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Maison forte et motte castrale. Distinction fonctionnelle et analyse du mobilier archéologique : comparaison de la maison forte du Pré-Putet (Yzeure,Allier) et la motte de Villars-les-Dombes (Ain).

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Amélie Aude Berthon

Maison forte et motte castrale.

Distinction fonctionnelle et analyse du mobilier archéologique : comparaison de la maison forte du Pré- Putet (Yzeure,Allier) et la motte de Villars-les-Dombes (Ain).

Le début des années 1980 a marqué les prémices d’une distinction entre les mottes castrales et les plates formes quadrangulaires. Si l’on a d’abord observé des différences typologiques dans le but d’établir une éventuelle chronologie, la question de la fonction et du statut de ces fortifications de terre s’est vite posée. Réelle fortification ou lieu de pouvoir symbolique ? Force est d’admettre que chaque cas semble particulier, que des types apparaissent à l’échelle d’une région et que, suivant les siècles, ces édifices ne reflètent pas la même réalité

1

. Nous resterons donc, dans ce cas précis, dans le cadre chronologique de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne, avec deux sites qui n’ont, pour seul point commun, que le fait qu’on les confonde fréquemment : d’un côté, une maison forte fondée sur une plate forme quadrangulaire fossoyée et, de l’autre, une motte castrale en forme de cône tronqué. La question qui est posée ici est celle d’une distinction fonctionnelle de ces sites, et par conséquent du statut éventuel du détenteur dans le cas où les sources historiques ne peuvent nous venir en aide. L’angle d’étude est celui de l’analyse de la culture matérielle, et plus particulièrement le mobilier archéologique issu des fouilles de ces deux sites. Le mobilier archéologique est en effet une source qui pourrait être davantage mise à contribution. Pourtant, cette source semble tout indiquée pour mieux cerner un cadre de vie quotidien, les activités pratiquées en rapport avec les vestiges conservés et indiquer quelles personnes ont pu fréquenter ces sites. Je me propose d’étudier ici les mobiliers d’une maison forte et d’une motte castrale de la même époque, d’abord séparément, puis de confronter les résultats pour dégager les éléments matériels qui permettent de les différencier.

Le site de Pré-Putet

Le Pré-Putet était une maison forte située sur la commune d’Yzeure, dans l’Allier, dont la fondation semble remonter au XIV

e

siècle. Il n’en reste plus aucune trace aujourd’hui ; sa fouille ayant eu lieu dans le cadre d’une opération de sauvetage. L’observation préliminaire avait décelé une plate forme légèrement surélevée et plus ou moins quadrangulaire, en plaine, entourée de fossés d’environ 9 m de large et à proximité d’un cours d’eau (La Rigolée). Non loin de ce site, on distinguait une autre plate forme, de dimensions plus réduites (Zone 3). Cet espace a dû être aménagé lorsque la densité de bâtiments sur la plate forme principale a nécessité une extension des espaces de travail ou de stockage.

Cinq phases d’occupation médiévales ont été déterminées. La première ne concerne pas la maison forte proprement dite puisqu’il s’agit d’une occupation antérieure à son aménagement. En effet, certaines couches, perturbées, ont montré des tessons de céramiques datant des XII

e

– XIII

e

siècles, dates auxquelles nous devons faire remonter une première occupation. Les autres phases concernent la maison forte et son évolution au cours du Moyen Âge et de l’époque moderne. La première (XIV

e

siècle) voit la construction et l’aménagement de la maison forte, constituée d’une enceinte de pierre, qui suit le tracé de la plate-forme, de bâtiments résidentiels et

1

« Fortifications de terre en Europe occidentale », Archéologie médiévale, XI, 1981 ; Colloque de Pont-à-Mousson : M. Bur (dir),

La maison-forte au Moyen Age, Paris, 1986.

(2)

des structures annexes de stockage et de cuisson. Cette période est celle qui offre le moins de vestiges bâtis et assez peu d’éléments mobiliers. On peut tout de même noter la présence d’un large fragment de partie dormante de meule, probablement réutilisé comme fond d’abreuvoir, lié à un fragment de canalisation. L’ensemble, qui a pu initialement faire penser à la présence d’un moulin à huile, n’a pas été retenu, du fait de la position de ces éléments. En effet, aucun n’était en position de fonctionnement et l’axe de rotation de la meule était obstrué par du mortier. La phase 2 indique la présence de constructions à pans de bois et des dallages pour les sols intérieurs des bâtiments d’habitation. La partie résidentielle comprenait un étage, et des baies étaient percées dans le mur d’enceinte. Des espaces de stockage et d’activités domestiques ont été distingués, témoignant probablement d’

aménagements datant du XV

e

siècle et du début du XVI

e

siècle. La phase 3 voit une densification du bâti à l’intérieur de l’enceinte : l’ensemble domestique est plus complexe, on observe des galeries de circulation couverte et la division de la cour en deux. Une partie est réservée à l’accueil, l’autre aux activités internes. La phase 4 est la dernière recensée. La résidence est une nouvelle fois réaménagée avec l’utilisation de briques dans la construction et la pose d’enduits. On note aussi une augmentation du nombre de cheminées. Mais aucun nouveau bâtiment n’est établi. La phase 4 est une phase d’occupation moderne, qui s’étend probablement jusqu’au début du XVII

e

siècle

2

.

La maison forte du Pré-Putet offre donc trois types d’aménagements bâtis : une partie défensive à caractère militaire avec l’enceinte flanquée d’une tour d’angle au Sud-Est, des espaces résidentiels dallés, avec un étage, des aménagements de confort de type cheminée, ainsi que des espaces domestiques de cuisson, de stockage et des écuries.

Le mobilier médiéval et moderne du Pré-Putet

Le mobilier archéologique du Pré-Putet est représenté par un lot de tessons céramiques abondant, mais aussi par un corpus d’objets divers qui méritent notre attention. Son étude est d’abord présentée sous forme d’une analyse typologique et chronologique, selon des catégories fonctionnelles prédéterminées. Vient ensuite une analyse qui s’attache à en commenter la répartition.

Étude chrono-typologique par catégories

Vie domestique

Les objets domestiques recouvrent diverses sous-catégories, portant aussi bien sur la préparation des aliments et l’art de la table, que l’ameublement intérieur de la maison.

Artisanat domestique féminin

Les éléments relatifs à la couture ont été rangés dans la catégorie « vie domestique » dans la mesure où ces activités sont traditionnellement féminines, effectuées dans le cadre des petits travaux domestiques

3

. On compte trois dés à coudre, constitués de tôles en alliage cuivreux embouties, au piquetage soit triangulaire, soit quadrangulaire. Parfois, deux lignes horizontales soulignent l’ouverture du dé. Puis deux paires de ciseaux renvoient à la coupe des tissus et du fil : il s’agit d’une paire de ciseaux, dont le type est encore utilisé

2

Concernant le Pré-Putet, voir : V. Lallemand 2003 : « La maison forte de Pré-Putet à Yzeure (Allier). Données de terrain », Pages d’archéologie médiévale en Rhône-Alpes, Lyon, 2003 ; « Le Pré-Putet », Bilan scientifique, DRAC Auvergne, 1991, pp. 19-20 ; Rapport de fouilles J. M. Martin, D. Liégard, « RN 7, contournement de Moulins », SRA Auvergne, 1991.

3

G. Egan 2006 : p. 225 ; C. Klapisch-Zuber „Les Femmes et la famille“, J. Le Goff 1994.

(3)

aujourd’hui, avec une ouverture à chaque lame pour le passage des doigts et quelques traces de placage en alliage cuivreux en guise de décoration (D 21, pl. 1/2). Ce type apparaît fréquemment à l’époque moderne

4

. Le second type est une paire de forces miniatures, dont il ne reste que la courbure faisant ressort et le début des lames. La courbure ne dépasse pas 25 mm en largeur (D 20, pl. 1/1).

1.1.1.1.1 Matériel culinaire

Un mortier en calcaire taillé dans un seul bloc, large de 240 mm, présente une cupule circulaire, des angles taillés, soit représentant des excroissances semi-circulaires, soit, au niveau du déversoir, une excroissance quadrangulaire (D 374, pl. 2/1). La base du mortier est carrée. Un couvercle de marmite (?) en fer est relativement bien conservé (D 23, pl. 2/2). D’un diamètre de 155 mm, il comprend une poignée rivetée. Celle-ci est constituée d’une bande de fer plus large au centre, dont les extrémités recourbées se rejoignent.

