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Un dimanche pour Dieu ou pour l'homme? : une croisade philanthropique et religieuse pour la défense du dimanche chrétien : modèles et pratiques aux XIXe et début du XXe siècles

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Texte intégral

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Thesis

Reference

Un dimanche pour Dieu ou pour l'homme? : une croisade philanthropique et religieuse pour la défense du dimanche chrétien :

modèles et pratiques aux XIXe et début du XXe siècles

LATHION, Valérie

Abstract

La première partie analyse les représentations du dimanche traditionnel protestant depuis la Réforme jusqu'au XIXe siècle. La seconde partie est consacrée à l'étude du mouvement associatif, d'origine protestant et genevois, issu de la Société pour la sanctification du dimanche (1861) et de la Fédération internationale pour l'observation du dimanche (1876), ainsi que de leurs réseaux genevois, suisses et internationaux. La troisième partie traite des combats et discours de ce mouvement - c'est à dire de la conquête du repos hebdomadaire et de l'emploi du temps libre - qui sont mis en perspective au sein de la Réforme sociale. Les nouvelles représentations du dimanche et les pratiques religieuses qui en découlent sont aussi analysées. La question de l'adaptation des Églises face à la laïcisation du dimanche dans la société d'après 1945 est abordée dans l'épilogue. Un vaste appareil critique est proposé en annexe, notamment des notices biographiques sur les membres de cette mouvance.

LATHION, Valérie. Un dimanche pour Dieu ou pour l'homme? : une croisade

philanthropique et religieuse pour la défense du dimanche chrétien : modèles et pratiques aux XIXe et début du XXe siècles. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2007, no.

L. 642

URN : urn:nbn:ch:unige-792486

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:79248

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:79248

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Université de Genève

Faculté des lettres – Département d’histoire générale Unité d’histoire contemporaine

2007

Un Dimanche pour Dieu ou pour l’homme ?

Une croisade philanthropique et religieuse pour la défense du dimanche chrétien.

Modèles et pratiques aux XIXe et début du XXe siècles.

Thèse de doctorat de Valérie Lathion

sous la direction de Mme la Professeure Sandrine Kott pour l’obtention du grade de docteur ès lettres.

Thèse soutenue le 9 novembre 2007 devant un jury composé de

Robert Beck (Tours), Christoph Conrad (président du jury, Genève), Michel Grandjean (Genève, théologie), Sandrine Kott (directrice de thèse, Genève), Laurent Tissot (Neuchâtel)

et François Walter (Genève).

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A David

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Remerciements

Le thème général de ma thèse (l’histoire du dimanche) m’a été proposé par mon premier directeur de thèse, M. Ladislas Mysyrowicz. Qu’il en soit ici remercié.

J’aimerais exprimer ma plus vive reconnaissance à Mme Sandrine Kott qui a bien voulu reprendre la direction de ma thèse lors de son arrivée à Genève. Sa direction a été stimulante et ses nombreux conseils m’ont été fort précieux.

Je tiens aussi à remercier les archivistes et conservateurs du Département des manuscrits de la Bibliothèque de Genève, en particulier Mme Barbara Prout qui a retrouvé le fonds Alexandre Lombard, alors non catalogué. Ma gratitude va aussi à toutes les personnes qui m’ont aidée dans mon travail, notamment M. Alexandre Défayes.

Enfin, cette thèse n’aurait jamais été achevée sans le soutien persévérant de David, mon mari, qui a été mon premier lecteur et a aussi assumé l’aride fonction de correcteur.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION... 9

PREMIERE PARTIE : LA SANCTIFICATION DU DIMANCHE : UNE LUTTE DANS LA CONTINUITE : ... 23

CHAPITRE PREMIER :UNE LEGISLATION DOMINICALEENTRE REPRESSION ET TOLERANCE... 23

1.1. Les vains efforts répressifs de l’Ancien Régime ... 24

1.2. Le dimanche navré ... 42

1.3. Le dimanche de la Restauration : un idéal fragile ... 55

CHAPITRE 2 :DIVERTISSEMENTS OU SANCTIFICATION ?... 71

2.1. Sociabilités et divertissements ... 72

2.2. La religiosité... 88

CHAPITRE 3 :LA SOCIETE POUR LA SANCTIFICATION DU DIMANCHE DANS LE CANTON DE VAUD... (1834-1843) ... 123

3.1. Organisation... 124

3.2. L’œuvre... 129

DEUXIEME PARTIE : LA SOCIETE ET FEDERATION INTERNATIONALE POUR L’OBSERVATION DU DIMANCHE :ESSOR ET RESEAUX D’INFLUENCE... 143

CHAPITRE 4 :LES PREMIERES ANNEES DE LA SOCIETE POUR LA SANCTIFICATION DU DIMANCHE.. 143

4.1. La fondation du comité genevois ... 144

4.2. L’envol de l’œuvre... 161

CHAPITRE 5 :LES RESEAUX DE LA FEDERATION INTERNATIONALE POUR LOBSERVATION DU DIMANCHE... 203

5.1. La fondation de la fédération ... 204

5.2. La présence internationale du mouvement dominical ... 231

CHAPITRE 6 :LE TRIPLE COMITE DE GENEVE : CARREFOUR DE LA PROTECTION DU REPOS ET DE LA

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6.1. Le prosélytisme littéraire... 269

6.2.L’évolution de l’œuvre genevoise, suisse et internationale pour l’observation du dimanche 291 CHAPITRE 7 :POLEMIQUES ET COMBATS RELIGIEUX... 331

7.1. L’observation du dimanche : un débat au sein du protestantisme ... 332

7.2. Protestants et catholiques face à la croisade dominicale : entre méfiance atavique et rapprochement associatif ... 357

