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de Bouygues au TURKMÉNISTAN Les aventures extraordinaires Business et dictature sont-ils compatibles?

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Academic year: 2022

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(1)

www.terra-economica.info

LE LYON-TURIN

FAIT DÉRAILLER LES ITALIENS Le bonheur de l’Europe

est-il dans le tunnel ? MAMAN COLLECTIONNE LES BONS DE RÉDUCTION Et raconte

sa vie à son lessivier

Donnez de l’air à l’économie N°12 - 2 mars 2006 - 2,5 €

Business et dictature sont-ils compatibles ?

Les aventure s Les aventures

extraor dinaires extraordinaires

de Bouygu es au de Bouygues au

TURKMÉN ISTAN

TURKMÉNISTAN

(2)

LES VILLES OÙ IL FAIT BON DÉBOURSER

Tokyo détenait depuis quatorze ans un record douteux : celui de la ville où la vie est la plus chère. C’est fi ni. Oslo vient de détrôner la capitale niponne dans le classement semestriel établi par l’hebdo- madaire britannique The Economist, qui évalue le montant d’un panier-type de marchandises et de services dans 130 vil- les de par le monde. Le palmarès réserve d’autres surprises. On y apprend ainsi que les habitants de Reykjavik ont subi le plus fort renchérissement du coût de la vie en un an. Gros choc aussi pour le porte- monnaie des Brésiliens de Rio de Janeiro et de Sao Paulo. Désormais, huit des dix villes les plus onéreuses du monde sont situées en Europe. Parmi elles, Paris, à la quatrième place, est la seule en zone euro. A noter : l’indice est infl uencé par le taux de change des monnaies locales par rapport au dollar. C’est ainsi qu’en 1991, Téhéran devançait Tokyo en tête du palmarès par le biais d’un rial suréva- lué. Cette année, la capitale de l’Iran est lanterne rouge. // Anne Bate

Brèves

Le pétrole, ressource en voie de dispari- tion ? Qu’à cela ne tienne. Une commis- sion suédoise composée d’industriels, de chercheurs et d’agriculteurs vient de ren- dre un rapport prévoyant d’ici à quinze ans la fi n de la dépendance énergéti- que du pays vis-à-vis des combustibles fossiles. Le ministre du Développement durable, Mona Sahlin, enfonce le clou en annonçant qu’à cette échéance,

« aucun foyer ne devra se chauff er avec cette énergie, et que tous les automobilistes devront disposer d’un choix de plusieurs

carburants ». Mais le rapport va encore plus loin dans ses recommandations. Il ne prévoit aucune construction de cen- trale nucléaire supplémentaire pour pallier l’abandon progressif du pétrole.

Au contraire, il privilégie les énergies renouvelables et l’usage des biocom- bustibles. Actuellement, les énergies nucléaire, hydroélectrique et les autres formes d’énergie renouvelable assurent 26 % du total de l’approvisionnement du pays. Le débat au Parlement suédois est prévu courant 2006. // David Solon

LES CARICATURES DE MAHOMET FONT TOURNER LE LAIT DANOIS

Les vives réactions suscitées par la publication des caricatures de Mahomet dans le monde musulman ont fait leur première victime parmi les entreprises du Danemark.

Arla Foods, l’un des grands noms européens de l’industrie des produits laitiers, engrangeait habituellement au Moyen-Orient 480 millions de dollars de chiff re d’af- faires annuel. Depuis le boycott des produits danois, ses ventes sont réduites à zéro et Arla a dû renvoyer ses 170 employés chez eux. L’entreprise se dit victime d’une

« aff aire dans laquelle elle n’a aucune responsabilité » et déplore qu’« en cinq jours, vingt ans d’investissements en Arabie Saoudite aient été réduits à néant ». //

Pauline Hervé

LA SUÈDE VEUT RACCROCHER LA POMPE

12 Sommaire

L’OBJET

Le Grand Prix de France de Formule 1 .../4

LE MARKETING EXPLIQUÉ À MA MÈRE

Ristournes sur la vie privée .../5

L’ENQUETE

Les aventures de Bouygues au Turkménistan.../6-10

ALORS L’EUROPE ?

La vallée de la discorde.../11

ENRICHISSEZ-VOUS !

Précis d’utopie appliquée .../14

LA BA DE LA SEMAINE

La plus belle

pour aller bosser .../16

Forum

des lecteurs

Par quels leviers faire compren- dre à la majorité, et en particulier aux décideurs, l’incompatibilité d’une croissance continue avec une quantité de ressources limi- tée ? Les mythes du progrès et du développement sont solidement ancrés en tout un chacun. La foi en la technologie pousse à repor- ter les problèmes à leurs futures résolutions, rendues possibles par les progrès techniques à venir.

La mise en exergue des capacités d’inventivité et de créativité de l’homme occulte toute remise en cause. En dehors de la pédagogie des catastrophes dont parlent des auteurs comme Serge Latouche, n’existe-t-il aucun moyen de mo- bilisation de l’opinion et des ac- teurs politiques et économiques ? Ce sentiment d’impuissance face à de probables catastrophes à ve- nir est-il obligatoire ?

// Lib

Inéluctable ?

Réaction à l’article « La planète se meurt, réagissons ! », Terra Economica - Le Blog.

Forum

des lecteurs

(3)

On n’est jamais mieux servi que par soi-même : c’est ce qu’ont compris les multi millionnaires qui délaissent les banques pri- vées pour les Family Offi ces, structures créées afi n d’admi- nistrer la fortune d’une seule famille. Une banque person- nelle dont le client serait aussi le dirigeant. Celles-ci s’ouvrent pour devenir des Multi Family Offices, qui se multiplient notamment en Suisse, où les

héritiers délaissent les insti- tutions fi nancières privées. Ils leur reprochent des politiques commerciales agressives, des tarifs trop élevés et des lacu- nes dans le conseil. Avec les Multi Family Offi ces, les multi- millionnaires peuvent négo- cier de meilleurs tarifs, choisir leurs propres experts et des placements plus exclusifs pour devenir plus riches que riches. // Pauline Hervé

APPLE CULTIVE SON CLIC

iTunes n’off re pas que de la musique ou des clips. Le site de téléchargement légal dégaine aussi des cours de fac. Et pas n’importe lesquels : ceux de Stanford. Apple a signé un parte- nariat inédit avec la prestigieuse université de la Silicon Valley aux Etats-Unis pour mettre en ligne des conférences, leçons ou débats. Si les universités de Duke, Drexel ou du Michigan utilisent déjà iTunes, Stanford, elle, met gratuitement ses cours à disposition du grand public. Plus de 130 000 téléchargements ont été enregistrés sur les deux premières semaines de la mise en ligne. Apple, grand manitou du partage de la culture et de la propriété intellectuelle ? // Anne Bate

PETITS MILLIONS ENTRE AMIS

RÉAGISSEZ. Vos contributions seront publiées dans ce Forum

Contact : mediateur@terra-economica.info

Réaction à l’article « Journaliste, irrespon- sable et (surtout) pas coupable », Terra Economica - Le Blog.

