HAL Id: hal-02733509
https://hal.inrae.fr/hal-02733509
Submitted on 2 Jun 2020
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Protéines végétales. Impacts agronomiques et
environnementaux de leur production dans les systèmes agricoles français
Anne-Sophie Voisin
To cite this version:
Anne-Sophie Voisin. Protéines végétales. Impacts agronomiques et environnementaux de leur produc- tion dans les systèmes agricoles français. Colloque INNO’FIL : Tendance de consommation – Moteur d’innovation des filières alimentaires, NOVALIM. FRA., Nov 2018, Bourg en Bresse, France. �hal- 02733509�
Protéines végétales
Impacts agronomiques et environnementaux de leur production
dans les systèmes agricoles français
Anne-Sophie Voisin
INRA Dijon, UMR Agroécologie
Anne-Sophie.Voisin@inra.fr
Production de protéines végétales / animales
Impacts environnementaux de la production de protéines animales >
protéines végétales
Production de protéines végétales / animales
Impacts environnementaux de la production de protéines animales >
protéines végétales
Un problème complexe : des besoins en protéines végétales accrus liés à
l’évolution des populations et des régimes alimentaires à l’échelle mondiale
Les légumineuses : source de protéines végétales
Plantes dicotylédones à fleurs papilionacées dont le fruit est une gousse,
– exploitées
• comme légume sec (pois, haricot),
• fourrage (trèfle, luzerne)
• pour l'ornement (acacia)
• pour le bois (palissandre)
Capacité exclusive de fixer l’azote de l’air (N
2)
• en symbiose avec des bactéries du sol
• Dans des organes appelé nodosités
La Nutrition azotée spécifique des légumineuses
La fixation symbiotique de de N
2– Varie selon la disponibilité en azote minéral du sol
N2 NO3-
Azote minéral dans la couche labourée au semis (kg N.ha-1)
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Azote issu de la fixation symbiotique (%)
0 20 40 60 80
Y = - 0.23 X + 87 R2 = 0.98 données Voisin et al (2002b) données Jensen (1987)
% f ix a ti o n s y m b io ti q u e
85 %
Azote minéral dans la couche labourée au semis (kg N/ ha)
Pois protéagineux
(Voisin et al, 2002)
Conditions agronomiques
70 %
NO3-
N2 Pois : 60 % en France en moy
Variation de la fixation symbiotique :
Une sensibilité aux stress environnementaux
Principaux facteurs limitants de la fixation symbiotique
pouvant induire une carence en N et limiter le rendement
– Facteurs abiotiques qui affectent le fonctionnement des nodosités
• Tassement du sol
– souvent lié à de mauvaises conditions d’implantation
• Stress hydrique
– dessèchement de la couche superficielle du sol
– Facteurs biotiques qui affectent l’intégrité du système racinaire
• Pourriture racinaire Aphanomycès (pas de moyen de lutte)
• Sitones (Insectes ont les larves se nourrissent des nodosités
– Facteurs qui affectent la croissance de la plante
• Compétition avec les Adventices (dû à croissance lente des légumineuses)
N2 NO3-
Variation de la fixation symbiotique :
entre espèces de légumineuses
Des différences marquées de % de fixation moyens entre espèces
Même si une variabilité importante selon le pédo-climats pour chaque espèce
- Trèfle, Luzerne et autres fourragères : - Féverole et lupin
- Soja et arachide : - Pois, pois-chiche, - lentille
- Haricot
80-90%
75 % 68%
63%
40 %
Des teneurs en protéines élevées
et variables entre espèces - Soja :
- Lupin : - Féverole : - Pois : - Céréales
Production de graines riches en protéines
10-15 % 23 % 40 % 37 % 30 %
La synthèse des protéines : un coût en énergie pour la plante
Plus de protéines produites à l’ha : pois (920 kg /ha) > blé (825 kg / ha) -
Teneur en protéines des graines : pois (23 %) > blé (11 %)Pb de
rémunération de la
production ?
