FORME ET VOIE D’ABSORPTION INTESTINALE DES ACIDES GRAS A CHAINE LONGUE
CHEZ LA TRUITE ARC-EN-CIEL
(SALMO GAIRDNERII RICH.)
I. — LIPIDES EN PARTICULES P. BERGOT J.-E. FLÉCHON
Station centrale de Nutrition,
Station centrale de Physiologie animale,
Centre national de Recherches zootechniques, 78 - Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche agronomique
RÉSUMÉ
La muqueuse de l’intestin grêle de Truites arc-en-ciel acclimatées soit à 70C, soit à 220C,
est observée en microscopie photonique et électronique. Après introduction dans l’estomac des animaux à jeun d’un acide gras à chaîne longue (oléique, linoléique ou stéarique), on trouve des particules lipidiques de diamètre inférieur à o,2 !t, ayant le même aspect et la même localisation dans la cellule épithéliale absorbante que les chylomicrons chez les Mammifères. Ces particules lipidiques sont également observées :
1
0 dans les espaces intercellulaires de l’épithélium et du tissu conjonctif sous épithélial ;
20 dans la paroi et la lumière des capillaires sanguins ; 3
° dans la lumière des vaisseaux lymphatiques qui forment un réseau à la base des plis de la
muqueuse.
La possibilité d’une évacuation des particules lipidiques par voie lymphatique (comme chez
les Mammifères) et par voie portale (comme chez le Poulet) est suggérée. L’importance relative
de chacune de ces voies reste à déterminer.
- -
INTRODUCTION
I,’absorption
intestinale desgraisses
chez les Poissonsprésente quelques parti-
cularités en ce
qui
concerne leuraspect morphologique,
leur durée deséjour
dansla muqueuse et leur mode d’évacuation.
Cette
absorption
sembleplus
lente que chez lesMammifères, d’après
des obser-vations en
microscopie photonique (I,uzzATI, I g 3 6 ;
AI,H U S SAIN I,
1949 ; GoxAR etI,ATIF, I g63 ; SIVADAS, I g65 ;
KHALILOV etINHUSHIN, 1965)
et des travaux bio-chimiques (T SU C HIYA
etK AY A M A, I g58 ;
KAYAMA etTSUC H I Y A, 1959).
Dans les cellules absorbantes
intestinales,
leslipides apparaissent
sous formede
gouttelettes
de diamètreconsidérable, atteignant plusieurs microns,
autant enmicroscopie photonique,
chez desCyprinidés (AI, H USSAINI , 1949 ) qu’en microscopie électronique
chez l’alevin de Cayassius auratus(IwAi, 19 68 b)
et chez celui de Hemi-ramphus sajori (I WAI
etT ANAKA , 19 68).
Laprésence
delipides
dans les espaces intercellulaires del’épithélium
n’a pas étésignalée
par ces auteursqui suggèrent
que les grosses
gouttelettes quittent
la cellule absorbante par sa face basale. Chez laTruite,
deslipides
sous deux formes(particules
et « masses étalées»)
ont été misesen évidence en
microscopie électronique (BE R G O T
etV OD O V A R , 19 67).
La voie de
pénétration
et la forme deslipides
parvenus dans le tissuconjonctif sous-épithélial (Tunica propria)
de la muqueuse, sont controversées.Quelques
anciens
physiologistes,
n’observant pas dechyle
lactescent chez lesPoissons, Reptiles
et
Oiseaux, supposaient
que les matières grassespassaient
dans les veines intestinales chez les Vertébrés inférieurs(L ONGET , 1 868). D’après
des auteursplus récents,
l!s Poissonspourraient
êtredépourvus
de lactéales(G R EE N E, 1913 )
et le sangportal représenterait
la voie d’évacuation desgraisses (L OVERN
et MORTON,1939 )
ou deleurs
produits d’hydrolyse (D AWES , 1930 ).
Pour d’autres auteurs, aucontraire,
deschylifères
existeraient chez les Poissons(JACOBSxAG!N,
1937 ; BAI,ASx!v et ZHEM- CHUZHNIKOVA,
19 66)
etl’absorption
desgraisses
se ferait par voielymphatique,
comme chez les Mammifères
(HARRIS,
1939; RAZmvIOV,I g6o ;
GOHAR et LATIx,I9 63 ) .