Parmi les couteaux, il convient de distinguer ceux dont la fonction est de découper et de préparer les repas et ceux dont la vocation est de servir à table. Les couteaux de cuisine ont des lames plus larges et des manches moins fins. Deux fragments de lame en fer à dos droit, deux manches à ossature en fer dont les placages de bois étaient fixés soit grâce à des rivets de bronze (D 339, pl. 3/1), soit à des rivets en fer (D 323, pl. 3/2) illustrent les couteaux simples, sans doute polyvalents. Ce type de couteau, au manche traversé par des rivets, se retrouve au XVI

e

siècle en contexte urbain à Tours

5

. Deux autres types sortent des proportions les plus courantes. Un couteau de cuisine possède une lame large de plus de 40 mm, sa soie est courte et devait se ficher dans un manche, le dos de la lame n’est pas dans la continuité de la soie (D 190, pl. 3/3). Un autre type de couteau apparaît, plus original, puisqu’il s’agit d’une lame courbe en bronze, à gouttière (D 22, pl. 3/4). La soie est faite à partir de la tôle de la lame, enroulée et aplatie. La courbure pourrait faire penser à un outil tranchant de type faucille, mais l’utilisation du bronze nous amène plutôt à l’interpréter comme un éventuel rasoir.

Trois pierres à aiguiser complètent le matériel de cuisine polyvalent, celles-ci pouvant aussi bien servir à affûter outils et lames. Elles sont de dimensions différentes, et portent toutes des traces d’abrasion (D 13 ; 14 ; 15, pl. 1/16-17-18).

L’art de la table

La fin du Moyen Âge et l’époque moderne voient les usages de la table se modifier. On passe des couverts à partager ou à emmener chez son hôte au couvert individuel, notamment pour les verres et les couteaux

6

. Les objets servant à cet effet sont par conséquent plus nombreux sur la table, mais aussi dans les couches archéologiques.

Les couteaux de table sont plus fins et ornés au niveau du manche. La maison forte du Pré-Putet offre trois types de couteaux de table différents, ainsi qu’un placage de manche en os, perforé pour trois rivets (D 147, pl. 3/8). Le couteau le plus simple ne devait pas porter de placage : la lame et le manche sont d’un seul tenant, le manche possède une section quadrangulaire et une courbure décorative à son extrémité (D 353, pl. 3/7). Ce type de manche compact et massif pourrait être rapproché d’un type anglais du XVI

e

siècle

7

. Le deuxième type, long de 210 mm, possède un corps d’un seul tenant pour la lame et le manche plat qui devait recevoir un placage maintenu par cinq rivets. La partie entre la lame et le manche forme un relief décoratif, tandis que l’extrémité du manche est terminée par un fil en alliage cuivreux enroulé (D 3, pl. 3/5). Le troisième type est le plus ornementé

4

Le type découvert au château de Vuache est beaucoup plus élaboré (XVI

e

), Raynaud 1992 : pp. 93-94, fig. 101-D.

5

J. Motteau 1991 : notices 476 et 477.

6

Meaux médiéval et moderne : pp. 106-111 ; Z. Gourariez, Le banquet médiéval (XIV

e

– XVI

e

), les Français et la table, Paris, 1985.

7

G. Egan 2005 : p. 86-87, notice 351.

(4)

(D 350, pl. 3/9) : le manche, aplati au centre, reçoit de chaque côté un placage en os maintenu par trois rivets.

L’extrémité du manche en fer est constituée de deux sphères, l’une d’un diamètre d’environ 15 mm, l’autre, plus petite, d’un diamètre de 6 mm, terminée par une petite pointe. D’après une collection de couteaux londoniens, il semble, que les manches de couteau adoptent la mode des terminaisons de manches sphériques à la fin du XVI

e

siècle

8

. Un fragment de crochet, sans doute une dent de fourchette isolée, fait partie de ces ustensiles de table. La courbure n’est pas accidentelle mais prévue et la coupure nette de la partie large ne peut être prévue pour accueillir une tête de clou (D 149, pl. 3/6).

Le service de table est aussi représenté par un fragment de coupelle ou assiette en alliage cuivreux, dont les bords portent des reliefs horizontaux formant retrait (D 135, pl. 3/4). Le diamètre de cette coupelle au bord très évasé est d’environ 160 mm. Un objet identique a été découvert à Londres dans un contexte de la fin du XV

e

– début du XVI

e

siècle

9

. Un robinet décoratif, en bronze, très bien conservé, devait s’adapter à une aiguière ou autre récipient pour le service de l’eau ou du vin (D 192, pl. 4/5). Le robinet est formé d’un conduit circulaire et d’un déversoir à section trapézoïdale aux angles aplatis. La forme générale du déversoir prend la forme d’une tête animale très stylisée. Le robinet rotatif est trilobé. Ce type d’objet, daté du XVI

e

siècle, semble être assez standardisé puisqu’on retrouve des objets identiques à Tours

10

. Deux éléments de service en fer doivent être signalés : une louche, longue de 230 mm (D 354, pl. 4/1) et un manche de pelle de table (D 324, pl. 4/2). Le manche est rectangulaire à son extrémité et triangulaire lorsqu’on se rapproche de la pelle. Celle-ci ne possède pas de tranchant. On retrouve fréquemment ces objets dès le XVI

e

siècle

11

.

Un élément en fer est sans doute destiné à la boisson : il s’agit vraisemblablement d’un pivot de couvercle de pichet (D 12, pl. 4/4). Une partie est fixée au couvercle, l’autre au col du pichet métallique. Une excroissance plate sert de poucier.

Le verre et la table

Les fragments de vaisselle en verre sont très nombreux (184 fragments dont 62 identifiés) ; ils nécessiteraient une étude plus poussée, que nous ne pouvons développer ici. Ils attestent cependant de la présence de services aux formes variées, qui, typologiquement, correspondent à des ensembles des XV

e

, XVI

e

et XVII

e

siècles. Les éléments datables du XV

e

siècle sont des fragments de panse à décor linéaire en relief, appartenant le plus souvent à des gobelets, en vogue à cette époque (D 362, pl. 5/6). Ce type de décor se rencontre toutefois au XVI

e

siècle

12

. Un autre décor peut être, soit médiéval, soit moderne : il s’agit du décor en nid d’abeille, dont nous avons un fragment (D 259, pl. 5/7). Les gobelets à côtes saillantes partant de la base (D 207, pl. 5/8) et à décor de facettes terminées en arc de cercle (D 251, pl. 5/5) sont certainement datables du XV

e

siècle

13

. D’autres types de gobelets sont recensés : le décor de côtes ou décor linéaire se présente cette fois en diagonale sur la paroi du verre, ce décor s’arrêtant peu avant la lèvre (D 360, pl. 5/4 ; 361, pl. 5/3). Les fonds de gobelets adoptent ce même décor, mais disposé en étoile (D 358, pl. 5/9)

14

.

8

Egan 2005 : pp 87-88, notices 353 et 355.

9

Egan 2005 : pp. 98-99, notice 441.

10

Motteau 1991 : notice 414.

11

Raynaud Fr. 1992 : p. 102, objet 113-A ; Meaux médiéval et moderne : p. 107 ; manche et pelle antérieure au XIII

e

siècle : Querrien 2004 : p. 120 (objet Z8G, fig. 22).

12

Foy 2001 ; Meaux 1992.

13

Coste 2006 : p. 135 ; Meaux 1992 : planche typologique p. 125.

14

Cependant, un fond de verre du XVII

e

siècle adopte ce type de décor ; Meaux 1992, pl. 14/97, p. 123.

(5)

Quelques fragments de bouteilles, dont un fond et un col (D 214, pl. 6/7 ; 208, pl. 6/8), correspondent à des types connus à l’époque moderne à Meaux

15

. Un fond de bouteille très épais pourrait être daté du XVII

e

siècle (D 284,pl. 6/9), d’après un parallèle anglais

16

.

