^ W SullS l;F Ne 0 o, :> 0 9
FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1901-1902 N° 7 I
PROTHES
PAR
LES INJECTIONS DE PARA
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutenuepubliquement
le 21 Mars 1902
PAR
Raoul-Pierre
GHOUSSAUD
Néle 7 mai 1877, à Payzac(Dordogne)
/ MM. MOUSSOUS professeur.... t'résul Examinateurs rte laThèse
:)
) GENTESpiofesseur
agrège 1 JugesI MOURE chargédecours)
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront
faites
surles
diverses parties de l'Enseignement
médical.
BORDEAUX
1MPRIMEKIE DU MIDI —
PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 9i
1 902
Faculté de Médecine cl de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES,
doyen honoraire.
S»ItOFIOSSIOllIt*
mm. migé )
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môussous.
Clinique inlern
MM.
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Maladies du larynx, desoreillesetdunez Maladiesmentales
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Physiologie Embryologie Ophtalmologie
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moure.
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princeteau lagrange.
carpes.
le dantec.
Le Secrétaire de La Faculté: LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté aarrêté que les opinions enlisesdans le"
Thèsesquiluisont présentéesdoivent être considérées commepropres
à leurs auteurs,
qu'elle n'entend leurdonner ni approbationniimprobation.
A MONSIEUR LE DOCTEUR MOURE
CHARGÉ DU COURS DE LARYNGOLOGIE, D'OTOLOGIE ET DE RHINOLOGIE
A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR A. MOUS SOU S
PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE INFANTILE A LA FACULTÉ
DE MÉDECINE DE BORDEAUX MÉDECIN DES HOPITAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Ik
I
tiAVANT-PROPOS
Arrivé au terme de nos
études médicales,
nousadressons
nos remerciements les
plus sincères à tous nos maîtres de la
Faculté et des
Hôpitaux.
Il nous est
particulièrement agréable de pouvoir aujour¬
d'hui reconnaître à M.
le Prof. Moure notre dette de recon¬
naissance. Les soins
dévoués qu'il
nous aprodigués en de pénibles circonstances ont laissé en nous un ineffaçable sou¬
venir.
Mais si le
malade
que nous avonsété rend un éclatant témoignage
aupraticien, l'élève qui a fréquenté si longtemps
son service
témoigne
aumaître
sareconnaissance pour ses
conseils éclairés etpour
la bienveillance qu'il nous a toujours
manifestée dans le cours
de
nosétudes. 11
nous adonné
une nouvelle marqued'intérêt
ennous indiquant le sujet de notre
thèse.
Qu'il
nouspermette de lui dire que nous ne l'oublierons
jamais.
Que
M. le Prof. A. Moussons, dans le service duquel nous
sommes heureux d'avoir
passé
nossix derniers mois de stage hospitalier, reçoive ici l'assurance de notre gratitude pour la
bienveillance
qu'il
nous amontrée et pour le grand honneur
qu'il
nous afait
enacceptant la présidence de notre thèse.
INTRODUCTION
Il y a
quelque temps les journaux de médecine faisaient
connaître au monde savant une nouvelle méthode, à la fois
simple et pratique, qu'un chirurgien viennois, le docteur Gersuny, avait découverte
pourremédier à des déformations congénitales
ouacquises et consistant
endes injections de
vaseline dans les tissus.
Le corps
médical fut vivement surpris et intéressé, et le grand public lui-même, informé
parla
pressequi s'était, emparée du fait, fut étonné
parle côté original du procédé et
ne manqua pas
d'y trouver
mêmede fantaisistes applications.
Quelques chirurgiens étrangers et français suivirent l'exem¬
ple de Gersuny, et les résultats obtenus affirmèrent l'excel¬
lence de cette
ingénieuse prothèse.
Cependant certaines discussions, soulevées à l'occasion
d'un
insuccès, semblèrent
démontrer quele procédé
nefour¬
nissait pas
toutes les garanties désirables.
C'est alors que
le docteur Eckstein (de Berlin) fut engagé à reprendre l'étude delà question
;il apporta d'heureuses modi¬
fications,
dont laprincipale fut de substituer la paraffine à la
vaseline de
Gersuny, et la nouvelle méthode de prothèse,
désormais à l'abri de toute
critique, prenait ainsi
rangparmi
les
acquisitions les plus ingénieuses et les plus élégantes de
la
chirurgie moderne.
C'est l'étude de cette
prothèse
que nous avonsessayé de
faire, estimantqu'il était bon de mettre
aupoint cette
ques¬tion si
intéressante, qui n'a
pas encore reçutoutes
sesappli¬
cations et est
appelée à rendre de grands services.
— 10 —
Nous avons divisé notretravail en
cinq parties.
Dans le
premier chapitre,
nous exposonsla méthode de
prothèse de Gersuny
parla vaseline,
avecla série chronolo¬
gique de toutes les observations
parues surce sujet.
Nous faisons,
dans
lesecond chapitre, la critique de cette
méthode en
présentant les objections des divers auteurs.
Dans le troisième
chapitre,
nousmontrons les modifica¬
tions
importantes apportées à la méthode
parEckstein, et
nousfaisonsun
parallèle des deux procédés, suivi de quelques
observations nouvelles.