Le TF1 d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’avant sa privatisation, en 1987. La chaîne ressemblait alors à l’actuelle France 5, avec un peu plus de publicité et de divertissements, et faisait de l’audience. Pour le reste, je trouve déplorable que l’on fasse porter à une seule personne – le juge Burgaud – les dysfonctionnements d’un système qui a besoin d’être réformé. Patrick Devedjian a d’ailleurs déclaré que le juge Burgaud n’avait fait qu’appliquer la loi – « mala- droitement », a-t-il ajouté. Enfi n, la retransmission de cette audition semble plus motivée par la volonté de gagner des parts de marché que par celle d’éclai- rer les citoyens. Comme, d’ailleurs, l’atti- tude des mêmes chaînes envers les accu- sés d’Outreau lors du procès. // Jean-Marc

Maladroitement

La peur entraîne souvent des réactions aberrantes chez le salarié. Elle provoque aussi du désespoir et une certaine démotivation. Pour faire chuter le chômage, le gouverne- ment n’avait pas à renforcer la précarité. Les jeunes salariés auront toujours à l’esprit qu’ils sont devenus des embau- chés jetables et corvéables à merci. Il serait temps de mieux réfl échir aux problèmes de l’emploi et d’apporter de vraies solutions au lieu d’appliquer constamment des rustines ici et là. Parvenir au plein emploi sur le marché du travail fran- çais n’est qu’une aff aire de courage politique. Evidemment, cela fera bondir de leur siège les conservateurs, du reste dépassés par les dures réalités économiques de l’Europe en crise et de la mondialisation rampante.

// Pierre Bac

DÉPASSÉS

Forum

Illustration Djs

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Contact : mediateur@terra-economica.info

Réaction à l’article « Contrat première embauche : assouplir pour mieux produire », Terra Economica - Le Blog.

(4)

Le gouvernement entend proposer un « texte positif » pour « re- prendre la main sur le terrain social » (dixit une source gouverne- mentale à l’AFP). En décidant d’une augmentation massive des salaires ? Non, en ressortant la vieille formule de l’actionnariat salarié. Alors que l’OPA de Mittal Steel sur Arcelor menace la si- dérurgie tri colore, la participation serait le moyen de constituer un noyau dur d’actionnaires propre à repousser les invasions barbares. Mieux : elle permettrait de « partager les fruits de la croissance » (en clair : redistribuer les profi ts). Ce que le gou- vernement ne dit pas, c’est qu’elle permet aussi de partager les pertes. Enfi n, partager, le mot est fort… Qu’on se souvienne de Vivendi Universal : lors de sa débâcle en 2002, le groupe a fait fondre jusqu’à 80 % du milliard d’euros que ses milliers d’action- naires-salariés avaient placés dans l’entreprise. Ces pionniers de l’économie moderne ont alors senti le « double eff et participa- tif » : perdre en même temps son emploi et son bas de laine. À l’époque, nul n’avait songé à les faire siéger au conseil d’adminis- tration pour leur donner voix au destin de l’entreprise. Il faut dire qu’ils n’étaient que 120 000… // Arnaud Gonzague

Si le Grand Prix de France de Formule 1 se dispute au niveau de la mer, son bilan chiff ré n’en donne pas moins le vertige. Les 14, 15 et 16 juillet prochains réuniront à Magny-Cours 160 000 spec- tateurs. 1 600 personnes seront mobilisées, parmi lesquelles des pompiers, des gendarmes, plus de 600 journalistes et les services de maintenance. L’organisation a prévu un parking de 25 000 places, activé des services d’acheminement par train et bus. Mieux, un héliport eff ectuera plus de 800 rotations pen- dant le week-end entre Nevers et le circuit. Soit, pendant trois jours, un trafi c équivalent à celui de l’aéroport de Roissy.

Les principaux acteurs de la manifestation joignent leurs vrom- bissements à la cacophonie ambiante. La compétition voit s’af- fronter onze écuries, pourvues chacune de deux monoplaces, acheminées avec tout le staff technique à bord de camions.

Hormis les essais, chaque voiture va parcourir 308,5 kilomètres en course. L’ensemble du paddock brûlera près de 6 000 litres d’essence. Ajoutons-y la consommation en électricité (l’équiva- lent de celle de 15 habitants pendant un an) et le compte est bon. Enfi n, presque. Déchets, gaz à eff et de serre, nuisances so- nores, le tour de piste pèse en fait beaucoup plus lourd. Mais le spectacle n’a pas de prix, n’est-ce pas ? // Alioune Zergal

Le site du Grand Prix de France : http://www.gpfrancef1.com

L’OBJET

Le Grand Prix de France de F1

Illustration : Cire

Etienne Pinte, député UMP de la première circonscription des Yvelines, après une visite fi n février, à Paris, au Centre de rétention administrative (CRA) des étrangers. L’homme politi- que, qui inspectait les locaux en compagnie de Christine Boutin (UMP), Martine Billard (Verts)

et Christophe Caresche (PS), a reconnu « la responsabilité de la droite comme de la gauche ».

Selon cette délégation, les per- sonnes étrangères en situation irrégulière et en attente d’ex- pulsion vivent sans lumière na- turelle, sans aération, dans des conditions d’hygiène jugées

« sordides », à six par dortoirs, sans accès libre à la nourriture ou aux boissons. La durée de détention maximale dans ces installations est de 32 jours.

LE GROS MOT LA PETITE PHRASE

Nous avons failli à notre mission ”

Il fêtera son centenaire en juillet. Avec des retombées aussi considérables sur le plan médiatique qu’accablantes pour l’environnement.

Participation

(5)

LE MARKETING expliqué à ma mère

Elle les découpe, les classe par produit et par montant. Ceux qui ne l’intéressent pas, elle les propose à son entourage.

Sophie, mère de quatre bambins de 3 à 9 ans, ne part jamais au supermarché sans ses bons de réduction. –50 centi- mes d’euros sur les couches, –35 centi- mes sur les petits pots pour bébé, ça fait baisser le montant du Caddie.

Mais ce que Sophie ne sait pas, c’est que tous ses achats sont tracés. Chaque fois qu’elle utilise un bon de réduction, la marque concernée en apprend un peu plus sur elle.

Le coupon,

une caméra embarquée

Alors les marques exploitent le fi lon.

« La personne à laquelle on s’adresse dans le foyer est le plus souvent la fem- me. C’est elle qui — dans la plupart des cas — fait les courses et prépare les re- pas », explique Christine Roussillon, di- rectrice marketing au sein du groupe Danone, qui s’occupe du magazine Danone et vous, bombardé chaque tri- mestre à 4 millions de foyers français.

Au sommaire : des fi ches-cuisine, des conseils et, surtout, un carnet de bons de réduction. Selon Christine Roussillon, qui cite une enquête réalisée par AC Nielsen pour son magazine, « quand on demande aux consommateurs ce qu’ils préfèrent, ils répondent à 54 % les bons de réduction, devant les conseils les recettes et les échantillons ».

De nombreux groupes procèdent de la sorte : Unilever avec Pour tout vous dire ou Procter & Gamble avec Envie de plus.

Une façon simple de communiquer, avec un seul support, sur toutes les marques du groupe et de proposer des ristour- nes sur un grand nombre de produits.

Sachant que le magazine du voisin n’est pas le même que celui que l’on trouve dans sa boîte aux lettres.

Prenons Madame Michu. Elle découpe un bon de réduction pour une lessive X et l’utilise à la caisse de l’hyper. Grâce à un code minuscule inscrit au verso du bon, son achat est enregistré dans la base de données du groupe qui lui a gé- néreusement off ert un rabais. « C’est un code de marketing direct, explique Olivier Hublau, directeur général de Scancou- pon, leader sur le marché du traitement des bons de réduction. Il permet de tracer le consommateur. »

La marque sait donc que Madame Michu est fi dèle à cette lessive X. Conséquen- ce : dans le prochain numéro de son ma- gazine, la valeur des bons de réduction sera plus faible sur la lessive et plus éle- vée sur des produits qu’elle n’a pas en- core achetés. Et ainsi de suite. « Le bon de réduction poursuit une double mission : recruter et fi déliser les consommateurs », confi rme Olivier Hublau. Seules deux so- ciétés, Scancoupon et la Sogec, se par- tagent le marché du traitement des cou- pons de réduction pour le compte des entreprises. Quant au chiff re d’aff aires de l’ensemble du secteur, il est tenu se- cret, mais s’élèverait à plusieurs milliards d’euros ! Le consommateur sera d’autant plus mitraillé par les marketeurs s’il dé- gaine ses coupons à chaque passage en caisse. « Plus les foyers sont réactifs, plus

Illustration : Roxane Arléo

sur la

nous disposons d’informations pour les solliciter au plus près de leurs centres d’in- térêts », précise Christine Roussillon.