TROISIEME PARTIE : LA CONQUETE DU REPOS DOMINICAL ... 393

CHAPITRE 8 :COMBATS ECONOMIQUES, LEGISLATIFS ET SYNDICAUX POUR LE REPOS HEBDOMADAIRE... 393

8.1. Les fondements de la revendication sociale ... 395

8.2. La législation suisse sur le repos dominical... 430

CHAPITRE 9 :L’EMPLOI DU TEMPS LIBERE : MODELES ET PRATIQUES... 513

9.1. Le repos et la sanctification du dimanche : une solution pour moraliser la société ... 516

9.2. La condamnation des activités profanes... 539

9.3. Le dimanche chrétien : entre résistances et progrès ... 562

EPILOGUE :DU DIMANCHE AU WEEK-END : LA VICTOIRE SANS COMBAT DU REPOS LAÏC... 593

CONCLUSION ... 599

ANNEXES ... 603

BIBLIOGRAPHIE... 717

INDEXDESPERSONNAGESHISTORIQUES ... 754

TABLEDESMATIERES ... 762

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INTRODUCTION

Les représentations du dimanche, temps à part de la semaine, s’égrènent au fil des décennies des XIXe et XXe siècles en se superposant parfois. Aujourd’hui encore, le débat n’est pas clos puisque la conception du dimanche en tant que jour de repos qui a prévalu durant le XXe siècle est remise en cause par les partisans d’une libéralisation toujours plus avancée du commerce. En Suisse, chaque tentative d’ouverture dominicale suscite une levée de boucliers des syndicats1. Même si la question peut être résolue par une réorganisation du temps de travail des employés, les récriminations contre tout excès de libéralisation et le refus de la population d’écorner le principe du repos dominical prouvent qu’aujourd’hui encore, le dimanche – bien qu’il ne soit plus préservé officiellement pour des motifs religieux – est toujours considéré comme un temps à part dans la semaine, un temps pour la famille, le repos, les loisirs ou le ressourcement personnel, comme l’ont démontré les débats lors des votations fédérales du 27 novembre 20052. Les entorses faites à l’intégrité du repos dominical sont ainsi contenues dans certaines limites : seuls les commerces des zones touristiques (en plus de certaines catégories comme les boulangeries) peuvent ouvrir tandis que les employés bénéficient d’une contrepartie salariale. Dans d’autres sphères, en France notamment, les entreprises de grande distribution parviennent à contourner les législations protectrices, quitte à payer de lourdes amendes, ou à bénéficier d’exemptions, et les ouvertures dominicales semblent plutôt bien acceptées par l’opinion publique, bien qu’elles suscitent l’ire des syndicats, laissant néanmoins ouvert le débat sur la liberté de commerce et de travail, et sur la signification socioculturelle du dimanche considéré comme le jour de repos traditionnel.

La laïcisation du discours relatif au dimanche a permis, dans le dernier quart du XIXe siècle, la reconquête de son repos pour tous ; mais paradoxalement, elle a été portée par des milieux qui désiraient que ce repos se généralise pour des motifs religieux et qui puisaient dans leur foi leur force combative. En effet, la transformation de l’emploi du dimanche traditionnel dans le courant du XIXe siècle, après son envahissement par le travail continu sept jours sur sept, a clairement été perçue comme un danger pour l’Eglise. C’est cette

1 Récemment encore, les syndicats se sont élevés contre le désir d’associations patronales d’ouvrir les commerces à Genève deux dimanches de l’Avent. Tribune de Genève, 13 décembre 2006.

2 Le projet de loi, élargissant l’ouverture dominicale des commerces dans les gares, a été néanmoins accepté à une faible majorité.

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menace qui a provoqué la création d’un mouvement associatif en faveur du dimanche, le considérant comme le jour du Seigneur et du repos hebdomadaire par excellence, et luttant pour un double idéal religieux et philanthropique. S’inspirant d’expériences britanniques, cette organisation a rayonné au niveau européen depuis Genève où une association s’est créée en 1861, la Société pour la sanctification du dimanche (SPSD), élevée en 1876 au rang de Fédération internationale pour l’observation du dimanche (FIPOD), et demeurée plus ou moins active jusqu’en 1957. Sa croisade s’est certes achevée par la victoire du repos laïc mais aussi faute de combattants puisque les dernières générations de ceux-ci ont été dépassées par ce qu’elles avaient aussi promu et n’ont, en outre, pas su renouveler leur analyse ni leur discours. La conquête philanthropique du dimanche a permis de garantir un repos pour tous et s’est inscrite dans l’idéal de philanthropie chrétienne qui a voulu contribuer à une réforme sociale souhaitée par de nombreux cercles dès le dernier quart du XIXe siècle, ainsi que dans les politiques sociales mises en place dès cette même époque en Europe. Sa défense religieuse et la promotion de sa sanctification ont décliné devant l’avènement des loisirs et la privatisation de la religion. La mutation du dimanche peut donc être perçue comme un miroir de la laïcisation de la société. Sa lente transformation a en outre provoqué à plusieurs reprises une remise en question du rythme hebdomadaire et de la signification du repos.

Les méandres d’une histoire du dimanche : historiographie et sources

Alors qu’au XIXe siècle, les ouvrages sur le dimanche étaient des contributions à sa préservation d’un point de vue religieux et philanthropique, ou des ouvrages d’exégèse biblique, c’est au XXe siècle que s’est ébauchée une histoire du dimanche. Les lois laïcisées sur le repos hebdomadaire du début du XXe siècle ont causé, en France comme en Suisse, plusieurs études juridiques dans le cadre universitaire sur la législation dominicale et son application, sortant le sujet du repos dominical des canaux de diffusion propres à la littérature militante de la croisade dominicale religieuse et philanthropique du XIXe siècle3. Les

3 Charles Berthomieu, Le repos hebdomadaire dans le commerce. Etude juridique et pratique, Paris, Rousseau, 1914, 335 p. ; Auguste Waldburger*, « Sonntagsruhe », in N. Reichesberg (hg.), Handwörterbuch der schweizerischen Volkswirtschaft Sozialpolitik und Verwaltung, Bern, Verlag Encyklopädie, III. Band, 1911, pp.

658-665 ; Hilmar Gordon, Die Sonn- und Feiertagsgesetzgebung nach schweizerischem Recht, Zürich, Druck von Emil Rüegg, 1917, 136 p.; L.-M. Rappeneau, La fermeture obligatoire au public des établissements assujettis au repos hebdomadaire (Loi du 29 décembre 1923), Dijon, Bernigaud et Privat, 1932, 247 p. ; Maurice Godineau, Le contentieux du repos hebdomadaire, Paris, Domat-Montchrestien, 1935, 119 p. ; Henri Cazenave, L’application et l’extension de la loi sur le repos hebdomadaire (Loi du 13 juillet 1906), Paris, Faculté de droit de l’Université de Paris, 1937, 183 p. ; Erika Hoffmann, Das Bundesgesetz über die wöchentliche Ruhezeit vom

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transformations de la signification et des usages du dimanche qui se sont accrues en Occident dans la seconde moitié du XXe siècle avec la civilisation des loisirs ont invité les sociologues du temps libre à reconsidérer la question du dimanche et de son repos par rapport aux loisirs et au week-end, évitant même souvent de dissocier ce jour du reste des loisirs4. Mais parallèlement, une réflexion théologique a toujours été menée sur le sujet du dimanche dans le but, entre autres, de préciser sa signification par-delà les époques, démontrant un besoin de l’Eglise de se repositionner par rapport aux changements des pratiques dominicales5. Ceux-ci ont engendré une réflexion sur le rôle du jour du Seigneur dans une société laïcisée. En examinant la religiosité, les recherches de sociologie religieuse ont placé au cœur de leurs débats la fréquentation cultuelle et ébauché le tableau des transformations des activités dominicales, tout en s’interrogeant sur la place de la religion et de ses rites par rapport à la modernité et à la sécularisation, ainsi qu’en redéfinissant la notion de jour du Seigneur6.

Dans les deux dernières décennies du XXe siècle, un renouvellement de l’histoire du dimanche a été opéré par des études plus amples, mettant en évidence la mutation du dimanche dans le long terme. Pour l’Allemagne, Friedrich Heckmann a révélé les enjeux philanthropiques et religieux de la conquête du repos dominical comme prise de position des philanthropes chrétiens et de l’Eglise dans la question sociale7, tandis que pour la France, Robert Beck a examiné la succession des représentations du dimanche (jour du Seigneur, jour

26. September 1931, Zürich, Druckerei des Rauhen Hauses, 1940, 115 p.; Helene Stokar, Sonntagsgesetzgebung im alten Zürich, Zürich, Zwingli Verlag, 1949, 119 p.

