L'CEUVRE DES TROUSSEAUX
Conference faite au Comite feminin de la Ligue Girondine ParM. Geo DELYAILLE
Vice-President delaLigue Girondine.
Mesdames, Messieurs,
Le charmant Comite feminin de la Ligue Girondine de l'Education Physique ayant temoignele disir de voir ligurer dansleprogramme de
sesAssembliesuneconference ouune causerie sur une ceuvre d'actualite, j'aire<ju la delicate mission d'ouvrir la serie de cesentretiens dont le but est d'elargir le champ de votrezele et l'horizon de vos bienfaits.
L'honneur qui m'a iti fait me confond au-dela de toute expression
— nonpas que je n'aie dija binificii de votre genereuse conflance, —
mais parce queje suis le plus humble de vos collaborateurs et qu'il vous eut ete facilede faireun choix plus heureux.
Vous aviez parmivous de docles personnes, des orateurs iprouvis et aimes qui mettent au service de leurs sinceres convictions le feu de leur ardente jeunesse et leur don naturel de persuasion. — Parune attention dont je sens le prix vous avez prifire donner a votre vieil ami un
temoignage de cette deference quevaut le triste privilege de l'&ge.... Je
vous en remercie, mais il ne faudra vous en prendre qu'a vous-mimes, Mesdames et Messieurs, si mon discours vous parait moins brillant que l'auditoire auquelil estdestine.
Cedant aux irresistibles exhortations de notre excellent ami l'eminent Dr GilbertLasserre, autant qu'a votrepenchant naturelvers le bien,vous avez, Mesdames, pris en mains l'educationphysique dela jeunesse, vous vous etes preoccupies de l'avenir de la futuremenagere.
C'est la un programme des plus- beaux dont la rialisation nous est
garantieparle divouement qui bouillonne clans vos cceurs.
Vos patients efforts, vos conseils, votre appui moral et matiriel nous
vaudront, j'en ai le sentiment intime, la femme forte, habile, vaillante, iconome, rangie, telle qu'il la faut enfin dans nos foyers.
Grace aux exercices physiques bien conduits, la pale jeune fille verra sefortilier sa santichancelante, elleprendra le tempirament qui convient
auxfutures meres, celui qui ripond aux exigences de leur sublime des- tinie.
Si chaque annie nous avons a nous prioccuper de toute une ligion d'enfants chitifs, si nous iprouvons la nicessiti de grouper les moyens de les envoyer aux Colonies scolaires de vacances, il faut assuriment en voir lacauseinitiale dans l'absence de santi des mires.
Comment ne pas applaudir a une oeuvre dont le but est de ditruire le mal dans sa racinemime? Comment ne pas etre emu au spectacle du divouement et du disintiressement que vous mettez, Mesdames, au service decette ceuvre ?
Mais avant que de vos mains soient sorties les ginirations fortes, les enfants dibiles dont je viens de vous parler riclament nos soins. Aussi essaierons-nous de leur procurer, comme les annies pricidentes, les bienfaits des cures d'air. Je suis persuadi que la souscription qui sera ouverte a cet effet dansquelques jours parVUnion Borclelaise des Patro¬
nages laiques binificiera, Mesdames et Messieurs, de votre meilleur accueil.
Apres avoir assuri la santi de la jeune fille par de bienfaisants exer¬
cices, vous vous prioccupez, ai-je dit, Mesdames, de son avenir et vous voulez en faire une femme accomplie; vous voulez qu'elle soit initiie de bonne heure aux travaux qui l'attendent dans le minage, qu'elle sache tailler, coudre, tricoter, cuisiner,qu'elle ait enfin les notions d'iconomie domestique qui lui permettront de tirer parti des moindres choses.et icarter la misire de son humble foyer.
Des ouvroirs, dirigis avecla touehante sollicitude quiest
l'apanage
devotre sexe, sontcapables de produire ces risullats. Je vous en conjure
(*)
done, Mesdames, donnez
libre
coursa vossentiments
genereuxet dotez
notre belle cite de cesinstitutionssi utiles oulafuture menagere
puisera
les connaissances quilui sont
necessaires
pourfixer le bonheur autour
d'elle.
II est une oeuvre,issue de celle des
ouvroirs,
que vousn'aurez
aucune peine a etabliret arendre florissante
:e'est YOftuvre des Trousseaux, qui
a deja votreardente
syrnpathie puisque la Ires distinguee Yice-Presidente
du Comitefeminin de
('Education
physique, MmeSilliman,
apris l'initia-
tive de larecherche des elements propres avous
eclairer.
