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Analyse comparée de la situation agricole et alimentaire dans les pays du Maghreb.

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(1)

Recherche Agronomique ( 1997). I. 67-S7 67

f.\niA

Analyse comparée de la situation agricole et alimentaire dans les pays du Maghreb.

-Deuxième partie-

D.E. Guechi.

/.\7M. I. Laboratoire d'Economie Agricole et Agro-Alimentaire. 2 rue des frères Oiiaddek RR 200, Hacène-Hadi El Harrach 16210 Alger, Algérie

Résumé- Au-delà des similitude.f. c'est la gronde variété des situations qui constitue le caractère dominant de l'agriculture Maghrébine. Cette situation trouve son origine à la fois dans les facteurs naturels et dans les grands contrastes d'une agriculture qui varie

autant par le niveau de développement économique global atteint par chacun des pays de la région que par les niveaux d'intensification des agricultures résultant des politiques

agricoles mi.ses en oeuvres durant les trois dernières décennies. Cette étude fait .suite à la

première partie "Analyse comparée de la .situation alimentaire dans les pays du .Maghreb".

Son objectif est d'apporter une contribution à la compréhension de la situation agricole qui

prévaut dans la région maghrébine.

Situation agricole/superficie agricole utile/superficies irriguées/production agricole/

produit intérieur brut agricole/intensification/mécanisation.

^ AiC.\ jj}k\

v_i ^ >V-i ^

iVaÀXû

I ' I

(2)

INTRODUCTION

Le Maghreb est une région où coexis tent toutes les formes d'organisations géoagronomiques, une grande diffé rence entre les niveaux de développe ment et une répartition très inégale des richesses et des populations. Du point de vue agronomique, la production agricole est fortement limitée par la faible disponibilité en terres cultiva bles. Les zones montagneuses, semi- désertiques et désertiques occupent une grande place dans le paysage ma ghrébin et malgré les efforts con-sentis

en matière de mise en valeur et d'irri

gation, traditionnels au Maroc et en Tunisie, plus récents en Algérie, en Lib\ e et en Mauritanie, plus des deux tiers de l'espace demeure encore im propre à l'agriculture. Compte tenu de la relative étroitesse de l'espace agri cole et malgré un exode rural impor tant. la concentration agricole demeure

grande dans certains pays. Et bien que

les pa\s Maghrébins possèdent des

structures agricoles contrastées, l'agri- ciillurc familiale y est partout domi nante. Mais malgré les similitudes gé nérales apparentes. chaque pays pos-

1000 Ha

10000

scde ses particularités climatiques, pédologiques et agricoles qu'il con

vient de noter.

Le potentiel agricole.

La superficie agricole utile maghré

bine (SAU).

Avec 25,6 millions d'hectares en

1995. la superficie agricole Maghré

bine est très étroite et représente à peine 5% de la superficie totale de la région. Rapportée a la population

(68,45 millions d'habitants en 1993).

la SAU par maghrébin est de 0.37 Ha

et suivant les prévisions de la banque mondiale qui prévoient une population

maghrébine de 100 millions d'habi

tants en l'an 2000 (Banque Mon

diale. 1995). ce rapport sera de 0.25 Ha par habitant si des efforts d'exten sion de la SAU ne sont pas mis en

oeuvre. C'est une superficie peu éten due si on la compare à un seul pays d'Europe: l'Espagne où ce rap-port est

1,77 Ha/Hab et qui du point de vue climat et qualité des terres est plus a\antagé. Il faut ajouter à cela que les terres irriguées pou\ ant com-penser ce différentiel sont très limitées.

8000 ^

6000 -

Algérie

—X— I.ibve

2000 X

• Maroe ' Mauritanie ' Tunisie

Années

.Sourcc.s - Annuitirc de.s ccononiics ugrieolcs cl ulitnciUciirc.s des pa\ s ineditcrratiécns cl arabes

CI1II:AM/1AM. MONTI'I I I n-K

AnniMirc sliilisli(|iic des produciions. \ caidbook . I AO . Konic

Fig 1 : E\ olution de la superficie agricole utile au Maghreb 1961 -1995

(3)

69

Seul le Maroc n'a pas ménagé d'efforts visant l'augmentation de la SAU par la mise en valeur de terres jusque là mises en jachère, la faisant passer de 6.970.()()() ha en 1961 à 9.921.000 ha en 1995 soit une aug mentation de 42.3 %. L'augmentation n'a pas été aussi perceptible dans les autres pa\ s de la région.La Mauritanie a même vu sa SAU régresser en raison de la désertification et du déficit phi- viométriquc chronique qui accélère la dégradation des sols. Durant la même période, l'augmentation de la SAU a

été relativement faible dans les trois

autres pays : 18.9 % en Algérie.

10.15 % en Libye et 16,51% en Tuni sie. Et la somme des superficies sup plémentaires de ces trois pa\ s réu-nis n'a atteint que 2.239.000 Ha. re présentant 75.87 % de la SAU supplé

mentaire du Maroc à lui seul durant la

même période. La somme des SAU Algérienne et Marocaine représente 71% de la SAU Maghrébine. Si l'on rajoute la SAU Tunisienne, les trois pays du Maghreb central représentent à eux trois 90% de la SAU Maghrébi ne. Les deux autres pays représentant de faibles proportions; Libye (9%) et

Mauritanie (1%).

Tableau 1 : Superficie agricole utile par habitant au Maghreb à l'année 1995.

Unité: Ha.

Pavs Algérie Libye Maroc Mauritanie Tunisie Maghreb SAU /Habitant 0.29 0.43 0.38 0.10 0.58 0.36

Source: Nos calculs d'après données Yeardbook PAO.

Rapportée à la population respec tive de chaque pays et honnis le cas de la Mauritanie où elle est très faible (0.09 Ha/Habitant), l'importance de la SAU n'est pas très différente dans les pays Maghrébins et se situe autour de 0,41 Ha/Habitant pour les quatre au tres pa>s de la région. La moyenne de la région étant de 0.36 Ha/Habitant.

La superficie agricole irriguée.

Aussi loin que l'on peut remonter dans

l'histoire, le Maghreb a été soumis à un lent mouvement de désertification.

Aussi, des l'aube des temps, les pa> -

sans Maghrébins ont du lutter contre l'aridité du climat. Avec 21% de leurs terres qui reçoivent moins de 400 mm d'eau par an, les cinq pays de la région

sont particulièrement touchés par les

effets de la sécheresse.

Or. sur les terres arides, la pro duction dépend très étroitement de l'importance et de la répartition des

pluies pour les cultures conduites en

sec et de la maîtrise des techniques d'irrigation dans les zones irriguées.

