Article original
Effets des techniques de coupe sur la croissance et le nombre des rejets dans un taillis de châtaignier
(Castanea sativa Mill.)
A Cabanettes L Pagès
A Moreau JP Château
INRA, station de
sylviculture
Ardon, 45160 Olivet, France(Reçu
le 26septembre
1988;accepté
le 1erfévrier1989)
Résumé — Cette étude a pour
objectif
de comparer l’effectif et la croissance, en diamètre et en lon- gueur, derejets
dechâtaignier
au terme de leurpremière
année devégétation,
selon différentes modalités de coupe dupeuplement
initial. Ces modalités concernent 2 outils de coupe, la tronçonneuse et la hache, et, pour ce dernier, 2 hauteurs de coupe différentes(10
et 30cm).
Lesrésultats obtenus montrent
qu’en
cequi
concerne l’outil hache, la coupe haute tend à entraînerl’apparition
derejets
deplus petit
diamètre et, corrélativement, deplus petite longueur
que la coupe basse. Pour une même hauteur de coupe, l’utilisation de la hache entraîne la croissance derejets significativement plus longs (mais
pasplus gros)
que ceux obtenusaprès
coupe à la tronçonneuse.L’effet
spécifique
de l’outil de coupe sur la seulelongueur
se retrouve au niveau de la relation statis-tique
liantlongueur
et diamètre desrejets.
Enfin, l’effectif desrejets âgés
d’un an est surtoutsignifi-
cativement diminué par l’utilisation de la tronçonneuse, par rapport au résultat obtenu à l’aide de la hache. On formule des
hypothèses
sur la nature et surl’origine physiologique
desphénomènes
observés
croissance / taillis / Castanea sativa /
recépage
/ hache / tronçonneuseSummary —
Effects ofcutting techniques
ongrowth
and number of sprouts in a chestnut(Castanea
sativaMill.) coppice.
Thisstudy
was aimed atcomparing
the effect of the method ofcutting
the initialcoppice
on thegrowth (diameter
andlength)
and number of one year old sprouts.The
cutting
methods were: 2cutting
tools, axe and chainsaw and 2heights (10
and 30cm)
for theaxe treatment
(fig. 1).
The results obtained showed that for axe treatment at 30 cm, the sprouts are smaller and thinner than for that at 10 cm. For lowcutting,
chestnut sprouts aresignificantly longer (but
nolarger)
with an axe than with a chainsaw(table II).
This effect is also visible on the statisticalrelationship
betweenlength
and diameter of the sprouts(table IV). Finally,
the number of one year old sprouts ischiefly
lower in the chainsaw treatment(fig.
4).Biological
and mechanicalhypotheses
are formulated to
explain
these results.growth
/coppice
/ Castanea sativa /coppicing
/ axe / chainsaw* Adresse actuelle: INRA, Station de recherches forestières,
domaine
de l’hermitage, Pierroton, 33610 Cestas, France.** Adresse actuelle: INRA, Station d’agronomie, domaine Saint-Paul, BP 91, 84140 Montfavet, France.
INTRODUCTION
Le
régime
forestier du taillis est caractéri- sé par lafréquence
relativement élevée des coupes successivesqui
ont lieu sur lemême
peuplement:
lesrecépages
sonteffectués tous les 10 à 30 ans en moyen- ne, et concernent la totalité des individus dans le cas du taillis
simple.
De cefait,
lesmodalités
d’exploitation
actuelles et pas-sées
(durée
des rotations ouâge
oudimension
d’exploitation, saison,
outil et hauteur de coupe, mode derécolte)
revê-tent une
importance particulière
dans cemode de
sylviculture.