Des consommateurs pêchés dès le berceau

Danone va jusqu’à vérifi er le taux de satisfaction des consommateurs qui uti- lisent des bons, notamment par le biais de question naires téléphoniques. Un cercle vertueux pour le groupe qui, peu à peu, apprend à connaître les habitu- des de consommation de ses clients les plus fi dèles, et peut ainsi cibler au mieux ses off res. « Grâce aux progrès de la tech- nologie, on fait ce qu’on veut maintenant avec les bases de données de consomma- teurs. On sait récupérer les infos et les ex- ploiter », ajoute Xavier Dugast, le PDG de Spad, un éditeur de logiciels qui réalise de l’analyse de données. Dans le jargon marketing, on appelle ça du « datami- ning », une analyse très fi ne des bases de données de consommateurs.

Et pour alimenter ces banques d’infor- mations, les entreprises ne manquent pas de sources : elles pêchent de nou- velles données auprès des centres d’ap- pel qui vous dérangent à toute heure pour des enquêtes de consommation, des questionnaires ou des sites Internet.

Dernier cheval de Troie : la maternité.

Les marques font le planton au pied du berceau via leurs valises-cadeaux, truf- fées de bons de réduction. Un consom- mateur, ça s’éduque. // Isabelle Raymond

Si les marques distribuent des bons de réduction, ce n’est pas seulement pour nous encourager à découvrir leurs produits.

C’est aussi pour mieux nous connaître…

vie privée

Ristournes

(6)

au Turkménistan

Enquête

Les aventures

extraordinaires

de Bouygues

(7)

Des mosquées, un palais, des ministères…

En douze ans, Bouygues a « donné » au Turkménistan ses bâtiments

les plus prestigieux. Mais le dictateur turkmène préfère les constructions au bien-être de sa population. Journaliste à Terra Economica, David Garcia publie un ouvrage sur le sujet.

Extraits exclusifs.

personnel de Niazov, Aldo Carbonaro.

(…) « Il défend ses hommes comme un père, se bat pour qu’ils soient augmentés », confi e avec tendresse un ex-collègue. (…) Pour des types comme lui, qui ont la pas- sion de la construction dans le sang, « le Turkménistan est une sorte de Far West », confi rme un fi n connaisseur de la menta- lité des « expats ». (…) « Tous ces bâtiments sont comme mes enfants, je les ai portés, je les aime tous », a l’habitude de dire Aldo Carbonaro à ses collaborateurs.

(…) Dommage que, pour les Turkmènes, ce rêve éveillé tienne lieu de cauchemar.

Car pour « réaliser une ville » nouvelle à Achgabat, il a fallu raser des quartiers entiers et en expulser les habitants, for- cés de se reloger ailleurs. « Les pouvoirs publics ont expulsé un certain nombre de personnes de chez elles, pour faire place aux projets architecturaux du gouvernement ou pour appliquer, de manière manifestement arbitraire, certaines décisions présidentiel- les, dénonce Amnesty international. Les personnes aff ectées auraient été prévenues au dernier moment et auraient reçu, dans le meilleur des cas, une très faible indem- nisation. » (…) Aujourd’hui, [les indemni- sations] sont inexistantes. « Les gens sont prévenus seulement cinq jours à l’avance pour qu’ils n’aient pas le temps de manifes- ter leur mécontentement », explique Filip Noubel, de l’Institute for War and Peace Reporting. Passé ce délai, « les bétonneu- ses de Bouy gues arrivent et rasent tout », s’étrangle Bairam Shikhmuradov, un dissi- dent en exil du Parti républicain.

Un dictateur dans le poste

Rusé, le dictateur prend soin de ne pas mettre tous ses œufs dans le même pa- nier. De peur de trop dépendre d’une seule entreprise. Le groupe français aura les bâtiments de prestige, mais pas plus.

(…) Infl exible, le président ne reviendra jamais sur cette décision. Sauf dans un seul cas, pour une seule entreprise : TF1 (ndlr : fi liale du groupe Bouygues). (…) Ce chantier est essentiel aux yeux de Niazov, comme il l’expliquera lui-même devant les caméras de la première chaîne de télé- vision française. Car le Turkmenbachi est invité à passer à l’antenne ! On promet de lui off rir une émission spéciale de quaran- te-cinq minutes sur TF1, rien de moins.

Outre Niazov, on a convié 5 invités triés sur le volet : le président de Gaz de France, Pierre Gadonneix ; le directeur chargé du développement d’Electricité de France, Jacques Rocher-Machart ; Martin Bouy- gues et le patron de TF1, Patrick Le Lay. Ils répondent aux questions d’un journaliste et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit de Jean-Claude Narcy, la doublure offi cielle vice public de la santé pour les expatriés

français qui sont, à 80 %, des salariés du groupe. (...)

Le cauchemar des Turkmènes

Les salariés des sous-traitants ne sont pas logés à la même enseigne. Ils sont traités comme des parias, ou comme du personnel de second rang. « Il y a la salle à manger des Bouygues et celle des sous- traitants », explique un technicien. (…) Et que dire de la main d’œuvre étrangère travaillant pour les sous-traitants exté- rieurs au groupe ? Les Indiens, Pakis tanais et autres Turcs s’entassent dans des ba- raquements adossés aux chantiers ou à proximité. (…) Ces salariés de troisième zone peuvent toujours se consoler en se disant qu’il y a plus malheureux qu’eux.

« Les Turkmènes se contentent de beaucoup moins que nous, leurs repas sont constitués d’une galette de pain et de deux ou trois légumes », reconnaît notre ingénieur. De beaucoup moins ? Le mot est faible. La

capitale ne compte pour ainsi dire pas de commerces, en dehors des marchés.

Avec des vies pareilles, la déprime n’est pas loin. « J’ai vu un tas de couples qui n’al- laient pas bien. Les hommes fréquentent assidûment les prostituées, pour s’amuser bien sûr mais aussi pour s’occuper, confi e une femme d’expatrié. Comme les marins, beaucoup d’hommes de Bouygues ont une femme dans chaque pays, qu’ils entretien- nent fi nancièrement et à qui ils achètent un appartement. » Au point que le groupe a dû taper du poing sur la table pour limiter les rendez-vous galants. Trop de bagatelle nuirait-elle au business ?

La « base-vie » est dirigée par un person- nage haut en couleurs, devenu un ami

Illustration : asaire-X

P

our les salariés de Bouygues, sou- mis à un rythme de travail eff réné et à une pression intense, la vie au Turkménistan n’est pas rose. Le nouvel ar- rivant est conduit au quartier général de Bouy gues, que l’on appelle la « base-vie » et qui est situé dans un coin discret du centre de la capitale. Tous les collabora- teurs de Bouygues au Turkménistan y ont leurs appartements. Avec son mur d’en- ceinte opaque, sa barrière de sécurité et son vigile posté 24 heures sur 24 devant l’entrée, l’endroit a des allures de camp retranché. D’autant que « la police secrète dispose d’un bureau à l’intérieur », assure un ancien salarié du groupe. (…) Le Turk- menbachi (ndlr : le « père des Turkmènes », soit le président Saparmourad Niazov) a fait de son pays un paradis pour les multi- nationales occidentales.

