HAL Id: jpa-00205300
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Le mécanisme élémentaire des actions photochimiques
Victor Henri, René Wurmser
To cite this version:
Victor Henri, René Wurmser. Le mécanisme élémentaire des actions photochimiques. J. Phys.
Ra-dium, 1927, 8 (7), pp.289-310. �10.1051/jphysrad:0192700807028900�. �jpa-00205300�
LE JOURNAL DE
PHYSIQUE
1 T’ ’
LE
RADIUM
LE
MÉCANISME ÉLÉMENTAIRE
DESACTIONS
PHOTOCHIMIQUES
par MM. VICTOR HENRI et RENÉ WURMSER.
Sommaire. 2014 D’après la loi d’Einstein, le nombre de molécules réagissant dans une réaction photochimique est égal au nombre de quanta absorbés dans le même temps. La
plupart des réactions photochimiques ne suivent pas cette loi; le rapport de la vitesse de la réaction à la puissance absorbée n’est pas inversement proportionnel à la fréquence.
Mais ces réactions sont constituées par une suite de réactions partielles dont la première, le phénomène photochimique élémentaire, obéit à la loi d Einstein. Ce phénomène élémentaire
est soit une simple activation de la molécule, soit une prédissociation, soit enfin une disso-ciation. Jointe à l’étude de la fluorescence, des énergies de réaction, de l’influence de la tem-pérature et de la concentration sur la vitesse, et de l’effet produit par l’addition de gaz
étrangers, l’analyse des spectres d’absorption permet de décider auquel des 3 modes d’action
possibles
du rayonnement correspond, dans le cas d’une réaction gazeuse, lephénomène élémentaire. Il existe des conditions de simplicité auxquelles doit satisfaire une réaction pour que la loi d’Einstein soit vérifiée : les diverses réactions
photochi-miques étudiées jusqu’ici sont examinées à ce point de vue et mettent en évidence un effet
photochimique de la fréquence.
SjlUB
VI.TOME VIII.
JUILLBT 1927
1.
Susceptibilité
photochimique
et loi d’Einstein. -Quand
unrayonnernent
produit
des transformationschimiques
dans un corps ou unmélange
de corps, l~, vitesse de ces transformationsdépend,
d’unepart,
de facteursintrinsèques
aurayonnement :
puissance
incidente et
fréquence;
d’autrepart,
de facteursextrinsèques :
milieu, concentration,
tempé-rature et structure des corps.
Certains
systèmes
chimiques
sont trèsrapidement
transformés par unrayonnement
donné et d’autres très lentement. Si l’on veut atteindre une relation entre la constitution des molécules et leur
aptitude
àréagir
ou,plus
exactement,
entre la nature d’une liaisonchimique
et sa sensibilité à unrayonnement
déterminé,
ilfaut,
avanttout,
connaître la loi suivantlaquelle
interviennent les facteursextrinsèques
etintrinsèques
de la vitesse d’uoe réactionchimiques.
-Nous avons, en
1912,
donné le nom desiiscel)tibilité photochiiiiiqiie,7
au termequi,
dansl’expression
de cettevitesse,
représente
l’influence durayonnement,
quand
lesystème
réa-gissant
est en couche infiniment mince. ’Soit v la vitesse de la
réaction;
on a,Po
étant lapuissance
incidente,
Pour une même
substance photosensible,
on trouve une relationentre
lasusceptibilité
o-L8 JOUaJU..L M PHYSIQUE NT L8 RADIUM. 2013 SÉRJB VI. - T. VIII. - NO -. - JUILLET 1927. 1 ~Let le coefficient
d’absorption
K de la substance. Engénéral, c augmente
avecK ; puisque
lorsque a
estproportionnel
àK,
on a, pour unecouche très
mince :c’est-à-dire
proportionnalité
de la vitesse à lapuissance
absorbée.En
1912,
Einstein(1)
aappliqué
la notion dequanta
auxphénomènes
photochimiques.
D’après
la loi del’équivalence photochimique,
le nombre de moléculesréagissantes
estégal
au nombre dequanta
absorbés. C’est dire que l’on devrait avoir-- .. ,
Soit,
enexprimant
de/dt
en nombre v de moléculesréagissant
parseconde,
et h étantégal
à
6,~~.10-~~~
_La
susceptibilité ?
est alors :Le
rapport
a/h
de lasusceptibilité
au coefficientd’absorption
doit donc diminuerlorsque
lafréquence
augmente.
Deux
questions
fondamentales doivent être étudiées aupoint
de vue de la loi d’Einstein :1° Relation de
quanta.
- Il fautexaminer,
pour les différentes réactionsphotochimiques
produites
par unrayonnement
monochromatique,
si lerapport
.4,
que l’onpeut
appeler
lerendement
quantique,
estégal
àl’unité ;
étudier s’il ne varie pas avec l’intensité de lalumière,
avec la concentration et latempérature,
et s’il n’est pas influencé par l’addition de corpsétrangers.
2° Relation de
fr’équence.
--Comparer,
dans les mêmesconditions,
l’action de radiations defréquences
différentes et étudier si la valeur de ~1 reste invariable ou si elledépend
de lalongueur
d’onde.2. Valeurs
expérimentales
du rendementquantique. -
a)
Lespremières
recherches
expérimentales,
danslesquelles
on a mesurél’énergie
durayonnement
absorbéeet le nombre de molécules
transformées,
ont étéentreprises,
en1911,
par E. Warburg ;
elles furent continuées par lui
jusqu’en
1918.Les réactions étudiées par
Warburg
et les valeurs du nombre A de molécules trans-formées parquantum
absorbé sont les suivantes :La source lumineuse était une forte étincelle condensée entre électrodes de
Zn;
lerayonnement
étaitdécomposé
par un monochromateur enquartz ;
l’énergie
était mesurée àl’aide d’un bolomètre étalonné avec une
lampe
Hefner. Les seuleslongueurs
d’onde étudiées étaient :b)
Nous avonscommencé,
en1912,
l’étudequantitative
de l’action des rayonsmonochro-matiques
sur différentes réactionschimiques
à l’état gazeux et en solution. Cesexpériences
furent arrêtées par la guerre en août 1914 et
reprises
ensuite en19f9;
elles sont encore continuéesmaintenant,
tant à Zurichqii’à
Paris. Les réactions étudiées par nous avecdifférents collaborateurs sont les suivantes :
La source lumineuse
employée
par nous, pour laplupart
des réactionsprécédentes,
est une forte étincelle derésonance,
fournie par un transformateur de 5 kw. Lerayonnement
monoehromatique,
obtenu avec unsystème optique
enquartz composé
de deuxprismes
Cornu de 6 cm et de trois lentilles de 8 cm, avait une
puissance
de 1 000 à 5 OOL) ergs :cm2-s.