S'étcndant sur 2.55 millions d'hectares,

les superficies agricoles irriguées ma ghrébines représentent à peine 11.59

% de la SAU. proportion très faible pour ragriculture semi-aride de la région où l'eau constitue un facteur

décisif d'accroissement des rende ments. Elles sont réparties à raison de 15.21 % en Algérie. 18.43 % en Li bye. 49.33 % au Maroc. 1.9 % en Mauritanie et 15.09 % en Tunisie

(4)

Tableau II ; Evolution des superficies irriguées au Maghreb 1961-1995

en milliers d'hectares

1970 1978-80 1993 1995 1970/1995

Su|). %/ Sup. %/ Sup. Vu / Sup. % / en % irrig. SAU irrig. SAU irrig. SAU irrig. SAU

Algérie 229 3,24 238 3,5 345 7,07 388 4.61 69.43 Libye 121 6,14 175 8,64 470 21,65 470 21,70 288 Maroc 375 2,55 920 12,25 1258 12.68 1258 13.53 235 Mauritanie 6 2,2 8 2,82 49 23.55 49 23,55 716 Tunisie 65 1.52 90 2 .385 7,77 .385 7,77 492

Sources: - Annuaire des économies agricoles et alimentaires des pays méditerranéens et arabes CIHI-AM/IAM; MONlTliLLIER 1^96.

- Annuaire statistique des productions, Yeardbook , 1 AO., Rome 1995.

Malgré les efforts déployés dans la région ces dernières années, l'irriga

tion demeure très insuffisante. Compte

tenu de l'aridité des terres, on estime

du point de vue teclmique que plus de

la moitié des terres en zone arides et

semi-arides peuvent être irriguées. On

note cependant, depuis la fin de la décennie 1980 une prise de conscience

collective des pays maghrébins pour ce qui est de l'importance de l'augmenta tion des superficies irriguées. Mais en

valeur absolue, la superficie supplé mentaire est nettement plus importante au Maroc où l'augmentation des super ficies irriguées est une constante de la politique agricole. Les efforts fournis

dés les premières années des indépen dances dans la mise en oeuvre de la politique des barrages qui constitue le pilier principal de la politique agricole ont permis d'irriguer une superficie supplémentaire de 883.000 Ha entre

1970 et 1995 représentant presque

autant que les superficies supplémen taires des quatre autres pays de la

région (871.000 Ha).

Si pour la disponibilité de SAU, l'Algérie est comparable au Maroc, du

point de vue de l'importance de la superficie irriguée par pays, le Maroc se taille la part du lion puisqu'il repré sente à lui seul 55,91 % de la superfi cie irriguée totale du Maghreb et les efforts d'augmentation semblent se poursuivent à la même allure puisque la constmction de quatre autres barra ges (pas encore mis en ser\'ice) a été lancée en 1989 et deux autres en 1990 dont celui de MJARA appelé à être le deuxième barrage d'Afrique après celui d'ASSOUAN (Egypte-Soudan) qui devrait permettre l'irriga-tion d'im portantes superficies supplé-mentaires.

La participation de l'agriculture à la formation du produit intérieur brut (PIB)

Le PIB représente dans la comptabilité nationale, la somme des valeurs ajou tées réalisées dans un pays par l'en semble des activités économiques, sans tenir compte de la nationalité des agents qui participent à ces activités.

Le PIB A renseigne quant à lui sur le

niveau de participation de l'agriculture

dans l'économie globale de par le pro-

(5)

duit qu'elle génère, c'est à dire h va^

jour du produit brut agricole (PIBA).

L'analyse des valeurs des PIB et PIBA et de leurs évolutions permet ainsi

d'apprécier le poids du secteur agri

cole et son évolution dans l'économie globale.

Tableau III : Structure du PIB et du PIBA Maghrébin 1961-65/1993

en Millions ég Dollars US

Augmentation

)96I-6S 198I-8S 1993 19(ii-(is/|993 en % PIB PIBA PIBA/PIB PIB PIBA PIBA/PIB PIB PIBA PIBA/PIB PIB PIBA

en % en % en %

.Algérie 4H30 916 19 58180 4654 7.99 46824 5507 11,76 '871 501 RiUye* 3166 174 8,1 35430 1017 4 29230 1462 5.00 1250 740 Maroc 4544 1413 31.1 11850 2133 18 28762 4220 14,67 433 199 Mauritanie* 6-4 19 -30 834 188 22,54 1136 226 19,89 1703 1089 Tunisie 1638 .158 2l'!99 7240 1230 16,98 14605 2624 17,97 797 633 Maghreb 3644 576 21,78 20704 1844 8,9 120557 14039 11,65 4460 2337

Source: Annuiiire des économies agricoles e( alimentaires des pays méditerranéens et arabes:

M|:nA(iHI CIMRAM/IAM, MONTPI-LUIER. 1996.

*: l.es données concernant la IJbye et la Mauritanie sont celles de rannée |991.

A l'iqstar des autres régions du

mondC: le Maghreb connaît une dimi^

nution de la part de son secteur agri^

çole dans la fonnation du produit na^

tional brut (PIB). Entre 1961-65 et

1993, la part du PIBA dans le produit intérieur brut global de la zone a chuté

de 21,78% à 11,65 %. Cette diminu^

tion relati\'e étant liée au différentiel de

croissance entre le PIB Agricole qui a augmenté durant la même période à un taux inférieur de prés de moitié que

celui du PIB.

Dans les cinq pays maghrébins, le PIBA a augmenté en valeur absolue, mais il tend aussi à occuper une part de plus en plus restreinte du PIB glo bal. Alors qu'il représentait 21,78% en

mo>enne du PIB durant la période

1961-65, il n'en a représenté que 11,65% en 1993. Ce rapport est alar

mant \'u la vocation agricole tradition

nelle des cinq pays de la région. De plus, la tendance pour les cinq pays est à la baisse et cela est d'autant plus grave qu'au début de la période colo niale trois pays (l'Algérie, la Tunisie et le Maroc) étaient exportateurs nets de

produits agricoles. La va-leur de la

production agricole a ainsi baissé do

moitié entre 1960 et 1970 et a conti nué à décliner sous les effets conju gués des aléas clirnatiques ( séche

resses répétées) et celui des faibles

résultats en matière d'intensification de

la production des produits de base

destinés à la consommation locale (tous les produits sauf les cultures fruitières, les primeurs et les viandes).

L'estimation de l'évolution dvi PIB

par habitant et par actif reflèti les

moyens économiques de chaque uays

considéré, celle du PIBA par actif

agricole comparée au PIB par actif

(6)

permet de situer l'écart relatif de pro ductivité économique entre l'agri

culture et l'ensemble des secteurs éco

nomiques par rapport à la main

d'oeuvre

Tableau IV : Evolution du PIB/habitant, du PIB/actif et du PlBA/actif agricole.