Les fragments les plus faciles à identifier sont les verres à tige : au XVI

e

siècle, le pied ou tige est biconique et la pente forme un angle d’environ 45 ° par rapport à la base (D165, pl. 6/1-2-3). La plupart des pieds avec ourlet sont d’abord plus ou moins plats, avant de monter et de former la tige. Tige dont les motifs sont assez communs au XVII

e

siècle : tige plus ou moins bombée avec décor vrillé ou non. Ces pieds correspondent à des coupes très évasées, d’un diamètre pouvant atteindre 120 mm (D 175, pl. 7/1)

17

.

Certains fragments portent un décor de lignes horizontales, en émail blanc, le plus souvent au niveau de la lèvre (D 364, pl. 6/5 ; 369, pl. 6/4 ; 274, pl. 6/6). Ce décor de filets se rencontre sur des verres à pied du début du XVI

e

siècle, aussi bien à Meaux qu’à Blandy-les-Tours

18

.

La verrerie de table du Pré-Putet concerne essentiellement le service de la boisson : gobelets à côtes pour le XV

e

siècle, bouteilles et verres (à pied ?) au décor de filets émaillés au XVI

e

siècle, ainsi qu’ une grande variété de verres à tige et de bouteilles au XVII

e

siècle.

Objets usuels

Pour le transport de l’eau, des éléments de cerclage de seau ont été découverts. Plusieurs fragments de fer circulaires, recouverts d’alliage cuivreux par endroits, devaient maintenir les douelles de bois. Le plus grand fragment conservé montre un diamètre de 220 mm. Deux fragments de chaîne, constituées d’anneaux massifs et solides, pouvaient supporter des lourdes charges. La première est faite d’un anneau circulaire et de deux anneaux allongés, terminés par une petite boucle (D 205, pl. 5/1). Le seconde est plus longue : à une sorte d’agrafe, qui permet de la fixer à un mur ou un support en bois, succèdent deux anneaux allongés et une plaque perforée retroussée pour former un crochet (D 191, pl. 5/2).

Un objet en fer pourrait vraisemblablement être interprété comme un porte chandelle (D 146, pl. 1/8) : une tôle de fer enroulée adopte une forme conique à une extrémité pour recevoir une bougie, tandis que l’autre partie, fine, sert à planter l’objet sur un support prévu, dans le sol ou dans un mur. Le décor gravé, constitué de lignes simples ou doubles, horizontales ou diagonales, et la très bonne conservation de l’objet nous empêchent de l’interpréter comme un projectile. Des objets proches sont présents sur le site normand de Grentheville à la fin du Moyen Âge

19

.

Certains objets témoignent des pratiques nouvelles de l’époque moderne, telles les pipes en terre cuite pour fumer le tabac venu du Nouveau Monde. Quatre fragments ont été découverts : deux fragments de fourneau, en terre cuite blanche, un tuyau, d’un diamètre de 11 mm mais dont le conduit interne ne dépasse pas 2 mm. Sur la paroi externe de ce tuyau est apposée une fleur de lys dans un losange (D 203, pl. 1/6). Toujours liée au tabac, une tête de pipe (?) adopte la forme d’un cône inversé percé de deux trous, portant des reliefs en forme de chignon dont une excroissance cylindrique terminée par un motif de croix de Malte (D 202, pl. 1/7).

Ameublement

15

Meaux 1992 : pp. 119-120, pl. 8.

16

Egan 2005 : pp. 106-107, notices 507-508.

17

Meaux 1992 : pp. 119-124, pl. 14/89-90.

18

Meaux 1992 : pp. 114-119, fig. 5/15 ; Coste 2006 : pp. 132-135.

19

Vivre au Moyen Âge 2002 : p. 146 ; p. 270, notice 30.

(6)

Quelques objets métalliques évoquent la présence de meubles en bois, disparus. Il s’agit le plus souvent de petits clous ou de plaques décoratives en alliage cuivreux. La première est une bande large de 20 mm, dentelée, traversée par trois lignes horizontales et un relief circulaire (D 17, pl. 1/4). La seconde, en fer, est un fragment en forme de triangle, percée pour sa fixation (D 320, pl. 1/15). La dernière plaque décorative en alliage cuivreux comporte un ourlet fixé par quatre rivets à tête circulaire (D 301, pl. 1/13). On compte trois clous : le premier, à pointe droite est long de 17 mm et sa tête est circulaire (D 131, pl. 1/10). Le second est long de 21 mm, dont la tête est quadrangulaire (D 286, pl. 1/11). Le troisième est plus discutable : la pointe est fragmentaire et large, la tête en forme de goutte (D 129, pl. 1/12). Enfin, une petite clef en fer, longue de 46 mm, ne peut qu’appartenir à un petit meuble, tel un coffre (D 331, pl. 1/9).

Jeux

Les loisirs sont représentés par des objets simples : deux jetons en os, l’un biconique, percé et gravé de cercles concentriques (D 158, pl. 4/7), le second, lui aussi perforé au centre, plus grand mais plat, toujours avec un décor de cercles concentriques (D 159, pl. 4/8). Les pions de jeu en os (tric-trac par exemple) sont connus depuis le X

e

siècle

20

. Une autre catégorie concerne peut être les jeux de l’enfance : une sphère lithique très régulière, d’un diamètre de 18 mm (D 371, pl. 4/6). Néanmoins, les billes médiévales semblent surtout avoir été fabriquées en céramique ou en verre

21

. Il est donc possible que l’objet ait pu être utilisé comme projectile.

Armement

Seuls deux objets sont liés à l’armement. Le premier est une bouterolle (D 196, pl. 8/1). Il s’agit d’un étui formant gouttières de chaque côté, le centre étant laissé vide. Elle se termine par une petite sphère. Des types en

« U » assez similaires, au XV

e

siècle, correspondent à des fourreaux de dague ou d’épée

22

. Le second est probablement une balle d’arme à feu : une bille de plomb moulée dont il reste la trace du moulage (D 6, pl. 8/2).

Cet objet, vraisemblablement d’époque moderne, correspond au calibre d’un mousquet (diamètre : 15 mm)

23

.

Equitation

Le matériel d’équitation est représenté par un ensemble de fers, un ombon de harnais, et des éperons. Les sept fers sont de différentes dimensions : l’un, probablement contemporain, est de très grandes dimensions. Les autres fers ont une envergure variant de 79 à 110 mm. Ces fers, de petites dimensions, peuvent faire penser à des fers à mulet (notamment les objets D 16 et D 151, pl. 8/9-10). Les fixations se font grâce aux étampures, dont le nombre ne dépasse pas six par fer. Ces objets sont accompagnés de trois clous de ferrure, à la forme spécifique, dite à tête en clef de violon (D 220 ; D 287 ; D 304). Cependant, le fer D 183 (pl. 8/8) montre que le ferrage pouvait s’effectuer avec des clous classiques, à tête quadrangulaire ou circulaire.

Des fragments d’éperon et de molettes montrent que les chevaux étaient employés à des fins non agricoles. On compte un éperon à molette et un fragment de molette à huit pointes (D 162, pl. 8/3). L’éperon possède des branches peu écartées (55 mm) et courtes, peu courbées, les fixations ne sont pas conservées et la molette est très endommagée. La longueur des branches et un profil peu cambré suggèrent une datation du XV

e

siècle (D195, pl. 8/5)

24

.

20

Motteau 1991 : pions du XI

e

siècle, p. 48, notices 254-255 ; Meaux 1992 : p. 75.

21

Vivre au Moyen Age 2002 : p. 294, notice 224.

22

Motteau 1991 : notice 598, pp. 115.

23

Egan 2005 : p. 202 ; Schwien 2005 : p. 148, fig. 8/14.

24

Halbout, Pilet, Vaudour 1987 : pp. 232-234.

(7)

L’objet le moins courant est sans conteste un ombon, couvercle métallique et décoratif servant à protéger certaines parties sensibles du harnais (D 26, pl. 8/11). Il s’agit d’une plaque circulaire emboutie en alliage cuivreux, formant en relief une cavité circulaire et un décor en pointe de diamant. Deux perforations devaient accueillir des fixations. De telles découvertes sont rares, et il est difficile de trouver des parallèles, mais un objet de même envergure, offrant un aspect similaire, a été retrouvé à Londres dans un contexte du XVI

e

siècle

25

.

