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Recherches géologiques faites dans les environs de Chamounix en Savoie

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Recherches géologiques faites dans les environs de Chamounix en Savoie

FAVRE, Alphonse

FAVRE, Alphonse. Recherches géologiques faites dans les environs de Chamounix en Savoie.

Bibliothèque Universelle de Genève , 1848

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:108636

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)

RECIIFAtCHES GÉOLOGIQUES

_

FAITES DANS

LES ENVIRONS DE CHA~IOUNIX

EN Sll. 'VOIE ,

PAR

ALPHONSE FAVRE,

Pz.ofesseur de Géologie à J'Académie j)e Genève •

.

TIJ\É DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE DE GENÈVE.

(Avril 1848.)

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RECHERCHES GÊOLOGIQUES

FAITES DANS LES

ENVIRONS DE VHAMOUNIX, EN SAVOIE.

(Mérnoil·e lu à la Sociéle. de Physique el d'Histoir·tJ naturelle de Genève • dans sa séance du 16 macs 1848.)

Le Col de Balme est placé dans une excellente position pour servit· de quartier général à un géolo8'm>:, et les ter- rains des environs méritent d' étre examinés. Près du Col se trouve la cime nommée la Croix-de-Fer (2373 mètres

~u-dessus de la mer), d'où l'on jouit de l'une des plus belles vues des Alpes. On decouvr·e de là cette grande chaine de montagnes qui de la Dent du Midi, près de Saint-Maurice, s'étend jusqu'aux Fiz. Elle est riche en cimes élevées , et plus riche encore en noms, car les paysans et les chasseurs donnent toujours au moins deux noms à chaque cime , suivant le côté dont ils la voient.

Le Col de Balme est placé à 2222 mètres au-dessus de la mer, d'après une moyenne de douze de mes observa- tions barométriques. Il est exactement situé sur la limite des schistes cristallins et de la formation jurassique, la jonction de ces deux terrains est donc facile à examiner.

Pour détet·miner la limite exacte de la protogine et des schistes cristallins, il m'a fallu faire une très-longue course du côté du glacier du Trient. Comme j'allais la

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cl1ercher, n'apnt aucune autre indication que la direc- tion des eoucltes, je me suis un peu égaré dans ma route, et ce n'est qu'après avoir traversé cinq glaci!-!t'S que j'y suis arrivé. Mais j'.ai été récompensé Je mes peines, en tt·ouvant près de 1:~ ligne de cont:~ct cinq bancs ou filons de granite, dont le plus grand a

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ou 6 mètres d'épais- seur. Ils sont encaissés dans le schiste cristallin , ai mi qu'un filon de pierre ollaire, tout à fait amlogue à celui que l'on exploite au Montamert de Chamounix. Ce der- nier est aussi placé près de la jonction des schistes m·istal- lins ct des protogines. De Saussure a déct·it (Voyages,

§

661) cinq bancs de granite situés près des chalets de Blaitière, non loin de la limite des schi$tes cr·istallins ct des protog·ines. Or il y a environ quinze kilomètres entre Blaitière et la localité où j'ai découvert l(~S filons de Gra- nite près du glacier de Trient. En sorte que l'on peut conclure que la pierre ollaire et les filons de granite so11t places comme des bandes parallèles à la ligne de con-

tact des schistes cristallins et de la protogine, et q11e sw·

toute cette ligne les mêmes phénomènes se presentelll avec la même appare11ce, mt moins sw· le 1·evers nonl- ouesl de la chaîne du Mont-Blanc. Je puis affirmer aussi qu'il existe sur ce même versant plusieurs bandes paral- lèles de serpentine ou pierTe ollaire, et j'ai d'autres preuves du pat·allélisme avec lequel ces roches sont dissé- minées dans les schistes cristallins. Je les réserve pour un travail où je les exposerai avec plus de détails que je ne puis le faire ici.

Ces preuves sont le résultat d'une course au pied de l'Ai- guille du Midi, en face des G1·ands-Mulets, que le mau- vais temps m'a forcé de faire deux fois, et dans laquelle je suis monté à la hau~cur de .2757 mètres. C'est':"[t-dit·e

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envit·on 100 m~t1·es au-dessus du point que de Saussure atteignit avec beaucoup de peine (§ 660).

Je me sers du mot schiste cristallin préférablement à tout autre, parce que jusqu'à présent je n'ai pu m'assurer d'une manière parfaitement exacte, si les roches' sont des gneiss ou des roches talqueuses. L'élément en feuillets parait souv-ent plus dur que le talc, et moins élastique qlle le mica. Il semble être intermédiait·e entre ces deux minéraux .. Je crois qu'il y a souvent du véritable talc as-·

socié au feldspath, et que même celte roche joue dans la chaine protogineuse du Mont-Blanc, un rÔle aussi impor- tant que celui que le gneiss remplit dans les chaines gra- nitiques. Cette roche feuilletée, qui est essentiellement composée de feldspath et de talc ou de chlorite, a été nommée stéaschiste feldspathique par Mr. Omalius d'Hal- loy', mais elle est assez répandue d::ms les Alpes Pennines pour qu'on doive lui donner un nom .spécial,· ct le nom de Dolùi11e, créé p<~t' Mt·. Jut·iue ~, parait être le seul qui puisse être adopté pour la désirrner.

Près du glacier de Trient j'ai tt·ouvé de grandes ai- guilles entièrement formées d'Eclogite.