1965-1993 en Dollars US

1965 1986 1993

pib/ h pib/ a plba/ pib/ h pib/ a piba/ pib/ h pib/ a piba/

at et aa at et aa at et aa

Al};érie 1089 704 176 2711 12502 5566 1752 6916 3531

Libye 3333 2778 231 5617 22353 312 6206 24982 9137

Maroc 799 781 333 653 2167 1131 1132 3520 1483 Mauritanie 169 676 60 465 1428 392 553 1695 532 Tunisie 704 525 184 1045 3259 1860 1704 5018 3891

Sources: - 1965: Annuaires statistiques., ycardbook PAO . ROME 1966.

- 1993: Annuaire des Economies Agricoles et Alimentaires des pays

Méditerranéens et Arabes., Medagri.,CIH£AM/IAM MONTPELLIER 1996.

Rapportée au nombre d'Iiabitants, d'actifs et d'actifs agricoles, les pro ductions totales et agricoles par tête des pays Maghrébins sont très con trastées. Entre 1965 et 1993, les trois indicateurs considérés ont tous enre

gistré une augmentation et malgré quelques similitudes, on remarque une hiérarchisation entre les pays.

Dans les cinq pays Maghrébins,

le PlB/habitant a augmenté. Du fait de l'importance des revenus tirés des ex portations d'hydrocarbures et de la faible proportion de la population, on retrouve en Libye le PIB/habitant le

plus élevé de la région alors qu'à l'op posé la Mauritanie enregistre le plus faible. Dans les trois pays du Maghreb

central (Algérie, Maroc et Tunisie) le

PIB/habitant se situe dans le même ordre de grandeurs, variant autour de 1530 Dollars US/Hab avec un maxi mum en Algérie (1752 Dollars US/Hab) et un minimum au Maroc (1 132 Dollars US/Hab).

L'indicateur qui enregistre la plus grande augmentation est le PIBA/actif agricole et son augmentation trouve

son origine, suivant les pa\s dans la diminution du nombre de personne.^

employées dans l'agriculture ou dans l'augmentation de la productivité par actif agricole. L'actif agricole Maghré bin a en effet une production exprimée en \alcur marchande internationale (c'est à dire en prenant en compte les distorsions liées aux effets de change) différente d'un pa>'S à l'autre.

En Lib>'e, du fait de la très faible proportion de la population acti\'e agricole (14,15 % de la population active totale) mais aussi de la sensible et récente augmentation de la produc tion résultant de l'importance accordée à l'agriculture depuis la seconde moitié des années 1980, notamment par l'augmentation des superficies irri guées par pivot grâce au projet de "la rivière artificielle", le PIBA/actif agri cole enregistre la plus forte augmen

tation.

Le Maroc qui accorde pourtant une priorité devenue traditionnelle donnée au secteur agricole en matière

d'augmentation des superficies irri

guées notamment, par le biais d'une

(7)

73

politique hydraulique d>namique et une politique d'incitations à la produc tion des produits d'exportation, le PI- BA/actif agricole a aussi augmenté,

mais se situe bien en dessous de ses

potentialités agricoles révélées. L'im portant et croissant effectif de la po pulation active agricole d'une part et la forte Milnérabilité du secteur agricole aux aléas climatiques de l'autre (les sécheresses fréquentes amorcées de puis la moitié des années 1980 ont beaucoup affecté les niveaux de pro duction qui ont pratiquement quintuplé en bonnes années pluviométriques et rechuté dans la même proportion du

rant les années suivantes de séche

resse) sont à l'origine de cette situation

paradoxale.

En Algérie et en Tunisie qui se situent presque aux mêmes niveaux aussi bien pour la valeur du PIBA par actif agricole que pour son lythme de croissance, ce dernier a enregistré une

hausse sensible dans les deux pays.

Malgré les grandes différences de niveaux en tenues de SAU. de superfi cies irriguées et de population acti\'e

agricole, les augmentations du PIBA/

La croissance de la production globale.

actif agricole ont été presque similai res dans les deux pays durant la pé

riode 1965 à 1993. révélant ainsi les efforts en matière d'investissements

agricoles et d'amélioration de la pro- ducti\ ité agricole en Tunisie, alors que l'e.xtension des superficies en a été plus la cause en Algérie.

En Mauritanie, le PlB/actif agri cole a aussi enregistré une augmenta tion. mais le manque de capacités

financières nécessaires à la réalisation

d'investissements agricoles et à l'ac quisition de biens de productivité agri cole, les importantes contraintes cli matiques (sécheresses répétées et dé sertification) ne pemiettant pas une augmentation sensible de la production agricole et l'importance d'une popula tion active agricole représentant 67%

du nombre d'actifs total demeurent les principales causes de son faible ni veau. atteignant à peine 532$ US. prés de six fois moins que le PlB.A/actif agricole moyen des trois pays du Ma ghreb central (Algérie, Maroc et Tunisie) qui se situe à 3714.8$ par actif agricole.

Indices

190 • 170 . 150 130 .

110 1

90

70

§ '

50 .

GO

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GO GO O)

GO O)

CI

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Cvj en

m-

ro œ CT>

m -A

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Algérie Libye Maroc

Mauritanie

T unisie

Années

Source: Annuaire slati.stique de.s productions. Yeardbook., FAO.. Rome

Fig 2 : Evolution indiciaire de la production agricole totale des pays maghrébins

1984-95 1989-91 = Base 100

(8)

^'évolution indiçiaire d§ la pro duction globale durant la période

1984^1995 traduit les fortes variations annuelles et l'influenee déterminante

qu'exercent encore les conditions cli

matiques sur la production, indice d'une faible maîtrise des techniques et

d'une insuffisance de l'adaptation des

variétés aux conditions du milieu. De

manière générale, la production agri^-

çole maghrébine moyenne n'a enregis tré qu'une relative croissance.

Malgré les hauts niveaux de pro ductivité acquis au Maroc au regard des très hautes performances réalisées

du début des années 1970 jusqu'au

milieu des années 1980, en raison de la

sécheresse qui y persiste depuis, la production a pratiquement stagné jus qu'à l'année 1991 pour amorcé une baisse sensible qui s'est poursuivie

jusqu'à l'année 1995.

