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Description N-corps de l’interaction onde-particule dans une structure périodique
Damien Minenna, Yves Elskens, Frédéric André, Fabrice Doveil, Alexandre Poyé
To cite this version:
Damien Minenna, Yves Elskens, Frédéric André, Fabrice Doveil, Alexandre Poyé. Description N-corps
de l’interaction onde-particule dans une structure périodique. 22e Rencontre du Non-linéaire, Paris,
Mar 2019, Paris, France. �hal-02145165�
Description N -corps de l’interaction onde-particule dans une structure p´ eriodique
Damien F. G. Minenna
1,2,3, Yves Elskens
2, Fr´ ed´ eric Andr´ e
3, Fabrice Doveil
2& Alexandre Poy´ e
21
Centre National d’ ´ Etudes Spatiales, FR-31401 Toulouse cedex 9, France
2
Aix-Marseille Universit´ e, CNRS, PIIM, UMR 7345, FR-13397 Marseille, France
3
Thales, FR-78140 V´ elizy, France damien.minenna@univ-amu.fr
R´ esum´ e. En ´ electrodynamique classique et en physique microscopique des plasmas, la description N-corps de l’interaction onde-particule a longtemps ´ et´ e jug´ ee impraticable. Nous montrons que cette description est une alternative viable ` a la traditionnelle approche vlasovienne (cin´ etique), notamment pour la mod´ elisation temporelle des turbulences et instabilit´ es engendr´ ees par la dynamique non-lin´ eaire des particules (pi´ egeage, chaos, couplages
`
a trois ou quatre ondes). Combin´ ee avec un mod` ele de r´ eduction du nombre de degr´ es de libert´ e, cette description nous permet notamment de mod´ eliser fid` element des structures p´ eriodiques (tubes ` a ondes progressives, lasers ` a
´
electrons libres ou acc´ el´ erateurs de particules). Cette description est aussi employ´ ee pour d´ ecrire la synchronisation entre ondes de Langmuir et ´ electrons dans le contexte de l’amortissement Landau.
Abstract. The N-body hamiltonian description of the wave-particle interaction is often deemed impossible in classical electrodynamics and for microscopic dynamics of plasmas. We show that this description is a viable alternative to the traditional vlasovian (kinetic) approach, especially for time simulations of turbulence and insta- bilities generated by nonlinear particle dynamics (trapping, chaos, three- or four-wave couplings). Combined with a model reduction to decrease the number of degrees of freedom, this description enables us to accurately study periodic structures (such as traveling-wave tubes, free electron lasers or particle accelerators). This description is also used to describe the synchronization between Langmuir waves and electrons in the context of Landau damping.
1 Introduction
L’interaction entre ondes ´ electromagn´ etiques et particules charg´ ees est un aspect fondamental de la physique. Sans parler de la m´ ecanique quantique, cette interaction est reli´ ee ` a l’´ electrodynamique classique, dans le vide et dans les milieux. Elle touche aussi aux bases de la physique des plasmas froids et chauds (fusion par confinement magn´ etique ou inertiel, m´ et´ eorologie spatiale, ...), impliquant des effets non-lin´ eaire tel que l’amortissement Landau ou le chaos hamiltonien (voir section 3). Cette interaction est mˆ eme un facteur cl´ e de la physique des acc´ el´ erateurs de particules, des tubes ´ electroniques sous vide, et des lasers ` a ´ electrons libres.
Pourtant, une description compl` ete et d´ etaill´ ee des champs ´ electromagn´ etiques (EM) reste un d´ efi, car ceux-ci sont, par d´ efinition, des fonctions de l’espace et du temps. Ce d´ efi est d’autant plus grand lorsque l’on prend en compte toutes les particules charg´ ees qui ajoutent autant de variables de position et de vitesse. Il devient n´ ecessaire d’utiliser des descriptions r´ eduisant le nombre de degr´ es de libert´ e.
Pour les champs EM, on utilisera, par exemple, des m´ ethodes d’´ el´ ements finis ou des circuits ´ equivalents RLC. La section 2 pr´ esente notre mod` ele de r´ eduction, dit mod` ele discret de Kuznetsov.
