& os*
M. LE MAUQUIS,
<&&qut&&&0 bc 181 5
,
COMÉDIE- VAUDEVILLE EN UN ACTE
,
MM, EUGÈNE S** ET A. DE FORGES
Représentée>
pour
lapremière fois, à Paris, sur le Thédtti de son altesse royaleMadame,
le 17mars
180.9.mvtixciug,
Chez
L.DUMONT
, Éditeur,Rue
des Sablons, Son jère JfoI0 £ 2,1829.
1 I
' . I
PERSONNAGES. ACTEURS.
LE MARQUIS DE FRANCASTEL
. .M.
Dobmeuil.MANCEL
, paysan... M.
Chalbos.RENAUD,
son filsM.
Bercour.GRINCHEU,
paysan... M.
Legrand.BIDARD,
maître d'école . . . . .M.
Bordier.JMère
BORDIER,
propriétaired'uneau-berge
M
lle Julienne,MARIE,
safilleM
1Ie Adeline.M
llePRUDHOMME,
maîtresse d'école.M
1U Minette.M
mePOTARD
,
v
\ voisines de
madame M
11* Rosalie.M
mePÉGHIN,
{ Bordier. . . .M"
e Oudry.Paysans.
Paysannes.
La Scène se passe dans un village.
SI* 11 it4W§ti^
COMÉDIE- VAUDEVILLE EN UN
ACTE.(
Le
théâtrereprésenteune placedevillage.A
droitedu
spec- tateur y l'aubergedu Dauphin
, avec cette inscription:Veuve
Borclieraubergiste,loge àpied.A
gauche, l'aubergedu
Grand-vainqueur,avecuneenseigneportantdeux
queues de billard en croix, et cesmots
: Café', vin , eau-de-vie, liqueurs; billard. Icion
fait la poule.Au
milieudu
théâtresurletroisièmeplan,
un
grosarbre.)&çctxc fjrcmijètre»
MÈRE BORDIER, M
llePRUDHOMME, M- POTARD,
M
mePÉCHIN.
(Au
leverdu
rideau, les trois voisinesentourent avecempres- sementlamère
Bordier,qui arrive av°c deux paniersvides qu'ellepose devant laporte d'i son auberge.
)
LES TROIS VOISINES.
Air:Fragment du Coqdu Pillage.
Quel1grandenouvelle Nousapporlez-vous?
L'allenle estcruelle, ) / /• \
Vite instruisez-nous, j V.
**•/
MÈRE BORDIER.
Jugezquellejoie
Pourtoutlepays!
ensemble. ( Le Ciel nous renvoie ) ,,. >
Notre ancienmarquis.
J
v ' •/ Quel' grande nouvelleetc.
MÈREBORDIER.
Voicila nouvelle.
Hein! qu'endiies-vous,?
Le parti rebelle , ...
Erémit de courroux. ) { ''
MÈRE
BORDIER.M'y
voici.Vous
saurezque
j'ai été cematin
àla ville,ou
j'ai
vendu mon
beurre,mes œufs
etmes légumes
le plus cher possible,comme
cl' juste.En
rvenant ,j'ai rencontre1'
domestique du
percepteur, qui m'a assuré quel' château venaitd'être acheté;que M.
lemarquis
de transe*stel ,filsde l'ancien seigneur, allait revenir au pays.... rentrer dans ses biens, ses honneurs.... et
que nous
allions enfinrevoir notre ancien seigneur.... notrebon
seigneur.Vive monsei- gneur
!TOUTES.
MADEMOISELLE
PRUDHOMME.
Mère
Bordier, la choseest-elle Lien officielle?MÈRE
UORDIER.D'abord
,mamzelle Prudhorame
,je n'vois paspourquoi vous
m'appelezmère
Bordier... ilme semble que
çan'vous
écorcheraitpas lalangue de diremarne
Bordier.... Mais,pa- tience, toutc'iava bientôt changer...grâce àM.
le marquis...chacun
seramis
àsa place...M
AD. PÉCHIN.Oui
,oui...chacun
seraclasse' suivantses mérites...MAD. POTARD.
Ce
chermarquis
!... il va nous ram'ner lebon temps
!MADEMOISELLE PRUDHOMME.
Ce que
vous dites-la est judiciaire.Comme
institutricede
l'endroit; je suis àmême
d'en parler; car enfin, dans lebon temps,
il n'y avaitqu'une e'colcpour
les enfans...et maintenant, cemaudit
enseignementmutuel
méfaitun
tort incommensurable...Or,
dès qu'ily auraun marquis
dans le village, il ne pourra plusy
avoir d'écolemutuelle; ainsi vivemonseigneur!
TOUTES.
Vive monseigneur!
BIÈREBORDIER.
Quandj' pense
que
j'aiétéélevéeaveclui,etque nousavons joué ensemble
jusqu'àl'âgede quinze ans.MADEMOISELLE PRUDHOMME.
Savez-vous, mère... c'est-à-dire
marne
Bordier,que
c'estun événement
bienprépondérant que
ceretour; ça va opé- rerune
infusiondanstoutesles opinions....iln'yen
aura plus qu'une, etce seralanôtre.MÈRE
BORDIER.Et, çafermerala
bouche aux
turbulens...MADEMOISELLE
PRUDHOMME.
Ace M.
Bibard surtout, le maître de l'école mutuelle....Ça
fait suerde l'entendre faire ses phrases et sesmotions
incendiaires,quand
ilmonte
surlebillarddu
cafépour
pé- rorer les autres...MÈRE
BORDIER.Sesprovéïytes,
comme
y dit. * MADEMOISELLEPRUDHOMME.Et
qu'ilnous
appelledes éteignoirs.MÈRE
BORDIER.ï)eséteignoirs,
ma
chère!.... Maislaissez-lesdonc
dire....c'est la fureur quiles faitparler
comme
ça...Ilsnous
dévore- raient toutes vivantes,s'ilsl'osaient.MAD. POTARD.
Vous
croyezP....MADEMOISELLEPRUDHOMME.
Mais oui...
marne
Bordierest rationnelle... ças'est vu dan*<
5)
les temps... Ali!
mesdames,
quels temps!.... IIy
avait destremblemens
de terre tous les jours leshommes
n'a-vaient plus figure
humaine,
le paincoûtaitjusqu
à des 45fr.lalivre.