Mais une marge de progrès possible pour espèces à sélection récente
- avec augmentation conjointe du rendement en matière sèche et en protéines
Mais moins de rendement
- Potentiel rdt matière sèche : pois (40 q /ha) < blé (75 q / ha)
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
1.4 1.6 1.8 2.0 2.2 2.4 2.6 2.8
rendeement moyens max en France (t ha-1)
Cout en carbone de production de la graine (g glucose par g de graine)
maïs
Blé Orge
Sorgho Triticale
Seigle Avoiine
Blé dur pois
féverole
soja
Colza
Tournesol
Céréales
Protéagineux Oléagineux Rendements moyens
max en France
Coût en carbone de production de la graine
(g glucose par g de graine)
t. ha-1 Pois
Féverole
Soja Blé
Maïs
(amidon)
(protéines)
(huile)
Bilan azoté des légumineuses
Fixation Symbiotique N
2Rendement N des graines
Fourniture de N Au sol
Tiges Racines
Rhizodépots
Impacts Agronomiques
des légumineuses
Bilan azoté des légumineuses
Fixation Symbiotique N
2Rendement N des graines
Tiges Racines
Rhizodépots
Fourniture de N Au sol
Prélèvement de N Par la culture
suivante
« Effets Précédents » des légumineuses:
sur les performances de la culture suivante Exemples
Blé
de poisRendement
:+ 7,4 q/ha
/ blé de céréale
(moy statistique pluriannuelle sur 36000 parcelles de blés,
7 PRA, 9-18 années)
Fertilisation azotée
:-20 à -60 kg N /ha
Colza
de poisRendement
:+0,5 à 3 q/ha
/ colza d’orge (essais sur 3 campagnes)
Fertilisation azotée : -30 à -60 kg N /ha
Source: Projet CASDAR 7175 PoisColzaBlé
Pois
Luzerne
Maïs
de luzerne de 2-3 ans
Fertilisation azotée :
après la destruction luzerne:
-100 à -150 kg N/ha
possible sur 2 ans
Les légumineuses : 2 économies d’azote
Fixation Symbiotique N
2Rendement N
des graines
Prélèvement de N
Par la culture suivante
Fourniture de N Au sol
Absence de fertilisation N Réduction de fertilisation N
Limiter les pertes !!
Plaza-Bonilla et al., 2015 Sol nu
CIPAN
N minéral dans le sol : fin novembre (kg/ha)
Blé PH PP Soja Sor. Tourn.
POIS
Effets Précédents des légumineuses:
sur les performances de la culture suivante
- Apport de N organique au sol : via des résidus de culture riches en N - MAIS Risques de pertes par lixiviation du nitrate
- Des reliquats azotés plus élevés
après une culture de pois
mais risques maîtrisables
en couvrant le sol à l’automne: CIPAN en implantant un colza après le pois,
Effets des légumineuses à plus long terme :
Effets sur le sol et ses composantes
- Apport de N organique au sol : via des résidus de culture riches en N
- MAIS Risques de pertes par lixiviation du nitrate
- MAIS en quantité faible : faible restitution de matière organique au sol par les légumineuses à graines
Après 6 ans
Evolution du carbone organique
du sol (SOC)
kg/ha/an Plaza-Bonilla et al., 2015
Rotations de 3 ans avec :
0, 1, 2 lég. à graines
= GL0, GL1, GL2
et
Cult Int / sol nu en interculture
0 leg 1 leg 2 leg Cult. Int. Sol nu
L’introduction de cultures intermédiaires
permet de maintenir le niveau de matière organique du sol Syst avec 1 leg
Les légumineuses : 2 économies d’azote
Fixation Symbiotique N
2Rendement N
des graines
Prélèvement de N
Par la culture suivante
Fourniture de N Au sol
Absence de fertilisation N Réduction de fertilisation N
Limiter les pertes !!
