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Comparaison de deux modèles de profil de tige et
validation sur un échantillon indépendant. Application à
l’épicéa commun dans le nord-est de la France
Laurent Saint-André, Jean-Michel Leban, François Houllier, R. Daquitaine
To cite this version:
Laurent Saint-André, Jean-Michel Leban, François Houllier, R. Daquitaine. Comparaison de deux
modèles de profil de tige et validation sur un échantillon indépendant. Application à l’épicéa commun
dans le nord-est de la France. Annals of Forest Science, Springer Nature (since 2011)/EDP Science
(until 2010), 1999, 56 (2), pp.121-132. �hal-02691829�
Article
original
Comparaison
de deux
modèles
de
profil
de
tige
et
validation
sur un
échantillon
indépendant.
Application
à
l’épicéa
commun
dans le nord-est
de la France
Laurent
Saint-André
a
Jean-Michel Leban
a
François
Houllier
b
Renaud
Daquitaine
a
Équipe
de recherches sur laqualité
des bois, Inra, 54280Champenoux,
France.b
Programme
modélisation desplantes,
Cirad, Inra, campus international deBaillarguet,
BP5035, 34032Montpellier
cedex 1, France.(Reçu le 25 août 1997 ;
accepté
le 30septembre
1998)Abstract -
Comparison
between two stem taperequations,
and validation on anindependent sample.
Casestudy
ofNorway
spruce (Picea abies Karst.) in north-eastern France. Two stem taper
equations
are fitted andcompared
on asample
ofNorway
spruces (Picea abies Karst.) for which detailed data are available. Thomas’s
simple
andtrigonometric
model behaves well at thebot-tom of the tree but
strongly
underestimates diameter at the top of the tree. Thevariable-exponent
taperequation performs
betteralong
the stem, but also for extreme trees(height :
diameter ratio less than 60 or greater than 120). Thevariable-exponent
taperequation
is validated on alarge independent
data set made up of 2 577 trees from the National ForestInventory,
as thisequation
is to be usedwithin the framework of the assessment of timber
quality
at aregional
scale. Thepredicted
and observed distributions of tree taper at 2.6 m and at the bottom of the tree arequite
similar. A tree-to-treecomparison
shows nomajor
bias, except for small trees that have aheight:
diameter ratio of less than 70. (© Inra/Elsevier, Paris.)stem
profile
/ taperequation
/ model / validation / Picea abiesRésumé - Deux modèles de
profil
detige
sontajustés
etcomparés
sur un échantillon de 24épicéas
communs (Picea abies Karst.)pour
lesquels
ondispose
de mesures intensives. Le modèlesimple
ettrigonométrique
de Thomas [30]s’ajuste
très facilement etdonne de bons résultats pour
l’empattement
des arbres, mais sous-estime fortement les diamètres en haut de l’arbre. Le modèle àcoefficient de forme variable se comporte très bien tout le
long
des arbres,quel
que soit leur élancement (hauteur/diamètre). Le modèle à coefficient de forme variable est ensuite validé sur un échantillonindépendant,
2 577 arbres provenant de l’Inventaire fores-tier national.L’objectif
est en effet d’utiliser ceséquations
dans le cadre d’une estimation de laqualité
des bois d’une ressource surpied.
La validation montre que les distributions du défilement estimé à la souche et à 2,60 m sont trèsproches
des distributions obser-vées. Lacomparaison
arbre par arbre ne montre pas de biaismajeur,
hormis pour le défilement à la souche et pour des arbres defaible diamètre et très trapus. (© Inra/Elsevier, Paris.)
profil
detige
/ défilement / modèle / validation / Picea abies*
Correspondance
et tirés à partleban@nancy.inra.fr
1. INTRODUCTION
La forme et le défilement des arbres sont souvent
confondus dans la littérature. Par
exemple,
Larson[ 16]
utilise sans les
distinguer
l’un ou l’autre des deux termes.Le défilement traduit en fait la décroissance du diamètre
par unité de
longueur
(le
tronc étantsupposé
dérivable),
tandis que la formeprend
aussi en compte desaspects
tels que la courbure du tronc. La forme peut faire
l’objet
de mesures
subjectives.
