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Dossier

L’évaluation des élèves : au service de tous

Catégories 30

• Retraites : validation des services

• Heures supplémentaires CPGE

• Mouvement 2014

• Postes CO-Psy

Sur le terrain 32

• Les élèves non lecteurs

Dans la classe 34

• Le Goncourt des lycéens

Changer d’ère 35

• Le manuel numérique

Culture 36

Livres-revues

Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

Entretien 40

• Julie Jarty et Dominique Cau-Bareille

International 42

• Haïti

• Mobilisations en Europe

• Internationale de l’éducation

Rattrapage 44

La fonction publique

Droits et libertés 45

• Égalité des droits

• Droit de vote des étrangers

Syndicalisme 46

Édito

Fantasmes patronaux

Décidément nous vivons une drôle d’époque ! La crise morale, politique, économique actuelle engendre désespoir et confusion, rassemble pêle-mêle dans la rue patrons contempteurs de l’impôt et salariés victimes de licenciements, élus populistes et citoyens en quête de justice sociale, fournit à une extrême droite sans vergogne l’occasion de déverser sa haine.

On pourrait penser le monde éducatif à l’abri de ces errements, disposant encore de repères, aspirant à plus d’égalité pour le système éducatif mais aussi à une gestion des établissements fondée sur la confiance envers les personnels, respectueuse de tous ceux qui accomplissent chaque jour une mission difficile. Eh bien il semble que le tournis ait aussi frappé certains cercles au regard de ce qu’on trouve relayé par une organisation syndicale rassemblant des chefs d’établissement.

Fustigeant le repli individualiste de la majorité des enseignants, le repli « identitaire » de ceux qui osent penser que le système public d’éducation se caractérise par certaines spécificités, l’un des rédacteurs fait l’apologie de la gouvernance, une gouvernance donnant de fait les pleins pouvoirs au chef d’établissement, un chef enfin élevé à la qualité de patron.

La référence quasi nostalgique aux réformes de L. Chatel s’inscrit dans la même veine ainsi que

l’insistance sur l’encadrement.

Pour couronner le tout, un autre rédacteur explique aux

enseignants obtus de quelle façon remodeler leur métier, en l’annualisant et en donnant bien sûr plus de pouvoirs à qui ? Aux chefs bien sûr !

Ainsi le dialogue social, la concertation et la consultation des personnels que chacun appelait de ses vœux sous le précédent gouvernement deviennent aujourd’hui ringardes aux yeux de certains syndicalistes qui conseillent vivement au ministre de

l’Éducation de changer de cap, pour se

comporter...

en vrai chef !

16

Fenêtre sur

Le film documentaire

SOMMAIRE

Frédérique Rolet cosecrétaire générale

L’Université Syndicaliste, le journal du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard : 01 40 63 29 00). Directeur de la publication :Roland Hubert (roland.hubert@snes.edu). Rédacteur en chef :Thierry Pétrault. Secrétaire de direction :Bénédicte Derieux. Collaborateurs permanents :Nicolas Béniès, Baptiste Eychart, Nicolas Morvan, Véronique Ponvert. Régie publicitaire:Com d’habitude publicité, 25, rue Fernand-Delmas, 19100 Brive. Clotilde Poitevin, tél.: 05 55 24 14 03, fax: 05 55 18 03 73, www.comdhabitude.fr. Compogravure :C.A.G., Paris.Imprimerie : SEGO, Taverny (95). C.P.N° 0118 S 06386. I.S.S.N.N° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception : Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Photo de couverture : ©Fotolia.fr/Henry Schmitt. Prix du numéro : 1,30. Abonnement : 1) Personnels de

l’Éducation nationale: France 30€; étranger et DOM-TOM: 44€. 2) Autres, France: 42€; étranger: 56€. Publicité:MAIF (p. 2), GMF (p. 9), Arvel (p. 47), MAIF (p. 48). Ce numéro comporte un encart ADL Partner aux abonnés de France métropolitaine.

Joint à ce numéro : 40 p. Mutations 2014 ; 24 p. Courrier de S1 n° 3 spécial Mutations 2014 ; 36 p. Néotitulaires ; 8 p. CPE.

Entretien avec Julie Jarty et Dominique Cau-Bareille

40

30 jours 4

Revue de presse 5

Portrait 6

• Thomas Piketty

Actualité 8

• Mobilisations

• Fonction publique

• Retraites

• Projet de loi de finances

• Assises éducation prioritaire

• Chantiers du ministère : le métier

• Budget 2014

• Orientation

• Colloque CO-Psy

• Loi sur le vieillissement

Fenêtre sur 16

• Le film documentaire

Éco/social 18

• Interview de Laurent Cordonnier

• Partenariat transatlantique USA / Europe

• Conférence environnementale

Dossier 21

• L’évaluation des élèves : au service de tous

Métier 28

• Calendrier scolaire

• Postes aux concours

• CPGE

• CNED

(4)

4-US MAGAZINE- Supplément au no735 du 19 octobre 2013

Mala... extrême droite.

Marine Le Pen revient sur ses propos critiques contre les images du retour des otages

Quels salauds.

Une pétition contre l’abolition de la prostitution signée par « 343 salauds »

Lama... teurisme.

Des étudiants ivres volent un lama dans un cirque de Bordeaux et lui font prendre le tramway

Ils ont les bonnets ronds

Fronde bretonne contre l’écotaxe

25

oct.

Vrai bug

Hausse de 60 000 demandeurs d’emploi en septembre

24

oct.

Bon sang !

L’UMP veut revoir le droit du sol

C3 fini.

Le site Peugeot-Citroën d’Aulnay livre sa dernière voiture, une Citroën C3

23

oct.

No woman no drive.

En Arabie Saoudite, les femmes manifestent pour leur droit à conduire

26

oct.

Nouveau Sonotone Autorisé

La NSA américaine à l’écoute du monde et de tout le monde

27

oct.

BILLET D’HUMEUR

T’as pas cent ball... on

Hollande inflexible sur la taxe à 75 % pour les clubs de football

29

oct.

28

oct.

30

oct.

31

oct.

Un mariage et deux enterrements.

L’UDI de Borloo et le Modem de Bayrou se marient pour fonder l’Alternative

1

er

nov.

Prophétie réalisée

Fermeture contestée des urgences de l’Hôtel-Dieu à Paris nov.

3

Presse assassinée

Deux journalistes français tués au Mali nov.

2

Hausse qui peut.

Hausse de 2,4 % de la rémunération des dirigeants des 120 plus grosses sociétés françaises nov.

4

Il a craqué

Le maire de Toronto, Rob Ford reconnaît avoir fumé du crack nov.

5

Maux chers.

Les Espagnols victimes de la crise expriment leur colère en écrivant sur les billets de banque nov.

6

Ça c’est vrai ça !

Le fabricant d’électroménager FagorBrandt (Vedette) se déclare en cessation de paiement nov.

7

22

oct.

L’asile polémique

François Hollande propose à Leonarda de revenir seule

19

oct.

Faire front

Une candidate du FN compare Christiane Taubira à un singe

18

oct.

Montée des eaux

Un habitant des Îles Kiribati « réfugié climatique »

17

oct.

Mali, de larmes en larmes L

es quatre otages français enlevés par Al-Qaïda au Maghreb isla-

mique à Arlit au Niger ont été libérés après trois ans de capti- vité. Une libération saluée unanimement. L’occasion pourtant d’une déclaration scandaleuse de Marine le Pen. La responsable du Front national suscitait l’indignation en s’interrogeant sur leur attitude et leurs tenues vestimentaires à leur descente de l’avion à Paris.