MÈRE
BORDIER.Et
c'est cetemps-làque
le partidu
père Bibard voudrait ramener.MAD. POTARD.
Dieu du
ciel! etpourquoi
?MÈRE
BORDIER. #C'est Lien simple,
pourquoi!
C'estun
systèmepour
dé- truire tout ce quiexiste.... la nature entière, et après cela être lesmaîtresdetout.MADEMOISELLE PRLJDII0MME.
Sans doute,
comme
leditamphibologiquement
le jour-nal
que me
prêtemarne
Boivin, la conciergedu
château,nous sommes
sur lecaractère d'un volcan.MÀD. POTARD.
Ça
faitdresser lescheveux
surla tête...MÈRE
BORDIER.Je croisbien...maisje n' vois pas
ma
petite fille.... il faut qu'ell'apprenne
aussi la nouvelle... ça luifera plaisirà cte jeunesse... ell'seraàlatête desrosièresque
j'aicommandées
pour
lare'ception d'monseigneur!MAD. POTARD.
En
aurons-nousbeaucoup
derosières?...MADEMOISELLE PRUDKOMME.
En
leur promettantàchacune un
verre de cidre etun
gâteau deplomb, on
ena toujours tant qu'onveut.MÈRE
BORDIER.Maisj'vous
demande un peu
c qu'elle fait... (Elleappelle.) Marie!.... Marie! Je suisben
aise aussiqu
vous voyiezquejTëlève
danslesbonsprincipes... (Elle appelle.) Marie....Marie!...
«ScjfotC 2.
Les mêmes, MARIE.
MARIE.
Eh
! ben...me
v'ià,ma mère
!...MÈRE
BORDIER.Arrivez mamzelle.... et écoutez-moi....
Vous
saurezque M.
le marquis... l'ancienseigneurdece village, va arriver...et lorsqu'un
marquis
arrive... ça doit toujours plaireaux
paysans... Entendez-vous...
MARIE.
Oui
,ma mère!
MÈRE
BORDIER.Et
comme
il fautserendreraison de tout...celadoit vous faire plaisir, parc'que M.
lemarquis
va ram'ner lebon
temps....
.
<*)
MARIE.
Le bon
temps!MÈRE
BORDIER.Oui
,mademoiselle, etdans lebon temps
dont nousvous
parlons...
M.
Mancel,le père aRenaud,
votreprétendu
,ne
m'auraitpas disputé ce coindeterrain là-bas ,contre les fos- sésdu
château.MADEMOISELLE
PRLDHOMME
, SOUpiratlt.Dans
ce temps-là,jen'auraispasatteintma vingt-neuvième année
dévoluesanstrouverun
mari..,mad. potard,pleurant.
Dans
ce temps-là,M.
Potardmon mari
neserait pasmort en me
laissant trois enfanssurlesbras.mad.péchiin, sanglotant.
Dans
cetemps
-là...marie ,V interrompant.
Mais
voussavez bien,ma mère, que M. Mancel
doitrenon- cerà toutes ses prétentions sur leterrain,en
faveur d'mon
mariage
avec Renaud...MÈRE
BORDIER.Votremariage!.., votremariage!... nous avonsle
temps
d'y penser...L'arrivéedemonseigneur
va bien changerlafacedes choses, etlesopinionsconnues
deM.
Mancel....MARIE.
Tiens!... qu'est-c
que
çanousfaità nousdeux
Renaud...., lesopinions?...MADEMOISELLE PRUDnOMME.
La remarque
estincohérente,ma
chère... vous nepouvez
plus rienterminersansmonseigneur...Autrefois,lesseigneurs dansaient toujours la première contredanse avec la mariée...et notre
bon marquis
ladansera avectoi...MARIE.
C'estça...et
Renaud!
MADEMOISELLE
PRUDnOMME
.
Renaud!...
Eh
! ben... ildanseralaseconde... l'équilibre so- ciablele veutainsi...MARIE.
Mais
il doit être tropvieux maintenantpour
danser,mon-
seigneur.
MÈRE
BORDIER, SOUpirant.Ah!
j' crois bien.... danslebon temps
, il étaitbeau dan-
seur.... mais la révolution....
quand
j'vous
disque
ça n'a épargné personne.... vieillir!....un
si noble....un
si brave seigneur!MADEMOISELLEPRLDHOMME.
Dites-donc...il étaitbrave,
marne
Bordier?...MÈRE
BORDIER.S'ilétaitbrave?... Il étaitcolonel d' naissance!
Oh! Dieu
til
me
sembleque
j' le vois encore avec son pettcasque sur( 7 »
sapetite tête poudre'e... etson petitsabrequ'ilenfonçaitdans lesmolletsde son précepteur L.
Amour
d'enfant, va!...(On
entend chanterdans la coulisse.)MÈRE
BORDIER.Ali! v'iàm'sieur
Mancel
et sabande.MADEMOISELLE
PRUDHOMME.
On
entend leursvocife'rations de loin,j'espère.(Madame
Potard,madame Péchin
etmademoisellePrudhoMme
s'assoientdevantlaporte de la
mère
Bordierettravaillentà différens ouvrages.Mère
Bordier et safille viennentpour
rentrerleurspaniers.)marie, regardant eu fond.
Bon
!...Renaud
estavee eux...MADEMOISELLE PRUDHOMME.
Et
Grincheu... leboute-feu de lacommune... Oh!
Dieu!...c'est
ma
bête noireque
c't'être-là...%tknc
3.lesmêmes,
MANCEL, BIBARD, RENAUD, GRINCHEU.
(Ils arriventparle
fond
, àdroitedu
spectateur.Benaud
et Grincheu marchentles premiersensedonnant
lebras;Man~
cel et
Bibard
viennentderrière.)'GRINCHEU.
Airallemand.
Quand sonn'l'heur'de l'ouvrage,
V
matin avec courage Chantonsungai refrain Pourabrégerl' chemin.TOUS.
Tra, la, la,etc.,etc.
GKIISCHEU.
Quandle soirnous ramène
,
Buvantàtassepleine
,
Oublions nos travaux Dansun joyeuxrepos.