Parexemple, Otegbeye,
Samarawira
[24]
indicent les arbres de 1(arbres
droits ourectilignes)
à 6(arbres
présentant
cinq
courbures ouplus).
Pardé et Bouchon[25]
présentent
un indice de forme défini par lerapport
du volume de l’arbre sur levolume du
cylindre
de diamètre et de hauteurégaux
àceux de l’arbre : cet indice
global
traduit en fait le défile-ment.Lorsque
latige
est assimilée à uncône,
le rapport hauteur totale/diamètre à1,30
m(h/d) peut
aussi être considéré comme une mesureglobale
du défilement. Cerapport
sertégalement
d’indicateur de stabilité despeu-plements
pour lesylviculteur
et donne au forestier uneindication de la
sylviculture
passée
(notamment
ladensi-té de
plantation).
Dans cetravail,
nous considéronsuni-quement
ledéfilement,
ou la décroissancemétrique,
sanstenir compte de la courbure des arbres.
Pour décrire le
profil
d’unetige,
il existe deux familles de modèles : les modèlesintégrés
ouéquations
de
profil
detige qui
donnent directement le diamètre dutronc en fonction de la hauteur à
laquelle
on seplace,
etles modèles d’accroissement
qui
estiment d’abord le pro-fil vertical dechaque
cerne annuel(sa
surface ou salar-geur)
et, parsommation,
permettent ensuite d’obtenir leprofil
de latige.
Les modèles
intégrés
sont de loin lesplus
fréquem-ment utilisés et leurs
équations
peuvent
être classées en trois groupes :(i)
les fonctionssimples
de défilementqui
peuvent être des
équations
hyperboliques
[1],
trigonomé-triques
[30],
ousigmoïdes
[2, 5] ; (ii)
les fonctionsseg-mentées
qui
utilisent un ensemble depolynômes
[3, 20] ;
(iii)
et les fonctions à exposant variablequi
estiment leprofil
detige
à l’aide d’un coefficient de formequi
varie lelong
de l’arbre[6, 10, 15, 23].
Laplupart
dutemps,
ces
équations
ont pourprincipal objectif
l’estimation du volume des arbres et de lalongueur
des billonscommer-ciaux,
c’est-à-dire la part de l’arbre destinée au boisd’oeuvre et au bois d’industrie. Ces
équations
sontsou-vent
comparées
les unes aux autres, en vue de tester leuraptitude
à décrire leprofil
detige
de telle ou telle essen-ce[23].
Elles ont aussi été utilisées pour modéliser leprofil
et le volume d’aubier duDouglas
[ 19]
ou pourpré-dire
l’empilement
des cernes à l’intérieur du tronc. Parexemple, l’équation
de Houllier[12]
sert dans unlogiciel
d’évaluation de la
qualité
des bois d’une ressourcefores-tière existante
(WinEpifn
[28]) :
l’empilement
des cernesest obtenu en combinant un modèle moyen de croissance
en hauteur et en grosseur avec la fonction de
profil
detige ;
c’est une reconstruction aposteriori
de lacroissan-ce.
À
l’inverse,
leprincipe
général
des modèlesd’accrois-sement est de simuler la croissance des arbres en reliant l’accroissement annuel du cerne le
long
de latige
à descaractéristiques
fonctionnelles telles que levolume,
la forme et l’extension duhouppier
[8, 11, 21, 27].
Parexemple,
Mitchell[21]
simule d’abord la masse foliaire des arbres compte tenu desvoisins,
il estime ensuite l’accroissement en surface des cernes. Deleuze[8]
applique
une démarcheplus
proche
du fonctionnement etobtient une
équation
d’accroissement àpartir
d’unmodè-le de réaction-diffusion. Fourcaud et al.
[11] ont
proposé
un modèle architectural
couplé
à un modèle deréparti-tion des accroissements
qui
permet de simuler lacrois-sance des arbres en hauteur et en diamètre. Cette
derniè-re
approche
est actuellement utilisée comme supportconceptuel
pouranalyser
le processus de croissance desplantes.
