• Aucun résultat trouvé

HERBERT ET SA DRAGUE

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "HERBERT ET SA DRAGUE"

Copied!
8
0
0

Texte intégral

(1)

HERBERT ET SA DRAGUE

Herbert, la quarantaine avantageuse mais teintée d’un soupçon de veulerie, la démarche quelque peu chaloupée, était l’archétype du beau mâle. Toujours tiré à quatre épingles, c’était sa seule fierté, il attirait les femmes comme la mort au rat les souris. Fils unique il vivait confortablement en dépensant sans compter le magot dont il avait hérité de son père, ex psy de la haute société

Quinze ans auparavant il avait épousé sans conviction Agnès une de ses conquêtes nantie de superbes jambes minces et fuselées mises en valeur par des escarpins à talons hauts.

Ex péripatéticienne de haut vol, classée dans les

« accompagnatrices » Agnès avait tapiné dans les

(2)

bars des hôtels minimum quatre étoiles. Mais lassée de l’amour vénal avec des messieurs d’un certain âge atteints du syndrome de l’éjaculation précoce, elle avait décidé de changer de mode de vie et de dépenser sans compter le rondelet pécule amassé pendant ces quelques années d’aveuglement.

Sapée comme une femme du monde, elle avait une allure superbe quand elle déambulait sur le trottoir des grands boulevards, lieu de drague préféré de Herbert qui l’avait abordée sans problème majeur, lui avait offert un pot à la terrasse d’un café, l’avait baratinée et emballée.

Il était comme ça, Herbert quand il croisait une fille ou une femme, son premier regard se portait sur ses jambes, des chevilles aux genoux et au dessus si la fille portait une minijupe.

Si cet examen lui donnait des frissons de désir dans les reins, il s’arrêtait au niveau du sexe jamais plus haut.

Ce qui lui importait chez une femme se cantonnait dans la partie basse en dessous de la ceinture, peu importe son âge et sa couleur, il s’en foutait. Il était comme ça, Herbert.

Pour lui, partant du principe que la féminité commence par la beauté des jambes, leur galbe, le grain et la teinte de leur peau, leur luminosité, les femmes en pantalon restaient des êtres asexués auxquels il ne prêtait aucune attention.

(3)

Il n’avait contrevenu dans sa vie qu’une seule fois à cette règle immuable, c’était pour Agnès. Quand il l’avait croisée la première fois, son regard avait glissé sur des jambes impeccables sans aucune solution de continuité aux genoux pour l’arrêter, si bien qu’il s’était poursuivi au même rythme sans heurts jusqu’aux cheveux en passant par une poitrine appétissante et une frimousse à damner un saint. Je pense que cet ensemble harmonieux a lourdement pesé dans son choix de l’épouse idéale.

Depuis, inconsciemment et sans penser à mal, il n’avait pas cessé de lui faire porter des cornes. Tous les après midis, hormis le dimanche jour du Seigneur, sous des prétextes fallacieux qu’elle entendait d’une oreille distraite sans vraiment les écouter, il arpentait de sa démarche chaloupée les grands boulevards, le regard critique, les yeux rivés sur les jambes nues ou habillées de nylon des passantes de tout poil.

Agnès lui pardonnait d’autant plus facilement que dès revenu au bercail il était rare qu’il ne lui fasse pas l’amour avec une technique et des variantes érotiques inédites pour elle, pourtant habituée, qui la laissait alanguie et amollie comme une poupée de chiffons après une jouissance flamboyante.

Elle posait ensuite la tête contre le torse d’Herbert d’où émanaient de effluves de parfums de supermarchés ou de parfumeries grand luxe suivant la classe de la

(4)

femme qui lui avait accordé ses faveurs et….vicieusement elle s’en délectait en remarquant que ces parfums étaient chaque jour différents donc ne portaient pas à conséquence, jusqu’au jour où……..

Herbert avait fait prestement demi-tour pour suivre une créature onirique dont le galbe des jambes vues de face était sublime mais se révélait royal, quand on les admirait de dos.

Depuis quinze ans, déjà, qu’il avait épousé Agnès jamais, au grand jamais, il n’avait eu l’occasion de contempler un tel éblouissant joyau dans son écrin de nylon à telle enseigne qu’il a une deuxième fois transgressé la règle qu’il s’était imposée à savoir ne jamais pousser ses investigations au dessus de la taille.

Et pour la deuxième fois de son existence il a laissé son regard caresser cette superbe créature depuis la pointe de ses pieds jusqu’à celle de ses cheveux. Rien à dire, l’ensemble ne souffrait aucune critique et à son côté la beauté d’Agnès paraissait d’une fadeur navrante.

Le regard ébloui d’Herbert a fait le parcours inverse du haut vers le bas ce qui a confirmé sa première impression et il l’a suivie comme son ombre jusqu’à la toucher et lui susurrer dans l’oreille :

(5)

- Madame, votre beauté irréelle attire comme un aimant l’homme que je suis. Permettez-moi de vous prendre le bras pour vous admirer de plus près.

La fille, après un rapide examen critique, n’a pas dit non mais lui a chuchoté son prénom, Hélène. Herbert, qui mieux que quiconque connaissait la nature féminine, en a conclu que ce n’était qu’un premier pas qui allait enclencher son processus habituel de séduction.