TOUS.
Tra,la,la,etc., etc.
MADEMOISELLE
PRUDHOMME.
Manans
!(
Marie
etBenaud
se 'fontdes signes- sani être vus de lamère
Bordier.)GRINCHEU.
Bon citoyen,jemepique D*èlreforten politique.- J'apprends dansnol'journal L'espritnational.
tous.
Tra-, la, la,etc.
GRINCHEU.
Propagerleslumières
,
Débrouiller lesaffaires
DesGrecsetdupacha
,
Bienn'm'amusecommeça...
TOUS.
Tra,la,la,etc.,etc.
.
(8)
c.rinciieu, frappant sur la tablequis? trouvedevantlaport*
du Grand-
Vainquetir.Garçon!....(17 en paraitun.)Quatre demi-tasses.... quatre petitsverres etY journal.
MADEMOISELLE PRUDHOMME.
Des
d'mi-tassesî... quel genre!BIÈREBORDIER.
Il n'ya pasd' dangerqu'ilsviennent à
mon
auberge!...(Le
garçon sert ce qui luiaétédemandé,
ils s'assoient tous quatre.)MATSCEL.
Ah!
ali!bonjour,mère
Bordier...grincheu, bas à
Renaud.
Ah!
c'est les vieilles.;, lafabriqueaux
propos...RENAUD.
Tais-toidonc...
Marie
estlà...mère
bordier, desaplace.Bonjour,
bonjour,M.
Mancel...M/.DEMOISELLE PRUDHOMME.
Ont-ilsl'airnarquois... etc'pèreBibard...
un
vieillardd
âge...si ça nefaitpas pitié'...
RENAUD.
Dites-donc,papa... elle al'air pique',la
mère
Bordier.GRINCHEU.
Tiens... qu'ell'se de'pique...
au
fait...parc'queY marquis
va revenir,fautpastant qu'elle fasse Y gros dos.renaud, s'approchant.
Bonjour
,ma
p'titeMarie.MARIE.
Bonjour, M.
Renaud.mère
bordier.Ma
p'tite Marie!... qu'est-c'que
c'estque
cesfaçons-là?...Venez
ici...mamzelle...près demoi....MANCEL.
Eh ben
,eh ben
,mère
Bordier...est-c'que cesenfans n'sont pasfiance's...mère
bordier, travaillant.Fiance's... fiance's...il ne faut pas qu'vot'garçon s'imagine
que
parc' qu'ily
aeu
des parolesen
l'airsur sonmariage....ilaledroitde
prendre
des tons; tant qu'les chosesn' sont pas faites,il esttoujourstemps
dese de'dire.RENAUD.
Hein
?mancel,
selevantetpassant prèsdesvieilles.Laissedonc.... C'estàquoij' pensais»
marne
Bordier, en voyant l'accueilque
vousm'
faites.Bépertoire dramatique.
(9)
MÈRE
BOBDIEB.Iln'y a rien cTsigne,
Dieu
merci.Ma
fille n'estpas près-8e'e, elle peutattendre.
MANCEL.
Vous
trouv'rez toutdesuite,vous,aveclaprotectiond'vof M.
1'marquis.gbincheu, qui pendantce temps alitlejournalavec lepère
Bibard
, lepose avec force surlatable.Un
marquis!...un
marquis!... çame
soulèverienque
d'y penser....un
marquis!.... ditesdoue un
tyran!....un
despote!qui vanous enchaîner....
nous
ravir le fruitde
not' labeur,comm'
ditlejournaldu
père Bibard.bidabo.
C'estvraij Grinclieu....
Mais
tu te compromettras....tu es tropexalte'.gbincheu, frappantsurla table.
Bail!jen'aipaspeur...nous
sommes
libres... iln'yaplusde
vassaux... ni de droits féodaux... nid'ancien
régime
, ni riendu
tout.mère
bobdieb, se levant.Mais
écoutez-ledonc
ceGrinclieu...qu'est-cequ'ila?MADEMOISELLE
PRUDHOMME.
C'esteffrayant dedémoralisation.
MÈRE
BORDIER.Sais-tuc'
que
c'estque
l'ancienrégime seulement?
gbincheu, selevant.
Sijel'sais?...faudrait être bête
comme une
oie...pour
ne pas savoirc'que
c'étaientqu
les donjonsoù on
enfermaitlesvas- saux,lesoubliettesoù on
lesprécipitait.BIOABD.
Et
laglèbedonc?
GBINCHEU.
Oui, laglèbe....
une immense
charrueoù
c qu'onattelaitun
village entier...queuqu'fois deux.mademoiselle prudhomme.
Quellesbêtises! çan'apas
une
teintured'histoire,etçaveut parler....MANCEL.
C'estvrai!... tunousfaisdescontes...est-c'
que
deshommes
auraientjamaissouffert....
GRINCHEU.
Mais pèreMancel... tous enchaînés,les
hommes..
.etneman
géant
que
touslesseptou
huitjours...ilsn'avaientplusd'forceles malheureux...sans ça...
BIDABD.
Le
fait est, pèreMancel
,qu'onavudes choseseffrayantes.
MADEMOISELLE PBUDH0MME.
Oui, oui,voilàles principesténébreux qu'on inculpeàla jeunesse aujourd'aujourd'hui.
M.
lei
Marquis* 2
(
îo)
grincheu.
Qu'on
inculpealajeunesse...Ditesdonc,
pèreBibard
,c'estpour
vous qu'elle dit ça, laPrudhomine.
BIDARD.
Laisse donc... je
méprise
ses sarcasmesamers
; d'ailleursnous
aurons bientôtquelqu'unpour
leur répondre... Tmar-
quis r tienthabiterlechâteau quitombe
en ruines,je 1' sais hen...mais nous avonsun
renfort... labellemaison neuve du
pèreLoupot
vient d'êtreachetée parun
ancien militaire...gruncueu, sefrottant les mains.
Oui,
un
vieux...lin bon...un
officier en retraite! qui ra- baiss'rajoliment1'caquet de vot'M.
le marquis.MÈRE
BORDIER.Ça
s'raencoredu beau que
vot'militaire.MADEMOISELLE
PRIDHOMME.
S'ilfaitlerécalcitrant...
monseigneur
leferaclaquemurer.