L'CEuvre des Trousseauxapour but de faire
confectionner, petit
apetit,
parla jeune
fille les pieces de lingerie dont elle
aurabesoin lors de son
entree en menage, soit 12
chemises de
cretonne,6 chemises coton ecru,
6 pantalons, 4
camisoles,
2chemises de nuit, 4 jupons, 12 mouchoirs,
6 taies d'oreillers, 24torchons de toile, 12
serviettes de toilette, 6 tabliers
bleus, 4 draps delit.
Ce
trousseauminimum peut etre augmente suivant
les ressources duComiteoumodifie selon les preferences
de la jeune fille.
L'CEuvre fonctionne admirablement dans plusieurs
villes de France,
notamment aReims ouMme Goulden, la
presidente-fondatrice,
aobtenu
des resultats tout-a-fait satisfaisants.
Grace aux obligeantes
demarches de Mme Silliman,
nouspossedons, en
un document desplus interessants,
l'historique, le but, le fonctionnement
du Trousseau de Reims.
Je prends la
liberte d'exposer
cedocument afin
quechacun de nous
puisse mesurerl'dlevation de la
penseede la fondatrice et juger du peu
de difflcultes
qu'eprouveraient chez
nousl'etablissefnent et la mise en
marche d'une ceuvre similaire.
(EUVRE DU TROUSSEAU DE
LA FUTURE MENAGERE
cr66e aReims le lerOctobre
1901.
Fondation. —En 1900, au Congresdes CEuvres
sociales, Mm0 Beguin, direc-
trice d'ecole primairea Paris, donnait
communication d'un rapport
sur uneoeuvre qu'elle avait fondee dans son
ecole
etqu'elle intitulait: CEavre du
Trousseau.
De retour aReims, M1" Cavarrot, directrice d'ecole
maternelle, qui assistait
ailCongres,fit partdecette
communication aM" Goulden, presidente du Comite
depatronage de l'ecole de
la
ruede Monsieur, qui
consacre unelarge part de
son temps et de safortune aux oeuvres
de solidarite ayant
pourbut l'assis-
tanceet le relevement de la classe ouvriere. Cette
communication l'interessa
au plus haut degre et, immediatement,
elle projeta la creation d'une ceuvre
similaire.Deslors elleseconsacra al'etude de cettequestion et
le
1"Octobre
1901l'CEuvre du Trousseau fut creee aReims; elle differe en
certains points de
l'CEuvre parisienne et s'adapteaux
conditions particulieres de recrutement, de
fonctionnement,dumilieu etdespersonnes quien
font partie.
But. — Cette CEuvre a pour but de doter les membres
participants d'un
trousseau convenable(voirles Statuts),de leur
apprendre
a couperetaconfec¬
tionner elles-memes les objets de lingerie etleurs vetements les
plus simples
;de leur faire contractor i'amour du linge, que les
nouvelles conditions de
l'existence tendent a faire disparaitre ; de leur faire
acquerir les notions
d'hygiene, d'economiedomestique, de puericulture qui leur seront necessaires
pourdirigerleurfoyer futur et par ce moyen
travailler
aurelevement moral,
intellectuel etmateriel des families qui formeront la societe revee partous
ceux qui sont animes des sentiments
de justice, de generosite et de vraie soli¬
darite.
Ressources. —Les fonds necessaires au fonctionnement de
l'QEuvre sont
fournis, partiepar les membresfondateurs, donateurs, honoraires
;partie par
les membres participants.
L'acliat de l'etoffe necessaire a la confection d'un trousseau est
evalue
a120francs; surcette sommelemaximum
fourni
parles jeunes filles est de 60 fr.
Administration. —La Societe estadministree par un
Comite
composede
dames patronnesses et
d'institutrices (fait particulier, toutes
cesinstitutrices
sont directrices d'ecoles maternelles).Actuellement, il compte
huit membres.
La Directrice de l'ecole, directrice clel'QEuvre, a la
surveillance generale de
tous les travaux ; e'estelle qui est chargee
de la direction des
cours,du regle-
ment interieur, etc.; elle a la garde effective
des
trousseauxet de tout le
materiel appartenantal'CEuvre.
— 3 —
Reunions et emploi du temps.—Lesreunions ont lieuune fois parmois, le troisieme dinxanche, a l'Ecole maternelle,siegede la Societe, de2 a 5 Insures.
Elles sont presidees par les dames du Comite et surveillees par les institu- trices.
Dans ces reunions il est procede : 1° a l'examen du travail execute a la maisonetre durant le mois ; en casde mauvaiseexecution le travailestrendu pour
refait; 20 on perfoit les cotisations, puison remetl'etoffe pour le mois suivant; 3° les jeunes lilies regoivent les conseils et directions necessaires pour lacoupe etla preparation, puis elles cousent. Ce qui precede demande environ 1 heure etdemie; l'on continue par unelegoxx de coupequi estdoxxxxee par un professeur de l'Ecolepratique du Commerce etde l'Industrie.