À peine le temps de refermer la polémique sur les conditions de cette libération et du montant exact de la rançon – ou contrepartie – payée que ce soulagement a été rapidement éclipsé par l’assassinat de deux journalistes français de RFI au Mali.

Aqmi a revendiqué ces deux assassinats infligeant du coup un camou- flet tout à la fois aux forces françaises, touareg et maliennes présentes à Kidal, sans parler des casques bleus.

Le Mali après l’opération « Serval » est donc loin d’être pacifié et d’autres pays de la région sont plus que jamais menacés par la violence de ces groupes armés djihadistes.

© K. Tribouillard / AFP

Nauséabond

30 JOURS

C omparée à une guenon par une militante du Front natio- nal qui préférait voir la ministre

« dans un arbre » plutôt qu’au gouvernement, insultée par des enfants lors d’une manifesta- tion hostile au mariage pour tous qui criaient, peau de banane à la main « la guenon, mange ta banane » , Christiane Taubira est la cible d’attaques racistes inacceptables. Ce déferlement de haine dirigé contre la garde des Sceaux a atteint son paroxysme avec la Une abjecte du journal d’extrême droite Minute . Confirmation d’un climat délé-

tère qui règne en France. Oui il y a une montée du racisme dans notre pays. Oui le Front national exploite cette dérive.

Oui ce parti développe des théories racistes même si sa responsable cherche à le bana- liser pour en faire un parti pré- sentable, un parti fréquentable.

Ne laissons pas passer ces pro-

pos honteux et haineux reflets

d’un climat nauséabond. Certes

la justice doit condamner cette

révoltante atteinte à la dignité

mais c’est aussi l’affaire de

tous. Il y va du respect des

valeurs de la République.

■ Thierry Pétrault

(5)

10 octobre 2013

Les agités du dimanche

23 oct. 2013

UNE RÉFORME DE L’INSPECTION QUI SENT LE SAPIN

Michel Sapin déguisé en fossoyeur, enterrant l’inspection du travail. Cette pancarte était brandie par des centaines d’inspecteurs qui

manifestaient hier à Paris à l’appel de la CGT, de FO, de la FSU, de SUD et de la CNT, devant la gare Montparnasse, contre la réforme violente qui va engendrer des suppressions d’emplois et une forte dépendance des agents à leur hiérarchie.

Le même jour, les syndicats étaient consultés sur ce projet nommé

« Ministère Fort » lors d’un comité technique ministériel. Mais les fonctionnaires y voient plutôt un

« Ministère Mort ».

Venu du Finistère, Yann Burdin, syndiqué SUD, est contrôleur du travail depuis 2010. « Avec ce plan, nous allons passer de 792 sections composées d’un inspecteur et de deux contrôleurs à 200 à 300 unités de contrôle avec chacune 8 à 10 personnes. Notre métier de contrôleurs du travail va être supprimé, on ne sait pas ce qu’on va devenir ! »

9 oct. 2013

EMPLOI : L’INSERTION DES JEUNES DIPLÔMÉS EST RETOMBÉE AU PLUS BAS

Certes, l’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur reste un précieux sésame pour accéder à l’emploi durable. Mais le baromètre annuel de l’Apec publié aujourd’hui sur l’insertion des jeunes diplômés (bac + 4 ou plus) montre qu’ils connaissent de réelles difficultés.

En avril 2013, une petite année après la fin de leurs études, seuls 64 % d’entre eux étaient en poste, 7 points de moins que la promotion 2011, mesurée dans la précédente édition de l’enquête. Le point bas historique atteint en 2010 est égalé, très loin des 77 % constatés en 2008, avant la crise.

Les difficultés accrues d’entrée dans la vie active se ressentent aussi dans la précarisation des emplois trouvés.

La part des bac+ 4 et plus ayant obtenu un CDI est retombée de 56 % à 51 % et celle de ceux ayant le statut cadres de 63 % à 60 %.

25 oct. 2013

LES PRÉSIDENTS D’UNIVERSITÉ DÉNONCENT L’AUSTÉRITÉ IMPOSÉE PAR L’ÉTAT

Pour les présidents d’université, le compte n’y est pas : l’État ne compense, à leur avis, pas assez le transfert des charges qu’il leur impose, ne serait-ce que le papier pour imprimer les bulletins de paye, désormais à leur charge...

« Une foule de petites décisions que l’État prend ne sont ainsi pas financées, dans des budgets très tendus », juge Anne Fraïsse, présidente de Montpellier- III, qui a ouvert les hostilités contre sa tutelle dès septembre, en brandissant la menace de fermer son antenne de Béziers pour cause de déficit.

« Le décideur doit être le payeur, c’est- à-dire que chaque fois que l’État prend une décision, améliore les salaires des professeurs, alourdit les cotisations sociales des fonctionnaires, exonère les boursiers de frais d’inscription, il doit le compenser », martèle Jean-Louis Salzmann, président de la CPU et de Paris-XIII, elle-même en déficit en 2012, de 7,5 millions d’euros, ce qui lui vaut de se retrouver sous la tutelle du rectorat.

26 et 27 oct. 2013

« COMBIEN SONT-ILS À FILER DANS LE PRIVÉ ? »

SANDRINE BÉLIER, ÉLUE EUROPE ÉCOLOGIE- LES VERTS AU PARLEMENT EUROPÉEN

« La suppression des grandes écoles n’est pas le sujet. Il faut les réformer profondé- ment, mais je ne mets pas dans le même sac l’ENA, Polytechnique ou les Ponts et Chaussées d’un côté et HEC de l’autre.

Les premières sont les écoles qui forment les hauts fonctionnaires pour les grands corps de l’État. L’ENA a ainsi été créée par Maurice Thorez dans l’esprit du Conseil national de la Résistance : on ne parlait pas d’élite sous la royauté, et cette notion doit rester républicaine. Au départ, le but de l’ENA était de former une élite de citoyens s’engageant au service de l’intérêt général.

Ce qui n’a jamais été l’ambition de HEC.

Si on considère toutes ces écoles en bloc, c’est à cause de la porosité croissante entre privé et public. Combien sont-ils à avoir été formés dans une logique de service public – et avec l’argent public – puis à filer dans le privé ? C’est un miroir de la déliquescence de la politique et de la place trop grande du pouvoir économique.

Il y a urgence à redonner du sens à la notion d’intérêt général et même d’intérêt général européen. »

Le dessin du mois

L’Humanité, 21 octobre 2013

«

O

n ne fait pas la manche, on veut le dimanche », lan-

cent une poignée de salariés de Leroy-Merlin et de Castorama. Ceux de Sephora, pas plus nombreux, sont dans la rue pour travailler la nuit... On se frotte les yeux ! Car aux cris de « Yes week-end », et à grand renfort de tee-shirts et de « like » sur Facebook, il aura suffi de quelques jours d’agitation médiatique organisée par un collectif de bri- coleurs du dimanche pour que le gouvernement annonce une mission. L’énième du genre : elle a en effet été confiée à Jean-Paul Bailly, ex-PDG de La Poste, qui s’était déjà exprimé sur le sujet dans un rapport de 2007, partisan d’aménagements... en faveur du travail du dimanche.

La mission Bailly répondra au coup de gueule organisé par des groupes créés en quelques heures sur les réseaux sociaux ; pourtant le collectif Yes week-end, « celui des bri- coleurs du dimanche », ainsi qu’une certaine Marie-Cécile, porte-parole des salariés de Sephora « qui veulent tra- vailler de nuit », sont les vitrines d’un seul et même lob- bying libéral. Yes week-end a pour jeune porte-parole des « travailleurs méprisés » Jean-Baptiste Jaussaud, qui, en coulisse, est aussi le représentant de la très libérale association Liberté chérie, dont la vocation est de « réfor- mer » le modèle social français et d’être antisyndicale...

