A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
R OLAND O MNES
À propos de la dualité onde-particule
Annales de l’I. H. P., section A, tome 49, n
o3 (1988), p. 351-354
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A propos de la dualité onde-particule
Roland OMNES
LPTHE (Laboratoire de Physique Théorique et Hautes
Énergies),
Université de Paris-Sud, 91405 Orsay, France
Vol. 49, n° 3, 1988, p Physique théorique
RÉSUMÉ. Nous étudions comment la dualité
onde-corpuscule, exemple
fondamental du
principe
decomplémentarité
deBohr,
entre dans lecadre de la « reformulation
logique
de lamécanique quantique
».ABSTRACT. 2014 We
study
thewave-particle duality,
which is a fundamentalexample
of the BohrPrinciple
ofComplémentarité
within the framework of the «logical
reformulation of quantum mechanics ».La dualité
onde-particule, qui
est àl’origine
de la réflexion de Louis deBroglie
etqui
se trouve au centre demultiples
essaisparmi lesquels
celuide Bohm et
Vigier
est l’un desplus
marquants, a étéprise
par Niels Bohrcomme un
exemple
fondamental decomplémentarité.
Le
principe
decomplémentarité
n’a pastoujours
chez Bohr une formeparfaitement
claire. Toutrécemment,
dans le cadre de la reformulationlogique
de lamécanique quantique proposée
par leprésent
auteur, il a pu recevoir une formeprécise :
deuxpropositions
relatives à unsystème quantique
ont un caractèrecomplémentaire lorsqu’il
estimpossible
deconstruire une
représentation quantique
cohérente de lalogique qui
lesenglobe
toutes deux. Ilapparaît
intéressant de voir comment la dualitéonde-corpuscule, qui
a révélé lacomplémentarité,
entre dans ce cadregénéral.
Nous allons considérer cette
question
à propos duphénomène qui
l’asoulevée pour la
première
fois : lacomplémentarité
entre ladescription
d’un
phénomène électromagnétique
en termes dechamp électromagné- tique
ou dephotons.
Dupoint
de vue des fondementsqui
seul nous inté-resse
ici,
il n’est pas essentiel d’insister sur le caractère vectoriel duchamp
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique - 0246-0211
Vol. 49/88/03/351/ 4 /$ 2,40/(0 Gauthier-Villars
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électromagnétique
ni sur soncorrespondant corpusculaire,
lespin
duphoton.
Demême,
on peut se contenter d’examiner le cas d’unchamp monochromatique
defréquence
v bien déterminée en le comparant à une assemblée dephotons possédant
tous la mêmeénergie
hv. Ces deux restric- tions permettent de réduirel’espace
de Hilbert del’électrodynamique quantique
à un espaceséparable qui
n’est autre que celuiqu’engendrent
des
opérateurs
création et annihilation a et a + .En
désignant
l’état du videpar
0),
on saitqu’un état ! 1 N ) qui
consisteen exactement N
photons
est de laforme ~N) =(~)~(N!)’~0)>.
Pour
comparaison,
un état propre duchamp (scalaire)
ayant uneamplitude complexe ~,
estreprésentable
comme un état normécohérent ( ~, ~
donné parLes
représentations quantiques
cohérentes de lalogique
sont construites à l’aide deprojecteurs
dansl’espace
de Hilbert. Laquestion
se posedonc
1 de construire deuxtypes
deprojecteurs :
1)
Unprojecteur El qui spécifie
le nombre desphotons
entre certaineslimites,
parexemple
n 1 N n2’2)
Unprojecteur E2 qui spécifie
que lechamp ~, prend
ses valeurs dansun domaine
C2
donné duplan complexe.
Lorsque
n 1 = n2, on a affaire à un état pur dutype photonique ; lorsque C2
estpetit,
c’est lechamp qui
est relativement bien déterminé. Pour exhiber le caractèrecomplémentaire
des caractèrescorpusculaire
etondulatoire,
il suffit de montrer que les
prédicats
élémentaires(Ei, E2), E2), (Ei, E2 ), (Ef, E2 ) (avec,
parexemple ET
= 1EJ
ne peuvent ensemble constituer la base d’unelogique
cohérente. Leproblème
est d’ailleurssimplifié
dufait que le nombre de
photons
etl’opérateur
hamiltonien commutent, de telle sorte que le temps nejoue
aucun rôle.Il est élémentaire de
produire
leprojecteur El
comme unopérateur
dans
l’espace
de Hilbert-Fock. Laquestion
n’est pas aussisimple
dansle cas de
E2. D’ordinaire,
lesproblèmes
de cetype
sont abordés à l’aide des états cohérents dutype ( 1 )
ou enpassant
parl’espace
de Hilbert des fonctions d’une variablecomplexe
avec leproduit
scalairequi
a été introduit parBargmann.
