fragmentée, la souveraineté estremis" .rr-.rtrr. .i pot.
inévitablementla
question de14. §ÿ. Petec u Le rôle de l'information financière dans le monde anglo-saxon '' in Ia
Comptabilirë anglo-saxonfte, Paris, La Découverte, 20Û8.
15. Règlement (CE) n" rcA6DO02 du 16 juillet 2002.
16. C.-Fabrizio, u Les nouveaux londements de la régula:ion transnationale privée r, in Reaae internaTiouale de droit économique ll2Û13 (t. )O§fil), p. 129 sq.
'ê
t
*:*
î
Doairr lolin4aa du uprn)
:.
.:..
la lé.gitimité
du
processus de régulation et, au-delà, de la déterminarion deI'intérêt
généralqui
la fonde.NORMALISATION COMPTÂBLE INTERNATIONALE ET LÂ RECHERCHE DE L'INTÉAÊT CÉNÉRAL-
, outre le
pluralisme.juridique, la mondialisation
se caractérise éga-lement
par-une financiarisarion de l'économie et, prus,pe.irr.-.rr, â,,
processusd'accumularion du capiral qui aurait cànduii à la
ugr*à.
déformation , de l'entreprise ,rrnrrrrrionale,, ; le dévelofpement
d.esmarchés financiers a, en ef[er, rendu l'accès au capital
ptu, i"pid. .. piu.
simplq
via demultiples insüumenrs
financiersptu, Ju ;oi,,, ,oph'irti-
qués. Partant, le régime de croissance de l'.nmeprise est désormais fondé moins sur les investissements productifsque.u.i.,
investissements finan_ciers.
cette révolution
financière aconduit
au nouveau paradigmed"ia
valeur financière que les dirigeants
doivent
maximiser, audétriment
de la.valeur productive. cette_p_osition, formalisée par la théorie de l,agence développée par Jensenet Meckling
dans les arinéesûiA:" conduir
àprivilégier, à trav.ers le
mouvem.rrü.
corporaîe gouernance,un
mode de gouvernance de I'entreprisequi privilégii la
relà'tion de l,actionnaire etdu
manager au détrimenr de àe[ê du*""rrg.,
er du salarie'r.riae.togi.
finalcière
portée par l'économiemondirrirëe marqu. l, do*irration du
capitalisme anglo-américain,
tel qu'il
émerge dans'les années 19g0, par opposirion au.capitalisme rhé.nan, pour r.pr.rrd-re ladistincrion
propoiée parMichel
Â-lbert.ce
capitalisme donne en
effetprimauté aux marchés financiers, c'est-à-direaui
investisseursqui ,.pr.rir..r,
le contrôle de la gouvernance des entreprisesr'.or
parceq"'elte
est issue d,organisations professionnelles de culrureanglo-ùxonne
er yise à satisfaire ies besoinsd'informations
financièresdei
grandes sociétéssur
les marchésmon-
diaux, la normalisation comptable internationale.rt .l"ir.À.nt
orientée vers le. capitali.sme financier.o*m.
entémoign. l, p;ii,lq;.
comptableî.p?ré.., par l'lASC,
dans son cadreconcepüer aei lysi. que àit-it i
Globalement que
l'informarion
Ênancière .,rise àaur"ir,1n priorité,
la17-. " lfu1eçgsnce de I'entreprise-marchandise ,, Reuue de droit du trauail,2010, p. 22.
18. Entrerien avec O. Favereau et A. Hatchuel, n Managemen, ., ni""a"ri*rior. D., .rrrr._
rrises "déformées"
", Cadres-Cfdt, n" 445-446. septembre 20-1 1, p. 1 1.
19' B' Colasse, u La vision de l'entreprise et'de sa gôuvernânce comme enjeu de la normali- ,arion comptable internationale ", Conueitions, IHEf , oitobre 2012.
