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Ecoles casernes

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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H. COQBLJN

ECOLES CASERNES 1

V'ancirns sem/Jle11t insinuer parfois que nous exagérons quand nous clé11onço11s L'effo1·t s1Lrl11tmai11 et inhtt111ai11 qu'elles iln- posenl aux édllcaleurs --- el a11.z; enfants aussi.

Notre ami Coqblin a ét<l pendant longtemps le prototype du D11·ecteur d' Ecole 01wrier de i' Ecole Moderne, dont les réalisa- tions ont été souvent citées en e:rem.ple parmi les écoles de villes.

Or, voyez comme11t, au moment où il pre11d sa retraite, Coq- blin jtt(fe l'aggravalio11 calaslropliique de condilio11s de travail qui ont assombri les dernières a1111ée.~ lie son or.livifé.

011i, r'est liien un scnndale : Double, si,

n

la fois, une trop grande collectivité

•l rnfants Yil dans des locaux insuffisants. Double, également, tlu fait qu'il y .1

d•·ux ' ir!imcs : l'enfant et l'Mucateur.

011 reste, rertaines villes l'ont compris, et l'on peut citer Dijon qui, dans

11·~ nouvnlle~ écoles pl'imaires qu'elle a construites, s'est arrêtée au nombre

t)p 1 classes par école. C'est largement 11uffisant. Quel progrès, à côté des

··u•;crne11 comme celle que je dirigeais, à 14 classes. li v avait, du r<~ste, trois

• eolcs de filles nvec C.C., de J7, 18 et 21 classes!

En cc qui me couCel'llc. voici quelques précisions : l" 000 élhcs.

Locaux gais, rnstes, hien équipés ;

~Ialéricl d'em;eignement individuel (par classe) ou collectif (pour l'école) n1orle1 ne et assez impo1 lant.

Le seandale étnil donc simple: trop grande collecti\'it~ d'e11fants avec tous

1,..~ inronv6nients que C!'la engendre.

li clr,·enait rloulilc du fnit <JUe les Pnfnnls en souffraient, Pt que les maître&

1·11 r.nttffrnnl él{nlemPnl, en arriv:iienl à opérer d'une fac;o11 illiole pour 1nainte11ir

1111C' di>'cipline relative et un ordre minimum.

tes r11frmls. - ?.lalgré deux récréations distinctes, les petits retrouvaient les

:~rand<; aux rentrées du matiru el ùe l'après-111idi.

Tné\'ilablement, il n'y avait plus place pour eux.

li<> ne jouaimt plus librement. Certains passaient une partie de la récréation dan"' la crainte. Les plus jeunes (CP ou CE) se fatigm1ient de l'état <le choses.

Pnire rrntrcr, ~orlir, é\'nluer collecth•ement 500 élèves, c'était lonl', et celte lon-

;;ueur de temps était l'invitation aux "roups irré~ulirrs n, n11x réclamations,

n

l'indiscipline.

- 11 -

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Tous les jours :

" l\l'sieu y m'insulte ! - l\I'sieu y m'atlaque 1 ,,

Cela créail souvent un état de nervosité inimaginable, et les moindres cliun- gements de lempérature (\'enl, pluie persistante, neige ... ), les moindres événe- ments du quarlier, les grandes manifestations de la ville, etc., avaient, de Cl'

fait, beaucoup de prise sui· nos élèves.

Les récréai ions devenaient i11feruales, parfois.

Nous avons (15 années rie mon séjnur lù-has) accompli nos suneillances régulièrement. El, chez nous, il y avait la certitude que si nous n'avions pas opéré aussi ponct uellellleut et strictement, nous au rions eu à déplorer des 1Jless6:>

graves, \'Oire 1110rne u11 mort ou deux clans l'année. Ceci sans exagération, ... malheureusement.

Car, avec un terrain aussi bien préparé, l'influence des tristes journaux dits d'enfants se faisait i1mnédiatement sentir. Dans l'élat quasi-général de nen osité, lr>s cas de brutalité surgissaient inévitablement.

Et nos enfants étaient, pour la plupart, de bons milieux familiaux, et ni mieux ni pire qu'ailleurs. Notre quartier n'avait pas de taudis. Quartier neuf, très aéré.

li nous était très difficile d'obtenir collectivement quelque chose dans la cour. Ex. : 15 ans, nous avons lullé pour conserver une haie de troënes à peu près " intacte ,. devant les w.-c.

Nous y sommes arrivés en interdisant le jeu dans 1/5 de 11.1 superficie de lu

COU!'!

Nous n'obtenions des rentrées très corrPcles que de temps à autre, après 11ous èlre fàc:hés \'iolemment. A11t1Pmcnt, c-e n'{>tail quP. de l'à peu près. El, sans 11ul doute, nous SCl'io11s tomhéR, en pP.11 de te111ps, clans l'indiscipline, le bruit extrème, les choses qui porleut préj11diee au.\ <lulres, aux cla~ses Yoisines, il toute l'école - s'il n'y nvail pas eu un " chien de quartier "·

Ce rôle était toujours celui du Direrteur ou de la Directrice rar, sournnt, lP:-: rolli'gne<;, rntii,:ués, i;p clérhargpait>nl Rllr lui ou sur C>lle.

