ORIGINE BOTANIQUE ET CARACTÉRISTIQUES
PHYSICOCHIMIQUES DES MIELS
E. C. BARBIER Claude-Yolande PANGAUD.
Laboratoire
apicole,
Nice.SOMMAIRE
Les miels, ayant une
origine botanique
bien définie,possèdent
descaractéristiques particulières
de couleur, de pH initial, et de courbe de neutralisation des acides libres.
Ces
caractéristiques
apportent un complénient nécessaire à1 5 aiialyse Ix!llinique
pour la recherche del’origine botanique
d’un miel.INTRODUCTION.
Les
apiculteurs
ontdepuis longtemps
attribué aux divers miels récoltés dans leurs ruches et considérés commeprovenant
d’uneplante
mellifère biendéfinie,
certainscaractères
parmi lesquels
la couleur et le mode de cristallisation ont leplus
attiréleur attention.
’
Le but de ce travail a été de rechercher dans
quelle
mesurel’origine botanique
d’un miel
pouvait
influer sur lescaractéristiques
suivantes :couleur, pH
initial etneutralisation des acides libres.
D’une
façon générale
les observations faites sur la couleur par lespraticiens
sontvalables. L’examen des
exceptions qui
ont pu êtrerelevées,
a montré quel’origine botanique
attribuée aux échantillons étaiterronée,
ou que, leplus
souvent, les mielsen
question provenaient
demélanges
naturels réalisés par les abeilles au cours de leurs récoltes successives.Les sources de matières sucrées sont si
nombreuses,
et leurproduction
est d’unetelle variabilité
qu’il n’est
pas étonnant que les miels soient très différents les uns des autres etqu’il
soit si difficile de déterminer leurorigine botanique
autrement que parune étude
rigoureuse.
I. ---- ORIGINE
HOTANIOUE
DES MIELSDans l’état actuel de nos
connaissances, l’analyse pollinique apparait
comme laseule méthode
qui puisse apporter
des élémentspermettant
dejuger
de cetteorigine.
Pour déterminer
l’origine botanique
des 860 échantillons de mielqui
nous ontété adressés par les
apiculteurs ( 1 )
la méthoded’analyse pollinique
décrite par MAU-R IZI
O
( 1949 )
a été utilisée en yapportant
toutefoisquelques
modifications de détail : 1a)
Lespréparations microscopiques
sont faites en utilisant 20g de miel ou 40 g pour les échantillons pauvres enpollen ( 2 ).
b)
Dans le but d’obtenir despréparations plus claires,
unepremière
centrifu-gation
est faite avec de l’eau acidulée( 3 ). L’emploi
d’une solution à 5ml d’acide sulfu-rique par, litre
suivi d’unecentrifugation
à l’eau distillée nous a donné de bons résul- tats sans nuire à la coloration à la fuchsine.c)
Les tubes utilisés pour lacentrifugation
sont en matièreplastique
et démon-tables ;
ils seront décrits ultérieurement.Pureté des échantillons.
Pour les miels
d’Allemagne
ZANDER considéraitqu’un
miel était « unifloral » c’est-à-dire récoltéprincipalement
sur uneespèce végétale, lorsque
dans sonspectre pollinique
lespollens
de laplante principale atteignaient
au moins 45p. 100.Toutefois MAURIZIO
(193 9
- 1949- 1955-195 8)
constatait que ce taux devait être modifié en fonction del’origine botanique
des miels : élevé àplus
de 70 p. 100 pour les miels de Castanea ou deMyosotis,
ou abaissé à moins de 40 p. 100pour ceux deRobinia,
à 29p. 100pour ceux de Rosmarinus et même à 7 p. 100pour ceux deLavandin.
Ces différences considérables trouvent leur
explication
dans les différences ana-tomiques
des fleurs(BARBIER 1954 )
et dans lerapport
desproductions
nectarifère etpollinifère.