Ces lemons ne portent pas toujours sur l'objet qui doit etre confecitionne durant le mois, mais elles suivent une progression metlxodique. Enlin l'on termine par unelegon d'hygiene ou d'economie domestique. En ete les lemons de coupe etd'yygiene sontsupprimees durant trois mois.
Achat, confectionet garde ties trousseaux. — Les etoffes necessaires sont aclxeteespar la Presidente qui meten parallele les echantillonsdesgrands magasins parisiens etceuxqui luisontfournis par les magasins de la Ville.
Ce qui a ete achete jusqu'ici a ete paye : Cretonne, o fr. 60 le metre ; toile,
o fr. 75lemetre;coton ecru, o fr. 5o lemetre ; mouchoirs, 3 fr. 75 la douzaine; torchons, ofr. 40 lemetre; serviettes, o fr. 00 le metre ; tabliers bleus, 1 fr. 25 lemetre; draps,$ fr. la paire. Le tout estde bonne qualite etfera untres bon usage.
Avant la reunion, la Directrice coupe et prepare les objets destines aux
jeunes lilies tropdurant la peu expertes, lesautrescoupentet preparentelles-memes soit reunion, soitchez elles. Les objels sont exxxportes a la maison pour etre confectionnesdurant le mois. Seules, quelques coutures ala machinesont
tolerees; les ourlets,piqures, etc., etc., doivent etrefaits ala main. Lesgarni¬
tures couteuses ne sontpas admises, mais on tolere tout ce qui se fait a la main ; un peubongout. de variete, de fantaisien'est pas interditpourvu que ce soit de
,
L'Ecole, siege de la Societe,estpourvue d'armoires diviseeseneompartiments pouvant contenir un trousseau complet; aussitot confectionnes les objetsy sont rangesetdoiventy resterjusqu'ala sortie definitive de la Societaire.
Nombre de Soci6taires. — Lors de la fondation, la Societe comprenait 3omembres participants, 10 membres fondateurs et honoraires. Actuellement elled nier nombrecompte 35 membres fondateurssera encox'e axxgxxxexxteet honoraires, 5oen Octobre. membres participants; ce Toutes nosjeunes Societaires suiventregulierement les reunions; elles ont fait de reels progres dans l'art de laconfection;les resultats obtenus en coupe sontdes meilleurs,nous en sommesxneme surprises; auxer octobre 1903 il avait
ete confectionne 1.025 objets de lingerie.
L'etat de la Caisse n'est pas moins satisfaisant. Recettes : 1.932 fr. 25;
depenses, 1.098fr. 65; reste en caisse, 833 fr. 60.
Le 24 Janvier 1904,tousles membres de la Societe etaientreuxxisenAssemblee generate sous lapresidencede M. Lefevre, inspecteur d'Academie, qui, apx*es avoir entendu lecompte x^endu etvisite les armoires,felicitalesjeunes lilies de leur zele, des px'Ogres acconxplis et encouragealespex'sonnes qui s'intex*essent
al'QExxvre a perseyererdaxxscette voie, afaire de cesjexxxxes lilies des fenxmes d'interiexxrpax>faites, sxxrlesquelles reposeront l'existence, la joie, la digxiitedu foyer, detoxxsces foyers mxxltiples qxxi formexxt laPatrie, la fontgrande, forte
et gexxerexxselorsqu'ilsle soxxt eux-memes.
Telle est, Mesdames et Messieurs, la substance de « l'QEuvre du Trousseau de la future Menagere » de Reims. — Y avez-vous remarque quelque chose qui fut incompatible avec xxos xnoyens ? Le but, jele sais,
a toute votre approbation; le mecanisxne est d'une simplicity rare, les resultats soxxt adinirables; quant aux ressources, elles sont assurees
d'avance, car —je puis le dire sans forfantexde puisque c'est une verite notoire—nous autres,xxxeridionaux, ne connaissonspasdebarrierequand
il s'agit de fame le bien : je n'en veux d'autres preuves que celle des nonxbreuses ceuvres qui fleuxdssent autour de nous.
Certes,des diflicultes ont biensurgi quelquefois,mais elles onttoujours
ete vaincues gr&ce, j'ai le plaisir de le dire, au concours si devoue que
vous nous avez prete, Mesdames.
Quelles sont, en effet, les entraves qui ne disparaxtraient pas, lorsque
vous dirigez sur elles les rayons devos cceurs enflamixjespar-laplus pure chaxdte ?
Nous voustrouvonstoujours sur la breche quandilfautlutter contrela hideuse mis£re et soumettre a voslois lefugitif bonheur.
Done l'ceuvredes trousseaux, si
prosp^re
aReims,
nele
serapas moins
a Bordeaux, si vous
voulez bien la prendre
enmains. II ne s'agit, en
somme, quede
developper les heureuses tentatives faites tout pr6s de nous
dans l'unde nos quartiers, a
Saint-Augustin, oil la Directrice de l'Ecole
communale, MineHoussaye,
animee du zele le plus louable, adeja obtenu
denotables succes.