Dans un contexte d’élaboration d’outils d’aide à la
gestion, l’objet
de cette étude est double : ils’agit
de comparer deux modèles récents(tableau
I)
dutype
nord-est de la
France,
puis
de valider le modèle choisisur un échantillon
indépendant.
Le
premier
modèle estinspiré
de Newnham[23]
etson
équation simplifiée
est la suivante :d
hr
=u.hr
q(hr)
,
oùd
hr
est le diamètre du tronc à une hauteur relative donnéehr,
u une constante etq le
coefficient local de forme.L’idée est de faire varier q le
long
du tronc en fonction de la hauteur relative et descaractéristiques
dendromé-triques
de l’arbre(hauteur
totale et diamètre à1,30
m,par
exemple).
Ce type de modèleprésente
cependant
trois
désavantages :
il est rarementintégrable
analytique-ment pour obtenir lesvolumes ;
il est lourd àajuster
car nonlinéaire ;
il a souvent du mal à décrirel’empattement
des arbres[6, 23].
Le deuxième modèle a été propose par Thomas et
Parresol
[30] :
ils’agit
d’un modèlesimple.
Sonéquation :
d
hr
=v·f(hr),
est une fonction linéaire ensinus et
cotangente,
où v est une constante. Cetteéqua-tion
présente
l’avantage
d’être facile àajuster
et àinté-grer. Par
ailleurs,
sa formulationtrigonométrique
estori-ginale
et le modèle semblecapable
de décrirecorrectement
l’empattement
desarbres,
aussi bien pourPinus elliottii que pour
Quercus
phellos.
Le second
objectif
de cette étude est de valider le modèle choisi dans uneperspective
d’évaluation de laqualité
de la ressource en bois à une échellerégionale
[13].
Ils’agit :
(i)
de vérifier aussi que le modèle estcompatible
avec les processus decroissance,
c’est-à-direque les
profils
delargeur
(ou
desurface)
déduits de la succession de deuxprofils
detige
(d’une
année surl’autre)
sontsatisfaisants ; (ii)
d’étudier sur ungrand
échantillon
représentatif
de la ressourcerégionale
le biais du modèle et ses éventuelles variations lelong
de latige.
2.
MATÉRIELS
Deux échantillons différents ont été utilisés. Le
pre-mier rassemblait 24
épicéas
mesurés dans le cadre d’unprojet
européen
[22].
Cet échantillon a servi àl’ajuste-ment des modèles
puis
à une validationqualitative
por-tant sur
l’aptitude
du modèle choisi àgénérer
dessur-faces d’accroissement réalistes. Le second
provenait
del’Inventaire forestier national
(IFN
par lasuite)
et a servi à la validationquantitative
du modèle.2.1. Notations
Les notations suivantes sont utilisées :
- a :
âge
del’arbre,
- h : hauteur totale del’arbre,
- d : diamètre à1,30
m, -c
0.1
: circonférence
à 10 cm dusol,
-d
2.6
:
diamètre de l’arbre à2,60
m dusol,
-
d
med
:
diamètre médian du billoncompris
entre2,60
met la
découpe
bois fort(mesure
effectuée parl’IFN),
- lh :
longueur
duhouppier
de l’arbre,-
z : hauteur dans
l’arbre,
0 ≤ z ≤h,
- hr = z/h : hauteur
relative,
-
d
z
:
diamètre à une hauteur z,- q : coefficient de forme local de la
tige.
2.2.
Échantillonnage
pourl’ajustement
des modèlesLes 24 arbres du
projet européen
[22]
provenaient
de deuxpeuplements expérimentaux
qui
différaient par leur indice de fertilité(fort
oufaible)
défini par la hauteurdominante à 50 ans. Dans
chaque
peuplement,
douzearbres ont été
prélevés
en deux fois suivant lerégime
sylvicole :
six dans uneplacette
peu ou pas éclaircie etsix dans une
placette
fortement éclaircie. Danschaque
placette,
les six arbresont
été sélectionnés commesuit :
deux arbres avec
lh ≈
lh +
s,deux
arbres avec lh =lh,
deux arbres avec
lh ≈ lh -
s, oùlh
la moyenne des lon-gueurs dehouppier
sur laplacette,
ets l’écart-type
de lapopulation.