4 Cf. par exemple les études de Joffre Dumazedier, notamment, « Loisir : valeurs résiduelles ou existentielles ? », in Jean Poirier (dir.), Histoire des mœurs. Tome II. Modes et modèles, Paris, Gallimard, Encyclopédie de la Pléiade, 1991, p. 1186-1307. ; Révolution culturelle du temps libre 1968-1988, Paris, Méridiens Klincksieck, 1988, 312 p. ; Vers une civilisation du loisir ? Paris, Le Seuil, 1972, 309 p. (1ère édition en 1962).

5 Cf. notamment Willy Rordorf, Sabbat et dimanche dans l’Eglise ancienne, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1972, 256 p.; Samuele Bacchiochhi, Du Sabbat au Dimanche. Une recherche historique sur les origines du Dimanche chrétien, Paris, Lethielleux, 1984 ; Thierry Delay, Le repos, Genève, Faculté de théologie, mémoire de licence, août 1981, 77 f.

6 Pour Genève et la Suisse, cf. Edmond Perret, La pratique du culte à Genève. Enquête sociologique, Genève, Bulletin du Centre protestant, n° 2-3, 1963, 103 p. ; Roland J. Campiche et alii, Croire en Suisse(s). Analyse des résultats de l’enquête menée en 1988/1989 sur la religion des Suisses, Lausanne, L’Age d’homme, 1992, 322 p. ; Roland J. Campiche, Les deux visages de la religion. Fascination et désenchantement, Genève, Labor et Fides, 2004, 408 p. Cf. aussi les études historiques pour le catholicisme suisse d’Urs Altermatt : « Vom kirchlichen Sonntag zum säkularisierten Weekend. Zur Sozial- und Mentalitätsgeschichte des vorkonziliaren Sonntags », in Alberich Martin Altermatt, Thaddäus Schnitter (hg.), Der Sonntag. Anspruch, Wirklichkeit, Gestalt, Würzburg, Echter Verlag, Freiburg (Schweiz), Universitätsverlag, 1986, p. 248-289, et Le catholicisme au défi de la modernité. L’histoire sociale des catholiques suisses aux XIXe et XXe siècles, Lausanne, Payot, 1994, 395 p.

7 Friedrich Heckmann, Arbeitszeit und Sonntagsruhe. Stellungnahmen zur Sonntagsarbeit als Beitrag kirchlicher Sozialkritik im 19. Jahrhundert, Essen, Die Blaue Eule, 1986, 336 p. Signalons également l’étude spécifique sur la situation en Angleterre au XIXe siècle de John Wigley, The Rise and Fall of Victorian Sunday, Manchester, Manchester University Press, 1980, 216 p.

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de fête, jour travaillé, jour de repos et de famille) entre les XVIIIe et XXe siècles8. La compréhension des représentations du dimanche des XIXe et XXe siècles a aussi bénéficié, à la même époque, des contributions de l’histoire des loisirs et de leur avènement. En effet, à côté de l’approche sociologique sur le temps libre, une réflexion historique s’est élaborée sur les loisirs, analysant autant ses formes traditionnelles aristocratiques et bourgeoises, que son essor chez les classes moyennes et populaires pour lesquelles des stratégies sont mises en place par les élites sociales, dans une obsession d’organiser, de contrôler et de moraliser le temps libre9. Dans ce contexte, l’étude des nouvelles activités dominicales, de la « réinvention du dimanche »10 ne peut pas être dissociée d’une approche globale de la question, et les ouvrages sur la naissance des vacances, la construction du tourisme, la sociabilité associative, les activités et l’organisation des loisirs populaires permettent d’appréhender le repos laïc puisqu’avec cette notion, les spécificités du dimanche s’estompent dans le cadre global des loisirs11. Durant ces mêmes décennies, le thème du dimanche a été l’objet de plusieurs ouvrages destinés à un public plus élargi, prouvant peut-être son besoin de comprendre l’une des mutations de la société moderne12. En outre, examiner les transformations du dimanche implique aussi de s’interroger sur les cycles temporels et sur l’écoulement du temps13.

Dans l’histoire du dimanche, un pan n’a pas encore été examiné en profondeur : celui du mouvement associatif dominical qui s’est battu dès la seconde moitié du XIXe siècle pour

8 Robert Beck, Histoire du dimanche de 1700 à nos jours, Paris, Editions de l’Atelier, 1997, 383 p.

9 Alain Corbin (dir.), L’avènement des loisirs. 1850-1960, Paris, Aubier, 1995, 471 p. Cf. aussi Adeline Daumard (dir.), Oisiveté et loisirs dans les sociétés occidentales au XIXe siècle, Abbeville, Centre de recherche d’histoire sociale de l’Université de Picardie, 1983, 248 p.

10 Notion utilisée par Robert Beck (Histoire du dimanche, op. cit.) pour éclairer l’appropriation du dimanche en tant que jour de repos et de la famille par la classe ouvrière à la fin du XIXe siècle.

11 Sur ces thèmes, cf. entre autres, André Rauch, Vacances en France de 1830 à nos jours, Paris, Hachette, 1996, 279 p. ; Laurent Tissot, Naissance d’une industrie touristique. Les Anglais et la Suisse au XIXe siècle, Lausanne, Payot, 2000, 302 p. ; Laurent Tissot (dir.), Construction d’une industrie touristique aux 19e et 20e siècles.

Perspectives internationales, Neuchâtel, Alphil, 2003, 410 p. ; Hans-Jörg Gilomen, Beatrice Schumacher, Laurent Tissot (hg.), Freizeit und Vergnügen vom 14. bis zum 20. Jahrhundert, Zürich, Chronos, 2005, 344 p. ; Robert Beck et Anna Madoeuf, Divertissements et loisirs dans les sociétés urbaines à l’époque moderne et contemporaine, Tours, Université François Rabelais, 2005, 410 p. ; Jean-François Barrielle, Quand Dimanche était jour de fête, [Paris], Balland, 1982, 221 p.

12 Nicole Czechowski (dir.), Dimanche. Le temps suspendu, Paris, Editions Autrement, Série Mutations n° 107, 1989, 204 p. ; Witold Rybczynski, Histoire du week-end, Paris, Liana Levi, 1992, 230 p. (Edition originale : Waiting for the Weekend, 1991).

13 Cf. Krystof Pomian, L’ordre du temps, Paris, Gallimard, 1984, 365 p. ; Alain Corbin, « L’arithmétique des jours », in Le Temps, le Désir et l’Horreur, Essais sur le dix-neuvième siècle, Paris, Aubier, 1991, p. 9-22 ; Eviatar Zerubavel, The Seven Day Circle. The History and Meaning of the Week, New York, The Free Press, London, Collier Macmillan, 1985 ; David Saul Landes, L’heure qu’il est. Les horloges, la mesure du temps et la formation du monde moderne, Paris, Gallimard, 1987, 622 p. (Edition originale : Revolution in Time, Clocks and the Making of the Modern World, Harvard, Harvard University Press, 1983) ; Francesco Maiello, Histoire du calendrier. De la liturgie à l’agenda, Paris, Seuil, 1996, 298 p. (Edition originale : Turin, 1993).

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garantir le repos dominical afin que chacun puisse le sanctifier. Il s’agit donc de considérer les représentations du dimanche dans le discours normatif qui a été produit par les milieux philanthropiques et religieux des XIXe et début du XXe siècles, ainsi que leurs réalisations.