Gequ'elle a
fait est exprime dans une tr6s interessante letlre adressee
a MmeSilliman, qui a bien
voulu
mela confler
avecl'autorisation devous
la communiquer.
Yoici letextede cettelettre
datee, du
2 mars1904
:Bordeaux,2 mars1904.
Madame,
IIa ete question, dansla
derniere reunion du Comite des Dames, d'un sujet
quim'interessetout
particulierement. Je
veuxparler des travaux de couture
dansles ecoles de filles.
Puisque vousparaissez
disposee
a vous yinteresser aussi, je veux vous faire
connaitre ce que j'ai deja fait
moi-meme dans cet ordre d'idees, et sans
ressources pecuniaires.
Persuadee que le plus important
n'est
pasde donner
agrands frais aux
enfantslatoile pour leur linge,
mais de leur inspirer le goM du travail, j'ai
ouvert un cours complementaire de travaux
manuels, oil sont admises les
eleves de la ir° classe et celles des anciennes
eleves qui, restant dans leurs
families, peuventen profiter.
Leslemons ontlieu lejeudi de
8 h. 1/2
a 11heures. Si
vousvouliez, JRadame,
ou quelqu'une deces dames
du Comite, faire une visite a notre petit atelier,
j'en seraisheureuse.
Vous
yverriez des enfants travailler de tout coeur, tout en
chantant, causantousedisant des
histoires.
Mon but est atteint;en general ellesaiment
vraiment
atravailler, et
cequi
leprouve,e'est que
l'ouvrage
ne manquepas.Toutes, meme les plus pauvres,
farviennent
effortqu'elles onta se procurer
du faireles
pourmateriaux l'obtenir de leur le leur rend plus travail. Je precieux. pense meme que
Pendantl'hiver, elles ont fait surtoutdeslainages :
bas, chausseltes, jupons,
jerseys.Maintenant,nous somrnes a
la lingerie. Entre temps, elles ont confec-
tionne des tabliers noirs, avecla piece d'etoffeque
la Caisse des Ecoles donne
pourles enfants
indigentes.
Et tout cela,sans autre recompense que
le plaisir de rapporter chez elles et
de montrera leurs parentsquelque job ou
commode vetement qui soit leur
ceuvre,l'emulationde faireaussibien que
les camarades
;enfin le petit amour-
propre, bien legitime
de voir figurer leur travail, a la lin de l'annee, a l'expo-
sition quise fait dans1'ecole et que
visitent tous les parents.
Jecrois quecette ceuvre est
capable de donner et donne deja, en verite, des
resultats excellents,tant aupoint de vuemoral
qu'au point cle
vuepratique.
L'installationpremierenecessitait pourtant
quelques depenses. J'ai obtenu
l'aide delaSociete de Patronage du quartier qui, voyant
la
unbon
moyende
developper et de prolonger
1'ecole, m'a fourni d'abord un petit materiel :
tabourets, banquettes, machine a
coudre,
etc.,et
secharge
encorede payer la
maitresse specialesans lesecours
de qui
nous nepourrions rien faire.
Voila, Madame,oil nous en sommes.
L'ceuvre
estrudimentaire
;si, grace, a
votre activite genereuseelle peutse
perfectionner et s'agrandir, j'en serai heu¬
reuseetje n'yepargnerai ni montemps,
ni
messoins.
Si vousle croyez lion, Madame, vous pourrez
communiquer
cesrenseigne-
mentsa M. Delvaille, comrnedocumentlocal,apropos
de
sonprochain rapport
surl'ceuvrede St-Emilion.
Veuillezagreer,Madame,l'assurance
de
monentier devouement.
B. Houssaye.
IIm'a ete donne de visiter VCEuvre
da Trousseau du Patronage des
Ecoles communales de
Saint-Augustin. J'en ai
rapportele meilleur sou¬
venir. J'aipuvoir, a
la tache,
unevingtaine de fillettes, eleves et anciennes
eleves. Ellesconfectionnaient, sous
l'habile direction de Mile X., maitresse
decouture, des jupons,
des vetements
enlainages, tricots, jerseys, des
pantalons
(parfois
avecbroderies), des chemises en toile avec plis artiste-
mentdisposes, etc., etc.
Q'a ete pour
moi
unbien vif plaisir de contempler cette ruche ouvriere
preparant
les
trousseauxdes futures menageres.