GRINCHEU.
Oh!
enfermer...craquemun
r... vous l'entendez! quelle atrocité!...Pourquoi
pasjeterdans lesoubliettes toutd'suite?MÈRE
BORDIER.Allons,
M. Mancel,
ne pensez plus aumariage
de nos enfans quant à présent... et puis nous \\pouvons
pas nous arrangerpour
le terrain, je vas chezmon homme
de loi!v'nez avec
moi,
mesdames... vous m'aid'rez à r'cruterdes rosières...GRINCHEU.
Et
nous, allons rassembler les amis,pour
aller au^d' tantde
l'ancien. ^MÈRE
BORDIER.Au
r'voir,M.
Mancel.MANCEL.
Au
revoirmère
Bordier!BIDARD.
Moi,
je vais àmon
école...mademoiselle Prudhomme...
à
mon
e'cole mutuelle...dont vousauriezpu
devenirlamaî-tresse...
MADEMOISELLE PRUDHOMME.
Oui...
en
vous épousant!etmoi
,je vaisà lamienne M.
Bi- dard, qui sera bientôt souslaprotectionimmédiate
etper-manente de monseigneur
!crinciieu, lesnarguant.
Adieu
,laPotard... adieu,la Péchin;adieules vieilles...TOUTESTROIS.
Insolent!
EKSEMBLE.
Air:
Du
siègede Corinthe.TOUTESLESFEMMES, llOl'SMARIE.
Quelle opinion détestaMe!
Leur arrogancefaitfrémir!
Bientôtonsera plustrartable
Oumonseigneur saurapuniri
(
"
)TOOS lESHOMMES , hors KEJUU9.
. Vit-on jamais rieade semblable? j Leurarrogancefaitfrémir!....
ENSEMBLE. <
Qn negerapag
^
lrailaD}ef' Quandlemarquisva revenir!
(Ils sortent, les uns àdroite, les uutresàgauche,excepté Marieei Renuvd.)
Secnc 4.
MARIE RENAUD.
RENAUD.
Allons, les
V
la lances! ( Jetant son chapeaupar
terre.) Dieu!... est-ce embêtant!... lapolitique!... v'ià not'mariage manque'
!MARIE.
Hélas! oui... et ça aurait été sibeau!
M.
lemarquis
qui t'aurait faitun
présent.RENAUD.
A
moi?..,MARIE.
Sans cloute...
pour
terécompenser
deceque
j'aurais Janse' lapremière
contredanse aveclui.RENAUD.
Ali!jem'
moque ben
d'sonpre'sent!... t'aspas besoin d'unmarquis pour
te fairedanser.MARIE.
Ali! t'as
beau
dire... ça doitêtre gentil d'danser avecun
marquis.RENAUD.
Ainsi,
mamzeir,
c'est tout c'que
vous r'grettez?... c'est bon... avecçaqu'ildoitfaireun
jolidanseurvotremarquis
?MARIE.
Ildoittoujoursaussibien danser qu'unpaysan...
RENAUD.
Un
paysan!.. ali! ilparaîtqu'on vousa aussimonte'latête?MARIE.
Du
tout... c'estvous qui ne cherchezqu'àme
contrarier.RENAUD.
Parce
que
j'veux
t'empêcher de tefairemoquer
d' toi.MARIE.
Pourquoi
qu'on s'moqurait dèsqu'ça
se faisaitdans
lebon temps?
jeveux
pouvoir direune
fois dansma
vie: J'aidansé avec
un
seigneur.RENAUD.
Vous
êtescomm'
vot' mère...n'pensez qu'à la gloriole...Eh!
bien...j' vous déclare,moi,
qu'si vous dansez une foi&avec vot' seigneur...tout s'ra fini entre nous.
MARIE.
Comm'
vousvoudrez!RENAUD.
Via
qu'estdit...et... >'ià qu'estdit ...( 12 )
Air.: Réponsede Petit-Blanc.
Adieu donc
,
(bis.)
Ah! l'infidèle.
Adieu donc: (bis.)
N'espérezplusde pardon!
Crainsdemepousseràbout...
Puisqu'ici tumerepousses.
Oui,lul'enmordraslespouces.
MARIE.
Jen'nfenmorderairiendutout.
Adieudonc ..
Pour moiquelle Scène cruelle!
Adieu donc, {bis.}
ensemble. \ Jen'vousdemand'rai paspardon.
RENAUD.
Adieu donc
,
Etc., etc. (IIsort.)
MARIE,
seule.Ils'envatoutd'bon...
Dieu
île vilain marquis... faut-il qu'il reviennepour me
brouiller avecRenaud, pour
de'sunirtout Immonde... Si c'estlàl'commenc ment du bon
temps!Scène
6.MARIE, LE MARQUIS.
(Ila des cheveuxblancs, une redingotte bleue,
un
ruban àla boutonnière; ilentraprécédé d'un paysan.)LE PAYSAN.
T
nez,monsieur, V
là lesdeux
plus belles aubergesdu
Francastel-,vousn'avez qu'àchoisir.
LE MARQUIS.
C'estbien,
mon
garçon... voilàpour
ta peine...(Il lui
donne
unepièce d'argent.) LE PAYSAN.Merci
, monsieur. (//sort.) MARIE.Tiens... quest-c'quec'est
donc que
c monsieur-là?...le marquis, Vapercevant.
Ah! ma
belle enfant... servez-vous danscetteauberge? MARIE.Oui
,monsieur
,j'suislademoiselledu Grand-Dauphin.
LE MARQUIS.
Alors, veuillez
me
faire préparerma
chambre...Ah! vous
me
servirez àdéjeuner sous cet arbre... cestrois lieuesque
j'aifaites àpied
m'ont mis
en appe'tit...MARIE.
Ça
suffit,monsieur... (Elle rentre dansl'auberge.) ilal'aird'un brave
homme.
LE MARQUIS.
