VALEUR NUTRITIVE D’UN
RÉGIME
A BASE DECÉRÉALES,
POMMES DE TERRE ET LAITÉCRÉMÉ
POUR L’ALIMENTATION DU
POUSSIN
C. CALET P. DELPECH
Station de Recherches avicoles, C. N. R. Z., Jouy-en-Josas
(S.-et-O.).
INTRODUCTION
Le but de cette
expérience
est d’établir unplan
d’alimentation à base decéréales,
lait écrémé et pommes de terre,produits
faciles à obte-nir sur la
plupart
desexploitations agricoles.
De tels essais ontdéjà
étéproposés,
chez lapoule pondeuse (ÏE MP E R T ON
et DuDr,!y(!7),
SCHLAMBet Bny !rrz
( 49 )).
Il était intéressant de tenter detransposer
àl’élevage
du
poussin
les effets heureux reconnus au lait et aux pommes de terre pour lespondeuses
et lesjeunes
animaux(LEROY
et col.( 3 2
et3 3 ),
STE V E N
S
(54))!
A la
ferme,
le lait écrémé de vache est unprécieux
aliment(CASTRE
et col.
(8)).
Calculé parrapport
à la matièresèche,
il est riche enprotéines (
37 %) qui
sont d’excellentesqualités (Ï ERRO iNE ( 5 8)).
Cesprotéines
sontd’ailleurs
identiques
à celles du lait frais(T R É MOLI È RES
et col.(6 0 )).
D’une part, chez le
jeune
mammifèrequi
leboit,
l’azote du laitpré-
sente un coefficient d’utilisation
digestive
très élevé(I 2 aw DO irr
et col.( 43
)).
D’autrepart,
à la suite de travaux sur le Ratblanc,
BLOCK et MIT- cHr!,!,( 4 )
ont établi une classification des différentsprotides
alimentairesquant
à leur efficacité pour la croissance.D’après
ces valeurspubliées
en
194 6,
lesprotéines
du lait se classent ensecond, juste après l’oeuf,
tant pour leur valeur
biologique qui
estégale
à go(cette
valeur est de9
6
pourl’oeuf),
que pour leur coefficient d’utilisationpratique,
86 contre 93 pour l’oeuf.La cause de cette
supériorité
réside engrande partie
dans la richesseen
lysine
desprotéines
du lait.I,a
comparaison
des acides aminés du lait et des céréales parexemple,
met
parfaitement
en évidence lesavantages protéiques
du lait. Alors que lesprotéines
des céréales ne contiennent que 2,7 p. 100 delysine
enmoyenne
(B OURDET (6)),
celles du lait en contiennent 7,5 p. 100(M IT -
CHELL et BLOCK
( 3 8)).
Il semble donc
avantageux
sous cerapport
desupplémenter
les céré-ales par le lait écrémé. De
fait,
MUU,ERet col.( 41 )
chez le porc d’unepart,
et HART
( 19 )
chez le rat d’autrepart,
observent les meilleures intensités de croissance avec desrégimes
constitués de 50 p. 100 de lait et 50p. 100 de céréales.D’autres auteurs ont
également
vanté lesqualités
desprotéines
dulait. Chez les
volailles,
OTT et col.( 42 )
montrent que la lactalbuminecorrige parfaitement
les déficiences en acides aminés d’une ration clas-sique
pourpoussin,
mieux que ne le font les farines de viande. Cettesupériorité s’explique
par la richesse desprotéines
du lait à la fois enlysine,
entryptophane
et en méthionine(S hI S N I (5 3 )).
I,es
qualités
du lait ne se limitent pas au seul domaineprotéique.
I,e lait écrémé est en effet une source
appréciée
de sels minéraux et de vitamines.Les
quantités
de calcium du lait sont trèsimportantes.
Ellesrepré-
sentent environ 1 p. 100 de la matière sèche
(A BD E RHAl , D E N (i),
BUNGEet col.
(6 bis)).