Construction

Serrurerie

La serrurerie occupe une place importante par le nombre de clefs, la variété et la qualité des éléments retrouvés. On distingue les éléments de fermeture simples et complexes. Le premier élément simple est un loquet de porte, massif, qui coulisse entre deux supports, l’un sur la porte et l’autre sur le montant (D 178, pl. 9/1). De tels objets ne sont pas rares dans des contextes similaires

26

.

Clefs et serrures demandent une mise en œuvre plus complexe, par la présence d’un mécanisme. Un lot de clefs intéressant permet d’envisager une datation. L’une, longue de 139 mm, possède une tête losangée dont les angles sont légèrement soulignés par des excroissances ; son panneton dessine un rectangle perforé de deux bandes (D 139, pl. 9/2). La tête permet de dater cette clef du XIV

e

siècle, le losange caractérisant les clefs de cette période

27

. Nous aurions donc une trace matérielle de la première occupation de la maison forte. Les autres clefs sont d’époque moderne. Trois clefs, aux dimensions importantes et aux pannetons complexes, présentent chacune un type de tête différent : pentagonale (D 136, pl. 9/3), double (D 138, pl. 9/4), à large anneau (D 137, pl. 9/5). Les trois derniers exemplaires sont de dimensions plus modestes : l’anneau de tête est un ovale marqué par un bombement à la jonction avec la tige, les pannetons sont modestes et moins complexes (D 24, pl. 9/6 ; 25, pl. 9/7 ; 317)

28

.

L’objet le plus intéressant de cette catégorie est un boîtier de serrure (D 163, pl. 9/8). Une plaque emboutie forme une cavité rectangulaire dans laquelle s’insère le mécanisme. L’objet étant fragmentaire, il est difficile de le reconstituer et de voir à quel type de clef devait correspondre le mécanisme. Ces objets, fragiles, sont assez rares

29

.

Éléments liés à la maçonnerie et pentures de porte

De nombreux éléments métalliques rentrent en ligne de compte dans le processus de construction. Le plus souvent, ils servent au maintien des huisseries. Les gonds sont ici très largement représentés. Au nombre de onze, ils sont le plus souvent entiers, et leurs dimensions ne sont pas standardisées. Ils se présentent sous la forme d’une pointe triangulaire qui se fiche horizontalement dans la maçonnerie, l’autre extrémité étant verticale et de section circulaire pour accueillir la paumelle. On observe deux variantes : un spécimen possède une fiche perforée circulaire à l’extrémité, dans ce cas, le gond doit être fixée à une planche (D 337, pl. 10/9) ; l’autre présente un gond de section carrée : dans ce cas, la rotation n’est pas possible (D 338, pl. 10/8). Il s’agit plus vraisemblablement d’une fiche-crochet, insérée dans la maçonnerie. La présence d’un grand nombre d’éléments d’huisserie montre que les ouvertures, aussi bien les portes que les fenêtres, étaient nombreuses.

25

Egan 2005 : pp. 184-185, notice 1058.

26

Coste 2006 : p. 126, fig. 79/4 (XVI

e

siècle) ; Motteau 1991 : p. 62, objet 412, exemplaire du XVII

e

siècle.

27

Certains exemplaires plus modestes et moins élaborés semblent même apparaître dès le XII

e

siècle, mais les datations ne sont pas assurées : Motteau 1991, pp. 60-61, objets 368, 373, 376 ; Meaux 1992 : pp. 66-69, objet 10 ; Beck 1989 : p. 67, fig. 67/17

28

Meaux 1992 : exemplaires des XV

e

– XVI

e

siècles, pp. 66-69, objets 12 à 15 ; clef à anneau double trouvée à Bourges et datée des XIII

e

– XIV

e

siècles, Monnet 1999, pp. 260-261, fig. 5.

29

Motteau 1991 : p. 62, objets 396-399.

(8)

Les fragments de pentures sont nombreux. Les plus significatifs sont : une longue plaque métallique au bout arrondi et perforé (D 345) ; un fragment de penture formant une charnière (D 370, pl. 10/1). On observe deux autres fragments de charnière (D 333, pl. 10/6 ; 334, pl. 10/4). Les plaques rivetées, de fonction indéterminées, sont fréquentes. Elle semblent cependant faire office de penture dans la plupart des cas. Les pièces de bois sont assemblées à l’aide de crampons de charpentier (D 336 ; 305, pl. 10/3 ; 310), des larges agrafes de fer ou de cavaliers. Ces derniers présentent la particularité d’être plus hauts que larges (D 299, pl.

10/2 ; 346 ; 316). Un autre type de fixation existe : il s’agit d’agrafe simple à angle droit. Une partie est fichée dans le support, tandis que l’autre sert à crocheter (D 288, pl. 10/10). Il existe un autre crochet ou agrafe du même type, à tête plus massive (D 341). Un exemplaire daté du XVI

e

siècle a été découvert au château de Blandy-les-Tours

30

. On remarque aussi la présence de chevilles métalliques : la tête est plate, en forme de clef de violon, tandis que la pointe est longue, contrairement aux clous de ferrage (D 249 ; 264, pl. 10/7).

Les clous sont les objets métalliques les plus nombreux (quelque 300 exemplaires). Ils sont majoritairement fragmentaires, mais on peut observer qu’une majorité d’entre eux possède une tête circulaire et une taille inférieure à 45 mm. On peut toutefois s’arrêter sur un type de clou : ceux dont la tête forme un huit.

Ces clous à la pointe rectangulaire semble bien s’adapter au construction de terre et de bois, pour retenir par exemple les baguettes de clayonnage (D 244, pl. 10/11)

31

. On trouve ce type de clou dès le XIV

e

siècle, ici comme à Villars-lès-Dombes.

Enfin, deux objets remarquables (D 351, pl. 10/13 ; 352, pl. 10/12) pourraient correspondre à des poignées de porte

32

: chaque agrafe peut être fichée dans le bois. La poignée est ouvragée, avec des motifs en relief à chaque extrémité et au centre, démontrant une recherche esthétique.

Verre à vitre

Cent cinquante-et-un fragments de verre à vitre ont été comptabilisés. Ils dénotent le souci d’un certain confort au niveau des ouvertures de bâtiments à caractère résidentiel (bâtiments 2 et 3, pièces P 4, 7, 8). Le verre est plat, le plus souvent opaque, à la suite de l’oxydation de certains composants chimiques. Hormis le verre incolore plus fréquent, quelques teintes sont toutefois reconnaissables : brun, jaunâtre, verdâtre. Quatre éléments sont particulièrement intéressants : un fragment de vitrail bleu foncé, à bords droits, de forme rectangulaire (30 x 9 mm) ; un fragment incolore dont un bord taillé présente un arc de cercle ; un fragment de plaque, dont le bord est arrondi. Ce dernier, sans doute un objet en cours de taille, montre que la technique de fabrication est celle du cylindre de verre, découpé sur la longueur et aplati. Deux autres plaques, aux bords grugés, présentent les dimensions des plaques de verre mises en œuvre (D 179, pl. 6/10 ; D 285, pl. 6/11). À Tours et au château de Blandy-les-Tours, on distingue les verres plats à bords grugés, apparemment médiévaux (XIII

e

–XIV

e

siècle) et les bords droits, d’époque moderne (XV

e

-XVI

e

siècle)

33

. Le verre à vitre semble se diffuser dans l’architecture civile à la fin du Moyen Âge. Le coût du verre et sa mise en œuvre devaient néanmoins rester le privilège d’une catégorie sociale aisée

34

.

30

Coste 2006 : pp. 118-119, fig. 73/1.

31

Coste 2006 : pp. 127-128, fig. 80/5-8.

32

Voir les poignées de porte découvertes au château du Vuache ; Raynaud 1992 , pp. 87, fig. 93.

33

Coste 2006 : p. 140.

34

Foy 2001 : pp. 344-346.

(9)

Parure et accessoires du costume

Il convient de distinguer les accessoires basiques et très courants des éléments décoratifs plus recherchés.

Les accessoires les plus nombreux sont les épingles à tête enroulée et les ferrets. Ces objets en alliage cuivreux sont de facture très simple : les épingles sont faites à partir d’une tige de métal à l’extrémité de laquelle on effectue un ou deux nœuds, puis la tête est polie et la pointe légèrement affûtée. Les ferrets, pour les exemplaires les moins élaborés, sont faits d’une fine tôle de bronze enroulée. Une extrémité est fermée par pression du métal, l’autre est percée de deux trous pour faire passer le fil, qui sera cousu soit sur le vêtement soit sur un lacet. Ces objets concernent des classes sociales larges. Dans un certain nombre de cas, ces accessoires semblent inutilisés . La présence de mitraille fait d’ailleurs penser à la production de ce type d’objets sur le site (voir la rubrique artisanat).