I"anomwliwtinn compublt internationtb:
ùlfaùùotr
atdraitnu l'Éwt Y,onnt Mal.ltr-l-agardt
Dasirr Poüaques du tapital
meilleure information
aux inyestisseursaân de
les aiderà
prendre des décisions économiquesmais
ausside juger la
gesdon des dirigeants.Autrement dit,
lacômptabilité
est destinée àfournir
une évaluation dela situation
financière et de la performance de I'entreprise. Centrée sur la valeur de l'entreprise, cette approche s'oppose à I'approche condnen- tale plusjuridique et patrimoniale et, surtout
partenariale car destinée à rendre descomptet
àut.
diversité d'utilisateurs. Lechoix du
modèle anglo-saxon détermine ainsila
représentation de l'entreprise présentée commeun actif qu'il convient
de valoriseret non
pasune institution
appelée à prendre des décisions économiques. Cette philosophie comp- tà6le
conduit
àl'adoption
de méthodes comptâbles sur lesquell€s se sont cristallisées,notamment
aprèsla
crisede 2008,
lescritiques- Il
s'agitprincipalement
dei'évaluaiion
des actifset
passifs à lajuste
va;leur,{fair ialue)';
ce[e-ci est fondée soit sur lesprix
des marchés, soit sur des valeurs modélisées en l'absence de marché acti{. La juste valeurdoit
permettred'obtenir
des valeurs comptables prochesde la réalité
économique et traduire la richesse propre âe I'entreprise. EIIe est préferée à la méthodetraditionnelle
(que le cadre conceptuel n écarte pas) d'évaluation au coût historiquequi
consiste à enregistrer des éléments à la valeur d'origine.Ti'ès
vite,
les normes internationalessont
accuséesde
véhiculer unevision
actionnariale de l'entrepriseet d'êue
les « instrumentsdu
capita-lisme
financier2,». Dans
cesconditions, la
décisionde la
Commission européenne de déléguer la normalisation comptable à un simple organisme prir,e devient une aFaire politique. En 2\A3,Jacques Chirac, président de la République, écrit à Romano Prodi, président de la Commission euro- péenàe, pourlui
demander de ne pas approuver les normes internationalesiur
les instruments ânanciers et de revoir le rôle de la Commission dans le processus de normalisation. La crise de 2008 va raviver les critiquesqui
dénoncent I'abandon parl'Union
européenne de sa souveraineté. Celle-ci va réagir dès2013,
avec la volonté de renforcerle
rôle deI'Union
euro- péenne dans le processus de normalisation comPtable".C'est admettre que la normalisation comptable internationale, appuyée
sur une
régulation post-moderne détachéede la
souveraineté étatique, souffred'un
déficit delégitimité. S'il
estdifficile
de la puiser dans la mise en place d'un processus d?mocratique, elle pourrait en revanche venird'un
20. M. Capron (dk.), Les Normes comptables internationales, instruments du capitalismefinancier, . Paris, La Découverte,2005.
21. Maystadt Report, Should IFRS standards be more n European , ?, octobre 2013.
,rt.il:.1::!:itlii .,',:,J!t-il#
.:::;:ii.t:jiiit;i
autre âcteur
de la
régulationmondiale'
l'entreprise trânsnationale elle- même avec le*our.À.rrt
de la responsabilité sociale de l'entreprise.LA RECHERCHE D'UNE LÉGITIMITÉ PN'OCÉOUNETP
Dans la régulation post-moderne,.le
droit
teLd à puiser sa légitimité dans laprocédur."p", lrq,r.lle il
estproduit,
ensollicitant
le dialogue avec lesdeirinataire,
à. l, ,,à.*..
Lalégitimité
procéduralepourrait
alors annon- cer l'ère des n démocraties dialogiques'2'. Cela explique sansdoute
querour
âulong
de son histoire,I'IASC
va procéder, parfois sous la pression de la commlssion européenne, à des modifications de sa gouvernânce auxfins
d'associer davantage les parties Prenântes.Le
normalisateur n hésitep", Jo*
àemprunter"rur
.rtégories juridiq_uesde.l'État ((pour
asseoirly*boliq,r.*.Â, ,, légitimité folitiqueD,. Lune
desmodifications
les ol,rs impàrtantes est la-transformation, en 2001, deI'IASC
en fondation, iafondâtion
IFRS dotée d'uneconstitution
plusieurs fois révisée depuis.Sa gouvernance, détachée ainsi_de la profession comptable, est assurée. par
deJTrrrtra qui
veillent àl'application
de laconstitution,
tandis que l'éla-boration des'normes.rt.otfié.
au bureau(IASB).
