1 CONTEXTUALISER LE PROGRAMME POUR UN MEILLEUR CONTRÔLE DE LA
TUBERCULOSE À MADAGASCAR.
2
Sommaire
L’Auteur……….………. 4
Les Membres du Jury…..……… 5
Dédicace... 6
Remerciements………. 7
Liste des abréviations……… 8
Liste des tableaux……….. 9
Liste des figures………. 9
RESUME ... 11
1. INTRODUCTION GENERALE ... 24
1.1. La tuberculose : contextes internationaux. ... 24
1.2. Définitions opérationnelles ... 27
1.3. De la stratégie « DOTS » vers la stratégie « Halte à la tuberculose ». ... 28
1.4. Programme antituberculeux et système de santé. ... 32
1.5. Parcours théorique d’un tuberculeux ... 33
1.5.1. Indicateurs du contrôle de la tuberculose ... 38
1.6. Contextes spécifiques de Madagascar ... 39
1.6.1. Madagascar : grand pays avec divers contextes ... 39
1.6.2. Structure du système de santé ... 44
1.6.3. Programme de lutte contre la tuberculose à Madagascar. ... 46
2. CADRE CONCEPTUEL ET JUSTIFICATIONS ... 50
2.1. Hypothèse générale ... 50
2.2. Objectifs et finalité de l’étude ... 51
3. METHODOLOGIE GENERALE ... 53
3.1. Design général et fil conducteur de la thèse. ... 53
3.2. Cadre synthétique ... 55
3.3. Mesure de performance du système de suivi des malades sous traitement ... 58
4. RESULTATS ... 60
4.1. Partie I : Performance du Programme National Tuberculose à Madagascar dans le suivi des malades sous traitement ... 60
4.1.1. Aperçu général. ... 60
4.1.2. Etude N°1. ... 61
3
4.1.3. Leçons à tirer ... 70
4.2. Partie II : Relation entre améliorations organisationnelles et performance. ... 71
4.2.1. Aperçu général ... 71
4.2.2. Etude N°2 ... 72
4.2.3. Leçons à tirer ... 82
4.3. Partie III : Exploration des facteurs contextuels et des adaptations du PNT au niveau local. ... 83
4.3.1. Aperçu général ... 83
4.3.2. Leçons à tirer ... 102
4.4. Partie IV : Apport des mécanismes d’adaptation locale ... 103
4.4.1. Aperçu général ... 103
4.4.2. Etude N°4 ... 104
5. DISCUSSIONS GENERALES. ... 125
5.1. Défis et intérêts versus Contraintes et limites. ... 125
5.2. Le contrôle de la tuberculose à Madagascar. ... 128
5.2.1. Incidence et dépistage. ... 128
5.2.2. Le PNT et le système de santé. ... 130
5.3. Analyse spécifique des adaptations et des initiatives locales. ... 135
5.4. Analyse conjointe des initiatives/adaptations. ... 138
5.5. Réponse à l’hypothèse de départ. ... 148
5.6. Suggestions. ... 150
5.7. Perspectives. ... 155
6. CONCLUSION GENERALE... 156
7. BIBLIOGRAPHIE GENERALE ... 158
8. LISTE DES PUBLICATIONS ... 163
8.1. Premier auteur ... 163
8.2. Co-auteur ... 164
9. ANNEXES ... 165
4
L’Auteur.
Etat civil :
RAKOTONIRINA El-C Julio, né le 04 juillet 1968, Malagasy (Madagascar), marié et père de 3 enfants.
E-mail : juliorakotonirina@yahoo.fr
Situations actuelles :
Doctorant à l’Ecole de Santé Publique de l’Université Libre de Bruxelles.
Chef de service recherche et expertise à l’Institut National de Santé Publique et Communautaire d’Antananarivo – Madagascar (www.inspc.org).
Titulaire de :
Doctorat d’Etat en Médecine, Faculté de Médecine d’Antananarivo – Madagascar.
DES et de DEA en Santé Publique, Université Catholique de Louvain – Belgique.