Divers petits anneaux en alliage cuivreux et un fragment de chaîne, constituée de onze d’entre eux (D 200, pl. 11/1), peuvent renvoyer soit à une chaîne de pendentif, soit à une chaîne de châtelaine, ou encore à une chaîne de veste ou de capeline. On compte trois paillettes, petites plaques décoratives cousues sur les vêtements.

La première est trapézoïdale, allongée et rivetée au milieu (D 144, pl. 11/2). La seconde prend la forme d’une fleur à six pétales, le rivet étant placé au niveau du pistil (D 145, pl. 11/3). La dernière est allongée avec deux renflements (D 342, pl. 11/4).

La parure est représentée par deux bagues dont l’une est facilement reconnaissable à sa facture (D 198, pl.

11/6) : il s’agit d’un anneau en alliage cuivreux, original par sa forme de vague. Le second est une bande de métal enroulée et non scellée (D 7, pl. 11/7) qui forme une sorte de gouttière au centre. Sa relative bonne facture et l’existence de certains exemplaires de ce type à diverses époques font pencher pour une bague et non un élément de mitraille.

On compte six perles, en majorité, en verre. De petit module (leur hauteur ne dépasse pas 7 mm), elles sont de différentes couleurs : pâte de verre jaune (D 155, pl. 11/8) ; verre noir (grande perle cylindrique, D 359, pl. 11/9) ; en jais noir et facettée (D 10, pl. 11/10) ; verre mauve et facetté (D 11, pl. 11/11) ; verre bleu foncé allongé (D 213, pl. 11/12). Certaines d’entre elles (D 155) peuvent d’ailleurs faire penser à des grains de chapelet. Un dernier élément est en verre incolore ; de forme conique facetté, il présente, dans sa partie supérieure, une perforation dans laquelle est insérée une épingle à tête enroulée (D 368, pl. 11/13). Il s’agit probablement d’un pendant de vêtement ou d’une perle.

Un gros rivet à tête hémisphérique creuse en alliage cuivreux possède une tige courbée et retournée, comme pour former une sorte de bouton (D 348, pl. 11/14). Un petit grelot complète la série des accessoires cousus aux vêtements (D 201, pl. 11/5).

Les systèmes d’attache sont représentés par trois boucles et une chape. Cette dernière est une plaque doublée et rivetée à du tissu ou à du cuir pour maintenir une boucle. Elle est fragmentaire mais garde la trace de cinq rivets (D 18, pl. 11/15). Une boucle à traverse centrale possède un décor de griffes en relief que l’on retrouve sur des boucles de l’époque moderne. Une autre boucle, à traverse centrale débordante, datant du XVII

e

siècle, ressemble à cet objet (D160, pl. 11/16)

35

. Deux autres boucles sont présentes. En fer et de dimensions plus importantes, elles peuvent se rapporter à l’équipement du cheval. L’une est circulaire avec un départ d’ardillon (D 2, pl.11/17), tandis que la seconde, circulaire elle aussi, présente une traverse centrale sur laquelle pivote l’ardillon (D 4, pl. 11/18).

35

Egan 2005 : pp. 35-36, notices 88 et 89. À Meaux et à Rougiers, les traverses débordantes sont cependant datées du XIV

e

siècle,

mais sans les motifs de griffes en relief : Meaux 1992, pp. 95-96, objet 9.

(10)

Le site, dont les substructions étaient conservées en milieu humide, recèle quelques objets en cuir, dont une paire de chaussures. Il n’est pas possible d’analyser plus précisément ces artefacts, du fait de leur mauvaise conservation et du manque de moyens pour d’éventuelles restaurations et analyses.

Artisanat

Outils polyvalents

Il est difficile d’interpréter les outils, souvent polyvalents, parfois faciles à confondre avec des éléments métalliques liés à la construction. On peut tout de même reconnaître certains manches d’outils ou des objets dont la tête fut longuement martelée. Le manche d’outil identifié appartient peut-être à une faucille (activités agricoles), mais la mauvaise conservation d’une éventuelle lame ne peut guère nous aider (D 1, pl. 12/4). Une lame sans tranchant, dont l’épaisseur s’amoindrit, peut faire penser à une spatule (D 19, pl. 12/3). Plusieurs objets ressemblent à des poinçons (travail du cuir) ou à des burins et ciseaux à pierre. La tête sert à recevoir une percussion. L’un porte une lame fine dont le tranchant est vertical et non horizontal (D 180, pl. 12/1).

Un atelier domestique ?

L’artisanat ne se manifeste seulement par les outils, mais aussi par les résidus de fabrication. Deux types de travaux, qui concernent le métal, sont représentés ici. Le premier concerne la métallurgie : une scorie a été découverte. Deux objets en fer massifs sont peut-être liés à cette activité : deux lourdes masses de fer, parallélépipédiques, sont vraisemblablement des lingots. Leur format et leur poids ne permettent pas de leur attribuer d’autres fonctions (D 182 ; 189, pl. 12/2). Les autres éléments, en alliage cuivreux, sont des restes de plaques ou de fils (mitraille). Ceux-ci font penser à des déchets de fabrication d’épingles et ou de ferrets très nombreux sur le site, un certain nombre semblant inusité. Parmi ces éléments, on trouve des fragments de fils (D 130, pl. 12/6 ; 133, pl. 12/5), en bobine (D 132, pl. 12/7) ou en cours de torsion pour la fabrication d’une épingle à tête enroulée (D 109, pl. 12/8). Pour la fabrication des ferrets, on trouve des fragments de plaques découpées, dont une enroulée en cours de découpage (D 134, pl. 12/9). La fabrication de ce type d’objets semblent courante dès la fin du Moyen Âge, notamment en contexte castral ou urbain. Plutôt qu’une commercialisation de ces petits objets sans grande valeur, il faut plutôt penser à une fabrication selon les besoins, ces accessoires du costume étant utilisés en grande quantité (on peut compter plus d’une vingtaine de ferrets pour une simple chemise)

36

.

Une moitié de moule en pierre a été retrouvée (D 204, pl. 12/10), correspondant à la fabrication de bague à décor de pointe de diamant (?). Un objet pouvant être issu d’un tel moule est d’ailleurs présent ; celui-ci est semi-fini (D 9, pl. 12/11). Le moule présente une perforation latérale pour l’introduction du métal en fusion et une autre dans un coin de l’objet, sans doute pour maintenir les deux parties du moule ensemble. Les moules sont des découvertes fréquentes à partir du XV

e

siècle, notamment pour les méreaux ou les enseignes de pèlerinage.

Un certain nombre d’objets usuels semblent donc avoir été produits sur le site même : on peut restituer une petite forge pour des réparations ponctuelles, un atelier pour des besoins domestiques liés au costume, ferrets et épingles étant vite usés ou perdus, et apparemment quelques pièces moulées, dont l’usage est plus énigmatique.

36

Le site comtal de Grignan offre une quantité de mitrailles, d’épingles et de ferrets (XV

e

– XVI

e

siècle), voir le mémoire de master

2 d’A. A. Berthon, Le mobilier archéologique des résidences aristocratiques dans le royaume de Bourgogne-Provence, X

e

- XV

e

siècle, Lyon,

2006 ; Vivre au Moyen Âge 2002, pp. 288-289, « épingliers et ferblantiers » ; Egan 2005 : pp. 145-146.

(11)

Piété

Deux petites croix ont été découvertes. Elles sont du même type et de dimensions équivalentes, comme sortant du même moule. Elles diffèrent cependant par leur matériau. L’une est en alliage cuivreux, moulée ; elle porte une perforation dans la partie supérieure, sans doute pour servir de pendentif (D 8, pl. 11/19). Une croix en relief apparaît sur une face et la partie inférieure est plus large. La seconde ne porte ni perforation ni décor en relief (D 199, pl. 11/20) ; en outre, elle est moulée dans un métal argenté, brillant (plomb ?). Cette dernière serait-elle un objet semi-fini ?

Objets indéterminés

Divers objets métalliques sont difficilement identifiable, du fait notamment de leur état de fragmentation.

