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Academic year: 2022

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Texte intégral

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ancien président de l’Association natio- nale des assistants de service social (Anas), le but était de discréditer l’ac- tion de l’aide sociale, de culpabiliser les médecins « mal formés » et des tra- vailleurs sociaux incapables, de mon- trer le gâchis des 7,8 milliards d’argent public dépensés (chiffres 2017) pour la protection de l’enfance et d’alimenter une vision négative de la France. Pour d’autres, c’est une éthique « de convic- tion » qui a majoré les chiffres pour aler- ter les pouvoirs publics sur ce problème.

D’autres encore (F. Quiriau, directrice de la Cnape, fédération des associations de protection de l’enfance) voient dans cet écart le signe que cette controverse a sa raison d’être, ce qui est une maniè- re de l’excuser.

Que faut-il en penser ?

Quand on travaille sur le terrain, on voit l’extrême prudence, parfois exagérée, des travailleurs médico-psycho-sociaux et leur sensibilisation aux maltraitances.

Tous sont désolés du peu de reconnais- sance des maltraitances psychiques, du manque de places en familles d’accueil qui oblige à de longs séjours en poupon- nière de jeunes enfants, du manque de temps pour suivre les situations, parfois du manque de recul ; nombreux sont leurs griefs (ils déplorent, entre autres, une application incomplète de la loi de mars 2016) dans ce domaine très com- plexe où interviennent divers spécia- listes, de l’éducation, de la justice, de la médecine et du secteur social. Les informations préoccupantes (ex-signa- lements) connaissent une croissance constante ; les évaluations de situa- tions et les saisines du procureur des mineurs sont rapidement organisées et des séparations surviennent quelque- fois dès la naissance dans les situations à risque. Rien n’est parfait, mais, par exemple, la mortalité infantile (morta- lité avant un an) en France a baissé jusqu’à 3,5/1 000 (on voit ici que, sur la base de 800 000 naissances par an, un tiers à un quart de la mortalité in- fantile serait criminelle si les chiffres de l’Inserm étaient réels).

Médecine

& enfance

« Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur.

L’essentiel est invisible pour les yeux.

– L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir. » Le Petit Prince,Antoine de Saint-Exupéry.

L

e Canard enchaîné,

qui intervient rarement dans le domaine de l’enfance en danger, a récem- ment publié un petit article à propos du nombre d’enfants décédés chaque an- née en France suite à des mauvais trai- tements

[1]

. Anne Tursz, grande spécia- liste de la question, chercheuse et épi- démiologiste à l’Inserm (U750), y est épinglée pour un chiffre aussi extrême que fantaisiste, chiffre qu’elle attribue à des journalistes, mais qu’elle n’a pas dé- menti puisque, selon ses propos, cela

« leur faisait plaisir »

[2]

Les chiffres d’Anne Tursz ont été pu- bliés dans des revues scientifiques, et ont été repris des centaines de fois par tous les médias grand public. Ils ont aussi été repris par la Haute Autorité de santé (qui ne peut douter de l’Inserm) pour orienter les politiques en matière d’enfance en danger et pour porter un jugement négatif sur la manière dont la protection de l’enfance était gérée en France, notamment par des médecins mal formés. Anne Tursz laisse donc re- prendre le chiffre de 730 mineurs (zéro à dix-huit ans) décédés par an en Fran- ce suite à une maltraitance.

L’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE) a publié cette an- née, à partir des relevés de la justice, de la gendarmerie et de la police, un chiffre de 131 mineurs décédés par maltraitance en 2016, dont plus de la moitié avaient entre zéro et quatre ans. Pourquoi ce chiffre déjà terrible pour un pays civilisé comme la France avait-il besoin d’être multiplié par 5 ? Et en plus par des uni- versitaires sérieux et compétents ! Peut- on attribuer cela à l’envie de gloire mé- diatique, au désir d’être entendu comme expert par les parlementaires, d’être consulté par les autorités, d’être impliqué dans les campagnes d’information ? Pour certains, comme Laurent Puech,

E D IT O R IA L

L’essentiel est-il ce qui est visible pour les yeux ?