Pendant mon séjour au Col de Balme, j'ai beaucoup examiné la formation connue sous le nom de Poudingue de Pàlorsi11e, surtout dans la localité nommée les Cé- hlancs, rendue classique par les observations de Saussure (Voyages, chap. XX). Ces poudingues, dans lesquels on n: a jamais trouvé ni vrai granite, ni calcai•·e, constituent avec des gr·ès et des schistes argileux, la formation an- th•·acifère des Alpes. Par ce nom je ne prétends pas dé- cider son âge' il est encore problématique' ni assimile~:·

' Des roches considérées minéralogiqnerncn!, ·JB41, p. 70,

2 Journal des Mines, 1806, l. XIX, p. 374.

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cette formation au terrain anthracifl!re de la Belgique ou des A1·dennes. Je veux simplement indiquer qu'elle con- tient les anthracites des Alpes qui sont, comme on le sait,_

associées, d'après Mr .. Brongniart, aux plantes du terrain houiller t. Ici ce terrain est inférieur au calcaire à bélem- nites, et ces deux terrains présentent un paùage geolo- gique de l'un à l'autre, c'est-à-dire qu'il existe près de la ligne de contact une suite d'alternances des roches des deux formations.

J'ai eu l'occasion de répéter dans ce singulier ter- rain les observations que MM. Escher et Studer 2 ont faites sur les cailloux du Nagelflue, c'est-à-dire, j'ai vu. que quelques-uns des cailloux roulés qui en font par-

tie~ avaient fait impression les uns sur les autres, ou en d'autres termes, que la partie convexe d'un caillou était embo1tée dans une partie concave d'un autre cail- lou. Ce fait~ quelque exlraordi~aire qu'il soit, est ce- pendant moins surprenant dans le poudingue de Valor- sine que dans le Nagelflue, car ce poudingue parait avoir été en partie refondu depuis sa formation; comme preuve an peut indiquer des cailloux qui sont intimement sou- dés sur une partie de leur pourtour, au ciment qui les enveloppe, et le passage insensible qui existe entre eu x et ee ciment. Si on admet cette espèce de demi·-fusion, on expliquera bie,n ce singulier phénomène des cailloux impressionnés , car on comprend que les cailloux roulés formés de matières fusibles aient pu recevoir l'empreinte de substances moins fusibles.

1 Annales des Sc. nntur., t. XIV, p.12'T.

~ Acles de la Soc. helvétiq. des sa. nat., 1837, p. 28; 1839, p. 47.

-Annal. des Sc. géologiqueci, 1. l, p. 228.- Comptes rendue de l'Acad. des Sc. de P:u·is,21 févric1· 1848, p. 251.

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Près des Céblancs se trouvent les rochers de St. -Jean, dans lesquels il existe une fissut·e où par l'effet d'un cou- rant d'air très-vif, il se forme de la glace, même en été.

Au reste, je n'ai point pu examiner cette glacière natu- relle par une température un peu chaude, le froid et le mauvais temps m'~nt poursuivi pendant mes excursions.

Après avoir pat'couru pendant quelques jours la vallée

<!e Chamounix, j'ai été très-frappé, comme MM. de Saus- sure, Forbes et Necker, de la singulière position que pt'ésenlent les masses de calcaire qui se montrent çà et là sur les flancs et dans le fond de cette vallée. Pour l;lien la comprendre il fautjeter les yeux sur le dessin qui ac- compagne cette notice, et sut' une carte. On voit que la chaine du Brévent ct des Aiguilles Rouges est à peu près parallèle à celle du Mont-Blanc. Ces deux grands massifs .de roches cristallines sont séparés par la vallée de Cha- mounix, dans laquelle se trouve des calcaires stt·atifiés.

C'est une position fort remarquahle pour des calcaires d'être ainsi enfermés entre deux masses de roches cris- tallines aussi pltissanf.es et aussi rapprochées, d'autant plus que les couches de ces calcaires sont à peu près verti- cales à la base des Aiguilles Rouges, et plongent avec une forte inclinaison sous la chaîne du Mont-Blanc. Elles con- stituent ainsi la structure que l'on a nommé en éventail, qui n'est pas sans importance dans la géologie des Alpes.

Ces calcaires ont été rapportés au terrain du lias, moi- même celle année j'ai, trouvé des bélemnites dans trois localités différentes: au mont de Lacha près des Ouches;

près de la côte du Piget au pied du glacier des Bois, et près des chalets de Balme. Il est fâcheux que le mauvais état de conservation de ces fossiles ne permette pas une détermination spécifique.

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Jusqu'à présent on n'avait pu distinguer la partie su- périeure de la partie inférieure de ces calcaires, et il en résultait beaucoup de confusion dans l'esprit des géolo- gues sur la structure de' cette partie des Alpes, et plusieurs d'entre eux, heureux de s'appuyer de l'autorité de Saus- sure, disaient avec lui <<qu'on pourrait presque assurer

«qu'il n'y a dans les Alpes rien de constant que leur va-

« ri~té. » (Voyages,

§

2301.)

Or depuis plusieurs années que je pm·cours ces mon- tagnes, je suis toujours plus convaincu que l'on pourra bientôt affirmer qu'il y a une grande régularité dans la structure de cette partie des Alpes ; que les énorn.!es sou- lèvements auxquels elle a été soumise n'ont rien d'ex- eeptionnels, si ce n'est peut-étre leur rrrandeur, et qu'on pourra les comparer pour leur régularité avec cetlX du Jura, dont Mr. Thurmann a si nettement décrit les for- l'nes. Il doit en étre ainsi, car la volcanicité a agi de la méme manière dans tous les temps , el sur toute la sur- face du globe.