L'ouvroir de MileHoussaye est, un
modele du
genre.Le Comite des
Dames de la Ligue
Girondine d'Education physique pourrait utilement
s'eninspirerpour
l'organisation generale de 1' Giuvre bordelaise des Trous-
seaux. Les sympathies que cette ceuvre ne
manquerait
pasde
grouper seraientfacilement mises a contribution pour des dons en nature ou en esp^ces.lj|CEu&re
des Ti^ousseaux fonctionneegalement bien
prfesde
nous a St-Emilion. Ellepoursuit surtout le butd'attacker l'el&ve
alaMutualite
eta l'Ecole, par la continuation du trousseau commence.
C'est done le surmoyen de grouper autour de
l'Ecole
les jeunesbiles
qui s'en desinteresseraient des leursortie.
C'estune ceuvre de solidarity, carles grandes aideront
les petites dans
les coutures difbciles; les jeunesbiles, plus tard broderont,marquerontet garniront gentimentce qu'ellesauront
confectionne
enclasse. Ce
trousseauseraleur ceuvre, elles l'aimeront.
La maitresse yinteresserales parents
qui certainement encourageront
lesjeunes biles a venir a l'Ecole achever cetrousseau.
II serait bon que des dames prissent part acette ceuvre;
elles aideraient
de leurs conseils et de leurs dons en argent ou en nature; de mSme
il
faudrait y interesser les maitresses
d'ateliers
etles prier d'accorder
aleurs
apprenties ou a leurs ouvrieres laliberte de venir
unefois
oudeux
par semaine a l'ecole coudre a leur trousseau, de 3 heures a 4 heures ou de 4 heures a 5 heures suivant la saison.La Mutualite scolalre de St-Emilion donne gratuitement ases
Socie-
taires (jeunes biles) entrees
dans la Societe
avantl'ctge de six ansrevolus,
un trousseau devingt-une pieces dont voici le
detail
:9 ans, ir°annee,3torchons: prix d'achat of99
10 — 2C — 2essuies-mains : — o 11 — 3e — 2 serviettes: — o 85
12 — 4° — 6mouchoirs: — i 50
13 — 5° — ijupon: — 1 i5
14 — 6° — i camisole : — 085
15 — ■j" — 2 tabliers: — 3 10 16 — 8e — 2pantalons : — 1 4°
ij _ g« _ 2 chemises: — 25o
i3f3oValeur minimum 25 fr.
Cetrousseau luisera remis a sa majorite ou a son
mariage s'il
alieu
avant et si elle fait toujours partie de la
Societe de Secours mutuels
(Mutualite scolaire).Voici des extraits des Statuts deYCEuvre de St-Emilion:
Toute Societaire entree dans la Societe apres l'age de six ans devra verser, pourbenelicier du trousseau, unesoiume de 1 fr. par chaque annee au-dessus
de sixans.
A titre dedisposition transitoire, les jeunes lilies agees de plusde sixans mais faisant, a la date dureglement, deja partie de la Societe, n'aurontaucun rappel a verser.Elles aurontdroitau trousseau complet.
Pour les Societaires agees de plus de neufans, laDirectrice repartirale tra¬
vail qui devait etreelfectue dans les annees passees entre les autres annees (fixees surle tableaud'autre part indique)restantacourir.
La Societaire confectionne elle-meme son trousseau a l'Ecole et c'estune recompense quede participerautravail commun. — Ne peuvent travailler au
trousseau queles eleces dontla conduite auraete irreprochable.
A sa sortie de classe, la Societaire continued venir confectionner soji trous¬
seau d l'Ecole oil il resteraendepot jusqu'd ce qu'il deviennesapropriete.
Les objetspourront etreembellis par des garnitures (broderies, etc.), mais
cesgarnitures serontfourniesparlesSocietaires elles-memes.
Unregistrefera foi des pieces acquises par chaque Societaire. Celle-ci aura
en sa possessionuneliche numerotee surlaquelle seront inscrits les objets lui appartenant.En regard de chaque inscription de la liche, la signature de la
Directrice servira de controle.
Chaque objetde lingeriesera conserve al'Ecole dans un paquet attache et
numerote portantlenom de la Societaire. D'anneeen anneeil s'augmentera des pieces nouvellesacquises dansl'ordre que nous avons indique plus haut.
Toute Societaire exclueou demissionnaireperd ses droits a toute partie du
trousseau.
Lesobjets de lingerieneserontmarques quel'annee dela remise dutrousseau.
Le Conseil d'Administrationa seul qualite pour l'achat des fournitures de lingerie dont il fera la repartition.
Mecanismefinancier. — L'Elat sertuninteret de 4 h\ So °/0 aux Societes de Secours mutuels approuvees.
— 6 —
Une lillette entrant dansla Societe atroisans verseannuellement ofr. 60 de
cotisationspeciale qui,places chaque annee,arrivent a
dix-huit
ans afaire la
sommede 12fr. 75 par lejen desinterets compris, les demissions
donnent
unbonide xo°/* a ajouter aux 12 fr. 75 ; total 14 fr. 02
(plus
que necoute le
trousseau). Les
co'tisations
des membres lxonorairespeuventaubesoin combler
undeficit s'il venaita se produire.