Par leur influencepositive
ounégative
sur l’évolutionspatia-
le et
temporelle
del’appareil
racinaire per-manent,
desbourgeons
dormantsaériens,
des liaisonstiges/racines
et dusol,
ces modalités contrôlent la densité d’ensou-chement, l’âge physiologique
et l’efficacité de fonctionnement dessouches,
et doncla
production ligneuse
aérienne pour uneespèce
et un milieu naturel initial donnés.La
synthèse
de Blake et Raitanen(1981),
les résultats obtenus par Solomon et Blum
(1967),
Johnson(1975),
ainsi que des tra- vauxplus
récents(Riedacker
etal, 1985;
Harrington, 1984)
entémoignent large-
ment. De
plus,
lesbases physiologiques
de ces effets commencent à être mises en
lumière
(Blake, 1981; Taylor
etal, 1982;
Rinne
et al, 1987).
Aussi,
dans unobjectif
de modélisation de la croissance destaillis,
laprise
encompte
des modalitésd’exploitation
actuelles et
passées
comme variablesd’entrée du modèle est une nécessité
qui apparaît lorsque
l’on désire établir un modèle au niveaupeuplement
basé sur unéchantillon
géographiquement
trèsvariable. Les variables
explicatives
clas-siques
de laproduction
utilisées en futaie(hauteur dominante,
classe deproduction, âge,
et même densité depeuplement)
serévèlent alors
insuffisantes,
laissant sub- sister uneimportante
variabilité nonexpli-
quée
par le modèle(Bédéneau, 1988).
Cephénomène n’apparaît plus lorsque
l’ons’adresse à une même
région
àpratiques sylvicoles homogènes
sur uneespèce
donnée
(Pagès, 1986).
Mais les modalités
d’exploitation
dutaillis
pratiquées
en France varient à la foisspatialement
ettemporellement
d’unemanière très difficile à contrôler scientifi-
quement.
Aussi est-il utiled’expérimenter analytiquement,
sur despériodes
detemps suffisantes,
pourpouvoir
en déceleret en mesurer les effets
spécifiques
durables sur la croissance et la
production
des
taillis,
et en déduire d’éventuelles conclusionspratiques.
Parmi les modalités
d’exploitation,
leseffets de la hauteur de coupe, et surtout de la nature de l’outil de coupe sont beau- coup moins étudiés que ceux de la durée de
rotation,
de la dimension et del’âge d’exploitation
et de la saison de coupe sur la repousse du taillis. Deplus,
lesquelques
références existantes font appa- raître des résultats peu nets ou contradic- toires(Parade, 1860;
Blake etRaitanen, 1981; Phillips, 1970;
Cristet al, 1983;
Har-rington, 1984;
Khan etTripathi, 1986;
ElHouri
Ahmed, 1977; Bélanger, 1979;
Debell, 1972).
Aussi,
l’étudeprésentée
ici a-t-elle pourobjectif
la mise en évidence d’éventuels effetsséparés
sur la croissance et sur le nombre derejets
de 2 modalités de coupe associées dans lagestion
forestière:- le
type
d’outil: la hache et latronçonneu-
se
(ou
scie àchaîne), qui
diffèrent à la fois par l’effet direct sur le bois(fente
oubroyage)
et des effets indirects(chauffa-
ge,
angle
de la surface de coupe par rap-port
àl’horizontale,
ébranlement de lasouche);
- la hauteur de coupe: 10 cm et 30 cm au-
dessus du
sol;
ces 2 niveaux sont situésdans la gamme des variations
pratiques
courantes. Pour la
tronçonneuse,
dont lahauteur de coupe est
plus maîtrisable,
onn’a
expérimenté
que la hauteur de 10 cm.Après l’analyse qui
a concerné la variable «hauteur dumaître-rejet
descépées» (Cabanettes
etPagès, 1986),
nous
présentons
ici les résultats obtenus pour la croissance en diamètre et en lon- gueur de l’ensemble desrejets.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Les
caractéristiques
dudispositif
ont étépré-
sentées en détail dans un
précédent
article(Cabanettes
etPagès, 1986). Rappelons
seule-ment ici
qu’il
est situé au cœur de lachâtaigne-
raie limousine, dans le secteur des «feuillar- diers» où le taillis de
châtaignier
estexploité
àrotations de 6-10 ans. Le
peuplement
initialétait un taillis de
châtaigniers rigoureusement
pur et
équienne âgé
de 11 ans.L’objet
d’étudeest ici la repousse
âgée
d’un an issue d’unecoupe à blanc effectuée en décembre 1983.