Suivra la création de nouveaux organes de supervision et de consultation. De même et à l'instardu
modèlei.
go,.rr.rrrànced. l'Union europfelle
mais.aussi de nom- breuses organisa-tions non gouvernementales, 1'IASB a développé aufil
des années unË procéd.rr.,t*nîr.disée
d'élabôration des normes {due process)q,ri .o-pr.àd d.r
phases de discussionet
de consultation, ainsi.qu'uneér"lurtioï
postérieüre de la norme. Parallèlement,l'intérêt
des politiques européenspo,rr l"
normalisation comptable va s'affirmer franchement àparr; de
iOO6"t
conduireà
associei les parlementairesà
la procédure à,adoption des normes comptables. En ce sens,l'(Jnion
européenn: so.u- mer; contribution
financière àla fondation
IFRS'4 àun contrôle
des objectifs poursuivis par celle-ci et detout
changementqui
seraitintroduit
dans le cadre conceptuel".
22. G. Timsit, u La régulation. La notion et le phénomèn e ", Reuue îançaise d'adminkîation publiqae,2004,p.5 sq.
'
Zi.t.
Zæuoinoo,o La normaiisation mmptable internationale se fait-elle réellement en marge du dççi1n, iruY. Muller-Lagarde (dir.), Normalisation comptables. ,Actualitâ et enieux, op. cit., p' 23 sq'24. Règlement (UE) préc., §17 et §24.
25. y. ftuller-lagild;, " Les enjeux de ia révision du cadre conceptuel du normalisateur comp- table internatio oal ", Droit drs sociétés, 2A75, p- 6.
'71
Ia rurma$:ation conPwblt intmntionalt:
fut)Ewtùdruit au*oitsaalBat YwnrcMulln'bgarde
Pour autanr, les efforts vers une n démocratie procédurale o n épuisent pæ
i.
aeU"i déh
legitirnité d,e la normalisation càmptable internationaleà!. lo.,
que lespriicipes
fondateurs des normes,qyi t:Tblent
conver-S.a " o"J p", ,.*bl.-t-il,
vocarion à être discutés.Ainsi la constitution
dela fondation IFRS
commele projet
de cadre conceptuel réaffirmentr" pri*"llre
des investisseursqui à.*..rr.t t
les destinataires privilégiés' OJro'
côté, dans une communication sur sa stratégie en matièred'infor-
mation financière (2000), la Commission européenne, après avoir envisagé o de laisser aux forcesdu
marché, le
soin de déterminerquel
est, entre les normes de 1'IASB er les normes comptables américainei,le
corps de normes dinformation
financière plus adapté,y
renonçait'non pour
des,rlro.r,
politiques-"it
.(, po,r, éviier de ptôlonget inrrrilement la durée de.;;;ti.i;; J"*.les
deu* corps de,,oi-.r
n.-Dans le même document,;ll;-;ffi;;;t, q". 1o
« normes comptablesdoivent
satisfaire aux besoins des investisseurs er être comparibles avec les évolutions au niveauinter-
"rrio"a,, (§
13). Si, dans son règlement de2002
(pré9')' elle mentionnei",o"Àirrü
dÉsdites normes àfintérêt public
européen, [a commission"ffi;.
cependanr « qu'elles doivenr satisfaire aux critères[...]
exigés del'information
financiè're nécessaire à la prise de décisions économiques et ài'âuri"riio"
de la gestion des dirigeant; de société ». Dès lors, si d'aucuns appellent un u retJur aupolitique",
dans la normalisation comptable inter-,r'"ïio.rrt.
afin de replac"il'intérêt
général'o au cæur du processus", encorefaut-il
définir f intérêt général ici visé.À LA RTCnT,RCHE DE TINTÉRÊT GÉNÉRAL
La notion d'intérêt
généraldoit
être appréciée àia
lumière des muta-,i"*;. iÈ;;à;:;ôacité, désor*air.àtttettée,
à faire prévaloir un tel irrrJrei.Anticipant
les d?bats surla
normalisatiorr comptablg,l.t
juristes,li.rr.rron..,t
dLs la fln du rc<' siècle : u Pourquoi l'Étatauiait-il
le monopoleà.l;,"*?eî ààâ ;;;, "...p,"",I'émergence
d'acteurs nouveâux dans la26. L, E|Mehdi, n Comptabilité politique ou le droit comptable au service de l,intérêt géné.
ral ,, in Vie
t
Sciences de l'entreprise,312013, p' 77 sq'27. ANC, u Entreaiens
"u..;. H",t
',in
Con{rontations El4ro?e' n'97' p' 1'iâ.