150 à 170 expatriés résident en perma- nence dans des baraquements qui res- semblent à des mobile-homes. (…) Un bar équipé d’un baby-foot, un self-ser-

vice, une blanchisserie, une salle de télé- vision, une piscine, une salle de gym, une salle de musculation et une salle de classe

« isolée et aménagée pour les activités de la gent féminine » (sic) donnent à la pe- tite colonie hexagonale des faux airs de Challenger (ndlr : le siège du groupe Bou- ygues en France) aux portes du désert. (…) Autre service appréciable : un médecin appointé par la fi rme est mobilisable jour et nuit. Et pas n’importe quel médecin, puisqu’il s’agit de celui de la communauté française, dont on trouve le numéro de téléphone sur le site du Quai-d’Orsay ! Bouygues ne se contente pas de gonfl er la balance commerciale de la France. Au Turkménistan, il fait aussi offi ce de ser-

En douze ans, Bouygues a réalisé ici un milliard

d’euros de chiffre d’affaires. “

(8)

Enquête

Saparmourad Niazov n’est pas un chef d’Etat très fréquentable. Mais s’il fallait abso- lument lui trouver une qualité, nous pencherions pour sa dimension autodidacte.

L’homme est né à Achkhabad, la capitale, il y a 65 ans. Orphelin de père à quelques mois, il perd sa mère et ses deux frères lors d’un tremblement de terre, alors qu’il n’a que 8 ans. Discret, le jeune garçon enchaîne les années d’études et sort diplômé de l’Ecole polytechnique de Leningrad, vivier des futures élites du pays.

Saparmourad entre au parti communiste et y gravit les échelons à vitesse grand V.

En 1985, il est nommé premier ministre par Mickhaïl Gorbatchev. Mais la consécra- tion tombe le 18 mai 1992, lorsqu’il endosse la tunique de Turkmenbachi – père des Turkmènes – six mois après la proclamation d’indépendance de la République du Turkménistan. Dans la foulée, il devient président de la République, titre qu’il conserve encore et auquel la mention « à vie » est ajoutée en décembre 1999.

L’homme cumule aussi les fonctions de Premier ministre, de président du Conseil du peuple, de Commandant suprême de l’armée et chef du seul parti politique autorisé.

Depuis son arrivée au pouvoir, raconte David Garcia, « Niazov a transformé son pays en un immense supermarché avec une seule tête de gondole : la sienne ». On ne compte plus les statues et les portraits du dictateur à travers le pays. Mieux, Saparmourad Niazov a rédigé un livre – le Ruhnama – qu’il a voulu « guide spirituel » pour sa population. Du coup, plus besoin de bibliothè- ques. Elles sont désormais fermées, toute demande d’ouvrage devant faire l’objet d’un formulaire en trois exemplaires… Sylvie Françoise et Lorraine Millot, journalistes à Libération et auteures d’un article intitulé « Hors champ impossible », résument d’une phrase le personnage : « A un homme d’aff aires de passage à Ashkhabad, Niazov explique à propos des habitants de son pays :

“Ils ont adoré Lénine, puis Staline… Maintenant, ce serait Allah ou moi. Mieux vaut que ce soit moi“. » // Alioune Zergal

Depuis quatorze ans, il règne de main de fer sur le pays.

Et sa mégalomanie semble sans limite.

Ubu en Asie centrale

Si le Turkménistan est un peu plus grand que la France, un désert de sable, le Karakoum, couvre 80 % de sa surface. A noter : la ville de Turkmenbashi (« père des Turkmènes »), sur les bords de la Caspienne, a perdu son nom soviétique (Krasnovodsk) en l’honneur du président.

de PPDA au 20 heures. (…) « Comment voyez-vous les perspectives de développe- ment de votre pays et à quel point sont-elles liées à ces ressources ? » En guise de répon- se, le président se gratte l’oreille. Panne d’oreillette. Panique en régie et montée d’adrénaline de l’état-major de Bouygues.

(…) « Ça gueulait de partout, quelqu’un avait marché sur un fi l, l’accident idiot, mais tout est très vite rentré dans l’ordre », sourit un technicien qui a assisté à la scène. Et puis, Narcy (…) est l’homme de la situa- tion. Aucun risque de dérapage n’est pos- sible avec cet ancien chargé de relations publiques de la chaîne. (…) Il apprend aux débutants à bien parler à la télévision.

L’ancien ministre de l’Economie Hervé Gaymard a, ainsi, fait partie de ses élèves.

Le 25 février 2005, au soir de sa démission suite à un scandale immobilier, il est venu expliquer sa décision au 20 heures de TF1, présenté par Claire Chazal, après s’être préparé, l’après-midi même, avec Narcy.

Si le groupe Bouygues a pu réaliser

1 milliard d’euros de chiff re d’aff aires au Turkménistan en douze ans, comment Niazov parvient-il à fi nancer des projets aussi pharaoniques ? (…) Offi ciellement, le chômage n’existe pas, la misère et le malheur non plus… Mais on sait, via les témoignages recueillis clandestinement par des militants des droits de l’homme, qu’en dehors d’une poignée de privilégiés gravitant autour de Niazov, la majorité de la population vit dans des conditions mi- sérables. (…) Non content de détourner la fortune nationale, le Turkmenbachi s’enri- chirait par le moyen d’un gigantesque tra- fi c de drogue. D’après un ancien expatrié,

« à la sortie d’Achgabat, face à l’ambassade des États-Unis, s’alignent le long d’une ave- nue vingt et un hôtels de luxe avec restau- rant et piscine contrôlés par des proches du président. Ils sont toujours complets… Mais vides ». Une manière de blanchir l’argent de la drogue bien connue des trafi quants.

L’alliance entre Martin Bouygues et Sapar- mourad Niazov est-elle faite pour durer ?

Tout portait à le croire, jusqu’au 8 juin 2005. Ce jour-là, Aldo Carbonaro et Charlie Senter (ndlr : les deux patrons de Bouygues au Turkménistan) sont convoqués dans le bureau du président turkmène. (…) En le voyant, les deux Français comprennent que la situation est grave. Sans autre for- me de procès, le président se lance dans une diatribe contre Bouygues, tout à fait inédite. (…) « Je vais vous couper les vivres, gronde-t-il. Vous savez pertinemment que le Turkménistan est le seul pays à vous payer cash. Dans le reste du monde, vous travaillez à crédit. » Simple incident ou début de la fi n ? « C’est peut-être le début de la fi n, mais la sortie spectaculaire de Niazov semblait calculée et non dénuée d’arrière-pensées », nuance un cadre de Challenger. (…) Une fi n de partie serait synonyme de dettes non recouvrées mais aussi et, surtout, de renoncement à une manne bénéfi ciaire inestimable. // David Garcia

Le pays où Bouygues est roi, David Garcia, Editions Danger Public (La Martinière- Le Seuil), 160 pages,14,50 euros.

Source : CIA World Factbook

Turkménistan : faits et chiffres

Population 4 700 000 habitants Superfi cie 488 100 km2 Capitale Achkhabad

Pays voisins Iran, Kazakhstan, Ouzbékistan, Afghanistan Langue offi cielle turkmène Statut République indépendante depuis 1991

Chef d’Etat Saparmurat Niazov, président à vie

58 % de la population vit sous le seuil de pauvreté

(9)

Comment enquêter sur un pays où la dictature empêche toute circulation de l’information ? David Garcia, journaliste à Terra Economica, répond.