Le tableau II donne lesprincipales
caracté-ristiques
des arbres échantillonnés : tous étaientplutôt
des dominants(houppier
long)
ou des codominants(houppiers
courts),
aucun n’était réellement dominé.Pour cette étude du
profil
detige,
la circonférence aété mesurée tous les mètres
environ,
du bas de l’arbre ausommet. A des fins
d’analyse
detige,
une rondelle aaussi été
prélevée
tous les dixièmes de la hauteur de l’arbre.2.3.
Échantillonnage
pour la validationPour valider les
modèles,
nous avons utilisé lesdon-nées du deuxième inventaire réalisé par l’IFN en 1981
dans le
département
desVosges.
Cedépartement
se situeau 2e rang
français
pour la ressource totale enÉpicéa
commun avec 16 millions dem
3
et 58 800 ha[ 14, 26].
Outre les mesures
dendrométriques classiques
(hau-teur,
âge,
et diamètre à1,30 m),
l’IFN mesureégalement
le diamètre de la
tige
à2,60
m de hauteur ainsi que lacirconférence à la souche pour un certain nombre d’arbres. Au
total,
nousdisposions
de 2 577tiges
dont2 449 pour
lesquelles
nous avions la mesure à la souche.[7]
pour définir les classes de fertilité despeuplements
en fonction de la hauteur dominante et de
l’âge
domi-nant. Il a ainsi été
possible
de ventiler les résultats enfonction des
quatre
classes de fertilité sélectionnées(1
à4,
dans la table deDécourt).
L’ensemble des simulations a
porté
sur ces 2 577 arbresqui
couvraient unelarge
gammed’âge,
dehau-teur, de diamètre à
1,30
m et de coefficient d’élancement(h/d) (figures
1a à1d).
Chaque
classe de fertilité étaitégalement
bienreprésentée
(650
arbres en moyenne,figure
le).
On peutégalement
noter ungrand
nombre d’arbresjeunes qui présentaient
un faible diamètre : ils’agit
desplantations
effectuées dans le cadre desreboi-sements aidés par le Fonds Forestier National dans les
années 1945 à 1960. Cette
catégorie
d’arbres n’était pasreprésentée
dans lepremier
échantillon.3.
MÉTHODES
Dans la suite de cette
étude,
les deux modèles sontréférencés par le nom de leur auteur :
Daquitaine
etThomas
(voir
leséquations
dans le tableauI).
Le modèlenon linéaire
(Daquitaine)
a étéajusté
par laprocédure
NLIN
([29])
et le modèle linéaire(Thomas)
par laprocé-dure REG du
logiciel
SAS. Dans le cas du modèle deThomas,
nous avons d’abord déterminé le coefficient w propre àl’espèce
par unajustement
non linéaire. Pourl’épicéa
commun, le résultat del’ajustement
donne unevaleur de
1,39,
qui
estproche
des valeurs obtenues parThomas : entre
1,4
et1,5
pour lesrésineux,
deux pour les feuillus. Les autres coefficients du modèle ont ensuite étéajustés
avec laprocédure
REG.Pour comparer les
modèles,
nous avons étudié lesrésidus,
c’est-à-dire la différence entre le diamètremesu-ré
(d
i,z
)
et le diamètre estimé(&jadnr;
i,z
)
àchaque
niveau z dansl’arbre i. Les
quatre
grandeurs
suivantes
ont été calculéespour
chaque
modèle : lebiais,
la racine de la moyenne du carré des erreurs,
et l’indice
d’ajustement,
où
d
z
est la moyenne des diamètres mesurés et n lenombre
d’observations.Afin de mettre en évidence les
qualités
et les défautsdes
modèles,
ces valeurs ontégalement
été calculées parclasse de hauteur relative dans les arbres et par classe d’élancement
(h/d).