C'est avec cette idée que je me suis attaché à l'étude des environs de Chamounix, et quoique je ne sois point arrivé encore à un résultat définitif et complet'

r

espère

pouvoir, en signalant de nouvelles observations, mettre sur la voie d'une explication de cette structure, qui était regardée comme étant anormale.

J'ai d'abord cherché à découvrir où se tt·ouvait l'a portion supérieure et la portion inférieure des terrains.

de sédiment, qui avec les terrains de transport con- ilÏtuent le sol de la vallée de Chamounix. J'ai com- mencé par examiner la jonction des calcaires à bélem- nites avec les schistes cristallins, à la base de la chaîne du Mont-Blanc, et je l'ai f<lj~ depuis la Forclaz de Mat'-

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tigny, jusqu'au mont de Lacha· près des Ouches. Ce(te

jonction se voit dans un tt·ès-grand nombre de loca..;

lités, entre autre sur la rive droite du glacier des Bois, sur le chemin qui conduit au Clwpeau, au lieu dit le Bouc/tet, Dans cette localité, dont les couches sont à peu près Je prolongement de celles de la côte du Piget t, la structure en éventail est frappante, les couches sont inclinées, comme l'indique Mr. Forbes ", d'environ 30°

au md-est ; les schistes cristallins paraissent plonger sous les roches de cristallisation, et reposer sm· les calcaires dont les couches présentent la même inclinaison. A la li- mite des schistes cristallins et du calcaire , on trouve le calcaire celluleux magnésien, nommé Cargneule, et entre la Cargneule et le schiste cristaUin se trouve une couche, peu épaisse, d'une sorte de kaolin blanc ou vet·ùâtre.

Cet an·angement se voit sur toute la ligne de contact. Je l'ai retrouvé au ton·eut Je la Gria, au Col de Balme, etc., etc.

Comme dans l'ordre rérrulier des terrains, la formation anthracifère est placée au-dessous du terrain jurassique, et que sur ce versant de la chaîne du Mont-Blanc on ne voit nulle par·t celle formation entre les schistes cristal- lins et le calcaire ; j'ai pensé que ce n'est pas la portion inféi'Ïeure du terrain jurassique qui se trouve en contact avec les schistes cristallins. Cette absence du terrain an- thracifère semble exclure la possibilité d'explique•· la structure en éventail par un renversement des couches résultant de la puissance et de la nature du soulèvement des roches de cristallisation. Je sais cependant qu'il n'en est pas ainsi sur tout le pourtour de la chaine du Mont-Blanc.

t Ue Saussurc.,Voyages, § 709.

2 Trave!s, p. 63 et 66.

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Dans le val Ferret, par exemple, les calcaires jurassiques s'appuient sur les schistes cristallins et sur l~s roches mas- sives. Ils paraissent étre dans une position normale, et la structure en éventail n'existe pas. Aussi cette croyance à la superposition des schistes cristallins sur la partie su- périeure des terrains jurassiques, avait-elle besoin d' étre confirmée. Dans ce but j'ai examiné la ligne de jonction Ju tel'l'ain jurassique et de la chaîne du Brévent, dans tme localité fréquemment visitée, nommée les Rafords, en face du hameau des Pras. Déjà du temps de Saussure (Voyages,

§

710), comme aujourd'hui on y exploitait du calcaire. Cette roche forme une masse à peine strati- fiée, qui s'appuie sm· la base des Aiguilles Rouges, au- dessous de la Croix de Flégère. En montant au-dessus de la carrière, pour examiner la ligne de jonction des ter- rains, j'ai trouvé des couches de véritables ardoises, pla- cées entre le calcaire et les roches de cristallisation. J'ai reconnu ces ardoises comme appartenant au terrain an- thracifère. Elles sont le prolongement de celles qui se trouvent à la hase des Aiguilles Rouges, au-dessus d'Ar- gentière, et de celles qui accompagnent les mines d'an- thracite de Coupeau.

En traçant comme je l'ai fait la carte géologique de cette contrée, on voit que depuis les environs du col de

"Balme jusqu'au village des Ouches, c'est-à-dire dans toute

la longueur de la vallée de Chamounix, il existe à la hase méridionale de la chaine des Aiguilles Rouges, une bande de terrain anthracifère, qui s'appuie sur cette chatne, et qui a subi de fortes dénudations. Dans plusieurs localités ces roches contiennent une grande quantité d'empreinte.,;

de plantes qui sont probablement identiques aux plantes du terrain houiller, comme celles de la Tarentaise. Les

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ardoises des Rafords sont en couches presque verticales , elles sont recouvertes par le calcaire jurassique. La roche qui leur est immédiatement inférieure est un schiste cristallin qui contient quelques cailloux, et qui proba- blement doit étre rapporté au poudingue de Valorsine.

Il y a souvent une grande difficulté à distinguer cer- taines parties du poudingue de Valorsine, qui ne con- tiennent pas de cailloux roulés des vrai,; schistes cristal- lins. J'en ai vu un .exemple frappant au-dessus de l'ardoi- sière de Valorsine, qui est recouverte par une roche identique à un vrai schiste cristallin , et qui cependant est comprise dans la formation du poudingue de Va- lorsine.