Deplus
lebutinage
despollens
destinés à l’alimentation du couvain(LouvEAUX 195 8),
l’utilisation despollens
en réserve dans laruche,
ainsi que lesopérations d’extraction,
contribuent à rendre délicatel’interprétation
des résultatsde
l’analyse pollinique.
Dans ces conditions nous avons
choisi,
pourchaque origine botanique,
les échan-tillons
présentant
le taux leplus
élevépossible
pour lepollen principal,
ceci afin d’évi-ter toute erreur
d’interprétation.
Dans le
présent
travail ces miels serontappelés
« mielstypes » ; c’est
sur eux que seront évaluées lescaractéristiques
suivantes :couleur, pH
initial etpente
de latangente
à la courbe de neutralisation.Mais nous avons pu remarquer que des miels
n’ayant
que 30 p. 100depollen
deRobinia,
de 25 à 9 p. 100de Rosmayinus et même 4p. 100de Lavandin se sont com-portés
comme les échantillons de mêmeorigine qui présentaient
uneproportion beaucoup plus grande
en cespollens principaux.
Cetteparticularité
étant due sansaucun doute à la
présence
accidentelle depollens
secondaires nonaccompagnés
desmiels
correspondants.
_ (1) Nous remercions ici les nombreux apicutteursqui nous out adressé depuis plusieurs anues les échan- tillons de leurs récoltes.
( 2
) Nous remercions également 11cllc >1.ii.Aussf:NF: qui a réalisé les préparations microscopiques d’un
certain nombre d’échantillons.
. (!) Procédé préconisé par Mr. LOUVEAUX(communication verbale).
II.
-ÉVALUATION
DESCARACTÉRISTIQUES.
Couleur
Après liquéfaction
deséchantillons,
leur couleur est déterminée parcomparaison
avec une série
d’étalons,
constitués par des solutions d’iode à concentration crois- sante(BARBIER
E. C. et VALINJ. i957).
La sensibilité de l’oeil étant variable selon le
logarithme
de l’intensité de la cou-leur,
il en résulte que m,9mg d’iode par litreséparent
Blanc I et BlancII,
alorsqu’il
en faut 9 900mg entre Foncé II et Foncé III.
(On
trouvera au tableau i un classement dequelques
miels« types » d’après
leurcouleur).
Cette
particularité
de la vision humaine a pourconséquence
que la détermination de la couleur chez les miels clairs est très instructive. Ellepermet
de déceler dans ceux-ci des traces de mielfoncé,
traces quel’analyse pollinique seule, compte
tenu des remarquesprécédentes,
n’aurait pu mettre enévidence,
alors que chez les miels foncés elle est secondaire car laquantité
de miel clairsusceptible d’apporter
une modi-ficati.on à la
couleur,
est siimportante
quel’analyse pollinique permettra
de la déce- ler facilement.D’une
façon théorique
onpeut
calculer la modification decouleur, apportée
àun miel clair par la
présence
d’un miel foncé. Les résultats donnés au tableau n° 2, ont été confirmésexpérimentalement ;
ils ont été obtenus enmélangeant
à goparties
de miel de
Lavandin
très pur(couleur
Blanc III =6 3 , 5
mg d’iode parlitre),
à 10parties
d’un miel récolté dansl’Esterel, principalement
sur Erica arborea I,. et dont lacouleur,
classée DoréIII,
étaitégale
à celle d’une solution titrant 1 133 mg d’iode par litre.La couleur du
mélange
seraégale
à celle d’une solution titrant 17°.4Smg d’iode par litre cequi correspond
àJaune
II.I,e même calcul
permet
encore de se rendrecompte
que laprésence
de 10p. 100 de miel clair dans un miel foncé serait sansgrande
influence sur la couleur finale. Dans le casprésent
le titre d’iodecorrespondant passerait
de 1 z33 mg à 1 026 mg.Il convient encore de
signaler
que la couleur d’un miel n’est pas fixe etqu’elle
varie dans le
temps
comme l’a montré MILUM(y4<!).