Interculture
Effets des légumineuses à plus long terme :
Effets sur le sol et ses composantes
- Apport de N organique au sol : via des résidus de culture riches en N
- Amélioration des composantes physiques et biologiques du sol
- Cultures économes en eau :
• pois H < blé d’hiver< pois P < soja < maïs
- Amélioration de l’état structural du sol
• Après une culture de légumineuse, sols moins tassés : grâce systèmes racinaires pivotants
- Modification de l’activité biologique des sols
• Effets a priori positifs mais peu caractérisés
Effets des légumineuses à plus long terme :
Effets sur la biodiversité
- Rupture des cycles des maladies et ravageurs des grandes cultures dominantes
- Pathogènes du sol : fusariose, piétin-verse, piétin-échaudage des céréales
Les légumineuses sont des cultures de diversification
= moins de 3 % des surfaces cultivées en Europe
Effets des légumineuses à plus long terme :
Effets sur la biodiversité
- Rupture des cycles des maladies et ravageurs des grandes cultures dominantes
- Pathogènes du sol
- Ravageurs à diffusion aérienne : ex : insectes du colza
les légumineuses : des cultures de diversification
% de colza dans les rotations Nb de traitements insecticides
Rotations plus diversifiées
(Source : enquête « Pratiques culturales sur grandes cultures »
2001 et RGA 2000) (Schott et al., 2010)
Effets des légumineuses à plus long terme :
Effets sur la biodiversité
- Rupture des cycles des maladies et ravageurs des grandes cultures dominantes
- Pathogènes du sol
- Ravageurs à diffusion aérienne - Meilleur contrôle des adventices
• alternance espèces
• décalage des semis
• diversité des herbicides
les légumineuses : des cultures de diversification
Densité d’adventices
(nb plantes/m²)
Rotations plus
diversifiées
Effets des légumineuses à plus long terme :
Effets sur la biodiversité
- Rupture des cycles des maladies et ravageurs des grandes cultures dominantes
- Pathogènes du sol
- Ravageurs à diffusion aérienne - Meilleur contrôle des adventices
MAIS Risque d’accroissement de certains bioagresseurs
(Aphanomycès du pois; bruches de la féverole)
En absence de moyen de lutte efficace
- Limitation de la fréquence de retour des légumineuses
- Alternances d’espèces de légumineuses +- sensibles
Impacts Environnementaux
des légumineuses
Impacts environnementaux:
directement ou indirectement liés à l’azote
Diminution des impacts négatifs associés à l’usage des engrais azotés -
Moindre consommation d’énergie et émission CO2 (fabrication et transport engrais) - Moindre émissions de N2O, NH3 (épandage d’engrais)= valoriser les impacts positifs à l’échelle du système de culture
& limiter les Impacts négatifs
= risques de perte de nitrateImpacts environnementaux:
liés à la diversification
- Un position particulière dans la biodiversité des espèces cultivées
• Propriété unique de symbiose fixatrice de N
2– Et rôle potentiel sur la microflore du sol
• Rôle dans la pollinisation
– pollinisateurs sur féveroles, luzerne, trèfles
- Effets liés à la diversification
• Dans les rotations et le paysage
– Réduction de populations de ravageurs – Réduction de l’usage des pesticides
Perspectives :
Comment valoriser la production de
protéines végétales ?
Perspectives
Les légumineuses produisent des services écosystémiques
– Contribuent à l’amélioration de la durabilité des systèmes agricoles et des systèmes alimentaires
• besoins en protéines forts pour nourrir une position croissante avec des ressources limitées
des enjeux forts pour mieux les valoriser
Ces services sont aujourd’hui mal valorisés
– Une place réduite dans l’agriculture européenne
• moins de 3% des surfaces ; lié à l’intensification de l’agriculture
– Des potentiels de rendements faibles et pas toujours atteints
• aléas climatiques, prix …
– Des services mal valorisés par les agriculteurs
• (effets à l’échelle du système de culture)
Un système socio-technique verrouillé
Alimentation humaine
Alimentation animale
Concurrence viande, féculents
Faibles volumes
Importations = 80 %
Concurrence du soja (OGM) Variabilité
rendements Faible rémunération
Peu de transformation
Pas de rémunération
qualité Pas de segmentation
-
Surface de légumineuses
À graines GRAINES ENTIERES
Faible Valeur Ajoutée
PRODUCTION
AVAL USAGESDes enjeux Forts pour le développement des filières : Comment apporter de la valeur ajoutée aux légumineuses ?
• Via amont : améliorer les performances des cultures (rdt et services)
• Via aval : donner de la valeurs ajoutée sur des segments spécifiques (qualité,
nutrition et santé, lien au territoire, service écosystémiques) : alimentation humaine
Intérêt de coupler les innovations de l’amont et de l’aval pour que chacune puisse se développer
Innovation agronomique:
association lentille-blé, pour augmenter la teneur en protéines du blé tout en respectant l’environnement
Innovation technologique:
acquisition d’un trieur optique et intégration
dans la chaine de collecte-stockage
Innovation
technologique: mise au point d’un outil pour la comptabilité analytique des exploitations, tenant
compte des résultats pluriannuels
Innovation organisationnelle :
organisation de l’ensachage et de la livraison des lentilles Exemple de la relance de la production et la consommation de
légumineuses par la coopérative Qualisol
Innovation dans le conseil: mise
en place d’une organisation du conseil adaptée
Innovation variétale:
stratégie d’alliance avec un sélectionneur
d’espèces de diversification
12 octobre 2018
Merci
pour votre attention !
AS Voisin, P Cellier, MH Jeuffoy, B Nicolardot