Un bel objet en bronze massif se présente sous la forme d’une lame et d’un manche. Mais cette lame est incurvée, porte des traces de griffes et ne possède pas de tranchant (D 27, pl. 13/5). Trois objets en alliage cuivreux fonctionnent ensembles : une plaque circulaire perforée avec une sorte de manche et une plaque perforée circulaire s’adaptant à la première (D 148, pl. 13/7) ; une petite plaque, bande de métal en alliage cuivreux, est incurvée (D 143, pl. 13/13).

Parmi les objets en fer, on trouve une longue tige à section quadrangulaire (D 152, pl. 13/4), une plaque circulaire rivetée au centre, munie de deux branches de chaque côté (D 164, pl. 13/6) ; un fragment de crochet à section rectangulaire (D 315, pl. 13/5) ; une tige circulaire munie de deux autres tiges à angle droit (panneton de clef ?, D 306, pl. 13/3) ; une plaque de métal à angle obtus percée de chaque côté (D 321, pl. 13/2) ; une bande de métal fine courbée dans la longueur (D 300, pl. 13/12) ; une bande qui s’élargit à une extrémité, mais repliée sur l’autre (D 302, pl. 13/1) ; une lame sans tranchant formant un angle et un départ de soie (outil ?, D 330, pl.

13/8) ; une plaque triangulaire, épaisse de 4 mm (D 340, pl. 13/14) ; une tige quadrangulaire terminée par une plaque à angle droit (outil ?, D 319, pl. 13/11).

Enfin, deux petits fragments d’ardoises percées et taillées ne semblent pas être des fragments d’ardoise de couverture (D 372, pl. 13/9 ; 373, pl. 13/10).

Le site et son occupation

Les objets livrés par le site sont nombreux, mais ils illustrent surtout les deux dernières périodes d’occupation, les XVI

e

et XVII

e

siècles.

Les catégories de mobilier représentées

Le corpus d’objets non céramiques est assez important puisque nous comptabilisons 944 objets, hors les innombrables clous. Sa richesse tient aussi à sa variété qu’à la qualité de certains types d’objets : nombreux fragments de vaisselle en verre, ustensiles décoratifs et précieux, tel le robinet en bronze. Huit catégories de mobilier identifiable sont représentées. Toutes ne le sont pas de la même manière. Il faut noter, tout d’abord, l’absence totale de mobilier lié à l’agriculture, aux activités pastorales et à la pêche. Les vestiges archéologiques ont pu toutefois être récupérés, ou stockés dans un bâtiment extérieur à la maison forte.

Les trois domaines les plus représentés numériquement sont ceux de la vie domestique (24,04 %), des

accessoires du costume (28,92 %) et de la construction (21,93 %). La consommation était donc très largement

tournée vers la vie intérieure de la maison, les activités domestiques et l’ostentation. En effet, les objets liés au

(12)

paraître proviennent aussi bien du domaine des accessoires du costume, que des ustensiles liés à l’art de la table et des éléments d’huisserie décoratifs, comme les poignées de porte ornées ou le vitrage, coloré ou non. La catégorie des loisirs occupe peu de place, mais les vestiges liés au jeu ou à la musique sont toujours rares.

Les catégories armement et équitation sont elles aussi peu évoquées, démontrant que le souci principal des habitants ne réside certainement pas dans l’art de la guerre. D’ailleurs, une partie des objets équestres, les fers, peut très bien renvoyer à des animaux dont la fonction est le charroi ou l’agriculture. Quelques objets montrent cependant que l’occupant du site détient un statut social sans doute supérieur : un éperon (mais quelle est la valeur réelle d’un tel objet à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne, alors que le statut chevaleresque a évolué ?), une munition d’arme à feu portative, celles-ci ne devant pas être légion, une bouterolle d’épée ou de dague. Mais cette dernière, tout comme l’éperon, est de facture simple. Ces deux catégories ne doivent pas être sous-estimées, bien que les objets apparaissent comme accessoires plutôt que représentatifs d’un mode de vie. Il faut plutôt, dans ce cas, évaluer non la quantité d’objets mais la qualité et la fonction précise de ceux-ci.

Catégories Vie domestique

Loisirs, jeux

Armement Équitation Artisanat Accessoires du costume

Piété Construction Indéterminés Total Quantité

d’objets

227 3 2 18 30 273 2 207 182 944

% 24,05 0,32 0,21 1,91 3,18 28,92 0,21 21,93 19,27 100

Tableau 1 : répartition du mobilier du Pré-Putet selon les catégories

L’artisanat est présent sous la forme d’outils, sans doute polyvalents ou liés à des travaux sur le site, mais aussi sous la forme de rejets de fabrication. En effet, on peut supposer que le travail du métal a été pratiqué, à preuve la scorie et les deux lingots de fer, mais aussi les fragments de mitraille en alliage cuivreux, plaques découpées et fils embobinés ou en cours de torsion. Dans les deux cas, aucun atelier n’a pu être repéré sur le terrain. Ces deux activités devaient être liées à des besoins ponctuels.

Le mobilier révèle des pratiques adoptées par une classe sociale privilégiée, telle la consommation de tabac. La présence des enfants et des femmes est difficile à distinguer. On avait jusque-là tendance à penser que, du fait de leur finesse, les accessoires du costume et les bijoux leur étaient destinés, mais le souci esthétique et le paraître ne sont spécifiquement féminins. En revanche, certaines activités leur sont traditionnellement attribuées, tels les travaux textiles. Le site livre quelques dés à coudre et des petits ciseaux de couture, illustrant cet artisanat domestique féminin

37

.

Documents textuels

Appréhender les documents textuels concernant le Pré-Putet reste une entreprise délicate, car on ne peut être assuré qu’ils sont effectivement liés à la maison forte. C’est par déduction et par rapprochement géographique que V. Lallemand a pu en interpréter certains comme susceptibles de faire référence à la maison forte du Pré-Putet, qui ne devait pas encore être baptisée ainsi. Entre 1480 et 1630, quatre mentions font référence à une seigneurie de La Rigolée, La Rigolée étant le ruisseau coulant à proximité de la maison forte, sise non loin de Moulins. Les détenteurs cités sont alors de « nobles gens », avocats du roi à la sénéchaussée de Moulins. En 1582, le seigneur de La Rigolée habite Moulins, et il en va de même pour Bertrand Rouer en 1592, qui est avocat du roi. Si la maison de forte de Pré-Putet est bien le siège de cette seigneurie, elle n’est pas, au

37

Voir note 3.

(13)

XVI

e

siècle, le lieu de résidence principale. Peut-être, tout au plus, une villégiature campagnarde des détenteurs.

Mais s’il s’agit d’une résidence secondaire, elle n’en est pas moins bien équipée et largement occupée à la vue des vestiges inventoriés. Par contre, l’aspect économique de ce centre de seigneurie est peu évoqué par les textes comme par le mobilier archéologique. Les textes concernant la seigneurie de La Rigolée ne font pas mention de maison forte et ne stipulent pas le type d’habitat lié à la seigneurie.

Une maison forte résidentielle

L’étude du seul mobilier archéologique découvert en contexte stratigraphique permet de tirer quelques conclusions sur l’occupation du site, les individus le fréquentant et les activités pratiquées. Dans un premier temps, l’aspect général du site, sa plate forme quadrangulaire surélevée et entourée de fossés nous avaient mis sur la voie d’une maison dite forte. La fouille a permis d’établir le plan des parties bâties : une enceinte suit le pourtour de la plate-forme, un angle est flanqué d’un tour et divers bâtiments sont construits à l’intérieur de l’enceinte. D’abord modestes, ils se densifient par la suite. On repère alors une partie résidentielle avec galerie et bâtiments annexes. Sans l’étude de mobilier, on aurait pu penser à un habitat fortifié, bien que cet aspect soit en réalité assez modeste, voire symbolique. L’étude conforte l’idée que la maison forte, malgré son nom, n’est pas un édifice à vocation militaire. Tout indique une prédominance des activités quotidiennes domestiques, tant du point de vue pratique que du point de vue du paraître. Cet habitat n’est pas un lieu spécifiquement masculin, bien au contraire ; des femmes, des hommes et des enfants occupent le site. Site résidentiel et familial, nous sommes loin de l’image d’un édifice militaire. D’ailleurs, les vestiges des activités armées sont très modestes.