Selonl’origine botanique
cettevariation sera
plus
ou moinsrapide ;
ainsi un miel récoltéprincipalement
sur Ericaarborea I,.
depuis quelques années,
avait au moment de sa mise en tube une’couleurégale
à celle d’une solution titrant3 r8o
mg d’iode parlitre, quatre
ansaprès
sa cou-leur
correspondait
à 25 40o mgd’iode ;
par contre d’autres échantillons conservés de la mêmefaçon
et récoltés notamment sur Rosmarinuso!cinalis
I,. n’avaient p>shangé
de couleur d’unefaçon
sensible durant cette mêmepériode.
!)7!
initial du miel en solution.Le
pH
initial du miel est mesuré sur une solution à1/10 (poids/volume). L’appa-
reil utilisé à cet effet est un
pH
mètreCarpeni
et Constant étalonné sur une solutiontampon
de Michaëlis àpH = 4 ,6 2
et sur l’étalon de la MaisonJouan
àpH
= 3,57.La mesure de ce
pH
initial(pH
i sur lafigure i)
est faite aussitôtaprès
la disso- lution du miel. D’unefaçon générale
cepH
varie de 3,3 à 4,o pour les miels de fleurs et de 4,5 à 5,5 pour lesmiellats,
et reste à peuprès
constant pour les miels de mêmetype,
comme l’avait noté CHISTOV(i954)!
Toutefois ces indications
présentent
desexceptions
dont on trouveraquelques exemples
au tableau 3, où sont donnés lespH
de miels considérés comme «types
»,tout au moins dans la limite de nos connaissances actuelles.
Courbe de neutralisation
I,a
technique
d’obtention d’une telle courbe est la suivante :(P AN G AUD I(!60).
- Peser 5 g de
miel,
étendre à 50 ml avec de l’eau distillée(solution
ài/io, poids/volume).
- Prendre 25ml de cette solution.
- Pendant toute la suite des
opérations,
brasser la solution à l’aide d’unagita-
teur
magnétique.
- lire le
pH
initial oupH
i.- Verser la solution de soude Na OH
N/ 20
à la burette deprécision
enquantité
variable selon la marche de la neutralisation de o,02 à o,2 ml à la fois et mesurer aussi- tôt le
pH.
Le
pH
mètre doit être étalonné avant etaprès chaque
série dedosages
et latempérature comprise
entre 18° - 20°C. La courbe de neutralisation est alors cons-truite en
portant
en abscisse les millilitres de solution de soude versés et en ordonnée lespH correspondants (Voir figure z).
Lapente
de latangente N.,
tracée aupoint équivalent
E. de la courbe deneutralisation,
donne une notion de la force des acides.Plus cette
pente
sera basseplus
les acides seront faibles et inversement.La valeur de cette
pente peut
êtrereprésentée
parl’augmentation
depH
queprovoquerait
sur latangente
N une addition de 0,2 ml de Na OHN/ 20 .
Dans lesconditions de
dosages
et avec les électrodes utilisées(électrode
de verretype
EVBet électrode de référence
type ERB)
entrepH =
2 avec addition d’acidechlorhy- drique
etpH
= 10, avec addition desoude,
la courbe n’ajamais présenté
depaliers
intermédiaires
correspondant
à la neutralisation distincte d’acides différents. Cela tient vraisemblablement à ce que les acidesprésents
dans les miels sont de force voi- sine.Les
dosages
effectués sur des échantillonsappartenant
à diverstypes
de mielmontrent de
grandes
différences dans la valeur de lapente
de neutralisation. C’est ainsi que cette valeur passe de 3,7 pour un miel de Romarin(n° 25 6)
à 0,5 pour unemanne de Mélèze
(n o 474 )_
Unepente
de o,2 a même été obtenue avec un miellat non identifié récolté dans lesPyrénées
Orientales. Ces différencesindiquent
que les acides de ces miels ne sont pasidentiques
ou que lesproportions
relatives des divers acides sont différentes.Des nombreux
dosages effectués,
il ressort que la valeur de cettepente
semble être constante ouqu’elle
ne varie que dans des limites étroites pour des miels de mêmeorigine botanique
même si leurorigine géographique
estdifférente ;
on entrouvera
quelques exemples
au tableau 4.Origines
des acides des mielsDeux
origines
ont été avancées pourexpliquer
laprésence
des acides dans les miels.a) Origine botanique.