Au cours de la
présente étude,
nous nous sommes attachés àpréciser quelques caractéristiques
structurales de la muqueuse chez la Truite. Eneffet,
sil’histologie
de l’intestin des Salmonidés a été étudiée
(G R EE N E,
1913 ;GUNTE R , 193 8 ;
W!INR!set
B II ,ST AD ,
1955 ;BURNSTOCK,
Ig5g ; VASILIEVA etKO R O VI NA, 1969)
ainsi que sonsystème sanguin (I!ONIAR,
1947 ;I!II,ARSKI, I g5ô),
les observations ultrastructurales sont rares sur la cellule absorbante de Truite(Y AMAMO T O , I g66 ; IwAi, 19 68 a)
etpratiquement
absentes sur lescapillaires sanguins
etlymphatiques.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Des truitelles de 4o à 60 g, élevées en aquarium à température constante (70C ou 22°C) pendant au moins trois semaines, sont privées de nourriture jusqu’à disparition des graisses dans
la muqueuse intestinale. Cette disparition, contrôlée histochimiquement sur des témoins, demande
environ 13jours à 7°C et 6 jours à 220C.
Un acide gras à chaîne longue (oléique, linoléique ou stéarique) est introduit, par la bouche, dans l’estomac des animaux à raison d’environ i p. 100 du poids vif, au moyen d’une canule reliée à une seringue. Un piston est utilisé quand l’acide gras n’est pas liquide à la température
étudiée. De l’acide oléique a également été donné, incorporé à l’aliment habituel (granulés SARB)
à des animaux non à jeun d’environ 140 g.
Après un temps variable (en général 8 ou 16 h), suffisant pour la pénétration des lipides dans
presque tous les plis de la muqueuse intestinale, les truitelles sont sacrifiées par section des ver- tèbres cervicales. La paroi abdominale est rapidement ouverte. Le fixateur est injecté dans la
lumière intestinale, puis versé sur les viscères, toujours en place. La partie antérieure de l’intestin
(intestin « grêle ») qui suit les caecums pvloriques est ensuite prélevée et plongée dans le fixateur
à 4°C. Des fragments plus petits ne sont découpés qu’après i heure, lorsque cette opération n’en-
traîne plus de déformations.
En microscopie électronique, deux fixateurs sont utilisés :
a) le tétroxyde d’osmium à 2 p. ioo dans le tampon phosphate o,2 M, pH 7,3 (MILLONIG, ig6i) pendant 2à ¢ h.
b) le glutaraldéhyde à 4p. 100dans du tampon phosphate 0,1 M, pH 7,3, pendant i heure, suivi, après un lavage de 10mn à 4o h dans du tampon 0,15M, de tétroxyde d’osmium à i p. 100 dans du tampon 0,1 M pendant i heure.
Toutes les pièces sont déshydratées dans l’acétone suivant le même protocole (acétone à
¢$ p. 100 : 2 x 5 mn, 70 p. 100 : 3 x 5 mn, 90 p. ioo : 3 x 5 mn, 100 p. 100 : 2 x 5 mn,
100p. 100- Epon 3X30 mn), imprégnées et incluses dans le mélange Epon 812 : 10v, DDSA
1
8 v, HHPA i v, DMP 301 v (d’après Firrcx, i96o).
Les coupes ultrafines sont contrastées par l’acétate d’uranyle (i p. 100dans l’alcool à 70°) pendant 20 mn et le citrate de plomb (REYNOLDS, 1963) pendant 10mn, puis recouvertes d’un film de carbone et observées à l’Elmiskop 1 Siemens. Certaines coupes sont traitées par la méthode OTO (SELIGMAN et al., i966).
En microscopie photonique, les coupes sériées semi-fines (0,8 !t) des pièces incluses dans
l’Epon sont colorées par le Bleu de Toluidine (i p. 100dans une solution aqueuse de NA,CO, à
2 ,
5 p. 100) et différenciées à l’alcool.
Pour caractériser les lipides, des fragments fixés au glutaraldéhyde, voisins de ceux utilisés
en microscopie électronique (IDELMAN, 1965) ou prélevés sur des intestins fixés au formol-calcium de Baker sont coupés au cryostat. Les coupes successives (9 à 15 [1.) d’un même fragment sont
traitées les unes par le Noir Soudan B, les autres par le Bleu de Nil (LisoN, ig6o).