Les 3 traitements
expérimentés
sont: la coupe à la hache à 30 cm, la coupe à la hache à 10 cm, la coupe à la tronçonneuse à 10 cm. Ledispositif
estorganisé
selon 3 blocs (ourépéti- tions);
danschaque
bloc,chaque
traitement estpratiqué
sur 2placeaux
de 200 m2 environ.Avant la coupe initiale de décembre 1983 ont été déterminés le nombre de
tiges
vivanteset le diamètre moyen au sol pour
chaque cépée
du
dispositif.
Les mesures de la repousse d’unan ont
porté
sur la totalité desrejets
de 24cépées
échantillons. Le choix de cescépées
aété fait de
façon
aléatoire sous contraintes, les contraintes étant d’obtenir 8cépées
par traite- ment,également réparties
dans les 2 classesde nombre initial de
tiges
parcépée
situées de part et d’autre de la moyenne(soit
15tiges
parcépée),
et d’avoir un minimum de 2cépées
par bloc(et
par traitement). La contrainte del’égale répartition
descépées
selon le nombre initial detiges
à l’intérieur dechaque
traitement a étérespectée
afin de mieux maîtriser un éventuel effet de cette variable sur la croissance desrejets, susceptible
de se superposer ou d’inter-agir
avec les effets des modalités de coupe pra-tiquées.
Legrand
nombre derejets
à mesurerpar
cépées (tableau I)
n’a toutefois paspermis
de
prendre
en compte un nombre decépées
suffisant pour que le nombre initial de
tiges puisse
être inclus de manière efficace dans les modèlesd’analyse
des données. Larépartition
et les
caractéristiques
de l’échantillon sont indi-quées
dans le tableau I. Surchaque rejet
vivantont été mesurés le diamètre basal
(au-dessus
de
l’empattement)
au dixième de millimètre et lalongueur
totale àpartir
de la naissance durejet
sur la souche, au centimètre.
L’analyse
des données a consisté d’une parten une
analyse
de variance des 2 variables dia- mètre etlongueur
selon les niveaux des fac- teurs bloc et traitement de coupe, et d’autre part en unecomparaison
selon ces mêmes fac-teurs des liaisons
statistiques
existant entre les 2 variables. Les calculsd’analyse
de variance ont pu être effectués en prenant en compte le caractère«déséquilibré
etnon-orthogonal»
(non-proportionnalité
des effectifs derejets
d’unbloc à l’autre ou d’un traitement à
l’autre)
duplan d’expérience grâce
au programme ANVARM dulogiciel
AMANCE(Bachacou
et al,1981). La
construction des modèles statis-tiques
reliant le diamètre et lalongueur
desrejets
a été réalisée à l’aide dulogiciel
GENS-TAT
(Astier
et al,1982). Après
vérification aposteriori du
caractèregaussien
des résidus, lacomparaison
de ces modèles a été effectuéeen confrontant les sommes de carrés d’écarts résiduels des modèles à l’aide d’un test F, selon la méthode décrite par Snedecor et Cochran
(1957).
RÉSULTATS
Croissance des
rejets
Analyse séparée
des variables dia- mètre etlongueur
Les résultats moyens concernant les
mesures de diamètre et de
longueur
desrejets
sontindiqués
avec leurdispersion,
par bloc et par
traitement,
dans lafigure
1.Ces résultats
suggérant
un certainnombre de
tendances,
on a effectué sur l’ensemble des données brutes uneanaly-
se de variance multivariable
répondant
à* Les distributions des variables étant intermédiaires entre celles des lois normale et lognormale, cette même analyse a été tentée également sur les valeurs logarithmiques des données. Les résultats ont été identiques.
un modèle
classique
à deux facteurs croi- sés et à effets fixés*. Dans le tableau II sontindiqués
les résultatsglobaux
del’analyse
de variance(test F),
ainsi que les valeurs moyennesajustées
des effetsbloc et traitement et de l’interaction pour
chaque couple
traitement/bloc. Les moyennes ont étécomparées
2 à 2 àl’aide du test du
t-corrigé
dit de Bonferroni(Bachacou et al, 1981; Dagnélie, 1970).