B!u2!,!R( 1953 )
asignalé
que les nectars sont acides et que suivant laplante productrice
ilspossèdent
une aciditédifférente,
certains mêmepouvant
êtrebasiques.
b) Origine enzymatique.
COCKER( 1951 )
a montré que les abeilles ont lapossi-
bilité de provoquer dans les miels la formation d’acides. En donnant en nourrisse- ment un
sirop
de sucre àpH
= 7,4 il a constaté que les réserves constituées par les abeilles avaient unpH
= 4,3.1
°
!H
de divers nectars.A l’aide d’un
papier
indicateur universel depH,
nous avons purelever,
avec unecertaine
approximation,
lepH
de divers nectarsprélevés
dans les fleurs deplantes
cultivées en serre
( 1 )
ou enplein
air.Les observations
portées
au tableau 5 confirment que les nectars sont acides et que leur acidité est variable selon leurorigine.
Mais nous n’avons pas trouvé de nectar à réactionbasique ;
lepH
se tient engénéral
aux environs de 4,5 et chez les fleursâgées,
où le nectar aséjourné plusieurs jours,
lepH
tend à s’abaisser.2
°
Compavaison
entre un nectar et un miel.Par ailleurs nous avons pu comparer au
point
de vue de leurpH
et de leur courbe de neutralisation un nectar et un mield’Eucaty!tus globutus
Labill.a)
Pvélèvement du nectar. - Un certain nombre de rameaux à fleurs ont étécoupés
sur les arbres vers 9hle 4 février ig6o
ettransportés
auLaboratoire ;
le nec-tar a été
prélevé
à lapipette, puis
conservé à latempérature
de 2° C.( 1
) Nous remercions ici Monsieur le Directeur des 8erres de la Ville de Nice qui nous a permis de faire
les prélèvements nécessaires.
Les rameaux ont été ensuite
placés,
l’extrémité dansl’eau,
sous une hotte à10- 20° et à humidité relative élevée
(go
à 95p.100 )
defaçon
à favoriser la sécrétion nectarifère.Chaque
matin le nectar étaitprélevé
et conservé à bassetempérature.
Les divers nectars ainsi que leur
mélange, correspondaient
aux donnéesfigurées
au tableau 6.
b)
Obtention du miel. - A l’îleSainte-Marguerite près
de Cannes(A-M.),
lesEucalyptus globulus
Labill. sont nombreux et au moment où ils fleurissent il nepeut
y avoir d’autre miellée. Dans une ruche installée dans cette
île,
un cadre vide a été introduit le 13 févrierig6o
et retiré 10jours après.
Dans ce cadre les abeilles avaient
emmagasiné
environ 400 g de miel non encoreoperculé qui répondait
auxcaractéristiques
suivantes :Échantillon
n°857.
Matière sèche =
72 ,6
p. 100.Couleur =
égale
à celle d’une solution d’iode àN/6oo
et titrant 212 mg d’iode par litre(ou N/5 30 -
240 mg pour le miel ramené à 82 p. 100 de matièresèche).
Richesse
pollinique
=58 6 0 o grains
depollen
pour 10g de miel(ou 6 7
ooo pour le même miel à 82p. 100de matièresèche).
Spectre pollinique = Eucalyptus globulus
Labill 100 p. 100avecprésence,
horscomptage,
de très rarespollens
d’Erica arborea L et d’Acacia dealbata. Link.Afin de
permettre
lacomparaison
descaractéristiques
de ces deux échantillons les valeursportées
autableau 7 ont
été ramenées par le calcul à celles d’un miel à8
2 p. 100de matière sèche.