RÉSULTATS
I. - Structure de la muqueuse intestinale de Truite
La couche
épithéliale
et unepartie
du tissuconjonctif sous-épithélial
sont dis-posées
enplis qui
assurent le relief de la muqueuse. Sur des coupes sériéesparallèles
à l’axe de
l’intestin,
lesplis apparaîssent
libres dans leurpartie supérieure.
Aucontraire,
dans leurpartie inférieure,
ils sont reliés entre eux et délimitent des al- véolesjuxtaposés
de sectionhexagonale
oupentagonale.
a) Épithélium
L’épithélium
est formé de cellules absorbantes et de cellules à mucusqui s’ap- puient
sur une basale. Entre cescellules,
se trouventégalement
desleucocytes
etparfois
des cellulespiriformes («
pearshaped
cells»).
Il n’existe pas de différenciationéquivalente
auxcryptes
de I,ieberkühn.La membrane
plasmique
libre des cellules absorbantesprésente,
à la base desmicrovillosités,
desinvaginations
formant un réseau de tubules et de vésicules(fig. i).
Ce réseau
s’étend,
à travers la zoneapicale, jusqu’au
niveau de la zonesous-apicale
où se trouvent des tubules du reticulum
endoplasmique
et desmitochondries,
maisne
communique
pas,d’après
nosobservations,
avec le reticulumendoplasmique
dont les membranes sont moins
épaisses.
Les cellules absorbantes
épithéliales
sont unies entre elles au niveau de la zoneapicale
par une « zone d’occlusion» (zonula occludens)
et unerangée
de desmosomesjuxtaposés.
En dessous de ceniveau,
elles ne sont reliées que par des desmosomes isolés.Les membranes
plasmiques
latérales de cellules voisines ne forment pas d’inter-digitations.
Les membranes
plasmiques
basales et latéralesprésentent
desinvaginations aplaties, généralement
en forme derubans, qui constituent,
à l’intérieur de la celluleabsorbante,
les « structures lamellaires »(a
lamellar structures») .
La basale
sous-épithéliale apparaît
comme une couche de matériel finementfibrillaire, rectiligne
ou sinueuse suivant la contraction desplis
de la muqueuse.Elle
présente
uneépaisseur régulière
d’environ 0,1fi. sauf au niveau de zones aminciesgénéralement
situées en dessousd’espaces
intercellulairesépithéliaux
très dilatés.Des
interruptions
de la basale surplusieurs microns, correspondant
dans certainscas au passage d’un
leucocyte,
sontégalement
observées.b)
Tunicapropria
Le tissu
conjonctif sous-épithélial
ou tunicapropria
estcomposé
par divers éléments cellulaires(cellules conjonctives
àlongs prolongements cytoplasmiques,
fibres musculaires
lisses,
fibres nerveuses,leucocytes) baignant
dans leliquide
interstitiel
parmi
des fibres decollagène.
Sonirrigation
est différente suivant le niveau du mêmepli.
i. Dans la
partie supérieure
libre desplis
et dans les cloisons des alvéoles formés par la base desplis,
le tissuconjonctif,
réduit parrapport
àl’épithélium,
n’estirrigué
que par descapillaires sanguins
de 5 à 10fi. de diamètre.La lumière de ces
capillaires
est limitée par des cellules endothéliales unies par des cc zones d’occlusion » de leur membraneplasmique. L’épaisseur
de laparoi
atteint
plusieurs
microns au niveau du noyau mais se réduit ailleursjusqu’à
500A.
Dans ces zones
minces,
laparoi
endothéliale estpercée
de fenestrations(ou pores)
circulaires d’un diamètre de 800 à i ooo
A.
A ceniveau,
la lumière ducapillaire
n’est
séparée
de l’extérieur que par undiaphragme
d’environ 4oA d’épaisseur.
Cediaphragme présente
le mêmeaspect
que lesplus
externes des trois feuillets de la membraneplasmique
etapparaît
en continuité avec lui(fig. 8).
Dans les zones les
plus épaisses,
lecytoplasme
des cellules endothéliales contient de nombreuses vésicules depinocytose
d’un diamètre de i oooA environ,
bordéespar une membrane de
type plasmique.
Certaines vésiculesqui
débouchent soit du côté de lalumière,
soit de l’autrecôté, apparaissent
obturées par undiaphragme
semblable à celui des pores
(fig. 8).