Jean-Baptiste Jaussaud cumule les casquettes de promoteur en France du mouvement ultraconservateur des Tea party et d’entrepreneur marseillais averti. Il a soutenu en 2012 le mouvement des « Pigeons entrepreneurs », qui a fait reculer le gouvernement socialiste sur la taxation des plus- values de titres de société, et dont Yes week-end s’est inspiré...

REVUE DE PRESSE

EN NOVEMBRE

À quels saints se vouer !

Supplément au no735 du 19 octobre 2013 - US MAGAZINE-

5

(6)

6-US MAGAZINE- Supplément au no735 du 19 octobre 2013

CET AUTOMNE, UN PAVÉ DE 1 000 PAGES

s’arrache chez les passionnés d’économie, mais aussi chez tous ceux – citoyens, syndicalistes – qui s’interrogent sur la société et ont besoin d’outils pour débattre et réfléchir.

U

n siècle et demi après D a s K a p i t a l , T h o m a s Piketty, économiste déjà c o n n u p o u r d e n o m b r e u x o u v r a g e s , d é v e l o p p e d a n s Le capital au XXIe siècle une théorie de la concentration du capital et – références littéraires à l’appui – nous dessine le portrait des nouveaux rentiers.

Il y esquisse sa conception d’un État social où l’impôt progressif permettrait « un compromis idéal entre justice sociale et liberté individuelle ».

« L’héritage n’est pas loin de retrouver en ce début du

XXIesiècle l’importance qu’il avait à l’époque du Père Goriot. » C’est ainsi que Piketty qualifie la situation, caractérisée par le retour de la rente.

En 1900, 10 % de la population française possédait 90 % du capital (industriel, immobilier, financier) ; 1 % détenait 50 % de celui-ci.

Certes, aujourd’hui les 10 % les plus riches n’en détiennent « que » 62 %, (et le centile supérieur 25 % !), mais 50 % des Français n’en possèdent que... 4 % ! La rente du capital (intérêts,

dividendes, loyers, plus-values...) rapporte près de 5 % par an (en net), et dépasse donc durablement le taux de croissance écono- mique, qui stagne actuellement autour d’1 % par an dans les pays développés (un taux jugé cependant élevé par l’auteur). Selon lui, la croissance mondiale par habitant a été de 1 % au XIXesiècle, de 1,6 % au XXeet le

XXIereviendra probablement au niveau du

XIXe. Les Trente glorieuses n’ont été qu’une parenthèse dans cette tendance longue. De ce fait, le patrimoine augmente plus et plus vite que les revenus du travail. « Le passé dévore l’avenir », car « le patrimoine fait des petits plus vite que le travail ».

Un analyste engagé

S’appuyant sur de nombreuses statistiques, Thomas Piketty souligne que les détenteurs du capital exigent une rentabilité patrimo- niale élevée et que, dans un contexte de croissance faible, cette exigence a amené inévitablement à « un retour des inégalités qui menace les valeurs démocratiques et de justice sociale ». Car – écrit-il – « naturel- lement, le système tend à favoriser le rende-

montrent les nombreuses courbes en U qui éclairent la lecture du livre, n’est pas liée aux efforts du capitalisme lui- même, mais aux effets des guerres permettant une croissance « de rattra-

page » par la reconstruction... Il ajoute cependant que l’instauration de systèmes fiscaux redistributeurs ainsi que les choix de formation et qualifi- cation faits par les États ont également joué un rôle correctif en ce domaine.

Pour un État social du

XXIe

siècle

Alors qu’il est de bon ton aujourd’hui de parler de matraquage fiscal ou de ras-le-bol

Bibliographie

•Les hauts revenus en France au XXesiècle, Grasset, 2001.

• L’économie des inégalités, collection « Repères », La Découverte, 2004.

•Les hauts revenus face aux modifications des taux marginaux supérieurs de l’impôt sur le revenu en France, 1970-1996. Document de Travail du CEPREMAP, no9812, et sous une forme révisée, Économie et Prévision, 1999.

•Fiscalité et redistribution sociale dans la France du XXesiècle, 2001.

•Inégalités économiques, avec Anthony B. Atkinson, Michel Godet et Lucile Olier, Rapport du Conseil d’analyse économique, 2001.

•Pour un nouveau système de retraite : des comptes individuels de cotisations financés par répartition, avec Antoine Bozio, éditions Rue d’Ulm/CEPREMAP, 2008.

•Pour une révolution fiscale, avec Camille Landais et Emmanuel Saez, janvier 2011, La République des Idées/Seuil.

•Peut-on sauver l’Europe ? Chroniques 2004-2012, Les Liens qui Libèrent, 2012.

•Le Capital au XXIesiècle, collection « Les Livres du nouveau monde », Seuil, 2013.

Auteur d’un brûlot

d’un plaidoyer pour l’impôt ?

PORTRAIT T H O M A S P I K E T T Y

ment du capital sur le fruit du travail. Au fil du temps, il génère donc un accroissement inexorable des inégalités ».

Il affirme également que la réduction des inégalités – sensible notamment après la Deuxième Guerre mondiale –, comme le

© DR

Thomas Piketty est né en 1971. Docteur en économie, il a reçu en 2002 le prix du Meilleur jeune

économiste de France et, en 2013, le prix Yrjö

Jahnsson. Il est professeur à l’École d’Économie

de Paris qu’il a contribué

à fonder et il est directeur

d’études à l’EHESS.

(7)

Supplément au no735 du 19 octobre 2013 -US MAGAZINE- 7 fiscal, Thomas Piketty tente un plaidoyer

convaincant pour l’impôt, en lui octroyant le rôle d’outil démocratique et transparent.

Ces propositions pour lutter contre les inéga- lités s’inscrivent en trois grands axes qu’il avait déjà en partie dessinés avec ses collègues Camille Landais et Emmanuel Saez dans leur ouvrage Pour une révolution fiscale.

La création d’un nouvel impôt sur le revenu, basé sur l’assiette de la CSG actuelle. En effet, en prenant en compte les prélèvements obligatoires dans leur ensemble, le système fiscal français apparaît régressif au sommet de la hiérarchie des revenus : les taux effec- tivement payés s’abaissent pour les revenus les plus élevés, car ces derniers bénéficient souvent de régimes dérogatoires ; les mesures prises depuis 2012 n’ont pas changé cette réalité, et l’ont même aggravée sur certains points : par exemple le nouveau régime dérogatoire applicable aux plus- values à la suite du mouvement des

« pigeons » est encore plus favorable que le précédent.

Appliquer un barème progressif

La création d’un véritable impôt progressif annuel sur le capital, en agissant à trois niveaux. Au niveau français, on peut avancer dans cette direction en rapprochant la taxe foncière de l’impôt sur la fortune, par exemple en permettant la déduction des emprunts et en appliquant un barème progressif (de cette façon on réduirait la taxe foncière sur les personnes en voie d’ac- cession à la propriété, et on l’augmenterait sur les propriétaires les plus importants). Au niveau européen, une plus grande coordi- nation est indispensable : on ne peut demander aux Grecs ou aux Italiens de taxer plus fortement leurs contribuables fortunés et dans le même temps laisser ces derniers transférer librement leurs avoirs en France ou en Allemagne, sans aucun échange d’in- formations fiscales.

Plus généralement, c’est au niveau mondial qu’il faut agir, notamment dans le cadre du futur traité euro-américain, en mettant en place des échanges automatiques d’infor-

mations bancaires et en constituant un véri- table registre financier des sociétés permet- tant de savoir qui possède quoi dans les différents pays. L’objectif n’est pas simple- ment fiscal : il s’agit aussi de s’assurer une totale transparence financière internationale.