-c""..,i;;È;;;; R"pP;; puüri.
illl,
'tintérêt général''
La Documentation française' 1999, p. 237 sq, spéc., P.316..,
'7)
Dotsiîr PoüttEra duupml
formulation
de cet intérêt. Aussi'e,un
ancien membre de I'IASB, pouvait affirmeren2t12
uqu'il ny
a pas de privilège immanent de l'État surl'inté- rêt
général[...] ,, et d'ajouter
«qu'un
organismenon
étatique, pourvuqu'il
soit bien gouverné, mansparent et puisse résister aux lobbies peur rra- vailler dansl'intérêt
général[...] ,.
C'estici
faire prévaloir la conception udlitariste de l'intérêt général sur la conception volontariste.Lémergence
d'un Etat post-moderne,
banaliséet
concurrencé pard'aures
pouvoirs fragilise, en effet,la
conception volontariste del'inté-
rêt général cârâctéristique du modèlejuridique
continental et notarnmenr français. Cette conception placel'Etat
au cæur dela notion * juridique
:t politique -
d'intérêt général ; expression de la volonté générale au sens rousseauiste,l'intérêt
général, déterminéet
garantipar l'Etat
résulte du Iépassement des intérêts particuliers tels qu'ils s'expriment sur le marché.?arce qu elle est plus souple et
mierx
à même de s'adapter à la globalisation iconomique'., prédomine désormais la conception utilitariste et libérale de'intérêt
général, caractéristiquedu
modèlejuridique
anglo-saxon. Penséeur
le modèle del'activité
économique, cette conception n accordeqdun
ôle subsidiaire à l'État dans la
définiiion
del'intérêt
generulqui n est que la omme des intérêts particuliers. La confrontation, sur le marché, des inté-âts des agents économiques suffit à dégager la
notion.
C'est naturellement : modèlè anglo-saxon dè I'intérêt généra1, dans lequell'État
est en rerrair, ui domine l'actuel système de normalisation comptable. Léclatement desouvoirs entre differentes âutorités
dont
les intérêts se superposent, ex- lique l'absence d'une nodon unique et supérieured'un
intérêt généralqui
résiderait à la fabrication de la norme comptable. Le retour aupolitique
rns la normalisation comptable, souhaité par de nombreux acteurs, vise ès clairement à remettre en cause la primauté donné à l'intérêt du marché rr une prise en compte des intérêts des parties prenantes.Il
resteque la poursuite d'un objectif d'intérêr
généralou
d'intérêtrblic continue d'être
affirméepar
chacun des acteursdu
processus de rrmalisation comptable internationale sansqu'il
soit possible de dégager renorion
conseniuelle, quel'État
n'estplui
en."p"iité
dedonnei
lci.nsi, la
constitution
de la fondation IFRS3I affirme que le développement ondiald'un jeu
unique de normesdoit
se faire n dansl'intérêt public,
29. Gilbert Gélard . La légitimité des IFRS : Iintérêt général, concepts et üuller-Lagarde (dir.), Normalisation comptable, Actutlités et enjeax, op. cit., p.
30. J. Chevallier, LÉtat post-moderne, op. cit., g. 137.
31. Constitution de I'IFRS Foundation disponible sur w'n'rv.locuslFRS.com.
révisée sept fois, ia dernière révision da:ant de 20i3.
"due procest" ", in
108.
La constitution a
Lanonwlintion compwbb intnnatitnab:
ù tEtat fu droit aadroit ws l$at YunnMalln-bgardt
(*
public
interest)
sans Pour autant. que cet intérêt soitdéfini
de manière spécifique. Dans une.ànft"ntt
récènte(2015)' le
présidentde
I'IASBs,esr rourefois
attachi ii.'pre.ir.t ,orlign.nt
queleui
travail sertl'intérêt oublic
u enfavorisr",l^ J""À"â, f' Joi"'ntt et
la stabilité financièreiT:ü :.'-. ffi:ï.;;J slo!a!' "' ,Lintérêt public
de la fondation IFRS est donc de.;ib;;;la'stabilité d.l'é.ot'otnie
mondiale o au-delà;;^ü;;;;;;ii. à'iae.r"gt* '"^p.'913
ou d'intérêts nationaux''
Notonsque Ie parlement
.rl;"é;;;ii â. t'union
européennefont
eux-mêmesréference, dans un
,ègd;;;;; 2ol4t"à l' .