L’examen de ces résultats
permet
de constater que l’acidité du miel estplus
forte que celle du nectar
( 1 , 9 milli-équivalent
contre1 ,5)
sans que les autres carac-téristiques
et notamment lapente
soient sensiblement modifiées.En
conséquence
il ressort de la lecture des tableaux 4et 7 que dans les conditions normales de larécolte,
lapente
de latangente
à la courbe de neutralisationpeut
êtreconsidérée comme une
caractéristique
del’origine botanique
d’un miel.III.
-RÉSULTATS
ET DISCUSSIONS.Sur les échantillons dont nous
disposions
nous n’avons utilisé que ceuxpossédant
un
spectre pollinique
nettementmarqué.
On constate aussitôtqu’à
uneorigine
bota-nique
donnéecorrespond
une gamme de couleurplus
ou moinsétendue,
mais avecconvergence vers un couleur
particulière pouvant
être considérée comme caracté-ristique
del’origine botanique.
En
effet,
sicomparativement
à la couleur on examine les résultats del’analyse pollinique
deséchantillons,
onpeut
remarquer, pourchaque origine botanique,
que les mielsprésentant
une couleurégale
ou très voisine de la couleurtype
ontégalement
une
composition pollinique
trèsvoisine,
caractérisée par un taux élevé depollens
de laplante principale.
Par contre tous les miels
qui s’éloignent
de cette couleurtype
ont unspectre pollinique plus
ou moins altéré par uneproportion
élevée depollens
secondaires oupar la
présence d’algues
ou de fructifications dechampignons, indiquant
par cela même que ces échantillons ne sont pas purs maisqu’ils
sont le résultat demélanges
avec d’autres miels ou avec des miellats.
La même constatation
peut
être faite avec la courbe de neutralisation.A. - Miels de lavandin.
Nous examinons
particulièrement
le cas des miels de Lavandinqui présentent
un intérêt certain pour notre
région
du Sud-Est. Grâce à leur couleur claire et à leur mode d’obtention baséprincipalement
sur latranshumance,
ces miels constituentun matériel de choix pour l’étude
présente ;
eneffet,
lesétapes
debutinage
dans deszones à
végétation
bien différenciée sont connues et les mielsqui peuvent
y être récoltésperturbent
fortement lespectre
et la richessepollinique
par leurspollens qui
sont engénéral
facilement identifiables.Sur les 860 échantillons reçus
7 6
nous ont été adressés sous la dénomination de miel de Lavandin. Parmi ceux-ci 45pouvaient
être considérés parl’analyse polli- nique
comme étant des miels à forte dominance deI,avandin ;
mais la détermination de la couleur en éliminait 20,qui présentaient
une teinteplus
ou moinséloignée
de lacouleur
type.
Sur les 25 restants, 15 étaient inutilisables pour l’établissement de la courbe de neutralisation soit à cause de leur mauvaise conservation dûe à une humi- ditétrop élevée,
soit à cause de leur utilisation à d’autres fins. Aussi cette courbene fut-elle tracée que pour 10 miels sélectionnés
qui
donnèrent unepente
de valeurtrès
homogène
1,9 à 2,0(un
seul échantillon àr,8).
La courbe de neutralisation fut
également
tracée pour 15 mielsayant
seule-ment une dominance
Lavandin ;
leur valeur depente présente
unegrande dispersion
allant de 1,7 à 1,3.
L’analyse pollinique
de ces miels montrait d’ailleurs d’unefaçon
bien nette la
présence
depollens provenant
desétapes
antérieures detranshumance ;
leur
présence
liée à une couleurplus
foncée et à la modification de lapente
était lapreuve que ces
pollens
étaientaccompagnés
des mielscorrespondants,
comme lemontre le tableau 8 dans
lequel :
a) L’échantillon
n° 472correspond
à un miel extrait à lapipette
dans un cadrerempli pendant
la miellée du Lavandin.On notera dans cette
analyse
lapauvreté
enpollens
totaux etl’importance
duLavandin
qui
sont dûes au mode d’obtention de l’échantillon. Parmi lespollens
d’ac-compagnement importants,
on trouve iciBvachy!odium, Thesium,
deux indéterminés et une forme «lenestrate
» ; on trouve aussiparfois Myrtus.