On constate que les effets traitement et bloc sont
significatifs,
lepremier
étantmoins
important
que lesecond,
et tous 2 étantplus
nets sur lalongueur
que sur lediamètre;
il existe une interactionsignifica- tive,
surtout pour lalongueur, qui signifie
notamment
qu’il
n’est pastoujours
pos-sible de définir un effet traitement donné moyen pour l’ensemble des blocs.
La
comparaison
individuelle des effets blocs révèlequ’ils
sedistinguent
davanta- ge pour lalongueur
que pour lediamètre,
avec dans ce dernier cas similitude des blocs 2 et
3;
le classement est: bloc 3 >bloc 2 > bloc 1.
La
comparaison
individuelle des traite- ments faitapparaître,
pour lediamètre,
uneffet de la hauteur de coupe pour l’instru- ment hache
(coupe
basse > coupehaute)
et une absence d’influence de l’outil de coupe,
et,
pour lalongueur,
une influenceconjointe
de la hauteur de coupe(allant
dans le même sens que pour le
diamètre)
et de l’instrument de coupe
(effet positif
dela hache et effet
plutôt dépressif
de latronçonneuse),
lepremier
effet étant leplus important.
Si l’on
analyse
l’interactionglobale,
onvoit
qu’elle
concerne surtout le bloc2,
oùse rencontrent les interactions les
plus
élevées pour les modalités
tronçonneuse (diamètre
et surtoutlongueur)
et hache bas(longueur):
les effets y sontprincipale-
ment sous-évalués par le
modèle, qu’ils
soient
globalement positifs (hache
bas pour lalongueur)
ouglobalement négatifs (tronçonneuse
pour lalongueur).
Lesinteractions vont dans le même sens que les effets
principaux.
Analyse
de la relation entrelongueur
etdiamètre
Au cours de l’étude
séparée
des 2variables,
nous avons pu observer que lalongueur
étaitgénéralement l’objet
d’effetsplus importants
de lapart
des facteurs que ne l’était le diamètre. Du fait de la forte corrélationglobale
existant entre cesdeux variables
(Fig. 2)
et des tendances observables sur lafigure 3,
nous avonsrecherché s’il existait des effets
spéci- fiques
des facteurs étudiés sur la seulelongueur (L)
desrejets,
conditionnelle-ment à leur diamètre
(D).
Lafigure
2 sug-gérant
une relation detype
linéaire entreles 2
variables,
nous avons effectué uneanalyse
du modèle derégression:
selon les facteurs étudiés. Pour ce
faire,
le modèlegénéral (1)
et les 5 modèles sui-vants ont été construits
puis comparés,
lavariance résiduelle étant stabilisée par
une
pondération
en1/&jadnr;L:
(2)
L = a*D où l’ordonnée àl’origine
b estnulle;
(3)
L =a bloc ·D
où lapente dépend
dubloc;
(4)
L =a trait ·D
où lapente dépend
du trai- tement;(5)
L =(a bloc
+a trait )·D
où les effets bloc et traitement sontpris
encompte indépen- damment;
(6)
L =a bloc,trait ·D
où l’interaction bloc/trai- tement estprise
encompte.
Les résultats sont
indiqués
dans letableau III. On voit que la
pente
de larégression
linéaire liant lalongueur
au dia-mètre
dépend
à la fois du bloc et du traite- ment de coupe, lepremier
effet étant net-tement le
plus important. Toutefois,
il y a interaction entre ces deuxeffets,
cequi signifie
notammentqu’il
n’est pastoujours possible,
pour un traitementdonné,
de définir unepente
moyenneindépendante
du bloc. Pour mieux cerner la nature et l’ordre de
grandeur
des effets et de l’inter-action,
nous avonsreporté
dans le tableauIV les diverses
pentes
fournies par les modèles(3), (4)
et(6),
calculées par lelogiciel GENSTAT,
et les avons compa- rées 2 à 2 à l’aide du test t de Student cor-rigé.