Cette roche problématique des Rafords passe insensi- blement à la roche qui constitue la plus grande partie des Aiguilles Rouges, et qui est une espèce de gneiss dont la couleur a donné son nom à celle chaine.

C'est l'intime liaison des schistes cristaltins avec les ro- ches anthracifèrcs, et l'aspect souvent cristallin de ces dernières qui a conduit Mr. Gt·as à rapporter à la période cal'bonifère la plus grande parti~ des roches de cristalli- sation des Alpes du Dauphiné 1Plus d'une fois je me- suis demandé, si les grandes masses de schistes cristallins, placées entre les protogines de la chaine centrale du Mont-Blanc, et les calcaires qui sont à la hase de son ''ersant septentrional ne pourraient pas étre du terrain anthracifère, mais rien dans les nombreuses localités où je les ai examinées ne me porte à résoudre cette question d'une manière affirmative.

1 Sur l'âge géologique des conches anthrncifères du déparle·

ment de l'isère. Annales des Mines, 1839, t. XVI, p. 409.

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Il me semble donc que c'est la chaîne des Aiffuilles Rouges qui a déterminé le redressement des roches sédi- mentaires placées dans la vallée de Chamounix.

Cette opinion me paraissait d'abord assez extt·aordinait·e, car c'était annuler jusqu'à un certain point l'importance géognostique de l'énorme chaine protogineuse du Mont- mane. Je savais pourtant que de l'autre côté de la chaine

du Brévent, dans la sauvage vallée de la Dioza, toutes les couches sont redressées au sud-est, c'est-à-dire qu'elles s'appuient sur la chaine des Aiguilles Rouges et du BrévenL

La chaine de Fiz, rendue célèbre par la description qui en a été donnée par Mr. Brongnim·t ",forme une par- tie de la créte supérieure de cette lèvm de soulèvement.

Quoique cette inclinaison ait été jusqu'à présent attribuée à l'influence de la chaine centrale des Alpes, je la con- sidérais cependant comme venant à l'appui de ma ma- nière de voir. Mais il me fallait trouvet· d'autres preuves de l'importance géologique de la chaîne des Aiguilles Rou3·es, et je résolus d'aller les chercher sm· les deux vm·sants de cette chaine, en la parcourant depuis Servoz jusqu'au Salantin, pr:ès de Saint-Maurice en Valais.

Malgré le mauvais temps j'ai été assez heureux pour réussir dans cette expédition. J'ai parcouru des endroits si sauvages et si peu explorés, que quoiqu'ils ne soient pas éloignés de Chamounix, je n'ai pu trouver parmi les. ex- cellents guides de ce village, personne qui les connüt.

Mais je n'indiquerai que les observations que j'ai faites dans mes courses aux Aiguilles Rouges proprement dites, et je négligerai pour le moment celles qui regardent les autres pot·tions de cette chaine.

1 Description des environs de Paris.

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J'avais peu d'espoir, en parcourant ces montagnes, de faire des observations qui eussent de l'intérét. En effet, elles ont été décrites par le docteur Berger 1, et son mémoire ne présentant aucun résultat curieux, elles ont été abandonnées des naturalistes. Mais J'observation la plus importante de cette chaîne a échapp.é à Mt·. Berger, et mes courses n'ont point été faites en vain.

Je choisis de préfét·ence, pour monter aux Aiguilles Rouges, le jom· où Mr. Smith faisait une ascension au Mont-Blanc. Le 11 aoùt (1847), lorsqu'il partit de Cha-

mounix pour aller cou~her aux Grands-Mulets, je fus coucher à la Croix de Fié gère (187 8 mètres, moyenne de quall·e de mes obse!'Yations barométriques), et le len- demain, pendan.t qu'il montait au Mont-Blanc, je montai à l'aiguille nommée Glière (2855 mètres, observation barométrique), que l'on nomme aussi Floria. Ûl' la vé- ritable Floria est à peu près inaccessible, et les guides, par une petite supercherie dont on est souvent la dupe, tnmsportent le nom de l'une des aiguilles à l'autre. Il en résulte que les voyageurs sont flattés d'avoit· été facile- IUent sm· une montagne inaccessible.

J'arrivai sur le sommet de Glière quelques heures avant que Mr. Smith eût atteint le sommet du Mont- Blanc. J'examinai avec un grand intérét la marche de sa petite troupe, qui sans aucun doute était, dans ce mo- ment, la plus élevée de J'ancien monde, et qui semblait vouloir se pet·dre dans ces déserts de neiges éternelles.

J'ai vu avec une lunette les détails de cette ascension, l'arrivée à la cime et la descente. Le temps était remar- quablement calme et chaud, ce qui favorisa l' entt·eprise de Mr. Smith et la mienne.

1 Joum. de Phys., de Cllimie ct d'Hist. nalurelle.

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l>e l'aig!Jille sur laqtlelleje me trouvais j'àvaitl une vue admirahle' non-seulement sur la chaine centrale' mai8 aussi sur la chaine des Fiz, du Buet, etc.·, dont les hautès cimes encadraient de charmants points de vue lltir le,s montagnes plus éloignées et plus basses ·de la Savoie.

Je considérai longtemps avec un plaisir infini ces belles scènes, lorsque tout à coup je vis dàns l'une des Aiguilles Rouges une structuré qui me ramena subitement à un autre ordre d'idées non moins grand et non moins·r.elevé que la rêverie où m'avait plongé la contemplation du grand spectacle que j'avais sou~ les yeux.