Deplus,
la valeur très élevée durapport phospho-calcique
de cet aliment - I,3
(Roc HAI x
et ÏAPERNOUX(-(.6))
--contraste avec celle des élémentsvégétaux,
cequi présage,
là encore, une combinaison alimentaire heureuse du lait et des céréales. Enfin, unegrande partie
du
phosphore
du lait est sous formeorganique.
Onsait,
parexemple
que les
3/4
de la caséine sontphosphorylés (T R Í ÜVlOLI È RES (6 0 )).
Il con-vient d’insister sur ce résultat car le
phosphore
lié auxprotéines
animalesest
particulièrement
bien assimilé(RIC H ET (45)).
I,e lait est donc une source intéressante de calcium. Il a en
plus
l’avan- tage de faciliter son utilisation. DUNCAN(1 4 )
d’une part et FOURNIERet col.
( 1 6)
d’autrepart,
insistent sur la faculté quepossède
le lactose du lait à favoriserl’absorption
et la rétentioncalciques.
Ilsremarquent
aussi- comme nous le verrons
plus
loin - que le lactose doit être utilisé àune dose convenable et non excessive pour que ses bons effets soient observés.
Enfin,
l’apport d’oligo-éléments
minéraux par le lait n’est pas àdédaigner,
sauf en cequi
concerne le fer(SImoN!T ( 52 )).
Du
point
de vuevitaminique,
il fautsouligner
que le lait écrémé estdépourvu
de vitamines A et D. Les vitamines B, aucontraire,
y sont bienreprésentées.
Parexemple,
le lait occupe la 3eplace
dans la hiérar-chie des aliments humains
après
lepain
et la viande de porc, en cequi
concerne sa teneur en vitamine Bi
(I( AN E
et col.( 2 8)).
Toutes les autres vitamines B ont été dosées dans le lait enquantités
nonnégligeables (K
ON
et col.(26-2 7 ),
HASSINEN et col.(2 0 ),
DF!,BRIT( II )).
Il faut
cependant signaler
les variationsimportantes
de la teneurvitaminique
des laits sous l’influence de nombreux facteurs. C’est le cas enparticulier
de la Thiamine et de laRiboflavine,
dont le tauxdépend
de la
saison,
du stade delactation,
etc.(KoN ( 25 )). Toutefois,
endépit
de ces
variations,
le lait reste encore une très bonne source deRiboflavine, puisque
6 p. 100de lait écrémé sec dans lerégime
en apportent des quan- tités suffisantes poursupplémenter
unrégime classique
chez lepoussin (Br,:!Cx
et col.(3)).
Au cours de ces dernières années de nouvelles vitamines et facteurs de croissance ont été décrits dans le lait écrémé. C’est le cas par
exemple
de la vitamine Bi2
qui s’v_
trouvelargement représentée (I j uj E
etcol.
(35)).
On a trouvé
également
en 1941 une vertuparticulière
du lait écrémé pour la croissance dupoulet, qui
nepeut
êtrereproduite
que par les farines de viande et depoisson (D ICKENS
et col.( 13 )).
Ce ou cesprincipes
font
l’objet,
à l’heureactuelle,
d’études très nombreuses et sontgroupés
sous le vocable « facteurs indéterminés du lait écrémé ou du
petit
lait »(M
EN G
E
et col.( 3 6),
CAMP et col.( 7 )).
Ils seraient liés auxprotéines
dulait et non au lactose
(Arxrrrsorr
et col.( 2 )).
Pour toutes ces
raisons,
l’éleveur trouve dans le lait écréméqu’il produit
surplace
une source inestimable d’éléments nutritionnels. Cecia été bien
compris
dans le cas del’élevage
du porc, mais chez lepoulet,
rares ont été
jusqu’à
cejour
les tentativesd’emploi
du lait écrémé commeboisson dès le
premier âge.