En g´ en´ eral, pour repr´ esenter les particules dans les mod` eles d’interaction, il existe trois classes d’ap- proches :
— La plus connue est la description fluide (et par extension la magn´ etohydrodynamique) o` u les densit´ es de fluides ´ evoluent suivant l’´ equation de continuit´ e. Puisque les fluides ne sont pas cr´ e´ es ou d´ etruits, la densit´ e locale des fluides change en conservant la quantit´ e globale de mati` ere. Cette approche est r´ eput´ ee plus facile compar´ ee aux autres, mais elle ne r´ esout pas les effets sensibles ` a la distribution de vitesses (tels que l’amortissement Landau ou le bunching de particule).
c Non Lin´eaire Publications, Avenue de l’Universit´e, BP 12, 76801 Saint- ´Etienne du Rouvray cedex
2 Minenna et al.
— La description cin´ etique (aussi appel´ e description vlasovienne) est une approche qui prend en compte le mouvement des particules au travers d’une fonction de distribution ´ evoluant suivant l’´ equation de Vlasov (souvent ´ etendue au couple Vlasov-Poisson, ou Boltzmann en pr´ esence de collisions). Les th´ eories cin´ etiques ne cherchent pas ` a d´ ecrire le mouvement exact de chaque parti- cule mais essayent de d´ eduire les caract´ eristiques collectives du syst` eme, consid´ er´ e comme continu.
Cette approche, ` a la base des codes particle-in-cell (PIC), peut s’av´ erer tr` es utile pour ´ etudier les groupes avec un nombre tr` es grand de particules, comme, par exemple, dans un tokamak.
— La plus complexe ` a mettre en œuvre est la description par particules discr` etes (aussi dite des- cription N -corps ou dynamique mol´ eculaire), car chaque particule du syst` eme ob´ eit aux lois de la dynamique. Les fonctions de distribution continues de la description cin´ etique deviennent discr` etes [2]. Cette approche est tr` es coˆ uteuse num´ eriquement du fait de l’immense nombre de degr´ es de libert´ e mis en jeu. Toutefois, elle offre un chemin remarquablement intuitif pour comprendre l’in- teraction onde-particule. On la retrouve dans la caract´ erisation des lasers ` a ´ electrons libres, dans l’´ etude du chaos hamiltonien et dans les mod` eles d’interaction laser-plasma. Depuis plus de 20 ans, les membres de l’´ equipe Turbulence Plasma du laboratoire PIIM (Aix-Marseille Universit´ e, CNRS) se sont sp´ ecialis´ es dans l’utilisation de la description N -corps, ` a partir du formalisme hamiltonien [1,3], et avec comme principal outil exp´ erimental un tube ` a ondes progressives (voir section 3).
2 L’interaction onde-particule dans un tube ` a ondes progressives
Les tubes ` a ondes progressives (TOPs) [4], voir Figure 1, sont des amplificateurs d’onde sous vide.
Ils sont utilis´ es dans les t´ el´ ecommunications spatiales et dans la recherche fondamentale pour ´ etudier l’interaction onde-particule. Ils sont compos´ es de trois parties sous ultra-vide : (i) un canon ` a ´ electron ; (ii) une ligne ` a retard (structure ` a onde lente) et un collecteur en fin de ligne. La g´ eom´ etrie de la ligne
`
a retard m´ etallique r´ eduit la vitesse de phase v
phde l’onde pour qu’elle co¨ıncide avec la vitesse typique des particules v
edu faisceau : c’est la r´ esonance. Des aimants permanents ou une bobine magn´ etique confinent le faisceau le long de l’axe de propagation.
collector slow-wave structure
electron gun
heater
cathode anode
inputwave wave optical path
electron
beam focusing magnets wave
ouput cooling grid fins
Figure 1. Sch´ ema d’un tube ` a onde progressive. Reproduite avec la permission de Springer Nature [Minenna et al., EPJ H (2019) doi : 10.1140/epjh/e2018-90023-1].
De nos jours, la mod´ elisation des tubes ´ electroniques sous vide, tels que les TOPs, est difficile ` a cause du nombre de param` etres en jeu et parce qu’en r´ egime non-lin´ eaire, le fonctionnement des TOPs, ` a de tr` es grandes puissances, g´ en` ere des instabilit´ es critiques. Pour y parvenir, les simulations actuelles reposent soit sur des codes PIC, tr` es longs et coˆ uteux num´ eriquement, soit sur des mod` eles fr´ equentiels sp´ ecialis´ es qui perdent en pr´ ecision dans les cas complexes. Nos proposons une troisi` eme option combinant le mod` ele discret de Kuznetsov avec une description N-corps pour construire un mod` ele temporel sp´ ecialis´ e.