Enfin,
nous n’avons pas tenucomp-te, dans cette
étude,
de la structureparticulière
deserreurs
(effet
de l’arbre et autocorrélation lelong
de latige).
4.
RÉSULTATS
4.1
Ajustements
et choix d’un modèleLes
paramètres
des deux modèles sont toussignifica-tivement différents de
zéro,
sauf leparamètre &thetas;
3,2
du modèleDaquitaine.
Il estprobable
que la faible variation des diamètres à1,30
m des arbres utilisés pourajuster
lemodèle en est la cause. Le modèle a donc été
réajusté
sans ce coefficient.
Le tableau III donne une
synthèse
desajustements
desdeux modèles sur l’échantillon de 24 arbres. Pour
l’ensemble,
l’erreur absolue moyenne estproche
ducen-timètre. Les quatre
grandeurs
définiesprécédemment
montrent que
l’équation
à coefficient de forme variable(Daquitaine) s’ajuste
mieux aux données que le modèlede Thomas.
Globalement,
ce dernier a tendance à suresti-mer les diamètres et ilgénère
quelquefois
des diamètresnégatifs
au sommet de l’arbre. Cedéfaut,
qui
estsignalé
par Thomas & Parresol
[30],
n’avait pas étécorrigé
dansleur étude
puisqu’il
est presque sansconséquence
pour lecalcul du volume de la
tige. Cependant,
dans le cas oùcette
équation
deprofil
detige
estintégrée
dans unesuc-cession de modèles comme c’est le cas dans le
logiciel
WinEpifn,
ce défaut ne peut êtreignoré, puisque
leslar-geurs de cerne seraient aussi
négatives.
La figure
2 montre l’évolution de l’erreur et du biaisen fonction de la hauteur relative. Dans le bas de
l’arbre,
le modèle de Thomas se comporte bien hormis une
légè-re surestimation des diamètres. En
revanche,
le modèlede
Daquitaine génère
des erreursplus importantes
dansle dixième inférieur de l’arbre.
L’empattement
est dansce cas fortement sous-estimé. Pour tous les autres
niveaux dans
l’arbre,
le modèleDaquitaine
est moins biaisé etgénère
une erreur résiduelleplus
faible que lemodèle Thomas
(figure
2b).
La figure
3 présente
l’erreur et le biais moyen enfonction de l’élancement des arbres. Les deux modèles
ont une erreur résiduelle et un biais
plus importants
pourles arbres à faible coefficient
h/d,
c’est-à-dire pour des arbresplutôt
trapus.
Le modèleDaquitaine
estcependant
plus souple
que le modèleThomas,
notamment auxextrêmes
(h/d
< 70 et h/d >110).
Cettepropriété
estimportante lorsqu’il s’agit
d’estimer laqualité
des bois d’une ressource forestière existante[17, 18, 28].
L’analyse
desajustement
montre donc que le modèleDaquitaine
est celuiqui
génère
les erreurs lesplus
faibles,
tant lelong
du tronc(hormis
à la base del’arbre)
que pour une gamme étendue d’élancement des arbres.
Le modèle de Thomas se
comporte
mieux au niveau del’empattement
mais a tendance à surestimer lesdia-mètres sur une bonne
partie
du tronc et à sous estimer très fortement les diamètres à la cime de l’arbre(jusqu’à
générer
des diamètresnégatifs).
Parailleurs,
sonmau-vais comportement pour les arbres extrêmes
(très
coniques
ou trèscylindriques)
en fait un modèle peuapplicable
pour estimer laqualité
des bois d’uneressour-ce forestière. En
conséquence
il n’a pas été retenu pourl’étape
de validation.4.2. Estimation de la surface du dernier cerne
par soustraction de deux
profils
detige
successifs Il n’a pas étépossible
d’utiliser les mesures de l’IFN pour cettepremière
étape
de validationpuisqu’elles
necontiennent pas de mesures sur la structure interne des arbres. C’est donc le
premier jeu
de donnéesqui
a étéutilisé. Pour chacun des 24
arbres,
deuxprofils
detige
successifs(à
l’âge
final et l’annéeprécédente)
ont été simulés pour étudier la variation de la surface du derniercerne formé en fonction de la hauteur dans l’arbre.