C’est
qu’en
effetl’usage
alimentaire du lait n’est pas sansdanger
pour les
jeunes
animaux.JACQUOT
et THmTB:!cH( 24 )
observent des casd’intolérance chez des animaux nourris au lait.
S H aw- ( 5 r)
rapporte que despoussins
meurent au bout de 3jours
s’ilsreçoivent après l’éclosion,
du lait comme seul aliment. Ilsprésentent
alors une inflammation desparois gastro-intestinales.
Ces résultats ont été souvent confirmés chez d’autres
espèces
de volailles(S COTT (5 0 ))
et de nombreux auteurs ont reconnu au lait la pro-priété
de favoriser les diarrhées. Pour eux le lactose en serait le respon- sable.Lorsque
lepoussin ingère plus
de 2 grammes de lactose, les troublesdigestifs apparaissent (H AMILTON
et col.( 1 8)).
Ces troublespeuvent
secompliquer
de déformation desdoigts,
de cataracte et même de convul- sionsépileptiques, lorsque
les doses administrées sont trop fortes(Rtm- TER (48)).
Enfin,
les dernièrescritiques
d’ordre nutritionnel que l’onpeut
faireau lait écrémé tiennent à son encombrement et à son faible
pouvoir
éner-gétique.
D’unepart,
le lait écrémé est un aliment très dilué. Il faut doncen boire
beaucoup
pouringérer
unequantité
suffisante d’éléments nutri- tifs. D’autrepart, l’écrémage
du lait lui soustrait laplus grande partie
de ses
lipides
et provoque une chute extrêmementimportante
de son tauxcalorique.
Il en résulte que le lait écrémé est relativement
trop
riche enprotéines
en
regard
de sa teneur peu élevée enprincipes énergétiques.
C’est cedéséquilibre
entre lesprotéines
etl’énergie
de cet alimentqui
est la causede déboires
quand
parexemple,
il estemployé
seul dans l’alimentation du veau.D’un autre côté de nombreux auteurs insistent sur
l’aspect
sanitairedu
problème.
Il arrive en effet quel’ingestion
de lait entraîne des troublesdigestifs qui
résultent de contaminations de celui-ci ou de lamalpropreté
des
récipients qui
servent à sa collecte(l!’AIJCHÈRE ( 15 )).
Il est bien certainque le lait est un milieu de choix pour la culture de tous les
microorga-
nismes et
qu’il
demeure un aliment difficile àmanipuler.
Compte
tenu de cesdonnées,
nous nous sommes efforcés :1
0 D’étudier un
régime qui permette
de combler les déficits d’éner-gie
et de vitaminesliposolubles
du lait écrémé en utilisant descéréales,
des pommes de terre, et éventuellement un aliment decomplément.
2
° De définir
quelles quantités
de lait écrémépeuvent
être buessans
danger
par lepoussin
etquelles précautions d’hygiène
il est néces-saire de
prendre
pour l’utiliser dans lapratique.
Sous un autre aspect du
problème,
nous avons déterminé les condi- tionsd’emploi
des pommes de terre dans l’alimentation dupoussin.
Ce tubercule est
largement
utilisé dansl’élevage
desjeunes
animaux.L
EROY et ses collaborateurs
( 33 )
ont résumé lesavantages
de la pomme de terre comme aliment et ontprécisé
la manière de l’utiliser pour l’ali- mentation desporcins,
bovins et ovins.Les
protéines
de la pomme de terre sont constituées pour laplupart
de tubérine dont la valeur
biologique
est très élevée( T E RROI NE ( 5 8).) .) JACQUOT
et AR!za!rD( 23 )
déterminent l’efficacité desprotides
de lapomme de terre et trouvent une valeur
comparable
à celle de la caséine.La teneur en
protéine
de la pomme de terre est très faible( 2 ,z
p. 100 dematière humide ou encore
8, 4
de la matièresèche),
mais il faut retenir que cesprotéines
sont d’excellentequalité
- enparticulier
très richesen
lysine (C HI C K
et col.( 10 ))
- et que leur teneur en acides aminés est relativement constante,quelles
que soient les variétés(Mut,D!R ( 40 )).