En Mauritanie, en Tunisie et plus

récemment en Algérie, les réformes

nouvelles mises en place dans le cadre des programmes d'ajustement structu rel qui se sont concrétisé par l'incita tion à la production des cultures dites stratégiques , céréales, légumes secs,

tomate industrielle, lait, betteraves sucrières et graines oléagineuses (au Maroc notamment) par le biais de politiques d incitation à la production (investissements, relèvements des prix à la production, facilités d'octroi de crédits...) ont eu pour effet l'augmen

tation de leurs productions. De même et dans les quatre pays, l'établissement de contrats d'appui à la production

entre les exploitants agricoles et les nnité§ de transfonnation agro-indus

trielle pour certaines cultures fniitiè-

res, légumières et industrielles...) ont vu l'augmentation de leur productions augmenté au même titre que les autres produits agricoles soumis aux lois du marché (fruits, légumes viandes rou

ges et blanches). 11 est néanmoins es

sentiel de noter que la mise en oeuvre de ces mesures a coïncidé avec les

conditions climatiques exceptionnelles prévalant ces toutes dernières années qui ont fortement stimulé l'augmenta tion des productions.

En Libye, les effets de la diminu

tion des capacités d'importations de puis le début l'année 1986 et plus ré

cemment, ceux de l'embargo inter national ont provoqué une prise de conscience de la forte dépendance

alimentaire et la réalisation de l'im portant et coûteux effort de dévelop pement du secteur agricole se concréti sant par la réalisation progressive du

"barrage artificiel" et la généralisation

de l'irrigation par aspersion. Des ré

sultats immédiats ont été obtenus pour les cultures céréalières dont la Libye couvrait déjà en 1989, 75% de ses besoins (Sahli.Z, 1991), les cultures maraîchères et l'arboriculture fruitière.

De manière générale, durant la période 1970-1990, la production agricole

moyenne maghrébine a augmenté au

taux annuel moyen de 1,3%

(CENEAP,1991) et à 2,8% entre 1990 et 1995 (Banque mondiale, 1997), nettement inférieur a celui du taux de croissance démographique compris entre 2 et 4,1% par an qui a amenuisé tout effort d'amélioration de la pro duction alimentaire par habitant.

(9)

15

Indices

130 120 ' 110 ^

4

100

90 1

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80^

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50 ; t- • -t

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00 00 00

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U1 9) 91

Algérie Ubye

Marge

Mauritanie Tunisie

Années

Source: Annuaire slalislique des productions,. Yeardbook FAO., Rome 1995.

Fig 3 ; Evolution indiciaire de la production agricole par habitant dans les pays

maghrébins 1984-1995. 1989-91= Base 100.

Durant la période 1984-1995, l'évolution de la production agricole

maghrébine a montré une relative augmentation. 11 s'en est traduit des disponibilités alimentaires s'améliorant certes, mais rapportée à l'évolution de

la population qui a enregistré une croissance beaucoup plus soutenue, l'écart entre l'offre et la demande s'est beaucoup accru et le sera encore plus si des mesures adéquates ne sont pas prises dans les années qui viennent. Le

taux de croissance démographique moyen maghrébin étant deux fois plus

grand que celui de la production agri

cole.

L'évolution des principales pr^^^ç^

tions, ( Voir tableau K),

Coufinpant les tendances potées

pour la production agricole gjpbale, les r>'thmes et tendances des principa

les productions agricoles de la région présentent quelques similitudes et des contrastes entre les cinq pa>'s maghré

bins.

En Algérie, les grandes tendances des principales productions entre 1961 et 1986 montrent une nette régression

des productions totales de fruits et de

vins, de faibles accroissements des productions céréalicres essentiellement dues à la culture d'orge, de l'huile d'olive, mais de très fortes progres

sions pour les productions de légumes,

de viandes et de lait- Durant la deuxième période qui a connu rappe lons le deux années (1990 et 1992) à

exceptionnelles conjonctures climati

ques, les taux d'accroissement se sont nettement améliorés pour les céréales,

les productions fruitières, les légumi-

|iep§es §éç|ies e^ jes viandes ovines du fqit dç l'ailgm^ntatiPH pcpçlqçtions (purrqgpres^ copçlpites çp zqpçs plp^

Pe manière gépérplç pt ^prpPt

depx périodes, les prodpjts à d9 croissance annuels pipyçps rçlqpvp-

mcnt forts sont ceux ppi p'ppt pqs sp^i

la concurrence des ipipprippops et

ont bénéficié d'une dppippdc spIvpWç forte: les fniits et légpmcs, les fburrpr

(10)

ges artificiels, les viandes rouges, les oeufs et les volailles. Une exception à cette affirmation, la production de vin a fortement régressé, très partiellement compensée par la production de raisin de table. (Bedrani.S, 1991).

En Libye, de 1965 à 1990, prati quement toutes les spéculations ont

enregistré une augmentation régulière de leurs productions qui a été beau coup plus sensible depuis le début de la décennie 1980. Mis à part rhuile d olive et la culture du maïs, l'ensem

ble des produits considérés ont connu une évolution favorable. Une forte augmentation des productions de fruits et légumes, une croissance mo\cnne

des céréales plus importante pour la culture de Blé, une forte augmentation des productions animales: le lait en partie de vache à partir de quelques fourrages irrigués et d'aliments impor

tés (141000 tonnes de tourteaux ont

été importées durant la période 1986- 90. autant que le Portugal et trois fois plus que la Grèce), les viandes four

nies à hauteur de 50% environ par la

volaille et un taux d'accroissement nettement élevé pour les légumes secs comparativement aux autres pa>'s

Maghrébins.

Mais durant la période 1990- 1 ^94. tous les produits ont accusé de fortes diminutions et seuls le maïs, la pomme de terre, les légumes secs et la

viande de volaille dont les lythmes ont

aussi diminué gardent des taux de

croissance positifs.

Les résultats de la production durant cette période sont en étroite relation avec les disponibilités finan cières du pa>s et les résultats obtenus durant la première période reflètent en fait la situation des années précédent le choc pétrolier caractérisée par l abon-

dance d'importants mo\cns financiers injectés dans le secteur agricole qui ont largement permis l'emploi de fac teurs de productivité agricole (matériel agricole, engrais, produits ph\tosani- taires...) et le développement rapide et coûteux de l'irrigation qui ont favorisé l'intensification de la production et son augmentation et eu des effets positifs sur l'ensemble d-^s productions. La Libye a en effet doublé parfois même quadruplé le volume de ses produc tions agricoles, mais les pi\eau.\ de rendement obtenus restent très en des

sous des normes au regard des frais engagés dans le processus de produc tion qui représentent le double et par fois le triple des coûts de production théoriques.

Au Maroc, aux ternies de la pé riode l961-65-U>^)(). les taux de crois sance enregistré ont tous été favo rables pour les différentes spécula

tions. mais demeurent contrastés. Les

productions qui ont réalisé les meilleu res performances sont de loin, les cul tures maraîchères, de graines oléagi neuses mais surtout les cultures su- cricrcs. Viennent ensuite respective ment. les cultures légumières. les lé gumineuses sèches, le lait, les \ iandes

et enfin les céréales avec des taux de

croissance moins importants. Il est

essentiel de noter les bons résultats

obtenus pour les cultures industrielles qui enregistrent tout contrairement au.x autres pa>s maghrébins des taux de croissance satisfaisants.