Me
voicidonc
à Francastel!...dans ce pays qui m'avu
naître... et
où
jeveux
finirtranquillementmes
jours...(
i3)
Air:duSergent Mathieu»
Enfin,je revois Ceslieuxqu'autrefois Habitait matendre jeunesse
,
'-pjj ' Ces"prés,cesormeaux,
rgsj(0 Cesrians coteaux,
X
yt Quedevaitbénirmavieillesse..'2
^ A
mesdésirssoumis,CD
cg
Là,j'avaisdésamis..G)
"O ^
»Je rêvaisdansmonivresse, Plaisirs,honneurs,gloire,richesse.,..Jjj
u^
Regretssuperflus!*> <D Ces beauxjoursnesontplus!
<rj
c
. Danscevieuxmanoir,qj *3 Sitriste etsinoir,
"O •** J'aireçulessoinsd'une mère.
</> *5l Mesbras caressans
^
jEfA
sescheveuxblancsMêlaientune fleurprintanière.
£2 *^>»
Me
pressant sur soncœur;<C j Sans prévoirlemalheur
,
'
Mon
pèredisait:Croisun sage;Tonavenirest sans nuage...
Regrets superflus!
Cesbeauxjoursnesont plus!
marie,qui
pendant
cescouplets a toutdisposépour
ledéjeûner.(A
part.)Tiens, qu'est-c' qu'il adonc
a s' parler comra'ça tout seul, cemonsieur?
(Haut.) Monsieur, vousêtes servi.LE MARQUIS.
Merci
tmon
enfant! (Marie soupireenselevant.) Ali!mon
Dieu!
quel gros soupir!... eh! quoi!.... sijeune... sijolie...auriez-vousdéjà quelque peine?
MARIE.
Hélas!...oui,
monsieur!
LEMARQUIS.
Ah!
j'entends... peined'amour
!un
inconstant...un
volage...pardonnez mon
indiscrétion....mes cheveux
blancspeuvent
vousinspirerquelque
confiance... etcomme
je viens habiter ce village...je serais enchante'decommencer mon
séjour icien opérant
une
réconciliation.MARIE.
Ah! monsieur
vients'établirici?LEMARQUIS.
Oui,
mon
enfant!MARIE.
Àh! ben
! j' vous souhaitede n pas êtremêlé
dans toutes leurs affaires de partis et de politique.LEMARQUIS.
Comment
!de lapolitiquedans ce village?MARTE.
Ça
vousétonne....ah!mon
Dieu!y
n'y aqu' ça à Francas-tel... depuisqu'il
y
aun
billardel desjournaux,
les jeunes gens font les messieurs... ne veulentplus nous faire danser, etpour comble
d'malheur,
jaimaisRenaud, un
garçondu
( i4 )
pays! v'ià qu'un vilain
marquis
arrive et brouille tout lemonde...
mon
mariage avecRenaud
estrompu
,ma mère
, lepèreà
Renaud
,lemaîtred'école,mademoisellePrud'homme
,
ilssont tous àcouteauxtirés... aussiilpeut joliments'attendre à êtrehaïce marquis-là...
Dieu
!s'ra-t-il haï...LE MARQUIS.
Mais, dites-moi,
mon
enfant, vous le connaissezdonc
cemarquis
?MARIE.
Du
tout,monsieur,
personne nele connaît... maislesuns
disent qu'il varamener
lebon temps
,et c'estcebon temps
qui faitpeur aux
autres...qui veulent aussi leurbon temps
à,eux...carilparaîtqu'ils onttous leur
bon temps
!le marquis, à part.
Ça
n'estpastrès-clair..Les mêmes, MÈRE BORDIER.
MÈRE
BORDIER.Tout
va bien...j'ai faitma
tournée dans le village... nous aurons des rosières, des.fleurs,un compliment pour
laré- ceptiondeMonseigneur!...Le
sonneur m'apromis
vingtcinq coups de cloche en volée.... LesMancel
et laGrincheu
vont-ilsenrager.... Ah!....
un
étranger?(A
Marie.) Qu'est-c'que
c'est
que
c'monsieur-là...MARIE.
C'est
un voyageur
quivient logerdans notreauberge.MÈRE
BORDIER.Pourquoi
causez-vousaveclui, faitesmoi
leplaisir d' ren- trertoutd'suite...MARIE.
Oui,
ma
mère... (Ellerentre.)le marquis, à part.
Ah!
c'est lamaman
elle m'a l'air d'unefameuse com-
mère!... tant mieux... elle m'expliquera peut-être....
MÈRE
BORDIER, à part.Il n'a pas trop
bonne mine
ce voyageur-là(Haut.) Mon-, sieur compte-t-ils'arrêter long-temps chez moi?...LE MARQUIS.
Non,
madame...je vienshabiterune
propriétéque
je pos- sède ici... et lorsque quelquespetites réparations serontter-<minées,
j'iraim'y
établir!mère
bordier, leregardantattentivement.Ah!...
monsieur
a sansdoute despapiers...le marquis, tireson portefeuille,et lui
donne
sonpasseport en souriant.Comment donc
,madame
,jesuis trèsen
règle, voici mon, passeport...MÈR2
BORDIER.Excusez, monsieur... mais dans
mon
état. {Elle regardele.( .5 )
passeport. )
«Ce
lojuin i8i5 > Ciel!que
vois-je?...Théo- dore Raymond, marquis
de Francastel.LE MARQUIS.
C'est
moi-même
!MÈRE
BORDIER.Vous-même
,monseigneur...sanssuite...sousce costume...c'est-il bienpossible...
LEMARQUIS.
Qu'y
a-t-ild'étonnant?mère
bordier, avec volubilité.Mais, je
comprends, monseigneur
avouluarriver'incognito,pour
tout voir par lui-même.... c'est toujourscomm'
ça dans les livres... etmoi
, qui n'avais pasdevine'...où donc
avais-je la tête mais pardon... mille fois pardon,
monsei-
gneur!...Quand
j'y pense... quel bonheur!... quelcoup du
ciel!...
que
l'hasard aitamené'monseigneur
juste clansmon
auberge...
moi
qui suis à la tête de son parti... carmonsei- gneur
aun
parti dansle village.... etun
fameux.... etje vais de ce pasle rassemblerpour
venir rendrehommage
a not'bon,
a not' ge'ne'reux seigneur quiadaigne'descendre àmon
auberge.( Elle lui hù,isela
main) Ah
!j'enmourrai
dejoie...etquel crève
cœur pour
les autres.Ne
vous impatientez pas,monseigneur.*, dans
un
instantje reviensavecvosfidèles vas- saux.(EU*
sorten courant, le marquis laregarde allerd'un air stupéfait.)LE MARQUIS,
seulAh!