D’un autre
côté,
les pommes de terre sont riches enphosphore (R
AND OI
N
et CAUSERET(q 4 )),
cequi
contraste avec leurpauvreté
encalcium
(LE ROY
et col.( 33 )). L’adjonction
de lait aux pommes de terreest donc une
opération avantageuse puisque
lerapport phospho-calcique
final s’en trouve amélioré.
Signalons
enfin la richesse de ce tubercule en vitamine C(Rarr-
DOIN et col.
( 4 ç),
RoiNE et col.( 47 )),
dont une certainepartie
estperdue
lors de la cuisson. A ce
sujet
tous les auteurs ne sont pas d’accord surl’importance
despertes
de vitamine C selon le mode de cuisson. Certainspensent
quel’autoclavage
ne modifie pas le taux d’acideascorbique
maisdiminue le taux d’acide
déhydro-ascorbique (1, FSCHSFNRIN G
et col.( 31 )).
Ces auteurs trouvent le même résultat si la pomme de terre est cuite au
four.
I,’ébullition,
aucontraire,
provoque une solubilisation de la vita- minequi s’accompagne
d’une élévation trèsmarquée
de la teneur enacide
ascorbique
de la pomme de terre soumise à ce traitement(I, W -
cHS!rrxmc et col.
( 30 )).
Par contre, dans les mêmes conditions Szczvi<owAet col.
(55)
aboutissent à la conclusionopposée puisqu’ils enregistrent
une
perte
de 40 à 50 p. 100 de cette vitamine.Ces données sont intéressantes à connaître car les pommes de terre doivent en effet être cuites pour être
parfaitement digestibles.
Alors que l’amidon cru de blé ou de riz a un coefficient d’utilisationdigestive
de9
8
p. 100 à la fois chez la souris(D EHUSSES
et TERRIER(i2))
et chez lecoq
(MrROnzoTO
et col.( 3 g)),
la fécule de pomme de terre non chauffée estdigestible
à 40p. 100.Pour être
utilisée,
cette fécule doit être cuite(C HEN
et WANG(g)),
ou
broyée
très finement(I, EVY
etJ ACOUO i ( 34 )).
Il faut en effet que la couche externe dugrain
d’amidon soit altérée(B OOHER
et col.( 5 )).
Dans ces conditions les pommes de terre sont bien tolérées par le
poulet quand
il enreçoit
15 p. 100 de sonrégime (MCM RIIAN
et col.( 37 )).
Chezle
canard,
HEUSER et col.( 21 )
estiment que l’on peutremplacer
30 p. 100 de maïs durégime
par de la farine de pommes de terre sans remarquer de modification de la croissance ni de l’indice de consommation.Toutefois un excès de pommes de terre dans la ration est
préjudi-
ciable et provoque des croissances anormales
(T EMl’ERTON
et col.(56))
ou encore entraîne une élévation de l’indice de consommation et pousse les animaux à faire de la
graisse (L EHMANN ( 2 g)).
Dans le même ordre d’idées GERRY et col.( 17 ) reprochent
auxsous-produits
de la pomme de terre de ralentir la croissance et de réduire l’efficacité de la ration. Tou-tefois,
ces auteursremarquent
que cettepratique
aboutit à un abaisse-ment notable du
prix
de revient du kilo depoulet.
HÔE et SarrDmK( 22 ) rapportent
uneexpérience
surpoules pondeuses
où les pommes de terre cuites( 350
grammes parjour)
étaient distribuées avec unmélange
de laitécrémé sec et de
grains
entiers. Bien que les résultats obtenus soient trèslégèrement
inférieurs à ceux dutémoin,
il n’en reste pas moins vraiqu’ils
sont encore très satisfaisants.