Durant la période 1990-1994 et sauf pour les productions de lait, de

viandes ovines et de cultures indus

trielles qui voient leur taux d'accrois sement fortement diminué et atteindre

des valeurs négatives, les taux de croissances de toutes les autres pro-

(11)

77

ductions agricoles marocaines ont accuse des baisses tout en gardant des valeurs positives. De manière géné rale. et pour les deux périodes, on peut constater en fait quatre grands groupes de produits:

- les fruits et légumes, cultures d'ex portation génératrices de devises qui enregistrent un aceroissement régulier des productions et dont l'augmentation de la production a toujours été une constante de la politique agricole Ma

rocaine:

- les cultures sucriéres dont le déve

loppement est très étroitement lié à la mise en oeuvre de la politique hydrau lique qui enregistrent les records en matière d'augmentation des produc tions. signe de persévérance dans la politique sucrière marocaine:

- les cultures de graines oléagineuses, la production de viandes rouges et celle du lait, dont la recherche de l'aii-

tosuffisance par l'augmentation de la production est apparue depuis le début de l'applieation du programme d'ajus tement structurel agricole en 1983:

- enfin les productions de céréales et de légumineuses menées en zones plu

viales qui intéressent 80% des terres ensemencées, connaissent une évolu

tion très irrégulière résultant des fluc

tuations climatiques et pour lesquelles,

les exploitants agricoles n'ont pas les mo>ens de faire face aux aléas clima tiques.

Comparativement aux autre pays maghrébins, les taux de croissance des principales productions en Mauritanie ont évolué de manière très faible du rant les trois dernières décennies

Seules les cultures de légumes, les

tubercules et les viandes de volailles ont dépassé des taux d'accroissement annuels de 3"o Les productions ani

males connaissent la même situation

que les productions végétales. Durant prés de trente années, la production de viande a enregistré un taux de crois sance annuel moyen de 1.47% et celle du lait à peine 0.73%.

Depuis 1990, seules les cultures céréalières et fruitières connaissent des

augmentations. Pour les premières,

l'amélioration a surtout été le fait des

cultures de maïs, de riz et de paddv' du fait de leur prédominance dans la ra tion et des encouragements de l'Etat depuis Tannée 1990, alors que celle des cultures fruitières a été permise par la disponibilité de Teau rendue possible avec le développement de l'irrigation sur les bords du fleuve Sénégal.

En Tunisie, entre 1960 et 1990.

excepté les vins, toutes les spécula

tions ont connu des accroissements de leurs productions. Les taux de crois sance de la production les plus élevés concernent les productions pour les

quelles les efforts d'intensification ont

été menés de manière régulière. Les efforts entrepris en matière d'introduc tion de nouvelles techniques et de nou velles variétés ont contribué à une évolution appréciable du taux de croissance de la production de bette raves sucriéres. de légumes frais avec une note particulière pour la produc tion de tomates et celle de pomme de terre, la production de lait et celles des viandes dans laquelle la production de viande blanche, il faut le dire occupe une place appréciable.

Entre 1990 et 1994. les produc tions de vins, de fruits (auxquelles il tant ajouter la production d'huile d'olive ne figurant pas dans le tableau

précédent qui a enregistré un taux de

croissance annuel moven de 10.43 )

(12)

ptirtGipaldttiëlit déëtihées â l'ékportà=

tiort et fortemettt sôutèriues pat l'Ëtat

en raison de léur caractère stratégique,

ont connu une augnientation de leur

taux d'accroissement. Comme c'est le cas au Maroc, les taux de croissance de toutes les autres productions agri coles ont accusé des baisses mais sont

restés positifs. De même que pour la Libye et contrairement aux trois autres pays maghrébins, les cultures céréaliè- res et particulièrement l'orge ont ac

cusé de fortes diminutions de leurs taux de croissance.

la faiblesse des rendements.

Pour de multiples raisons liées aussi bien aux effets des conditions agro- pèdologiqnes, climatiques qu'aux in cohérences des politiques agricoles, la faiblesse de rendement demeure la principale cause de la faiblesse des productions et concernent essentielle ment les productions de base.

Tableau V: Evolution des rendements des cultures céréalicres et légumineuses

sèches 1970/75 -1993

Unité: Quintau.\/Ha.

1

197(1-75 1985-90 1993

Algérie 6 8 6.8

Libye 5 6 6.62

céréales* Maroc 10 10 5.9

Mauritanie 3 8 8.68

Tunisie 8 10 12.16

Algérie 3 4 3

Légumincu.se.s Libye 3 3 2

sèches Maroc 6 7 7

Mauritanie 0 2 3

Tunisie 5 6 6

Sources : - Annuaires statistiques de la PAO 1970.

- Annuaire des économies agricoles et alimentaires des pays Méditerranéens et Arabes.. MEDAGRl.. MONTPELLIER 1996.

* Algérie. Maroc et Tunisie: Il s'agit des rendements annuels moyens du blé dur. blé tendre et de l'orge. Mauritanie: 11 s'agit des rendements annuels moyens du Mil. du Sorgho, du

Maïs et du Ri/.

Les céréales, principales produc

tions agricoles et élément de base de la

ration alimentaire maghrébine enre

gistrent des rendements très faibles. Le

rendement maghrébin mo> en s est situé en 1993 autour de H.03 Q.x/ hec

tare alors qu'il atteint pour la même

année des niveaux nettement supé rieurs dans les pav s de la rive Nord de

la Méditerranée (27 QxJ ha en Espa

gne. 65 Qx/Ha en France et 43 Qx/ ha en Italie) .

Cultivées en sec dans les cinq pavs de la région, la contrainte princi pale de l'amélioration de leurs rende ments demeure la pluv iométrie comme l'atteste bien le cas du Maroc qui a

connu une série d'années de sécheresse entre 1990 et 1993 entraînant une

chute de prés de moitié des rendements

annuels mov ens.

(13)

pHrteipaleniènt déstihces à l'exporta- tldii et fortement soutenues par l'Étàt

en raison de leur caractère stratégique, ont connu une augmentation de leur

taux d'accroissement. Comme c'est le cas au Maroc, les taux de croissance

de toutes les autres productions agri

coles ont accuse des baisses mais sont

restés positifs. De même que pour la Lib> e et contrairement qux trois autres pays maghrébins, les cultures céréaliè- res et particulièrement l'orge ont ac-

79

cusé de fortes diminutions de leuts taux de croissance.

la faiblesse des rendements^

Pour de multiples raisons liées aussi bien aux effets des conditions agro- pèdologiques. climatiques qu'aux in cohérences des politiques agricoles, la faiblesse de rendement demeure la

principale cause de la faiblesse des productions et concernent essentielle ment les productions de base.