On constate:- que les effets bloc et traitement diffèrent tous
globalement
2 à2,
avec despentes
classées dans l’ordre:
hache bas > hache haut >
tronçonneuse;
- au niveau de
l’interaction,
que le résultatglobal
ne se retrouve pastoujours: 1 )
pour les blocs 1 et2,
les traitements hache haut ettronçonneuse
ne diffèrent passignificativement, 2)
pour le bloc3,
les traitements hache bas et hache haut ne sedistinguent
passignificativement;
- que les résultats constant, retrouvé dans les 3
blocs,
est que lapente
du traitement hache bas esttoujours significativement supérieure
à lapente
du traitement tron- çonneuse, cequi
montre un effetsignifica-
tif de l’instrument de coupe sur la lon- gueur, conditionnellement au diamètre.
Nombre de
rejets
par étocLa mise en évidence d’éventuels effets des modalités de coupe sur le nombre de
rejets
est facilitée si l’onparvient
àexpli-
quer une
partie
de la variabilité de cettegrandeur
en utilisant les relationsqui
lalient à d’autres facteurs variant sur le dis-
positif
d’étude. Au niveau de lacépée,
lenombre d’étocs est le
plus
évident de cesfacteurs,
mais il n’est pas leseul,
le nombre dejeunes rejets
dechâtaigniers portés
par un étocaugmentant
avec le diamètre de celui-ci(Cabanettes, 1986).
Or,
on observe que, pour un nombre d’étocsdonné,
l’écartement des étocs tend àaugmenter
avec leur diamètre moyen. Le tableau I montre ainsi une ten- dance moyenne du nombre derejets
parcépée (NR)
à s’accroître avec l’encombre- ment(ENC)
de lacépée,
pour un nombre d’étocs(NET)
donné. Aussi avons-nousutilisé les 2 variables NET et ENC afin d’obtenir une estimation moyenne de NR
indépendante
des modalités de la derniè-re coupe. Le modèle
suivant,
non linéairepondéré,
s’est révélé leplus
satisfaisant:avec: nombre d’individus = 24 et coeffi- cient de
corrélation = 0,96.
Ce modèle moyen a été
appliqué
auxmêmes
cépées échantillons,
fournissant pour chacune d’elles un effectif moyenthéorique
derejets, qui
est confronté à l’effectif observé *: cescomparaisons, qui équivalent
àanalyser
les résidus dumodèle
(7),
sontrécapitulées
par bloc et* Du fait du trop petit nombre de cépées par bloc et par traitement, et du caractère non licite des analyses de régressions calculées à partir de variables «effec- tif», il n’a pas été possible ici d’effectuer une compa- raison efficace de régressions comme au paragraphe
«Analyse de la relation entre longueur et diamètre».
par traitement sur la
figure
4. Lesphéno-
mènes les
plus marquants
se situent auniveau des moyennes
marginales.
- pour les modalités de coupe, la compa- raison des effectifs observés aux valeurs calculées montre que les effets traitement
sur le nombre de
rejets
se classent dansl’ordre: hache haut > hache bas
> tronçon-
neuse, où seule la modalité
tronçonneuse
a un effet
négatif (effectif
observé inférieur à l’effectifthéorique);
- pour les
blocs,
les différences entre effectifs observés et calculés sont relative- mentfaibles;
le classement par ordre d’effetpositif
décroissant est le suivant:bloc 1 > bloc 2 > bloc 3. Le bloc 3 est le seul bloc où l’effectif observé est inférieur à l’effectif
théorique.
DISCUSSION - CONCLUSION
Rappelons
tout d’abord lesprincipaux
résultats
qui
ont été obtenus lors de cette étude concernant la repousseâgée
d’unan d’un taillis de
châtaignier;
- les 3 modalités de coupe
expérimentées
ont eu un effet
significatif
sur la croissanceen diamètre et en
longueur
desrejets.
