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ADMINISTRATION M U N I G I PA L E
BU SEPTIÈME ARRONDISSEMENT
DU CANTON DE PARIS.
PROCÈS-VERBAL
De la plantation de V Arbre de la
Liberté au devant du Corps-de--
garde du Font-au— Change
^en remplacement de
celuiqui a
étémutilé à coups de bayonnettes.
|L’An
sixde
laRépublique
Française,une
et indivisible•, le
Décadi
trente Pluviôse,les
Membres de
l’AdministrationMunici-
pale
de
cet arrondissement, s’étan.t réunisau
lieu ordinairede
ses, séances, àneuf
-heuresdu
maltin»nu
exécutionde
leur J^rrêtédu 28 de
C6mois
^ se .sont ensuiterendus
, accompagTi:çsdu
Comuiissairqdu
(
a
)Pouvoir
exécutif,en
lacour du Bureau de
Bienfaisancede
la division des Arcîs,sisrue
Jean-Pain
-Mollet, à l’effetde
procéderà
la plantation,
par remplacement
, d’unArbre de
la Liberté, prèsle corps-de-garde qui estau
basdu Pont-au-Change
,lequela
été mutilé àcoups de
bayonnettes.S’y sont aussi
rendus
leJuge
de Paix,leCommissaire de
Police, lesMembres du Bureau de
Bienfaisancede
la division des Arcis.L’Arbre
destinépour
la plantation, en- touré desMembres de
l’Administration etdes
autorités constituées, a été portédans
les rangs
de
laGarde
nationale sédentaire,
les
tambours
battantaux champs.
Le
cortège,composé
desMembres
des Autorités ci-dessus , arrivéau
Corps-de-garde
, s’y est arrêté; et ensuite,
au
bruit des caisses, l’arbre a été planté , lesAdmi-
nistrateurs , le
Commissaire du Pouvoir
exécutif, lesMembres
dés Autorités consti- tuées et les chefs des corpsMilitaires, sontvenus
successivementverser de la terre sur les racinesde
cetArbre
j chéride
tous lesrépublicains. . .
Le
citoyen Milly,Commissaire du Pou-
ï
voir exécutif, a fait lecture
de
l’articleIV de
la loidu 24
nivôse dernier,conçu en
ces termes :
Tout
individu qui seraconvaincu
d’a-3» voir mutilé ,
abatu
,ou
tenté d’abattreou
33 mutiler
un Arbre de
la liberté, serapuni
33
de
quatreannées de
fersce.Il a fait ensuite
un
réquisitoire analogueà
lacérémonie
,dont
la teneur suit :Citoyens
de
laGarde
nationaledu
sep- tième arrondissement5’Arbre
de
la libertéde
ce poste a été--
J.
coups de
bayonnettesÿ il fautle33
remplacer
, et c’est l’objet quinous
ras-3> semble'.
33 Cet
emblème
, cheraux
républicains ,33 n’étoit
,
point
abandonné au
hasard , il 33 étoit confiéaux
soinsde
la forcearmée
,3* il étoit sous la surveillance spéciale des
33 soldats*citoyens, chargés parla constitu-
33 tion
d’empêcher
touteespècede
désordre.3»
Cependant
, c’estdans
le lieumême ou
33 la vigilance
ne
devoitpas êtreun
instant33
endormie
, c’est sous lesyeux de
la sen- tinelleque
le délit a étécommis
; lecou-
reste encore
imoré
:est-ilau nom-
#
(4
)w nationale,
ou
se seroit-il, par
une
atrocecombinaison
, servi d’une bayonnette ,pour
jeter tout l’odieuxde
cet attentat sur laGarde
nationale?Dans
tous les cas , la sentinelle n’a pas35 fait
son
devoir : si c’estelle-même
qui a35 mutilé l’Arbre
delà
liberté , elle estdou-
33
blement
criminelle si elle l’a laissé en-33
dommager
sans arrêter le coupable , elles» est complice ; si elle
ne
s’en est pas ap-33
perçue
,son
inattention est infiniment33 répréhensible.