Nous rendons
compte, dans
unquatrième chapitre, d'une application récente de la méthode
autraitement du coryza atrophique
; noustenons, dès maintenant, à signaler que
c'est à la
Clinique de rhinologie du professeur Moure que le procédé
aété mis
enpratique
pourla première fois dans ce
cas.
Enfin,
dans
uncinquième et dernier chapitre, suivi des
conclusions de notre travail, nous
donnons les indications générales de la méthode
aupoint de
vueutilitaire et
aupoint
de vue
esthétique.
CHAPITRE PREMIER
Vers la fin du mois de
septembre 1900, le docteur Gersuny (de Vienne) faisait paraître
unarticle dans le Zeitschrift fur Heilkunde,
sur uneméthode nouvelle de prothèse
pardes injections de vaseline.
« Si on
liquéfie., disait-il,
parla chaleur, de la vaseline qui
» à la
température du
corps ala consistance d'un onguent et
» si, au moyen
d'une seringue dePravaz,
onl'injecte dans
un» tissu dilatable du corps
humain, il
seproduit à l'endroit où
» a été faite
l'injection
unetumeur ronde dont le volume
»
correspond à la quantité de vaseline injectée. La réaction
» du tissu
qui
enrésulte est
pourainsi dire insignifiante et
» lamasse reste
apparemment invariable là où elle
aété in-
»
jectée.
»Cet auteur avait constaté le fait
depuis
«bien des années
» à l'occasion de certainsprocédés thérapeutiques, mais il
n'avait
jamais songé à
entirer des conclusions pratiques
envue d'autres résultats.
Il
reprit
cesexpériences et il eut l'idée très ingénieuse d'en
tirer
parti
pourremédier à certaines difformités acquises
ou à des troubles fonctionnels de causepurement mécanique.
La
première fois qu'il appliqua
saméthode,
cefut
pourun cas de double castration. Voici l'observation du malade, décrite par
Gersuny lui-même.
- 12 —
Observation I
Prothèse du testicule.
Il y aenviron un an, il vint chez moiun jeune homme à qui, deux
ans auparavant,j'avais extirpé les deux testiculespour cause de tuber¬
culoseavancée. Il devait se faire examiner quelquetemps aprèspour savoir s'il étaitapte àfaire son service militaire, et il lui était pénible
de montrer encette occasionson infirmité.
Pour la première fois je fis sur lui une injection de vaseline. J'in¬
jectai (le 30 mai 1899) dans la moitié scrotale gauche 8 centimètres cubes de vaseline etj'obtins ainsiune tumeur de vaseline ayant presque la forme d'une boule un peu moins grosse qu'un testicule normal. A
cause de la sensation de forte tension provoquée, comme on lecom¬
prend facilement, par la dilatation des tissus, je m'en tins là pour le
moment.
Au bout dequinze jours, le malade se présenta de nouveau à moi et
me dit que pendant quelques jours il avait éprouvé des douleurs,
mais qu'ellesavaient maintenant complètement disparu. Je fis alors
une injection du côté droit et, à cet endroit, je ne pus d'abord injecter
que 5 à 6 centimètres cubes parce quela moitiédroite du scrotumétait détruite plus qu'à moitié par l'ulcération tuberculeuse existant anté¬
rieurementet qu'elle avait été envahie, après la guérison, par du tissu
de cicatricequi larendaitpeu extensible. Cette fois je ne fis pasd'in¬
jection à gauche parce qu'il restait une sensation légère de tension ;
d'ailleurs, dece côté, l'étatde choses étaitpresque exactement telqu'il
était immédiatementaprès l'injection.
Quinzejours plus tard, je fis de chaque côté uneinjection: uneà gauche, de 3 centimètres cubes; uneà droite, de 2 centimètres cubes, et j'enfonçaila pointe de l'aiguille dans le milieu du dépôt de vaseline déjà existant. L'aspect était alors presque celui d'un scrotum à contenu normal, en netenant pas compte des cicatrices du côté droit; au tou¬
cher,on sentait une tumeur ferme et élastique, un peu plus grande à gauche qu'à droite; la tumeur gauche correspondait, commevolume, à
untesticule normal.
— 13 -
Au bout de dixsemaines,le patient se présenta de nouveau à moi :
l'état de choses ne s'était pas modifié et je fis encore, du côté droit seulement, une injection de 3 centimètres cubes. La masse de vaseline injectée s'élevait en tout à droite à 11 cc. 5, à gauche à 10 centimètres cubes;j'avais fait deux injections à gauche ettrois à droite.
Le patientfut visitépar les médecins pour la dernière fois environ huit mois après la première injection. Son médecin (Je docteur Joseph Brik, de Vienne) eut la bonté de me rendre compte de son état ; il va bien etil est très contentdesestesticules artificiels. La vaseline injectée
estmaintenant dure commedu cartilage et n'a produit aucun phéno¬
mèned'irritation.
Le 16 mai 1900, c'est-à-dire un an après la première injection, le
malade s'est présenté: l'état de choses n'avait pas changé. 11 n'était pourtant pas tout à fait satisfait, parce que son scrotum ne pendait jamais mollement, mais avaitl'aspect d'un scrotum normal contracté
sous l'influencedu froid.
Ce succès conduisit
Gersuny à faire
une nouvelleexpé¬
rience de sa méthode dans un cas toutdifférent du
précédent,
mais dont la valeur
pratique était beaucoup plus haute.