C’est une
expérience
du même genre que nousrapportons
en prenant lepoussin
commesujet
et en utilisant le lait écrémé comme boisson.Pour
cela,
sachantqu’un poussin
boit deux foisplus qu’il
ne mange,nous avons constitué des
régimes
de telle sorte que l’ensemblepâtée plus
lait écrémé fournisse y,5kg
deprotéines
brutes par 100kg
derégime.
Tous nos résultats sont
rapportés
à ceux du lot témoin(lot X)
nourrid’une
pâtée
commercialeclassique
dosant 21 p. 100 deprotéines.
PROTOCOLE
EXPÉRIMENTAL
Nous avons constitué au
départ
8 lots de 25poussins
d’unjour, mâles,
issus de croisements Sussex x RhodeWyandotte. I,’expérience
a été faite en batterie
d’élevage
et a duré I semaines.Les 7 lots
expérimentaux
segroupent
en deux séries. Dans la pre-mière,
lespoussins
sont nourris dès le début del’expérience
avec les ré-gimes
à tester. Lespoussins
de la 2e sériereçoivent
l’aliment commercial de référencependant
les 5premières
semaines.Pratiquement,
cetemps correspond
au passage dans la batterie chauffée ou sous l’éleveuse. A la suite dequoi,
ilsreçoivent
lerégime expérimental qui
leur estdistribué,
comme
régime d’engraissement
ou de finition.La
répartition
des lots est donc la suivante :l,es
céréales,
le lait écrémé et les pommes de terre forment lamajeure partie
de ces rationsexpérimentales. Toutefois,
il est bien évidentqu’un
tel
régime,
richement pourvu en pommes de terre(certaines
rations enrenferment
jusqu’à
60 p.100 )
nepeut
titrer y,5 p. 100 deprotéines.
Pour y
parvenir
nous avons fait entrer dans la ration un alimentcomplé-
mentaire.
I,a
composition
desrégimes
est donnée dans les tableaux I et II.l,es pommes de terre sont cuites
chaque
matin à l’autoclavependant
six minutes pour rendre la fécule
plus digestible.
Elles sontmélangées
ensuite au reste de la ration en
proportions
convenables.I,e lait écrémé non
coupé
d’eau est distribuéchaque jour. Régimes
et lait sont fournis à volonté aux
poussins pendant
lajournée.
Un soin tout
particulier
estapporté
à lapréparation
des repas eton attache
principalement beaucoup
deprix
à lapropreté
desmangeoires
et des abreuvoirs. Ces
récipients
sont retirés lesoir, trempent
dans un bain détersifpendant
la nuit et sont abondamment rincés pour éliminer toute trace deproduits
de fermentation.Les
poussins
sont éclairés en lumière artificielle 10 h parjour.
La croissance est
appréciée
par despesées
hebdomadaires et indivi- duelles des animaux. D’autres mesuresportent
sur lesquantités
de nour-riture
ingérée
et de lait bu.RÉSULTATS
Dans tous les
lots,
les animaux seportent
bien. En aucun cas, il n’a étéremarqué
de troublesdigestifs
ou dediarrhées,
cequi
laisse à entendre que le lait écrémé comme seule boisson n’est pas nuisible aupoulet,
même au
poussin
dupremier âge.
Bien aucontraire,
nos animaux sem- blentapprécier
toutparticulièrement
cette boisson. Des calculsqui
serontprésentés
ultérieurement confirment cette remarque.L’aspect
des animaux estnormal ;
lespoulets
engénéral
sont bienemplumés. Toutefois,
nous remarquons dans le lotA,
dupicage fréquent
et un énervement
important
peu favorables à une bonne croissance.Les résultats
portant
sur legain
depoids
des animaux de la série isont les suivants :
A 5 semaines toutes les moyennes des
gains
depoids
sontsignifi-
cativement différentes. A m semaines les différences entre les lots sont moins
spectaculaires
et enparticulier
iln’y
a pas de différencessigni-
ficatives entre
C,
D et X.Il
apparaît
de cessimples
chiffres que l’éleveurpeut
obtenir un résul-tat très satisfaisant en
fabriquant
lui-même sesrations,
avec l’aide d’un aliment concentré. Nous irons mêmeplus
loinpuisqu’à ! semaines
lesanimaux
qui reçoivent
des pommes de terre aux doses de 4o à 60 p. 100 ont une croissancesupérieure
aux animaux recevant lerégime
standard.l,es lots
groupés
dans la deuxième série -pendant
lapériode qui
s’écoule de 5 à m semaines - sont
plus
nombreux que ceux de la pre- mière série. On aajouté
en effet à ces derniers trois lotsE,
F et G où varient d’unepart
le taux de pommes de terre et d’autrepart
laprésence
ou l’absence d’aliment
complémentaire.