Mais, selon Thomas Piketty, « sans un objectif fiscal clairement défini, il y a fort à parier que ces négociations s’enlisent, et que les paradis fiscaux parviennent de nouveau à échapper à leurs obligations ». ■

« Travailler ou épouser Victorine » ? Les conseils de l’ancien bagnard Vautrin à Rastignac (Le père Goriot).

Portrait réalisé par Élizabeth Labaye

© DR

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8-US MAGAZINE- Supplément au no735 du 19 octobre 2013

ACTUALITÉ

QUELLES RUPTURES EN BRETAGNE ?

La Bretagne, et particulièrement le Finistère, a fait la Une de l’actualité ces derniers jours.

Mais derrière l’image très médiatisée des « bonnets rouges », la situation de la Région et de ce département est éminemment.

L

a manifestation du 2 novembre à Quimper a rassemblé des milliers de salariés venus avec leurs familles pour dire leur inquiétude devant la rafale de suppressions d’emplois dans l’agroalimentaire. Ce sont pourtant d’autres forces qui se sont imposées par la parole et par l’image dans les médias : artisans, agriculteurs, patrons, élus de droite, militants régionalistes, ainsi que des représentants FO. Réuni sous l’em- blématique bonnet rouge, le collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » entend contes- ter pêle-mêle la fiscalité, l’État et ses contrôles financiers ou sanitaires, la décentralisation qui n’accorde aucune autonomie normative ou fis- cale à la Région, la fin programmée des aides européennes... Ce collectif avant tout patronal a entretenu volontairement les confusions, justifiant comme l’expression d’une colère citoyenne les destructions de portiques écotaxe ou d’autres actions coup-de-poing contre l’État.

Des défis pour la Région

Le même jour, la CGT, la FSU et Solidaires avaient appelé les autres forces syndicales à se rassembler à Carhaix, la CFDT, majoritaire dans les secteurs de l’agroalimentaire, restant en retrait. Ces trois organisations syndicales

multiplient depuis les initiatives communes pour faire entendre la parole des salariés : de nouvelles mobilisations unitaires se préparent dans un cadre syndical le plus large possible pour défendre l’emploi en Bretagne.

Tous les élus s’en remettent aujourd’hui à l’É- tat pour construire une stratégie et sortir de la crise avec le Pacte pour l’avenir. L’accès à la for- mation et aux qualifications pour toute la popu- lation, que le SNES-FSU porte inlassablement, est désormais un défi pour la Région. La « valeur ajoutée » liée au développement de l’emploi qualifié s’annonce comme un atout du redres- sement industriel, en Bretagne comme ailleurs, en dépit de difficultés rencontrées localement dans certains secteurs innovants (télécommuni- cation notamment). Les élus régionaux devront d’ailleurs questionner leur volonté de piloter à la place de l’Éducation nationale la formation pro- fessionnelle et l’orientation scolaire, eux qui n’ont pas anticipé les mutations économiques.

Investir en Bretagne

La FSU s’est très vite exprimée pour un ren- forcement immédiat de l’investissement public.

Des aides sociales supplémentaires sont néces- saires pour soutenir les familles où parfois les deux parents connaîtront le chômage, des moyens pour Pôle emploi et les GRETA sont à programmer pour préparer des reconver- sions professionnelles. C’est aussi l’inves- tissement éducatif qu’il faut conforter dans une Région où les déséquilibres territoriaux vont continuer à se creuser avec un axe Rennes/Nantes dynamisé par la métropoli- sation. Accompagner la pression démogra- phique avec des moyens supplémentaires et de nouveaux établissements publics tout en renforçant l’offre éducative sur les bassins en crise imposera des moyens spécifiques pour l’École. La FSU-Bretagne le dira prochai- nement au Premier ministre. ■

Gwénaël Le Paih

L

es lycéens étaient encore dans la rue pour mani- fester leur soutien aux élèves récemment expulsés, Leonarda et Khatchik, notamment à Paris, mais aussi à Rouen, Marseille ou Nancy. Ils ont défilé à l’appel de la FIDL, de l’UNL mais aussi de l’UNEF.

Ils refusent la politique d’expulsion d’élèves scolarisés qu’a relancé le ministère de Manuel Valls après plusieurs années de suspension des procédures. « Jeunesse » rime bien avec « solidarité » n’en déplaise aux esprits chagrins.■

© DR

© Daniel Maunoury

Manifestation de la FSU, de la CGT et de Solidaires le 2 novembre à Carhaix

LYCÉENS :

SOLIDARITÉ AVANT TOUT

MOBILISATION LE 23 NOVEMBRE

À l’initiative de sept organisations syndicales régionales, CFDT, CGT, Solidaires, CFTC, UNSA, CFE-CGC et FSU ont appelé les salariés à une jour- née de mobilisation le 23 novembre « pour l’ave- nir de la Bretagne » et pour « un pacte social ».

Cette mobilisation pour l’emploi prendra la forme de rassemblements et de manifestations dans chacun des quatre départements bretons.

(9)
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10-US MAGAZINE- Supplément au no735 du 19 octobre 2013

ACTUALITÉ

FONCTION PUBLIQUE :

UN RAPPORT, POUR QUOI FAIRE ? L

e rapport réaffirme la pertinence du choix du statut des fonc-

tionnaires et argumente contre les orientations du rapport « Sili- cani » d’avril 2008, commandité par Nicolas Sarkozy. Il juge que le statut a montré sa souplesse et cite à l’appui les fort nombreuses évolutions actées depuis 1983. De son point de vue, l’exigence de changement doit donc porter sur les pratiques de gestion, jugées trop « rigides ». Il considère en particulier que les CAP gagneraient à être saisies de débats d’orientation et de bilans plutôt qu’en amont de mesures individuelles. Pour davantage de déconcentration, il pro- pose le MEN en modèle et le regroupement des autres fonction- naires de l’État sous l’autorité de « secrétaires généraux », affaiblis- sant de fait leur appartenance à un ministère. Le rapport n’est pas exempt de contradictions : jugeant que les fusions de corps ne pas- sent pas, il propose néanmoins de les généraliser. Il évoque même des cadres professionnels communs à deux ou à trois fonctions publiques pour certaines professions.

Et les rémunérations ?

Explicite sur les distorsions qui affectent la grille en raison de la désin- dexation du point d’indice, critique sur la dérive des indemnités (12,5 % du traitement pour les enseignants et 45,8 % pour les autres fonctionnaires de l’État en 2011), le rapporteur estime qu’il faut des mesures générales d’augmentation du point. Il reste cependant enfermé dans la justification des politiques d’austérité et récuse toute hypothèse d’indexation. Pour reconstruire la grille, il préconise de ne pas considérer seulement le diplôme, mais aussi les responsabilités, et avance un système mettant fin aux actuelles catégories A, B et C

au profit de six « niveaux de fonctions ». Pour la carrière, il défend une progression d’échelon plus différenciée et une structure des corps en trois grades.

La FSU a indiqué que ce texte ne saurait être qu’un rapport et elle a marqué les lignes rouges que la ministre ne saurait franchir sans ouvrir de conflit. Elle a insisté pour des mesures générales et immé- diates pour nos salaires, et poussé à l’organisation d’une semaine d’ex- pression intersyndicale début décembre. ■ Anne Féray

L

es sénateurs ont rejeté les articles essen- tiels du projet : le nouvel allongement de la durée de cotisation pour atteindre 43 ans imposés à la génération née en 1973, le report de la revalorisation des pensions du 1eravril au 1eroctobre, la création du comité de suivi des retraites chargé de formuler des préconisations pour assurer l’équilibre financier des régimes. Au final, aucun séna- teur n’a voté en faveur du texte résultant du vote article par article.