Dans cette optique, notre étude est une contribution à l’histoire de la philanthropie et du protestantisme puisque, même si protestants et catholiques se sont préoccupés du repos et de la sanctification du dimanche, la FIPOD demeure aux mains des évangéliques qui se côtoient au sein de la philanthropie chrétienne ; ses réseaux s’entremêlent donc autant avec ceux de l’Alliance évangélique que ceux de la Réforme sociale dans lesquels se croisent certes protestants, catholiques et républicains laïcs désireux de solutionner la question sociale14. En outre, cette lutte pour le repos dominical et en particulier les batailles législatives et syndicales se mènent dans le cadre de l’élaboration des politiques sociales à l’origine de l’Etat social ou de l’Etat-providence15.

Mais nous ne voulons pas nous limiter seulement aux modèles. En effet, examiner le discours normatif que la bataille du repos dominical a provoqué implique une interrogation sur la pratique religieuse. Comme le foyer de ce mouvement associatif est à Genève, une étude de la religiosité de ses habitants peut nous donner des pistes de compréhension de son terreau, de ses enjeux, de ses réalisations et enfin de la transformation des représentations du dimanche. Dans le cadre de l’histoire du protestantisme, une étude des pratiques religieuses à Genève au XIXe siècle permet de mettre à jour l’évolution des activités dominicales dans la sphère protestante, au sein d’une communauté qui se donne en modèle à l’ensemble de ses coreligionnaires (notamment grâce à l’autorité de ses facultés, nationale et libre, de théologie sur la formation des pasteurs francophones)16. En outre, la protection du dimanche chrétien

14 Sur les réseaux français de la Réforme sociale, cf. Christian Topalov (dir.), Laboratoires du nouveau siècle. La nébuleuse réformatrice et ses réseaux en France, 1880-1914, Paris, Editions de l’Ecole des hautes études en sciences sociales, 1999, 574 p.

15 Pour une introduction sur cette question et une typologie des différents Etats sociaux, cf. François-Xavier Merrien, L’Etat-providence, Paris, Presses universitaires de France, 1997, 127 p. ; François-Xavier Merrien, Raphaël Parchet et Antoine Kernen, L’Etat social. Une perspective internationale, Paris, Colin, 2005, 441 p.

16 A côté des ouvrages théologiques (sur la liturgie par exemple), les études historiques sur le protestantisme genevois du XIXe siècle éclairent jusqu’alors plutôt l’organisation de l’Eglise (cf. pour l’Eglise nationale, Henri Heyer, L’Eglise de Genève 1535-1909. Esquisse historique de son organisation …, Nieuwkoop, De Graaf, 1974 (reprint de Genève, Jullien, 1909), 554 p. ; Olivier Fatio, « La Compagnie des pasteurs au XIXe siècle », in 450 ans. La Compagnie des pasteurs de Genève, Genève, Edition Compagnie des pasteurs, 1992, pp. 39-48 ; et, pour l’Eglise évangélique, les ouvrages commémoratifs : Emile Brocher, Notice sur l’Eglise évangélique libre de Genève publiée à l’occasion du cinquantenaire de sa fondation, Genève, Ed. Labarthe, [1899], 78 p. ; Eglise évangélique libre de Genève, paroisse de l’Oratoire, Centenaire de la Chapelle de l’Oratoire à Genève. 1834- 1934. Genève, 1934, 36 p.), les luttes dogmatiques et ses manifestations auprès de la communauté des fidèles (par exemple les ouvrages sur le Réveil tels qu’Olivier Fatio (dir.), Genève protestante en 1831, Genève, Labor

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doit être replacée dans le contexte des luttes intestines au protestantisme du XIXe siècle, puisqu’elle est une manifestation du renouveau religieux issu du Réveil17.

Le cas de Genève est d’autant plus intéressant que cette ville est l’un des bastions du protestantisme mais qu’elle n’a pas échappé à la sécularisation, au détachement religieux observé dans les pays voisins. Le terme de sécularisation (tout comme celui de laïcisation) est au cœur d’un débat historiographique quant à sa définition, au bien-fondé de son emploi et à la logique de son évolution dans la société18. Cette notion explique le processus d’autonomisation des sphères religieuses et politiques lorsque l’Eglise perd de plus en plus son influence sur la vie publique tandis que la religiosité disparaît de la vie quotidienne de classes sociales entières. Dans un premier temps, ses origines ont été datées de la Révolution française et le déclin religieux a été analysé comme inéluctable19. Puis dans les deux dernières décennies du XXe siècle, une mise en question de cette double interprétation s’est généralisée.

Alors que les premiers signes de la sécularisation datent du XVIIIe siècle20, et que le processus s’est accru dans la société d’après-guerre, les historiens mettent l’accent sur les mouvements de flux et de reflux du sentiment religieux durant les XIXe et XXe siècles, tandis que les sociologues analysent les manifestations du renouveau religieux survenant suite à l’adaptation de l’Eglise à la modernité et l’expression d’une certaine religiosité en dehors de l’Eglise21 ; la sécularisation est ainsi interprétée comme un processus de libéralisation des contrôles religieux et ecclésiastiques, de pluralisation des conceptions religieuses ou philosophiques, et de privatisation du religieux. Ils se penchent alors sur les indices montrant que l’Eglise fait toujours partie du paysage social, tandis que la redéfinition, la

et Fides, 1983, 224 p. ou Gabriel Mützenberg, A l’Ecoute du Réveil. De Calvin à l’Alliance évangélique, St- Légier, Editions Emmaüs, 1989, 271 p.) que la pratique religieuse et la fréquentation cultuelle.

17 Sur ce sujet, nous avons abondamment puisé dans les ouvrages des historiens français du protestantisme (cf.

notre bibliographie, dont en particulier André Encrevé, Protestants français au milieu du XIXe siècle. Les réformés de 1848 à 1870, Genève, Labor et Fides, 1986, 1121 p., et Les protestants en France de 1800 à nos jours. Histoire d’une réintégration, Paris, Stock, 1985, 281 p.).

18 Pour un bref aperçu de la terminologie sur la laïcisation et la sécularisation, cf. Michel Rapoport (dir.), Culture et religion. Europe – XIXe siècle, Neuilly, Atlande, 2002, p. 97-9. Nous nous référons à la définition proposée par René Rémond affirmant que « la sécularisation est l’expression sociale d’une privatisation de la religion » et que ce phénomène de société, signe de la modernité et de la mutation des modes de vie, touche l’ensemble de l’Europe occidentale. Cf. Jacques Le Goff et René Rémond (dir.), Histoire de la France religieuse. Tome 4.

Société sécularisée et renouveaux religieux (XXe siècle), Paris, Seuil, 1992, p. 389 et 393.

19 Callum G. Brown, « Essor religieux et sécularisation », in Hugh McLeod (dir.), Histoire religieuse de la Grande-Bretagne, Paris, Cerf, 1998, p. 315.

20 Cf., par exemple, Gérard Cholvy, Etre chrétien en France au XIXe siècle, Paris, Seuil, 1997, p. 14.

21 William Edgar évoque à ce propos les études entreprises sur la religion populaire (terme lui-même controversé) et sur la religiosité politique ou littéraire. William Edgar, La carte protestante. Les réformés francophones et l’essor de la modernité (1815-1848), Genève, Labor et Fides, 1997 p. 44.