En
changeant
la nature des électrodes(Zn,
Cd,
)1g,
Al,
Hg),
on obtenait des raies très puis-santesayant
deslongueurs
d’ondeégales
à 3 300(Zn), 3
082(Al), 2
800(Mg), 2
749(Cd),
2 558(Zn), 2
502(Zn), 2
300(Cd), 2
195(Cd), 2
1.14(Cd), 2
100 à 2 025(Zn),
1854(A1).
Pour certaines
réactions,
enparticulier
l’assimilationchlorophyllienne,
nous avonsséparé
desrégions
duspectre
au moyen d’écransappropriés. L’énergie
étaittoujours
mesurée avec unepile thermoélectrique,
étalonnée avec unelampe
Hefner.c)
Vers la mêmeépoque
(1912-1913),
Marcel Boll étudiait l’action des différentes raies du mercuredepuis X
== 4 560jusqu’à 2
378 Â surl’hydrolyse
des acideschloroplatiniques
etsur la
décomposition
de l’acideoxalique
enprésence
du nitrated’uranyle.
Lapremière
réaction donne A variable avec de0,004
à4,9
et la seconde donne A = 50.d)
En mêmetemps
(S9i~),
Bodensteinentreprenait
l’étude de toute une série de réactionsphotochimiques ;
ces recherches constituent une suite continuepoursuivie jusqu’à
maintenant.Les
expériences
de Bodenstein et de ses collaborateurs sont faites avec une trèsgrande
précision.
Les vitesses des réactions sont mesurées dans différentes conditions depression
et
de
température,
l’influence de l’addition de gazétrangers
et decatalyseurs
différents estétudiée avec un
grand
soin. La source lumineusecomprend toujours
unerégion
spectrale
limitée par des
écrans,
l’énergie
incidente etl’énergie
absorbée sont mesurées en unités absolues. Les réactions étudiées sont les suivantes :e)
Depuis
~9f 3,
ungrand
nombre d’auteurs se sontoccupés
de l’étudequantitative
des réactionsphotochimiques,
ce sontplus spécialement Weigert,
C0h11,
Traum,
NoddackEggert, Taylor, Chapman,
Griffiths, Bonhoeffer, Baur, Büchi, Bowern,
Baly,
Berthoud,
Rideal, Norrish, Dhar,
Rudberg,
etc.La masse de données
expérimentales
accumulées ainsi est trèsgrande,
et il est utile d’examinerquels
sont les résultatsgénéraux qui
sedégagent
de ces recherches(8).
Au
point
de vue de la loid’équivalence
photochimique
d’Einstein,
on trouve que, dansla
grande majorité
des réactionsphotochimiques,
la valeur durapports
est différente de l’unité. Ellepeut varier,
suivant la nature desréactions,
entre 10-3 et 10~. Deplus,
pour une mêmeréaction,
la valeur de A varie très souvent avec l’intensité de la lumièreinci-dente,
avec ledegré
depureté spectrale
durayonnement,
avec la concentration et avec l’addition de corpsétrangers.
Enfin,
presquetoujours A
augmente
lorsqu’on
sedéplace
vers’
l’ultraviolet.
Par
conséquent :
la loi d’Einstein nes’applique
pas aux réactioîtsphotochimiqîles
globales.
3. Notion de
phénomène
photochimique
élémentaire. - Doit-on déduire de l’ensemble des recherchesexpérimentales
sur les actionsphotochimiques qu’il
faut renoncer à la loi d’Einstein? Certainement non. La loi d’Einstein doit être considérée comme bien démontrée pour tous les processusphotochimiques
élémentaires,
et si l’on trouvequ’elle
ne
s’applique
pas aux réactionsphotochimiques
globales,
celaprovient
de ce que cesréactions se
composent
toujours
d’une succession de réactionsélémentaires,
parmi
les-quelles
seulement lapremière
estphotochimique,
tandis que toutes les suivantes sont des réactions d’obscurité.Nous savons, en
effet,
que si l’on éclaire une vapeurmétallique
par des radiations defréquences déterminées,
ces radiations sont absorbées par les atomes du métal etproduisent
soit une activation de ces
atomes,
soit une ionisation(effet photoélectrique).
Ainsi,
parexemple,
la vapeur de Naqui
contient les atomes de sodium(état 1S)
absorbe les rayons(1) BODEriSTEI.N et Dux
Zts.
f. 1)iiyç. Chem., t. 85 (1913), p.291].
- liORNFEI1) etf. phys.
Chem., t. i17 (1925), p.2!~2J.
(2) BODEKSTEIN et LÛTKEMEYER
[Zts.
/’. t.1.1.4 (1924), p.2081
C) BODENSTEn et LIENEIi’EG
[Z6s.
f.phys.
C’hem., t. 1’19 (i926), p. 1-2*~ ] (1) BODEN8TET et PLAU’r(Zts.
f. Chent., t. -ii0 (1924), p.399]
et JilSTLBKOWSliI
[Zis.
/». phys. Chem., t. i16 (1925), p. 3111.Ci) KisTiAKowsKt /’. phys. Clrem., t. 117 (1925B p. 331].
(1) KoRNFELD
(Zts.