35
Combien
n’est-il pas révoltantde
re-35 connoître ici les projets des mal-inten-
»
donnés
!de
semblablesprovocationsn’ont35 été
que
trop souventle signalde
troubles35 affreux, et il
importe
d’autant plus d’y55 mettre ordre
,
que
ce n’est pas la seule35
de
ce genre quise soitmanifestée :l’arbre3»
de
la libertédu
postede
laMerci
vient35
également
d’être mutilé.35
Que
veulentdonc
les insatiables en-35
nemis de
la tranquillité publique ? les55 efforts
de
leur hainene
sauroientdonc
55 être épuisés : n’avonS'iious pas assez
55
éprouvé de malheurs
et dedéchiremens
?»
Nos maux
passésn’avertissent-ils pas assez(
(
5 )^
»
qu’il faut enfin céder à la voixde
la sa-»
gesse etde
la raison? qu’il faut étouffer tout ressentiment, et /n’en avoirque
contre l’ennemicommun
: contre legou-
, vernernentAnglais.
Quand
tout inviteau calme
inséparablede
l’harmonie socialej» quand
tonslesFrançais devroient se réu-M
nirau
tourde
l’Arbrede
la liberté,
faut-il
que
ce soitun
Français qui l’ait33 outragé ! ‘
Adjudans de
Brigades, Chefsde Ba-
>5 taillons
, je
vous
requiers,au nom du
33 Directoire exécutif,
de
tenir lamain
à33 ce
que
les consignes les plus expresses33 soient
exactement données aux
sentinelles33 qui se succéderont près
du nouvel Arbre
'33 qui vient d’être planté
;
ordonnez que
33 toutes les fois qu’elles seront levées , vé-
7» rilication sera faite par les
Caporaux,
et33*sous leur responsabilité ,s’iln’apoint été
39
endommagé.
33 Citoyens'
de
laGarde
Parisienne, pre-33
nez
la sérieuse résolutionde ne
plus33 souffrir
qu’un
pareil scandale se re-33 nouvelle. L’insulte faite
aux
vrais répu-33 blicains , a été faite à
vous-même
, il 33dépend de vous
d’enimposer aux
pertur-A
3( 6 )
bateurs :
pour
déjouerleurs perfidescom-
plots, vous n’avez qu’à vouloir.
» Qu’une
civique solidaritévous engage
les
uns
envers les autres,comme
envers laPatrie ,àfairerespecter ce dépôt sacré.Protégez-le par
une ferme contenance
,
par le
dévouement
le plus.fidel,etqu’en reverdissantchaque année
, il rappelle désormais à tous les Citoyens paisibles et laconfiance qu’ilsvous
accordent et votre zèle àla justifier cc.Après
ce réquisitoire , le citoyen Lepel-letier, Administrateur, a
prononcé
le dis- cours suivant.>3
Les
patriotes, Citoyens,éprouvent
ici35 sans doute, la plus
douce émotion
, par
33 la plantation de cet
Arbre
de la liberté ,33 qui
semble
allier les sentimensde
leur33 civisme avec
ceux de
la nature, et per-33 pétuer ,
pour
la prospérité^ l’expression33 toujours vivante de leur reconnoissance
33 envers la Divinité, qui afait servirleur
33
courage aux
grandsévénemens
qui ont33 régénéré la France.