On voyait au nord-est, sur le sommet de la plus élevée des Aiguilles Rouges, quelques couches à peu près horizon·

tales contra·stant singulièrement avec les couches verti- cales qui forment toute cette chaine. La singularité de cette couche horizontale à une si grande hauteur, me fit à l'instant comprendre l'importance de cette observation.

Mon guide, Joseph Coultet, connaissait très·bien tous les gisements des roches et des minéraux des environs de Chamounix. Je lui demandai s'il savait que J'on eüt j~mais trouvé des ardoises ou des calcaires duns cette localité;

Il m'assura qu'il n'y en avait point, que jàmais personne n'en avait vu, et que c'était 'inutile d'aller en chercher.

L'intérét que j'attachais à cette observation augmentàit à chaque instant. Je c'hans·eai immédiatement mon itiné- raire, et je me décidai, après avoir visité les environs du lac Cornu (23 04 mètres, observ. barom.), à a!ler cou.;.

cher de nouveau à la Croix de Flégère. En passant j'eus l'occasion de voir différentes choses curieuses, entre au- tres le Làc Noir. Ce lac, qui a quelques centaines de pas de longueur, est placé au centre d'un immense espàce ébleuissant de nei6'e· Celle-ei pénètre dans le lac ; toute

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1~

la partie de l'eau qui est au-dessus de la neige, est du.

bleu de ciel le plus pur ; dans le centre du lac qui est dépourvu de neige et qui est mis , pour ainsi dire, à l'ombre par celle des bords, l'eau est d'un beau noir.

Les grandes lames de neige qui se maintiennent entre deux eaux, sont perforées d'une multitude de trous de formes variées (produits par les courants établis par l'ac-

tion du soleil), qui présentent une sorte d'architecture gothique des plus bizarres. J'examinai aussi Je gisement des éclogites; des serpentines et des traces remarquables du phénomène erratique.

I.e.

13

aoüt nous nous mt mes en route, Couttet ct moi, pour tenter l'ascension de l'Aiguille Rouge , nous 8avions que ce n'était pas chose facile. On passe d'abord auprès du Lac Blanc, remarquable par les traces que d'an- ciens glaciers y ont laissés, et par les roches moutonnées qui l'entourent. En nous rapprochant de l'Aiguille Rouge, nous arrivons sur un slacier qui n'est visité que par quelques p:itrcs ct quelques chasseurs. L'aiguille·que nou~

voulons atteindre se trouve placée au haut et au miliéu du glacier. Après l'avoir hien examinée, nous pensons arriver au sommet en suivant l'arète du sud. Nous par- courons le glaciet' dans sa longueur malgré ses crevasses, nous arrivons sur l'an~te, mais là nous rencontrons des difficultés insurmontables. Il nous faut redescendre une partie du glacier sur des pentes rapides et crev:~ssées,

pou•· atteindre l'an~le qui, du côté du nord, lie cette

~iguille aux aut1·es Aiguilles Rouges.

Tout en marchant avec précaution sur ce glacier cou- vert de neige, le long de la hase de l'aiguille, nous trou- vons quelques fr::~gments de roches qui en sont tombés.

{.'import::~nce quej'attach::~is ~l'observation que je pour-

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suivais, fit plus que doubler à cet instant. J'étais certain de trouver des roches inté1·essantes sur le sommet de cette aiguille si je pouvais l'atteindre. En effet, ces dé- bris étaient des ardoises et des calcaires. Après cette dé- couverte, Couttet qui n'avait jamais cru à la possibilité de trouver ces roches à la cime des Aiguilles Rouges , devint aussi désireux que moi d'atteindre le sommet.

Quoique depuis l'aréte, en forme de col, sm· laquelle nous sommes (2802 mètres, observ. barom.), l'ascens~on

nous paraisse difficile , nous ne désespérons point de la faire. Nous déposons nos provisions près d'un beau filon de quartz et de tourmaline, pour ne prendre avec nous qu'un marteau et mon baromètre. Après avoir grimpé très-haut sur des roches en partie éboulées le long de terribles précipices, nous arrivons à une aréte de neige et de glace trop fortement inclinée, et bordée de p•·éci- pices trop épouvantables pour qu'il soit possible d'y pas- ser. Nous restons long·temps à combiner s'il y a une ma- nière quelconque de tailler des escaliers dans la neige , mais tout est inutile. Ce n'est que lorsque Couttet me déclare que jamais, ni dans les ascensions au Mont-Blanc, ni dans la chasse aux chamois, on ne se hasarde à faire de pareils passages, que je consens à descendre à Cha- mounix, fort désappointé de n'avoir pu vérifier ce gise- ment d'ardoise, mais satisfait d'avoir fait tout ce qui était raisonnablement possible pour l'atteindre.

Couttet me conseilla de ne point renoncer à mon ob- servation, et de tenter une nouvelle ascension par l'aréte qui, de cette montagne, descend au col de Bérard, du côté du Buet i, Je me déterminai à suivre ce conseil,

t Ce col est placé sur une ligne tirée des Aiguilles Roug·es au Bilet, f't non pns 1111 norcl de cf.tle monln~ne, comme l'indi<Jnent plusieurs c!lrles.

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17

tout en me· réservant, si ·j'échouais de nouveau, de re- commencer l'ascension avec des guides plus nombreux, munis de haches, de Cl'ampons et dè cordes.