ça... àquien
ont-ils? l'une pleureenprononçant mon nom,
l'autreme
baiseles mains, etm'appelle monseigneur!..Je m'y perds...et lapolitique, àce
que
ditcettejeunefille...Delà
politique au village...je larencontreraidonc
partout...Maistoutcelas'e'claircirabientôt...
En
passant àh
ville,mon
notaire, qui est aussile maire de ce village, m'a donne' sur tous les habitans des
renseignemens
qui pourront m'être utiles..En
attendant, ne songeons qu'aubonheur
de revoir le berceau demon
enfance.... Oui,jeme
reconnais bien....voicilagrandeplace... l'avenuedepeupliers., leclocher... et le vieux château deinespérés!,..Je craignais qu'il n'en restât plus
aucun
vestige, mais grâce auciel...j'aperçois latourelleoù ma
bonnemère
allait s'asseoirau
déclindu
jour...pour
nie voir de plus*loin,quand
je revenaisde lachasse.. la pe- tite porte secrète paroù
jem'esquivais le soirpour
aller à quelque galantrendez-vous, etparoù un
jour... ilme
fallut fuir pour e'chapper a la proscription!(Moment
de silence.)Ah
! tout icime
retrace des souvenirsdoux
etcruels....et àmon
âge la vie n'estplusque
danslessouvenirs.Air:desEnfanstrouvés.
A
soixanteans, isolésansappui...Lorsquej'arriveauboul demacarrière,
< ,6 >
Jele«ens15,jevoudrais qu'un ami Aumoment dudépartmefermâtlapaupière
Ici,dumoins, faisonsquelques heureux.
Peut-êtreunjour.. .l'espoirdansmoncœurbrille.
Je pourrai, grâceà leur»soins généreux,
Me
croireencore au seindemafamille.(Aprèsce couplet,ilvas'asseoirprès dela tableducafé,etparcourtle journal.)
Sccuc 9.
Le MARQUIS
,GRINCHEU
,MANGEL
,BIBARD
,RENAUD.
GRINCHEU.
Je vous soutiens
que
l'officieren
retraitequi a acheté' lamaison du
père Loupotestarrive'...redingottebleu... croixde mérite... ilssont tousliabille'scomme
ça.Eh!
tenez!... juste-ment,
le voilà... hein... ditesdonc
vous autres... a-t-il l'air féroce!...MANÇEL.
Mais
nous ne voyonsque
son dos...GRINCHEU.
C'este'gal... ça doit être
un fameux
lapin... parlezmoi de
ça.
Via un homme
qu'al'airdequeuqu'
chose!... tandisque
leur marquis...dites donc...une
ide'epour
engagerlaconver- sation;sije luimarchais surles pieds.BIDARD.
Oui
,vadonc
t'y frotter...un
ancien... ily
ade quoite faire assommer...GRINCHEU.
Laissezdonc... c'est
un
moyen...on
faitdesexcusesau
con-traire... vousallezvoir...
{Il s'approche
du
marquis en chantonnant.«Ah
! qu'onest fier d'êtreFrançais,quand on
regardelacolonne.» IIluimar-
chesurlepied,)RENAUD.
Queu
toupet!...le marquis, brusquement.
Au
diable, lemaladroit!grincheu,à part.
Oh!
la,là...(/Za«£.)Oh! mon Dieu,
monsieur.,,pardon
si j'vousdemande
excuse.C'estqu' noussommes
sivexe'sdans ce village. (Aux
autres.) Hein! c'estadroit...LE MARQUIS.
Ce
n'estpasune
raison...BDIARD.
He'las!
mon
officier,si vousconnaissiez toute l'e'tenduedesmalheurs
qui nousmenacent,
vous ne feriez pas attention à sipeu
ce chose.LE MARQUIS.
Comment,
levillage seraitmenace'?.,etmoi
quivenaism'y
fixer.
Répertoire dramatique.
(
'7)
MANCEL.
C'est
Jonc
vous,mon
officier,qu'avez acheté'lamaison du pèreLoupot?
LE MARQUIS.
Oui...
GRINCHEU.
Eh
hen,mon
ancien... sion
vous(lisait qu'on Tanous
re'-duire danslaservitude,et vousfairesouffrir
mort
etmLère...LE MARQUIS.
vComment?
B1RARP.
Oui
,c'estune
suppositionqu on
vousfait...GRWCIÏEtJ.
Laissez donc...
une
supposition... c'est arrive'...â
cque
dît vot' journal, pèie Bibard... et puisque 1'marquis
revient...nous
allonsêtre remis sous lejoug-... et vous,si rtout,mon
officier... parce
que
vous ave/,servi dans les tentrs,et que....d'iûlleurs... Enfin.. suffit...
A
has le marquis!... tant pire...jeme
compromets'....A
bas le marquis!..la marquis, à part.
Ah!
ça...ilsme
prennent aumoins pour Croquemitainc
...ou h
Barbe-Bleuet...{Haut.)C'estdonc un
bien wlaiiihomme
que
cemarquis?...GRINCHEU.
Un
vilainhomme!.,
ditesdonc un
ligre...quivanous
gru- ger... nous traitercomme
lesderniersdesderniers,ill'adit...LE MARQUIS,àpitt.
C'est
un peu
fort.(Haut. )Vous
l'avezdonc vu
?...GR1NÇ1IEU.
Sijel'ai
vu
!.. un' figure atroce... cinq pieds, huitou
dix ponces...d<sailesde pigeon., un'barbe noireetune
e'pe'een
travers... ilssont tous
comme
ça... c'est Jeux uniforme...le marquis,à part.
Le
portraitn'est pas ressemblant, maisil est original.MANCEL,
Et
puis, il ya autrechose,mon
officier...j'suisen procès avecmanie
Bordier, la maîtresse d'j'aubergeen
face,pour un
boutd'terrain.le MARQUIS.
Je saisce
que
c'est.MANCEL.
Et elleespère gagner parlaprotection
du
marquis.RIRARD.