Chez certains échantillonsces
pollens atteignent
accidentellement des taux élevés à cause de l’abondance deces
plantes
dans lesmaquis
voisins ou dans les terrains revenus à la friche ou mal cul- tivés. Avec Centauvea dutype
C.aspera
1,. etEchinops
cespollens
constituent des élémentsprécieux
pour l’établissement del’origine géographique.
La
présence
d’Erica arborea 1,.s’explique
par le fait que la ruche avait hiverné dans le massif des Maures où cetteplante
est abondante. L’utilisation des réserves pour l’alimentation ducouvain,
aprovoqué l’apparition
de cepollen
dans lespectre pollinique,
mais en très faibleproportion.
b) L’échantillon
n°29 6
est un mield’extracteur,
ilprovient
de ruchesayant
hiverné sur le littoral
varois,
et dont la récolte a été faiteaprès
la miellée duLavandin.
Sa
composition pollinique
montre bien cetteétape
de transhumance par laprésence
de : Erica arboreaI,., Eucaly!tus globulus Labill., Acacia Favnesiana I,ink. ;
’,et ses
caractéristiques
confirment laprésence
d’une certaineproportion
de miel récolté à cetteétape
de transhumance( 1 ).
c)
L’échantillon n° 391estégalement
un miel d’extracteur récolté dans les mêmes conditions que le n°29 6
mais ilprovient
de ruchesayant
transhumé dans lesAlpes.
Cette
étape
est caractérisée parTvifolium repens I,., Myosotis alPes tris
I,.,Lotus, Ono bvychis.
On trouvera en outre au tableau 9 la
composition pollinique
et les caractéris-tiques
de deux miels de Lavandin très purs d’extracteur. Leur richessepollinique
estplus
élevée que celle de l’échantillon n° 472, leurspectre pollinique
est différent maisleur couleur et leur
pente
sontinchangées ;
cequi indique
que lespollens
en surnombredans ces deux miels sont là accidentellement et
qu’ils
ne sont pasaccompagnés
desmiels
correspondants,
cet enrichissement enpollen
étantprobablement
dû auxopéra-
tions d’extraction.
B. - Miels divers.
Pour certains miels nous
disposions
d’un nombre suffisant d’échantillons uni- floraux(Romarin
2- Sarriette 2- Callune 6 - Robinier 3-Bruyère
blanche 2 - Sainfoin2 )
et d’échantillons moins purs, pourpouvoir
considérer lespremiers
commemiels «
types
» et endégager
lescaractéristiques
paranalogie
avec cequi
avait étéconstaté sur les miels de
Lavandin,
c’est-à-dire mêmes modifications de la couleur et de lapente.
Pour
d’autres,
bien que nepouvant
suivre d’unefaçon
aussi nette surplusieurs
échantillons l’influence des
mélanges,
leurscaractéristiques
ont été considérées commevalables
grâce
au taux élevé dupollen principal
dans lespectre
des échantillons suivants.Hedysavum
2-Eucaly!tus globulus
Labill. 2 - E.(gomphoce!hala ?)
i -Colza i -
Thym
2.Pour les mannes n’ont été
publiés
que les résultats des échantillons récoltés per- sonnellement ouayant
uneorigine
certaine etprésentés
en section.Enfin pour les miellats n’ont été retenus que les résultats obtenus avec des échan- (
1
) Ce miel ne peut être extrait complètement des ruches avant le transport car il se trouve dans les cadres à couvain et autour de celui-ci. Après la miellée sur Lavandin alors que le couvain a disparu,
seul le tri des cadres permettrait son élimination.
tillons
présentant
toutes lesgaranties
de récolte et dont lescaractéristiques
ont étéretrouvées sur
plusieurs
autres.On trouvera au tableau 9 les
caractéristiques
de ces miels et miellats. Toutefois il convient de remarquer que lagrande majorité
des échantillons dont nousdisposions
étaient des miels d’extracteur
qui
à cause desmélanges
inévitablesprovoqués
par cetteopération, correspondaient plus
à des miels à dominancequ’à
des mielstypes.