Je fus, pendant deux jours, distrait de mon projet par d'autres observations, mais le

16

aoüt j'allai de Cha- mounix coucher à Valorsine,. et le lendemain je montai au Buet. Cette course fut d'autant plus fatigante que le mauvais temps ne me permit point de me délasser au sommet en jouiss:mt de la vue.

En montant de la pierre à Béra1·d au sommet du Buet, on trouve les terrains suivants :

1 . Pr·otogine rose et schistes cristallins.

2. Grès quartzeux verdâtre à grains roses.

3.

Grès quartzeux jaunâtre.

4. Schiste argiloferrugineux rouge et vert.

5. Cargneule avec baryte sulfatée et calcaire rougeâtre.

6.

Ardoise et schiste calcaire à bélemnites, ayant une {p·ande épaissem·.

J'ai obsené que le te1Tain anthracifère, qui est repré- senté ici par les couches 11°5 2, il ct 4, ainsi que le ter·- rain jurassique n° 6, •·eposent à stratification discordante sur les schistes cristallins qui font la base du Buet. Non- seulement j'ai observé comme de Saussure (Voyagès,

§ 555

et

556) '

que les roches des ten·ains secondaires reposent sur les tranches des schistes cristallins, mais en- core j'ai vu que les schistes cristallins étaient dirigés au Nord ou N. 100 0., et que les roches calcaires et les :ll'-

doi~es étaient dirigées au N. 20° ou 25° E. Cependant quant à ces deux di•·ections, je ne les indique qu'avec doute, depuis que j'ai relu les paragraphes des Voyages dans les Alpes indiqués ci-dessus, et dans lesquels de

2

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Saussure dit que les schistes cristallins et les roches SC-'-

condaires présentent la m'ême direction. C'est donc une. observation 4ui mérite d'être vé1·ifiéc.

Si ce l'ait de la discordance de ces deux terrains est exacte, il est riouveau et important pour la géologie de la Savoie, cependant ïl a déjà été observé dans le Dau- phiné'·, et Mr. de Charpentier l'a aussi constaté en Valais, sur la rive dt·oite du Rhône 2 Cette observation est par- ticulièrement importante pour l'histoirè du terrain an- tbrhclfère. Elle prouve qu'il est indépendant des schistes cristallins. On sait aussi qu'il ·est séparé du terrain juras- sique par cc même caractère de discordance ', qui est le plus g1·and que la géognosie puisse fournir.

Je redescendis du Buet par le col de Salenton (2532 mètres, observ. barom), où les terrains présentent avec une grande netteté la mé!'ne section que celle qùe j'ai indiquée 'au Buet, excepté qu'ici on peut observer dans le terrain antbracifère une couche d'ai'Cloise peu épaisse, placée entre les gr~s et le schiste argilo~ferrugineux rouge .et vert. Cette couche est probablement celle qui, près de

·Moïde; contient une si ffrande quantité d'empreintes vé- 1gétales.

En suivant, corrimèje l'ai fait plus tard, le versant'occi- dental dù prolongement de la chaine des·AiguillesRoùges, formé par le Mont Loguia, le·Gros.;Perron et le'Bei-Oi!fèau, .etc., on trouve une suite de co.ls ,placés comme .;elui de

1Mon mémoit·e ayant 'pout· til re: Re111arques sur les Anlhraciles des Alpes, p. 17. Mém. de la Soc. de Phys. et d'His!. naturelle de

-Genèvr, t. lX, p. 425. '

2 Cl•m·pentièr. Mém'oire s;ut• lu milltre et le gisetnent du gypse -de Bex. Annales des Mines, 181'9.

3 Obse•·vations sut· l11 position relative des tet•i·ains des Al- :pes, etc. Archives, 1847,'1. VI, p.121. i-

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19

Sal~nton , entre la chaîne cristalline ct la grande cb~ine secondaire. Ce sont ,Je col des Vieux Emoussons, le col de 13at·berine, le .col d'Emmaney et le col do. Sa lantin. Tous.

sont exactement

a

la li[nite des de\n:: ordres de ,terrain&, et présentent des sections à peü près identiques.

Je passai une nu_it très-pénible dans les affr:eux. chalets.

de Villy (1879 mètres,,observ. barom.), et le lendemain Couttet et-moi nous nous dirigeons du côté de la cime de la plus haute des Aiguilles Rouges , qui déjà deux fois avait résisté à. nos efforts; Nous anivons ,bientôt au .. coL de Bérard, passage élevé de 2463 mètres (obs. barom.), ct qui n'est pas sans danger, par le fait d'un glacier re- couvert de neige qu'il fant traverser. Du sommet du cdl nous suivons l'arl1te placée ·nu sud. SUt' cette :ll'éte la- marche ~st très-difficile. Il faut, en effet, cheminer sm·.

de gros ft·agments de roches qui s'éboulent facileme!lt.

Cependant nous montions avec une sorte d'enthousiasme.