Il
s'agissait de remédier
à undéfaut
deprononciation
consé¬cutif à la
guérison d'une division
dupalais. Le
succès,comme on va le voir, fut des
plus complets.
Observation II
Perfectionnement de la parole.
Unejeunefille de dix-huit ans, racontel'auteur, avait été opérée par moi, ily adeux ans, d'une division unilatérale du palais et avecplein
succès pour ce qui concernela réunion desbords de la fente. Laparole
était restée nasillarde et indistincte — comme cela arrive souvent après l'opération — etla malade nepouvait réussir àprononcerlegu.
J'injectai(le1er novembre 1899) de la vaseline dans la luette etdes deux côtésdans levoiledu palais. Laquantité qui pénétra alors dans le tissun'étaitpasfacile à déterminerexactement; en effet, à causede
- 14 —
la délicatesse des tissus etde l'agitation de la
malade, l'aiguille tra¬
versaplusieurs fois de part eu part
les tissus, et ainsi
unepartie de la
vaseline fut perdue. J'essayai en
même
tempsde faire
uneinjection
dans la paroipostérieure du pharynx,
mais je
nepussavoir exactement
si la vaseline parvint à
l'endroit
enquestion, à
causedes violents ef¬
forts de la malade; il ne se produisit pas en ce
point de tuméfaction
remarquable, tandis que du
côté du vélum il
yavait
unépaississement
très distinct.
Aussitôtla malade put mieux
parler d'une façon
surprenante.La
prononciation du guétait
assezsatisfaisante. Quand,
aubout de quinze
jours,
elle
revint,elle
medit
quependant trois jours elle avait éprou ré
des douleursen avalant, mais qu'ensuite cette gêne
avait totalement
disparu; elle meracontamême
que sesconnaissances,
sansavoir été
interrogées sur cesujet,
faisaient
remarquerle perfectionnement
surpre¬nant de la parole qui
s'était accompli.
Quatre semaines après la première
injection j'en fis
uneseconde.
Cette fois,quelques gouttes
d'une solution de cocaïne furent préalable¬
mentinjectées, et la
pénétration de la vaseline put alors
sefaire
entout
calme et avec toute la précision voulue ; 2 cc.
5 de vaseline furent
injectés dansle vélum, lequel paraissait ensuite fortement œdématié
etreprésentait, au toucher, un
bourrelet ferme. Le
gufut alors
pro¬noncé irréprochablement.
Quatre moisplus tard, la malade se
présenta de
nouveau :l'aspect
du voile dupalais était tel
qu'immédiatement après l'injection. La
pro¬nonciation était très bonne, avec cependant un peu de résonnance
nasillarde.
Le perfectionnement de la
parole résultait
enpartie du rétrécissement
du pharynx au niveau
du palais,
enpartie du fait
que, en prononçantle gu le bourrelet du
vélum était appliqué
parla base de la langue
con¬tre la paroi postérieure du pharynx et
réalisait ainsi l'obturation.
Observation III
Perfectionnement de laparole.
Chez une autrepatiente, dont onavait guéri une
division
congénitaledu palais,
j'ai fait également des injections dans le vélum; chez elle
— 15 -
aussi,jrai faiten même temps des injections dans la paroi latérale et postérieure du
pharynx;
mais cette intervention provoquades douleurs violentes et il ne se produisitpas le bourrelet souhaité, le tissu inters¬titiel rétro-pharyngien étantsans doute tropmou pour rendre possible
une accumulation de vaseline à la façon d'une tumeur. Chez cette seconde patiente également, le perfectionnement de la parole fut dis¬
tinct, mais moins satisfaisantquechez la première.
Récemment (le 30 avril 1900), de la vaseline fut encore injectée en différentspoints du vélum, mais le gonflement de celui-cine put, à
cause des cicatrices provenant de nombreuses opérations plastiques antérieures, être porté au même degréque chez la première patiente.
Cette injection fut suivie de douleurs assez violentes et la malade ne
put prendre de nourriture pendant vingt-quatre heures. Puis la déglu¬
tition put se faire normalement et laprononciation du gu s'améliora
d'une façon surprenante.
Gersuny cite
encorequelques
casoù F application de
sonprocédé lui
adonné pleine satisfaction.
Observation IV
Cicatrice vicieuse.
Chezun malade qui présentait une cicatrice adhérente à l'os sous-
jacent, à la suite d'une suppuration de cet os,il injecta de la vaseline qui souleva le tissu de cicatrice, le tendit et remplaça ainsi le panni-
cule adipeux qui faisait défaut.
Observation V
Ensellure dunez.
Unejeune fille de seize ans, des Indes-Orientales, vint à Vienne le consulter au sujet d'une ensellure profonde du dos du nez. Une injec¬
tion de8 centimètres cubes de vaseline fut faite le 8 mai 1900 et le résultat fut immédiatet trèssatisfaisant.
Un mois
après la publication de
sonpremier article,
Ger¬suny
rendait compte, dans la
séance du 30 octobre 1900 de— 16 —
la Société de
gynécologie et d'obstétrique de Vienne, d'un
nouveau succès obtenu dans un cas d'incontinence
d'urine.