La
figure
4a montre le résultat de ces simulationspour deux cas choisis aux bornes du faisceau des 24 courbes
(arbres
472 et209).
Les résultats de cessimula-tions sont
qualitativement
bons auregard
des mesures(figure
4b) :
leslargeurs
de cerne sont toutespositives ;
les ordres de
grandeur
sontsatisfaisants ;
la forme desprofils
simulés est bonne.La figure
4a montre aussi que la soustraction de deuxprofils
detige
peut donner desprofils
de surface de cernequi
ne suivent pas larègle empirique
dite « Loi dePressler
» [13].
Enfait,
cet écart est souvent observé dans la littérature : engénéral,
les arbres en croissancelibre
présentent
une surface de cernequi
augmente
forte-ment dans le bas de
l’arbre,
tandis que les arbres domi-nésprésentent
des surfaces de cernequi
peuventdimi-nuer du haut vers le bas de l’arbre. Ces deux cas de
figure
sont rencontrés pour les arbres 209 et 472qui
pré-sentent des coefficients d’élancement différents
(55
et 79respectivement).
Cetteaptitude
àgénérer
desprofils
nonconformes à la loi de Pressler est donc favorable.
4.3. Validation du modèle sur les données de l’IFN 4.3.1.
Analyse globale
des résultatsLe tableau IV donne la moyenne,
l’écart-type
et le coefficient de variation du défilementprédit
par le modè-leDaquitaine,
d’une part, et du défilementmesuré,
d’autre part. Le défilement entre1,30
m et2,60
m,def
2,6
=
d-d
2,6
1,3,
s’exprime
en centimètres par mètre.Il en est de même pour le défilement à la souche :
À
lasouche,
les valeurs estimées sont nettement infé-rieures aux mesures. Cela confirme le résultat desajuste-ments où
l’empattement
des arbres étaitglobalement
sous estimé. Il faut
préciser
que le modèle a été établi surdes
profils
detige
dont les mesuresprès
du sol n’étaient pasdisponibles
dans laplupart
des cas(la
première
mesure étant effectuée à 50 cm du
sol).
Parailleurs,
il estégalement possible
que la mesure de circonférenceprise
à 10 cm du sol surestime le diamètre moyen réel du fait des contreforts de l’arbre.
En ce
qui
concerne le défilement à2,60
m, la gamme des valeursprédites (minimum
etmaximum)
correspond
à celle mesurée. Il en est de même pour la moyenne et la
variance des valeurs estimées
qui
serapprochent
beau-coup de celles calculées sur les mesures. Néanmoins
l’écart-type
du biais(Mes -
Daq)
montrequ’une
part
importante
des variations des estimations n’est pas liéeaux mesures
(dans
le casidéal,
le biais devrait êtreindé-pendant
desestimations).
Une
analyse
par classe de fertilité montre que cesrésultats sont
identiques
pour lespeuplements
fertiles etnon fertiles aussi bien à la souche
qu’à
2,60
m. Il a éténoté
cependant qu’un
certain nombre de défilements à2,60
m était fortement surestimés pour les classes defer-tilité N°4. Ces valeurs étaient obtenues pour des arbres de faible diamètre
(<
20cm)
et de faible h/d(<
70),
c’est-à-dire des arbres trèsconiques
et pour laplupart
assez
jeunes
(<
20-30ans).
4.4.
Ajustement
du modèlesur les données de l’IFN
Nous avons
réajusté
le modèleDaquitaine
sur lesdon-nées de l’IFN
qui
couvrent une vaste gammed’âge
et de dimension.L’objectif
était notamment d’estimer le para-mètre&thetas;
3,2
et de tester sonsigne.
Pourchaque
arbre,
lesdiamètres à 10 cm de
hauteur, 1,30
m,2,60
m et aumilieu de la
tige
étaient connus ainsi que la hauteur del’arbre à la
découpe
7 cm.Le tableau V montre le résultat de cet
ajustement.