Moi, mon
officier,je ne vous parleraipasde
lapersécution dontje suismen
icéau sujetde.mon
e'cole mutuelle....mais
autrechose...surJes £>ndscommun
tuxque
nous avonsvotesJ'anuec*dernière
pour
reourer notre chcimii vnir.al,il «es e environ...une bonne somme
enfin... etsayez-vous àquoilau-
trepartivoudraitl'employer?
M.
le Marquis. 3{ 18 ) MANCEL.
À
lafondation d'un prix devertu\CniNCHEU.
Hein!... quelle folie!... tandis
que moi
,j'avaispropose*de
verserc't'argent-làdansune
souscription...LE MARQUIS.
Une
souscription... Fh.!bon
Dieu!...pour qui?
gruncheu, embarrassé.
Pour
qui?pour
qui?.,pour un
malheureux, père defamille,condamne
àune
forte amende...car«mfin, c'estune
infamie...Tant que
lechâteaunYt.iitpas habite'...j'ai lais...c'est-àdireon
allaitdesfoistirer
un
lapin, dansleparc, parc'qu'aufaiteomm' dit l'journaldu
père Bibard...tous leshommes
sont ne's li- bres.... etles lapins aussi... mais maintenantque
lemarquis
revient.,., le garde-chasse fera des procès-verbaux toute la journe'e
pour
le flatter... c'estun capon
le garde-chasse... et alors...le marquis.
Oh!
j'entre parfaitement dans vos raisons...GRUNCHEU.
Nous
nepouvons
pas nouslaissermanger
lalainesurledos.BIBARD.
Et
il fautvousligueravecnous pour
soutenir nosdroits.LE MARQUIS.
Au
fait... jene voispas d'inconvénientàmettreàla raison cemarquis
quiaune
barbe noire, des ailesde pigeon etune
e'pe'eeniravers...Jesuisdelaligue,
mes
amis...j'ensuis...etde grand
cœur...maisque
luiferons-nousà cemaudit marquis?
maivcel.
Ce que
nous luiferons!BIBARD.
Oui,
quoi?GRINCHEU.
Tenez...
une bonne
malice... c'estde nepas avoirl'air gai à sonarrive'e!LE MARQUIS.
Ce
n'estpasmal pourcommencer...
vousvoulez qu'au lieude
vous trouver contensetréjouis...ilvous trouve lair triste?GRINCHEU.
Juste'... (
Aux
autres. )Voyez
vouscomme
ilnous com- prend
!BIBARD.
Et
maintenantque
vous êtes des nôtres,mon
officier... sivous vouleznousattendre ici... nous allonsrejoindre lesau- tres me'contens.
GRINCHEU.
Et nous
reviendrons vousprendre pour
narguer lemar-
quis.LE MARQUIS.
Va ,%comme
ilestdit.(
'9)
CRÏNCOEU.
Tapez
alors... ( // luidonne
une poignée de main. )Hein
!regardez
donc,
vous autres, est-ce populaireun
ancien?...c'estpas
un marquis
qui donn'rait lamain
à despaysans.Air:du sermentdes TroisSuisses.
Jurons, (ter)
Nous, quisommes des bons...
De toujours servir 'a patrie, fce souffrons paslatyrannie»
Et narguons Marquisetbarons.
LE MARQUIS.
Mais sience;
Dela prudence!
{Us se rapprochent, et reprennent à voix
lam
) TOUS.Ne
souffronspasla tyrannie,
El narguons Marquis eibarons..
Silence!
Prudence!
(Ils sortent tous, excepté le marquis.Renaud entre dans(auberge de madame Bordier.)
Sccnc 10.
LE MARQUIS
,RENAUD.
LE MARQUIS,
Allons, de'cide'ment, je serai le paria
du
village.... N'im»porte,faisons
bonne
contenance; et voyons-les venir.ÂCCttC II.
Les
mêmes,MÈRE BORDIER, M
IUPRUDHOMME, M- PO- TARD
,M™ PÉCHIN.
MÈRE
BORDIER.(Mnriset
Renaud
sortentd? ,'auberg? quelquesirisfans après.) Tenez, mesdames... le voila'...lai-même en
personne..»MADEMOISELLE
prudhomme.
Quelle tournure nobleet chevaleresque!
M
AD. POTARD.Oh
!jele reconnaisbien... c'esttoutleportraitde feumon*
MERE
BORDIER.Monseigneur
!LE MARQUIS.
Allons,la
harangue
obligée! ..MERE
BORDIER.Monseigneur!.... vous voyez d'vant vous, l'élite
du
villageque
jevous présente...mademoisellePrudhomme, madame
Potard,
Madame
Pe'chin...(fies
femmes
fontlarévérenceS
mesurequ'ellessont désignées.}le marquis, àpart.
Ah! mon
Dieu! quelles figures! Ce sont pourtantme*
contemporaines!
MÈRE
BORDIER.Toutes personnes dévouées etbien pensantes,.
i
70 y
MADEMOISELLE PRUDIIOMME.
Les
sommités
politiqueset littéralesde l'endroit.MÈRE
BORDIER.Qui
viennentprendre
vosordrespour
lamarche de
lacérémonie.
1E MARQUIS.
Comment
lacérémonie?
MADEMO
SELLE PRVDHOMME.Sans doute d'abord, l'enlrée triomphale
que monsei- gneur
fera dakssonchâteau... àlatêtede sescardes-chasse...et des notablesdel'endroit.
MÈRE
rORDIER.Etpuis, lé
couronnement
de la rosière.LE MARQlIS.
Ali! ilya aussi
une
rosière!MADEMOISELLE PRITDHOMME.
C'estindispensable
pour donner aux mœurs une
impulsion tantsoitpeu
..homogène...MÈRE
BORDIER.Oui
, monseigneur!...àdaterd'ccl-teheureuseépoque, nous
avonsrésolu... avec votre cousent'ment de fonder un prix an- nuel devertu... etcette fois,ma
fillea éténommée
à l'unani- mité,à cause d' sabonne
conduite...MARIE.
Eoiière...quel
bonheur!
MÈRE
BORDIER.ÇElle aperçoit
Marie
avecRenaud
, bras dessusbris dessous.)Que
vois-je? mam'zelle!.., encore avecRenaud, malgré ma
défense!