Ces
capillaires sanguins
sont entourés par une basale trèsirrégulière
et lâchequi
sedistingue
nettement de la basalesous-épithéliale.
z. Au niveau de la
jonction
desparois
desalvéoles,
le stroma estplus développé
et ceci d’autant
plus qu’on
serapproche
de leur base. Dans chacune de cesjonctions,
on reconnaît une
artériole,
une ou deux veinules et un vaisseaulymphatique.
Enmicroscopie photonique,
ce dernier sedistingue
des veinules par l’absenced’éry- throcytes
dans sa lumière etla présence
de nombreuxgranulés
dans saparoi (fig.
i let
12 ).
Enmicroscopie électronique,
le vaisseaulymphatique apparaît
délimité par des cellules endothéliales àlongs prolongements cytoplasmiques.
Certains se che-vauchent de
façon
lâche et d’autres sont liés par des « zones d’occlusion ».Les corps denses
intracytoplasmiques
sont entourés par une membrane. Lescellules endothéliales ne sont pas
accompagnées
par une basale(fig. 13 )
ets’appuient
directement sur les fibres de
collagène
environnantes.Les vaisseaux
lymphatiques
dans leurpartie supérieure,
c’est-à-dire au niveau de la mi-hauteur environ desplis
de la muqueuse, sontlargement
ouverts surl’espace
interstitiel de la tunica
!o!t’a.
A la base desplis,
les vaisseauxlymphatiques
sontclos et
communiquent
entre eux, formant un réseauqui
entoure le réseau artériel et le réseau veineux situés au-dessus du stratumcom!actum.
c)
Stratumcompactum
et stratumgranulosum
Entre le tissu
conjonctif
lâche de la tunicapro!ria
et latunique musculeuse,
se trouve une couche formée de faisceaux de fibres de
collagène (stratum com!actum)
bordée de
part
et d’autre par des cellulesgranuleuses,
constituant le stratum gra- nulosum.Le stratum
granulosum
et le stratumcompactum
sont traversés par des artérioles et veinulesqui
relient les réseaux de la muqueuse aux vaisseauxsanguins
situésentre les couches musculeuses circulaires et
longitudinales.
Il n’existe pas detunique
sous-muqueuse ni de réseaux
sanguins
sous-muqueux. Les vaisseaux situés entre les deux couches musculeusescommuniquent
avec les artères et veines situées entre la musculeuselongitudinale
et la séreuse.Des vaisseaux
lymphatiques accompagnent
les vaisseauxsanguins
à ces diffé-rents niveaux de la
paroi.
Les vaisseauxlymphatiques
sontcependant
trèsréduits,
au
point
deparaître complètement obturés,
au niveau du stratumcom!actum
alorsque ceux
qui
forment le réseau de la tunicapropria
sont dilatés.II. -
T y anspovt
deslipides
dans la muqueuse.a)
Observations ermicroscopie Photonique
sur lescoupes
àcongélation
Huit heures
après
l’administration d’un des acides gras étudiés à des truites acclimatées à7 0 C
et mises àjeun,
une coloration par le Noir Soudan est observée dans les cellules absorbantes du sommet d’unepartie
desplis
de la muqueuse. La substancesoudanophile
est visible sous forme diffuse dans tout lecytoplasme
dela cellule absorbante sauf la zone
apicale.
Elleapparaît plus
concentrée au niveau del’appareil
deGolgi
et des espacesintercellulaires,
enparticulier après
adminis-tration d’acide
stéarique. Après
administration d’acideoléique
oulinoléique,
lecytoplasme
de la cellule absorbanteapparaît généralement complètement
envahi.Les observations effectuées 16 h ou 28 h
après
administration de l’acide gras montrent uneprogression jusqu’aux
cellules absorbantes des flancs et de la base desplis.
A cestade,
la substancesoudanophile
estprésente
enquantité
notabledans les interstices de la tunica
propria.
Elle forme des accumulationscompactes
dans le réseau des vaisseauxlymphatiques
de la base de la muqueuse, maisn’ap- paraît
pas, aux stadesétudiés,
dans les vaisseauxlymphatiques
des autrestuniques
de la
paroi
intestinale. La substancesoudanophile
est absente du stratumcom!actum
et du stratum
granulosum.