Allenlote :

Deux filles parlent :

"Tu ne t'onnais pus la Directl'ice?

- Non.

- Den, relie-là, là-hns, en hlc11.

Ah 1 c'rst donc celle-là qui gueule tout le temps ! ,,

Pou1· 111oi., que de temps perùu, el quelle fatigue ;\ faire le gendannc pour 11ud11ft>nir une \'ie possible da11s l'éco!c, et nr pas démolir cette synrltroni ... nfiPn

11t'1·es.~ai1·c cl1111~ un éta1Jlisse11wnl casC'r ne.

nïc•n entendu, que de mauvais exrmplcs, mauvaises parole-> dont fnisni• ni 1111111éclinten1ent leur proUt trop cl'enfants. Ceci, incontrôlable !

Et, a lors, nous en :nrivions nux punitions. Presque journellemeut, i"était

••He t\prl'll\'H rlr: Corre entre eux cl nous, "agrémentée,, parfois d'unr histoire 11n11erdalile où la police \•enait 111èler son nez (p1 esquc toujours: \Oil', école buissonnière).

Cette partie tlP ma tàrhe 11 certninement 616 ln plus désogrénlole. 111 pin"

décevnnte.

JI y nvnit ~·11 moi deux h0111rnes : 12 -

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- Celui de l'école (dont je viens de parler) ; - Celui de la classe, tout différent.

Là, au moins, j'étais heureux, cl tant que les effectiîs ont ét~ entre 20 et !?5, la discipline était une chose inexistante, au sens étroit du terme. Ceci dù, bien 1•ntendu, ù l'emploi de nos techniques, ii la fois instructives el éducatives.

J'ai pu faire l'expérience crue j'ai relatée dans l'/~ro/r. libérn/riri'.

Nos étapes fur1mt celles-ci :

plus de clussewcnts, plus de notes ; - plus de récompenses ;

- fonctionnement du self government;

- plus de punitions.

Cela m'a demandé des années.

Remarques. - Plus de 1·éco111pense ne \'Oulait pas dire plus de louanges. Plus de punitions ne voulait pas dire plus de remontrances ou de blâmes. J'ai \'écu heureux dans ma. classe alors que, clans l'école, certains jours, j'en Plais exaspéré.

Puii:, les effoctifs ont monté, monté, des maitres ont manqué, 1ncs churges directoria:es se sont amplifiées. Il n'y a plus eu dl' cl~•sse \'fritablement possible puul' llh1:. La part éducative n disparu presque tolale111e11t de mon trnvail. C•! trarnil haché, peu suivi est demeuré ~1 peine instructif, tnnl il était inégulicr et, lor,; de rna dernière année, j'e11 suis rcn enu peu ù peu aux punitions. i\lème r·11 er.saynnt clP les rPndre pas trop nhsul'drs, je ne suis arri\é ù rien de bon. Je n'ai plus eu de bonne mentalité collective de la classe. Et, à échelle réduite, ce fut une nou,·elle épl'eun• de force entl'c "eux " et moi - sans profit, on pc>ut en être sûr.

Je 1·épète que nos garçons, da11s leur tot::ililé pres•1ue, étaient de lions gar- çons. Parrni eux, comme partout, il y avait ùe bous rt de 111a11vais élè\'es.

Leur grand nombl'e vivanL en rol!erli\'ilé, nous obligeai! h leur façonner u1h:

\"iP c:r·olnire, unP l'adence <le tra\'ai!, u11e fo1·111e de déte11te (s1 !'011 peu~ appelCl' .l{•lPnlq le qu:1rl d'heure passé :\ plusieu1s centaines dans une coul') eontrain.•s il leur santé physique et morale.

Les plus jeuues u'y co111prenaienl parfois l'ien parce que jeunes et innocents.

DPs petits ile six. ans disaient fa 1na femrne :

" Pourquoi il se fùchc, i\lonsieur Je Directeur?"

Ponrtant, il

ranait

ù la bl'U!alité répondl'C )Hll'... la bruta!ité, cat· 11011.;

O:tions fi la limite permise>. Cc<: petits 11e c·or11prc11ait ni pns pourquoi la récréaiion (·lait stoppée brutalement ou supprim6e.

Le 111nlheur e~t que nous sentions !'11wlficatité dPs sandious. CP1'lcs, nous 11blenions un calme 1110111e11tan6, nous 6\·itions l'anarchie et l'accident. i\lais où (:!ail l'ccune éducative, l'élévation du jeune indi\ idu co11fir fi nous.

Certains jours, nous étions des do111pteurs !

Toute ma vie, je verrai les figures renfrognées, 111alg1·acieuses rie tous les maîtres; certains jours 01'1 ln rnasse cl<>s 500 a\'ait étr i111poi:.:ihle . . l'en 6tai~, et

le.~ autres aussi, écœuré.

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