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« (re)composition »22 de la religion entraîne une nouvelle répartition des valeurs selon les besoins personnels de chacun23. La réflexion sur la sécularisation de la société se double de celle sur la laïcité à proprement parler, c’est-à-dire sur les rapports entre l’Eglise et l’Etat et leur séparation. Les études sur cette question élargissent donc le cadre de celle de la mutation du dimanche et replacent dans son contexte plus général la victoire du repos laïc sur le jour du Seigneur24. Chaque Eglise s’est d’ailleurs préoccupée de l’évolution des pratiques dominicales et a exprimé le besoin de s’adapter au monde moderne25.

Les sources auxquelles nous avons eu accès nous ont contrainte à fixer un cadre à un sujet qui aurait pu prendre des proportions incontrôlables. Trois domaines ont été privilégiés.

En premier lieu, la législation dominicale genevoise et fédérale (textes des lois et débats parlementaires) et son application (notamment par les procédures de juridictions pénales pour la Restauration) ; elles permettent de mettre à jour autant les modèles des autorités que les pratiques populaires26. Le danger de ces sources réside néanmoins dans le risque de surévaluer le poids du modèle que veut imposer le législateur ; de même ce risque existe aussi par rapport aux discours politiques lors des débats autour des nouvelles lois. Il nous a donc semblé nécessaire de compléter ce type de sources par des articles de presse27.

Nous avons d’ailleurs utilisé la presse politique et religieuse comme source pour chaque thématique de notre recherche et avons procédé soit par des sondages par tranches d’années (en se posant des questions du type : Que se passe-t-il le dimanche ? Quelles sont les activités des Genevois ? Quelle est la fréquence des articles sur un thème spécifiquement relatif au dimanche ? Sa sanctification, ses loisirs sont-ils une préoccupation majeure ?), soit

22 R. Campiche, Croire en Suisse(s), op. cit., p. 267.

23 Cf. les expressions comme « patchwork religieux », « bricolage religieux » (ibid.) ou « christianisme à la carte » (U. Altermatt, Le catholicisme au défi de la modernité, op. cit.).

24 Pour une introduction sur le thème de la laïcité : Guy Haarscher, La laïcité, Paris, PUF, 1996, 128 p., Jean Baubérot, Histoire de la laïcité française, Paris, PUF, 2000, 127 p., René Rémond, L’anticléricalisme en France de 1815 à nos jours, Pairs, Fayard, 1999, 420 p. ; Jean-Marie Mayeur, La question laïque. XIXe – XXe siècle, Paris, Fayard, 1997, 236 p. ; Georges Weill, Histoire de l’idée laïque en France au XIXe siècle, Paris, Hachette Littératures, 2004 (réédition de 1929), 413 p.

25 Sur la prise de position des Eglises catholiques et protestantes en Suisse par rapport à la sécularisation, cf. Urs Altermatt, Le catholicisme au défi de la modernité, op. cit. et Roland J. Campiche et alii, Croire en Suisse(s), op.

cit. et Les deux visages de la religion, op. cit. Pour élargir la question, cf. René Rémond, Religion et société en Europe. La sécularisation aux XIXe et XXe siècles, Paris, Seuil, 1998, 314 p.

26 Nous avons aussi procédé à une étude introductive sur l’Ancien Régime et la période française par le biais du recueil de la législation genevoise d’Emile Rivoire, Les sources du droit du Canton de Genève, Aarau, Sauerländer, 1927-1935, 4 tomes, et des archives du département du Léman.

27 Pour la Restauration, par exemple, les informations recueillies dans la presse ont confirmé la désuétude de certaines lois dont la répétition et les procédures pénales laissaient supposer.

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par des études ponctuelles selon des dates ou des thèmes précis (par exemple lors des débats législatifs ou des congrès dominicaux)28.

En second lieu, les pratiques dominicales ont été examinées sous deux angles. Pour les divertissements et les loisirs, nous avons surtout utilisé la presse et avons glané des informations dans des sources privées (par exemple correspondance, témoignages, récits de vie)29. Pour la pratique religieuse, nous avons étudié la communauté protestante genevoise et avons privilégié celle de l’Eglise nationale puisqu’une Eglise multitudiniste (acceptant tous les baptisés) est plus à même de rendre compte des enjeux de la fréquentation cultuelle et de la sanctification du dimanche que les Eglises dissidentes de professants. Mais celles-ci ne doivent pas être occultées dans notre étude puisque certains leaders de la croisade dominicale en sont membres. Nous avons donc favorisé les archives de l’Eglise nationale protestante de Genève (ENPG). Le Mémorial du Consistoire que nous avons étudié exhaustivement de 1848 au début des années 1970 nous a permis d’appréhender l’évolution des débats généraux du protestantisme en général et de l’Eglise de Genève en particulier, de mieux cerner les objectifs et les personnalités de ses membres dirigeants et de la communauté des pasteurs, de mettre à jour les priorités de l’Eglise et ses stratégies quant à la sanctification du dimanche, à l’emploi de ce jour, à la fréquentation cultuelle, au déroulement du culte et à sa liturgie, à la religiosité des fidèles et à leur évangélisation. Bien qu’une source de ce type risque de refléter uniquement le discours normatif des autorités, des élites, elle permet aussi d’observer les pratiques religieuses, notamment grâce aux rapports des pasteurs sur leur paroisse, à ceux des visites officielles des autorités ecclésiastiques aux paroisses et à différentes enquêtes menées par des commissions sur des sujets précis, par exemple sur la fréquentation des cultes. Nous avons aussi enrichi notre vision par la presse religieuse et des témoignages divers (souvenirs de pasteurs) et avons eu accès aux différents documents conservés sur le sujet dans le fonds Alexandre Lombard (notamment la correspondance entre la SPSD et le Consistoire ou la Compagnie des pasteurs, ainsi que des rapports de ce dernier corps). Nous avons également puisé dans les archives de l’Eglise évangélique (c’est-à-dire celles de la Société évangélique), surtout dans le cadre de l’étude des réseaux et des enjeux du mouvement dominical ainsi que des réalisations de ses leaders.

28 En plus des journaux que nous avons nous-même dépouillés, nous avons bénéficié des nombreuses coupures de presse conservées dans le fonds Alexandre Lombard (cf. infra).

29 Une étude plus détaillée de l’avènement des loisirs aurait pu être menée pour Genève. Mais comme dans ce domaine, le poids de la confession est plus faible en raison de la laïcisation du temps libre, on peut se référer aux ouvrages sur les pays voisins déjà cités.

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Enfin, les sources autour de la croisade philanthropique et religieuse pour le repos et la sanctification du dimanche ont constitué le cœur de notre recherche. Nous avons d’abord réuni un corpus de la littérature militante et de différents documents sur ce mouvement dont l’organe de presse, le Bulletin dominical (devenu L’Ami du dimanche et enfin Le Dimanche), paru de 1877 à 1957. Puis nous avons eu accès au fonds Alexandre Lombard conservé au département des Manuscrits de la Bibliothèque de Genève, c’est-à-dire aux archives des sections genevoise, suisse et internationale de la Société pour la sanctification du dimanche30. Ce fonds regroupe cent trente et un cartons (environ douze mètres linéaires) jamais dépouillés jusqu’alors, de trois types : des cartons thématiques (avec des articles de journaux, des documents des différents comités, des publications, des manuscrits divers et de la correspondance), des cartons consacrés exclusivement à la correspondance des comités et des cartons d’imprimés (brochures, ouvrages, revues, tracts et affiches). Il constitue pour notre sujet une mine d’informations sur la Société pour la sanctification du dimanche et les différents comités du réseau de sa fédération internationale : correspondance, publications, documents. Malheureusement, les procès-verbaux des réunions des comités sont très rares et selon les années, en particulier celles où des crises internes ont entravé la marche de l’association, le tri, avant le dépôt des archives, a été très sélectif. Par ailleurs, comme le comité central a eu l’ambition de devenir un centre de documentation sur le thème du repos et de la sanctification du dimanche, ce fonds réunit une multitude de coupures de presse politique et religieuse. Ces articles nous ont permis de compléter nos sondages et ont surtout élargi notre champ de vision (presse genevoise, suisse et étrangère). De même, nous avons pu récolter de nombreuses informations sur l’ensemble du réseau de la fédération internationale.