”Certains ont pris

de vrais risques en parlant”

Illustration : astaire-X

Terra Economica : Comment s’est déroulée votre enquête ?

David Garcia : Très diffi cilement. Vous savez, Bouygues est l’une des entrepri- ses les plus fermées du Cac 40. On entre chez Bouygues comme on entre dans les ordres. L’enquête, compliquée, a été rendue possible grâce à des « gorges profondes », des taupes à l’intérieur du groupe Bouygues. Des gens ont pris de vrais risques pour nous parler.

Qui sont ces informateurs ?

Impossible, bien entendu, de répondre. En revanche, je peux vous dire que nos sources principales appartiennent toujours au groupe Bouygues. C’était l’une de mes priorités : ne pas me limiter aux anciens salariés qui, en acceptant de me parler, auraient pu régler leurs comptes avec leur entreprise et, du coup, biaiser l’enquête journalistique.

L’ouvrage est riche en anecdotes, fouillé… Mais quel crédit lui accorder, dans la mesure où vous ne vous êtes pas dépla- cé au Turkménistan ?

C’est juste. Un bémol néanmoins. Pour les journalistes, le délai minimum pour l’obtention d’un visa turkmène est de six mois.

Une fois ce visa en poche, le journaliste peut eff ectivement se rendre sur place. Mais il y sera systématiquement accompagné et guidé. En me déplaçant au Turkménistan, j’aurais pu, certes, recueillir des éléments de reportage, mais n’imaginez pas que j’aurais pu me promener et interroger les habitants. Et encore moins décrocher les infos confi dentielles qui fi gurent dans le bouquin ! Le Turkménistan est une dictature, et le journaliste n’y est pas le bienvenu.

Quel regard portez-vous sur les salariés de Bouygues qui exercent leur profession au Turkménistan ?

D’abord, il faut dire que ce pays est un Eldorado pour Bouygues,

et cette situation autorise tout ou presque. Il y a vraiment un côté Far West dans cette histoire. Vous savez, il existe peu de pays dans le monde aussi « vierges » que le Turkménistan, un pays indépendant depuis une quinzaine d’années seulement.

Palais, mosquées et même stations de sports d’hiver dans le désert, le dictateur turkmène utilise le savoir-faire de Bouygues pour assouvir son goût des constructions mégalos. S’agissant des salariés, j’ai été frappé par leur absence d’états d’âme. J’ai entendu plus d’une fois des remarques du type : « On n’a pas à juger de la valeur morale de nos clients. » Les gens de Bouygues raisonnent en terme de challenge commercial. Le siège social du groupe s’appelle d’ailleurs Challenger. C’est leur opium.

Vous racontez l’histoire d’un des principaux artisans de la venue du groupe Bouygues sur place, un ex-dauphin du pré- sident Niazov qui croupit en prison depuis plus de trois ans.

Il s’agit de Boris Shikhmuradov, ex-ministre des aff aires étran- gères. Considéré comme le chef d’un groupe de putschistes, il a été arrêté en décembre 2002 et condamné à la prison à vie… quatre jours plus tard. Depuis, son épouse, exilée à Moscou, a tenté d’alerter l’Occident et a remis un courrier d’appel au secours aux dirigeants de Bouygues. Elle n’a reçu aucun mot de soutien ni de réponse à sa requête, alors que de nombreux cadres de l’entreprise française ont été en contact avec son mari.

Quelles conclusions tirez-vous de cette enquête ?

Je suis sonné par l’attitude de Bouygues qui, au passage, a refusé de répondre à mes questions. A lire et entendre certains de leurs salariés, parmi les plus hauts placés, on se rend compte que certaines entreprises sont prêtes à s’asseoir sur toutes les belles professions de foi éthiques qu’elles affi chent en public pour décrocher leurs contrats. Y compris en oubliant au fond d’une geôle leurs anciens interlocuteurs.

// Recueilli par David Solon

Le 19 janvier dernier, Bouygues a obtenu le trophée « Ethique et gouvernance » décerné par l’Ecole des dirigeants et créateurs d’entreprise (EDC).

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Depuis sa création en 1952, Bouygues cultive une certaine idée de la concur- rence qui n’est pas étrangère à son suc- cès. Ainsi, en décembre 2005, le Conseil de la concurrence condamnait Bouygues Télécom à payer une amende de 58 mil- lions d’euros pour « entente illicite » avec Orange et SFR - sommés de verser res- pectivement 256 et 220 millions d’euros.

Selon l’association UFC-Que Choisir, le préjudice subi par les consommateurs s’élèverait à 1,2 milliard d’euros.

Bouygues Construction avait déjà été condamnée en janvier 2003 dans une aff aire d’entrave à la concurrence. Le montage de la fraude est à chaque fois le même. Afi n d’éviter une concurrence à la loyale susceptible de jouer à la baisse sur les prix, les majors du BTP se parta- gent les marchés en amont. Le Pont de Normandie est tombé dans l’escarcelle de Bouygues de cette manière. Plutôt que de se battre comme des chiff on- niers avec Campenon Bernard, à l’épo- que fi liale de la Générale des eaux, la marque au logo orange scelle un pacte de gentlemen avec son rival. Jusqu’au jour où un cadre de Campenon Bernard, mal dans sa peau, révèle le pot aux roses aux enquêteurs de la police judiciaire.

Verdict : 22,5 millions d’euros d’amende pour Bouygues, bien plus lourdement condamnée que son pire ennemi Vinci Construction (4,7 millions) ou qu’Eiff age TP (3,4 millions).

La façade se lézarde

Bouygues n’avait pas besoin de cela. Car l’industriel n’est plus numéro un mondial.

Il a été détrôné par Vinci au milieu des années 90. Pire : la fi liale BTP a chuté de son piédestal au sein même du groupe.

Et cède même de plus en plus la vedette aux TF1, Colas — numéro un mondial de la construction de routes — et Bouygues Télécom, fi liale préférée du pédégé Martin Bouygues. Il faut dire que les étoi- les montantes du groupe, achetées dans

le cadre d’une politique de « diversifi ca- tion », selon l’expression alors employée par le fondateur Francis Bouygues, sont désormais bien plus rentables que le métier historique. Exit les gros chantiers comme ceux de l’Université de Riyad, en Arabie Saoudite ou la mosquée de Casa- blanca au Maroc ! Hormis le Turkménis- tan et quelques jolis coups, l’internatio- nal ne rapporte plus autant.

Les baroudeurs raccrochent

Alors que Bouygues Construction vient de renouer péniblement avec les bénéfi - ces après des années de défi cit, le mana- gement ne jure plus que par la « maîtrise des risques ». « Plus tu fais grand et loin de chez toi (surtout dans des pays instables et avec des risques de change), plus tu risques de perdre tes billes, analyse un cadre de Bouygues. Donc, mieux vaut se lancer sur des chantiers en groupement d’entreprises, bien verrouillés, moins loin et avec moins de risques. C’est toute l’époque des années 1970-1980 chez Bouygues qui tombe à l’eau, celle des baroudeurs, des cow-boys, de la conquête internationale et des énor- mes chantiers ».