La procédure d’un examen accéléré par le Parlement a échoué. Au-delà des raisons divergentes qui ont conduit les sénateurs à rejeter le texte, à droite parce qu’il ne recule pas au-delà de 62 ans l’âge d’ouverture des droits à la retraite et à gauche parce qu’il entérine les réformes antérieures de Fillon et

Sarkozy, on retiendra que la réforme du gouvernement ne convainc presque per- sonne. La loi adoptée en première lecture par l’Assemblée prévoit en effet que le gouver- nement remette au Parlement divers rap- ports sur des questions majeures : l’effet de la décote sur les pensions des femmes, l’op- portunité d’abaisser l’âge du taux plein à 65 ans, celle de prendre en compte les années d’étude dans le calcul de la pension.

Ainsi les députés qui ont voté la loi mon- trent-ils qu’il n’est pas si facile d’écarter les arguments défendus entre autres par la FSU, la CGT, Solidaires, l’UNEF et l’UNL.

Une seule chose est sûre : le dossier n’est pas clos. Il est urgent d’interpeller les députés avant le scrutin du 20 novembre, et indis- pensable d’amplifier le débat public. ■A. F.

Le rapport Pêcheur « sur la fonction publique » a été remis au Premier ministre le 4 novembre. La ministre de la Fonction publique devrait annoncer le 5 décembre les orientations qu’elle soumet à la concertation dans le cadre du chantier « parcours professionnels, carrières et rémunérations ».

Le Sénat ayant rejeté le projet de loi de réforme des retraites, l’Assemblée nationale en est saisie en deuxième lecture.

RETRAITES : RETOUR DEVANT L’ASSEMBLÉE

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Supplément au no735 du 19 octobre 2013 - US MAGAZINE- 11

PROJET DE LOI DE FINANCES : LES MÉNAGES FORTEMENT PONCTIONNÉS

REPORT DE LA RÉVISION DES PENSIONS AU 1

er

OCTOBRE

Cette mesure inscrite dans la réforme des retraites a des effets cumulatifs.

La preuve en est dans le texte du Premier ministre qui indique à ce propos que le report d’indexation au 1/10 va rapporter 0,6 milliard d’euros en 2014, 1,4 milliard en 2020, 1,7 milliard en 2030, 2 milliards en 2040.

La ponction sur le pouvoir d’achat des retraités liée à ce report est pro- grammée puisque l’indexation éventuelle se produit tous les ans sur une base diminuée en 2014. S’ajoutant à la réforme Fillon, cette réforme impose chaque année une perte de neuf mois dans le calcul du rattra- page.

MALADIES PROFESSIONNELLES

Un colloque sur la qualité de vie au travail, la prévention des risques psychosociaux et les maladies professionnelles aura lieu à Paris le 21 novembre. Il est organisé par le Carrefour Santé Social, qui regroupe quatre partenaires (MGEN, FSU, SGEN-CFDT et UNSA-Éducation). La journée réunira plusieurs intervenants à diverses tables rondes : experts, chercheurs, universitaires, médecins de prévention, employeurs publics et privés. Les personnels sont invités à participer à l’initiative pour en faire un moment riche d’échanges et de pers- pectives d’avenir.

P

our réduire en 2017 le déficit structurel public de la France à 0,5 % de son PIB, le projet de loi se caractérise par une réduction historique (– 15 Mds d’euros) des dépenses publiques et sociales, et une faible augmentation globale des pré- lèvements obligatoires (+ 3 Mds d’euros) masquant une baisse de la fiscalité des entreprises au nom de la « compétitivité » (– 9 Mds) contre une forte taxation des ménages (+ 12 Mds).

Il y a certes des mesures socialement justes : rétablissement de l’in- dexation sur les prix du barème de l’impôt sur le revenu et légère a u g m e n t a t i o n d e l a

décote ; taxe excep- tionnelle de solidarité versée par les entre- prises sur les rémuné- rations supérieures à un m i l l i o n d ’ e u r o s ( a u grand dam de certains c l u b s d e f o o t ) . L e s députés ont même réta- bli la réduction d’impôt pour enfants scolarisés.

Reculades en cascade

Mais le plafond du quo- tient familial est à nou- veau baissé de 2 000 à 1 500 euros, la majora- t i o n d e 1 0 % d e s retraites versées aux parents ayant élevé trois enfants désormais fis- calisée. Et les salariés du privé devront inté-

grer dans leurs revenus imposables la participation de leurs employeurs aux contrats collectifs de complémentaire santé.

Pour financer le CICE(1) qui réduit l’impôt sur les sociétés de 15 Mds d’euros en 2014, le taux normal de TVA passe de 19,6 à 20 %, le taux intermédiaire de 7 à 10 % (y compris pour les transports en commun !) et le taux réduit sur les produits de première nécessité est finalement maintenu à 5,5 % au lieu de passer à 5 % !

Le débat budgétaire a été marqué par plusieurs reculades du gou- vernement. Il renonce à instituer une taxe sur l’excédent brut d’exploitation des entreprises et refuse d’élargir l’assiette de la taxe sur les transactions financières aux transactions « intra-day ». Il maintient l’exonération du PEL, du PEA et de l’épargne salariale

« pour épargner les patrimoines moyens et modestes » et seuls cer- tains contrats d’assurance-vie seront taxés à 15,5 %. Face à la fronde des bonnets rouges, il suspend la mise en œuvre de la taxe poids lourds (décidée en 2009) sans préciser les moyens pour compenser le manque à gagner.

« Ras-le-bol fiscal »

La « révolution fiscale » promise par le candidat Hollande n’ayant pas eu lieu, la stratégie gouvernementale a nourri un sentiment de

« ras-le-bol fiscal » que la droite instrumenta- lise avec la complicité de nombre de médias.

Et le gouvernement se contente d’annoncer de futures « Assises sur la fiscalité »... des entre- prises !

Les ménages seront donc fortement ponc- t i o n n é s e t s e u l s l e s salariés paieront 1 mil- liard d’euros de cotisa- tion supplémentaire d a n s l e c a d r e d e l a réforme des retraites ( l e s e n t r e p r i s e s o n t obtenu une compensa- tion par une baisse des cotisations famille). Avec la baisse historique des dépenses publiques et sociales, c’est un ensemble qui ne peut qu’alimenter la spirale récessive : un choix socialement et économiquement sui- cidaire.■

Monique Daune

(1) Crédit d’impôt compétitivité emploi

Le volet recettes du PLF 2014 a été adopté par les députés en première lecture.

Il épargne les entreprises et fait peser l’essentiel sur les ménages.

© Cogal / Istockphoto.com

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12-US MAGAZINE- Supplément au no735 du 19 octobre 2013

ACTUALITÉ

ÉDUCATION PRIORITAIRE, DE LA TRANSPARENCE,VITE !

S

uite à sa demande, la FSU a été reçue au ministère le 7 novembre.

Étaient présents Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, avec Frédérique Rolet (SNES), Aline Becker (SNUipp) et Michel Fouquet (SNEP).

La FSU et ses syndicats ont abordé notamment la méthode des Assises et les points de vue et propositions développés dans son courrier au ministre du 4 novembre.

Pour la FSU, rien ne serait pire que le sentiment pour les personnels d’une consultation de façade pour légitimer des décisions déjà prises.