/. iviss. Phot., t. 2’1 ( 19?0), p. 211.(8) Un travail critique très important a été réalisé au cours de la discussion générale sur les réaction
photochimiques tenue à la
Faraday
Socicty, à Oxford, en octobre 1925. Voir, en particulier, le rapport dePar
absorption
d’unquantum
des radiationsXi,
)’2’
)’3’’’’
l’atome Na est amené à unniveau
d’énergie supérieure (ou
étatd’activation) 2 pi,a 3pi,2...,
on écrira donc :Il est démontré que le nombre d’atomes de .-’sodium activés est
égal
au nombre dequanta absorbés,
conformément à la loi d’Einstein.L’absorption
des rayonsÀ; # 2
4f2,9,
ainsi que des rayons delongueur
d’ondeplus
courte,
provoque uneionisation,
ona :
Toutes les radiations de
fréquence
v’supérieure
à lalimite vi
sont absorbées par la vapeur deNa;
ellesprovoquent
toutes une ionisation de l’atome de sodium et l’électronexpulsé
a uneénergie
égale
à la différence h ’1’ - cequi
constitue une nouvelle preuve quel’absorption
se fait parquanta.
,Les
expériences
dePohl,
Pringsheim,
Gudden, etc.,
.sur l’effetphotoélectrique
desrayons
ultraviolets,
celles de NI, deBroglie
et Ellis sur lerayonnement corpusculaire
pro-voqué
par les rayonsX,
celles de M. deBroglie,
Ellis, Meitner,
Thibaud sur lerayonnement
corpusculaire provoqué
par les rayons y ont montré que la relationest absolument
générale
etqu’elle
s’étend à tout le domaine des radiations.L’effet
Compton,
danslequel
unrayonnement
defréquence
’)a’ en rencontrant unatome,
donne lieu à un
rayonnement
defréquence
vé et à l’émission sous unangle a
d’unélectron,
dont la vitesse v
peut
êtremesurée,
a montré quel’absorption
et l’émission se font bien parquanta
ethv~
et que cesquanta
etl’énergie cinétique ¡UV’ /2
de l’électron sontdéter-minés par les lois de conservation de
l’énergie
et de conservation desquantités
de mouvement.Les
atomes,
amenés parl’absorption
d’unquantum
à un étatd’activation,
peuvent
retourner à l’état normal de différentesfaçons :
ou bien en émettant des radiations(rayon-nements’de résonance et de
fluorescence),
ou bien en cédantl’énergie
d’activation à d’autresatomes ou
molécules;
ces dernièrespeuvent
être soit activées(fluorescence
induite,
Cario etFrank),
soit dissociées(par
exemple,
HI ->- H-[- H provoqué
dansun mélange
de vapeurde
Hg
+
H2 par illumination par ~, 2~37 ),
soit rendueschimiquement
actives(N? - ]-
H2 - N1Pprovoqué
par illumination deHg par ),
2 5371,
Taylor).
Enfin,
l’énergie
d’activationpeut
aussi êtredissipée
sous formed’énergie
de translation par chocs des atomes activés avec d’autresatomes ou
molécules;
tel est le cas de l’inhibition de la fluorescence des vapeursd’iode,
desodium ou de mercure
produite
par l’addition degaz étrangers (Expériences
deWood,
Dunoyer,
Stuart, Franck,
etc.).
Toutes les
expériences
sur ces différents effets onttoujours
montré que leséchanges
entre
l’énergie
derayonnement
et lesénergies chimique
etélectrique
se font parquanta.
Inversement,
l’activation d’un atomepeut
êtreproduite
soit parsimple
élévation detempérature,
soit par chocsélectroniques,
soit par réactionchimique
(par
exemple :
Na
+
Cl2 . NaCl avec émission desraies’D,,
D,
dusodium)
et là encore il y a unecorrespondance
parfaite
entrel’énergie
mesurée en calories etl’énergie
durayonnement
induit mesurée en
quanta.
Par
conséquent,
pouranalyser
une réactionphotochimique
globale,
on doit chercher à ladécomposer
en une suite de processusélémentaires, parmi
lesquels
lepremier
estpure-ment
photochimique
et obéit à la loid’Einstein,
tandis que la nature des autres processuspeut
être déduite de l’étudecinétique
de la réaction. _On est ainsi amené à se
demander,
danschaque
casparticulier,
d’abordquel
est le processusphotochimique
élémentaire,
et ensuitequel
est le mécanismecomplet
de la réactionglobale.
4. Théories
proposées
pour le mécanisme des réactionsphotochimiques.
-Tout au début des recherches sur les réactions
photochimiques (en
1912 et ent93),
trois modesd’explication
avaient étéproposés.
a)
Théorie deWarburg. -
E.Warburg,
en1912,
ayant
trouvé que, pour l’ozone diluésdans
l’hélium,
environ deux molécules 03 sontdécomposées
pour un hvabsorbé,
admet lecycle
suivant :De
même,
dans le cas de la dissociation de HBr et deHI, ayant
trouvé que lerapport A
est
égal
à2,
il admet le mécanisme suivant :Le processus
photochimique
élémentaire serait donc une dissociation de la moléculeen atomes.
b)
Théorie de Bodenstein. --Bodenstein proposa, en
1913,
une théoriegénérale
des réac-tionsphotochimiques
d’après laquelle
le processusphotochimique
élémentaire e&t une ionisa-tion de lamolécule;
les électronsréagissent
ensuite en entraînant toute une série de réactionssuccessives.
Ainsi,
parexemple,
pour la réactionclassique
decombinaison
entre le chlore etl’hydrogène,
il admet la série suivante :jusqu’à
ce que, parhasard,
on ait la réaction :Ce mécanisme
explique
comment,
pour unquantum absorbé,
onpeut
observer lacombinaison d’un très
grand nombre
de molécules G12+
~I2(jusqu’à
5.105).
c)
Théorie de Y. Henri et Wurmser. -Ayant
trouvé que, pour toute une série de réac-tions la valeur de A estbeaucoup
plus grande
quel’unité,
nous avonsproposé,
en 19131’ ),
une théoried’après
laquelle
« . pour cesréactions,
la lumière les molécules dans un étattel
qu’elles
réagissent
ensuite el’ elles- mémes o. Nous disons main tenant que les molécules sontactivées. Cette notion d’activation des atomes et des molécules a été
précisée depuis
1913 par les travaux de Bohr.En
i9t6, Einstein, reprenant
l’analyse
de la loid’équivalence photochimique, indique
que le processusphotochimique
élémentaire consiste essentiellement dans laproduction
d’un état
d’activation,
dans le sens deBohr ;
on écrira donc : .l’astérisque
représentant’un
état activé de la molécule. 0. Stern et M.Volmer (1)
ont ensuitedéveloppé
la
même théoriegénérale
des réactionsphotochimiques, d’après
laquelle
lalumière amène d’abord une molécule à un « état b » ou état
d’activation,
cette moléculeréagissant
ensuite avec les molécules normales.Ainsi,
parexemple,
dans le cas del’ozone,
ils écrivent :
(1) V. Hluuu et R. WcRMSER [J. Phys., t. 3 (1913), p.