Mais Bouygues va mieux. Le bénéfi ce du groupe a doublé en 2004. De quoi retrou- ver l’appétit de conquêtes d’antan. Avec la complicité des principaux dirigeants politiques (de droite comme de gauche) sur qui les Bouygues peuvent compter depuis plus de trente ans. Dernier exem- ple en date : la future chaîne française internationale… de service public, pour laquelle le président Jacques Chirac a pesé de tout son poids afi n que TF1 soit associé à parité avec France 2. //

Juan Escudero

Sources : Rapport annuel 2004 de Bouygues ; Une histoire, une culture, un groupe tourné vers l’ave- nir, ouvrage édité par Bouygues pour ses collabo- rateurs ; Le pays où Bouygues est roi, David Garcia, Danger public, 2006 ; TF1, un pouvoir, Pierre Péan et Christophe Nick, Fayard, 1997.

Les « Bouygues » adorent les challenges. La concurrence pure et parfaite, moins. L’ex-numéro un mondial de la construction travaille aussi bien pour les démocrates que les dictateurs.

Des amitiés politiques en béton

Activité

Fiche d’identité

Nationalité : française Créée en 1952

113 000 salariés dans 80 pays Principal dirigeant : Martin Bouygues

Rémunération annuelle : 2,51 millions d’euros bruts (2004) Chiff re d’aff aires : 23,4 milliards d’euros (2004)

Marques principales :

Bouygues Construction, Bouygues Immobilier, Bouygues Télécom, Colas, TF1.

Principaux concurrents : Vinci, Eiff age

A force de se diversifi er, l’entreprise de construction fondée par l’ingénieur centralien Francis Bouygues est devenue un conglomérat. La maison mère, Bouygues SA, est actionnaire à 100 % de cinq grandes fi liales : Bouygues Construction, présent en France comme à l’étranger via Bouygues Bâtiment International (dont Bouygues Turkmen représente à elle seule 1/3 du chiff re d’aff aires ) ; Bouygues immobilier, créée à la fi n des années 70 par Martin Bouygues ; Colas, leader mondial de la construction de routes ; TF1, première chaîne européenne de télévision ; et Bouygues Télécom, troisième opérateur français de téléphonie mobile et fi liale la plus rentable du groupe.

BOUYGUES

Enquête

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d’ailleurs LU

Au Kenya, les roses poussent comme des champignons. Bonne nouvelle pour les autorités de Nairobi, qui célèbrent la quatriè- me place du pays au classement des exportateurs mondiaux de fl eurs coupées. 50 000 personnes travaillent dans le secteur, rap- porte le quotidien britannique The Guardian. Et cette industrie, la seconde du pays, compte même son volet équitable. Mais là, le bât blesse. Car la fi liale horticole kenyane traîne une triste

réputation. En cause : les conditions de travail, les carences en sécurité et les nuisances envers l’environnement. L’écosystème du lac Naivasha est notamment directement menacé par des pesticides. Les onze fermes certifi ées pour l’heure « équitables » pourraient se voir retirer ce label, faute d’amender leurs métho- des de production. // Emeline Favreau

www.guardian.co.uk

Le Japon ne veut pas avoir tout faux

Le Japon a décidé de réagir contre la contrefaçon. Car au pays du Soleil levant, la loi en la matière diff ère de celles en vigueur en Europe et aux Etats-Unis : l’importation de marchandises contre- faites est en eff et autorisée, à condi- tion que ces dernières soient réservées à un usage personnel et non vendues.

Mais les abus se multiplient, notamment pour les marques de luxe comme Louis Vuitton, Chanel et Prada, explique le quotidien britannique Financial Times.

Et ce commerce parallèle de maroquine- rie, vêtements ou joaillerie représenterait des millions de dollars chaque année.

Tokyo a donc proposé de modifi er sa législation afi n de respecter les droits de propriété industrielle : un texte devrait être discuté à la Diète — le Parlement — en juin et approuvé l’année prochaine. Il restera cependant diffi cile de contrôler les ventes d’objets contrefaits qui se sont développées sur le Net, notamment via les sites d’enchères. // Anne Bate

http://news.ft.com

Pour le meilleur et pour le fric

Dans une Inde en pleine expansion éco- nomique, les mariages sont un signe exté- rieur de richesse des plus prisés. Là-bas, le marché de l’organisation des noces est évalué à « 10 milliards de dollars », révèle Time Asia. Des invités par milliers, plusieurs journées de fête, des buff ets plantureux, de l’or, des paillettes : une cérémonie peut coûter plusieurs dizaines de milliers de dollars. « Les familles n’ont qu’un message : voyez comme j’ai réussi ! », sourit le diri- geant d’une entreprise qui organise ces réjouissances. La demande pour les bijoux de mariage a contribué à faire grimper le prix de l’or à « des sommets jamais atteints depuis vingt-cinq ans ». Ce boum du maria- ge a des conséquences inattendues. Des millions de noces sont prévues à la même période, durant la douce saison hivernale.

Résultat : à Delhi, « 15 000 mariages sont organisés chaque soir ». De quoi irriter les oreilles de ceux des 14 millions d’habitants de la métropole qui ne sont pas de la fête.

// Pauline Hervé

www.time.com/time/asia

Ici des inondations, là des sécheresses.

Partout sur la planète, l’eau se trouve au cœur du débat. Pour autant, le sujet n’a rien d’évident. Oieau.org recense les enjeux et donne un éclairage judi- cieux sur la question. Gestion publique et privée des réseaux d’eau potable, épuisement et pollution des nappes phréatiques, assainissement… l’Oieau fait feu de toutes parts. Mais au fait, qui se cache derrière ce portail si bien renseigné ? Une association loi 1901 et

reconnue d’utilité publique depuis 1991.

L’Observatoire international de l’eau ras- semble 149 organismes de toutes sortes parmi lesquels des ONG, des ministè- res, des universités et des industriels.

L’objectif poursuivi est clairement péda- gogique. Trilingue, ce site Internet off re toute une panoplie de services, depuis les références bibliographiques jus- qu’aux off res d’emploi ciblées du secteur, en passant par des kits de conseil conçus pour les élus locaux. // Alioune Zergal

Jetez-vous à l’eau : www.oieau.org

Histoires d’eau

Source

Le commerce équitable ne sent pas toujours la rose

Potable, pluviale, fl uviale, le site Oieau.org analyse l’eau sous toutes ses formes. Une source d’infos intarissable.

Le plastique de maïs, c’est fantastique

De la fécule de maïs et du sucre, vient de naître la matière de demain. Tels sont en eff et les composants essentiels du premier plastique naturellement biodé- gradable au monde, rapporte la BBC.

Créé après plus de deux années de recherche par Archer Daniels Midland (ADM) et Metabolix, deux sociétés de biotechnologie nord-américaines, ce produit représente une alternative au plastique dérivé du pétrole. Une aubaine à l’heure où la baisse des réserves de brut inquiète. Construite en Amérique du Nord, une usine d’une capacité annuelle de 50 000 tonnes sera dédiée au poly hydroxyalkanoate (PHA), la molé- cule issue de la fermentation du maïs et du sucre. ADM annonce une matière aux qualités multiples : rigide ou élas- tique, elle résiste aux liquides chauds comme aux graisses et se dégrade dans l’eau, dans le sol et même en conditions anaérobiques, comme dans les fosses septiques. // A. B.

http://news.bbc.co.uk

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ALORS L’EUROPE ?

L’histoire se déroule entre Modane et le mont Cenis, entre la France et l’Italie. Ob- jet du litige, le projet Lyon-Turin, maillon de la future liaison ferroviaire Lisbonne- Kiev. L’enjeu est colossal : transférer sur le rail une partie des 116 millions de tonnes de marchandises qui traversent l’arc alpin et réduire ainsi les émissions de gaz à eff et de serre.