Ici, la méthode
s'affirmait
avec un nouveaucaractère d'une
haute valeur au
point de
vuepratique,
carelle s'appliquait
à une affection contre
laquelle de nombreux traitements
avaient été vainement
entrepris et qui semblait devoir
nejamais guérir. Le chirurgien viennois, grâce à deux injec¬
tions de vaseline, créa de toutes
pièces
unsphincter qui
rétablissait
parfaitement le fonctionnement du col de la
vessie et délivrait la malade de sa
pénible infirmité. L ob¬
servation
parut
unmois plus tard dans le Centralblatf fur Gynœcologie du 1er décembre 1900, et
nousallons la
repro¬duire presque en
entier,
enraison de
sonimportance et éga¬
lement en raison de
quelques discussions soulevées dans
uncas
analogue mentionné plus loin.
Observation VI
Incontinence d'urine.
Mme H. B...,vingt-cinq ans, avait depuis son premier accouchement (février 1895) une grande
fistule vésico-vaginale. Quand
cettefistule
fut oblitérée paropération, on vitque le sphincter
de la vessie,
proba¬blement déchiré, était incapable de fonctionner. A la suite de malheu¬
reux essaisd'opérations pourremédier à cet état, l'urètre
s'était
aussi perdu, desorte quela vessie débouchait dans le vestibule
parune'ouver-
ture accessible à la phalangette du petit doigt. De cette ouverture sor¬
taient deux plis dela muqueusede la vessie,
facilement réductibles,
groscomme un haricot, et qui en fermant l'orifice retenaient l'urine quand
la malade était couchée et empêchaient la vessie de sevider complète¬
ment quandla malade était
debout.
Malgré une gonorrée intenseet permanente,
je
commençai aussitôt letraitement.J'injectai,dans le voisinage immédiat de
l'orifice
de lavessie,une solution de cocaïneà 5
0/0,
puis j'injectai sous la muqueuse, dansles plis
prolabés
dela
muqueusede la vessie,
un peude vaseline.
Lesbourrelets épais qui en résultèrent étaient alors plus difficiles qu'aupa¬
ravantàréduire dansla vessie et ne retombaient plus; puisj'injectai à
- 17 —
plusieurs endroits de la vaseline dans le tissusous-muqueuxde la vessie,
encercle autour du col de la vessie. Les piqûres furent faites à travers la muqueuse du vestibuleet à travers la paroi vaginale, dans le voisi¬
nage de l'embouchurede la vessie. Lorsqu'on eut
injecté
de cettefaçon
3 cc. 1/2 de vaseline, on sentit, commerésultat immédiat de l'injection,
un anneau dur qui, situésous la muqueuse de la vessie, en contour¬
nait l'orifice : la muqueuse soulevée en quelque sorte en forme
de coussinetfermait ainsi l'orifice de la vessie. Ensuite j'injectai de
l'eau dansla vessie et cette eau ne s'écoula pas. La malade n'en perdit
pas unegoutte pendant deux heures; puis, comme
elle
avait unfort
besoin d'urineret qu'elle ne pouvait spontanément vider sa vessie, il
fallutla cathétériser. Le cathétérisme dut être renouvelé le soir dujour- de l'opération et le jour suivant. Dans la suite, l'écoulement d'urine recommençait quand la malade marchait ou était debout, mais ne se produisait pasquand elle était couchée.
La deuxièmeinjection de vaseline fut faite le 26 juillet, une semaine après la première. Après injection de cocaïne, 2cc.
1/2
de vaselinefurent injectés dans l'anneau résultant de la première opération et l'aiguille fut enfoncéeen plusieurs endroits, encercle autour de l'orifice
de la vessie.
J'avais doncemployé en tout, dans les deux séances, 6 centimètres
cubes de vaseline, qui formaient un anneau épais proéminant dans levagin. Cet anneauprésentait à l'embouchure delà vessie un rapport
semblable àcelui d'une prostate hypertrophiée faisant saillie dans la vessie. Après la deuxième injection, la malade ne perdit pas d'urine pendant quelques heures; puis, pendant deuxou trois jours, elle fut
tourmentée par un ténesme violent. Toutes les cinq à dix minutes la
vessie expulsaitsoncontenu. Jenesaurais décider si c'était uniquement
àla suite de l'injection ou silagonorrée agissait aussisur ce point. Cet
états'améliorabientôt, et lorsqu'on larenvoyade l'hôpital Rodolphe, le
31 juillet, cinq jours après la deuxième intervention, la malade, même
en marchant, gardait son urine pendant une heure ou une heure et demie.
Elle resta encore un peu plus de trois semaines àVienne pour
faire
traiter sagonorrée. Jusqu'à sondépart de cette ville, le 2 août, son état
s'étaitencore amélioré, au point qu'elle pouvait, tout en allant et
C.
- 18 —
venant,retenirson urine pendant cinq heures. Le
bourrelet de vaseline
n'avait subi aucun changement. 11 formaitcontrele vagin,absolument
commeun moisavant, une tumeur proéminente de la grosseur d'une
cerise.
Il y a quelquesjours, le 25 octobre, trois mois par conséquent après
la dernière injection, lapatientem'écrivait:
« Mon état est aussi satisfaisant qu'à Vienne; je retiens l'urine en
» marchant de quatre àsix heures; je marche une heure, puis je me
» repose un peu etje marche de nouveau uneheure: pendant ce temps
» la continence est parfaite. Quand je suis couchée, cela dure de dix à
» douze heures. Quandje prends dumouvement,l'urine parfois s'écoule
» par intermittences quisurviennent brusquement; quandje me repose,
» ces intermittences surviennent moins vite, mais plus fréquemment;
» l'intermittence dure dedeux à trois secondes. D'autre part, je vide,
» au bout decinq heures, 3 décil.