Si les textes de la seigneurie de La Rigolée concernent cette maison forte, le mobilier archéologique confirme le statut des habitants, nobles robins de Moulins. Sans que le mobilier soit luxueux, sans constater une ostentation excessive, l’investissement matériel est porté vers des postes de dépenses qui ne paraissent pas de l’ordre de l’essentiel. Le service de table en verre est très bien représenté et l’on observe divers types de service de verres à pied et de gobelets fins. Le verre à vitre n’est pas à la portée de tous, il est ici utilisé pour certains bâtiments résidentiels. On pousse même le luxe jusqu’à décorer les fenêtres avec des vitraux colorés.

L’investissement des détenteurs en matériel métallique dans la construction est certain : pentures, poignées de porte décorées et autres objets métalliques liés aux huisseries le confirment. La maison est ouverte dans un espace fermé. Les indicateurs de statut social ne sont pas forcément à chercher du côté de l’équipement équestre ou de l’armement, faiblement représentés sur le site. Le Pré-Putet est donc un habitat de la petite noblesse à l’époque moderne, un lieu résidentiel à la vocation militaire très limitée. Il est en revanche plus difficile d’établir la nature et la qualité du mode de vie pour la première occupation de la maison forte, dont les vestiges sont plus épars et modestes, du fait des remaniements.

La motte de Villars-lès-Dombes

Situé à 30 km au nord de Lyon, la motte de Villars-lès-Dombes montre des dimensions imposantes : le tertre mesure 16 m de haut pour 65 m de diamètre à la base. Le site présente quatre phases d’occupation successives dont les deux premières sont recouvertes par la motte. L’état premier correspond vraisemblablement à une résidence fortifiée, sans doute contemporaine des seigneurs de Villars mentionnés en 1030. Le second état se caractérise par la construction d’une église, dont le plan paraît conditionné par l’établissement précédent.

L’édifice semble avoir été construit vers la fin du XI

e

siècle et utilisé au cours du XII

e

siècle. Au XIII

e

siècle, les

(14)

Beaujeu détiennent Villars : ils transforment le site en édifice fortifié (premier état : motte), conformément à leur politique militaire sur la rive gauche de la Saône. La dernière transformation médiévale semble avoir lieu au XIV

e

siècle, avec le surhaussement de la motte et la construction d’une tour circulaire en briques, sans doute édifiée dans le contexte des guerres delphino-savoyardes

38

.

Des fouilles archéologiques ont été menées sur ce site de 1988 à 1991, dégageant les quatre étapes que nous venons brièvement de décrire. On trouve un mobilier assez abondant, aussi bien céramique que métallique.

Nous aborderons les deux phases d’occupation correspondant à Villars 3 (premier état de la motte : XIII

e

siècle) et Villars 4 (seconde occupation de la motte, du XIV

e

au XVI

e

siècle).

Le mobilier des phases 3 et 4 : l’occupation castrale du site

Le mobilier de Villars 3

Le mobilier céramique

Il ne s’agit pas ici de traiter le mobilier céramique d’un point de vue chrono-typologique, mais plutôt d’utiliser celui-ci afin de poser la question de la fonction des céramiques exhumées ? Céramique de cuisson, de stockage, pour la table, ou encore céramique militaire (trompe d’appel) ? Nous nous intéresserons donc à la proportion de chacune de ces catégories. La répartition des tessons par fonctions obéit à des critères typologiques, sachant que la catégorie « vaisselle de table » n’est représentée que par des éléments dont l’attribution fonctionnelle est assurée : formes ouvertes, lèvres droites, becs. La part de cette catégorie est donc toujours minimale.

D’après l’étude menée par B. Poisson

39

, 691 tessons ont été attribués à cette phase d’occupation, ce qui constitue un échantillon assez faible sur le plan numérique. La part des céramiques à vocation culinaire est largement majoritaire, ce qui n’est pas exceptionnel. Cependant, on peut noter que seulement 3,2 % des tessons représentent la vaisselle de table, tandis qu’une part plus importante renvoie aux céramiques militaires avec les trompes en céramique (9,4 % des tessons). Ces deux données apparaissent comme les plus pertinentes. En effet, les fragments de trompes, même sur les sites castraux en milieu rural, sont rares. On en donnera pour preuve le site d’Essertines, château occupé du XII

e

au XIV

e

siècle, où ceux-ci ne représentent que 0,08 %

40

.

Le mobilier non céramique Artisanat

L’objet représentant cette catégorie prête à caution dans la mesure où aucun parallèle médiéval n’a pu être trouvé ; son état de conservation médiocre ne facilite pas non plus son interprétation (pl. 14/1). Mais une comparaison avec un objet de l’âge du fer

41

nous amène à l’interpréter comme une enclumette portative, la partie se rétrécissant pouvant se ficher dans le bois ; la tête usagée portant trace de martelage a pu être utilisée pour le battage à froid d’une lame (redressement d’une lame de faucille par exemple).

Armement et équitation

38

Pour une étude historique de Villars, voir Poisson 1994, pp. 763-775.

39

Voir J. M. Poisson, Le château de Villars (Ain), programme quadriennal de fouilles (1988-1991), 1991.

40

Piponnier 1993, pp. 73 et 87-90.

41

Cet objet peut en effet être rapproché de l’exemplaire trouvé à Vénarey, en Côte d’Or, conservé au Musée gallo-romain de Lyon.

(15)

On trouve dans cette catégorie un clou de ferrage, dont la tête dite en « clef de violon » est bien conservée, ainsi qu’un projectile. Il s’agit d’une pointe de flèche en fer (pl. 14/2), au penne plat et losangique.

Cette arme a trouvé un parallèle à Brandes-en-Oisans, dans des structures datées des XII

e

et XIII

e

siècles

42

. Dans la typologie établie par Valérie Serdon, il intègre la catégorie des flèches de type B, aux limites chronologiques encore mal définies

43

.

Un petit élément en fer, long de 40 mm et recourbé à une extrémité, a été interprété comme un ardillon isolé de sa boucle. Sa taille nous empêche de le classer dans la catégorie « accessoires du vêtement ». Il s’agirait plutôt d’un ardillon de boucle de harnachement. Un exemplaire identique et interprété comme tel a été découvert sur le site de Corné, à L’Isle/Bouzon (XII

e

-XIII

e

siècle)

44

.

Construction

Deux clous à tête plane et circulaire illustrent cette catégorie. Un autre élément, ressemblant de prime abord à un clou, possède une tête large, à deux pans ; la tige est par ailleurs très longue : 75 mm. Il s’agit en fait d’une clavette ou d’une cheville métallique (pl. 14/3). Des exemplaires similaires ont été trouvés à Blois (X

e

siècle) ainsi qu’à Corné

45

.

Accessoires du costume

Deux objets ont été classés dans cette catégorie. L’un, en bronze, est un élément de parure. Fin, composé d’une mince plaque ajourée, ses deux extrémités semblent endommagées. Il peut s’agir d’une applique de ceinture ou de vêtement, ou de tout autre accessoire à vocation décorative. Le second est un rivet en bronze (pl.

14/4) à tête hémisphérique de 10 mm de diamètre. Il a pu orner une ceinture ou un vêtement ; la possibilité qu’il ait pu être appliqué sur un meuble est envisageable.

Le mobilier de Villars 4

Le mobilier céramique

Le corpus céramique est cette fois beaucoup plus étoffé avec 1 679 tessons attribués à cet état. Les céramiques culinaires sont essentiellement représentées par des marmites. La vaisselle de table offre des éléments typologiquement plus variés, le plus souvent avec des tessons glaçurés ou engobés : cruche, tasse polylobée à fond plat munie d’une anse verticale, écuelle à oreilles et plat

46

. La vaisselle de table ne représente qu’ 1 % du total des tessons. Les fragments de trompes d’appel sont particulièrement importants puisqu’ils représentent 13 % du total des tessons, soit une proportion encore plus importante que dans l’état précédent.

Le mobilier non céramique Musique et jeux

Une guimbarde en fer est seule à représenter cette catégorie (pl. 14bis/1). Quasiment complet, cet instrument populaire qui ne demande pas de connaissances musicales particulières a été largement utilisé pendant le bas Moyen Âge. En effet, la guimbarde est plus souvent le fait de sites du XIII

e

–XIV

e

siècle

47

.