305].
Tels sont les trois modes
d’explication qui
ont étéproposés.
5.
Spectre
d’absorption
des vapeurs. Fluorescence et activitéchimique.
Prédissociation des molécules. - I.
Spectre
d’absorption
des vapeurs. -Lorsqu’on
étudiede plus
près
les diverses réactionsphotochimiques,
on trouvequ’il
existe une trèsgrande
variété dans les modes d’action de la lumière sur les molécules. Non seulement lanature du processus
photochimique
élémentaire varie d’une réaction à uneautre, mais,
5même pour une réaction
donnée,
elle varie avec lalongueur
d’onde de la radiation. On doit rechercher les critèresqui permettent
depréciser,
danschaque
casparticulier,
la nature du processus
photochimique
élémentaire,
et d’établir la succession des réactionsqui
composent
lephénomène
global.
Cetteanalyse peut
être faite par l’étude duspectre
d’absorption..
Les
spectres
d’absorption
des vapeurs de corps lesplus
différents(3)
étudiés par l’unde nous avec de nombreux
collaborateurs,
présentent
une série de caractères tout à faitgénéraux :
a)
Lespectre d’absorption
se compose deplusieurs régions,
distribuéesdepuis
l’infra-rouge
jusqu’à
l’ultraviolet extrême.b)
L’intensité del’absorption
dans chacune de cesrégions
augmente
d’unefaçon
exponen-tielle,
lorsqu’on
sedéplace
del’infrarouge
vers l’ultraviolet.c)
La structure duspectre
varielorsqu’on
passe desrégions infrarouges
auxrégions
de
longueur
d’onde deplus
enplus
courte. Cette variation seproduit toujours
de la mêmefaçon.
Ontrouve,
pourchaque
corps, troistypes
desspectres
différents :l’ype
A : dans cesrégions,
lespectre
est formé de bandes trèsfines,
distribuées enséries,
chaque
bande
sedécomposant
en suites de raies fines.Type B :
lespectre
de cesrégions
se compose de bandes étroites(de 2
à 5À)
abso-lumentcontinues,
distribuées en séries.Type
C : dans cesrégions,
lespectre
d’absorption
est formé par des bandes trèslarges
(de plus
de 100À)
absolument continues.La
signification physique
de cesrégions
est la suivante :Sous l’influence de rayons
appartenant
auxrégions
dutype A,
la molécule est activée et les mouvements de vibration des atomes et de rotation de la molécule sontquantifiés.
Pour les rayons desrégions
dutype B,
les vibrationsatomiques
sont seulesquantifiées,
les rotations ne le sontplus.
Enfin,
dans lesrégions
dutype C,
ni lesvibrations
ni les rotations ne sontplus
quanti-fiées.Une molécule
présente
autant de modes d’activationélectronique
différentsqu’il
y a derégions d’absorption ;
àchaque
étatélectronique
de la moléculecorrespond
touteune série d’états de vibration des
atomes,
etenfin,
àchaque
état de vibrationatomique
correspond
une série d’états de rotation de la molécule. Ceciindique quelle multiplicité
de modes d’activation d’une molécule onpeut
provoquer par des radiations différentes.Si nous cherchons
quelles
sont les différencesphysiques
qui
distinguent
l’activation d’une molécule par des rayons.appartenant
auxrégions
destypes A,
/1 etC,
nous pouvonsénoncer les
règles générales
suivantes :Les rayons des A
produisent
seulement une activation de la molécule sansdéformation ;
la molécule revient à l’état normal en émettant unrayonnement
defluores-cence ; ce dernier est formé de bandes très fines distribuées en séries.
(S) lous avons étudié les apectres d’absorption des vapeurs de C12, S2, S02, H2S, CS’2, COS, COCI2, CSCI2, HCOH, CH3COH, c2H5011, C3117(’,011, 11:0 .:0H, CH JCO. COCH3, CH CHCO-H, CHCH. CHCOH,
Nat, CH3.iXH2, C6H5F, CtlH5Br, GsH50H, C6HfNH2, C10HB CloHiCII3 u, ClOHiCHJ fi,
C6114 o, m et p ; C6U4CIl- o, m, p; C6H4Br2 o, ln, p; o, W, p; C6H’’CHOK
.Les
rayons desrégions
dutype
Ilprovoquent
une activation et une dislocation de lamolécule,
les distances entre les atomes sontaugmentées ;
la molécule est amenée à unnouvel état que nous avons
désigné
du nom de}Jrédissociation;
dans cetétat,
la molécule estchimiquement activée;
mais ellepeut
aussi revenir à l’état normal en émettant unrayonnement
defluorescence;
cette fluorescence est formée de bandes floues.Les rayons des
régions
dutype
Cproduisent
une dissociation de lamolécule ;
lespro-duits de cette dissociation sont soit des atomes ou groupe d’atomes
neutres,
soit des atomesactivés,
soit enfin des atomes ou molécules ionisés. Si la molécule ainsi dissociée retourneà l’état de molécule normale par recombinaison des
atomes,
ce retour n’est pasaccompagné
d’émission d’unspectre
debandes,
ilpeut
y avoir seulement une émission de certaines raiesatomiques (vapeur d’iode).