1/2
d'urine. L'état dema vessie me» rendtrès, très heureuse;je ne puis pasencore le croire. »
Donc l'amélioration — ou la guérison — de la maladie n'a subi
aucun changement depuis trois mois. L'écoulementd'urinea cesséet la vessie peutretenir 350 centimètres cubes d'urine.
Voici comment,
ajoute Gersuny,
onobtient la rétention
de l'urine dans ce cas : la muqueuse
de la vessie,
sousforme
d'une bourse
plissée dans le
sensde la longueur,
passeà
travers l'ouverture étroite de l'anneau de vaseline
qui,
surle
côté de la vessie, entoure
l'orifice,
et cettemuqueuse setrouve comprimée
parl'anneau rigide de vaseline. La solidité de
cetanneau et par
suite la solidité de fermeture de la vessie,
àla
manière d'un
sphincter, est conditionnée vraisemblablement
: 1° en trèsgrande partie
parl'élasticité des tissus qui
enveloppent la vaseline et qui, lors de l'injection,
sontséparés et
distendus ; 2° en
partie aussi
parles faisceaux circulaires
des muscles vésicaux entourant l'anneaude vaseline.
Les intermittences de
quelques secondes qui
seproduisent parfois proviennent vraisemblablement de
ce quela
muscu¬lature de la vessie, restée si
longtemps
sansfonctionner,
n'est pas encore
redevenue complètement capable de s'exercer
- 19 —
et de ce que. par
suite,
dansl'expulsion de l'urine, la pression
de l'abdomen exerce aussi son
action;
parsuite
aussi, lejet
d'urine est
interrompu
au moment del'inspiration.
Dans la même séance du 30 octobre
1900,
à la Sociétéd'obstétrique
et degynécologie de Vienne,
Halban(de Vienne) fit
unrapport,
avecprésentation
d'une maladeguérie,
sur un cas decystocèle
traité pardes injections de
vaseline.
Observation VII Cystocèle.
J'avais songé, ditl'auteur, que ces propriétés de la vaseline, mises en
lumière par Gersuny, pourraient être employées pour former dans le prolapsus utérin unesortede pessaire sous-muqueux. L'injection quifut faiteà l'organeprolabé fut complètementindolore. J'enfonçai l'aiguille d'une seringue de Pravaz un peu grandesur la hauteur du cystocèle, à 1 centimètre environ derrière le sphincter de la vessie. Je la dirigeai
d'abord vers ladroite, puisen partant de l'ouverture de la piqûre vers lagauche,jusqu'à la limite latérale du cystocèle. J'injectai la vaseline
en retirant successivement l'aiguille vers le milieu du cystocèle. Cela représentait, en somme, un demi-cercle de vaseline entre la paroi du vagin et la vessie. Après l'injection d'une quantité d'environ 20 à 25centimètres cubes, on réduisit le cystocèle et onintroduisit un pes¬
sairepour vingt-quatre heures,afin que la vaseline se solidifiât dans la position normale de l'organe.
Quand lepessaire futenlevé, la femme neputfaire prolaberl'organe, malgréses plusgrands efforts.
L'auteur, dansson compte rendu, ajoute qu'ilarenouveléla méthode chez troisautres femmes atteintes de cystocèle etil a été « extraordinai- rementsatisfait du résultat ».
S'appuyant
surla
communication cleGersuny,
unchirur¬
gien de Breslau, Pfannenstiel, employa la
méthode de sonconfrère de Vienne pour un cas
d'incontinence
d'urine ana¬logue à celui qui avait
donné àGersuny de si beaux
résultats.— 20 -
Malheureusementl'insuccès fut ici
complet
aupoint de
vue du rétablissement fonctionnel del'organe, et, de plus, la
malade
présenta les symptômes d'une embolie pulmonaire
; cettecomplication n'eut
pasde suite fâcheuse, du reste.
Dans le Centralblatt
fur Gynœcologie du 12 janvier 1901,
il
publia de
sonintervention
uncompte rendu suivi de
com¬mentaires sur la valeur du
procédé. Nous reproduisons cette
communication à peu
près complètement
:cela
nous per¬mettra d'établir un
parallèle
aveccelle de Gersuny, et de discuter, dans
undes chapitres suivants, la portée des objec¬
tions faites, en sebasant sur son
insuccès,
parPfannenstiel
à la méthode
prothétique de la vaseline.
Observation VIII
Incontinence d'urine.
Mrae B. F..., âgée de trente-neuf ans, souffrait d'une incontinence d'urine consécutiveàl'extirpation partielle de l'urètre; déjà,enjanvier 1900, j'avaisfait chezcettefemme l'hystérectomie totale vaginale pour causede carcinome del'utérus.
Le 25 octobre 1900, la malade se présenta denouveauàmoi : à l'exa¬
men, on constatait la présence d'unetumeur,grosse comme unenoisette,
à laparoi antérieure du vagin : c'étaitunerécidive.