Tableau V: Evolution des rendements des cultures céréalières et légumineuses

sèches 1970/75 -1993

Unité: Quintau.\/Ha.

1

1970-75 1985-90 1993

Algérie 6 8 6.8

Libye 5 6 6,62

cércalc.s* Maroc 10 10 5.9

Mauritanie 8 8.68

Tunisie S 10 12.16

Algérie 4 3

Légumincu.scs Libye 3 3 2

.scchcs Maroc 6 7 7

Mauritanie 0 2 3

Tunisie 5 6 6

Sources : - Annuaires statistiques de la PAO 1970.

- Annuaire des cconoinies agricoles et alimentaires des pays Méditerranéens et Arabes.. MEDAGRI.. MONTPELLIER 1996.

* Algérie. Maroc et Tunisie: Il s'agit des rendements annuels moyens du bic dur. bic tendre et de l'orge. Mauritanie: Il s'agit des rendements annuels moyens du Mil. du Sorgho, du

Maïs et du Ri/..

Les céréales, principales produc tions agricoles et élément de base de la ration alimentaire maghrébine enre gistrent des rendements très faibles. Le rendement maghrébin mosen s'est situé en 1993 autour de 8.03 Q\J hec tare alors qu'il atteint pour la même année des niveaux nettement supé rieurs dans les pa>s de la rive Nord de la Méditerranée (27 Qx/ ha en Espa

gne. 65 Qx/Ha en France et 43 Qx/ ha en Italie) .

Cultivées en sec dans les cinq pa> s de la région, la contrainte princi pale de l'amélioration de leurs rende ments demeure la pluviométrie comme l'atteste bien le cas du Maroc qui a

connu une série d'années de sécheresse entre 1990 et 1993 entraînant une chute de près de moitié des rendements annuels movens.

(14)

duction de graines oléagineuses y est concentrée (80% de la production totale de la région) et les meilleures perfoHTiances de la région y sont réali sées. Mais malgré les augmentations

réalisées, les niveaux de rendements restent encore faibles et ne permettent pas encore une réelle rentabilisation.

En Algérie, et jusqu'à la date de la Réorganisation du Secteur Agricole de 1987. bien que ces cultures étaient cultivées dans les domaines publics de l'état réputés pour la qualité de leurs terres et la concentration des facteurs de production, leurs rendements ont enregistré une augmentation dérisoire de 1.5 Qx passant de 2,3 Qx/Ha à 3.8 Qx/Ha. Quatre années après la réor ganisation. ces rendements ont encore chuté pour atteindre 3.6 Qx/Ha.

La situation est encore plus grave

en Lib\e et en Mauritanie où les ren dements des cultures oléagineuses sont très faibles et n'ont pratiquement pas progressé depuis 30 années.

De manière générale, et pour les cinq pa\s Maghrébins, les faibles ren dements obtenus pour ce type de cul- turc sont dus à la faible quantité d'eau disponible, la faible maîtrise des tech niques de production adaptées et au peu d'engouement des agriculteurs à l'égard de ces cultures faiblement ré

munératrices.

Comme les cultures de graines oléagineuses en Algérie, en Lib>e. en Mauritanie et en Tunisie, les cultures SLicrières n'ont pas reçu un grand inté rêt de la part des pouvoirs publics.

Au Maroc par contre, menées

parallèlement à une politique hydrauli que d\ namique. de même que les cul

tures maraîchères de primeur, les cul tures sucrièrcs ont constitué les cultu res de choix de l'intensification agri

cole. Le rendement de la betterave sucrièrc était de 475 QX/Ha en 1993.

1.4 fois supérieur au rendement mo\ en obtenu par les deux autres pa>s Ma ghrébins et la canne à sucre introduite

en 1975 a atteint un rendement de 764

Q.\/Ha. Grâce au' développement de l'irrigation, la culture de la betterave

sucrière a vite atteint des rendements

remarquables qui ont suivi une crois sance régulière durant la période con

sidérée et ceux de la canne à sucre ont atteint un niveau très satisfaisant dés l'année de son introduction.

Il est aussi important de noter que ces deux cultures sont panni les plus protégées et les plus encadrées et si elles enregistrent ce succès, c'est bien grâce à l'intérêt accordé par l'Etat. La

situation est totalement inverse dans

les trois autres pavs où les pouvoirs publics ont préféré le recours svsté- matique aux importations au dévelop pement de leurs productions locales.

Malgré la croissance constatée de la production laitière et bien qu'il s'agisse, hormis le cas de la Maurita nie. de races améliorées importées a fort potentiel productif, les rendements annuels movens par vache ne dépas sent pas les 3()()() litres en Algérie, au

Maroc et en Tunisie, ils atteignent seulement 1800 litres en Libye et stag

nent autour de 1200 litres en Maurita

nie La moyenne des rendements de

vaches laitières de mêmes souches

atteignant 6000 litres par an en Eu

rope et dans les pavs d'Amérique du

Nord, l'augmentation de la production laitière dans les pays maghrébins a donc été beaucoup plus due à l'aug mentation des effectifs du cheptel qu'a l'amélioration des rendements.

(15)

SI

Consommation d'intrants, mé canisation et niveau d'intensifi cation

L'utilisation des engrais au Ma ghreb.

La consommation d'engrais par hec

tare de terre arable est un indicateur

pertinent du niveau d'intensification d'une agriculture. Si on la compare a\'ec la consommation dans les pa> s de

la rive nord de la Méditerranée où

l'agriculture a atteint des niveaux de producti\'ité notables (97 Kg/lia en Espagne. 295 Kg/Ha en France et 151 Kg/Ha en Grèce), la consommation mosennc Maghrébine qui est de 25.8 Kg/Ha apparaît très faible.

Au Maghreb, les engrais azotés sont principalement produits dans les pa>s pétroliers (Algérie et Libye), les engrais phosphatés dans les pays pro

ducteurs de phosphates naturels (Maroc et Tunisie).

Compte tenu des réserves de phosphates et de la présence de pétrole dans la région, tout porterait à croire que la production et l'utilisation d'en grais serait grandement facilité dans les pa>s maghrébins. Mais, malgré les progrès remarquables réalisés au cours des deux dernières décennies par les pa\ s producteurs de la zone (honnis le cas de la Mauritanie, les quatre autres pa\s de la région sont producteurs d'engrais) la consommation d'engrais demeure faible et principalement con

centrée dans le secteur moderne. Cette

situation s'explique par le coût encore élevé des engrais, les difficultés ren contrées dans certains pays pour le développement de l'industrie des ferti lisants et par la concentration de micro-exploitations qui ne peuvent économiquement accéder à ce facteur de productivité, sans aides spéciales Tableau VII : Consommation d'engrais par hectare de SAU dans les pays

maghrébins en 1993.