Coottet partageait tout mon entrain. Bientôt nous arri- von.~ sur une première aig-uille placée w1· l':n·ëte que nous.:

suivons. Elle est formée de schiste cristallin, et, contient;

un banc de caleaire saccat·orde. De là· on .voit la p:1rtie supériew·e de l'Aiguille Rouge, et les couches d'ardoise . et de calcaire placées ~u sommet. Nous· ne voyons aucune diffipulté qui nous empéche de les atteindt·e, et nott·e

j.oi~ est 3rande .. Il nous faut descendre de celte aiguille, passen.auprès d'lm petit lac en~ouré de neige et de •·o- chers. Ce lac n'a certainement pas toutes les années la visite d'un homme. Enfin nous arrivons sur la dernière pente de la cime de la grande aiguille, nous mat·chons sur les ardoises et sut· les calcaires J'avais clone t;:~ison . (l'allacher de l'impm·tance à ces couches horizontales que._ (•vais vues ·avec rna lunette du sommet de Glière ..

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La pt·emière chose à fairè est de reconnailre la loca- lité, de prendre un aperçu de tou les les roches; pour cela il nous faut arriver jusqu'au sommet. II y a déux chemins, l'un suit le flanc de l'aiguille jusqu'au revers méridional, de là il parait que nous. pourrons monter ...

Mais pour y arriver il faut marcher sur une corniche a1'ant tm pied de largeur, bordée d'un côté par un pré- cipice immense, et de l'autre par un rocher qui sur- plombe, et qui peut-étre interdira complétement le pas- sage.· Nous tentons un autre chemin; il est tout aussi impraticable, il aboutit à une espèce de pon.t, large d'un ou deux pieds, terminé par un rocher de six ou huit pieds d'élévation, qui par sa forme serait difficile à gravir, lors méme qu'il serait abordable autrement que par l'étroit passage qui 1' aboutit. Je suis donc forcé, à m~n grand regret, de renoncer à atteindre la cime la plus élevée de celte chaine .. Cependant j'estimais que j'étais à 16 mètres du sommet, c'est-à-dire à peu près à la hauteur de la cime des autr,es Aiguilles Rouges. J'ai l;~ certitude que dans l'estimation de ces 16 mètres~ il ne peut pas y avoir une erreur considérable, car. Couttet et moi nous l'avons faite séparément, en sorte que ce nombre, ajouté à la hauteur barométrique que j'ai prise, donne la hau- teur de l'aiguille , sans qu'il y ait d'autre cause d' errem·

que celle provenant du baromètre. Cette hauteur totale, eu l'élévation du sommet de la plus h~ute des Aiguilles Rouges au-dessus du niveau de la mer, est de 2944 m.

L'examen géologique de ces derniet·s 16 mètres ne pouvait rien m'·apprendt·c, les rochers étant entièrement formés du même calcaire sur. lequel je marchais, ct quo je pouvais examiner à mon aise.

Voici le l'ésumé des obset·vations que j'ai faites dan~

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21

. ce gisement extraordinaire, et qui n'avaitjamais été exa- miné par aucun des nombreux naturalistes qui ont visité cette con trée.

1. La partie la plus élevée est formée par les schistes calcaires variés. Ils sont noirâtres·, contenant alors des bancs de calcaire ferrugineux , et une espèce de silex corné. D'autres sont jaunâtres et .imprégnés d'une ma- tiè,:e talqueuse, ou plus ou moins argileux et en rognons.

Ils contiennent des fragments de bélemnites, d'ammo- nites et de tiges d'·encrines. Il n'y a aucun doute que ces couches n'appartiennent au terrain jurassique. Elles ont environ 34 mètres de puissance.

2. Au-dessous se trouve des ardoises noires et du calcaire gris bleu traversé par des veines formées de quartz et de calcaire spathique ; plus bas se trouve la cargneule. Les deux premières roches ont environ 4 à 5 mètres de puissance. L'épaisseur de la cargneule ne peut étr·e mesurée, mais elle n'est que djun très-petit nombre de mètres. Je n'ai pas trouvé de caractères dis- tinctifs qui me fasse rapporter ces couches au terrain ju- rassique plutôt qu'au terrain anthracifère.

3. Le terrain anthracifère formé par des schistes ar-. gilo-fcrrugineux rouges et verts, et des grès quartzeux. Il a 9 mètres d'épaisseur.

4. Les schistes cristallins couleur lie de vin ct vert, qui sont en couches venicales, et sur lesquels les couches précédentes reposent à stratification discordante, si tou- tefois on regarde les di visions des schistes Cl'istallins comme étant un indice de stratification.

Les couches calcaires qui forment la cime la plus élevée de l'aiguille sont horizontales; les couches du terrain anthracifèrc, et particulièrement celles de grès, sont lé-

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22

gèrement onduJées et modelét:s sut· les ,~spétités du sQI' cristi1llin. Elles occupent .une petite pa11tie du "~rsant

nord de l'aiguille, et sont relevP.es contre les grandes, Alpes.

Je. n'indiquerai pàs les autres observations que j'ai faites dans cette localité; mon but n'est pas d'entrer ici··

dans de grands détails, mais. de jeter un coup d' o;lil sur.

la structure genérale de cette partie des Alpes. Il est .évi- dent que les l'oches placées sur I.e sommet de cette Ai-·

nuille Rouge ·sont le pt·olongement de la partie inférieure des terrains de s~diment' du Buet, et de ceux qui, dans, la vallée de Chamounix, s'appuient sur la hase de ces ai- ffuilles. Or, pat· des mesures barornétriques, je ~uis ar-.

riv.é à évaluer à 800 mèu·es au moins. l'épaisseur du ter- rain jurassique; par conséquent s'il ne s'était fait aucun écroulement au moment du soulèvement, et aucune dé::..

nudation depuis ce moment; le t~wrain jurassique s'élè- verait aux Aiguilles Rouges au moins à la hautelll' de 3750 mètr·es (a fig. 1), et le Buet, ha.ut d'environ 3100>

mètres, serait. le versant nord-:ouest de cetLe grande montagne, et ne serait pas, comme il semble étre au-. jourd'hui, la chaine principale.