mission d'intérêt public'
deI'IFRS Foundation
"iid"t",
si besoin était' son rôlepolitique'
De son côté, le
tü;;;t;*tpet" de
2002tpté::) tot'*tt
l'adoptiondJ;";.;-.à*p,rËr..;;.rp..';
d.e uI'intérêt public
européen3', » sânsdonner de
définition
de f intérêt public visé et lanotion
reste, semble-t-il'à
«inventet'*,. Il ;;;. ;;;;.âi, d.r
nombreuses communications et décisions del,uniori;;;pé;;;*. i"
recherche del'équilibre
ânancier de l,économie, et leLà" ai"a"ppà.rr, d'un
marché des capitaux unique dansl'Unio.r, pu*i.ipt Jt t'i"iË'c'
general européen'EnfiÀ'
surle
plan""ii"""i,
iL.rr'rd-ü
que l'Autorité" des marchés Ênanciers âssume,ne
mission u d,intérêt
;"Ë;l , dè, lo..
qu elle est chargée d'assurer 1a pro-tection et
lebon foîctionnement
des-marchésfinaniiers'-qu'elle
disposed'un pouvoi, a. ,*'t"''i'J" ;ü;; 'on 'èglt-ent
généralfait
1'obietd'un
arrêté d,homologation
du ministèr.
.orr.Erné.F*.it" d'unt notion
centralede l,intérêt général, il se pourrai,
finrl.*.n, q.te.elui-ci
puisse être identifrésans passer
p* l" deiiÈeàtio"
politique;;iti;t l't"t"p'i"
transnationale' LA NORIüÀLISATIONCgMIIABLE
INTERNATIONALEEr
LA*;ii'à"*ïi;iirir
soôrALE DES ENTREPRISESLa dilution du pouvoir
derégulatiol.Publique
dansl'econt*]':^:?:
diJ;;;ti q". r"i-o^i*ion di
la-sphere économique et §on exten§ron à la sphère;.rridiqu:îï p'1ü;i; - f
i^t;;;'s*
l'entràprise,transnationale commee'tite potitiq;J P,,à
lesentrepri'à t"ntn*tionales
agissent au niveau planétaire;;;:;tt
puissancen']J"tiett
parfois proche de celle des États,la
mondialisationlei a' non *tlt;;;t é*""ipétt
deleur
tutelleDosfur Politiqws ducay.al
32.
33.
34.
Rèelement (UE) n' 218t2014 préc' § 16 et § 17' Prèambule § 9 et article 3 (B)'
P. Hérault, Penset l'intérêt e'le*"'mémoire Master II Sciences Po' 2009' p'102'
a
I l
i
mais elle les a hissées au niveau même des États dont elles organisent la mise en concurrence, en privilégiant, dans leur gestion, ceux
od".r,
les normes les morns contraignantes. Dèslors, l'idée
s'impose_progressivemenr que l'entreprise esr en réalité,,une entité.politique originalà
.tlp"r..
qu,elle est ignorée d.udroit
g.ui n9l'appréhendêqu'àiraverj..or,,."iàe
sociéré et la personnalité morale, elle doir êrre, enürt qu.
