NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT LARVAIRE DE AMPHIURA CHIAJEI (FORBES)

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NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT

LARVAIRE DE AMPHIURA CHIAJEI (FORBES)

Lucienne Fenaux

To cite this version:

Lucienne Fenaux. NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LE DÉVELOPPEMENT LARVAIRE DE AM-PHIURA CHIAJEI (FORBES). Vie et Milieu , Observatoire Océanologique - Laboratoire Arago, 1963, pp.91-96. �hal-02932127�

SUR LE DÉVELOPPEMENT LARVAIRE DE

AMPHIURA CHIAJEI

par Lucienne FENAUX

Peu d'ophiures ont un développement larvaire bien connu, et nombreux sont les ophioplutéus pélagiques qui n'ont pu être rattachés à un adulte. Dans le cadre de nos études sur les larves d'Échinodermes, il nous a paru intéressant d'étudier celui de Amphiura chiajei (Forbes).

MATÉRIEL ET TECHNIQUES EMPLOYÉES

Dans la baie de Villefranche-sur-Mer, un fond vaseux, situé à environ 20 mètres de profondeur, nous a fourni un important matériel de Amphiura chiajei.

Nous avons essayé deux procédés pour en obtenir des embryons.

a) Nous avons disséqué les ophiures, prélevé les gonades mâles et femelles et tenté une fécondation artificielle.

b) Nous avons en même temps pratiqué la technique utili-sée avec succès par GRAVE (1916) pour .Ophioderma brevispina

et qui consiste à exposer les ophiures à la lumière, pendant deux ou trois heures avant la tombée de la nuit. Les ophiures étaient placées dans un cristallisoir contenant cinq litres d'eau de mer filtrée, avec un dispositif permettant l'aération de l'eau. C'est

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-ainsi que nous avons pu obtenir le 22 septembre 1962, la ponte de Amphiura chiajei.

Nous supposons que la ponte a eu lieu dans la nuit du 22 au 23 septembre. En effet, le 23 septembre, nous avons trouvé dans l'eau de mer des blastula ciliées. Celles-ci furent placées dans de l'eau de mer filtrée fraîche. Des prélèvements d'em-bryons suivis de fixations, soit au formol, soit à l'alcool 70°, ont été faits régulièrement afin de suivre l'évolution du squelette.

SQUELETTE CALCAIRE CHEZ LA LARVE DE Amphiura chiajei

Afin de mieux comprendre les particularités du squelette de la larve de Amphiura chiajei, rappelons que chez un ophio-plutéus pélagique complet, comme celui de Ophiura albida, le squelette calcaire soutenant la larve est constitué de deux en-sembles symétriques s'affrontant sur la ligne médiane. Chaque ensemble comporte :

— une baguette somatique dont l'extrémité se ramifie chez certains ophioplutéus et forme un système complexe utilisé dans les déterminations spécifiques;

— une baguette postéro-latérale, simple et épineuse dans la plupart des cas, parfois perforée (chez l'ophioplutéus de Ophiura texturata) prolongeant la baguette somatique dans les appendices postéro-latéraux;

— à la jonction de la baguette somatique et de la baguette postéro-latérale naissent : une baguette antéro-latérale, qui se courbe et pénètre dans l'appendice antéro-latéral et une baguette post-orale soutenant l'appendice post-oral.

— la baguette postéro-dorsale se forme à partir de la bran-che antéro-latérale.

Les trois dernières baguettes ne sont jamais perforées, mais ornementées d'épines.

Chez la larve de Amphiura chiajei, de chaque côté de l'in-vagination gastruléenne, nous avons pu observer la première ébauche du squelette, constituée par deux spicules tétraradiés (flg. le).

La branche qui deviendra la baguette somatique est légère-ment arquée. Dans son prolongeront se trouve la baguette pos-téro-latérale. Quant aux deux autres spicules ils se développeront peu. En effet, si le bourrelet antéro-latéral se forme tôt, aucune encoche ne se développera pour former deux appendices antéro-latéraux. Pourtant ce bourrelet sera soutenu par des spicules qui,

nés à la jonction des baguettes somatiques et postéro-latérales, se sont courbés et y ont pénétré.

Aucune ébauche d'appendices post-oraux ne se forme et le quatrième spicule se développe peu et ne se courbe pas pour soutenir la partie anale située entre les bras postéro-latéraux.