Le 27 octobre, j'entreprisl'extirpationtotale de l'urètreetj'enlevaien mêmetempstous les tissus voisins jusqu'à l'arcade pubienne des deux côtés, de même quejusqu'au col de la vessie. Aprèsl'opération, l'ouver¬
ture de cedernier organe était béante et on pouvait y introduire un
doigt. Quant au bout de trois semaines, pendant lesquelles la malade urinait toutes les heures etdemie, elleseleva, on constata une inconti¬
nence complète.
Le 23 novembre, ontenta de rétrécir l'ouverture de la vessie au moyen de l'injection de vaseline en cercle autourdu col. A l'examen,en écartant les lèvres, onvoyait, àlaplace du bourrelet du canal de la vessie, une dépression du vestibule d'environ 2 centimètres, au mi¬
lieu de laquelle setrouvait une ouverture accessible pour le petitdoigt.
— 21 —
Deuxbourrelets de muqueuse épais
proéminaient hors d'elle
enavant.
Le resteétaittapissépar la muqueuse
normale du vestibule et du vagin.
Il s'agissait de rapetisser cette
ouverture et d'en rendre le bord plus
épais. Les injections
furent faites (on employa 30 centimètres cubes
d'une vaseline fusible à45°) sur
le bord de l'ouverture de la vessie,
en partie dans lasous-muqueuseprolabée de la vessie. On les fit successive¬
menten arrière, latéralement eten avant.
Les petites tumeurs qui
se produisaient àlasuite des injections étaient environ de la
grosseurd'un
poissec,puis elles
confluaient les
unes versles autres, de sorte
que,l'in¬
jection terminée, le
col
dela vessie proéminait
enavant à la façon d'une
voûte etl'entrée de la vessie étaitrétrécieau point de ne permettreque lepassaged'une
sonde mince.
A peine la malade
était-elle ramenée à
sasalle qu'apparurent tous les
symptômes
caractéristiques d'une embolie pulmonaire
:point de côté,
dyspnéeintense,
accélération du pouls, hyperthermie,
cyanosede la face,
hémoptysie, etc. Pendant
trois jours l'issue fatale parut imminente,
d'autant plus que, en raison
d'une céphalalgie violente
avecvomisse¬
ments, on pouvait soupçonner
l'existence d'une embolie cérébrale.
Cependantla malade guérit. Pour ce
qui
concernel'état fonctionnel du
sphinctervésical,
Pfannenstiel
constate quel'état est tel qu'autrefois,
bien que l'ouverture de la
vessie ait été rétrécie fortement
;quand la
malade estdebout,l'urinecoulegoutteàgouttecontinuellement,etquand
elle estcouchée, elle ne peut retenirl'urine qu'une demi-heure.
L'auteur,
cependant, fait
remarquer quedans
son casl'ou¬
vertureétait
plus béante, tandis
quechez la femme opérée
parGersuny il
yavait
unesorte d'obturation
par soupapecréée
par
des replis de la
muqueusevésicale, et qu'ainsi les condi¬
tions étaient
plus favorables
ausuccès
;cependant il
aréussi quand même à rétrécir très fortement la lumière de l'ouver¬
ture par une
injection, il est vrai, plus abondante (30 centi¬
mètres
cubes).
D'autre
part,
ausujet de l'embolie qui est
survenue,l'au¬
teur
ajoute qu'il lui semble dangereux d'injecter de la
vase¬line dans une
région aussi riclie
envaisseaux sanguins
quele
col de la vessie où une veine
peut être atteinte et donner nais-
sance à une embolie.
Malgré
cesréserves,
et tout en recom¬mandant
qu'il faut
se mettre engarde
contre leprocédé
enquestion, Pfannenstiel
ditqu'il
ne veut pas, ens'appuyant
surun
échec,
porter unjugement défavorable
sur laméthode,
d'autantplus
queGersuny
aobtenu
avec elle un résultat trèssatisfaisant,
et ilajoute qu'incontestablement
l'idée que lechirurgien viennois
a mise enpratique à
maintesreprises
avec un heureux
succès,
est « une idéeextraordinairement ingénieuse
».Quelque temps après la publication
de l'article de Pfan¬nenstiel,
le docteurKapsammer
faisait unrapport à FAca-
démie de médecine de Vienne sur trois casd'incontinence
d'urine traités pardes injections
de vaseline.Observation IX Incontinence d'urine.
Lapremière patiente, âgée de
trente-quatre
ans, avait une inconti¬nence d'urine survenue à la suite d'un accouchementpar le
forceps
où il y avaiteu déchirure dela paroiurétro-vaginale.
Le professeur von Frisch lit à deux reprises chez cette femme une
injection de vaseline : la première fois il employa 6 centimètres cubes; iln'yeut aucunrésultat; la seconde fois, huit jours plus tard, il em¬
ployaencore 6 centimètres cubes. La patiente eut un ténesme
désagréa¬
ble etlasensation d'un corps
étranger
dans le rectum. Quarante-huit heures après tout était rentré dansl'ordre etla malade partait, consi¬dérée commeguérie.
Six mois après
l'opération,
la malade a été examinée; le résultat de la première heures'est maintenu.Observation X Incontinence d'urine.
La deuxièmepatiente, âgée de
trente-sept
ans, atteinte d'une cystitechronique,
est venue pour une incontinence d'urine qui se manifestait— 23 —
quand elle marchait longtemps, quand elle travaillait péniblement, quand elle toussaitouriait.