J'ai tenu, Mesdames etMessieurs, a vous
donner l'analyse suceincte des
ceuvresexistantes, afin que chacune
d'elles puisse fouimir des elements
pour la
constitution de celle qui, actuellement, fait l'objet de
voslouables
preoccupations.
L'CEvvre destrousseaux n'estpas une conception
exclusivement fran-
<jaise. Nouslatrouvons
dans d'autres
pays,notannnent
enAllemagne.
A Berlin, son programme renferme un
point paidiculier qu'il n'est
passans interStde vous signaler, vu sa haute portee
morale.
Vous savez, Mesdames etMessieurs,
combien sontdelicats
etdangereux
pour les jeunes
actrices leurs debuts dans la carri<)re artistique et theatrale.
Enoutre dutalent, il importe qu'elles
possMent
unvestiaire luxueux,
rarement eni*apportavec leur
modeste origine.
Aussiadvient-il, trop frequemment helas
!
queles robes
etbijoux
neces-saires sont lepxdxde
complaisances blfimables.
Afin demettre a l'abri du dangerles jeunes personnesvertueuses
qui
se deslinent auTheatre,les dames de lacapitaleallemande
sesontingeniees
a les doler d'untixnisseau aussi elegantque l'exigent
les besoins de leur
cai'riere.Robes de soie, coiffures du derniergenre,
souliers fins,
etc.,s'ac-
quierental'aide de sacidfices pecuniaires genereusement consentis par les
bienfaitrices.
Que de dignites
sauvegardees
grace a cettephilanthropique mesure! !
Bien queje sache
qu'il n'est
pasd'oeuvre au-dessus de votre devouement,
jepense, Mesdames, que
celle due
al'initiative allemande n'aura droit a
vos suffrages que lorsque
le Trousseau de I'humble
menagereseraassure.
Lereste sera considere commeune utile annexe et viendra a son
heure.
IIimporte, pour le moment,
de fonder des ouvroirs; le Gomite des
Dames, naturellementappele a
diriger
cesetablissements, peut compter
sur leconcours de tous lesmembres de laLigueGirondine de
l'Education
physiqueet,jepuis le dire,
surle
concoursdes membres de l'Enseignement,
de meme que sur
celui des Pouvoirs publics.
Nulne sedissimule, en effet, l'elevation du
but poursuivi.
Chacun eprouve cette
stimulante impression qu'en eclairant la jeune
fille sur le role qui luiest
devolu,
en preparantde longue main sonentr6e
en menage, ontravaille au
bonheur de la (amilie et, consequemment, a
l'avenir de laPatrie.
IIestunproverbe ancien,
mais toujours vrai, qui dit ceci
: «Ce sont les
femmes qui fontet
defont les maisons.
»Que faut-il entendre
parla, si ce
n'est qu'une menagere
digne de
ce nom, economeet
l^angee,sachant
diriger soninterieur et
le rendre agreable, l'ait
prosperer samaison et y
fixe le bonheur ?
Parcontre, n'est-il pas demontre
qu'une femme ignorante
oufrivole,
nesachantfaire ceuvrede ses doigts, soitpour les
soins
adonner
auxv6te-
rnents, soit pour la
preparation des
repas,rend la vie familiale penible
chez elleetprovoque une
mine rapide
oudes desordres
graves?
Lapremiere,
instruite de
sesdevoirs, habile dans les arts propres a son
sexe, coupe, taille,
raccommode, nettoie,
repasseelle-meme le linge de la
maison, sans depense
appreciable.
La seconde, depourvue de ces
notions si utiles, confie les
mernestravaux
a des mains etrangeres, qu'il
faut reti'ibuer
augrand detriment de la
boursecommune. II s'ensuit une gene quiirrite
lemaid
etprovoqueparfois
desscenes deplorables.
Parl'Ouvroir et par l'QSuvre
du Trousseau,
vousdonnerez
ala jeune
fille les moyens d'etreune
vraie menagere, de mfime
que parles exercices
physiques vous
l'aurez x-endue forte
etagile.
A propos d'exercices
physiques, je
mepermets d'appeler votre attention
sur une oeuvre recemment fondee a Londres et dont le butest
de deve-
lopper l'usage dela main gauche, de rendre celle-ci aussi habile que sa
soeurla maindroite.
Gette Societe d'education ambidextre del'hommeet de la femme a deja
obtenu d'excellents resultats. Ges resultats, M. John Jackson, secretaire
etfondateur de
l'CEuvre,
lesa consignes dans la Revue anglaise " The World's Work ":L'homme, dit M. John Jackson, peut etre d'une maniere generate defini
comme un bimane bilateral, mais il serait juste d'ajouter qu'il est devenu unidextre par une sorted'ebranchement.