Le mod` ele discret de Kuznetsov [5,6,7,8,9,10,11] permet une r´ eduction drastique du nombre de degr´ es
de libert´ e pour les champs. En effet, les champs ´ electriques et magn´ etiques, dans une structure p´ eriodique,
Position (mm)
0 50 100 150
Normalized velocities
0.65 0.75 0.85 0.95 1.05 1.15 1.25 1.35
Field (V/mm)
-200 -143 -86 -29 28 85 142 199 Particle velocity
Phase velocity Electric field
(a) Temps = 0 ns
Position (mm)
0 50 100 150
Normalized velocities
0.65 0.75 0.85 0.95 1.05 1.15 1.25 1.35
Field (V/mm)
-200 -143 -86 -29 28 85 142 199 Particle velocity
Phase velocity Electric field
(b) Temps = 1.5 ns
Position (mm)
0 50 100 150
Normalized velocities
0.65 0.75 0.85 0.95 1.05 1.15 1.25 1.35
Field (V/mm)
-200 -143 -86 -29 28 85 142 199 Particle velocity
Phase velocity Electric field
(c) Temps = 1.8 ns
Position (mm)
0 50 100 150
Normalized velocities
0.65 0.75 0.85 0.95 1.05 1.15 1.25 1.35
Field (V/mm)
-200 -143 -86 -29 28 85 142 199 Particle velocity
Phase velocity Electric field
(d) Temps = 2.0 ns
Position (mm)
0 50 100 150
Normalized velocities
0.65 0.75 0.85 0.95 1.05 1.15 1.25 1.35
Field (V/mm)
-200 -143 -86 -29 28 85 142 199 Particle velocity
Phase velocity Electric field
(e) Temps = 2.5 ns
Position (mm)
0 50 100 150
Normalized velocities
0.65 0.75 0.85 0.95 1.05 1.15 1.25 1.35
Field (V/mm)
-200 -143 -86 -29 28 85 142 199 Particle velocity
Phase velocity Electric field
(f) Temps = 3.0 ns
Position (mm)
50 60 70 80 90 100
0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2
Particle velocity Phase velocity
(g) Temps = 1.0 ns
Position (mm)
50 60 70 80 90 100
0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2
Particle velocity Phase velocity
(h) Temps = 1.5 ns
Position (mm)
50 60 70 80 90 100
0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2
Particle velocity Phase velocity
(i) Temps = 1.8 ns
Position (mm)
50 60 70 80 90 100
0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2
Particle velocity Phase velocity
(j) Temps = 1.9 ns
Position (mm)
50 60 70 80 90 100
0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2
Particle velocity Phase velocity
(k) Temps = 2.0 ns
Position (mm)
50 60 70 80 90 100
0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2
Particle velocity Phase velocity
(l) Temps = 2.5 ns
Figure 2. Propagation d’un faisceau d’´ electrons et du champ ´ electrique dans un tube ` a ondes progressives. Les simulations sont faites avec un algorithme unidimensionnel [12] ` a partir d’un mod` ele hamiltonien auto-coh´ erent N-corps [10]. Points noirs : vitesses des macro-´ electrons (de charge ' 200 000e) normalis´ ees (v(t)/v(0)) le long du tube au temps donn´ e. Trait rouge : champ ´ electrique longitudinal. Trait pointill´ e : vitesse de phase de l’onde r´ eduite (v
ph/v(0)). La s´ eparatrice du portrait de phase (onde-particule) est centr´ ee sur ce trait pointill´ e. Le faisceau est en interaction avec une onde. En prenant v(0) & v
ph, la synchronisation force les particules ` a perdre en vitesse. La quantit´ e de mouvement perdue est transf´ er´ ee ` a l’onde qui croˆıt. Les param` etres initiaux (vitesse
´
electronique initiale, fr´ equence d’excitation de l’onde, relation de dispersion de la ligne ` a retard, ...) sont r´ egl´ es
pour assurer que l’amplification de l’onde atteint la saturation de puissance ` a z = 80 mm. Les effets de charge
d’espace (r´ epulsion coulombienne entre particules) sont pris en compte. Les effets non-lin´ eaires tels que le pi´ egeage
des particules sont observ´ es.