Leparamètre &thetas;
3,2
estsignificativement
différent de zéro. Sonsigne positif
permet
de simuler des arbresplus
néloïdiques
dans le bas de latige. Malgré
uneprécision
moindre des mesures,
l’écart-type
résiduel reste faible(voir
tableauV).
Les défilements des 2 449 arbres de l’IFN ont été
pré-dits
(i)
avec le modèleajusté
sur les 24 arbres et(ii)
avecpré-dites sont
comparées
aux mesures en termes de biais etd’écart-type
résiduel(tableau
VI).
Les résultats du modè-leajusté
àpartir
des données IFN sontglobalement
meilleurs : ils ne sont
plus
biaisés et sontplus précis
auniveau de
l’empattement ;
ils sontbeaucoup
moins bonsentre
1,30
m et2,60
m(apparition
d’un biais de0,62
cm/m sur le défilement etlégère augmentation
durmse) ;
laprédiction
du défilement moyen entre1,30
met le diamètre médian est assez
précise
et peu biaisée(légère
surestimation dudéfilement).
Compte
tenu de la faibleprécision
des mesures effectuées par l’IFN(par
comparaison
aux mesures réalisées sur arbresabattus),
ces résultats sont satisfaisants.5. DISCUSSION
Le
problème
del’empattement
se retrouvequel
quesoit le type de modèle utilisé pour décrire le
profil
destiges.
Fonweban et Houllier[10]
montrent, surEucalyptus saligna,
que leséquations
de forme àcoeffi-cient variable ont le même défaut dans cette
partie
de l’arbre que lespolynômes segmentés.
Le tableau IVfournit le biais et l’erreur moyenne associés au modèle
Daquitaine
pour tous les arbres del’échantillonnage
IFN. Les résultats à2,60
m sont excellentspuisque
l’erreur moyenne nedépasse
pas le centimètre. Cela confirmeque sans estimation de
points
d’inflexion(à
l’instar despolynômes segmentés),
les modèles à coefficient de forme variable arrivent à bien décrire le bas de l’arbre.Les fortes sous-estimations à la souche
proviennent
de troisproblèmes :
(i)
des erreurs decalage
en hauteur desmesures
(le
niveau de la souche est assez maldéfini),
(ii)
le faible nombre de mesures entre la souche et2,60
m(trois données)
alors que c’est la zone où ledéfi-lement de la
tige
varie leplus,
(iii)
une gamme tropres-treinte d’élancement des arbres
(55
à 106 pour les 24arbres du
projet européen,
contre 35 à 135 pour lesarbres mesurés par
l’IFN), (IV)
une gamme troprestrein-te de diamètre à 1,30 m. Ce
problème d’empattement
adéjà
été noté parDaquitaine
[6] :
il a montré que lemodèle sans le terme
&thetas;
3,2
surestimaitl’empattement
despetits
arbres et sous-estimaitl’empattement
des gros(diamètre
à1,30
mcompris
entre 25 et 55cm).
Globalement,
les résultats obtenus par le modèleDaquitaine
sont satisfaisants. Dans le cadre de l’estima-tion de laqualité
des bois d’une ressource surpied,
cemodèle
possède
la flexibilitésouhaitée,
c’est-à-dire unebonne
aptitude
à décrire leprofil
des troncs pour des arbresd’âge
et de dimension variés et croissant dans desstations
plus
ou moins fertiles. Onpeut
cependant
émettre une réserve pour ce
qui
est de la modélisation del’empattement.
Enfin,
l’aptitude
du modèle àgénérer
desprofils
de surface de cerne corrects estimportante puisque
celasignifie
qu’il
peut être utilisé pour reconstruire aposte-riori
l’empilement
des cernes dans le tronc. La notion decompatibilité
a été introduite par Clutter[4]
pour relierles modèles de
production
classiques
(modèles
intégrés
du type tables de
production)
et les modèlesd’accroisse-ment
(équations
différentielles visant à décrire laréac-tion des
peuplements
à des traitementsvariés).