Depuis le début des années 90, gouver- nements français et italien, SNCF et Tren- italia – son homologue transalpin – se sont associés pour réaliser cette liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin qui verra le jour en 2020. L’Union européenne a elle aussi pris le bon wa- gon en fi nançant une première tranche de 112 millions d’euros, la somme totale dégagée par Bruxelles devant avoisiner les 3 milliards d’euros. Pour Paolo Costa, président de la commission Transports et tourisme du Parlement européen, ce dossier constitue « l’un des trente projets prioritaires arrêtés en 2004 par le Conseil européen pour développer le transport de marchandises et de voyageurs ».

Mais si l’Europe soutient fi nancièrement le dossier, ce sont les pays concernés qui sont en charge du tracé. Et là, problème.

L’itinéraire emprunté par la ligne reliant Lyon à Turin via Chambéry, Saint-Jean-de- Maurienne et Bruzolo (300 km de voies nouvelles pour le transport du fret et des voyageurs), adopté en 2001, comporte deux tunnels entre l’Italie et la France. Or, les acteurs concernés ont oublié de de- mander l’avis des populations.

Sous les tunnels, la bronca

Côté français, dans la Maurienne, le projet fi le bon train avec trois chantiers ouverts depuis 2002. Mais côté italien, c’est la Bérézina. 80 000 opposants tran- salpins bloquent toute avancée. Sous la bannière No-Tav (le sigle italien du TGV), quarante communes – bien davantage que les huit directement concernées par le tracé –, des organismes de défense de l’environnement comme le WWF et des organisations syndicales font bloc.

Pourquoi ? Entre les routes nationales et l’autoroute menant au tunnel du Fré- jus, la vallée est polluée par les camions.

Quant au paysage, il est déjà défi guré par une ligne ferroviaire. Les populations crai- gnent donc une multiplication d’axes (la nouvelle voie de chemin de fer s’ajoutant à l’existante) et de trafi c dans la vallée.

« Un projet comme celui-ci nécessite la confrontation avec les maires et les ci- toyens », s’enfl amme Antonio Ferrentino, président de la Communauté de la basse vallée et propulsé porte-parole des op- posants. « Ce n’est pas un tunnel de recon- naissance (préalable au tunnel défi nitif, NDLR), comme pour la partie française.

C’est un tunnel dont les dimensions font plutôt penser à une amorce de l’ouvrage défi nitif. En pleine violation de la procédure d’évaluation de l’impact sur l’environne- ment », souligne-t-il. Depuis les incidents entre opposants et forces de police en décembre dernier, le chantier est sous séquestre de la magistrature.

Du coup, les No-Tav accumulent les contre-expertises afi n de faire fl ancher les statistiques offi cielles qu’ils jugent

« peu réalistes ». Selon eux, les infrastruc- tures ferroviaires existantes sont suffi - santes, d’autant plus qu’elles ne sont pas pleinement exploitées. Ils pointent aussi les nuisances sur l’environnement. Quid de l’amiante et de l’uranium détectés dans la montagne, du transport par tapis des gravats, de la zone de travaux à ciel ouvert au cœur de cette vallée classée ou encore des interférences avec les fl eu- ves ? Selon Ferrentino, les seules experti- ses eff ectuées à ce jour l’ont été au cœur

Il y a parfois un monde entre les grands projets de Bruxelles et la réalité du terrain.

En l’occurrence, c’est une vallée des Alpes italiennes qui fait barrage au TGV.

La vallée de la discorde

d’une montagne que l’on sait « sans ris- que ». Une analyse qu’il considère comme une « farce ».

Trafi c en tous sens

Bruxelles a par conséquent décidé de passer au crible la loi italienne de décem- bre 2001, qui délègue au gouvernement toute initiative en matière d’infrastructu- res et d’installations de production consi- dérées comme stratégiques. Le texte serait peu regardant sur les contraintes qu’impose l’Europe en matière d’environ- nement. En novembre, une délégation de la Commission des pétitions du Par- lement a invité Bruxelles à davantage de vigilance sur ce dossier.

Dans quelques semaines, l’Union devra se prononcer sur sa participation fi nancière pour 2007-2013. Afi n de calmer le jeu, Pa- olo Costa s’est rendu sur place pour ren- contrer les opposants. Pas question de re- venir sur le projet, maillon d’un important corridor européen : « La ligne Lyon-Turin implique quatre pays avec l’Espagne et le Portugal », par le jeu des interconnexions ferroviaires. Néanmoins, les populations locales peuvent s’exprimer et demander des compensations. « L’Eurovignette, pré- levée sur les routes pour fi nancer les trains, pourrait servir aussi à indemniser les popu- lations », a suggéré le parlementaire. De l’argent pour compenser les nuisances ? Tout ceci est-il bien raisonnable ? //

Cécile Mahé

Illustration : Pylos

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PRÉCIS D’UTOPIE APPLIQUÉE

ENRICHISSEZ-VOUS !

Cela démarre sur l’histoire d’un entrepreneur brésilien qui a électrifi é (au solaire) les campagnes de son pays et chassé la pauvreté. Suivent en vrac les exemples d’une Hongroise qui a créé des centres où l’on traite dignement les handicapés, puis celui d’une Indienne qui a mis sur pied une ligne téléphonique pour aider les enfants des rues, ou encore d’une Sud-Africaine qui soigne les malades du sida vivant dans les bidonvilles…

Louables exemples, dira-t-on. Mais l’ouvrage qui les recueille s’intitule Comment changer le monde.

Suffi t-il d’empiler les petites histoires édifi antes pour faire avancer la grande ? C’est précisément sur ce point que ce livre se révèle épatant. D’abord, parce que les « entrepreneurs sociaux » (en France, nous dirions « du tiers-secteur ») qu’il évoque ont tous un point commun : toujours chercher à répandre leurs trouvailles au niveau mondial. Eh oui, c’est la dynamique du capitalisme, chère à Schumpeter, appliquée aux impulsions altruistes.

Du coup, David Bornstein a eu la bonne idée de décortiquer les idées, d’examiner leurs acteurs, leurs points forts, leurs faiblesses, un peu comme on démonte un réveil pour comprendre son

fonctionnement. Là où un Français se poserait dix mille questions sur la pertinence idéologique de telle ou telle initiative, David Bornstein reste hanté par cette idée pragmatique : qu’est-ce qui fait que ça marche ?

Changer pour avancer

L’auteur consacre même un chapitre aux spécifi cités mentales de ses objets d’études : ce ne sont ni des saints ni des névrosés. Mais tout simplement des gens possédés par leur idée, prêts à consacrer dix ou vingt ans de leur vie à lui faire prendre forme. Cette monomanie semble être le secret de la réussite dans un environnement dont David Bornstein ne cache pas l’hostilité. Certaines de ces histoires sont d’ailleurs des crève-cœur : il en faut, des années et des montagnes d’énergie, pour convaincre les sceptiques et répandre une idée qui, avec le recul, paraît d’une évidence aveuglante ! Le conservatisme naturel et l’envie débordante de changer les choses : n’est-ce pas là l’alliage fondamental dont est fait le genre humain ?

// Arnaud Gonzague

LE GUIDE cultur el

David Bornstein, Comment changer le monde, Les entrepreneurs sociaux et le pouvoir des idées nouvelles, La Découverte, 300 pages, 22 euros.

Un journaliste qui intitule son livre « Comment changer le monde » a toutes les chances de décevoir ses lecteurs. Mais David Bornstein se tient vraiment à son objectif. Vivifi ant.

