Calcul scientique et Informatique 14 novembre 2013 TP 7: Laplacien de graphe, valeurs propres.
Un graphe G= (S, A)est la donnée d'un ensemble ni de sommetsAet d'un ensemble d'arètesA⊆S×S. On suppose que le graphe est non orienté, c'est-à-dire que si (v, w)est une arète, alors(w, v)est aussi une arète. On dit qu'un sommetwest adjacent àv si(v, w) est une arète dansG, et on noteB1(v)les sommets adjacents àv (attention,v 6∈B1(v)). La distancedG(v, w)entre deux sommets du graphe est dénie comme la longueur minimum d'un chemin permettant de relierv àw, etdG(v, w) = +∞s'il n'existe pas de tel chemin.
On noteF(G)l'espace des fonctions sur le grapheG, c'est-à-dire des fonctionf :S → R, et on le muni du produit scalaire hf|gi = P
v∈Sf(v)g(v) et de la norme euclidienne induitekfk2 =hf|fi. L'opérateur laplacien du grapheGest déni de la manière suivante :
∆Gf(v) = X
w∈B1(v)
(f(v)−f(w)), (1)
où la somme est prise sur les sommets w adjacents à v.
Rappel : Étant donné un opérateur auto-adjoint A de valeurs propres λ1 ≤. . .≤λ1,
λ1 ≤RA(x)≤λn, oùRA(x) = hAx|xi kxk2
avec égalité à gauche si x est le vecteur propre correspondant à λ1 et à droite si x est le vecteur propre correspondant à λn.
1 Laplacien de graphe et clustering
Exercice 1. On commence par démontrer quelques résultats élémentaires sur ∆G. 1. Démontrer que l'opérateur ∆G est auto-adjoint, puis que
h∆Gf|fi= 1 2
X
v∈S
X
w∈B1(v)
(f(w)−f(v))2
En déduire que∆G est diagonalisable à valeurs propres réelles positives, notées 0≤λ1(G)≤λ2(G)≤. . .≤λn(G).
2. En considérant la fonction indicatrice de G, notée1G, montrer que λ1(G) = 0. 3. Démontrer que λ2(G) = minhf|1Gi=0,f6=0 hf|∆kfkG2fi.
Exercice 2. Théorème de Fiedler. Dans cette exercice, on montre des relations entre le rang du noyau de ∆G et la connexité du graphe sous-jacent.
1
1. Une composante connexe deG= (S, A)est une classe d'équivalence deS/∼pour la relation d'équivalencev ∼wssidG(v, w)<+∞. En considérant les fonctions indica- trices des composantes connexesX1, . . . , XkdeG, montrer querang(Ker(∆G))≥k. 2. Montrer que si G est connexe, alors rang(Ker(∆G)) = 1.
(Indication : démontrer que λ2(G)>0).
3. Dans le cas général, montrer que1X1, . . . ,1Xk est une base deKer(∆G). En déduire querang(Ker(∆G)) =k.
Exercice 3. Le but de cet exercice est d'étudier dans un cas particulier le conditionnement du problème de calcul des valeurs propres d'une matrice. On dénit :
Symn(R) = {A∈Mn(R); At=A},
Sym+n(R) = {A∈Symn(R); ∀v ∈Rn,hAv|vi ≥0}.
On note A ≤ B si B −A ∈ Sym+n(R), et en particulier A ≥ 0 si A ∈ Sym+n(R). Étant donnée une matrice B dans Symn(R), on note λ1(B) ≤. . . ≤λn(B) ses valeurs propres.
On admet le théorème suivant :
Théorème 1. (Courant-Fischer). Pour A∈Symn(R), et i∈ {1, . . . , n}, on a
λi(A) = max
E\{0}min RA(x); E sev de Rn, dim(E) = k
.
1. Montrer que si A, B ∈Symn(R)etA≤B, alors λi(A)≤λi(B)pouri∈ {1, . . . , n}. 2. Montrer que pour A∈Symn(R), on a au sens matriciel : − kAkIdn≤A≤ kAkIdn. 3. Déduire des questions précédentes que si A et δA sont deux matrices symétriques,
λi(A)− kδAk ≤λi(A+δA)≤λi(A) +kδAk.
4. Estimation du nombre de composantes connexes : Montrer que si G est un graphe contenant k composantes connexes, A= ∆G et kδAk< λk+12(G), alors
Card(Spec(A+δA)∩[−∞, λk+1(G)/2]) =k.
2 Exercices
Exercice 4. Inégalité de Wirtinger. On considère Gn le graphe cyclique d'ordre n : il contient n pointsx0, . . . , xn−1. Si k ∈Z\ {0, . . . , n−1}, on note xk:=x(k modn). Chaque point xi est relié par une arête aux points xi−1 et xi+1.
1. Donner l'expression matricielle de ∆Gn dans la base canonique ei(xj) =δij.1
1. Cette matrice apparaît dans la discrétisation par diérences nies du Laplacien sur [0,1] avec conditions périodiques.
2
2. En utilisant la formule λ2(∆Gn) = 4 sin2(π/n) démontrée dans la che précédente, montrer l'inégalité de Wirtinger : pour toute fonctionf :Sn →Rde moyenne nulle, c'est-à-direP
0≤i<nf(xi) = 0 (ou de manière équivalente hf|1Gi= 0) on a X
1≤i<n
f(xi)2 ≤ 1 4 sin2(π/n)
X
1≤i<n
(f(xi)−f(xi+1))2
3. (Question subsidiaire) Montrer que si f :R→R est une fonction2π-périodique de classe C1 et de moyenne nulle, c-à-d telle queR2π
0 f(x) = 0, alors Z 2π
0
f(x)2dx≤ Z 2π
0
f0(x)2dx.
Quels sont les cas d'égalité ? En posant h= 2π/n, comparer au cas discret.
Indication : Décomposerf dans la base de Fourier.
Exercice 5. Théorème de Bauer-Fike. SoitAune matrice diagonalisable etP une matrice inversible telle que D = P−1AP soit diagonale. Soit δA une perturbation de A. Montrer que
Spec(A+δA)⊆ [
λ∈Spec(A)
B(λ,cond(P)kδAk)
où B(λ, r) = [λ−r, λ+r]. Que peut-on dire dans le cas où A est symétrique ?
3