I,e tableau IV met en évidencela nécessité
d’apporter
uncomplément
à ces rations.1,’analyse statistique
montrequ’il n’y
a pas de différencesignifi-
cative entre C, E et X.
Nous pouvons donc tirer une
première
conclusion :A la condition
qu’ils
renferment un aliment concentrééquilibré,
certains
régimes
dutype
« fermier» peuvent permettre
une croissance normale chez lepoussin. Ainsi,
desrégimes
contenant 30 à 40 p. 100 de pommes de terre cuites sont aussi efficaces que lerégime
témoin de réfé-rence. La valeur alimentaire de telles rations est donc bien établie.
Par contre, dans les lots
qui
nereçoivent
pas d’alimentconcentré,
la croissance continue normalement au cours des 6e et 7e
semaines,
mais ensuite décline lentement. I,es animaux finissent par
perdre
dupoids.
Cela tient au fait que la ration manque de vitamines. Eneffet,
le lait écrémé est pauvre en vitamines A etD 3 qui
sont des facteurs de croissanceimportants.
I,a preuve en est que le lot Aqui reçoit
le mêmerégime supplémenté
en vitamines a une croissance assez bonne.Les résultats
portant
sur les tauxd’ingestion
sont les suivants :Ces résultats
appellent
les observations suivantes : 10 Poussins de la première série.
En ce
qui
concerne les animaux de lapremière
série(lots
A B C I)X)
observés de o à m
semaines,
les résultats sont dans l’ensemble assezsatisfaisants. A m
semaines,
dans tous les cas sauf un, lespoulets
ontingéré
desquantités d’aliments, exprimées
en matièresèche, égales
ouinférieures à celle du lot de référence et les indices de consommation obtenus sont du même ordre de
grandeur.
Onpeut,
à cesujet,
faire lesremarques suivantes :
a)
Au fur et à mesure que le taux de pommes de terreaugmente
dans lerégime,
on assiste à une élévation simultanée de la consommation totale d’aliments et de laquantité
deprotéines ingérées.
Laprésence
depommes de terre cuites favorise
l’appétit
despoulets
endépit
de laforte
proportion
d’eauqu’elles
contiennent et de leur coefficient d’en- combrement nonnégligeable. Toutefois,
les pommes de terreprésentent
un certain inconvénient à être
employées
àtrop
fortes doses. C’est eneffet pour le
régime
leplus
riche en ce tubercule(6 0
p.ioo)
que l’indice de consommation est le moins bon et que l’intensité de la croissance cessed’être maximale.
b)
D’autrepart,
bien que la teneur en pommes de terre durégime
conditionne
l’appétit,
elle est la cause de la réduction de l’efficacitéprotéique
durégime ;
onpeut
aisément remarquer que la valeurdurapport
gain
depoids
. ,gain de poids va en s’abaissant quand
le taux de pommes de terre
protéines ingérées
augmente.
Ceci est vraisemblablement en relation avec une diminution de l’utilisationdigestive
de l’alimentqui peut
êtreexpliquée
par la richesse de ce tubercule en matièrespectiques.
Ces dernières sontprincipalement
distribuées dans la
pulpe (Vor,KS!x (6r)).