Titre de Chef de Travaux en Epidémiologie, Faculté de Médecine d’Antananarivo – Madagascar.
Publications (Cf. Annexes) :
Premier auteur de 6 publications nationales et internationales dont 2 en relation avec la présente thèse.
Premier auteur de 2 communications internationales par poster dont 1 en relation avec la présente thèse.
Co-auteur de 6 publications nationales et internationales.
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Les Membres du Jury .
Prof. DONNEN P. Université Libre de Bruxelles, Belgique.
Prof. DRAMAIX M. Université Libre de Bruxelles, Belgique.
Prof. DUJARDIN B. Université Libre de Bruxelles, Belgique.
Prof. KEGELS G. Institut de Médecine Tropicale, Anvers.
Prof. MACQ J. Université Catholique de Louvain, Belgique.
Prof. PORIGNON D. Organisation Mondiale de la Santé, Genève.
Prof. RAKOTOMANGA JDM. Institut National de Santé Publique et Communautaire, Madagascar.
Prof. WANLIN M. Université Catholique de Louvain, Belgique.
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Je dédie cette thèse à :
Dieu tout puissant, Père, Fils et Saint Esprit.
Mon très cher ami Jésus Christ.
Ma petite famille : Zarasoa, Diana, Samie et Ulie, de m’avoir épaulé avec grande affection lors de la réalisation de ce travail et d’avoir accepté mes absences longues et répétées ;
Mes grand-mères Bébé Rafara et Maman Beta ;
Mes parents : Feu RAKOTONIRINA Martin (Médecin) et Feue RAZANANTSOA Juliette (Sage-femme) ;
Mes beaux parents : Feu ANDRIAMAMPIONONA Samuel et Mme RAZAFIASITERA RASOAMAMPIONONA ;
Mes frères et sœurs : El-Sarah, El-Julie, El-Julien, El-C Juliet et El-Julia et leur petite famille respective ;
Mes beaux frères et ma belle sœur : Mamy, Herivelo, Tantely et Nirina et leur petite famille respective ;
Mes Maîtres et Enseignants au sein de la Faculté de Médecine d’Antananarivo, de l’Ecole de Santé Publique de l’Université Libre de Bruxelles et de l’Ecole de Santé Publique de l’Université Catholique de Louvain ;
Mes collaborateurs au sein de l’Institut National de Santé Publique et Communautaire, Antananarivo ;
Tous les membres du TAKRIKA et du CCS.
Mes amis et connaissances.
Julio.
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Remerciements.
Mes remerciements s’adressent principalement au Professeur Jean Macq pour son encadrement dès la conception du protocole jusqu’à la finalisation de ce travail, malgré ses occupations académiques et familiales.
Mes remerciements s’adressent également au Professeur Jean de Dieu Marie Rakotomanga, pour ses engagements et ses conseils pratiques lors de la réalisation des différentes enquêtes sur terrain.
Mes remerciements vont aux membres du comité de suivi et aux membres du jury : les Professeurs Philippe Donnen, Michèle Dramaix, Bruno Dujardin, Guy Kegels, Jean Macq, Denis Porignon, Jean de Dieu Marie Rakotomanga et Maryse Wanlin. Leur contribution aura certainement de l’impact positif sur l’amélioration de la lutte contre la tuberculose à Madagascar.
Je voudrais saisir cette opportunité pour remercier les personnes qui ont contribué à la réalisation des travaux faisant le focus de cette thèse : Lantonirina Ravaoarisoa, Fidiniaina Mamy Randriatsarafara, Niels Mahadimby, Rindra Vatosoa Randremanana, Holy Razafintsalama, Martin Rakotonjanahary, Gabriel Marie Ranjalahy, Rolland Robinson, Michèle Dramaix, Guy Kegels, Jean de Dieu Marie Rakotomanga et Jean Macq.
Les enquêtes ne pouvaient pas être réalisées sans le concours et la participation active des acteurs impliqués dans la lutte contre la tuberculose à Madagascar et des malades : mes sincères remerciements.