4 Minenna et al.
sont d´ ecompos´ es sous la forme
E(r, t) = X
n
V
n(t)E
n(r) , et H(r, t) = i X
n
I
n(t)H
n(r) , (1)
o` u n est le num´ ero de p´ eriode dans la ligne ` a retard. Ainsi, les champs EM ` a la position r sont des superpositions de champs propres E
net H
n(fix´ es par la g´ eom´ etrie du tube) avec des amplitudes V
net I
nd´ ependant du temps. Par exemple, dans un tube ` a ondes progressives compos´ e de 200 p´ eriodes, pour un mode dominant, les champs EM pourront ˆ etre d´ ecompos´ es en 200 variables V
n, et I
n, de sorte que le syst` eme poss` ede 200 degr´ es de libert´ e. La diff´ erence est drastique compar´ ee avec les codes particle- in-cell (PIC) o` u les champs ` a eux seuls n´ ecessitent des millions de degr´ es de libert´ e. Dans l’approche hamiltonienne N -corps [9,10], les I
net V
ndeviennent les variables canoniques et moments conjugu´ es de l’onde.
Ce mod` ele est utilis´ e pour simuler, avec succ` es, des TOPs industriels en r´ egime non-lin´ eaire [12]. Cela inclut l’amplification de signaux t´ el´ ecoms non sinuso¨ıdaux. L’approche hamiltonienne N -corps permet un meilleur contrˆ ole des propri´ et´ es de conservation dont l’invariant de Poincar´ e-Cartan [13] et nous permet de construire un algorithme symplectique [14] et parall´ elis´ e multi-processeur. Grˆ ace au mod` ele discret, ces simulations peuvent ˆ etre r´ ealis´ ees en une dimension spatiale, l` a o` u les approches en domaine temporel sont g´ en´ eralement tridimensionnelles et donc plus longues. La figure 2 pr´ esente l’´ evolution des champs et des particules le long d’un TOP.
3 Description N -corps de la synchronisation onde-particule dans les plasmas
L’interaction onde-particule est un m´ ecanisme fondamental en physique des plasmas. Pour ´ etudier le syst` eme faisceau-plasma, on peut utiliser un tube ` a ondes progressives (TOP), permettant une ´ etude dans un environnement mieux contrˆ ol´ e. En effet, les plasmas sont bruit´ es alors que leur rˆ ole de milieu de propagation des ondes de Langmuir peut ˆ etre assur´ e par la structure g´ eom´ etrique (ligne ` a retard) d’un TOP. Le taux de croissance de l’onde dans le premier cas est fix´ e par la fonction de distribution du plasma, tandis que dans le second cas, il peut se calculer ` a partir de l’imp´ edance de la structure (en
Figure 3. Premi` ere observation exp´ erimentale de la synchronisation non-lin´ eaire [20] responsable de l’amortis- sement Landau pour une seule onde. Mesure provenant du TOP du PIIM (Aix-Marseille Universit´ e, CNRS). Le faisceau est inject´ e ` a v(0) = 2.32×10
6m/s en pr´ esence d’une onde avec une vitesse de phase v
ph= 3.45×10
6m/s.
La couleur visualise la fonction de distribution en vitesse (moyenne spatiale) en fonction de l’amplitude de l’onde.
Les droites sym´ etriques marquent la port´ ee de la modulation lin´ eaire de la vitesse du faisceau. La synchronisation
se manifeste dans une correction quadratique tirant la vitesse du faisceau vers la vitesse de phase de l’onde.
r´ egime lin´ eaire). Ce remplacement permet une analyse d´ etaill´ ee de l’interaction auto-coh´ erente entre des ondes instables et un faisceau d’´ electrons froid [15] ou chaud [16,17].
Depuis 1994, un TOP de 4 m` etres [18] (l’un des plus longs du monde [4]) est utilis´ e ` a Marseille pour ´ etudier exp´ erimentalement les mod` eles faisceau-plasma. ` A la place du collecteur, un analyseur trocho¨ıdal [19] permet de mesurer la distribution en ´ energie du faisceau. Ce TOP a permis d’observer exp´ erimentalement [20] la synchronisation non-lin´ eaire responsable de l’amortissement Landau (voir Fi- gure 3), en accord avec la th´ eorie N-corps hamiltonienne [1,21,22]. Il a aussi permis l’observation de caract´ eristiques importantes du chaos hamiltonien [23,24,25,26], de tester de nouvelle m´ ethodes sur le transport chaotique [27], ainsi que de tester le chauffage de particules par des ondes [28].
4 Perspectives
L’un des principaux avantages du mod` ele discret est que les champs EM sont repr´ esent´ e en temps.
Nous travaillons sur des cas o` u les ondes sont non-sinuso¨ıdales, tels que les multi-porteuses (avec les amplitudes P
i