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Les amants d'Antibes, DANMOTLEY

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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LES AMANTS D’ANTIBES

Depuis plusieurs jours la plage était déserte en cette fin du mois d’octobre 1913 et toutes les cabines de plage avaient été remisées. L’aristocratie anglaise ne reviendrait principalement au quartier Newborough de Nice qu’en hiver.

Fin septembre Helen et ses parents, pionniers du tourisme estival, avaient quitté la luxueuse villa du Cap d’Antibes pour rejoindre Londres par le train BOMBAY EXPRESS et seul restait sur place le gardien-jardinier Marcello.

Georges n’était pas rentré à Londres, son père, riche négociant, lui avait imposé un stage de six mois chez un soyeux lyonnais.

Les deux jeunes gens avaient passé un été sans se quitter, se retrouvant tous les soirs dans la cabine de la plage sous la villa en déjouant toutes les surveillances des parents d’Helen.

Elle avait convaincu sa cousine Margareth, qui effectue ses études à Paris, de « l’inviter » quelques jours pour une importante exposition où les peintres en vogue, Picasso, Van Gogh, Pissarro et Renoir étaient réunis.

En réalité elle avait pris le train direct pour Marseille et Georges descendait de Lyon avec sa nouvelle Bugatti Type 18 qu’il venait d’acquérir.

Les deux jeunes gens doivent se retrouver à midi à la gare Saint Charles. Georges gare sa Bugatti et s’installe sur une terrasse que le soleil du sud rend agréable bien que le mois d’octobre se termine. Peu après arrive, flamboyante, la jolie Helen. Faisant fi de toute pudeur ils s’embrassent longuement sous l’œil amusé de vieux pécheurs attablés autour d’un pastis. Elle porte une robe jaune du couturier français Paul Poiret, et a poussé l’audace de suivre la mode de ces jeunes parisiennes qui sortent sans corset.

Ils déjeunent dans le quartier du Panier à Marseille près de l'auberge des Treize Cantons où séjourna Casanova et il plaisante avec Helen en citant un passage ou ce dernier écrivait sur le libertinage des filles d’ici. Jalouse, Helen ne trouve pas l’allusion digne d’intérêt. Puis ils rejoignent la Bugatti, sortent de Marseille et prennent la route côtière où le bolide laisse sur place les lourdes berlines de quelques touristes parisiens prolongeant leur séjour sur la French Riviera et dont les chauffeurs prennent un air horrifié lors de ses dépassements hasardeux.

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En fin d’après midi ils traversent Cannes où Henri Ruhl fait agrandir son palace construit par Charles Dalmas et Marcellin Mayère, le succès de l’établissement nécessitant d’ajouter une aile, puis ils arrivent au Cap d’Antibes.

La plage déserte est beaucoup plus naturelle, plus sauvage sans ses cabines et les terrasses des cafés. Ils marchent dans le sable et prennent le petit sentier qui mène à l’entrée arrière de la villa afin de ne pas passer devant la maison du gardien bien qu’à cette heure il doive déjà dormir assommé par l’excès d’absinthe.

Ils ouvrent la petite porte en fer qui grince légèrement, traversent le parc et Helen soulève une pierre près de la fontaine où est dissimulée la clé de la porte de service.

Les deux jeunes gens entrent dans la maison, il fait presque nuit et déjà une odeur d’humidité de maison fermée se dégage. De grands draps blancs recouvrent les meubles du salon. Ils montent le grand escalier et arrivent dans la chambre qui offre une magnifique vue sur la méditerranée.

Helen plonge littéralement sur le grand lit à baldaquin et Georges renie son éducation de gentleman se transformant en apache de Montparnasse.

Après avoir néanmoins pris quelques égards pour la robe de ce grand couturier, ses mains musclées rompent sans finesse les rubans du jupon et flattent la

croupe et les reins libérés de sa maitresse en lui mordillant le cou. Encore vexée par la référence à la sensualité des méditerranéennes dans la citation

malvenue de Casanova, elle s’empresse de lui démontrer ses talents et vaincus par le sommeil, ils finissent par s’endormir blottis l’un contre l’autre dans la relative fraîcheur de la nuit.

Le lendemain matin Georges est réveillé par le soleil qui passe à travers les persiennes et joue sensuellement avec les reflets roux des cheveux bouclés d’Helen, il dépose un baiser sur ses jolies lèvres, elle ouvre ses grands yeux verts et ils font l’amour avec une infinie douceur, puis redescendent au rez-de-chaussée, vérifient que la voie est libre et quittent discrètement la villa.

Au bout du chemin le soleil d’automne fait des reflets sur les petites vagues qui s’échouent sur la plage déserte.

Danmotley.auteur@gmail.com 20200305

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