Mes remerciements s’adressent également au Professeur Justin Ranjalahy Rasolofomanana de m’avoir offert cette précieuse opportunité de suivre une formation doctorale.
Je remercie tous les personnels administratifs et enseignants de l’Ecole de Santé Publique de l’Université Libre de Bruxelles, de l’Ecole de Santé Publique de l’Université Catholique de Louvain, de l’Institut National de santé Publique et Communautaire et de la Faculté de Médecine d’Antananarivo.
Toute ma reconnaissance au Département des relations extérieures de l’Université Libre de Bruxelles, d’avoir financé mes voyages et mes séjours en Belgique.
Un grand merci à Zarasoa, Diana, Samie et Ulie d’avoir financé les enquêtes.
Julio.
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Liste des abréviations.
BAAR : Bacilles Acido-Alcoolo-Résistants.
BK : Bacille de Koch.
CDT : Centre de Diagnostic et de Traitement de la tuberculose.
CHD : Centre Hospitalier de District.
CHRR : Centre Hospitalier Régional de Référence.
CHU : Centre Hospitalier Universitaire.
CSB : Centre de Santé de Base.
CT : Centre de Traitement.
DOTS : Directly Observed Treatment Short-course.
IC
95%: Intervalle de Confiance à 95%.
IEC : Information, Education et Communication.
MSPF : Ministère de la Santé et du Planning Familial.
OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
OR : Odds Ratio.
PNT : Programme National de lutte contre la Tuberculose.
RAI : Risque Annuel d’Infection tuberculeuse.
SE/CNLS : Secrétariat Exécutif du Conseil National de Lutte contre le Sida.
TB : Tuberculose.
TDO : Traitement Directement Observé.
TEP : Tuberculose Extra-Pulmonaire.
TPM- : Tuberculose Pulmonaire à frottis négatif.
TPM+ : Tuberculose Pulmonaire à frottis positif.
VIH : Virus d’Immunodéficience Humaine.
WHO : World Health Organization.
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Liste des tableaux
(Les tableaux des articles ne sont pas répertoriés dans cette liste)
Tableau I : Structure opérationnelle du système de santé à Madagascar. ... 45 Tableau II : Cadre synthétique montrant le continuum existant entre les objectifs, les
variables et/ou les indicateurs et les techniques de collecte des données. ... 56 Tableau III : Liste des initiatives associées positivement à l’adhésion au traitement. ... 139 Tableau IV : Comparaison de la proportion d’abandon des malades ayant bénéficié de la combinaison d’initiatives avec celle des malades n’ayant pas bénéficié de la combinaison.
... 145
Liste des figures
(Les figures des articles ne sont pas répertoriées dans cette liste)
Figure A : Evolution de l'incidence annuelle estimée de la tuberculose dans le monde et en Afrique, de 1990 à 2008 (WHO 2009). ... 25 Figure B : Relation entre l'incidence de la tuberculose et de la prévalence de l'infection à VIH en 2002 (Reid, Scano et al. 2006). ... 25 Figure C : Proportion des sujets à VIH positif parmi les tuberculeux dont le statut VIH est connu, dans le monde et en Afrique, de 2002 à 2008 (WHO 2009). ... 25 Figure D : Proportion des cas de tuberculose à "Multi-Drug Resistance" parmi les nouveaux cas. ... 26 Figure E : Axes de réflexion pour organiser la prise en charge des sujets tuberculeux (Macq 2005). ... 31 Figure F : Mécanismes expliquant l’évolution des indicateurs de contrôle de la tuberculose. 39 Figure G : Carte de Madagascar avec ses 22 régions et ses 111 districts (587.040 km²). .... 40 Figure H : Taux de fréquentation des consultations externes des Centres de santé de base par district en 2004 (Source MSPF). ... 42 Figure I : Répartition des 194 CDT publics et privés selon les districts à Madagascar (1999).