Ces conclusions résultent des faits
expérimentaux
suivants :A)
Analyse
de la structure dusl)ectre
de - Lespectre
moléculaire normal secompose d’un certain nombre de bandes
ayant
une structure fine.Chaque
bandeprésente
une ou
plusieurs origines,
àpartir
delaquelle
partent
des suites deraites
fines.La distribution des
origines
des bandes et des raies fines estreprésentée
par une somme de trois g-oupes de termesA
Dans cette
formule,
SI) et ~’ sont les termesqui dépendent
de l’étatélectronique
de lamolécule; ~o
et 1’
sont les termes de vibration desatomes ;
po etp’,
les termes de rotation de _la molécule. L’indice «’»correspond
à l’état de niveauénergétique supérieur
(état
initial dans le cas desspectres
d’émiçsioit et état dans le cas del’absorption),
l’indice tcpcor-.
rcspond
à l’étaténergétique
inférieur(dans
le cas del’absorption,
ilreprésente
l’état desmolécules
/lor’lna/es)..
’L’état actuel de nos connaissances sur la structure des molécules nous amène à consi-dérer une molécule comme un
système
formé : 1° d’un certain nombre de noyauxatomiques
avec leurs électrons
internes; 12.1
d’un ensemble d’électrons de liaison formant unsystème
stable
(composé
de
8 ou d’unmultiple
de 8électrons),
et 3" d’unpetit
nombre d’Plectronsexternes
qui jouent
dans les molécules le même rôle que les électrons de valence des atomes. La distributionspatiale
de tout cet ensemble de noyaux et électronscorrespond
àun minimum de
l’énergie potentielle.
Ainsi,
parexemple,
la molécule COcomporte les
deux noyaux C et0, 4
électrons internes(électrons K),
8 électrons de liaison et 2 électronsexternes ;
cette molécule est donccomparable
à un atome deMg
et lespectre
de bande deCO sera formé de
singulets
et detriplets ;
ontrouve,
eneffet,
que les bandes del’oxyde
de carbonepossèdent
troisorigines
àpartir
desquelles partent
des suites de raies fines. Demême,
la molécule de NOcontient,
en dehors desquatre
électrons internes et des 8 électronsde
liaison, 3
électronsexternes ;
sonspectre
seracomparable
à celui del’aluminium ;
ildevra contenir des doublets et des
quadruplets.
La molécule decyanogène
CN ne contientqu’un
seul électronexterne,
sonspectre
de bande doit contenir desdoublets,
comme lespectre atomique
de Na.La théorie de l’activation
électronique
des molécules n’est pas encorecomplètement
développée,
mais il existe un certain nombre de faitsgénéraux qui indiquent
la voie danslaquelle
on doitdévelopper
cette théorie. ,a)
Dans certains cas, où l’on a pu observer .toute une série d’étatsélectroniques
succes-sifs de la molécule(molécule
deH2,
deHe2,
etc.),
on trouve que ces états se distribuent sui-vant la loi deRydberg-Ritz.
b) L’énergie correspondant
aupremier
état d’activationélectronique
d’une molécule est presquetoujours
inférieure àl’énergie
d’activationélectronique
de chacun des constituants due la molécule.Ainsi,
parexemple, l’énergie
d’activationélectronique
de HCI est inférieure àl’énergie
d’activation de H seul et à celle de Cl seul. Cetterègle,
pour ainsi diregénérale,
sera
développée
ailleurs par l’un de nous.lopper
la théorie des étatsélectroniques
d’une molécule de la mêmefaçon
que pour les atomes.La
partie
del’énergie
d’une moléculequi dépend
desélectrons
externes sera définie par trois nombresquantiques :
u,quantum total ; /~, quantum
azimutal ;
j,
quantum
interne.Le terme
électronique
sera de la forme :où
est la constante de
Rydberg
~ 109 6788,
etd2,
deux constantesqui dépendent
dek
et de j.
°Aux valeurs successives du
quantum
azimutal If =1, G~,3,~,...,
correspondront
destermes que, par
analogie
avec lesatomes,
nousdésignerions
parS,P,D,H’..,
On devra donc
distinguer
différentes sortes d’ensemôles debandes,
que nousdésignons
par les noms de :
Bandes
.correspondan
aux passagesPn, ou
Pno
~Sn~
-
secondaires,
- __Pno
-> D,~~
ouPÎ,
-tertiaires,
- - --~ou
F110
Dn,
Dans certains
spectres
moléculaires(par
exemple He2,
CO et02)@
on observe aussi les passagesSno
-Sn,
etPno
-PIl’;
ces passages n’existent pas dans lesspectres
ato-miques.
Au
point
de vuephotochimique,
ces résultats sontimportants puisqu’ils
montrentqu’à
mesure que la
fréquence
d’une radiationaugmente,
la molécule estportée
à un niveauéner-gétique électronique
deplus
enplus
élevé : la succession de ces états serapproche
deplus
en
plus
d’une limitequi
est l’ionisation de la molécule. Lesexpériences
montrent,
eneifet,
que si l’on soumet une molécule à des chocs avec des électrons de vitesse
croissante,
le pre-mier effetproduit
est une ionisation de la molécule et non une dissociation.Les atomes ou groupes d’atomes
présentent
des mouvements de vibration. Ces vibra-tions sontquantifiées ;
p,q,r°,... sont les nombres dequanta
devibration;
ao,~o,1o,...,
lesfréquences
de vibration de la moléculenormale ;
a’,p’,,1’,... ,
celles de la molécule activée.’
Ces vibrations ne sont pas exactement
harmoniques,
comme le montre l’étude desspectres
infrarouges; l’énergie
de vibration pour un mode de vibration estégale
àx
représentant
ledegré
d’anharmonie des vibrations.Le terme de vibration
S’-eo peut
s’écrire de lafaçon
suivante,
qui
est commode pourl’analyse
desspectres
de bande :En donnant
àJ1’ etpo, q’
et r~o,... les valeurs successives obtient les séries de bandesqui
constituent un même ensemble.Ces bandes sont distribuées
par-groupes
successifsqui’correspondent
aux valeurscrois-santes de la différence. , ,
Cette différence
signifie,
aupoint
de vuephysique,
dansquelle proportion
l’énergie
de vibration des atomes estaugmentée
sous l’influence d’une radiation. L’étude desspectres d’absorption
montrequ’il
y a une limite bien déterminée au nombre d’états de vibration successifs quepeut
supporter
une molécule sans subir dechangement
interneimportant.
