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Le phénomène multiplexe. De nouveaux cinémas pour de nouveaux territoires ?

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Academic year: 2022

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Géographie et cultures 

53 | 2005

Les cinémas multiplexes

Le phénomène multiplexe

De nouveaux cinémas pour de nouveaux territoires ? Valérie Bourdin, Chantal Gérard et Jean‑François Perrut

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/gc/11401 DOI : 10.4000/gc.11401

ISSN : 2267-6759 Éditeur

L’Harmattan Édition imprimée

Date de publication : 1 mars 2005 Pagination : 3-4

ISBN : 2-7475-8824-6 ISSN : 1165-0354 Référence électronique

Valérie Bourdin, Chantal Gérard et Jean‑François Perrut, « Le phénomène multiplexe », Géographie et cultures [En ligne], 53 | 2005, mis en ligne le 04 avril 2020, consulté le 04 février 2021. URL : http://

journals.openedition.org/gc/11401 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gc.11401 Ce document a été généré automatiquement le 4 février 2021.

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Le phénomène multiplexe

De nouveaux cinémas pour de nouveaux territoires ?

Valérie Bourdin, Chantal Gérard et Jean‑François Perrut

1 Avec près de 195 millions de spectateurs en 2004, les salles de cinéma françaises renouent avec des niveaux de fréquentation inégalés depuis une vingtaine d’années.

D’aucuns attribuent ces succès à la dernière génération des complexes de salles : les fameux cinémas multiplexes. En France (comme dans de nombreux pays d’Europe ou d’Amérique du Nord), depuis 1993, la courbe de fréquentation est en effet presque parfaitement corrélée à celle du nombre de multiplexes installés sur le territoire. Leur place a désormais une position incontournable : dix années ont suffi pour que les 118 multiplexes rassemblent, fin 2003, 25 % des écrans (1 400) et près de la moitié (45 %) de la fréquentation totale.

2 De façon très générale, le multiplexe est considéré comme un équipement comportant plusieurs salles dont chacune dispose de caractéristiques techniques irréprochables : des écrans géants, un son numérique et une disposition des sièges en gradins.

Accompagnés d’un vaste parking, ils se structurent autour d’un hall de grande taille permettant d’accueillir le public dans les meilleures conditions. Les opérateurs ont dû repenser leur métier en concentrant simultanément capitaux (10 à 20 millions d’euros), clientèles et activités complémentaires, dans de nouvelles localisations soigneusement choisies. Cependant, tous ces critères, purement techniques, ne nous semblent pas suffisants pour rendre compte de l’importance de la transformation insufflée par le phénomène multiplexe, dans un contexte audiovisuel pourtant bien peu favorable (explosion du DVD, du téléchargement et de l’offre télévisuelle). Une telle croissance ne peut prendre appui que sur une profonde mutation des pratiques et représentations de cet espace singulier, la salle de cinéma, un des rares espaces collectifs « de masse » à caractère culturel.

3 Le multiplexe invite, par l’univers dont il promeut et les pratiques qu’il sous-tend, à une réflexion sur l’élaboration d’un nouveau type d’espace public. En effet, dans le cadre de pratiques relevant à la fois du culturel et du loisir marchand se trouvent associées, au sein de ces équipements, les dimensions domestiques, familiales et collectives. La confusion des genres, telle qu’elle peut être menée ici mais également

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dans les centres commerciaux autour d’événements reflets de la culture marchande, nous interroge sur l’élaboration dans ces lieux d’un nouveau « vivre-ensemble ». Ces espaces sont à la fois le support et la traduction de logiques profondément a- territoriales. La pratique de ces lieux largement plébiscités, pensés et élaborés dans le cadre de stratégies économiques, n’est pas sans conséquence sur notre rapport à la ville de façon générale, et à l’espace public en particulier.

4 Dans l’aire urbaine montréalaise, Gilles Sénécal montre comment le repositionnement des multiplexes dans l’espace métropolitain conforte et diversifie les espaces périurbains et permet d’engager une réflexion sur les styles de vie. Il en déduit que les environnements urbains et les codes sociaux se construisent simultanément sous l’influence des structures sociales et en écho aux intentions d’aménagement. Dans des espaces plus anciennement urbanisés, comme à Leicester, agglomération moyenne typique de l’Europe de l’Ouest, Phil Hubbard décrit comment le bouleversement de la pratique cinématographique, induite par ces nouveaux équipements, prend appui sur des représentations sociales différenciées et les renforce.

5 Face à la rapidité et à l’importance de ces stratégies de redéploiement de l’offre cinématographique, les pouvoirs publics ont été pris au dépourvu dans leur rôle de régulateur territorial. Gardiens, à l’échelon local, des équilibres spatiaux, leur rôle d’arbitre s’amenuise nettement dans la régulation des jeux économiques. Dans une région aux équilibres sociaux perturbés, la Lorraine, Jean-François Perrut fait le point sur la relative incapacité des pouvoirs publics à saisir cet équipement hors norme, en dehors de ce qui constitue aujourd’hui l’ordinaire de l’action urbaine. En contrepoint, il est particulièrement instructif d’observer, au regard de la logique a-territoriale du multiplexe, le positionnement spécifique des salles Art et essai. Le face-à-face, analysé ici par Chantal Gérard, induit par des approches économiques et esthétiques opposées, s’exprime par des stratégies d’appropriation réciproques. Cela traduit le rayonnement symbolique du cinéma d’Art et essai qui a su jusqu’ici résister à la marginalisation, tant économique qu’artistique. Le cas lyonnais, où se jouent à l’extrême ces tensions, montre que les élus devront mesurer l’enjeu culturel d’une défense de leurs salles municipales pour préserver cet équilibre.

6 Enfin, pour clore ce dossier, il nous semblait essentiel de faire le point sur la politique du Centre national de la cinématographie (le CNC). Virginie Bourdin s’est ainsi entretenue avec Mme Barbaroux, directrice adjointe du CNC, afin de situer la position de cet organisme, au rôle central dans la vie cinématographique française. À l’heure des mécanismes d’encadrement d’implantation (les CDEC), du médiateur de cinéma, les objectifs du CNC seraient de soutenir sans distinction toutes les branches (production, diffusion, exploitation), et quels que soient les types de salles (culturelles ou loisirs), afin de favoriser la bonne santé du cinéma en France.

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AUTEURS

VALÉRIE BOURDIN UMR5600

CHANTAL GÉRARD UMR5600

JEAN‑FRANÇOIS PERRUT Urbaniste

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