Elle estvisible,
sous formediffuse,
dans leplasma
descapillaires sanguins
de la tunicapropria,
ainsi que dans celui des veines et artères des différents niveaux de laparoi.
Chez les truites acclimatées à
7!C
mais non àjeun,
ainsi que chez les truites acclimatées à 220C et àjeun, l’absorption
concernedéjà
presque tous lesplis
de lamuqueuse 8 h seulement
après
l’administration de l’acide gras.L’aspect morpholo- gique
del’absorption
est le même que chez les animaux acclimatés à7 0 C
et àjeun.
Le Bleu de Nil donne une coloration rose dont la localisation
correspond
àcelle du Noir Soudan dans la cellule absorbante et aux différents niveaux de la tunica
Propria.
b)
Observations enmicroscopie électronique
i.
Aspect
deslipides.
En
microscopie électronique,
leslipides peuvent
êtreidentifiés,
à différents niveaux de la muqueuse, sous forme departicules (LP)
de section circulaire.Chaque particule
est constituée par un noyauhomogène, d’opacité
variable suivant l’acide gras administré et lestechniques utilisées,
limité par une borduretoujours
sombre.Le diamètre
apparent
desLP,
mesuré sur lesélectromicrographies, présente
des variations dues en
particulier
à l’incidence des coupes. Lesplus grandes
valeursobtenues à différents niveaux de
l’épithélium
et du stroma, pour les différents casétudiés,
nedépassent
pas 0,2 !..Après
administration d’acideoléique
oulinoléique,
leslipides apparaissent également
dans la cellule absorbante sous une autre forme que celle departicules.
Il
s’agit
deslipides
« étalés oqui
seront décrits ailleurs(B ERGOT
etFi,ÉC H :O N , z 97 o).
2
. Localisation des
particules lipidiques (I,P).
Dans
l’épithélium,
les LP ont été observées :- à l’intérieur des tubules du reticulum
endoplasmique,
à tous les niveauxde la cellule absorbante à l’exclusion de la zone
apicale.
Leslipides apparaissent
absents des
invaginations
de la membraneplasmique
dans larégion apicale
et sous-apicale.
Eneffet,
avec le traitement par l’acétated’uranyle
et le citrate deplomb,
le contenu de ces
invaginations apparaît
denseaprès
la double fixation(fig. 2 )
etclair,
sauf un revêtementirrégulier
accroché auxparois,
avec la fixationsimple (fig.
i et3 ),
alors que les LPapparaissent
clairsaprès
double fixation(fig. 2 )
et densesaprès
fixationsimple (fig.
i et3 )
à l’intérieur du reticulumendoplasmique.
Cettelocalisation a été confirmée par la méthode OTO
(fig. 4 ) ;
- dans les vésicules de
l’appareil
deGolgi (fig. 5 )
et,occasionnellement,
dansl’espace périnucléaire ;
- dans la lumière d’une
partie
des « structures lamellaires !·,principalement
à la
partie
basale des cellules absorbantes. Les membranesplasmiques qui
les cons-tituent ne sont alors
plus parallèles
comme chez les animaux àjeun
mais délimitentun espace de section circulaire
rempli
deLP ;
- dans les espaces intercellulaires de
l’épithélium.
Des LP sontparfois
obser-vées immédiatement sous la bande de desmosomes
apicaux
mais les accumulations lesplus importantes
se rencontrent àproximité
de la basale(fig. 6).
Des LP sontvisibles en contact avec cette lame mais pas au milieu du
feutrage
de fibrillesqui
la constitue.
Dans la tunica
propria,
les LP ont été observées :- dans les espaces
intercellulaires, parmi
les fibres decollagène (fig. 7 ) ;
- entre la basale des
capillaires sanguins
et la membraneplasmique
des cellules endothéliales(parfois
au contact dudiaphragme
d’unpore),
dans unepartie
desvésicules
pinocytotiques
de ces cellules et dans la lumière descapillaires sanguins,
entre les
érythrocytes (fig. 9 - 1 0) ;
- dans le
plasma
et,exceptionnellement,
dans laparoi
des veinules et des artérioles de la base desplis
de la muqueuse ;- dans la lumière des vaisseaux
lymphatiques (fig. 13 ),
ainsi que dans les espaces délimités par le chevauchement lâche de leurs cellules endothéliales.DISCUSSION
I. - Structure de la muqueuse intestinale de Truite
Les
plis
de la muqueuse intestinale de Truitequi
forment unréseau,
au moinspar leur
partie inférieure,
nepeuvent
être assimilés à des villositésaplaties.