Enfait,
la méthode laplus
commodeest une troisième voie : elle consiste à revenir à des variables
conjuguées
Xet P telles que
_ , _
et d’utiliser
l’analyse
microlocale sous la formecorrespondant
aucalcul de
Weyl :
toutopérateur
est associé à une fonctionf(x, p)
sur un espace de
phase classique.
Dans le casprésent, E 1
serait associéAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
à ~ [(x2 -~- p2)2/2 _ n ](2~)-1
si nl = n2 = N etE2
à la fonction caracté-ristique x2(x, p)
de la celluleC2 (c’est-à-dire
la fonctionégale
à 1lorsque (x, p)
est intérieur àC2,
à zérolorsqu’il
estextérieur).
Ni
l’une,
ni l’autre de ces deux formes n’est réellement utilisable car les fonctionscorrespondantes
ne sont pas suffisammentrégulières.
Dans lelangage mathématique,
elles ne sont pas dessymboles.
Cela tient au fait queE 1
est associé à une distribution et que la fonction X associée àE2
est discontinue. On peut remédier à cet inconvénient de la manière suivante : tout d’abord on définit une
région
annulaireCI
par nl1/2(x2
+p2)
n2ou
bien,
dans le cas où n 1 = n2, onprend
un anneau centré sur le cercle1/2(x2
+p2)
= n.Au lieu de s’intéresser aux fonctions
caractéristiques
Xl et x2 des domainesCI
etC2,
on introduit des fonctions de Schwartz etQ2(~7~)
desupports essentiels
Ci
etC2.
Parexemple Q 1
est une fonction indéfiniment différentiableégale
à 1 dansCi,
sauf au bord immédiat deC 1
et à zérohors de
Ci.
On peut démontrer que de telles fonctionsengendrent
biendes
projecteurs
par le calcul deWeyl,
à la condition que[C 1 » 1, [~2] » 1, [C 1 désignant
parexemple l’intégrale
de sur le domaineCi.
L’erreur
commise,
c’est-à-dire la mesure en trace deE 1
est de l’ordre de[C1]-1/2 (soit (h/[C1])1/2
en unités où h n’est pasprise égale
à1 ).
, La
représentation
de lalogique
introduiteprécédemment
sera cohérentesi la condition de
compatibilité
suivante est satisfaite : .Prenons le cas le
plus simple,
celui où p =E2/(Tr E2).
Ceci revient à considérer comme une donnée quel’amplitude
est dansC2
autemps
zéroet à poser deux
prédicats
élémentaires : que N est entre n 1 et n2 à un instant t 1, quel’amplitude
est encore dansC2
à un instant t2, avec 0 t2. C’estl’impossibilité
d’une telle « histoire »qu’il s’agit
d’établir.En tenant compte de =
0,
ceci revient à étudier la valeur desoit encore,
puisque
Tr( [E 1, E2JË2)
= 0 etEt
= 1 -E1 :
Nous nous intéresserons
spécifiquement
au cas oùC 1
etC2
ont uneintersection non vide
(sinon
il serait vain de discuter une « histoire » dont la mesure estpratiquement nulle).
La théoriegénérale
desopérateurs pseudo-différentiels
montrequ’alors
le terme dominant dans la trace(4)
est donné par
y
Vol. 49, n° 3-1988.
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Q2 }
est uneparenthèse
de Poisson. Il estnul,
comme on peut le voir enintégrant
parparties.
Le terme suivant estLe dernier terme s’annule comme
intégrale
d’uneparenthèse
de Poisson.Par
intégration
parparties,
on constate que le second terme estidentique
au
premier,
cequi
nous conduit à la conditionCette
propriété
n’est réalisée que dans le cas où l’anneauCi
contient lacellule
C2,
cequi
est une banalité.En
conclusion,
on constate que la versionlogique
duprincipe
deComplé-
mentarité
s’applique
effectivement dans le casqui, historiquement,
lui adonné naissance.
R. OMNES, Logical reformulation of quantum mechanics.
1. Foundations.
2. Interferences and the EPR experiment.
3. Classical limit and irreversibility.
LPTHE preprints, 1988, submitted to the Journal of Statistical Physics.
(Manuscrit reçu le 10 juillet 1988)
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique ’ théorique ’