Il en résulte d’ailleurs un abais- sement du coefficient dedigestibilité
azotée de la pomme de terrepuisque
sa valeur n’est que de
6 3
p. 100chez lepoussin (T I T U S (5 9 ».
c)
Il convient desouligner
que lerégime
Acomposé
d’unmélange
de céréales comme
pâtée
et de lait écrémé comme boisson est celuiqui
fournit laplus
haute efficacitéprotéique
biensupérieure
à celle durégime
de référence( 51
p. 100d’augmentation).
Nous
apportons
là une preuve deplus
à la thèse selonlaquelle
lesprotéines
du lait et des céréales sesupplémentent parfaitement.
Parcontre, le fait que ce même
régime
nepermette qu’une
croissance médiocre laisse à penserqu’une
ration aussisimple
ne fournit pas en suffisance les éléments nutritifsindispensables
auxpoulets.
2
0 Poussins de la deuxième série
Chez les animaux des lots A B C D observés de 3 à m
semaines,
nousretrouvons en gros les mêmes résultats que
précédemment
en cequi regarde
lesquantités
de matières sèches et deprotéines ingérées
d’unepart et l’indice de consommation et l’efficacité
protéique,
d’autrepart.
Parmi les lots
appartenant
en propre à la 2e série(lots E,
F etG)
les valeurs trouvées dans le cas du
régime
E(céréales,
pommes de terre 30p. 100, aliment
complémentaire
et laitécrémé)
sont tout à fait com-parables
à celles fournies par le lot Cqui reçoit
dans les mêmes conditions40 p. 100de pommes de terre. Par contre, dans le cas des
régimes
F etG, qui
ne contiennent pas d’alimentscomplémentaires
et enparticulier qui n’apportent
pas de vitamines A et D, la croissance est laplus
mau-vaise et les indices de consommation les
plus
élevés. Il ne semble donc paspossible
de conduire correctement unélevage
depoussins
en usant commeseule source d’aliments d’un
mélange
decéréales,
additionné ou nonde pommes de terre, et de lait
écrémé ;
il nousparaît indispensable d’y adjoindre
un aliment decomplément
pourpallier
les carences d’un telrégime.
3 0
Quantités de pâtée ingérée et de lait bu.
I,e tableau VI rassemble les valeurs du
rapport
de laquantité
delait bu à la
quantité
depâtée
sècheingérée.
Ellespermettent
depréciser
comment la nature de la
pâtée
influence la consommation de la boisson.On admet
pratiquement
que lespoulets
boivent 2 foisplus qu’ils
ne
mangent.
Enfait,
nous constatons dans nos essais une élévation de cette valeurqui peut
allerjusqu’à
3,3sauf
pour les lots B et F. Il est donc intéressant de noter que d’unepart l’appétence
du lait écrémé estgrande
et que d’autre
part malgré
une teneur en eauimportante
durégime,
les rations contenant des pommes de terre
favorisent,
engénéral, l’inges-
tion de
grandes quantités
de boisson.4
°
Discussion de la méthode d’élevage.Il est intéressant pour l’éleveur de connaître non seulement l’effi- cacité pour la croissance des aliments
étudiés,
mais encore lesperformances qu’il peut espérer
de ses élèves en fonction à la fois durégime
et de laméthode
d’élevage qu’il
a suivis. C’estpourquoi,
nous allons comparernos résultats non
plus
sur la base dugain
depoids
mais au moyen dupoids
final que les Poulets ont atteint àl’âge
d’être vendus. Ces résultats sont résumés dans le tableau VII.Jusqu’à
lacinquième semaine,
la distribution des lots E F G n’est pas effectuée. Les animauxqui
leur sont destinés se trouvent réunisavec ceux du lot de référence et
reçoivent
le mêmerégime.