Lacom-patibilité signifie qu’un
modèleintégré
(ici,
leprofil
detige)
peut être obtenu par sommation du modèledifféren-cié
(ici,
leprofil
ducerne)
et inversement. L’utilisation de modèlescompatibles présente
divers avantages. Lepremier,
et leplus
évident,
est la cohérence interne des modèles. Dans le cas où l’ondispose
de bonnes connais-sances ou de données solides pour l’un despoints
de vue(ici,
lepoint
de vueintégré
avec le modèle deprofil
detige),
il estpossible
d’obtenir des informations surl’autre
point
de vue(ici,
leprofil
delargeur
decerne),
voire de
suggérer
un modèle : dans le cas du modèleDaquitaine,
la différenciation del’équation
par rapportau
temps permet
d’obtenir uneéquation
deprofil
de cerne, malheureusementlourde,
qui dépend
del’accrois-sement en hauteur et en diamètre de l’arbre.
Enfin,
onpourrait envisager
d’aborderconjointement
l’étude des6. CONCLUSION
Cette étude a
permis
de faire lepoint
sur deuxtypes
de modèles de
profil
detige.
Lepremier, simple
ettrigo-nométrique
(Thomas),
présente l’avantage
des’ajuster
très facilement et donne de bons résultats pourl’empatte-ment des arbres. En
revanche,
il a tendance à mal secomporter pour les niveaux
supérieurs, génère
quelque-fois des diamètres
négatifs
au sommet de l’arbre etdonne de fortes erreurs pour des arbres très
coniques
(h/d
<60)
ou trèscylindriques
(h/d
>110).
Parailleurs,
soninterprétation
en termesdendrométriques
est diffici-le. Enrevanche,
le modèle à coefficient de forme variable(Daquitaine)
estplus
facile àinterpréter.
L’exposant
variable permetd’intégrer
dans une seuleéquation
les différentesgéométries
usuelles detiges
connues. Les termes
qui
la constituent sont reliés à la hauteur relative dans l’arbre et lesparamètres
dépendent
desprincipales
caractéristiques
dendrométriques
commele diamètre à
1,30
m et le coefficient d’élancement. Lavalidation
quantitative
sur ungrand
jeu
de donnéesmontre une bonne estimation de la distribution des défi-lements. De
plus
la validationqualitative
montre un boncomportement du modèle et semble satisfaire à la notion de
compatibilité.
Cette étude a aussi
permis
dequantifier
les erreursgénérées
par ces modèles en fonction de la hauteurrelati-ve dans l’arbre et en fonction de l’élancement des arbres.
La connaissance de ces erreurs est
importante
car le modèle deprofil
detige
génère
des diamètresqui
sontensuite utilisés pour
prédire
d’autresgrandeurs
(ex.
lar-geur de cerne, densité dubois, etc.).
Une étude de lapro-pagation
des erreurspermettra
dequantifier l’impact
deserreurs
générées
par le modèle deprofil
detige
sur leslargeurs
de cerne ou la densité du bois. Cetteprochaine
étude
permettra
de savoir si laprécision
et l’exactitude des modèles deprofil
detige
sont suffisantes pourqu’ils
soient utilisés dans un enchaînement de modèles.
Enfin,
nous n’avons pas tenucompte
dans cette étude de la structureparticulière
des erreurs(effet
arbre,
auto-corrélation le
long
del’arbre).
Onpeut
envisager
d’utili-ser des modèles à effet mixte en tenant compte de
l’auto-corrélation des erreurs.
Remerciements: Cette étude a bénéficié du support
financier de la
région
Lorraine et de la Communautéeuropéenne
au travers des contrats Forest MA2B-CT91-0024 et FAIR CT96-1915(STUD).
Nous remercions par ailleurs l’Inventaire forestier national et toutparticulière-ment Gérome
Pignard
pour sesconseils,
ainsi que JeanBouchon,
AlainFranc,
etJean-Christophe
Hervé pour leurs commentaires etsuggestions.
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