Selon la DGESCO, les retours montrent une satisfaction des person- nels, mais aussi une grande variété de mise en œuvre de la concerta- tion. Les écarts, relevés par la FSU, entre certaines synthèses acadé- miques et les contributions locales pourront être contestés, et des

instructions ont été données aux rectorats organisateurs des assises pour permettre la participation des organisations syndicales. Toutes les contributions seront prises en compte, dont le courrier de la FSU et les résultats de son enquête.

Mais le ministère ne s’engage pas sur le devenir des ÉCLAIR, pour- tant largement contestés. Ses interrogations sur les effets de la réduc- tion des effectifs, le recrutement des personnels et l’organisation du travail collectif laissent craindre le maintien de certaines mesures.

La FSU et ses syndicats ont rappelé que le dispositif ÉCLAIR et sa logique n’ont apporté aucune amélioration et doivent être clairement abandonnés. Les premiers résultats de l’enquête, qui sera rendue publique début décembre, montrent des priorités tout autres pour les personnels, que la FSU continuera de porter avec force.■ B. M.

L

es consultations dans les réseaux et les établissements de l’éducation prioritaire se sont achevées fin octobre. Vient main- tenant le temps de la préparation des Assises interacadémiques, qui s’étaleront jusqu’à fin novembre.

Les personnels témoignent, dans l’ensemble, de leur satisfaction d’avoir pu prendre un peu de temps pour réfléchir ensemble et échanger, faire le bilan et envisager l’avenir.

Mais qu’advient-il de leur parole, de leurs propositions ?

Souvent, les synthèses n’ont pas été rédigées par les personnels mais par l’administration, et il leur a souvent fallu insister pour obtenir un droit de regard.

Rares sont les académies qui ont mis en ligne les synthèses des débats, et encore moins les synthèses départementales et académiques.

Or, celles que nous avons pu consulter ne reflètent qu’une image très lointaine des posi- tions et propositions exprimées par les per- sonnels. L’importance des effectifs par classe, la nécessité de donner du temps pour le tra- vail en équipe, par exemple, ne sont plus guère apparents.

Des synthèses contestables

La relance de l’éducation prioritaire, attendue par tous, demande écoute et transparence.

Elle doit susciter de l’espoir – pour les per- sonnels, pour les élèves – et ne saurait conduire à l’abandon d’établissements où, pour être moins concentrées, les difficultés n’en sont pas moins réelles.

Ainsi, depuis début novembre, les person- nels du collège RRS Delaune de Bobigny se sont massivement mis en grève avec le sou- tien des parents qui ont décidé de bloquer l’accès au collège le vendredi.

Les effectifs du collège sont en augmentation constante depuis 2011 et franchiront vrai- semblablement la barre des 600 élèves au cours de l’année.

Pourtant, les demandes répétées d’un deuxième poste de CPE sont restées sans réponse. L’IA n’accorde qu’un mi-temps provisoire, qu’elle menace chaque année de supprimer.

L’ambiance agitée dans les couloirs et dans une cour exiguë, les difficultés de la vie sco- laire du fait de la surcharge de travail, tout ceci a une répercussion au sein des cours.

Les conditions d’enseignement continuent de se dégrader après l’amputation de la DHG de 31 heures. Résultat : des classes à 24 et plus, notamment lorsque les élèves de l’ULIS sont intégrés dans les classes dites « banales ».

De telles conditions d’enseignement ne sont pas favorables à la réussite de tous ! ■

Bruno Mer et Françoise Maurin

DES PERSONNELS, DES PARENTS ET DES ÉLÈVES IGNORÉS

Depuis 2009, lors des audiences à l’IA et au rectorat, nos interlocuteurs « entendent la légiti- mité de notre demande mais… ». Comment interpréter autrement qu’une volonté d’ignorer les personnels, les parents et les élèves, l’expression de cette « compréhension », qui n’est jamais suivie d’effets ? Quel paradoxe au moment d’un débat sur l’éducation prioritaire !

La direction départementale vient maintenant de « lâcher » un CUI (Contrat universel d’inser- tion). Cela ne saurait répondre à la situation du collège.

Les consultations dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire ont pu satisfaire les collègues.

Toutefois, le « filtrage » par l’administration des synthèses jette un doute sur le contenu des assises qui vont se tenir en novembre.

AUDIENCE FSU AU MINISTÈRE

© Clément Martin

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Supplément au no735 du 19 octobre 2013 - US MAGAZINE- 13

OUVERTURE DU CHANTIER MÉTIER

Alors que Vincent Peillon annonce l’ouverture du chantier de la revalorisation et de la redéfinition des métiers d’enseignement, les axes envisagés incitent le SNES-FSU à rester vigilant pour la défense de nos professions.

O

bligé d’admettre que les enseignants et CPE du Second degré n’avaient bénéficié d’aucune mesure indemni- taire en 2012, d’aucune amélioration des conditions de travail et de rémunération, le ministre de l’Éducation s’est engagé, lors de

la présentation du protocole créant notamment une indemnité pour les professeurs des écoles, à traiter le second degré en 2013.

Liant les questions de revalorisation à celles de redéfinition des missions, il a annoncé l’an der- nier l’ouverture de treize chantiers dont l’un sur les enseignants du second degré. Parallèlement, la réflexion sur la rénovation de l’éducation prioritaire, entamée l’an dernier pour un bilan de l’existant, devait se poursuivre.

Vincent Peillon devrait ouvrir officiellement les concertations sur les thématiques des groupes le 18 novembre et un calendrier adressé aux organisations syndicales fixe au 22 novembre le groupe de travail sur les enseignants du second degré.

Des moyens pour une vraie amélioration...

Le ministre a déjà livré aux médias quelques propos qui donnent un aperçu des axes envi- sagés ; dans le cadre d’un budget 2014 très contraint, il doit dégager des moyens pour proposer quelques mesures significatives en ZEP, du type diminution d’une heure en présence d’élèves pour favoriser la concer- tation et le travail en équipe. Cette mesure est demandée en priorité avec la réduction des effectifs par la majorité des collègues qui ont répondu à l’enquête FSU. Elle consti-

tuerait une première étape intéressante à condition de ne pas se limiter à un trop petit nombre d’établissements, de reposer sur la confiance envers les équipes et d’amplifier les mesures en 2015. Le SNES-FSU a redit sa condamnation du dispositif ÉCLAIR et

son refus de voir se développer des dispo- sitifs de profilage et de création de hiérar- chies intermédiaires. Quant aux moyens, ils doivent permettre d’acter de véritables amé- liorations et doivent être abondés par rapport à l’existant.

... qui doit toucher tout le monde

Les propos du ministre de l’Éducation ont également porté sur la redéfinition du métier enseignant, notamment les décrets de 1955 qui

fixent les maxima horaires des corps (certifiés et agrégés) ; le ministre entend rendre visible l’intégralité des missions effectuées par les enseignants, substituer au principe de décharge une pondération pour des conditions d’exer- cice particulières (éducation prioritaire, cycle terminal des lycées), admettre que toutes les interventions pédagogiques, cours, TP, accom- pagnement font partie du service à égalité.

Le SNES-FSU interviendra dans les groupes pour relayer la demande des collègues d’une amélioration qui touche tout le monde, qui garde l’identité du métier enseignant, la transmission et l’appropriation des savoirs par des élèves tout en reconnaissant le « tra- vail invisible ».

Le service, à cet effet, doit continuer à être défini en heures hebdomadaires d’enseigne- ment et les actes de type pédagogique inclus dans ce service. La formation continue doit redevenir un droit à être effectuée sur le temps de service et la question des effectifs posée.

Enfin, le collège, qui scolarise tous les élèves et connaît de lourdes tensions, ne saurait être le grand oublié d’une véritable revalorisation.