Eneffet,
ils ne contiennent pas de lactéale dans leurpartie supérieure
libre et les alvéolesformés par leur base ne
correspondent
pas à descryptes
de Lieberkühn. Cette situa- tion neparaît
pasgénéralisable
à tous lespoissons.
On adécrit,
parexemple,
desvaisseaux
lymphatiques longeant
le bord libre desplis
de la muqueuse chez le Silureglane (BA LASH E V
etZ H E M TC HUZHNIKOV A, 19 66)
et descryptes
chez la Morue(BIS H O P
et
O DENS E, rg66).
I,’ultrastructure des cellules absorbantes observée chez des truitelles de 5o g
correspond
à celle décrite chez l’alevin de la mêmeespèce (I WAI , 19 68 a).
Les « struc-tures lamellaires »
apparaissent
dérivées de la membraneplasmique
et non du reti-culum
(Y AMAMO T O , 19 66).
Les
capillaires sanguins
observés dans la tunicapropria correspondent
autype B- 2 -oc, d’après
la classification de BENNET et al.(Ig59)!
Des endothéliums fenestrés ont été décrits chez des Téléostéens
(O ZAKI , 19 65)
et les
Mammifères,
enparticulier
dans les villositésintestinales,
mais lasignification
des fenestrations reste discutée
(’VI AJNO , ig65 ; K ARNOVSKY , 19 68).
La
présence
d’undiaphragme
obturant des vésiculespinocytotiques
ouvertessoit du côté de la lumière du
capillaire
soit du côtéopposé
aégalement
étésignalée
chez les Mammifères
(K ARR E R
etCox, 19 6 0 ;
PANADE et BRUNS,19 68).
Les dia-phragmes
de ces vésicules et des poresparaissent identiques.
Leurépaisseur
ne cor-respond
pas à celle de la membraneplasmique
des cellulesendothéliales,
contraire-ment au schéma de RHODIN
(rg6z).
Ilsprésentent
le mêmeaspect
que le feuillet externe de la membraneplasmique
conformément àl’opinion
de LUFT( 19 6 4 ).
Ilparaît possible d’interpréter
lesdiaphragmes
comme desimages
transitoires d’untransport
parpinocytose
et de considérer les pores comme un casparticulier
de cetransport
dans les zones moinsépaisses
del’épithélium (Ko B n Y AS H r, 19 68 ;
LUDAT-SCH E
R et
STE HB ENS, z969).
Contrairement aux observations de YAMAMOTO
( 19 66)
chez le Poisson rouge,nos
électromicrographies
montrent laprésence
d’une basale autour descapillaires sanguins
de Truite.L’irrégularité
et la minceur de cette basale nous semblent descaractéristiques
structuralesimportantes.
Eneffet,
dans les villosités de diversMammifères dont
l’Homme,
une basale continue et dense entoure lescapillaire:
sanguins (PAPP et al., zg62 ;
PALAY etKA RL I N ,
1959;Do BB rrrs, ig66).
Des vaisseaux
lymphatiques
n’avaient pas encore été décrits à notre connaissance dans la muqueuse intestinale de Truite. Leurparticularité
tient à une localisation limitée aux axes formés par lajonction
desplis
et à la base desplis
de la muqueuse.L’absence de basale autour des vaisseaux
lymphatiques
et la nature lâche des liaisons entre les cellules endothélialesqui
forment les extrémités de ces vaisseaux corres-pondent
à cequi
a été décrit ailleurs(Mn!rro, rg6 5 ).
Lasignification
des corpsdenses, particulièrement
nombreux dans lecytoplasme
des cellules endothéliales des vais-seaux
lymphatiques
de Truite reste à élucider. Chez les Mammifères ils sont inter-prétés
comme deslysosomes (P APP
etal., 19 6 2 ).
II. -
Transport
deslipides
dans la muqueusea)
Forme detransport.