C’estpourquoi
le
poids
moyen despoussins
des groupes E F G et X sontidentiques
à5
semaines. Notons
qu’à
cette date lespoids
moyens des lots C et D sont nettementsupérieurs
à celui du lot témoin. Al’âge
commercial de la vente, lespoids
despoulets
des lotsC, E
et X sont tout à faitcomparables.
On
peut
donc en tirer deux conclusions :- A la condition que le
régime
contienne un aliment decomplé-
ment, et que le taux de pommes de terre ne
dépasse
pas 4o p. 100, il estpossible
d’obtenir avec une telle ration despoulets
depoids comparables
à ceux nourris d’un aliment
complet.
- De
plus,
le moded’élevage
ne semble pas intervenir sur lepoids
final des animaux. Avec des rations de
compositions
très voisines(C
etE)
les résultats à m semaines sont exactement
identiques.
Il est doncpossible
d’élever des
poussins
dès lepremier jour
avec cesrégimes.
Toutefois,
il faut attirer l’attention sur le fait quen’importe lequel
des
régimes
étudiés n’est pas pour autantsatisfaisant,
la preuve en est fournie par les lotsA,
F et G pourlesquels
l’aliment nepermet
pas une croissance normale.CONCLUSION
D’après
cespremiers résultats,
il semble donc que l’éleveurpuisse
non seulement nourrir ses
poussins
dès lepremier âge
avec lesproduits
deson
exploitation,
mais encore que lesrégimes
ainsipréparés
soient par- faitementadaptés
à sespréoccupations.
L’utilisation du lait comme boisson ne
présente
pas de contre-indications dans l’alimentation du
poussin
à la condition expresse d’être récolté et distribué dans desrécipients
très propres.Le
régime
constitué deplusieurs
céréales et de laitécrémé,
enrichi en vitamines A et D, est un alimentprotéique
de haute valeurpuisqu’il
afourni,
dans nosessais,
l’efficacitéprotéique
laplus
forte.Toutefois,
pour obtenir ce
résultat,
laprésence
de minéraux et des vitamines A et D dans la ration estindispensable.
Il convientcependant
derépéter
que,en
dépit
de sesqualités protéiques
cet aliment neprésente
pas toutes lesgaranties
nutritionnellespuisqu’il
nepermet
pas une intensité de crois-sance
optimale.
L’emploi
de pommes de terre cuites dans lerégime oblige
du fait desa faible teneur en
protéines,
àemployer
un alimentcomplémentaire.
Onremarque alors que
plus
le taux de pommes de terreaugmente
dans lerégime, plus
la consommation totale d’alimentaugmente
et par là mêmeplus
laquantité
deprotéines ingérées
est élevée. Ceci entraîne une élé- vationparallèle
dugain
depoids
tant que le taux de ce tubercule n’est pastrop
élevé.Il semble que de tels
régimes lorsqu’ils
sontjudicieusement
consti-tués, puissent
être utilisés pour l’alimentation dupoussin
dès lepremier jour.
Onpeut également
fournir un alimentcomplet
du commercependant
les
premières
semaines et réserver cesrégimes
« fermiers » comme aliment de finition.En
résumé,
l’éleveur de volaillespeut
sans inconvénient établir les rations de sespoussins
avec lesproduits
récoltés sur sonexploitation agri-
cole :
blé,
orge, maïsbroyés,
pommes de terrecuites,
lait écrémé commeboisson,
à la conditiond’incorporer
à lapâtée
un alimentcomplémentaire
de bonne
qualité.
Pourréussir,
l’éleveur doitrespecter
lesproportions
dans
lesquelles
les différents aliments entrent dans lacomposition
durégime
et observer desrègles
très strictesquant
à lapropreté
du matérield’élevage.
Notre étude
indique
que les meilleurs résultats sont obtenus avec unrégime
constitué de 45à 55p. 100d’unmélange
degrains,
de 30à 40p.100 de pommes de terre cuites et de 15 p. 100 d’un alimentcomplémentaire
dosant 40 p. 100 de
protéines.
Reçu pour !ublieatio!2
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