Au-delà des principes, cette dernière doit se traduire par des avancées concrètes pour le quotidien des enseignants. ■

Frédérique Rolet

LE SNPDEN FAIT SON CINÉMA

Dans sa revue Direction (numéro de novembre 2013), le syndicat des chefs d’établissement évoque le statut des enseignants en commençant son article sur le ton de Questions pour un champion. Degré zéro de l’analyse pour un sujet aussi important pour tous les enseignants.

Mais quel style ! « Confortablement assis dans mon fauteuil, je souris et pense tout aussi malicieusement que Miou-Miou a le même âge que le décret qui fixe le service des enseignants du second degré ! » Au-delà de l’interprétation, Miou-Miou appréciera la comparaison. Un brin irrespectueuse pour l’actrice, pour la Femme.

Et l’auteur d’égrainer les changements intervenus depuis 1950 (TNT, le service militaire) sans que le statut des enseignants n’ait en rien été modifié. Manifestement il se fait un film en rêvant d’une telle modification.

Point de suspens dans ce scénario, la direction est claire : en finir avec ce décret, passer à l’annualisation et mieux prendre la main sur les services des enseignants. Un vrai tonton flingueur ! Avec en guise de conclusion : « le décret de 1950 n’a plus aucune raison de poursuivre sa longue carrière »… cinématographique ?

À ce petit jeu… de mots, c’est le SNPDEN qui fait son cinéma.

© Clément Martin

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14-US MAGAZINE- Supplément au no735 du 19 octobre 2013

ACTUALITÉ

LES OBJECTIFS DU BUDGET 2014 : DES INDICATEURS TRÈS POLITIQUES

ORIENTATION EN FIN DE TROISIÈME

Le ministère de l’Éducation nationale a commenté des indicateurs de performances du programme

« enseignement scolaire ». L’occasion pour lui d’avancer des pistes de réformes bien inquiétantes...

Un projet de décret visant à laisser aux familles le choix de l’orientation des élèves après la Troisième a été présenté par le ministère. Ce décret ne s’attaque en rien aux causes de « l’orientation subie ».

E

n application de l’article 48 de la loi de refondation de l’École, le ministère a proposé un projet de décret visant à lais- ser aux familles la décision du choix de la voie d’orientation en fin de Troisième. Le texte organise une expérimentation pendant trois ans, sur un échantillon d’établissements qui se seront portés volontaires.

La procédure s’appuie sur ce qui était déjà possible en dissociant la décision d’orienta- tion prise par le chef d’établissement et la pro- position d’orientation formulée par le conseil de classe. Il l’institutionnalise encore davan- tage en prévoyant un entretien en présence du CO-Psy et des parents afin d’expliciter ces propositions. À la suite des interventions du

SNES-FSU, la présence du professeur prin- cipal a été ajoutée dans la version présentée au CSE du 14 novembre. Répondant à un amendement du SGEN-CFDT soutenu par l’UNSA, le ministère a, en séance, supprimé la présence du CO-Psy dans cet entretien et introduit l’obligation de proposer aux familles un entretien avec ce dernier dans les cinq jours en cas de désaccord persistant. Le SNES s’est opposé à la première partie de cet amen- dement et a donc voté contre le projet.

Les vraies causes ignorées

Ce décret ne s’attaque nullement aux véri- tables causes des « orientations subies » : aucune mesure pour aider les élèves à pro-

gresser dans leurs apprentissages, à mieux comprendre les exigences des différentes dis- ciplines aussi bien en amont qu’en aval ; aucune amélioration de la diversité de l’offre de formation comme des capacités d’accueil, rendant ainsi tout discours sur les passerelles toujours aussi vain ; aucun moyen supplé- mentaire, notamment en postes de CO-Psy pour leur permettre effectivement un suivi des élèves et une participation aux conseils de classe, ce qui relève de la prouesse avec trois établissements en charge. Quant au volontariat des établissements, il semble que le MEN s’en soit tenu à l’avis des chefs d’établissement et n’ait prévu la consultation des CA qu’après publication de la liste ! ■ Roland Hubert

© NLshop/Fotolia.fr

L

es indicateurs de performances(1)du pro- gramme « enseignement scolaire », contrairement aux années précédentes, comprennent de très longs commentaires du ministère censés expliquer les objectifs du programme. Ces commentaires au détour d’une phrase précisent explicitement les choix souvent idéologiques et les pistes que pourraient prendre les futures réformes ou mesures d’organisation du système éducatif.

L’« innovation » pour attaquer la liberté pédagogique

Pour le collège, le ministère affirme qu’il donnera une nouvelle marge de manœuvre sur la répartition de la DHG dans les ÉCLAIR et la politique d’éducation prioritaire devrait aussi se concentrer sur les établissements les plus en dif- ficulté, faisant sortir de nombreux autres du dispositif. La DGESCO(2) insiste aussi sur les bienfaits de la biva- lence en collège par un long argumen- taire et prévoit que ce soit un des thèmes des discussions avec les organisations syndicales sur le métier d’enseignant.

Pour le lycée, le ministère évoque, pour expliquer des objectifs de réus-

site au baccalauréat toujours plus hauts, qu’à partir de quelques éléments de bilan de la réforme du lycée, des évolutions « des pratiques pédagogiques innovantes et visant à conforter la réussite des lycéens » sont prévues. Ce terme d’innovation est le plus souvent utilisé pour remettre en cause la liberté pédagogique, les disciplines et le bac sous sa forme actuelle.

À propos du redoublement, le ministère enfonce le clou des gouvernements précé-

dents en parlant d’effet stigmatisant, ineffi- cace, démotivant et injuste (sic), sans évo- quer la moindre piste alternative. Dans ce cadre des changements pédagogiques, la DGESCO préconise « éviter la notation- sanction à faible valeur pédagogique » et de privilégier « l’évaluation positive ».

L’impasse sur l’analyse des difficultés

Ces quelques exemples mettent en évi- dence que la DGESCO fait l’impasse sur l’analyse des multiples difficultés liées aux réformes des précédents gouvernements, ce qui augure mal de leur remise en cause.

Elle reprend les « vieilles recettes » et les propositions démagogiques sans jamais s’interroger sur la nécessité impérieuse de redonner aux équipes éducatives la main sur leur métier.

Le SNES-FSU continuera à défendre une véritable politique de l’éducation prioritaire sans les déréglementations des ÉCLAIR, à défendre une révision de la réforme du lycée et la préservation de la liberté pédagogique.■ Daniel Lecam

(1) Les indicateurs de performances existent dans chaque objectif des programmes du budget et correspondent aux principes de la LOLF.

(2) Direction générale de l’enseignement scolaire.

(15)

Supplément au no735 du 19 octobre 2013 - US MAGAZINE- 15

UN COLLOQUE QUI REND PLUS FORT !

LOI SUR LE VIEILLISSEMENT : PREMIÈRES MESURES EN 2015 ?

Le SNES-FSU a organisé le 8 novembre dernier un colloque à Paris

réunissant des chercheurs, des professionnels et des décideurs politiques pour réfléchir sur les pistes de démocratisation de l’orientation scolaire.

Le 14 octobre, le Premier ministre a présenté au gouvernement le projet.

La loi cadre se déploiera sur l’ensemble du quinquennat.

À

partir de l’exposé de plusieurs cher- cheurs, il s’agissait d’examiner en quoi les préconisations ministérielles pouvaient correspondre aux attentes d’une orientation répondant mieux aux préoccu- pations d’émancipation et de développe- ment de la personne, et de l’élévation du niveau de formation et de qualification de toute la jeunesse.