DANS LE POSTE

LA MAIN D’ALLAH SUR L’ÉCONOMIE IRANIENNE //

En Iran, 40 % du système économique est contrôlé par le pou- voir religieux. A Mashad et à Téhéran, les mollahs sont les plus puissants hommes d’affaires du pays. Ils ont fait main basse aussi bien sur l’immobilier que sur l’agriculture. Avec, en ligne de mire, le modèle du libéralisme à la chinoise. Iran, le trésor des mollahs. Documentaire, 42 minutes. Mardi 7 mars 2006, 21 h 45. Arte.

MON COUSIN EST DANS LA CAGE // En Tanzanie, les safaris ont pris un coup derrière la tête. Le braconnage, les prix élevés et la rareté des espèces ont asséché le marché. Du coup, les voyagistes optent pour des circuits plus « ethniques », à la rencontre des tribus… Du safari animal au safari humain.

Documentaire, 52 minutes, Mercredi 8 mars. 18 h . Voyage.

EN KIOSQUE

LA MER VUE DU CIEL // Coup de cœur pour ce magazine disponible en kiosque. Nautilus offre dans sa dernière livraison un superbe dossier sur les océans vus par satellite. L’occasion de rappeler la précarité de ce milieu naturel. Nautilus n° 4, 100 pages, 5,90 euros. www.nautilusmagazine.com

SUR LA TOILE

QUE FAIT L’EUROPE ? // A l’heure de l’épidémie de grippe aviaire et du « tout traçabilité », quoi de neuf du côté de Bruxelles ? Comment l’Union européenne gère-t-elle la sécurité alimentaire ? « Recherche Europe désespérément », à lire sur le site de Café Babel, www.cafebabel.com

SUR LES ONDES

LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ATTENDRA // Produire, mieux consommer, cohabiter… l’idée du développement durable ne manque pas de bon sens. Pour autant, sommes- nous disposés à changer notre façon de vivre ? Obstacles et limites du développement durable : sommes-nous prêts à changer ? Science culture, Vendredi 17 mars 2006, 19 h 30.

France Culture.

EN RAYONS

LE BERLU SHOW // Scandales, manipulations, stratégie mar- keting : depuis son entrée en politique, Berlusconi fait valser l’Italie. A l’ombre de Berlusconi, les médias, l’imaginaire et les catastrophes de la modernité, de Vincenzo Susca. Editions L’Harmattan, 212 pages, 20 euros.

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La BA de la semaine

Les coulisses sont dressées à l’arrière de l’école maternelle Pablo-Neruda, à Vigneux-sur-Seine (Essonne), der rière un mur de briques. Au détour d’un couloir s’alignent des bacs à shampooing, une chaise d’esthéticienne, un salon de coiff ure, un vestiaire. Ici, pour quelques euros, l’association La Tête de l’emploi s’eff orce de redonner con fi ance à ceux qui l’ont per- due. Grâce à un soin, une coupe, un maquillage, quelques vête- ments, les RMistes et les demandeurs d’emploi espèrent accro- cher le regard d’un recruteur. Objectif : se préparer à l’épreuve de l’entretien d’embauche. « Ce sont les cinq premières secondes qui comptent », affi rme Josée, la coiff euse gouailleuse.

Avoir l’air d’aller bien

Alors, l’association propose ses services à tout petits prix. Deux euros pour un shampoing, quatre pour une coupe, dix pour une couleur, deux pour un vêtement : veste, chemise, jupe, pantalon. Et une adhésion annuelle de 10 euros. Le fonds Solidarité Europe, le conseil général et la commune l’aident à tenir ses promesses. Mireille franchit la porte pour la première fois. Exigeante, elle veut « pouvoir se coiff er le matin en quelques minutes », une « coupe classique mais jeune, dans le vent mais pas trop excentrique » pour parachever l’image d’une responsable en ressources humaines dynamique. A 36 ans, Mireille, au chômage depuis trois ans, est en fi n de droits. Elle a des enfants à élever, elle doit retrouver un boulot très vite. Et redorer son apparence, pense-t-elle, fait partie de l’équation gagnante. « Si je présente bien, je serai bien dans ma peau. Et ça jouera en ma faveur. Dans le passé, j’ai moi-même participé à des recrutements : on prend toujours celui qui a l’air d’aller bien », confi e-t-elle.

Quelques heures plus tard, Mireille sort, ravie. Avec, en prime, des conseils pour maintenir sa coiff ure et une liste de quelques produits qu’elle trouvera en supermarché.

Ce n’est pas par hasard que Mireille a poussé cette porte. Elle a eu vent de l’association lors d’un déplacement dans une ANPE avec son groupe de recher che d’emploi, Essonne ca dres. Car

La Tête de l’emploi ne se contente pas de recueillir les histoires douloureuses déversées à Vigneux au fi l des shampooings. Ses missionnaires se déplacent aussi, portant la belle parole dans les couloirs gris des ANPE, des missions locales, des centres d’adaptation ou d’aide au travail… Là où cherchent, espèrent ou désespèrent les demandeurs d’emploi.

Eclaircie sociale

Aujourd’hui, La Tête de l’emploi est à la mission locale de Crosne dans l’Essonne. Cinq jeunes d’une vingtaine d’années, trois garçons et deux fi lles, assistent, un peu contraints, au « module couleur » qu’animent Fawzia et Josée. L’un après l’autre, ils se plantent, d’abord sceptiques, devant le miroir. Puis s’étonnent de voir ces tissus de couleur drapés autour de leur cou trans- former à ce point l’expression de leur visage. Ce vert hyper-ten- dance tire leurs traits comme ceux d’un cocker, tandis que ce rose qu’ ils fuyaient les illumine.

Josée et Fawzia tracent pour chacun l’esquisse d’une nouvelle apparence, suggérant les tons à éviter, ceux à privilégier.

Objectif ? Tisser l’écrin où s’épanouiront les visa ges, le cadre dans lequel fl eurira l’assurance. Pour que ces jeunes gens tentés par des métiers-vitrines – hôtesse d’accueil, secrétaire, vendeur, animateur – paraissent sous leur meilleur jour au bal des employeurs. // Karine Le Loët

Et si une simple coupe de cheveux pouvait se convertir en passeport pour un job ? C’est le défi que lance l’association La Tête de l’emploi.

Photo : DR

LA BA DE LA SEMAINE

TERRA ECONOMICA

Ont participé à ce numéro (ordre alphabétique inversé) : Isabelle Raymond, Pylos, Cécile Mahé, Karine Le Loët, Pauline Hervé, Arnaud Gonzague, Nicolas Filio, Anne Favalier, David Garcia, Emeline Favreau, DjS, Cire, Anne Bate, astaire-X, Roxane Arléo //

Directeur artistique : Sébastien de Poortere // Responsable de la rédaction : David Solon // Systèmes d’information : Gregory Fabre //

Directeur commercial et marketing : David Kernanec // Conseillers abonnements : Charlyne Guénec, François Terrier // Directeur de la publication : Walter Bouvais // Terra Economica est édité par la maison Terra Economica, SAS au capital de 102 167 euros - RCS Nantes 451 683 718 - Siège social : 42, rue la Tour d’Auvergne - 44 200 Nantes // Principaux associés : Walter Bouvais (gérant), Gregory Fabre, David Solon, Doxa SAS // Cofondateur : Mathieu Ollivier // Impression du magazine par Dupli Print, 2 rue Descartes, ZI Sezac, 95 330 Domont // Dépôt légal : à parution // Numéro ISSN : 1766-4667 // Commission paritaire : 1006 I 84384 // Numéro CNIL : 1012873 //

Service abonnements : 02 40 47 42 66 ou www.terra-economica.info/abo

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La plus belle pour aller bosser

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