Alacric Libye Maroc Mauritanie Tunisie Mauhrcb

K«/Ha(IcSAU 21 41 ■''^3 16 22 24.8

Sources: Nos calculs d'après données Annuaire statistique des productions,. Yeardbook

PAO.. Rome 1995.

Durant les trois dernières décen nies. la consommation moveime d'en

grais par hectare de SAU maghrébine a augmenté de plus de huit fois, pas sant de 3.4 kg/lia en 1961 à 30 kg/Ha en 1991. Apparaissant importante au premier abord, cette augmentation demeure insignifiante en référence aux normes agronomiques théoriques. De plus, cette moyenne ne reflète pas la situation propre à chaque pays. Des

nuances remarquables sont en effet notées suivant le cas.

De par la large disponibilité d'en grais azotés et du fort pouvoir d'achat généré par les recettes d'exportations pétrolières, l'hectare de SAU libyen absorbe 41 Kg en 1993 (les estima tions de la PAO donne une dépense annuelle moyenne de 21 millions de dollars pour l'achat d'engrais en Li- b>'e). L'Algérie est le seul pays Ma-

(16)

ghrébin dont la consommation d'en grais ne cesse de diminuer. Pour les mêmes raisons que la Libye, elle était bien au dessus de la moyenne mâghré- bine jusqu'en 1987 où elle se situait au niveau de 41 kg/ha. Mais à partir de cette date, elle n'a cessé de diminuer pour atteindre 21 kg/ha de SAU en

1993. La raison de cette baisse de meure essentiellement due:

- au processus en chaîne engendré par la baisse des cours du pétrole, la dimi nution des capacités de financement des importations de matières premières et de pièces détachées nécessaires au fonctionnement des unités de produc tion d'engrais qui en a résulté;

- à la décision prise par l'Etat d'aligner les prix internes aux utilisateurs sur

les prix mondiaux par la suppression

des subventions aux prix des intrants qui a fortement diminué leur achat en raison de la situation de paiement, généralement très précaire des exploi tants agricoles.

En raison de la large disponibilité des engrais phosphatés produits loca lement. le Maroc se situe à un niveau supérieur à la moyenne régionale ma ghrébine avec une consommation de

33 Kg/Ha et la Tunisie y est très pro

che avec 22 kg/lia de SAU en 1993.

Pour les deux pays, cette situation se justifie aussi par les efforts d'intensifi

cation agricole devenus indispensables

pour l'augmentation quantitative et qualitative des productions destinées à l'exportation (les agrumes, l'huile d'olive et les légumes de primeurs).

Ces productions représentaient 15,6%

des exportations totales du Maroc et

13 % de celles de la Tunisie en 1995 et sont fortement concurrencées sur leur marché traditionnel ( le marché unique européen) par les productions des pays de la rive Sud méditerra

néenne.

La Mauritanie utilise quant à elle la plus faible quantité d'engrais par hectare de terre arable du Maghreb.

La consommation d'engrais n'a en fait commencé à être effective qu'en 1987 et n'a que peu évolué depuis. Elle at teint à peine 16 Kg/Ha en 1993 et se

situe de ce fait bien en dessous de la

moyenne maghrébine.

La mécanisation de l'agriculture au Maghreb.

L'outil mécanique reste peu disponible dans les pays du Maghreb. En 1993, la superficie moyenne cultivée par tracteur était de 237 Ha, alors qu'elle atteignait 13 Ha en France, 17 Ha en Grèce et 24 Ha au Portugal. C'est dire le retard enregistré par les pays ma ghrébins en matière de mécanisation agricole.

Tableau VIII : Hectares de SAU par tracteur disponible dans les pays maghrébins en

1993.

Algérie Libye Maroc Mauritanie Tunisie Maghreb

Kg/Ha de SAU 86 63 234 621 178 236

Sources: Nos calculs d'après les données Annuaire statistique des productions,. Yeardbook PAO., Rome 1995.

(17)

83

De part ses capacités d'importa tion [4453 tracteurs importés en 1991, (FAO, 1992)] l'existence du potentiel

industriel permettant la fabrication locale de tracteurs, de moissonneuses batteuses, de matériel aratoire, de

traitement et d'épandage. l'Algérie se situe très au dessus de la moyenne maghrébine et les politiques agricoles antérieures ont fait bénéficier l'agri

culture des produits industriels à des prix très inférieurs à leurs coûts de production. Le parc matériel motorisé a accumulé de ce fait, une quantité non

négligeable de tracteurs permettant l'utilisation d'un tracteur pour 86 Ha

de SAU.

En Libye, le rapport est de 63 Ha/tracteur en 1993 alors qu'il était de

526 Ha/tracteur en 1970. La cause

principale reste la disponibilité de capacités de paiement et le recours systématique aux importations de facteurs de production. Ce n'est que ces dernières années et pour les mêmes raisons qui ont suscité l'attention prê tée au développement du secteur agri cole auxquelles il faut rajouter la hausse des prix des facteurs de pro duction et des produits agricoles sur le marché mondial que les autorités Li byennes ont été obligées de revoir leur politique en la matière. D'important projets sont en effet en cours et parti culièrement avec l'Algérie pour la

construction d'unités de fabrication de

matériel agricole (INESG, 1991).

Avec 236 Ha/tracteur, le Maroc se situe juste au niveau moyen régio nal avec 180 hectares de SAU par tracteur, alors que la Tunisie dispose d'un tracteur pour 178 hectares de SAU. La disponibilité de l'outil méca nique reste faible dans les deux pays et

résulte de l'inexistence d'unités indus

trielles locales de fabrication de maté

riel agricole, le parc matériel disponi ble en place est, comme pour la Libye,

le résultat de massives et coûteuses importations [en 1991 le Maroc a importé 3914 tracteurs et la Tunisie 5700 (FAO, 1992)].

En Mauritanie, il est difficile de parler de mécanisation. En 1993, le pays dispose à peine de 335 tracteurs

pour 208000 Ha de SAU soit un trac

teur pour 621 hectares.

CONCLUSION.

L'importance des contraintes naturelles à la production, notamment le sol et le climat sont pour une large part, les causes des faibles résultats de la pro duction au Maghreb. Le climat aride, semi-aride et saharien ne permettant pas de recueillir un maximum de pluie, la sécheresse est devenue un phéno mène cyclique dans la région. Du fait du relief accidenté et de la pente, les phénomènes d'érosion, tant éolienne que pluviale sont très importants et l'action de l'homme sur le milieu ne fait qu accentuer un processus de dé gradation des sols. De meme la déser tification a atteint ces dernières années des niveaux insoutenables dans les

cinq pays maghrébins.

