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Reference
[Compte rendu de:] Inside Roman Libraries : Book Collections and Their Management in Antiquity / George W. Houston. - Chapel Hill:
The University of North Carolina Press, 2014
DOLVECK, Franz
DOLVECK, Franz. [Compte rendu de:] Inside Roman Libraries : Book Collections and Their Management in Antiquity / George W. Houston. - Chapel Hill: The University of North Carolina Press, 2014. Revue Bénédictine, 2016, vol. 126, no. 1, p. 181-182
DOI : 10.1484/J.RB.5.111573
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:145201
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[Revue bénédictine, 126 (2016), p. 181-182]
George W. Houston, Inside Roman Libraries. Book Collections and Their Management in Antiquity — Chapel Hill, The University of North Carolina Press (Studies in the Hi
story of Greece and Rome), 2014, 23,5 × 16 cm., [xviii]-327 p., fig., tables [ISBN 978-1- 4696-1780-0].
George Houston entreprend, dans cette monographie aux apparences de manuel, un examen des diverses sources, papyrologiques, archéologiques, littéraires, permettant de reconstituer la nature et le fonctionnement des bibliothèques romaines. Il doit d’emblée être défini que, par « bibliothèque romaine », on entend une collection de livres, c’est-à-dire en pratique de rouleaux de papyrus, dans le monde romain de la fin de la République et de l’Empire grosso modo jusqu’au iiie siècle inclus. Peu importe que cette collection soit « privée » ou « publique » : l’auteur montre bien que la distinction n’est pas pertinente, les grandes bibliothèques impériales n’étant pas fondamentalement différentes, sauf le plus souvent en termes d’importance des collections, des bibliothèques des particuliers. Ces dernières, d’ailleurs, pour certaines, peuvent être ouvertes au « public » de manière sensiblement comparable à ce qui se pratiquait pour les bibliothèques impériales ou municipales.
L’ouvrage aborde, après une introduction définitoire et méthodologique et un premier chapitre gé- néral (« Assembling a Collection ») — qui, peut-être, eût gagné à être un peu plus détaillé, encore que la bibliographie ne manque pas — les différentes sources relatives aux bibliothèques romaines : les quelques listes parvenues jusqu’à nous et pouvant être assimilées avec un degré suffisant de probabi- lité à des inventaires de collections (chap. 2 ; textes édités, traduits et commentés dans l’appendice I), les collections subsistant partiellement, c’est-à-dire celle de la Villa des Papyri à Herculanum (chap. 3 et app. 2) et trois ensembles identifiés à Oxyrhynque (chap. 4 et app. 3). Le chapitre 5 (« Spaces, Stor- age, Equipment, and Art ») aborde les aspects concrets des bibliothèques, dont ce qui caractérise le plus immédiatement les bibliothèques « publiques », c’est-à-dire leurs bâtiments (à partir d’une étude des bibliothèques d’Éphèse et de Timgad). Le dernier chapitre, à travers l’étude du personnel, se penche particulièrement, naturellement, sur les collections impériales.
Le grand mérite de cet ouvrage est que, au-delà de présenter de manière parfaitement claire et pondérée son sujet, il en présente aussi et surtout les sources. Qui chercherait un panorama exhaustif, mais entièrement hypothétique, des bibliothèques romaines serait déçu, parce que le caractère ex- trêmement partiel et fragmentaire des sources ne le permet pas ; l’historien ne peut rien contre cela.
Il pouvait en revanche présenter ce que l’on sait, ce que l’on peut savoir, et ce que l’on peut inférer, de manière plus ou moins assurée, en distinguant toujours soigneusement l’avéré et l’hypothétique : G. Houston y parvient admirablement, et, à ce titre fait | de cet ouvrage non seulement une excellente introduction, comme il le désirait, pour les étudiants et les chercheurs non spécialistes, mais aussi un modèle de méthode à l’usage des historiens du livre antique. C’est ce qui lui garantit certainement d’être un ouvrage de référence, et pour longtemps.
L’auteur s’en tient sauf exception à la période « classique » de l’histoire romaine ; c’est un choix compréhensible et justifié, qu’on ne peut lui reprocher. Pourtant, cela contribue à asseoir l’impression que, au cours d’un demi-millénaire, il n’y a eu aucune évolution, aucun changement dans la nature et la gestion des bibliothèques : est-ce vraiment le cas ? Ce n’est guère vraisemblable, et en tout cas pas démontré : la recherche d’une vision diachronique est une piste qui pourrait être ajoutée à celles signalées par l’auteur en conclusion. D’autre part, un champ chronologique plus large aurait pu ap- porter des réponses sur quelques points de détail, par exemple sur le signalement et le classement de rouleaux à œuvres multiples (opisthographes ou non ; surtout p. 246-248) ; le fait est rare pour un rou- leau, mais c’est quasiment la norme pour un codex. On aurait pu se demander quelle était la manière de faire des bibliothécaires tardo-antiques puis médiévaux, et probablement supposer qu’elle était issue des usages de l’antiquité classique, ou en tout cas n’en différait pas fondamentalement.
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