Les différentes tables rondes ont permis d’in- terroger les relations formation-emploi et orientation, l’impact de la montée de l’indi- vidualisation des parcours sur la conception de sujet et de l’École, et les fondements histo- riques et psychologiques du métier de conseiller d’orientation-psychologue. Elles ont mis en évidence que le parti pris du « faux bon sens » et du simplisme n’était nullement validé par les travaux de recherche.

Défendre le métier de CO-Psy

Elles ont également légitimé la pertinence de notre combat pour préserver le métier de conseiller d’orientation-psychologue et défendre le réseau des CIO.

De nombreux collègues ont témoigné de la maltraitance dont ils étaient victimes dans les académies, que ce soit à cause des

« restructurations » du réseau qui visent en fait à fermer des CIO afin de faire de la place pour les « maisons communes », par la mise en place des expérimentations sur le SPRO dans certaines Régions, ou par l’imposition de modalités de travail qui ne sont pas celles des

CO-Psy, comme en cité des métiers par exemple.

Les réflexions et les échanges de cette jour- née nous renforcent dans notre conviction à défendre la qualité du métier de conseiller d’orientation-psychologue et de directeur de CIO, et l’ancrage des CIO dans le service public de l’Éducation nationale.

C’est aussi pour une autre École, pour une autre conception de l’orientation, pour un autre avenir que celui de l’adaptation aux diktats des marchés financiers et de la rési- gnation « accompagnée » que nous nous battons.■ Catherine Remermier

J

ean-Marc Ayrault a rappelé les trois volets de la future loi : anticipation, adap- tation de toute la société au vieillisse- ment, accompagnement des personnes fragi- lisées. La concertation commencera en novembre, « notamment avec les départe- ments, les professionnels du secteur et les partenaires sociaux ». L’adoption de la loi est prévue avant la fin de l’année 2014, avec une entrée en vigueur des premières mesures au 1erjanvier 2015. Deux étapes sont envisa- gées : le maintien à domicile d’abord, puis l’accompagnement et la prise en charge en établissement.

Vivre chez soi

le plus longtemps possible

La première étape prévoit une réforme de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) et les mesures de prévention. « Nous

voulons permettre aux personnes âgées de vivre chez elles le plus longtemps possible », a expliqué le Premier ministre. Pour la deuxième, à partir de 2016, un groupe de travail associant les conseils généraux et les fédérations professionnelles du secteur sera mis en place en 2014 pour revoir la tarifica- tion des EHPAD.

Quelles capacités de financement ?

Promise par Nicolas Sarkozy, la loi sera-t-elle effective avec François Hollande, alors que les échéances ne cessent d’être reportées ? La difficulté essentielle porte sur les capacités de financement, ce qui explique les deux étapes de la réforme. L’inquiétude, légitime, est d’autant plus grande que le gouvernement, pour la deuxième année consécutive, détourne les 600 millions de la CASA (contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie)

destinée à l’origine au financement de l’au- tonomie, taxe prélevée sur les retraités impo- sables dénoncée par le SNES et la FSU. Le gouvernement promet que la CASA sera plei- nement affectée à l’autonomie au 1erjanvier 2015. On peut légitimement s’interroger sur la valeur de cet engagement alors que le même n’a pas été tenu en 2013 et ne le sera pas en 2014.

Et alors que les discours officiels rappel- lent la nécessité de l’investissement indivi- duel du recours aux assurances privées et que l’INSEE explique que le financement public ne peut que reculer. Pourtant le reste à charge est insupportable pour de nom- breuses personnes. On est loin de la reven- dication du SNES-FSU d’un financement public solidaire dans le cadre de la Sécurité sociale et des services publics.■

Marylène Cahouet

© Clément Martin

(16)

16— US MAGAZINE —Supplément au no735 du 19 octobre 2013

vision qu’il y a quelques années, dont plus de la moitié sur Arte, ces films ne représentent que 10,8 % de l’offre de programmes des chaînes publiques gratuites en 2011. Mais il y a de moins en moins de place pour les documentaires de création, ceux-ci sortent donc davantage en salle, d’autant plus que les réalisateurs s’y sentent plus libres. Entre 2000 et 2010, le nombre de sorties de docu- mentaires en salles a été multiplié par deux.

En 2011, 90 films documentaires (dont 54 français) ont fait l’objet d’une première sortie en salle, soit 15 % du total des films sortis, et l’année passée a connu de gros suc- cès, comme Les invisibles ou Sugar man.

Toutefois le nombre de copies reste faible et

la durée d’exposition des films est souvent trop courte. Ce sont en effet des films plus fragiles, qui ont besoin d’un accom-

pagnement (pour Tous au Larzac, Christian Rouaud a participé à plus de 300 débats) et de se faire connaître grâce au bouche à oreille et aux réseaux sociaux, ce qui exige du temps.

Certes le financement est plus compliqué au cinéma et le nombre de spectateurs est plus faible qu’à la télévision (par exemple pour Nous, princesses de Clèves, 45 000 entrées en salle contre 200 000 téléspectateurs), mais l’accompagnement en salle donne une visi- bilité incomparable au film.

Une démarche d’auteur

Avoir trouvé un sujet ne suffit pas. Il y a dans le documentaire un vrai travail d’écriture, c’est le point de vue d’un auteur. Comme le dit Claude Guisard, ancien directeur de l’Unité de création de l’INA, il y a des documentaires dont le sujet est intéressant, mais leur écriture cinématographique trop banale les maintient dans le statut de reportage. Le documentaire a une cohérence. Il ne traite pas la totalité d’une question. C’est un coup de projecteur choisi par un réalisateur. Par exemple, Simone Bitton aborde la question israélo-palestinienne en ciblant le mur (Mur) ou par une enquête sur

O

n a autrefois défini le documentaire comme un film qui utilise des docu- ments, en les combinant et en les agré- mentant de commentaires informatifs ou didactiques. Peu de réalisateurs se reconnaî- traient aujourd’hui dans cette définition. Un documentaire n’est pas un reportage et la différence avec la fiction est devenue plus floue. Des réalisateurs passent d’un genre à l’autre, comme Alain Resnais, Agnès Varda ou Chris Marker ou, sur un même sujet, réali- sent fiction et documentaire (Claire Simon avec Gare du Nord et Géographie humaine).

Télévision ou sortie en salle ?

S’il y a plus de films documentaires à la télé-

FENÊTRE SUR

SOUVENT RÉDUIT

à la portion congrue, le documentaire a pourtant toute sa place dans le 7eart.

Il est aussi un formidable support d’enseignement. Le SNES-FSU n’hésite d’ailleurs pas à s’investir dans ce genre cinématographique. Il a notamment coproduit

Tempête sous un crâne

.

Le film documentaire

©DR©DR

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VOIR ET SE RENSEIGNER

Les États généraux du documentaire à Lussas :une semaine de films (155 en 2013), de débats, de séminaires rassemblant des professionnels et un large public (18 000 entrées). On a pu y voir des documentaires actuellement en salles ou sortant bientôt comme Fifi hurle de joie de l’Iranienne Mitra Faharani, Géographie humaine et Gare du Nord de Claire Simon, État commun de Eyal Sivan ou À ciel ouvert de Mariana Otero.

Prochaine édition du 17 au 23 août.

Le portail du film documentaire :ce site permet de trouver toutes les informa- tions sur les sorties en salle (avec Dédé de C. Rouaud, le réalisateur de Tous au Larzac, le 30 octobre, Le dernier des injustes de Claude Lanzmann etLa part du feu d’Emma- nuel Roy le 13 novembre), les projections, les manifestations diverses (Planète Marker au Centre Pompidou, à l’occasion de laquelle sortent huit films dont certains inédits de Chris Marker) et les sorties DVD.

Un renouveau du documentaire

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