Ce fonds réunit aussi les publications militantes des comités affiliés à la FIPOD, d’autres ouvrages sur la question du dimanche, ainsi que les différentes revues associatives.

Le principal danger de ce type de sources réside dans le fait que notre analyse pourrait dépendre de ce qui a été jugé opportun d’être conservé par une association défendant une certaine ligne idéologique. Par exemple, les quelques documents sur les libéraux anglais auraient pu nous amener à sous-estimer ce courant si nous nous étions contentée de cette source et n’avions pas été à même de situer le mouvement associatif dominical dans le contexte des luttes générales du protestantisme au XIXe siècle. Par ailleurs, pour étoffer

30 Ce fonds n’avait jamais été catalogué depuis son dépôt en 1948.

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l’étude de la croisade dominicale et de ses réseaux, nous avons puisé dans d’autres fonds d’archives concernant la philanthropie chrétienne à Genève.

Si le fonds Alexandre Lombard a été une aubaine pour nous, d’autant plus qu’il n’avait encore jamais été utilisé, et que sa mise en lumières concourt à éclaircir un pan de l’histoire philanthropique et religieuse de Genève et de celle des réseaux européens de la Réforme sociale, il nous a invité à délimiter notre sujet puisque nous avons été, dès lors, en mesure de proposer l’étude fouillée d’une association philanthropique et religieuse, emblématique des ligues moralisatrices du XIXe siècle à fondements bibliques qui sont à l’origine de la philanthropie chrétienne, et dont le foyer genevois donnera naissance à la vocation humanitaire et internationale de la cité de Calvin.

Devant l’ampleur qu’a pris peu à peu notre recherche, nous avons délaissé d’autres types de sources initialement retenues : celles d’origine littéraire (mémoires, journaux intimes, voire même romans) qui auraient pu nous livrer des informations sur la mutation du dimanche et sur l’emploi du temps libre31, et celles liées au mouvement ouvrier que nous aurions pu explorer d’une façon plus systématique ; nous nous sommes en effet limitée à mettre en évidence les liens entre le mouvement ouvrier et le mouvement dominical sans approfondir le discours des leaders ouvriers sur le thème du dimanche et de l’organisation des loisirs. Ces recherches restent donc à être menées.

Canevas

La croisade philanthropique et religieuse en faveur du repos et du dimanche chrétien qui s’est développée dans la seconde moitié du XIXe siècle est l’héritière d’une préoccupation constante sur la sanctification du dimanche et sur l’emploi du jour habituel du repos, alors qu’elle invoque les dimanches idéalisés de l’Ancien Régime. Nous étudions donc dans la première partie de notre thèse le dimanche traditionnel dans un bastion du protestantisme.

Afin de vérifier si l’idéal tel qu’il est présenté à la fin du XIXe siècle supporte l’analyse historique, nous remontons jusqu’à la Réforme. L’étude de la législation dominicale, de son application, du discours des autorités civiles et ecclésiastiques démontre que d’importantes lézardes fissurent l’édifice du jour du Seigneur et obligent à remettre en question l’image conventionnelle du dimanche huguenot strictement sanctifié. Cette ambivalence entre

31 La remise en question par Alain Corbin de l’utilisation des sources littéraires en histoire nous a confortée dans notre choix. Cf. Historien du sensible. Entretiens avec Gilles Heuré, Paris, La Découverte, 2000, p. 46 et 78.

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sanctification et tendance aux divertissements traverse les siècles pour se renforcer même dans la première moitié du XIXe siècle.

Cette représentation du dimanche traditionnel nous invite à considérer les enjeux de sa fragilité et les menaces planant sur son institution. Alors que durant l’Ancien Régime, les autorités civiles et ecclésiastiques se plaignent sans cesse d’une sanctification du dimanche superficielle, ce dernier est sérieusement menacé durant la période révolutionnaire par la tentative d’abolir le cycle hebdomadaire en changeant le calendrier pour anéantir le christianisme. Dans la première moitié du XIXe siècle, le processus de laïcisation de la société et l’industrialisation massive produisent une remise en question de la signification du dimanche et du déroulement du temps. Ceux qui se préoccupent de la question du dimanche se limitent néanmoins à sa sphère religieuse. L’étude de la Société pour la sanctification du dimanche dans le canton de Vaud en activité entre 1834 et 1843 nous permet d’approfondir les relations des zélateurs dominicaux avec le Réveil.

Ayant privilégié l’étude de la législation et de son application, nous voulons élargir pour le début du XIXe siècle notre analyse afin de mieux prendre en considération les activités dominicales profanes (par le biais de la presse et de témoignages de contemporains) et de confronter cette tendance aux divertissements à la pratique religieuse par le biais des productions des autorités ecclésiastiques.

Une fois le terreau de la croisade philanthropique et religieuse en faveur du repos et de la sanctification du dimanche établi, nous sommes en mesure, dans notre seconde partie, d’appréhender le coeur de notre recherche, l’étude du mouvement associatif dominical. En analysant la fondation, l’essor, la production, l’idéologie et les combats de la Société pour la sanctification du dimanche créée à Genève en 1861 sous l’impulsion du banquier philanthrope Alexandre Lombard, nous mettons en lumières l’étendue de ses réseaux genevois, suisses et internationaux, et sa profonde imbrication autant dans celui des sociétés religieuses issues du Réveil que dans les associations philanthropiques de la Réforme sociale. Son analyse nous permet également de considérer les conflits internes au protestantisme du XIXe siècle et les relations entre les associations confessionnelles protestantes et catholiques luttant pour le même objet.

Les combats menés par la Société pour la sanctification du dimanche et par sa fédération internationale sont détaillés dans notre troisième partie où nous analysons la conquête et l’emploi du repos dominical. La lutte menée pour sa défense engendre des discours argumentatifs médicaux et socioéconomiques et est l’occasion de batailles

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conquête d’une législation protectrice sur le repos hebdomadaire, basée sur des considérations philanthropiques et non plus religieuses, s’inscrit dans le cadre de la réglementation législative des conditions de travail des ouvriers. Elle est ainsi une pierre centrale de l’édifice de l’Etat social, et son obtention est l’occasion de virulents débats sur la question de la légitimité de l’intervention de l’Etat en cette matière.