42

Bailly-Maître et Bruno-Dupraz 1994, pp. 132 et 134, fig. 98.

43

Serdon 2005, p. 115, fig. 36, et pp. 116-117.

44

Lassure 1998, p. 463, fig. 402/9.

45

Ibid., 1998, p. 62, fig. 34/1 et p. 64 ; Aubourg et Josset 2003, p. 180, fig. 9.

46

L’attribution de l’écuelle à oreilles et d’une assiette à cette phase d’occupation semble pourtant discutable, d’après B. Poisson.

47

Par exemple Corné (Lassure 1998, p. 439-440, fig. 380/ 3), la Bastide de Gironville (Boucharlat 1997, p. 70, n° 78).

(16)

Artisanat

Les outils à vocation artisanale sont essentiellement des poinçons, perçoirs ou burins. Ces instruments, aux fonctions polyvalentes, servaient à percer le cuir ou à graver. On compte ainsi trois perçoirs et un burin. Ce dernier (pl. 14bis/5), plus court, possède une tête quasiment plane et martelée, tandis que l’extrémité se présente non comme une pointe, mais plutôt comme un tranchant plus allongé. Un exemplaire quasiment identique a été trouvé à Essertines

48

.

Armement et équitation

Huit objets illustrent l’équitation, contre seulement trois pour l’armement. Parmi le mobilier destiné aux chevaux, on compte six clous de ferrage, nombre assez faible au vu de la quantité de mobilier assez importante répertoriée pour l’état 4. La présence de chevaux à cet endroit devait donc être fort restreinte. Un ardillon isolé de sa boucle, de taille importante (inv. 211 b) devait être destiné au harnachement. Un autre élément de cuivre ou de bronze a été identifié comme une phalère, disque de métal servant de décoration au harnais, placé aux intersections des brides.

L’armement est quant à lui représenté par une arme, une bouterolle de poignard, et un probable annelet de cotte de mailles. L’arme est une lourde pointe de lance, en fer (pl. 14bis/3) dont la douille présente un diamètre est de 30 mm, soit celui de la hampe. La section de la pointe est losangique. Un exemplaire similaire a été découvert au château de Saint-Germain, à Ambérieu-en-Bugey, dans un contexte des XV

e

- XVI

e

siècles

49

.

La bouterolle en bronze est de petite dimension, avec une longueur de 34 mm et une largeur à l’ouverture de 18 mm (pl. 14bis/2). La facture est simple : le triangle est formé d’une mince feuille de métal repliée. Une autre bouterolle de bronze a été découverte hors contexte sur ce site : celle-ci est plus allongée et se termine par une sphère. Elle est par ailleurs comparable à celle découverte à Brandes

50

. Le dernier objet de cette catégorie est un annelet de cotte de mailles, attestant la présence de vêtement défensif (pl. 14bis/4)

51

.

Accessoires du costume

Huit objets représentent cette catégorie, tous en bronze, métal de faible coût, facile à travailler et utilisé pour les éléments de parure vestimentaire ou militaire courant. Il s’agit surtout d’objets destinés à être accrochés ou rivetés à un élément du vêtement. On trouve deux épingles d’un type très courant, à tête enroulée et spiralée.

Il s’agit d’un fil de bronze dont la tête est réalisée par un nœud de ce même fil, ensuite poli. Cet accessoire était très répandu du XIII

e

au XVIII

e

siècle; il pouvait fixer des pans de vêtements ou de coiffe.

On trouve aussi deux appliques en bronze, petites plaques de métal à riveter sur du cuir ou du tissu. L’une est circulaire (pl. 14bis/4), tandis que l’autre se présente sous la forme d’une couronne à trois pointes, surmontée d’une excroissance circulaire (pl. 14bis/9). Ces appliques étant de formes très variable, il donc difficile de trouver des parallèles identiques.

Original également est un fermail, sorte de broche, à la forme peu commune, puisque quadrangulaire (la plupart des fermaux circulaires). Cette agrafe losangique (pl. 14bis/12) ou en forme de diamant, encore munie de son fin ardillon, n’a trouvé un parallèle que sur le site anglais de Winchester, dans un contexte du XIV

e

siècle

52

.

48

Piponnier 1993, p. 155, fig. 117/3.

49

Collectif 1981, Des Burgondes à Bayard, p. 166, notice 421.

50

Ibid. , pp. 183 et 187, fig. 510.

51

Voir Piponnier 1993, p. 142, fig. 99/1-4, pour un parallèle à Essertines.

52

Biddle 1990, tome 2, objet 2028, fig. 172, pp. 641-642.

(17)

Deux chapes complètent la liste

53

. L’une est entière avec un décor guilloché sur le pourtour (pl.

14bis/11). L’autre est partielle et sans décor. Dans les deux cas, elles devaient agrémenter des ceintures fines et peu larges puisque leur largeur ne dépasse pas 16 mm. On compte un seul bijou : une bague en bronze et pâte de verre, au large diamètre : 18 mm (pl. 14bis/13).

Construction

Ce domaine est essentiellement représenté par des clous de différents types. Pour cet état, ils sont au nombre de 39. On remarque des clous de charpenterie de tailles diverses, un clou de penture dont la tige est recourbée régulièrement (pl. 14bis/15), ainsi qu’une cheville métallique. Trois crampons de charpentiers viennent compléter le mobilier métallique d’assemblage de charpenterie (pl. 14bis/6).

L’huisserie est présente à travers un élément de penture encore munie de son clou à tête facettée. On compte aussi deux paumelles de types différents. L’une est constituée de deux branches qui se rassemblent après avoir formé l’étui du gond. L’autre est plus lourde mais constituée d’une seule fiche. Est aussi présente la serrurerie, avec un pêne à deux barbes (pl. 14bis/14), lié au système de fermeture d’une porte.

Le verre à vitre, entrant en compte dans la construction du bâtiment, est décrit dans cette catégorie. Sept fragments de verre plat incolore, ou verre à vitre, sont inventoriés. La présence de verre à vitre dans un contexte médiéval est à souligner, surtout sur un site à vocation militaire. En effet, il est généralement utilisé sur les lieux de culte et pour les habitats prestigieux

54

.

Vie domestique

Cette catégorie accueille tous les éléments qui concernent, de près ou de loin, la vie du bâtiment, ainsi que les différents aménagements intérieurs (éléments et serrurerie de meubles, vaisselle, luminaire, décor, ustensiles de cuisine…).

Deux fragments de couteaux sont reconnaissables, tandis qu’un autre élément peut prêter à caution. Les couteaux présentent des similitudes typologiques (inv. 25 et 22). L’épaule montre une continuité entre le dos de la lame et le manche : il ne s’agit pas d’un type d’emmanchement à soie fichée dans un manche, mais d’un manche préparé pour recevoir des plaques, décoratives ou non, rivetées. Le troisième peut éventuellement être interprété comme un moraillon, bien que ses multiples perforations de rivetage le désigneraient davantage comme un manche de couteau. Cependant, une extrémité est munie d’un arc de fer, large de 10 mm, qui obligerait l’adaptation de placages de la même largeur, ce qui paraît un peu excessif.

Les éléments appartenant à des meubles (système de fermeture, décorations) sont rangés dans cette catégorie. On compte ainsi un autre moraillon, longue plaque de métal perforée à une extrémité, celle-ci devant recevoir une goupille sans doute ajustée à un meuble de bois. On trouve des parallèles plus trapues à Essertines

55

. Les clous de menuiserie, à vocation décorative, sont ici au nombre de deux (pl. 14bis/7-8). De forme quasiment identique, l’un des exemplaires est en fer, tandis que l’autre est en bronze. Ces clous sont généralement munis d’une large tête circulaire, plus ou moins bombée, et d’une tige courte. Leur aspect est plus trapu que celui des clous de charpenterie classiques.

Le verre lié au service de la table est présent de manière assez importante. Cependant, il est nécessaire de rappeler que la complexité stratigraphique du site ainsi que les nombreux remaniements postérieurs ont

53

Les chapes sont des terminaisons métalliques rivetées aux extrémités de ceinture, qui permettent d’associer la boucle et l’ardillon à cette dernière.

54

Foy 2001, pp. 344-346.

55

Piponnier 1993, p. 157, fig. 120.

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