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P ierre D ESTOMBES (1912-2002).

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Bull Soc Pathol Exot, 2003,96, 2, 69 69

P

i e rre DE S T O M B E Snous a quittés au printemps 2002, dans sa 90ea n n é e , après une carr i è re scientifique extrême- ment riche et d’une grande diversité. Si les anatomopathologistes francophones connaissent surtout l’histiocytose de DE S T O M B E S, entité décrite dans le B u l l e - tin de la Société de pathologie exotique, ses travaux scientifiques ont concerné de n o m b reux domaines de la pathologie infectieuse et tropicale, domaine dans lequel il était un expert reconnu interna- tionalement. Ses activités en pathologie expérimentale et en immunopathologie sont moins connues, - comme d’ailleurs son rôle d’expert pour les coquillages fos- siles, en particulier les ammonites, au sujet desquels ses travaux furent publiés jus- qu’à la fin de sa vie dans les revues spé- c i a l i s é e s -, mais ils témoignent tous d’une curiosité scientifique et d’un enthou- siasme exceptionnels.

Pierre DESTOMBESest né le 10août 1912 à Roubaix. Il était diplômé de géologie, médecin, avait suivi le grand cours de l’Institut Pasteur (1947), était spécialiste en anatomie pathologique (Paris, 1948) et en cancérologie (Paris, 1951). Méde- cin du corps de santé de la marine et des colonies, formé à l’école annexe de Roche- fort, puis à la “principale” de Bordeaux, sa carrière le conduisit à Madagascar, de 1940 à 1946, où il exerça les fonctions de clinicien et d’épidémiologiste. Après une f o rmation de biologiste et d’anatomopa- thologiste à Paris, il fut affecté à l’Institut Pasteur de la Guyane française à Cayenne, de 1948 à 1951, où il fut responsable du s e rvice de la lèpre. Avec H. FL O C He t J. TREFOUEL, il mit au point le premier traitement spécifique de la lèpre par la sulfone mère. Il développa également l’ac- tivité du service d’anatomie pathologique de l’Institut Pasteur de Guyane et décri- vit la pathologie infectieuse de la Guyane française. À son retour de Guyane, il poursuivit ses activités dans l’unité d’his- topathologie de l’Institut Pasteur à Paris, dirigée par Jean LEVADITI, tout en déve- loppant une formation spécialisée avec le cours de cancérologie de l’Institut Gus- tave Roussy (1951).

En 1952, il rejoignit l’Institut Pasteur de Saigon au Vietnam, où il resta jusqu’en

1955, pour y développer la pro d u c t i o n locale de BCG et créer le laboratoire d’anatomie pathologique. Il fut le pre- mier à décrire les spécificités de la patho- logie infectieuse des populations du Vietnam, en particulier la pathologie para- s i t a i re et fongique, mais il s’intéressa éga- lement à la pathologie cancéreuse et il fut, du début à la fin de sa carrière, un colla- borateur fidèle du Bulletin de la Société de pathologie exotique.

À son retour d’Asie, il fut à nouveau a ffecté dans l’unité de Jean LE VA D I T Iet y e x e rcera ses activités pendant 22 ans de 1955 à 1977, développant une intense activité de re c h e rche et d’expertises très p roductive en pathologie infectieuse et t ropicale, domaine dont il deviendra très rapidement un expert reconnu. Il anima les laboratoires d’anatomie pathologique des Instituts Pasteur du Réseau intern a- tional d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Océanie et ses publications soulignent la richesse et la diversité de ses activités d ’ e x p e rtises, rapidement étendues aux l a b o r a t o i res publics et privés de France.

Il a été, pour les laboratoires d’anatomie pathologique du Réseau intern a t i o n a l , un animateur exceptionnel, publiant de n o m b reux travaux, en particulier dans n o t re B u l l e t i n. C’est en 1965 qu’il décri- vait dans le Bulletin de la Société de pathologie exotique, à propos de 4 cas antillais, l’entité qui porte son nom “his- tiocytose sinusale avec surc h a rge lipi- dique”, mais cette entité sera également décrite par RO S A I(le grand anatomopa- thologiste new-yorkais) et DO R F M A N, q u a t re ans plus tard, dans la revue C a n - c e r, sur une série plus importante. Les anatomopathologistes anglophones évo- quent donc le syndrome de Rosai-Dorf- man, alors que les Européens continuent de citer le syndrome de Destombes- R o s a i - D o rfman. Si l’antériorité du tra- vail de Pierre DE S T O M B E Sa donc souvent été occultée dans la presse intern a t i o n a l e , le grand dermatopathologiste américain AC K E R M A Nattribuait, récemment et off i- ciellement, à Pierre DE S T O M B E S, l ’ a n t é- riorité de cette entité dans un numéro spécial de D e rm a t o p a t h o l o g y, dans lequel figurait l’intégralité de la traduction de l ’ a rticle original de 1965, ainsi que la lettre

a d ressée à Bern a rd AC K E R M A N, le 4 j u i n 1999 (D e rm a t o p a t h o l o g y, 2 0 0 0 , 6 , 2 8 0 - 288). Cette entité, restée mystérieuse, associe le plus souvent un syndro m e tumoral des aires ganglionnaires à une réaction histiocytaire et à cellules géantes.

DE S T O M B E S pensait que le p r i m u m m o v e n s était une infection virale, laquelle n’a jamais pu être démontrée.

P i e rre DE S T O M B E Sfut nommé pro f e s s e u r le 1erjanvier 1973. Il poursuivit ses acti- vités d’expertises en pathologie infectieuse et tropicale et était régulièrement invité dans les congrès internationaux.

Il prit sa retraite en 1977, dans des condi- tions difficiles, puisqu’il fut amputé d’une jambe, épreuve qu’il assuma avec une grande fermeté et un courage déterminé n’hésitant pas à conseiller au chirurgien d’amputer largement pour garantir l’ef- ficacité du geste chirurgical. Sa retraite à Saintes fut studieuse et il reprit avec une r a re énergie ses travaux antérieurs.

Comme il l’écrivait, en 1999, à B. AC K E R-

MAN: “Aujourd’hui, je ne suis plus guère au courant de l’évolution des connais - sances médicales mais je travaille toujours en mésopaléontologie des invertébrés du c r é t a c é ” et ses derniers travaux fure n t publiés dans la revue du Museum duHavre. Il écrivait ne plus être au cou- rant, mais il s’était abonné à N a t u re q u ’ i l lut régulièrement jusqu’à la fin de sa vie et, quand je lui rendis visite en juin 2 0 0 0 , il me montra la pile de N a t u re, annotée et classée, sous la table du salon et il me fit des commentaires d’actualité sur les tra- vaux récents…

[Il m’écrivit il y a un an pour me deman- der la bibliographie des récentes décou- v e rtes en Afrique sur les origines de l’homme et me conseilla d’ailleurs très f e rmement de partir sur les traces de

“Lucie”, expédition qu’il aurait bien sou- haité faire avec 20 ans de moins…]

Plus de 200 publications représentent le bilan de cette activité scientifique riche et originale, soutenue sans relâche jus- qu’à sa retraite en 1977, et soulignent sa curiosité et son enthousiasme.

P i e rre DE S T O M B E Slaisse le souvenir d’un homme rigoureux, passionné, généreux, ayant rendu à l’Institut Pasteur de grands services.

P ierre D ESTOMBES (1912-2002).

N ÉCROLOGIE

M. Huer re

Histopathologie, Institut Pasteur, Paris, France..E-mail :mhuerre@pasteur.fr

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