L’examen approfondi du discours idéologique du mouvement associatif dominical sur la moralisation de la société permet de le rattacher au courant de la Réforme sociale qui se manifeste dans la seconde moitié du XIXe et le début du XXe siècles. Aux yeux des défenseurs chrétiens du dimanche, la moralisation et la sanctification de ce jour représentent le seul salut pour la société. L’utilisation du temps libre est également au centre de leurs réflexions et de leurs combats. Avec la conquête du repos dominical et la naissance des loisirs, cette question devient un enjeu fondamental puisque le modèle traditionnel du jour du Seigneur est mis en concurrence avec le repos laïcisé, ce qui donne naissance à de nouvelles représentations du dimanche et à une réévaluation des positions.

La mutation du dimanche offre la possibilité d’examiner l’évolution de l’Eglise entre les XIXe et XXe siècles, en ce sens que celle-ci a dû réajuster son discours sur le jour du Seigneur et renouveler ses stratégies quant à la sanctification du dimanche, à l’évangélisation, à la pratique des fidèles et au culte. L’impératif d’adaptation à la modernité s’est même accru après la seconde guerre mondiale face au « désenchantement du monde »32 et à une laïcisation galopante. Bien que les solutions proposées aient parfois provoqué des reflux, que des signes de renouveaux religieux témoignent du succès de certaines adaptations et infirment l’inéluctabilité du déclin religieux, quelle place reste-t-il au dimanche chrétien face au repos laïc ?

En proposant d’étudier la Société pour la sanctification du dimanche, son organisation, ses réseaux, son idéologie, son action, nous ne voulons donc pas nous limiter à l’histoire exclusive de cette institution. Au contraire, nous aimerions nous interroger sur la représentativité de ce mouvement philanthropique protestant dans l’ensemble des autres sociétés religieuses et ligues moralisatrices fleurissant au XIXe siècle, ainsi que sur le rôle de la philanthropie chrétienne dans la régulation du secteur industriel, la réglementation du monde du travail et l’élaboration d’Etats sociaux.

32 Gérard Cholvy et alii (dir.), Jeunesse chrétiennes au XXe siècle, Paris, Les Editions Ouvrières, 1991, p. 19.

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Avec l’industrialisation, le travail ininterrompu devient en effet la norme et se trouve justifié par le libéralisme économique. Le tableau des répercussions de ce système sur la masse des ouvriers et employés, notamment par rapport à leur hygiène de vie et à la signification de leur existence, est dressé et utilisé par ceux qui le dénoncent au nom d’un idéal humaniste, voire religieux. Dans quelle mesure les philanthropes chrétiens (en l’occurrence protestants) ont-ils joué le rôle de conscience du monde du travail ? La conquête du repos hebdomadaire change la donne et engendre de nouveaux modèles et une mutation des pratiques liées au dimanche en tant que jour de repos par excellence. Quelle a alors été l’articulation entre l’individualisation de ces pratiques et la culture de masse qui a permis au nouveau modèle de se généraliser ? Quelles ont été les nouvelles perspectives offertes par la

« réinvention du dimanche » dans le cadre de l’avènement des loisirs ?

Une interrogation se trouve enfin à la base de l’ensemble de notre recherche, celle de l’évolution des pratiques religieuses aux XIXe et XXe siècles que nous désirons mesurer par le biais de l’analyse de la fréquentation cultuelle, des activités dominicales et de la signification du jour du Seigneur. Nous proposons aussi d’examiner les liens entre la transformation des pratiques dominicales, la modification du modèle du jour du Seigneur pour les fidèles et l’adaptation de l’Eglise, contrainte de se repositionner par rapport au raz-de-marée des loisirs et à la sécularisation de la société.

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PREMIERE PARTIE

La sanctification du dimanche : une lutte dans la continuité

Chapitre premier

Une législation dominicale entre répression et tolérance

Lorsqu’une société pour la sanctification du dimanche voit le jour à Genève en 1861, l’état du repos et de la sanctification du dimanche est jugée alarmante par ses fondateurs réunis autour du banquier Alexandre Lombard*1. Il est vrai que la législation dominicale datant de la Restauration est alors tombée en désuétude. Persuadés qu’une métamorphose des mentalités et des mœurs se produira rapidement, mus par leur ardente foi, ces philanthropes protestants décident d’entrer en lice avec ferveur en faisant référence aux dimanches de leurs pères et à ceux des premiers huguenots. Pourtant, déjà à l’époque de la Restauration, la situation est loin de correspondre à l’idéal espéré : le législateur tente de lutter contre l’inclination de la population à ne pas respecter la célébration du dimanche en se référant également aux temps anciens. Cette nostalgie pousse à remonter le temps pour la confronter à l’analyse historique. A chaque génération, il semblerait qu’il faille se référer à la précédente, étant donné que la célébration du dimanche est toujours jugée trop tiède ou même bafouée, comme le prouvent les incessantes plaintes des autorités civiles et religieuses ainsi que leurs vaines tentatives d’imposer une législation répressive. Faudrait-il donc remonter aux premiers temps de la Réforme pour trouver la trace d’une sanctification parfaite ? Quelle était la place du dimanche et de sa sanctification dans une société théocratique telle que se revendiquait

1 Tous les noms suivis d’un astérisque font l’objet d’une notice biographique dans les annexes. Cette indication n’est pas répétée pour les noms les plus cités. Pour les membres des comités de la SPSD, cf. aussi annexe 2

« Les cadres des trois comités dominicaux fondés par Alexandre Lombard ».

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Genève à cette époque ? Quelles mesures étaient-elles prises par les autorités civiles ? Les respectait-on avec autant de zèle qu’aimait à le penser la mémoire collective des protestants du XIXe siècle ?

Nous avons donc jugé opportun d’étudier la situation antérieure à la fondation de la Société pour la sanctification du dimanche afin de définir le contexte dans lequel elle s’inscrit, d’avoir des éléments de comparaison sur le degré de célébration du jour du Seigneur et de confronter l’idéal nostalgique qui transparaît dans le discours des défenseurs chrétiens du dimanche aux XIXe et XXe siècles à l’analyse historique.

La particularité de l’histoire genevoise nous donne l’opportunité d’appréhender différentes facettes de la question du dimanche dont l’évocation, embellie ou dressée en épouvantail, nourrira les représentations du dimanche de ses ardents défenseurs durant la seconde moitié du XIXe siècle. Alors qu’une brève étude de la législation dominicale d’Ancien Régime démontre immédiatement que l’image d’un dimanche parfaitement sanctifié comporte de nombreuses lézardes même à l’époque de Calvin, l’occupation française nous permet d’évaluer les tentatives révolutionnaires d’abolir le rythme hebdomadaire ancestral dans l’espoir d’anéantir le christianisme et de mesurer la concurrence que le décadi opposa au dimanche, tandis que la Restauration tentera de reconstruire une législation dominicale sur la base d’un idéal nostalgique aux temps anciens de la République, législation qui aura bien du mal à s’imposer, sombrera en désuétude et servira de contre-exemple aux défenseurs chrétiens de la seconde moitié du XIXe siècle.

Cette étude nous invitera finalement à appréhender la question de la législation et des activités dominicales dans la longue durée, étant donné que par-delà les siècles, les préoccupations des autorités se répètent inlassablement. L’idéal de la sanctification que les autorités aimeraient voir appliquer est en effet sans cesse en butte au désir de divertissements de la population ou à l’empiètement d’activités commerciales.