Aussi serait-il souhaitable de
poursuivre
ces travaux, en utilisant des échantil- lonsprélevés
directement dans descadres, qui
auraient étéplacés
dans les ruches au moment d’une miellée.Avec de tels échantillons les
risques
deprésence
de miels différents et surtout demiellats, parfois
bien difficile àdéceler,
seraient moinsgrands
et la détermination descaractéristiques plus
sûre.CONCLUSION.
Il ressort de ces
observations,
que les mielstypes, provenant
de diversesplantes
ont des valeurs
caractéristiques
différentes pour lacouleur,
la courbe de neutralisa- tion et à undegré
moindre lepH
initial. Ces remarques sont valables aussi bien pour les miels de fleurs que pour les miellats et mannes.Elles confirment aussi les travaux de MAURIZIO
qui
a démontré que selon leurorigine botanique
les mielspeuvent
être considérés unifloraux à des taux différents depollen principal
dans lespectre pollinique.
En conclusion nous considérons que l’assurance de
l’origine botanique
d’un mielrepose avant tout sur l’identification des
pollens qu’il contient,
mais que l’évaluation de sa couleur et de lapente
calculée sur la courbe de neutralisation des acideslibres, apportent
une confirmation nécessaire aux résultats del’analyse pollinique.
Reçcc pour
publication
ensel,!tembre
1960RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BARBIER E. C., 1954. Observations sur l’analcse pollinique des miels et sur leur origine. Reî,. Fr. ¡[pic.
103, 989-991.
!! ! ! _
_ _
! ! ! ! _ ! ! ,, ! !, ! !!!
BARBIER E. C., VAMN J., r957! Détermination de la couleur des miels. Ann. Fals. F’raud. 587-588, 4
oo- 4 rr.
B E UTLE
R R., 19!3. lectar. Bee World, 34, 6, 106-116 ; 7, J28-i.-;6 : 8, !;;6-)62. C
IIIST O
V V. C., 1954. Acidité et propriétés tempon des miels (en russe). Pchelo1!odsl1!o, 2, 28-32. COCKER L., ig5i-i952. The enzymatic production of acid in honey. /..S’<t..M. !191-ic. 9, 411-414. F
A
EGRI K., IvrxsFn J., 1950. Text book of modern pollen analysis. 119unsgaard E., Copcnhagen.
Louvrnua J., 1958. Recherches sur l’origine dans le miel du
pollen
des plantes entomophiles dépourvuesde nectaires. Ann. Abeille, 2, 89-92.
Mnuxtzto A., 1939. IJntersusuchungen zur quantitativen pollenanah-se des Honigs. Ilill. ans d. 6!.
Lebensm. Unlers. Il. lly,g., 30.
!’Inuxtzto A., 1949. Pollenanalytische Untersuchungen an Ilonig und l’ollenhoschen. l3eilz. Sch7É’eiz.
Bienenlzg. 2, 18, A. Beitrâge zur quantitaven l’oollenanalvse des Honigs. 320-421. M
AUR
izio A., 195,!. I3eitraege zur quantitativen
pollenanalyse
des IIonigs. 2 -- Absoluter gehalt pllauz-licher bestandteile in tilia und labiaten Ilonigen. A. Bienen/orsclc. 3, 2, 32-!39.
Mnuxtzto A., r958. Beitrage zur quantitativen pollenanalyse des lIonigs. 3. Absoluter Gehalt pflanslicher
Bestandteile in Esparsette, Luzerne, Orangen und Rapshonigen, :lnn. Abeille, 2, 93-ro6.
3 II
LUM G. V., 1948. Some factors affccting the colour of Honey. lo71<a Hep. Siaie Apiarist for i 9-48-1949, Sz-6
4 . Pn N
Cnun CI. 1960. Etude sur l’acidité des miels et des miellats. Thèse Clermont-Ferrant (sous presse).