Dans lestempspassesetdans les temps modernes, desespritsobservateurs ont eleve maintes protestations contre cettenuisibleinjustice, mais I'inertie,Tigno-
rance,l'indifference, 1'accoutumance se sont combinees pour rendreces protes¬
tations sans effet. LaSociete de l'Education ambidextre adone ete organisee
pourcet objet: faire l'hommecequ'ilestsuivant l'anatomie,cequ'ilestnomina- lement, unambidextre parfaitementequilibreet symetriquement developpe.
Lesjournaux le Matinetla Gironde se sont fait tour a tour l'echo de laRevue anglaise.
Les verites fondam
entails,
dit le Matin,sur lesquelles ons'est appuye pour demontrer l'utilite de cetteSociete sont les suivantes:Toute education vraie*consisle dans ledeveloppementparfait de l'individu entier, physique, intellec- tuel etmoral. Donetoutprogramme d'education quineglige un des membres superieurs du corps, empeche une expansion essentielle en arretant la crois-
sance eten atrophiant l'etre.
Comme consequence,il estobligatoirepourtout maitrede lajeunesse dene pas seulement cultiveret etendre chaque faculte de l'enfant, mais aussi, eta titre egal, d'eduquer et de developper chaque sens, chaque membre dont l'enfant est en possession et dont it doit pouvoir seservirpour detenirune capacite complete.
Le cri de guerre de la Societe anglaise d'education ambidextre est celui-ci :
« Justice pour la main gauche. » Et M. John Jackson s'ecrie : « Nous preten- dons etreune nation doueed'un ardent amour pour la liberte et le francjeu, mais quelleliberte et quel francjeuavons-nous done daigneaccorder a notre propre main gauche, sauf la libertedes maladresses et des gaucheries ! »
Mais ce membre superieur sacrifie n'estpas, nousdit l'auteur anglais, satis- fait de son sort : il reclame liberte, vigueur, complet developpement et, enlin, parfaite egaliteavec son symetrique ducote droit.
Comparaisons utiles. — On a observe d'abord, en effet, que, dans maintes industries etfonctions, la main gauchea pu prouver qu'elle est egale
a la droite, et cela meme en ce qui concerne certaines operations fort com¬
plexes. Au piano, il n'y apas de difference perceptible entre savelocite, son
expression, satechnique et la velocite, l'expression, la techniquede la main droite. Sur leviolon, ne remarque-t-on pas son doigte delicat et exquisement precis, etn'ymontre-t-elle pas une habilete egale a.celle de la droite, qui tient l'archet ? Au metier de tisserandetsurle clavier dela machinea ecrire,au jeu de cricket, soitqu'elle tiennelacrosse oula balle, n'execute-t-ellepas toujours rapidement et facilementlesmemes travaux que sa collegue du cote droit?
On a remarque ensuite que, dans toutes les circonstances ou se montrait ainsil'egalite reelle des deux mains, l'individu etait immBnsement avantage,
son pouvoir de travail grandement accru et eniin sa valeur « marchande »
admirablement grossie.
Lesobservateurs, penseurs etlogiciens ont done commence a se demander :
« Si dans toutes les circonstances speciales dans lesquelles l'ambidexterite a fait sespreuves, elle a cree, pour des cas isoles et limites, des benefices si grands qu'ils en sontincalculables, pourquoi l'individu ne serait-il pas com-
pletement etnaturellementambidextre dans toutes les manoeuvres et occupa¬
tions de la vie ? » Sil'avantage est si uniformenient manifeste danstoutes les circonstances ou l'usage des deux mains est imperativement exige, pourquoi
la faculte de seservir ainsi des deux mains ne s.erait-elle pas rendue univer- selle, afin que chaqueindividuen recueillele benefice ?
C'est qu'en effet, suivant notre auteur, le pouvoir de l'ambidexterite est litteralement illimite. L'ambidexterite absolue et parfaite est une assurance contre les accidents, un capital commercial inevaluable, un fonds de reserve surlequel son bienheureuxpossesseur peut toujours compter en tout temps.
«Si l'Angleterre, dit M. John Jackson, veut bien s'eveiller a ses devoirs et responsabilites en ce qui concerne ces questions, l'education ambidextre deviendrapartie integrante de notre educationnationale, et dans un temps
tres court la Grande-Bretagneserala patrie d'unpeuple ambidextre. »
L'avenir. — Dans ces conditions, la Societe d'education ambidextre s'est
imposeunetriple tache : demontrerlesavantagesuniquesetl'importanced'une parfaiteambidexterite ; de noter les risques journaliers que nous fait courir notreunidexteriteet notrerelativeineapacite; de faireressortirl'obligation qui existepourchaque membre dela communauted'effacer la tache existante sur
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notre ecussonetd'eleverainsi lapuissance
materielle de notre peuple. M. John
Jacksonestime quec'estla surementune
tache digne desplus nobles ambitions
des adherents de la Societe, et que cette
tache est de celles qui peuvent et
doivent exciter l'enthousiasme de tousles
vrais patriotes
enGrande-Bretagne.