Lesinteractions observées entre blocs et trai- tements ne remettent pas en cause les résultats
globaux,
mais l’effet dechaque
traitement est modulé selon le
bloc,
le caractèresignificatif
et le sens des diffé-rences
observées
n’étant pas modifiés.Pour le
diamètre,
seules les deux modali- tés de hauteur de coupe de l’outil hachese
distinguent significativement
l’une del’autre,
entraînant une réduction moyenne(coupe haute)
ou uneaugmentation
moyenne(coupe basse)
de0,8
mm(soit ± 9%)
parrapport
au diamètre del’ensemble des
rejets.
Pour lalongueur,
on a d’une
part
un effet de la hauteur de coupe de même sens que pour le dia- mètre(+ 13,4
cm, soit + 18% pour la coupebasse;
-10 cm, soit -13% pour la coupehaute)
et d’autrepart
uneffet, plus faible,
de l’outil de coupe(-5,1
cm, soit-7% pour la
tronçonneuse);
- en ce
qui
concerne l’effet des modalités sur lerapport longueur/diamètre,
entenant
compte
de l’interaction bloc*traite- ment, on n’observequ’un
effet de l’outil de coupe: pour un diamètredonné,
l’outilhache entraîne une
augmentation signifi-
cative moyenne de
longueur
de 5% alors que l’utilisation de latronçonneuse
aboutità une réduction de
7%;
- pour le nombre de
rejets,
c’estprincipa-
lement la coupe haute
qui
entraîne leuraugmentation (+9%
parrapport
aunombre
moyen);
à hauteur de coupeégale,
la modalitétronçonneuse
entraîneune diminution de
-20%,
contre une diffé-rence de seulement +5% pour la modalité hache bas.
On remarquera dans
l’ensemble,
pour la croissance desrejets,
laprédominance
des effets bloc sur les effets traitement. Il
s’agit
là d’unphénomène
courant dans lesexpérimentations
effectuées en milieunaturel, qui
s’est trouvé accentué ici par le fait que ledispositif
est situé sur unepente,
avecétagement
des blocs 1(haut
de
pente),
2(mi-pente)
et 3(bas
depente).
Onpeut
assimiler dans notre casl’effet bloc à un effet
«fertilité»,
car il cor-respond toujours
à un classement des effets sur lalongueur
et sur le diamètre dans l’ordre décroissant: bloc3 > bloc2 >bloc1,
les différences entre ces effets étant presquetoujours significatives.
Aucontraire,
la variable nombre derejets
estbeaucoup
moinsdépendante
du bloc que de la modalité de coupe. D’autrepart,
pour les variables diamètre etlongueur,
l’effet hauteur de coupe tend à
primer
surcelui de
l’outil,
alors que pour les variableslongueur/diamètre
et nombre derejets
c’est
plutôt
l’inverse.La sensibilité de la croissance en dia- mètre des
rejets
à la seule hauteur de coupe révèle sans doute laprédominance
des effets de concurrence entre
rejets
d’un même
étoc, puisque
la hauteur de coupe a un effetimportant
sur l’effectif derejets,
etqu’il
estclassique
que la crois-sance en diamètre soit relativement sen-
sible à la concurrence
(Assmann, 1970),
ycompris
dans les taillis(Trimble, 1974;
Lamson, 1983).
Les interactions constatées entre les effets bloc et traitement
appellent plu-
sieurs remarquesquant
à leurinterpréta-
tion
biologique.
L’observation des tableaux II et IV met en évidence que les effets trai- tement moyens,qu’ils
soientpositifs
ounégatifs,
tendent à êtreprincipalement
diminués dans le bloc 1 et renforcés dans le bloc 2. Le
premier
bloc étant le moins favorable à la croissance desrejets (tableaux
II etIV),
onpeut interpréter
l’interaction
qui s’y
manifeste par une moindreexpression
des effets des modali- tés de coupe en conditions de milieu limi- tantes. En cequi
concerne le bloc2,
on remarque(tableau I)
que les modalités àplus
forte interaction(hache
bas et tron-çonneuse) présentent
le nombre derejets
parcépée
leplus
faible parrapport
auxautres blocs. On
peut
donc penser àl’existence
possible
d’un effet limitant du nombre derejets
parcépée (compétition
entre
rejets)
surl’expression
des effets desmodalités
de coupe,qui
serait mini-mum dans le cas du bloc 2.