M. Boublil,pédopsychiatre, centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) de Grasse

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Les médecins ont souvent été accusés d’une insuffisante attention au problè- me de l’enfance maltraitée, et les conclusions de l’Inserm ne pouvaient que les culpabiliser. Face aux critiques, Anne Tursz, interrogée par TSA

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, per- siste et accuse ses détracteurs d’être in- compétents, voire complices d’un relâ- chement possible de la vigilance concer- nant l’enfance maltraitée.

Il nous faut reconnaître que les travaux d’Anne Tursz ont permis des avancées notables dans la protection de l’enfance et dans la sensibilisation de tous, pou- voirs publics inclus, aux maltraitances infantiles.

Alors pourquoi ergoter ?

Tout le monde peut se tromper. Et puis ne sommes-nous pas dans une société de mise en scène, où celui qui commu- nique le mieux est entendu ?

Toutes les préconisations issues des re- cherches d’Anne Tursz demeurent inté- ressantes et valables, et elles ont peut- être contribué à nous mobiliser davan- tage. Faut-il exagérer pour sensibiliser les professionnels ? Faut-il les aiguillon- ner pour les forcer à agir, fut-ce au prix d’un mensonge ? Je ne le pense pas, mais chacun peut penser autrement.

A propos des fake news

Le 2 avril était la journée mondiale de l’autisme. Comme d’habitude, nous avons vu en boucle des enfants autistes intelligents, apprenant bien grâce au combat de leurs parents contre une so- ciété qui voulait les institutionnaliser, voire les psychiatriser. On a rappelé le retard français dans la scolarisation des enfants autistes et les préconisations, via le quatrième plan autisme, d’inclu- sion (pas d’intégration) à tout prix des enfants porteurs de ce trouble.

Tout le monde admet, dans tous les pays, qu’entre 50 et 70 % des enfants porteurs d’autisme ont un déficit intel- lectuel et une absence de langage oral, et qu’une grande partie d’entre eux ne peuvent accéder à des outils de commu- nication alternative même si les réédu- cations sont bien menées. Les enfants autistes qui ont bien évolué et que l’on nous présente à la télévision n’appar- tiennent pas à ce groupe d’enfants, ce ne sont pas d’anciens enfants défici- taires et sans langage qui auraient évo- lué grâce à un bon suivi.

On ne parle jamais des enfants qui re- présentent la majorité de ceux qui sont suivis dans les CAMSP et dont les pro- fessionnels et les parents sont dans un grand désespoir, car la fréquentation scolaire est pour eux illusoire, voire une souffrance étant donné le degré d’exigence de l’école, même en mater- nelle. Pour ces enfants, nous « brico- lons », nous demandons des auxiliaires de vie scolaire (AVS), que l’école exige pour tout le temps de leur présence à l’école, ce qui fait que ces enfants ont un lien exclusif avec leur AVS au sein de la classe et que même leur socialisa- tion est très superficielle.

Parler d’un trouble fréquent, grave, grande cause nationale, sans évoquer la majorité des cas, c’est fausser le débat sur les besoins. On nous dit que les be- soins sont une inclusion scolaire géné- ralisée. Cette inclusion est nécessaire pour 30 à 50 % des enfants autistes, mais, pour les autres (50 à 70 %), le be- soin, ce sont des places en établisse- ment ou en classe spécialisée, avec du personnel en nombre suffisant, formé et adapté aux problématiques des enfants, connaissant leurs particularités rela- tionnelles et de pensée. Le numéro 150 de décembre 2017 de la revue ANAE

(Approche neuropsychologique des ap- prentissages chez l’enfant) est totale- ment consacré à cette question. Il ne s’agit ici ni de particularités de l’ensei- gnement du français ou des mathéma- tiques, ni des collèges ou des lycées, ni de l’aménagement des examens ; il s’agit d’enfants pour qui le problème du déficit s’associe au problème de l’autis- me, l’un aggravant l’autre, dans une spi- rale dramatique pour certaines familles dont l’équilibre ne tient pas sous le choc des contraintes que cela implique pour elles (réduction ou impossibilité de tra- vail, parfois même de sorties).

Ces enfants attendent plusieurs années en étant inclus dans des classes spé- ciales, souvent inadaptées car n’ayant pas de personnel formé à l’autisme. Tous les pays civilisés ont tenu compte des be- soins de cette population d’enfants et ont créé soit des établissements spécialisés, soit des classes spéciales adaptées, ce qui correspond à la même chose : des places rapidement disponibles et adaptées au besoin des enfants.