MARIE.
Ecoutez,
maman.
.Renaud
etmoi, nous noussommes
expli- qués... etmaint'nant je» veux
plusêtred'aucunparti...que du
parti d'
ma
noce!MADEMOISEI LE PRUDIIOMME.
Quel langage
démagogique!
MÈRE
BORDIER.Ah
! dansl'bon temps
,une
fillen'auraitpasrépondu
ainsià samère.MAD. POTARD.
Il yavaitd'autres
mœurs
;monseigneur
estlàpour
1' dire LE MARQUIS.Je suis tout-à-fait de votre avis,
mesdames
.. il y avaitau- trefoisbeaucoup
plusdemœ.ns
qu'aujourd'hui. (/Y passeaitmilieud'elles.) Çanefaitpusde ma] dedirecela tout hautde- vantcesjeunes gens...mais il estde vieux péchés
dont nous pouvons
bienconvenirimlre nous.MADEMOISELLE PRUDBOMME.
Bon, un
cancansurles \ieilks.les trois vieilles, embarrassées*
£h!
quoi...monseigneur
!..,.LEMARQUIS.
Monseigneur,
clans sajeunesse, étaitun
espiègle.... qu'on trouvaitsouvent près de soi,quanti on Je croyaitLien loin.., qui abonne mémoire,
etqui pourrait raconter deschoses...mais
ii n'apprendrait rien de neufàmadame
Potard, en lui parlant de ce gro^ garçon deferme,
si gai, fi rejoui, quili faisait tint r're, mais qui ne faisait pas rite
monsieur
Potird. ... hmadame
Péchin, de sonpremier
enfuit qui él it .si «çmlil, et qt*i ressemblai!tnt
aumeunier
Giblon.(Lns tro's
femmes
s? taisent etbaissantlosynx.
T.emn
rqiiisl*s considère
un
instant d'un air malin , et faitun
signe d'intelligence àRenaud
et àMaris.)Quant
àMadame Bor-
dier....
MADEMOISELLE
PRUPHOMME.
Allons,elleaura aussi son paquet.
LE MARQUIS.
Je parierais bien qu'elle n'a pas oublie'Je petitboisà l'en- tre'eduvilligê...*oùuSicertainj»ur,
quand
elle n'étaitencoreque
la fraîche etgentilleJulieLVlénard...ilyabienlong-tempsde
çaîmère
bordier, troublée.Monseigneur
!jen'ai pas idée!. .LE MARQUIS.
Allons donc... a telle enseigne....
que
troismois
après, leprix devertuvous futdécerné., etp.-rbleu
Lcefutmoi même
qui vous couronnai rosière... et s'il fallait
donner
des dé-tails....
mère
bordier, l'interrompant.En
vérité, irouseigne <r aune manière
ded'mander
les choses, et puisqueRenaud
etm
i fille s'aiment...LEMARQUIS.
Vous
ne voyez pas d'obstacle à leurmariage?
(Aux
autres femm?s.) Ni vous?... ni vous':*... ni vous?...RENAUD
etMARIE.Quel
bonheur!
MADEMOISELLE PRUDIIOMME.
Tout
cela est bel el Ion.... iliaisim
i, irôrscigneur! n:on écolediminue
touslesjoursd'unemanière
dérisoire,etsivous nefai espasfermercelledeM.
Bibard,lahiérarchie sera hsoncomble.
LEMARQUIS.
Ah
! c'e^tun moyen
bien violent.M.
Bibard estune
tête cl aude.... Tenez, f sitesune
chose.... vous possédez toutes les qualités physiques et morales quipeuvent
fairelebonheur
d'un galant
homme!
MADEMOISELLEPRUDIIOMME.
Monseigneur
esttrop captieux! LEMARQUIS.Si, si,... vous êtes fort bien....
vous
avezune
instruction(«)
solide...variée...de son côté,
M.
Bibard estencoretrès-vert...jesaisqu'au fond, ila toujours
eu du
goûtpour
vous...Eh
!ma
foi... si j'étais à voire place....j'accepteraissa main.... je réuniraislesdeux
écoles. .MADEMOISELLE
PRUDHOMME.
Mais
lesopinions erronées desesécoliers.LE MARQUIS.
Ali! c'estjuste... lafaçonde penser d'unevingtaine degail- lardsdesept h huitan>...c'estàconsidérer...
mais comme
vos écolières avous, pensent hien.MADEMOISELLE PRLDIIOMME.
Très-bien, monseigneur!
LEMARQUIS.
Le beau
sexe exercentsoninfluence, ellesconvertirontpeu
àpeu
nos petits indépendant!., leurs jeuxlesrapprocheront,
et àlutroisième partie
du
colin-maillard, ils ne seront plus reconnaissables.MÈRE
BORDIER.Queu
saintJeanbouche
d'or...que
cethomme-la
îcomme
il paile!...
MADEMOISELLE
PRUDHOMME.
Vous me
persuadez,monseigneur,
ettiM.
Bibard veutfaire quelquesdé.uarclies honnêtes etanalogues...LE MARQUIS.
Bien
entendu...que
c'est toujourspour ramener
lebon
temps.MÈRE
BORDIER.Et
moi
,pour prouver
amonseigneur que
je nesuis pasune
chicaneuse , jem'en
vasde ce pascheux mon homm*
de
loi lui dire d'arrêter: les poursuites.Renaud
et Marie,
>'nez avec moi...
nous
profiteronsdeça...pour
dresser votre contrat...LE MARQUIS.
C'estça; j'y signerai au conrat.
mère
bordier, à s?s voisinas.Et
vous,mesdames
,allez vous mettre alatêtedu
cortège.*.Dans
peu...j'irai \ous r'joindre...LE MARQUIS.
Air : Pêchews,laviatinèe estbelle.
Je comptesur voire promesse,
C'estdans l'intérêtdu bon temps:
Employez !aruseet l'adresse Tour ramenerles mécontens.
Plusdeprocès ni de querelles, Unissez-vous;
El malgrélesvœux des rebelles, Elleurcourroux,
Levraibontempsva revenirpournous.
TOUTES.
Plus deprocès, ni de querelles.
Etc., etc. {£llc**o )>****.>