Il faut se représenter la chaîne des Aiguilles ·RoL~ges.

comme une grande masse de roches cristallines qui s'é•

tend de Servoz jusqu'au bord du Rhône, près de Saint- Maurice en Valais. Elle est flanquée du côté du nord- ouest 'par la grande· chaine jurassique du Buet, dont le prolongement sud-ouest est cooronné par les calcaires crétacés des Fiz, et qui au not•d-est se prolonge jusqu'à la Dent du Midi, au:..dessus de Saint-Maurice. Les cou- ches de cette gt·ande chaîne secondaiœ sont redressées au sud-est confrc la chnlne des Aisuilles RouB'eR et. du

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'B

Brevètit. En parcourànt l'escarpement•qu'élle présente de ce côté,

on

peut examîner tous les terrains ·nombreut et variés qtli sont compris entre les couches nuniniulitiques- et les schistes· cristallins. Toùtes ces couchfs paraissent d'one •former la base sepùmtrionale d'une voûte ou sou- lè'vement git;antesque, dont les couches auraient passé

au~dessus des Aiguilles Rouges. · . .-•

Au sud-est, cette chaine est aussi flanquée par les terrains de la' vallée de Chamounix et du col de Balme,

·qui sont 'redressés contre les Aigiiilles Rouges. ·Ils pa- raissent former la base méridionale de la grande vôûte

ou

-du grand soulèvement dont Je Buet et les Fiz forment la 'lèvre septentrionale·. Enfin 1es couches à peu .près horî-.

zontales dù Buet, comme le dit Je Saussurè (§· 581); et

•t.ollt à fait bot'izontales de l'Aiguille Rouge, sont Je pro-

!longement des tûrains des deux versants ' et ne laissent aucun doute sur l'ancienne formalion dP. cette gran~e voûte qui, de Sixt (7 50 mètres environ) s'élevait d'abord au Buet (3'100 mètres), puis aux Aiguilles Rougest, dont le terrain jurassique seulement atteignait avant l'éèroule- ment de• cette grande masse la 'hauteur de' 3 7 50 t'nètres, .et descendait à Chamounix (1 050 mètres) pour continuer pêut-étre au-dessous du so'l. '

les tèrrailis de sediment sem'blellt donc.~ 'dans .celle partie des Alpes, être éool'donnés non pas pal' rappm·t.à la clwfne ceidrale du Mont-Blanc, mai's pal'· mppott

la clwf11e des Aiguilles Rouges et du B1·event, et, ce qui est fort extraordinaire, on ne peut ·découvr.i1· quelle a• été l'influence de la chaine du Mont-Blanc dans· cette pariie des Alpes sur le redressement des couches. Il semble qu'elle a été nulle.

La figure 1 représente, approximativement à l'échelle

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24

de n;o\loo , hi section prise de Sixt à l'Aiguille Ve1·te, elle passe, comme on le Y.oit, par Je sommet du Buet, le . col de Salenton, le col de llé1·ard, la plus élevée des Ai-

guilles Rouges, et !a vallée de Ch<tmounix. C'est le seul point où la·chatne secondaire du Buet ne soit pas séparée de la chaine des Aiguilles Rouges par une profonde val- lée'. La ligne pointée indique la forme de la grande voûte de calcaire jurassique, et la hauteur à laquelle cc terrain a dît étre porté dans le soulèvement. La figure 2 repré- sente Je sommet de l'Aiguille Rouge sur une plus grande échelle. Le premier de ces deux dessins représente la méme chaîne et Je méme ensemble de terrain que celui figuré pl. lii, fig. 1, du mémoire de Mr. Necker sur la vallée de Valorsine 1Cette section est prise un peu plus au nord de celle que je donne ici. Les seuls changements qu'il y aurait à faire seraient d'ajouter à ma coupe le granite figuré dans la coupe donnée par Mr. Necker, et d'ajouter au sommet du Mont Loguia, figuré par ce der- nier, les couches horizontales de calcaire placées à la cime de l'Aiguille Rouge.

Si je ne suis' pas arrivé encore à une solution très-sa- tisfaisante sur la régularité de la structure de cette partie des Alpes, je crois cependant avoir fait un pas du côté de la vérité, en signalant une observation qui n'est pas sans importance dans une localité qui méritait d'étre visi- tée, et qui pourtant ne l'avait pas encore été.

1 Mémoil·es cie ln Société de Physique et d'Histoire uaturelle de Genève, 1. IV, p. 209.

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3(ltJP.

NO.

Sixt. Buet

Fig. 1.

Niv•au. da 1a Mor.

Terrain Jurassique.

Fig.2.

Col dè .Salenton.

Col d.e Berard..

Aiguille Rouge

La Flégère. Vallée d.e Chamounix.

--- --- --- -

~ Ter.aiD Anbra.xifère.

1'1'1'1 Schistes cristallins.

; : :1

COUPE PRISE TIE LA VALLEE TIE · SJXT

À

L'AIGUILLE VERTE [ENVIRONS DE CHAMO.UNIX:)

SE.;

15 o ooo-.

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