En ne montrant que des enfants de type Asperger ou de haut niveau, on trompe la majorité des familles sur le devenir de leur enfant, et les pouvoirs publics sur les besoins des enfants les plus gra- vement handicapés : on privilégie ce qui est visible au détriment de la réalité.

Il n’y aura jamais de loi pour les « fake news » en pédiatrie, c’est pourtant par- fois sur ce qui est médiatisé que se ba- sent des orientations politiques portées par des courants populaires envahis par les émotions. 첸

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références

[1] « Infanticides : le chiffre qui tue », Le Canard enchaîné,7 mars 2018.

[2] « Infanticides : l’impact des chiffres », 9 février 2018, www.tsa- quotidien.fr/content/infanticides-limpact-des-chiffres.

Médecine

& enfance

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BULLETIN D’INSCRIPTION A LA 22e JOURNÉE DE PATHOLOGIE INFECTIEUSE PÉDIATRIQUE AMBULATOIRE à envoyer avec votre règlement de 195 euros (tarif étudiant : 100 euros) à

ÉDIMARK/MÉDECINE ET ENFANCE, 44 rue de Prony, 75017 Paris NOM, Prénom

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Je joins un chèque de 195 euros (ou 100 euros) à l’ordre d’Edimark

Une confirmation d’inscription et un reçu vous seront envoyés par maildès réception de votre bulletin d’inscription

22 e Journée de pathologie

infectieuse pédiatrique ambulatoire

sous la direction scientifique de Robert Cohen avec Infovac-France

l’Association clinique et thérapeutique infantile du Val-de-Marne (ACTIV) le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP)

l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) et la revue Médecine & enfance

le samedi 13 octobre 2018 à la Maison de la Chimie

28 bis, rue Saint-Dominique, 75007 Paris de 9 h à 17 h

08 h 30 - 09 h 00 : Accueil café

09 h 00 - 09 h 15 : Présentation de la journée, Robert Cohen 09 h 15 - 10 h 30 : Vaccinologie

– Actualités vaccinales, Joël Gaudelus, Emmanuel Grimprel

– Effets collatéraux positifs des vaccins, Marie-Aliette Dommergues, Didier Pinquier

– Vaccination antigrippale : on fait quoi cette année ? Véronique Dufour, Catherine Weil-Olivier – Questions-réponses sur les vaccins (session Infovac)

10 h 30 - 11 h 00 : Pause café

11 h 00 - 11 h 20 : Que dit Cochrane sur la prise en charge de la toux ? Martin Chalumeau, Jérémy Cohen 11 h 20 - 12 h 35 : Dernières recommandations de la Haute Autorité de santé

– Difficultés d’élaboration des recommandations HAS, Christelle Gras-Le Guen, Robert Cohen – Maladie de Lyme, Christelle Gras-Le Guen, Julie Toubiana

– Bronchiolite, Hervé Haas, Olivier Romain – Infections cutanées, Mathie Lorrot, Yves Gillet

– Anti-inflammatoire non stéroïdien, Martin Chalumeau, Robert Cohen

12 h 35 - 13 h 00 : Microbiotes : l’évolution des connaissances a-t-elle aujourd’hui des conséquences thérapeutiques ? Marc Bellaïche, Robert Cohen

13 h 00 - 14 h 15 : Déjeuner sur place 14 h 15 - 14 h 35 : Infections récidivantes

– Causes microbiologiques, Josette Raymond, Robert Cohen – Quelles prises en charge ? Robert Cohen, Emmanuel Grimprel

15 h 00 - 15 h 30 : Etudes ACTIV : qu’avons-nous appris cette année ? Corinne Levy, Emmanuelle Varon 15 h 30 - 16 h 00 : Questions-réponses en antibiothérapie (session GPIP)

16 h 00 - 16 h 20 : Interchangeabilité des vaccins, Isabelle Hau, François Vié le Sage

16 h 20 - 16 h 40 : Quoi de neuf sur les infections à VRS ? François Angoulvant, Fouad Madhi

16 h 40 - 17 h 30 : Hot topics en pathologie infectieuse pédiatrique : les articles que vous auriez dû lire en pathologie infectieuse pédiatrique cette année

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