On injecta à cettemalade 12 centimètres cubes en deux séances. La patiente eut, consécutivement, unesensation de froid, de la céphalalgie,
del'essoufflement, des quintes de toux : une température de 38°9; un
point de côté douloureux, pas de crachats sanglants. Cinq jours après la
deuxième injection, la malade était parfaitement bien portante et la rétention de l'urine étaitparfaite.
Dans ces deuxcas, leprofesseurvon Frisch opéra ainsi : il fit péné¬
trer son doigt dans l'urètre et il injecta toute la massede la vaseline
dansle point le plus rapproché du col de la vessie.
Observation XI
Incontinence d'urine.
La troisième patiente, âgée de trente-deux ans, mariée, avait une incontinence d'urine depuis sajeunesse; après un accouchement labo¬
rieux avecapplication de forceps, l'incontinence avaitencore augmenté,
et après de nombreuses séances de faradisation, inutilement faites, je
tentais les injections de vaseline. J'introduisis 8centimètres cubes dans le voisinage du col de la vessie, dans la paroi vaginale, lamasse entièreau même endroit. La malade ne présenta consécutivementaucuneréaction;
depuis elle va très bien.
Le 25 février
1901,1e docteur
Rôhmer(de Nancy) fit paraître
untravail sur
l'application de la méthode de Gersuny à la prothèse oculaire.
La
question de la prothèse oculaire, disait-il,
n'est pasencore définitivement
réglée et elle
nele
sera pastant qu'on
n'aura pas
trouvé
unprocédé permettant, après l'énucléation,
de
placer l'œil artificiel
sur lemoignon conjonctival
convena¬blement renforcé.
Or,
cequ'on n'avait
puobtenir
parl'exen-
tération
qui
setermine
presquetoujours
parla suppuration
etla destruction du
moignon sclérotical, ni
parla greffe
ou l'inclusion de corpsétrangers (boules de métal, d'ivoire, de
verre,
pelote de soie
oud'éponge,
yeuxd'animaux), l'au-
— 24 -
teurl'a réalisé d'une
façon très satisfaisante dans cinq
casqu'il cite dans
sontravail.
Observation XII
Moignon artificiel après énucléation de l'œil.
Chez l'unde ces malades, ayantsubi l'énucléation de l'oeil gauche, le docteur Rôhmer fit aubout de quinze jours, après cocaïnisation de la conjonctiveune injection d'environ 2 cc. 1/2 de vaseline dans le centre de la cicatrice conjonctivale; huit jours plus tard il injecta encore I cc. 1/2; quarante-huit heures après, on appliqua l'œil artificiel.
Les injections ne provoquèrent qu'une douleur modérée et qui persista quelquesinstants seulement; ellesne donnèrent paslieu à du gonfle¬
mentni à del'œdème.
Dans cescas, on est surpris, dit l'auteur, durésultatesthétique : l'œil
estsaillant;l'affreuxpli de la paupière supérieure disparaît; l'œil est doué de mouvementssynergiques à l'autre, très étendus. En un mot, dit-ilcommeconclusion, je n'hésite pas àdireque le résultat esthétique dépasse tout ce qu'on a pu obtenir par les moyens précédemment employés.
Un peu
plus tard, le docteur Delangre (de Tournai) fit
unrapport à l'Académie royale de médecine de Belgique,
sur l'inclusion de laparaffine dans les tissus.
Cechirurgien pré¬
tendit être le
premier à avoir mis
enpratique cette méthode,
et il discuta sur une
question de priorité
que nousn'avons
pas
à trancher ici.
Quoi
qu'il
ensoit, M. Delangre eut à extirper,
endécem¬
bre
1899,
unkyste séreux récidivé de la région cervicale
;il
recourut au
procédé de Pozzi
:injection intra-kystique de
blanc de haleine
dissous,
àl'effet
de favoriser la dissection et l'ablation deskystes à contenu liquide
ousemi-liquide.
II constata que
l'injection de
ce corps grasfaisait disparaître
la cicatrice
déprimée résultant de la première opération
;de
là lui vint l'idée
d'employer
un corpsoffrant plus de garantie
denon-résorption
:la vaseline.
— 25 —
M.
Delangre fit Fessai de sa méthode sur lui-même pour
dissimuler la
cicatrice déprimée résultant d'un furoncle qui
avait évolué
quelques mois auparavant : un succès complet
fut obtenu.
L'auteur a
appliqué le même procédé dans de nombreux
cas que nous
signalerons plus loin, à propos d'une nouvelle
communication
qu'il fit
auCongrès de chirurgie, à Paris,
l'andernier.
Ce fut encore un
ophtalmologiste, le professeur Dianoux
(de Nantes), qui, pour la seconde fois, en France, utilisa la
méthode. La
communication de Gersuny, parue dans la
Semaine médicale
de janvier 1901, avait vivement intéressé
ce
chirurgien, et il résolut d'appliquer cette nouvelle prothèse
pour
obvier
auxinconvénients multiples que présente l'énu-
cléation.