... 43
Figure J : Schéma hypothétique de l’efficacité du contrôle de la tuberculose. ... 51
Figure K : Identification des adaptations et des initiatives prises par les responsables locaux
et les prestataires de soins. ... 54
Figure L : Indicateurs d'évaluation d'un système de suivi des tuberculeux dépistés et mis
sous traitement. ... 59
10 Figure M : Approche méthodologique de l'étude N°4. ... 103 Figure N : Incidence estimée et incidence observée de TPM+ à Madagascar, 1996 - 2007.
... 128
Figure O : Evolution estimée du taux de dépistage de TPM+ à Madagascar. ... 129
Figure P : Evolution des proportions médianes d'abandon au traitement dans 24 districts
ayant traité au moins 100 tuberculeux, 1996-2006 (Etude N°2). ... 132
Figure Q : Relation entre les proportions d'abandon et l’utilisation de consultation externe
dans les 24 districts ayant pris en charge au moins 100 tuberculeux en 2006. ... 134
Figure R : Relation entre les proportions d'abandon et les taux de couverture vaccinale en
BCG des 24 districts ayant pris en charge au moins 100 tuberculeux en 2006. ... 134
Figure S : Leçons à tirer permettant d’expliquer pourquoi une combinaison d’initiative serait
efficace dans un contexte donné. ... 147
Figure T : Démarche pour spécifier le rôle d’une formation sanitaire dans la prise en charge
des tuberculeux. ... 153
Figure U : Répartition de rôle des CDT suivant le système de coaching ... 154
11
RESUME
Introduction.
La tuberculose est une maladie infectieuse qui constitue un fardeau pour la société et en ce sens qu’elle est responsable d’un important taux de mortalité spécifique, surtout dans les pays en développement. Malgré les grands progrès en termes de méthodes de diagnostic, de prévention et de traitement, près de 9 millions de nouveaux cas apparaissent chaque année au niveau mondial dont 30% en Afrique. On estime que la tuberculose est responsable de près de 2 millions de morts par an, principalement parmi les populations les plus pauvres. Pourtant, la maladie peut être guérie à l’aide des médicaments dont le coût est inférieur à 18 USD par patient.
Pour faire face à ce problème, l’OMS a recommandé vers 1994 l’application de la stratégie « Directly Observed Treatment Short-course, (DOTS) ». Cette stratégie, constituée de 5 points clés, n’a pas donné de résultats homogènes. Avec cette stratégie, certains pays ont trouvé des bons résultats, d’autres n’ont pas pu encore atteindre leurs objectifs. Par conséquent, les experts de l’OMS ont conçu et ont publié une autre stratégie appelée « Halte à la Tuberculose » en 2006. Cette nouvelle stratégie, étiquetée parfois comme la stratégie DOTS élargie, va au delà des 5 principaux points de la stratégie DOTS. Elle fait appel à toutes les structures sanitaires publiques et privées et à tous les acteurs de santé, y compris la communauté, pour participer au dépistage et à la prise en charge des tuberculeux.
A Madagascar, la lutte contre cette maladie est coordonnée par l’équipe du
Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT). Ce programme est fonctionnel
depuis 1991 et applique les stratégies recommandées par l’OMS. Il a conçu un manuel
destiné aux prestataires de soins et aux différents responsables du niveau opérationnel. Le
PNT s’est fixé comme principaux objectifs d’améliorer le système de dépistage et d’atteindre
une proportion de guérison de 85%. En 2006, 15 ans après la mise en œuvre du
programme, le taux de notification des nouveaux cas de tuberculose à frottis positif (TPM+)
était de 81 pour 100.000 habitants par an et la proportion de réussite au traitement pour ce
dernier groupe de tuberculeux était encore 78%. La létalité et la proportion d’échec au
traitement à Madagascar sont relativement basses. La relativement faible proportion de
réussite, inférieure à l’objectif, est avant tout liée à la proportion d’abandon élevée. Depuis
2006, le PNT a adopté le système décentralisé dans la prise en charge des malades.