C’est ainsi que, parexemple,
la molécule de soufre S2 neprésente
que 14 étatsvibratoires
successifs,
la moléculed’aldéhyde
formique
enprésente
7 ;
la moléculed’acro-léine, 3 ;
lebenzène, 8;
le chlorure debenzène, 5 ;
lebichlorure
de benzèneortho, 3,
etc.Lorsque
la différencep’ po
dépasse
cettelimite,
on observe unchangement profond
du
spectre d’absorption,
les bandes deviennentfloues;
l’analyse
de cespectre
montre quela molécule subit une
déformation,
les atomes se trouvent écartés. Sip’ po
augmente
encore, on arrive à une
région
duspectre
avec une bandelarge
continue,
la molécule est alors dissociée.Ceci montre que les vibrations croissantes des atomes amènent à la limite une dissocia-tion de la
molécule;
ce résultat estimportant
pour l’étude des réactionsphotochimiques.
La molécule
présente
unmouvement
de rotation. Ce mouvement estégalement
quan-tifié. Si la molécule est linéaire ouparfaitement symétrique,
elle nepossède qu’un
seulmoment d’inertie ,I et la
quantification
de la rotation nedépend
que d’un seul nombrequantique
m. Onobserve,
pourchaque
état devibration,
c’est-à-dire pourchaque
bande,
ungrand
nombre de raiesqui correspondent
aux passages : 1° de l’état de rotation m-1 àl’état m, suite
R(m) ;
2° de l’état m à l’étatnoe-1 ,
suiteP(m),
et 3°quand
l’état de rotationne
change
pas la suiteQ(m).
Lesexpressions
mathématiques
de ces suitesparaboliques
sont :Le facteur
numérique
estégal
à27,7
Xi02013~~ ;
m a les valeurs successivesi ,2,
3,4,... ; J~j
et J’ sontles
valeurs du moment d’inertie de la molécule normale et activée.Une molécule assimilable à un
ellipsoïde
de révolution(par exemple,
la moléculepyramidale
de NH3 ouCH4)
aura deux moments d’inertie différents J et I~ -L;
sonmou-vement de rotation
correspondra
à la rotation d’un gyroscopeprésentant
un mouvement deprécession.
Cette rotation sera doublementquantifiée
etdépendra
de deux séries de nombresquantiques m ~
i,~3,..
et s -1,2,3,...
L’énergie
de rotation d’une tellemolé-cule est
égale
à :le
spectre
se composera de deux séries de suitesparaboliques
R((), P(ni),
etR(s),
P(s),
Q(s).
L’un de nous a décrit avec M. Schou unexemple
despectre
avec une rotation doublementquantifiée,
c’est celui del’aldéhyde formique,
molécule en Y pourlaquelle
lesmoments et L sont très voisins et bien différents c1e J. On a, en
effet,
J=1,~~.~0-~~
K = 23.10-40 et L =
~+~==26,45.10-~.
Enfin,
la rotation d’une molécule’asymétrique dépend également
de deux nombresquantiques
m et s, ainsi que l’a montré récemmentWitmer,
mais il n’existe pas encored’étude
expérimentale correspondante.
Au
point
de vuephotochimique,
l’étude du,spectre
de rotation estimportante,
puis-qu’elle
donne la valeurnumérique
des moments d’inertie de la molécule normale etactivée,
ce
qui permet
de savoir dansquelle
mesure une molécule se trouve’déformée sûus l’influence de radiations diverses. Donnons deuxexemples numériques.
La molécule de soufre S’pos-sède,
à l’étatnormal,
un moment d’inertieJo
=12,6. tO-40
et,
sous l’influence des rayonscompris
entre 3 300 et 2 794kl
on a J’== i3,8. 10-40;
parconséquent,
la distance des atomesde soufre
est,
dans la moléculenormale, ra = 0, ~0 ~
et,
dans la moléculeactivée, r’ =0, 72
À.Ces atomes ont une
fréquence
de vibration ~.~~0 cm-1 et a’ _-_. 397 cm-i.L’étude du
spectre
del’aldéhyde
formique
montre que, dans la moléculenormale,
lal’in-fluence des rayons de ), = 3 400
1,
la molécule est activée et la distance H-H devientégale
à
1,37
A. Sous l’influence des rayons de 2 900À,
la distance H-Haugmente
encore et devientégale
à1,5
À. Onpeut,
parl’analyse
duspectre,
suivre la succession des déforma-tionspro-ressives
que subit une molécule sous l’influence de radiations de différenteslon-gueurs d’onde.
B)
Etat dejJrédissociation
des molécules. - L’étude duspectre
d’absorption
d’un trèsgrand
nombre de corps différents nous a montré que la distribution des raiesreprésentée
par les formules
précédentes
n’a lieu que pour lesrégions spectrales
situées du côté desgrandes longueurs
d’onde. Nous avons trouvéqu’une
molécule nepeut
présenter qu’un
nombre limité d’états
quantiques
de vibration. Au delà de cettelimite,
la structure duspectre change complètement :
toute structure finedisparaît
et lesfréquences
de vibrationsatomiques
diminuent. Iln’y
a doncplus
de rotations bienquantifiées
et les distancesato-miques
sontaugmentées.
La molécule estdéformée,
elle passe à l’état que nous avonsappelé,
avec M.Teves,
de prédissociation.
Ainsi,
pour la moléculeS’,
lespectre
d’absorption
change
brusquement
pour À == 2794,2 ;
toute structure finedisparaît,
on obtient des bandes étroites continuesdistri-buées
régulièrement
avec unefréquence
a" ~ 360 cm-1 .On
peut,
àpartir
de cette nouvellefréquence
devibration,
360 au lieu de397,
calculerapproximativement
ledegré
de déformation de la molécule de soufre.Si l’on
désigne
par ?l’énergie potentielle
de la molécule desoufre ;
par x, lafréquence
de vibration desatomes,
et par 11, la masse effectiveon sait que l’on a:
étant la dérivée seconde par
rapport
à la distance r entre les atomes. Comme cp est de la forme :- 1
-on a °
1
f
étant une certaine fonction de1/r.