Les résultats de la littérature concer- nant l’influence de la hauteur de coupe font
apparaître
un effet presquetoujours
nul de ce facteur sur la croissance en dia- mètre ou en hauteur
(El
HouriAhmed, 1977,
sureucalyptus;
Debell etAlford, 1972,
surpeuplier; Bélanger, 1979,
surplatane;
Cabanettes etPagès, 1986,
surrejets
dominants dechâtaignier);
les seulseffets
constatés, qui
vont dans le même sens que lesnôtres,
sont ceux obtenuspar Crist et al
(1983)
surpeuplier
et parHarrington (1984)
sur aulne rouge, et ne sont observés que pour les 2premières
années de croissance. Par contre, l’effet de la hauteur de coupe sur le nombre de
rejets
est assezgénéral (Khan
etTripathi, 1986;
El HouriAhmed, 1977; Bélanger, 1979,
Cristet al, 1983; Harrington, 1984).
En ce
qui
concerne l’influence de l’outil de coupe, nous avonsdéjà
observél’influence de ce facteur pour le même dis-
positif
sur la hauteur des maîtresrejets
des
cépées (Cabanettes
etPagès, 1986).
Phillips (1971)
observe une tendance peusignificative
sur lalongueur
derejets
dechâtaignier, plutôt
en faveur de l’outilhache;
enrevanche,
il trouve une influen-ce assez nette de l’outil sur le nombre de
rejets, qui
est au contraireplus
élevé pour la modalité scie lors de lapremière
annéede
croissance,
la situation s’inversant ensuite dès la seconde année. Crist et al(1983), comparant
l’effet de la scie et du sécateur sur dejeunes peupliers,
nenotent aucun effet
significatif
sur la crois-sance ou le nombre de
rejets.
Nous retiendrons de ces résultats leur
complexité, intégrant
la diversité biolo-gique
desespèces
en cause(notamment
en ce
qui
concerne le mode derépartition
sur la base des
tiges
et lafragilité
et la durée de vie desbourgeons dormants)
etla diversité des modalités de coupe
expé-
rimentées dans
chaque catégorie.
Nosrésultats obtenus sur
jeunes rejets
de châ-taignier suggèrent qu’une
coupe haute(30
cm au-dessus du
sol)
a pour consé- quences la mise enjeu
deplus
nombreuxbourgeons
dormants donnant naissance àune
population
surnuméraire depetits rejets (dominance apicale partielle
et/ou début deconcurrence)
dont laprésence
détermine une réduction des dimensions moyennes desrejets
de lapopulation
tota-le. L’effet de l’outil de coupe,
qui
est tou-jours
un effetpositif
de la hache par rap-port
à celui de latronçonneuse, pourrait
être lié à une hauteur de coupe
pratiquée
un peu
plus
bassequ’avec
l’outiltronçon-
neuse; il
pourrait
aussidépendre
d’unmoindre traumatisme
(ou
d’une stimula-tion?)
de la souche(et
desracines)
avecla hache
qu’avec
latronçonneuse (chauf- fage
dubois,
moindresvibrations).
En tout état de cause, il sera intéres- sant de suivre l’évolution de ces
phéno-
mènes aux stades ultérieurs de croissan-
ce car, comme le remarque très
justement
Johnson
(1975),
l’influence du milieu tend àprédominer
avecl’âge
dupeuplement
forestier.
REMERCIEMENTS
Que M. R.
Tandy, qui
apermis
l’installation dudispositif
sur sapropriété
etqui
nous a laissétoute liberté pour les interventions, soit ici vive- ment remercié.
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