Les deux branches somatiques sont au départ simples, puis leur extrémité se divise en trois (fîg. 2, a). Il se forme une branche descendante ou baguette terminale et deux branches latérales qui se croisent dorsalement et ventralement avec leurs symétriques.

Les baguettes terminales présentent deux ou trois épines sur le côté externe.

Fig. 1. — a, blastula (taille 297 microns); b, gastrula; c, formation des spicules calcaires (taille 315 microns); d, e, développement des appen-dices postéro-latéraux et des baguettes calcaires qui les soutiennent. L'en-semble baguette somatique et baguette postéro-latérale mesure 522 mi-crons.

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-Fig. 2. — a, squelette calcaire d'une larve de A. chiajei âgée de trois jours. Abbréviations : b.p.l. = baguette postéro-latérale; b.a.l. = baguette antéro-latérale; b.p.o. = baguette post-orale; b.s. = baguette somatique; b.t. = baguette terminale, b, formation des plaques calcaires chez la larve âgée de six jours.

La baguette postéro-latérale porte de fortes épines tant du côté interne que du côté externe.

La baguette post-orale courte, de direction équatoriale, pré-sente de fortes dents.

Six jours après la ponte, nous avons observé les spicules calcaires, ébauches des plaques grillagées du jeune Amphiura chiajei. La métamorphose était complète après huit jours.

DISCUSSION

La vie pélagique de cet ophioplutéus doit être brève. En effet dans nos conditions d'expérimentation où la température variait entre 18 et 20° C, nous avons pu assister à la

métamor-phose après huit jours.

Cette réduction de la vie pélagique est accompagnée d'une réduction du nombre des appendices larvaires. En nous inspi-rant de FELL (1948), nous pouvons établir le tableau suivant

pour les espèces méditerranéennes : Ophiura albida, Amphiura filiformis, Amphiura chiajei, Amphipholis squamata (fig. 3).

^~^-~-^^espèces

sfades O. al bi da A. filiformis A . chiajei A. squamata

Oeuf

©

©

O

Blastula

S

S

e

Gos tru1o

û

Ê>

Larve sons bras

w w

#

Larve à 2 bras

Larve à 6 bras

#

Larve à 8 bras

#

*

Fig. 3. — Comparaison des temps requis pour arriver à la métamor-phose chez les quatre espèces : Ophiura albida, Amphiura filiformis,

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-La larve de Ophiura albida présente le nombre maximal d'appendices, soit quatre paires. Celle de Amphiura filiformis ne possède pas d'appendices postéro-dorsaux et met un temps plus court pour parvenir à la métamorphose. La larve de

Am-phiura chiajei présente un développement encore plus raccourci,

et seuls les bras postéro-latéraux se développent.

Les représentants méditerranéens de la famille des

Am-phiuridae présentent donc des développements larvaires

rac-courcis et un stade intermédiaire entre une larve à vie péla-gique relativement longue comme celle de Amphiura filiformis et un embryon vivipare comme celui de Amphipholis squamata, se trouve illustré chez les larves de A. chiajei et A. mediterranea (en préparation).

Le développement larvaire de l'ophiure Amphiura chiajei est étudié. L'ophioplutéus qui se développe est caractérisé par une réduction du nombre des appendices et par une vie pélagi-que brève.

Station zoologique, Villefranche-sur-Mer.

BIBLIOGRAPHIE

FELL, H. Barraclough, 146. — The embryology of the viviparous ophiuroid

Amphipholis squamata Délie Chiaje. Trans. Proc. N. Z. Inst., 75 :

419-464.

FELL, H. Barraclough, 1948. ■— Echinoderm embryology and the origin of the chordates. Biol. Rev., 23 : 81-107.

FEWKES, J.W., 1887. — On the development of the calcareous plates of

Amphiura. Bull. Mus. Comp. Zool, Harvard, 13 : 107-150.

GRAVE, C, 1916. — Ophiura brevispina. II. An embryological contribution

and a study of the effect of yolk substance upon development and developmental processes. J. Morph., 27 : 413-451.

MULLER, J., 1846. — Abhandlung ûber die Larven und die Métamorphose

der Echinodermen. I. Abhandl. d. Preussischen Akad. d. wiss zu

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MORTENSEN, Th., 1901. — Die Echinidermenlarven Nordisches Plankton,

9, fig. 21.

THORSON, G., 1946. — Reproduction and larval development of Danish marine bottom invertebrates, with spécial références to the plank-tonic larvae in the Sound (0resund). Medd. Komm. Danmarks Fisk.