Il n’avait pas tort et quelques heures plus tard, Hélène se donnait, sur une couche anonyme d’un hôtel de passe, à Herbert dont les techniques érotiques rodées avec Agnès dont quelques unes osées mais inconnues de sa nouvelle conquête la portèrent à plusieurs reprises au septième ciel, peut être même au huitième. Ils restèrent jusqu’au crépuscule allongés, en extase, se tenant la main et pensant : « pourquoi ne l’ai pas connu(e) avant?

Par contre ce soir, épuisé par ses exploits sexuels, il n’a pas été en mesure de satisfaire Agnès à son grand dépit. Il l’a néanmoins cajolée, a posé sa tête sur son torse.

Elle a humé le parfum qui s’en dégageait et s’en est imprégnée. Elle avait reconnu Dior n°8 en se disant : « ça change des parfums de bas étage de ses pétasses habituelles ».

(6)

Mais entre Herbert et Hélène, frappés par le même coup de foudre dès leur première étreinte, s’était tissé comme un cocon invisible mais élastique qui les rapprochait à la moindre sollicitation de l’une ou de l’autre. La pauvre Agnès respirant tous les soirs le même parfum n’y pouvait mais malgré les efforts éhontés qu’elle déployait pour retenir son homme.

Elle ne se sentait pas de force à détruire ce satané cocon qui lui résistait de plus en plus au fur et à mesure que défilaient les jours. Elle ne pouvait la malheureuse, quand Herbert la prenait gentiment d ans ses bras pour la consoler comme une môme, que renifler le Dior n°8 encore et toujours présent.

Et puis, un beau jour sûrement pas fait comme les autres en rentrant le soir au bercail, Herbert a pris Agnès dans ses bras, lui a arraché ses vêtements et sans un mot lui a rageusement fait l’amour, le désespoir au cœur, avec des séquences érotiques à la limite de la pornographie softcore.

La jouissance d’Agnès a été exaspérée quand, en appliquant un baiser de remerciement sur le torse velu de Herbert, elle s’est rendue compte que l’odeur du Dior n°8 était en voie de disparition. Elle s’est alors décontractée et mise dans une position suggestive telle qu’Herbert n’a pas pu résister et lui a fait l’amour une deuxième fois mais

(7)

plus tendrement, presque affectueusement jusqu’à ce qu’ils tombent épuisés, en nage et le cœur battant la chamade sur le lit qui en vibrait encore.

Hélène avait disparu, son coup de foudre avait duré le temps d’un éclair alors que celui de Herbert lui avait au contraire mis le feu au cœur…. et ailleurs.

Quelque temps a passé, le désespoir d’Herbert ne fléchissait pas, il avait même tendance à augmenter en raison directe du nombre de jours où l’absence d’Hélène se faisait cruellement sentir au grand désespoir d’Agnès qui, les yeux fermés et en extase, se souvenaient de ses ébats inavouables lors du retour d’Herbert.

Elle se rappelait. avec une émotion qui la tenaillait au bas ventre, ses envies sexuelles pleinement satisfaites lors du retour de son mariamant, envies qui allaient crescendo au fil du temps et trouvaient de moins en moins de répondant chez son amant jusqu’au jour où…..

Herbert s’était remis à hanter les grands boulevards avec l’idée fixe et pour le moins chimérique de croiser un être du sexe dit faible doté de jambes d’une facture au moins égale à celles d’ Hélène, il se répétait en lui-même :

(8)

- Tu t’interdis de faire l’amour tant que tu n’auras pas trouvé l’oiseau rare.

Le rythme de ses recherches se révéla normal durant quelques semaines qu’il considérait comme une période de rodage. Au cours de ces premières investigations, son sexe n’a pas ressenti la moindre palpitation à l’examen attentif des jambes des promeneuses de toutes couleurs et de tous âges qu’il croisait. Evidemment il avait mis la barre un peu haut et trouver des jambes aussi bien galbées et excitantes que celles d’Hélène semblait une gageure.

Après cette période dite de rodage au cours de laquelle il n’avait perçu aucune touche, Herbert commença non pas à se décourager, ce n’était pas son genre, mais à s’énerver. Il maigrissait, des cernes se dessinaient sous ses yeux, il devenait irascible, bref il dépérissait et son aura de beau mâle conquérant en prenait un sérieux coup.

Références

Documents relatifs

Afin de vérifier qu’ils sont tous là, il les recompte et s’aperçoit qu’il lui en manque un!. C’est sûrement le coucou qui

   LYSOPAÏNE  MAUX  DE  GORGE  AMBROXOL  MENTHE  17,86  mg/ml  SANS  SUCRE,  solution  pour pulvérisation  buccale  édulcorée  au  sucralose  n’est  pas 

Vous devez toujours utiliser ce médicament en suivant scrupuleusement les informations fournies dans cette notice ou par votre médecin ou votre pharmacien..  Gardez cette notice,

➊ Les bêtabloquants non sélectifs (propranolol, nadolol) sont indiqués en cas de grosses varices œsophagiennes n’ayant jamais saigné (prévention primaire) ; ils peuvent

• Les BBNS sont à arrêter dans les seules circonstances suivantes :  hémorragie

Il était gracieux quand il avançait Il était beau et portait un nom discret Il en avait un. Il était ne bois

a) contre la pollution des eaux : le système de collecteurs d'égouts et de centrales de traitement qui était prévu est sur le point d'être mis en place. Par contre, les industriels

L’écri- ture splendide est toujours là (ah ! cette errance dans ces paysages poussiéreux et calcinés des Balkans à la recherche du champ de bataille) mais il me faudra plus de