33
Dès
lestemps
les plus reculés ,f on a
33
vu nos
pères signaler leur zèle par des( 7 )
35
monumens
propres à rappeler à leurs55 enfans le souvenir de leurs exploits , par
55 la plantation d’
Arbres
chéris, habitans55
du
règne végétalde
laNature
, et qui,
55 par leurs
développemens
successifs,hgu-55 roient d’une
manière
sensible les accrois-55
semens de
la liberté,qui sans
doute aura
55 bientôt fait le tour
du monde
,comme
55 elle a déjà fait celui
de
l’Europe.55 Elle n’est
donc
pas étonnante, la rage55
de nos ennemis
, contre ces signes sacrés55
de
notre régénération : il n’est pasen-
55 core étonnant qu’incorrigibles
dans
leur55
amour pour
la royauté,comme
ils sont,55 lâchesdans leurs actions, ils aient profité
55 des
ombres de
la nuitpour
sedédom-
55
mager
,en quelque
sorte, desmaux
qu’ils55
ne peuvent
plus faireouvertement aux
55 patriotes, etôter l’existence à
un
être qui,55 par les
événemens
qu’il rappelle, devient55
pour eux un
sujetde
désespoir.Jugez
,55 républicains, par cet essai
de
leurrage
,55 des
maux
qu’ilsvous
préparent encore,55 s’ils
pouvoient
ressaisir l’autorité qu’ils55 ont forcé le législateur
de
leur arracher^55 par l’indigne usage qu’ils
en
faisoient55
pour vous
opprimer.(S)
AccOîiYez
donc
,généreux
patriotes :3>
venez vous
serrer autour de cetArbre
de
la liberté,que
vosmains
viennentde
3> planter; qu’iFsoit aujourd’hui
témoin de
» vossermens
: venons-y tous jurer,sinon
la
mort
,au moins
la haine la plus pro-3> fonde contre tous les partisans
de
lay» royauté 5 surveillons leurs
manœuvres
et» devenons
l’œil’du gouvernement pour
éclairer leurs perfides actions.
3»
Mais
,dans lanouvellecarrièreoù nous
7> appelle le républicanisme,sachons éviter
» deux
écueils égalementdangereux
: gar-dons-nous
à la fois d’une exagérationmal entendue
, et d’unemodération
quinous
deviendroit aussi funeste. Instruits>3 à l’école
du malheur
, sachonsagir avec»
circonspection :pardonnons
-nous nos
53
communes
erreurs, tristes appanagesde
5> l’humanité :
qu’une nuance
d’opinionne
53 soit plus
un
motif de désunion , etvoyons
53
nos amis dans
tousceux
delarépublique.53
Que
cetArbre de
la liberté,
que nous
53 confions àla terre,notre
mère commune,
53 soit par
nous
soigné avecune
nouvelle53 énergie 5
que
ces jeunes branches , qui»
tirentleur sèveetleur forcede
leurunion
( 9 )
au
tronc, soientl’emblème de
notre accord avec legouvernement
républicain : ral-»
lions-nous souventicipour
la défense des» principes
de
la liberté ,de
l’égalité etde M
la Constitutionde
l’an III,en
attendant35
que nos
enfans ,jouissantde
toutle fruit» de nos
peines, reposent sous ces vieux55 troncs , et s’entretiennent
de ceux
qui55 l’auront planté
ou
l’aurontsoigné,ou
qui55 plus glorieux
encore
, l’aurontdéfendu
55 par
une
législation sage et vigoureuse ,55
ou
par des victoires éclatantes,ou
enfin55
par
l’extermination entièrede
notre der-55 nier
ennemi
, legouvernement
Anglaisce.Et
à l’instant il a étéapposé
,dans
le Corps-de
-garde,une
consigne , signée des chefsde
bataillons etde
l’Adjudantde
la vingtième brigade deda Garde
nationale,
à l’effet
,par les ‘sentinelles quise succéde- ront près
du nouvel
arbre qui vient d’être planté,de
veiller àsa conservation etd’em- pêcher
qu’il soitendommagé
, etpar
lesCaporaux de
faire la vérificationde
cetArbre
toutes les fois qu’ils lèveront les sen- tinelles , et ce, sous leur responsabilité.La cérémonie
étant terminée , lesAdmi-
nistrateurs sont
revenus au
chef-lieude
De rimprimerie de D^sveux, rue Ayoje, W®. x6o.
( to )
rAdmîmstration
,accompagnés du Commis-
saire
du Pouvoir
exécutif, précédés et sui- visde
la forcéarmée
5 et rentrés,au
lieu ordinairede
leurs séances , ils ont fait et rédigé le présent procès-verbal , qu’ils ont signé, après lecture faite, lesdits jour,
mois
et
an
,en
laminute
des présentes.Et dans
la séancedu
2Ventôse suivant,
ila été arrêté