telle soumise à àes prirrcipes constitutionnels de rFpe nouveau. Le dévetppemenr de la Responsabiiité sociale commission des entreprisés européenne(nsp)
comme participe de ce mouvemenr. o la responsabiritéd.,
.rrrr.prisesDéâ;
vis-à-vis;;;-i;
des effets qu'elles exercenr sur la sociétér,;, ra.RSE
"ir"
à[;;i:r.-.r, .o*p..,
par les entreprises, des préoccupations sociares et
envirorrir.À.rrt1.,
d"rr.leurs activités
et leur
sirarégie.^Ainsi les enrreprisessont
invitées à opti_miser
la
créationd'une .oÀmunauté
de vareurspo* l..r*
actionnaires, mais aussipour
les autres parties prenanres et l'eniemble de la société.ce
àisant,^la responsabilité sôciale
d., .r,tr.prises
propose de réconcilier lesrbjecrifs économiques er financiers de l'enireprisË
,r.. ..*
de la société et, :pecralement' des parties prenantes à traversla
publication, parl.s
.ntre_rrises, d'informarions sociales er
environn.-"r,,â1.,
à côtédeJfublic*tions l'informations
financieres. p.arce.qu![e
proposed'rrtic,rl.r-f,.rformance
ociale et performance 6nancière, Ia RSEjortà
ainsi une critiqàe interne de r vision actionnariale de I'enrreprise en défendant un modeplls
partenarial.e gouvernance. De façon p.lus globale, elre obrige a
,.p"nr.ii.,
Ênalités de entreprise en rappom avec l'intérêt général.Mais
c'esrici
révélerur noru.rridéfi, tant
le risque est grand devoir
merger de nouveau dans le
jeu
de la réguration,.,À. .orür..n.e
enrre j§ âcreufs avecun nouvel
éclatement del'intérêt
généralet
les mêmes rterrogarions.sur Ia légitimité du
processus. Ainsi"parallèlementà
une ttervention législative,:r,Frm:.:.pôrrée
par l,intérêt général er imposant,rx ply
grandes sociétésla publièario' d,i.rfor*atio'ns ,o, À.rr.ièr.r,
parallèlement à une
direciive
européennedu 22 o.robr.-2ô1436
rcla_''e à .la
publication d'informatiorr,
,ror, financières., po.J par |inré- t public
européen, des acteurs privés émergent comme normalisateurs r proposanr des principespour-la diffusiorid'informations non
finan_)res. Le plus connu esr sans doute
la
Global ReportingInitiailue (GRI),
, d'acreurs privés
du milieu
comptable. Si sonobj..*F.rr à. ..rdr.
*l.
Ianomwlisation compabb intcm*ionale : de l\wtfudroit asdroltsw lEtat Yuonw Mnllo-l*gardt
i:
35' communication du 25 ..^r:!ï l-0I
l'
u Responsabirité sociare des entreprises, une nouvelre .tégie de l'UE pour la période 201l-2014 ,,.36. 2014te5tuE.
.::
.:|:
i,,
:, .t.
retortiwde
développement durable comParâble aurâpport financier" ''
;{ry{;;':*;'.ü;"J,'Iîl-'"*;tl.
des paities prenânres er vise à satisfaireleurs besoins.
'-î;;;
;;tre
référentiel, l' Integrated'Reporting.(IR)'
également Portép* J",
".,.,r^ prirer, ,;;;;";
dinsIe *o"dt
dé 1a comptabilité et de la Ênance, est né en20i3' S;i;.'i*"t
dans le mouvement Eusiness case déve-i;ppé;;;l;ùorld
B.rsir,.sscouncil
for sustainable Developmenr qui ras- semble 190 multinationales,il
propose une vision instrumentale de la RsE Dercue commeun -oy.n ,,,,iégiqt"
de création de la richesse intégrant5;;:î ;;;; d;;,#
-fi ,rn.Ër'l.s
informario ns environn em entales et sociaies.ia
omaxi*isation
de la valeur éclairée' fournirait
notâmment àl,entrepris. u, *rrffi.-.Àpetitif
surle
marché des ressourceset
des produits'er permerrrait?'rrs.oir
saréputarion.
Les destinataires restentici
avanttout
les lnYesti§seurset
apporteurs de. caphalfinancier' Or'
leT
février ZAt33IASB;;i?, ,r*or6'"àt
t"tegrated Re.jorilng Council(llPiC) onr
annoncel*
"orll,];i." d'""
accordp6ur
renfôrcerleur .":Pi1i:ir_,1
sur les rravaux del'IlRc afin
d'élaborerun
cadre de reP?rtmg rntegre crc l'entreprise. Dans ce contexte encoreneul
la.question émerge de savoir si le reportingintégré;,]f,;;il ii.tl. uolotie d'.rtt.
économie plus durable;; i,ii ".i, q*" r, î.."perurion
dela
RSEpar
les renantsd'une
vision financière de l'économie.Onledevine,lrr.r,.o"tttdelanormalisationcomptableinternationale
et de la RSE ouvre un nouveau champ de réflexion'
Da$itt Polhiques
duupiul
3T.M,CapronetF'Quairel.Lanaae|ée,L,Entreprisedanslasaciété,Paris'LaDécouverce,a}l', p. 197.