12 Généralement, un tuberculeux a un parcours long et ardu à effectuer à partir de l’apparition des premiers signes d’imprégnation tuberculeuse jusqu’à la guérison. Ce parcours est à la fois d’ordre géographique et thérapeutique. Bien que les malades présentent des signes cliniques quasiment identiques, demandant un schéma thérapeutique standard, ils vivent dans des contextes différents. Et chaque contexte a un effet spécifique sur l’adhésion au traitement. Pourtant, ces contextes sont rarement considérés dans les stratégies conçues au niveau national et international. Soulignons que Madagascar est un vaste pays de 587.040 km² ayant des contextes (contexte géographique, niveau d’utilisation de consultation externe, nombre de formations sanitaires, etc.) très variables d’une région à l’autre et d’un district à l’autre. L’application des directives sans tenir compte de ces différents contextes locaux pourrait être à l’origine de la non réussite du système de suivi des malades et donc du contrôle de la tuberculose. Inversement, les districts et les centres de diagnostic et de traitement (CDT) qui adaptent les directives selon leurs contextes et/ou qui prennent des initiatives répondant aux contextes des malades, ont plus de chance de réussir le contrôle de la tuberculose.
Objectifs.
D’une manière spécifique, la présente thèse vise à : - Situer la lutte contre la tuberculose à Madagascar ;
- Identifier les mécanismes d’adaptation et les initiatives locales associés à la performance du PNT ;
- Proposer une solution réaliste au travers des résultats obtenus.
Méthodologie générale.
Pour atteindre les objectifs, une série de 4 études a été menée. Chacune de ces 4 études a son design spécifique. Mais d’une manière générale, ces études ont fait appel à des approches qualitatives et quantitatives. Elles nous ont amené à interviewer des malades TB et éventuellement un membre de leur famille, à interviewer les prestataires de soins et les responsables du PNT aux niveaux du système de santé, à exploiter les dossiers et les rapports relatifs à la prise en charge des tuberculeux.
Les indicateurs utilisés par le PNT, dans le cadre du système de suivi des malades
sous traitement sont la proportion de réussite englobant la proportion de guérison et la
proportion du traitement terminé ; la proportion d’échec ; la proportion de décès et la
proportion d’abandon. La réussite au traitement est affectée par la résistance aux
13 médicaments et la co-infection Tuberculose et VIH. Nous avons donc décidé de prendre la proportion d’abandon comme l’indicateur principal permettant d’évaluer la performance du système de suivi des tuberculeux sous traitement.
En s’inspirant de la démarche de l’évaluation réaliste proposée par Pawson, une analyse de l’ensemble des résultats a été effectuée dans l’optique d’identifier des paquets d’initiatives qui seraient efficaces pour des contextes donnés.
Méthodologie spécifique et résultats.
La première étude est rétrospective. Elle fait un état de lieux de la lutte contre la tuberculose à Madagascar. Tous les rapports de prise en charge des malades dans tout le pays de 1996 à 2004 ont été exploités. Il a été observé que la proportion d’abandon au traitement des tuberculeux à Madagascar est restée élevée depuis la mise en place du PNT en 1991 et la mise en route de la stratégie « DOTS » en 1994. Une diminution de cette proportion a été constatée mais très lente, de l’ordre de 4,5 points (21,0% - 16,5%) en 9 ans (de 1996 à 2004).
La 2
èmeétude a analysé la relation entre le niveau de performance du PNT et les améliorations organisationnelles sur le système de prise en charge des malades. Cette étude a ciblé un échantillon de 24 districts sanitaires ayant pris en charge au moins 100 malades par an entre 1996 et 2006. Elle a permis d’observer que le PNT a apporté différentes améliorations dans la prise en charge des tuberculeux : amélioration de la couverture géographique en CDT, formation des agents de santé sur la stratégie DOTS etc.
Par ailleurs, le PNT a obtenu un appui financier et technique de la part des organismes internationaux, plus particulièrement l’OMS, le Global Fund et la Coopération Française. Les valeurs médianes de la proportion d’abandon étaient supérieures à 15% entre 1996 et 2001 et entre 2003 et 2004. Elle était respectivement de 12%, 11,5% et 11% en 2002, 2005 et 2006. En outre, l’analyse selon le district montre des niveaux de performance très variables.