1.1. Les vains efforts répressifs de l’Ancien Régime

1.1.1. Le modèle genevois issu de la Réforme

Traditionnellement, la Réforme est présentée comme une césure dans l’histoire du dimanche et des jours de fête, étant donné que la suppression de ceux-ci justifiée par l’abolition du culte aux saints renforce le rôle du jour du repos et jour du Seigneur autant dans

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le rythme hebdomadaire que dans celui de l’année liturgique2. Mais si la législation à l’époque de la Réforme insiste autant sur la célébration du dimanche, cela provient avant tout de la volonté des autorités de s’assurer que l’ensemble de la population abjure l’ancienne religion et se conforme aux pratiques de la nouvelle. Cette première phase étant rapidement dépassée, le souci récurrent des autorités à propos de la célébration du dimanche illustre leurs fondements théocratiques et laisse supposer que l’application de leur idéal a rencontré de fortes résistances.

La protection des services religieux

Les lois et ordonnances que les autorités édictent à la Réforme pour contraindre les habitants à suivre les sermons, leur interdire d’aller entendre des messes hors de la ville et veiller à ce qu’ils se comportent selon le nouvel idéal réformateur forment la base de la législation dominicale, de même que les mesures concernant la police des rues, l’ouverture des tavernes et les commerces. Bien que cette législation concoure au renouvellement des représentations et pratiques religieuses, elle s’inscrit néanmoins dans la continuité des mesures qui étaient traditionnellement répétées, notamment l’interdiction des jeux, la protection de la tranquillité des rues ou l’ouverture des tavernes durant les services divins, avant l’adoption de la Réforme, c’est-à-dire avant l’interdiction de la messe par le Conseil des Deux Cents le 27 août 1535 et la résolution du Conseil général le 21 mai 1536 de vivre selon la loi évangélique3. Le souci majeur qui transparaît dans toutes ces dispositions est que la population se comporte d’une façon chrétienne et aille au sermon4. La réglementation est précise et stricte :

« Que toutes manieres de gens soyent tenus et dœbjent venir le dimenche ouyr la parolle de Dieu, icelle devotement escouter et selon icelle se regir. (…) Et chescung dœbje laisser toute palliardise et vie deshonneste. Nulz ne dœbje vagabunder. Nul ne dœbje belletrer.

Les serviteurs et chambrieres dœbjent venir au sermon le matin le dimenche en l’esglise nommee Sainct Pierre ; et ung chascung amander sa vie, sus pœnne d’estre repris et pugnis jouxte les ordonnances faictes par mesd. tres redoubtés srs sindicques et conseilz. (…) Item que

2 Louis Molet, « L’année sacrale, la fête et les rythmes du temps », in Jean Poirier (dir.), Histoire des mœurs.

Volume I. Les coordonnées de l’homme et la culture matérielle, Paris, Gallimard, 1990, p. 354-5 et p. 356-7.

3 Pour la période antérieure à la Réforme, cf. Emile Rivoire et Victor van Berchem, Les sources du droit du Canton de Genève. Tome 2 : De 1461 à 1550, Aarau, Sauerländer, 1927, p. VI. Nous avons par ailleurs largement puisé dans les quatre tomes de cet ouvrage pour étudier l’évolution législative dominicale durant l’Ancien Régime.

4 L’expression « aller au sermon » est utilisée à Genève à la place d’« aller au culte » ; elle indique le poids de la prédication dans le culte de l’Eglise calviniste. Nous avons respecté tout au long de notre travail l’usage du terme

« sermon » puisqu’il est un indice métonymique du service divin. Son lent abandon progressif à partir du dernier quart du XIXe siècle témoigne d’un changement de son référent collectif.

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chescung soyt tenu nectoyer les rues devant cheu soy tous les sambedy, sus la pœnne de troys solz pour une chescunne foy »5.

Aller à l’église, se comporter selon la parole de Dieu, mener une vie honnête, telles sont les conditions pour l’établissement d’une République protestante où tout citoyen est d’abord un fidèle, telles sont les bases de la législation genevoise d’Ancien Régime, et en particulier celles des lois sur la sanctification du dimanche6. Cette dernière est suggérée par des notions de tranquillité, d’ordre publique (pas de vagabonds) et d’ordre matériel (les rues doivent être nettoyées le samedi). Chaque citoyen doit non seulement entendre tous les dimanches la parole de Dieu mais aussi envoyer au temple les personnes qui sont sous sa dépendance, sous peine d’amende7. En campagne, une personne par demeure peut rester pour la surveillance8.

La police des rues concerne essentiellement l’heure du sermon pendant laquelle les jeux d’argent dans les rues sont interdits. Les tavernes ne doivent servir ni à boire ni à manger pendant ces heures, sauf aux étrangers. La peine encourue en 1560 pour ce délit est de soixante sols – amende considérable – pour le tavernier et le même montant pour l’hôte9. L’exception pour les étrangers ne dure toutefois guère puisqu’un autre édit concernant la campagne laisse entendre qu’ils ne peuvent déjà plus être servis durant les heures des services religieux10, tandis qu’en 1617, lorsque les autorités renouvellent la publication d’ordonnances de police antérieures qui étaient pour la plupart tombés en désuétude, l’interdiction de servir les étrangers est cette fois clairement exprimée11. Toutes les contingences matérielles doivent ainsi s’arrêter le temps des services divins, même pour les hôtes de passage. Tous les commerces, même ceux de première nécessité, doivent aussi être fermés le dimanche pendant

5 Ibid., 730. Cries diverses. 30 mars 1537, p. 336-8. Pour les textes d’Ancien Régime, nous avons conservé l’orthographe originale. En revanche, nous avons transcrit tous les textes cités du XIXe et XXe siècles en français moderne et actualisé l’orthographe. Notre choix se justifie par l’emploi, dans les manuscrits et surtout dans la correspondance, de nombreuses versions orthographiques des mêmes mots, parfois dans les mêmes textes.

6 Le terme « sanctification du dimanche » apparaît dans la législation seulement au XVIIIe siècle ; jusqu’alors la notion n’est pas spécifiée.

7 Ibid., 756. Crie : Prêches. Jeux. Blasphèmes. Etc., 22 février 1539, p. 347-9.

8 Ibid., 766. Cries du mandement de Jussy. 22 septembre 1539, p. 354-7. En 1547, les ordonnances sur les églises de la campagne précisent cette mesure : tous les habitants de chaque maison doivent se rendre à l’église, seule une personne peut rester pour surveiller les enfants et le bétail si cela est nécessaire. Cette obligation concerne autant les services du dimanche que ceux de semaine, sauf excuse légitime et sous peine de trois sous. Ibid., 841.

Ordonnances sur les églises de la campagne. Conseil ordinaire (CO), 16 mai 1547, p. 500-5.

9 Emile Rivoire, Les sources du droit du Canton de Genève. Tome 3 : De 1551 à 1620, Aarau, Sauerländer, 1933, Cries et édits. CO, 28 février – 5 mars 1560, p. 105-6. L’interdiction générale de servir à boire et à manger est aussi valable le soir à partir de 21 heures, c’est-à-dire dès le début du couvre-feu.

10 Ibid., 993. Cries pour les terres de Saint-Victor et Chapitre. CO, 18 avril 1560, p. 118.

11 Ibid., 1494. Ordonnances de police. Conseil des Deux Cents (CC), 5 décembre 1617, p. 594.

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