D autre part, la pression sur les

ressources ou capitaux et la faiblesse

de la demande pour les nouvelles pro cédures de production ne font qu'ac centuer le déficit alimentaire dans la région. L'offre de produits agricoles dans les pays Maghrébins est en grande partie basée sur les ressources

naturelles disponibles dans ces pays.

Les taux élevés de croissance naturelle

de la population rurale conjugués à la

diminution des opportunités réduites

(18)

offertes à l'extérieur du milieu rural, amorcée depuis le début des années quatre vingt font que les capitaux tels que la terre et l'eau subissent d'impor tantes pressions d'usage. Par ailleurs et compte tenu des institutions fonciè res en vigueur dans chaque pays et région, les dites ressources sont inces samment amenées à être divisées entre les individus réduisant ainsi, la taille

des capitaux naturels impliqués dans

la production agricole et amenant le processus de production vers des échelles où la demande pour de nou

velles technologies ne peut s'exprimer

avec envergure

Les grandes contraintes à l'ex

pansion de l'agriculture Maghrébine résident donc dans la faible proportion

des terres disponibles à la mise en

culture à laquelle il faut ajouter, une

multitude de facteurs défavorisant la production agricole, à savoir;

- une qualité souvent médiocre des sols;

- la pratique importante de la jachère (39,4 % au niveau régional);

les difficultés de mise en valeur des

terres sahariennes liées aux coûts im portants de sa mise en oeuvre et à la remontée des sels;

- la rareté de 1 eau d'irrigation;

Entre 1970 et 1995, les augmen tations relatives de la SAU, des super ficies irriguées ont été beaucoup plus faibles que celle de la population comme nous l'avons vu dans la pre mière partie de notre étude

(Guechi.D.E. 1997 ). Cet état de fait est très révélateur et montre avec élo quence la gravité de la situation agri cole et alimentaire dans les pays ma ghrébins.

Malgré les efforts fournis par le biais des politiques d'intensification

menées ces dernières années, les effets

positifs escomptés sur les produits de base fortement importés (céréales, lait, huiles végétales et sucre) n'ont pas encore eu lieu, alors que les produits qui n'ont pas subi la concurrence des importations et qui ont bénéficié de la

libéralisation de leur commercialisa

tion (fruits, légumes, viandes rouges et blanches) ont connu des augmenta

tions relativement fortes.

L'évolution de la structure des productions agricoles montre bien que les tendances notées depuis les années 1970 ont obéi de plus en plus à des mécanismes de régulation propre à l'économie de marché. L'expansion d'une agriculture commerciale a eu pour corollaire l'extension du marché local. L'option de court terme favora ble à l'agriculture commerciale ainsi qu'à l'importation à des prix avanta geux d'une partie importante de la ration alimentaire permise par la baisse des cours mondiaux de produits agricoles engendrée par les subven tions aux exportations européenne et américaine explique le recul des pro

ductions de base.

Il s'en est traduit au niveau de la production agricole, une très nette diminution de la production maghré bine de vin, d'huile d'olive (sauf en Tunisie), une stagnation de la produc tion de céréales, d'oléagineux, de lé gumes secs et de sucre (sauf au Ma roc). mais une très nette progression des productions de fruits, de légumes, de viandes rouges et blanches.

Dans l'absolu, la production agricole moyenne s'est accrue dans la région maghrébine et a mo>'ennement augmentée jusqu'au début des années 1980, mais durant la période 1980-85 son augmentation a été beaucoup plus

(19)

85

importante et rapide dans la région.

Les cinq pa> s maghrébins ont en effet fortement bénéficié de la vigoureuse croissance économique mondiale des années 1970 et réalisés d'importantes recettes d'exportation de produits pri maires largement disponibles dans la région, dont la demande était forte et dont les prix sur le marché mondial a\aient atteint leurs plus hauts ni-

\eaux. La disponibilité de ressources financières a pemiis L importation massive de facteurs de production et leur injection dans les exploitations agricoles a eu pour effet immédiat de stimuler l'intensification de la produc

tion et son augmentation..

Les rendements des nouvelles

semences ont été tels que les exploi

tants ont eu intérêt à moderniser leurs méthodes de culture traditionnelles en

utilisant d'avantage d'engrais, d'outils mécaniques et d'autres facteurs de production modernes que les gouver nements ont mis à leur disposition.

L'élevage a particulièrement profité de l'accroissement des importations d'ali

ments de bétail, d'infrastructures et de

cheptel. Un potentiel de production

animale considérable a été mis en place (étables. batteries de poules pondeuses, couveuses, cheptel laitier et de reproduction...).

Mais la chute des cours des prin

cipales exportations maghrébines qui

ont débuté durant la moitié des années 1980 ont vite eu des effets décisifs sur

les productions et ont largement con

tribué à la diminution des taux

d accroissement moyens de pratique

ment toutes les productions. Le man que de biens de productivité sur les

marchés nationaux qui s'en est suivi en Libye, au Maroc, en Mauritanie et en Tunisie, qui trouve son origine dans

1 inexistence du potentiel industriel

nécessaire à leur fabrication a obligé

ces pays au recours régulier aux

moyens de paiements extérieurs pour acquérir les facteurs de production sur le marché international pour maintenir 1 intensification acquise de leurs agri

cultures et l'améliorer. La situation a

été identique en Algérie où existe pourtant un important potentiel indus

triel (films plastiques, machines et

matériels agricoles divers, engrais,

fuel...), mais en plus de la difficulté de

la maîtrise sociale des technologies

importées, s'est ajouté la difficulté d importation des produits semi-finis et des matières premières nécessaires au fonctionnement des usines entraî

nant une baisse de productivité des unités industrielles. De plus, la satis

faction complète des besoins de

1 agriculture par les importations s'est

trouvée confrontée à une concurrence extrêmement vive des autres secteurs de l'économie (en particulier du sec

teur des hydrocarbures liquides et

gazeux nécessitant d énormes investis sements pour la recherche, la forma

tion. 1 exploitation et le transport) et aussi, des besoins d'importation de

produits de consommation alimentaire.

Au niveau des exploitations agri

coles, le manque de moyens financiers

de la petite paysannerie parcellaire qui

représenté 75 % du monde rural au Maghreb a constitué une limite de taille à l'approvisionnement en intrants à laquelle il faut rajouter les conditions

climatiques qui n'ont pas encouragé

les exploitants à recourir à

l'intensification de la production.

D'autre part, les marges brutes déga

gées par les cultures déficitaires dans

les cinq pays de la région n'ont pas

incité les producteurs à investir dans

(20)

ces spéculations, celles ci nécessitant

des travaux culturaux complexes qui

ne peuvent être effectués qu'avec un matériel sophistiqué et onéreux.

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