En effet,
après
uneénucléation, de quelque manière qu'on
s'y
prenne,il reste une cavité représentée par un plan concave
en avant,
plus
oumoins déprimé à son centre. Les muscles
qui s'y insèrent lui impriment des mouvements bien limi¬
tés, et
la pièce artificielle, placée au-devant, même après les
perfectionnements apportés par Snellen, de par sa forme
même,
dans les mouvements de latéralité vient, en butant
par ses
angles, raccourcir encore l'amplitude d'excursion. Il
lui sembla que
si,
par uneinjection de vaseline, on pouvait
facilement transformer ce
plan
concaveen un plan suffi¬
samment convexe,
il n'y aurait plus qu'à coiffer pour ainsi
dire ce nouveau bulbe avec un
segment de sphère facile à
réaliser avec une
légère modification de forme de l'œil
d'émail.
Dépourvue des angles interne et externe, la pièce ne
viendrait
plus heurter
aumilieu même de son excursion les
commissures et
nuire irrémédiablement à l'harmonie des
mouvements de l'œil.
L'auteur
présenta à la Société médico-chirurgicale des
Hôpitaux trois malades opérés de la sorte, avec succès, dont
deux avaient subi
l'énucléation et l'autre l'exentération.
Observation XIII
Moignon artificiel après énucléation ou exentération de l'œil.
Pendant l'injection même
(2
centimètres cubes), on vit disparaître,dit leprofesseur Dianoux, ce pli si disgracieux qu'on a appelé exacte¬
mentpli cadavérique. J'estimai quele soulèvement du tissu était suffi¬
sant,me réservant de faire une nouvelleinjection si la pièce artificielle
ne meparaissaitpas suffisammentsoutenue: les moignons avaient pris
la forme d'une bouée et présentaient une grande mobilité pleine de
promesses ; la réaction fut vraiment négligeable, la douleur assez faible
eten somme peu prolongée. Les trois opérés ont un moignon très suffi¬
sant et qui n'apas diminué de volume depuis quinze jours; il devra
restertel, ajoute M. Dianoux, si les affirmations de l'inventeur du procédé sont vraies, ce que l'avenir seul décidera. De même, on peut
constater queles mouvements du moignon sont égaux à ceux de l'œil
sain et quela limitation de l'excursion de la pièce tient essentiellement
àsa forme même, nécessaire avec l'ancienne prothèse, mais désormais surannée.
Et l'auteur conclut : 1° que
l'injection de vaseline
est toutà fait in offensive ; 2° que
l'on peut donner
aux tissus une saillie variableà volonté; 3° quele moignon obtenu possède
une
grande mobilité; 4° qu'une réforme radicale
est àpré¬
voir dans la forme des yeux
d'émail.
Quelque temps plus tard, à la Société de
médecine berli¬noise, le docteur Stein présenta
unemalade
du service duprofesseur
vonBergmann chez laquelle il avait parfaitement corrigé
uneensellure du
nezrésultant d'une
chute anciennesur la face.
A cette occasion, l'auteur fit des
expériences
surla souris,
le
lapin et le chien, dont
nous verrons les conclusions dansun des
chapitres suivants.
A la même Société de
Berlin, quinze jours plus tard, le
docteur Eckstein
communiqua les observations
de deux- 27 -
malades traités par
la même méthode Gersuny, dans le
ser¬vice du
professeur Wol-ff,
pourdes tissures palatines entraî¬
nantdes troubles du
langage: il constata.que l'injection dans
le voile du
palais et la luette donnait des résultats moins
favorables que
l'injection dans la paroi postérieure du pha¬
rynx,,
cette dernière ayant
pourbut de produire
unepetite
tuméfaction
qui s'appliquait bien contre le voile.
L'auteur terminait sa communication par
quelques ré¬
flexions au
sujet de la valeur comparative de la vaseline et de
la
paraffine, et déjà faisait entrevoir la modification très importante qu'il apporterait à la méthode de Gersuny.
Le docteur Alt
(de Vienne) fit paraître ensuite
untravail
dans le
Monatschrift
furOhrenhel%unde,
surcertains
casd'injections de vaseline. Les heureux résultats obtenus
parses confrères lui
suggérèrent l'idée d'appliquer la méthode
dans deux circonstances
spéciales
aupoint de
vueotologique Voici,
enquelques mots, les observations de cet auteur:
Observation XIV
Fistule mastoïdienne.
M. N. R..., âgéde quarante-sept ans, subit, ily a deux ans, lacure radicale d'une otite moyenne suppurée chronique, compliquée de cho- lestéatome du côté droit. Une récidive s'étant produite, on avait dû intervenir unesecondefois, et lors decette nouvelle opération on avait laissé la plaieouverte en arrière,à la région rétro-auriculaire,à l'apo¬
physe mastoïde dutemporal. La cavité de cette plaie s'était,
depuis,
tapisséed'épiderme,etc'est cette ouverturepersistante rétro-auriculaire,de la grandeur d'un petit haricot, queje fermai, ily asix semaines, à l'hôpital Rodolphe, de la façon suivante : à deux endroits opposés, j'injectai d'abord quelques gouttes d'une solution de cocaïne à 5 O/'O, puisj'injectai de la vaseline blanche selon les indications de Gersuny.
Par suite de ladisposition arrondie de la fistule, je pratiquai des piqû¬
res en quatrepointsdifférents, etj'injectai entout environ un1/2centr mètre cube de paraffine. Après l'opération, il n'y eut qu'une réaction