Par
conséquent,
enadmettant,
enpremière approximation,
quef est
le même pour lamolécule de soufre dans les deux
régions,
on en déduit :,
La distance r’ étant
égale
à0,72
À,
oncalcule,
pour la distance r" des deux noyaux desoufre dans 10. molécule activée par les rayons
compris
entre 1.. 2 794 et k 2 592 :sous l’influence de ces rayons, les noyaux de soufre s’écartent de
0,05
Á. C’est l’état deprédissociation
de la molécule de soufre.Des résultats absolument
analogues ont
été obtenus par nous pour les molécules dephosgène
COCP,
dethiophosgène
CSCP,
de
d’acroléine et des;dérivés
du benzène.II. Etude de la fluorescence. - L’un de
nous a
étudié,
enpartie
avec M.Castille,
lafluorescence d’un très
grand
nombre de corps, tant en solutionqu’à
l’état de vapeur. Nous nous sommes demandés si les radiationsappartenant
aux différentesrégions
d’absorption
La substance est introduite dans une etive en
quartz
de 6cm X 4
cm et de 1 mmd’épaisseur.
Cette cuve estappliquée
contre lagélatine
d’uneplaque
photographique;
oninterpose
unécran,
entre la cuve et laplaque :
une lamelle de verre, ou une feuille degélatine
ou d’acétate decellulose,
ou demica,
ou une lamelle deverre . euphos;
cesdifférents écrans laissent passer les rayons
jusqu’à ~3
OüO, 2 8UO, 2 600,
2 750 ou 4 200 Á. Onplace
laplaque photographique
ainsi recouverte de la cuve(fig. 1)
dans unspectrographe
et on
l’expose
auspectre.
La
longueur
d’onde des rayons de fluorescence étantplus grande
que lalongueur
d’onde des rayonsexcitateurs,
la lumière de fluorescence pourra traverser l’écraninterposé
entrela
plaque
et la cuve etimpressionnera
laplaque.
On verradonc,
sur laplaque développée,
quels
sont les rayonsqui
provoquent
une fluorescence.Fig 1.
Fig. 2.
L’analyse
même duspectre
de fluorescence a été faite enplaçant
la substance soit ensolution,
soit à l’état de vapeur dans unepetite
cuve en forme de croix(fig.
2),
fermée parquatre
fenêtres dequartz.
On fait tomber des rayons I delongueur
d’ondedéterminée,
provenant
d’unmonochromateur
enquartz,
et onphotographie
lespectre
de fluores-cence FI. La lumière de fluorescence étant trèsfaible,
surtout dans le cas de vapeurs, ladurée de pose doit être très
longue (entre vingt-quatre
heures etquatorze
jours).
L’ensemble des
résultats
montre que les rayonscorrespondant
auxrégions d’absorption
du
type
I1provoquent
une fluorescenceintense ;
les rayons desrégions
dutype B
provo-quent
une fluorescence nettementplus
faible;
enfin,
les rayons desrégions
dutype
C neprovoquent
pas defluorescence,
ou siquelquefois
onl’obtient,
elle est très faible.On
peut dire,
d’unefaçon
générale,
que lafluorescence provoquée
par une radiation estd’autant
plus
forte
que l’actionchiînique
de cette radialion estplus faible.
Une moléculequi
est seulement activée par uneradiation,
sans déformation ouprédissociation,
’retombetrès vite à l’état normal en émettant un
rayonnement
de fluorescence.Une
forte fluorescence
est lesigne
d’une actionchimique faible
(1).
Donnons un
exemple :
l’aldéhyde
benzoïque,
étudié par l’un de nous avec M.Almazy,
possède
quatre régions d’absorption :
I.
Type
A. - Entre 3 800 et 3 f00À;
nombreuses raies fines distribuées en séries. , Le coefficientd’absorption
moyen es"t ê = 30.II.
7ype A.
- Entre 2 940 et 2631 ;
nombreuses raiesfines ;
2moyen t 000.’
III.
Type
B. - Entre 2 600 et 2500,
unequinzaine
de bandesétroites,
continues,
distribuées en
séries,
2moyen = 10 000.IV.
Tyhe
C. - Entre 2 500 et 2200,
bandeunique,
continue, ayant
un maximum pour ?, = 2400, ê
= 25 000., Le coefficient
d’absorption s
est défini par la relationc étant la concentration en
mol.-g
parlitre, et d,
l’épaisseur
en centirnètres.(1) Weigert a fait récemment des mesures de la fluorescence et de la transformation de l’anthracène en dianthracène sous l’influence de rayons divers. Il trouve que les solutions fortement fluorescentes
réagissent peu et, lorsque la réaction photochimique est rapide, la fluorescence est faible (communication
L’étude de la fluorescence montre que les raies cles
régions
1 et IIprovoquent
unefluo-rescence
forte;
celles de larégion
III,
une fluorescencefaible,
et celles de larégion
IV(), =
2100),
pas de fluorescence.Ce résultat concorde avec celui que
Dymond
~’)
a obtenu pour la vapeur d’iode aulaboratoire de Franck à
Gôttingue.
Lespectre d’absorption
de la vapeur d’iode se composed’un très
grand
nombre de raies très fines distribuéesdepuis
le rougejusqu’à
A = Apartir
de cettelimite,
commence unelarge
bande continue(type C)
qui
se propage dansl’ultraviolet.
Lorsqu’on
éclaire la vapeur d’iode par des rayons de ), > ~99~À,
on obtientun
spectre
de fluorescence intense. Parcontre,
les rayonsqui
tombent dans larégion
d’absorption
continue(type C)
neprovoquent
aucune fluorescence de la vapeur d’iode.C’est ainsi que les raies fortes Cd
4800,
Zn4810,
Zn 4924 sontinactives,
tandis que Cd 5086provoque une fluorescence.