La 3
èmeétude est une étude qualitative qui vise à identifier les adaptations des
directives du PNT et les initiatives prises par les responsables de terrain et les prestataires
de soins. Elle a été menée auprès des CDT d’un échantillon de 6 districts et a permis
d’identifier une série d’adaptations des directives et des initiatives locales expliquant la
performance des CDT et des districts. Elles sont constituées principalement par des
initiatives renforçant la motivation des malades dans leur prise de traitement, comme la
responsabilisation des malades et des membres de famille dans le suivi du traitement, des
initiatives assurant une meilleure accessibilité des soins, comme la création de centre
14 d’hébergement et l’offre de frais de déplacement et des initiatives améliorant la qualité des soins comme le recrutement d’un agent spécifique tuberculose.
La 4
èmeétude a été effectuée pour mesurer, sur l’ensemble des CDT à Madagascar, les facteurs de performance identifiés sur un échantillon de CDT inclus dans la 3
èmeétude.
Le taux de réponse de cette étude a été plus de 80%. L’analyse a permis d’observer que durant la période précédant la décentralisation, la proportion d’abandon était de 16,8%
(n=35.090), elle est passée à 11,5% (n=28.688) après la décentralisation. Les CDT publics ont une proportion d’abandon élevée par rapport aux autres CDT privés. La différence est significative quelle que soit la période. Généralement, les CDT performants ont effectué des adaptations et ont pris des initiatives répondant aux contextes de leurs malades. Toutefois, il existe des CDT ayant pris peu d’initiatives qui ont eu de proportions d’abandon faibles. Les principales initiatives identifiées associées à la performance d’un CDT sont :
- L’incitation des malades à passer au CDT et au laboratoire lors de la réalisation des analyses des crachats ;
- La distribution des médicaments à tour de rôle ;
- La présence d’agent spécifique responsable des tuberculeux dans le CDT ;
- La présence obligatoire ou sollicitée d’un membre de la famille lors des séances d’Information, Education et Communication (IEC) ;
- L’implication des anciens malades dans les IEC de groupe et dans le soutien psychologique des malades ;
- La délivrance des résultats des analyses sous pli fermé ; - La réalisation d’au moins 4 séances d’IEC personnelles ; - La réalisation régulière d’IEC de groupe ;
- La présence de centre d’hébergement ;
- L’implication d’agents communautaires dans la prise en charge des malades.
La relation entre ces initiatives et la performance varie selon les caractéristiques du CDT (CDT intégré dans un grand hôpital public, CDT intégré dans une petite formation sanitaire publique ou privée). Par ailleurs, certaines initiatives prises par les prestataires dans des contextes spécifiques étaient associées positivement à des proportions d’abandon plus élevées. L’autorisation donnée à un membre de la famille de récupérer les médicaments était associée à l’abandon au traitement dans les CDT intégrés dans des petites formations sanitaires privées. L’exigence de certificat de résidence des malades était associée à l’abandon au traitement dans les grands hôpitaux.
La question qui se pose au terme de ces 4 études est « peut-on transcrire ces
initiatives directement dans le manuel afin que les prestataires exerçant dans des CDT non
15 performants puissent les appliquer directement ? ». En effet, les différents constats nous ont amené à penser qu’il existe un « contexte » qui favorise « l’efficacité » d’une initiative ou d’un ensemble d’initiatives. Pour répondre à cette hypothèse, nous avons décidé d’entreprendre une démarche permettant d’identifier un paquet ou une combinaison d’initiatives qui serait efficace pour un contexte donné. Cette démarche, ayant été inspirée de la démarche proposée par Pawson, appelée « évaluation réaliste », essaie de comprendre pourquoi une intervention fonctionne dans un certain contexte et propose des paquets contextualisés d’interventions en justifiant leur choix. Notre analyse nous a permis d’identifier 3 paquets d’initiatives qui sont associés significativement à des proportions d’abandon plus faibles. Le premier paquet est constitué pour offrir une prise en charge flexible dans le temps et des règles de distribution de médicaments plus adaptés au rythme des malades. Ce paquet serait utile dans un contexte où les malades ne peuvent pas venir au CDT à heures fixes comme les travailleurs et les étudiants. Le deuxième vise à constituer un relais entre le personnel soignant et les malades et rendre les malades plus autonomes dans leur prise de traitement. Ce paquet serait plus utile dans un contexte où les malades habitent loin du CDT.