II n'est pas inutile de
dire
quequiconque
setrouve avoir acquis la rare
faculte del'usagede la main gauche,
dans quelque situation qu'il soit place par
la vie, parle dans les memestermes
du grand prix qu'il y attache. Et nous ne
pouvons citerici tous
les temoignages fournis a la revue The World's Work
par un grand
nombre d'interessants signataires. Notons pourtant celui-ci :
«IIn'y a aucundoutesur
la valeur immense, au point de vue militaire, de
l'ambidexterite. Jeme suishabitue depuis
longtemps
aecrire des deux mains et
m'enservirindifferemment.»Cettedeclaration est
due
augeneral Baden Powell.
On peut penser —et
cela
a etedit,
eneffet,
—que le principal avantage de
l'ambidexterite consiste dans le pouvoir
d'agir lorsque la main droite est
blessee ou placee autrexhentdans
l'incapacite. Mais c'est la une erreur serieuse,
faitepour amenerune
entiere deception. II est hors de doute que, dans un court
espacede temps et pour ce
qui regarde l'individu lui-meme, l'avantage d'une
seconde main « adroite» estpuissamment
ressenti
en casd'un tel malheur ;
mais ilyalieu d'objecterque
le plus grand merite de l'ambidexterite git dans
l'avantage qu'elle procurepour
la vie entiere
acliaque personne, notamment
une forceeffective, mentale et physique,
au-dessus de la routine courante.
Pour les Enfants. —En ce qui concerne
les enfants, les avantages du
systeme d'education
ambidextre, tel
quel'envisage la societe anglaise, seraient
d'unevaleur inestimable. Si, en effet, dans
les ecoles
oui'idee
aete colportee
tresimparfaitement, les
resultats ont ete si admirables, que ne peut-on pas
attendre d'un programmecomplet
modiliant tous les interets et toutes les occu¬
pations de lavie des
enfants ?
On a constate deja ceci : meme
quand l'ambidexterite est limitee a un
simplecommencement
d'education, les eleves se tiennent mieux, ont la tete
plusdroite etplus haute,
sont,
en unmot, plus propres a comprendre, « plus
intelligents »; meme quand
l'effort est borne
afaire ecrire des deux mains, les
travaux de l'ecole sontmeilleurs sous tous
les
autresrapports.
EtvoilapourquoiM. JohnJackson
estime
queles benefices a acquerir pour
les enfants de 1 educationambidextre sont
de la plus haute importance ; que
1'on devra a cetteeducation nouvelle le
developpement de l'individu enfant tout
entier ; et qu'enlin le plus
plaisant resultat immediat d'une telle innovation
pourrait etre,serait, acoup sur,
de rendre la jeunesse tres particulierement
gaie,alerle,
spirituelle, vive
entous points.
Latache, on levoit, nemanque pas
d'interet
pourles educateurs ; et, quant
aux profits materiels a tirer pour
plus tard d'une telle education, l'auteur
aflirme qu'ilsne sauraient
faire defaut, les
progresa l'ecole devant etre rapides
etles enfants devantacquerir forcement etsans
peine, avant leur entree dans
la vie adulte, la faculte parfaited'un usage
identique des deux mains, c'est-a-
direune superioritepersonnelle et
sociale incontestable.
Ne croyez-vous pas,
Mesdames et Messieurs, que l'oeuvre anglaise
merite notre etude?
Ne pourrions-nousen
retirer quelques fruits ?
Elleoffre assurementle moyende
completer notre Education physique;
et,a ce titre, ellea
droit
a nosplus grands egards.
Mesdames et Messieurs, j'ai hate
de terminer
unecauserie qui a pu
vousparaitre
fort longue, peut-etre meme fastidieuse. Je repete ce que
j'ai dit au
debut
:il
nefaut vous en prendre qu'a vous-mtoies d'avoir
egare votre
choix
sur monhumble personne.
Quoiqu'il en
soit, je
vousremercie tres profondement d'avoir bien
voulu me preter votre
attention. Je reste convaincu que la cause du
Trousseau de lajeune
fille, bien
queplacee entre les mains d'un pi^tre
avocat, estune caxise gagnee
et
quele
«Comite des Dames de la Ligue »,
sous l'habile directionde son
President, M. l'lnspecteur d'Academie, et de
sesYice-Presidentes, MmesSilliman et
Cazaux,
vadoter notre cite d'une
oeuvre dontlesbienfaits seront