Dymond
et Franckinterprètent
ce résultat en admettant queles rayons de À 4995 1
provoquent
une dissociation de la molécule 12 en atomes d’iode. L’étude de la duspectre
defluorescence
et de laposition
des bandes de fluores-cence montre que cespectre correspond
très exactement aux. passages de l’a molécule d’uncertain état d’activation à un autre
état,
de niveauénergétique
inférieur. Nous donnonscomme
exemple
le cas dunaphtalène,
dont lespectre d’absorption
et de fluorescence ensolution et à l’état de vapeur a été étudié par l’un de nous avec ~1. H. de Laszlo
(2).
Lespectre
d’absorption
dunaphtalène comprend
ciiiq
régions :
I.
Infrarouge,
entre i, _-_ 9 (J. et 3 w ; f4 bandes étroites dis Lribuées suivant la loiIl. entre 7 140 et 6
060 ; bandes
à structurefine;
type A ;
la valeur moyenne d e F- =- 1 .III. 3 200 à 2
818;
bandesfines,
avec nombreusesraies
(plus
de400);
la loi de distribution de ces bandes et raies est :Le coefficient
d’absorption
moyen clans cetterégion
dutype A
est F- = 250.IV.
Ultraviolet, 2
820 à 2 485. Une dizaine de bandesétroites,
continues,
distribuéesrégulièrement,
c’est unerégion
dutype
B.Le coefficient
d’absorption
moyen estégal
à 6 000.V.
Ultraviolet,
de 2325 au delà de190U ;
bandeunique
continue trèslarge.
Maximum.~, _
2209, c
= 98 000. C’est larégion
dutype
C.A ces
cinq régions d’absorption
correspondent
desénergies
d’activation de la moléculeE,
= f 800cal., E2
= 40 000cal., ~3
= 88 000cal., E,,
~ 100 000 cal. etE5
- ~ 30 000calo-ries par
molécule-gramme.
L’étude de la fluorescence
dunaphtalène
montrequ’il
existequatre
spectres
de fluores-cence différents :(’) DyMOM [7,1s. f. t. 34 (1925), p.
3’::11.
(2) V. HE,XRI et H. DE LASZLO [Proc. Roy. Suc., t. 105 (192), p. 662. - C.
R., t. 178 f924), p. 1 004]" H. na LASZLO [7,IS. / t. 118
(~9?.~),
p. 369J.On n’observe pas de fluorescence
correspondant
à l’activation de la molécule par les rayons de larégion
V(type C).
Schématiquement,
lafi gure
3 résume ces résultats :1.°ig. 3.
La structure du
spectre
defluorescence
à la structure duspectJ’e
d’absorption
pour les rayons
qui
provoquent
lafluorescence.
Les rayons desrégions
dutype.A
provo-quent
une fluorescence formée de bandesfines;
ceux dutype B produisent
une fluorescenceformée de bandes
floues ; enfin,
ceux dutype
C neprovoquent
pas de fluorescence.III. Etude de la réactivité
chimique.
- La réactivitéchimique
d’une molécule est différente suivantqu’on
l’éclaire par des rayons desrégions.,7t,
B ou C.Ainsi,
pour lavapeur de soufre
mélangée d’hydrogène,
on n’observe pas de réaction sous l’influence desrayons de la
région
A(A
> 2794),
tandis que les rayonsappartenant
à larégion B
(~,
’279o)
provoquent
une réaction intense(Rideal,
V. Henri etTeves).
De
même,
lephosgène
neréagit
pas sous l’influence des rayons de h > ~‘100apparte-nant à la
région,
tandisqu’il réagit
sous l’influe;ce des rayons de À2600Â,
qui
appar-tiennent à la
région
dutype
B.De même encore, le
mélange d’hydrogène
et de chlore ne se combine pas sous l’action des rayons 4800 Àqui
correspondent
à larégion
à structure fineA ;
tandis que, sous l’action des rayons de À 4800 Âqui
tombent dans la bandelarge
(type C),
la réactionphotochimique
seproduit
(Taylor,
Thon)
(1).
Enfin,
lepermanganate,
qui présente
troisrégions d’absorption
(dans
levisible,
dans l’ultraviolet moyen 3100 et dans l’ultraviolet extrême2300)
(Viterbi),
n’est pasdécomposé
par les rayons visibles de la
première région ;
il sedécompose
sous l’action des rayonsultraviolets À = 3100
(expériences
deRideal).
Pourtant,
les rayons visibles exercent une certaine action d’activation sur lepermanganate;
eneffet,
l’oxydation
de l’acideoxalique
par le
permanganate
est très fortement activée sous l’action des rayons visibles absorbéspar le
permanganate.
’
IV.
Energie
de dissociation etbandes
continues. - Toutes les fois où l’on apu mesurer directement
l’énergie
de dissociation d’une molécule et comparer cetteénergie
à laposition
des différentesrégions d’absorption,
on trouve que le début de larégion
dutype
C(bande
continue)
correspond
à uneénergie égale
ousupérieure
àl’énergie
de dissociation. Pour lechlore,
les mesures récentes de K.-L. Wolf(2),
ont donné :correspondant
à À = 4 995Â;
lespectre
continucommence à À == 4
800Á,
correspondant
à 59 300 cal.(1) N. THON f. phys.
Chem.,
t. 424(1926),
p. 32~].Pour le
brôme,
on a :correspondant à
7, - 6 i901;
lespectre
continu commence à X = 5 200 À.Pour
l’iode,
on a :correspondant
à ?, ~ 8 890 À et lespectre
continu commence à ), - ~ 995 Á. Pour les acideshalogénés,
on a, pour les dissociations en atomes :et
on trouve que lesspectres d’absorption
continus(type
C)
commencent :Le
produit
de la dissociation par les rayonsest,
engénéral,
un atome normal et unatome activé.
Ainsi,
parexemple,
on obtient :En
résumé,
l’analyse
duspectre
d’absorption
d’uncorps à
l’état gazeuxpermet
de dresser le tableau decorrespondance
suivant :Par
conséquent,
toutes les fois que l’on cherchera àanalyser
une réactionphotochimique,
il faudra avant tout étudiercomplètement
lespectre
d’absorption
des corpsréagissant
à l’état gazeux. La structure duspectre
indiquera
àquel
genre d’actionphotochimique
ona affaire.
6. Influence de la concentration et de l’addition de gaz