Le troisième consiste à assurer une meilleure relation entre les agents de santé et les malades. Bien que ce paquet ait été identifié beaucoup plus dans les CDT privés, il semble important de l’appliquer dans tous les contextes. Nous sommes conscients que notre liste de mécanismes n’est pas exhaustive. Toutefois, elle permettra aux acteurs de se référer par rapport à leurs contextes.
Suggestions.
Etant de bonnes pratiques, ces initiatives identifiées au terme de la présente thèse méritent d’être diffusées auprès des managers de terrain du PNT et des prestataires de soins. Par contre, elles ne doivent pas être copiées directement. Nous suggérons une approche pratique évitant l’application mécanique de ces initiatives. Il s’agit d’une stratégie de « coaching » qui est constituée de 2 axes stratégiques.
Axe stratégique 1 : Définition des termes de référence de chaque formation sanitaire par rapport à la prise en charge de la tuberculose.
Objectif spécifique 1.1 : Impliquer toutes les formations sanitaires dans la prise en
charge des tuberculeux.
16 Objectif spécifique 1.2 : Assurer une meilleure répartition des malades en transformant les CDT intégrés dans les hôpitaux universitaires et les hôpitaux régionaux en centre de traitement temporaire
**.
Axe stratégique 2 : Création d’un système officiel de « coaching » au sein des acteurs de terrain du PNT.
Objectif spécifique 2.1 : Définir la place de chaque CDT à part entière* suivant le système de coaching.
Objectif spécifique 2.2 : Mettre en route le système de coaching.
Pratiquement, nous suggérons que les CDT ayant eu une proportion d’abandon inférieure à 10% soient des CDT « coach » et les autres les CDT à appuyer. Le prestataire de soins d’un CDT à appuyer doit effectuer dans un premier temps un stage d’imprégnation dans un CDT « coach ». L’objectif est de vivre, de discuter et de comprendre les différentes initiatives propices menées dans le CDT « coach » ou le mode de mise en œuvre pratique des directives. Le type de CDT coach et celui de CDT à appuyer devrait être la même autant que possible et le paquet d’initiatives susceptible d’être efficace dans leur contexte devrait constituer la base de discussion durant le stage. Toutefois, nous encourageons les prestataires de prendre d’autres initiatives qu’ils jugent adaptées dans leur contexte et qu’ils peuvent mettre en œuvre sans difficulté. Au terme de son stage, le prestataire appuyé aura à définir un petit projet d’amélioration du suivi des tuberculeux sous traitement qui serait favorable dans son contexte. Dans ce petit projet, les grandes lignes d’initiatives et/ou le mode de mise en œuvre pratique de la prise en charge des tuberculeux vont être définis.
Après ce stage d’imprégnation, le prestataire d’un CDT coach doit accompagner le prestataire appuyé dans son CDT afin d’analyser ensemble son contexte et de mettre en œuvre son petit projet de suivi des malades sous traitement. Durant la mise en œuvre du projet d’amélioration, les 2 acteurs doivent profiter des réunions mensuelles des agents de santé au niveau du bureau de district de santé, pour entretenir leur complémentarité. Nous insistons sur le principe d’éviter l’application à l’aveugle des initiatives, bien qu’elles aient été associées à l’adhésion au traitement dans d’autres CDT. Une analyse au préalable des contextes du CDT et de leurs patients nous semble importante. Il est suggéré d’effectuer, après 6 ou 12 mois de mise en œuvre, une mini-évaluation du projet d’amélioration entrepris afin de réajuster les approches.
*