Les LP observées chez la Truite
présentent
le mêmeaspect
que leschylomicrons
décrits chez les Mammifères et l’Homme
(K AY
etR OBINSON , 10 6 2 ; CASr,!y-SMiTH, 1962 ;
BWRMnrr etal., 19 66 ; SC H OEF L , ig68),
mais s’en différencient par un diamètretoujours
inférieur à o,2 vproche
de celui deslipoprotéines
de très basse densitéd’origine hépatique (J ONES
etal., rg6 7 ;
RuD!xnzArr etal., rg68).
Les critères utilisés pour identifier les LP
(apparition,
au bout d’untemps
variable suivant lesconditions, après ingestion
d’acides gras chez les animaux àjeun, morphologie
etcolorabilité,
contraste par la méthodeOTO) permettent
dene pas les confondre avec d’autres structures.
Histochimiquement
cesparticules apparaissent
constituées essentiellement detriglycérides
et paranalogie
avec leschylomicrons
et leslipoprotéines
de très bassedensité,
onpeut
penser que la bordure densequi
les entourecorrespond
à une enve-loppe
contenant desphospholipides
et desprotéines (IssEr.BACH!R, 19 66).
b)
Localisation et voie detransport.
I
.
Épithélium.
La localisation des
particules lipidiques
dans la cellule absorbante de Truite(reticulum endoplasmique,
vésiculesgolgiennes,
espacepérinucléaire) correspond
àcelle des
chylomicrons
dans les cellules absorbantes de Mammifères(P AI . AY
etK ARUN ,
I959 !
PA!,Ay, 19 6 0 )
et de Poulet(H OLMAN , 19 68).
L’absence de substances
osmiophiles
dans lesinvaginations
de la membraneaprès application
de la méthode OTO confirme l’absence depinocytose
delipides
chez la Truite
(B ERGOT
etV ODOVAR , ig6! ; I WAI , 19 68 a).
Faute depouvoir
identi-fier,
enmicroscopie photonique
ouélectronique,
les acides gras dans la zoneapicale,
on
peut
penserqu’ils
peuvent diffuser à travers cette zone sans s’accumuler(CaxD!!,!,
et
al., 19 6 7 ),
à moinsqu’ils
ne soient paspréservés
par la fixation. La substanceosmiophile
localisée dans le reticulumendoplasmique correspond
à destriglycérides
à l’état estérifié
(test
du Bleu de Nil enmicroscopie photonique),
mais latopographie
des différentes
étapes
de l’estérification reste indéterminée chez la Truite.Les structures
lamellaires, caractéristiques
des cellules absorbantes de Poisson(Ozaxi, ig6 5 ),
ne semblentintervenir,
en cequi
concernel’absorption
des acidesgras, que comme un lieu de passage, éventuellement
d’accumulation,
desLP,
aumême titre que les espaces intercellulaires
épithéliaux
aveclesquels
elles commu-niquent.
Un rôle dans leséchanges
minéraux a été attribué à ces structures(!
AMAMO T O
, 19 66).
L’importance
des accumulations desparticules lipidiques
dans les espaces inter- cellulairesépithéliaux,
favorisée par l’absenced’interdigitations
entre cellules voi-sines,
laisse penser que la basale constitue un obstacle difficile à franchir.D’après
nos
observations,
le passage dans le stroma ne se ferait pas defaçon uniforme,
maisau niveau
d’interruptions
de la basaleprovoquées
soit par un étirement dû auxaccumulations de
chylomicrons,
soit par le passage delymphocytes.
2
. Tunica
propria.
La localisation des
particules lipidiques
dans la tunicapropria
de la muqueuse de Truite necorrespond
pas à cequi
a été observé chez les Mammifères. Chez lePorc,
leschylomicrons
sonttoujours
absents del’espace
situé entre la basale descapillaires sanguins
et les cellulesendothéliales,
ainsi que des vésiculespinocyto- tiques
de ces cellules et de la lumière descapillaires (V ODOVAR ,
FLANzY etPxA!rçois, 19
6 7).
Chez le
Rat,
MCKAY et al.( 19 6 7 )
décrivent deschylomicrons
dans la lumièredes
capillaires sanguins. Cependant
ils n’observent pasd’images
de passage et ilpeut s’agir
dechylomicrons
déversés par la voielymphatique
dans la circulationgénérale
et revenus dans l’intestin avec le sang artériel.Chez la
Truite,
aucontraire,
lesparticules lipidiques
sontprésentes
non seule-ment dans la lumière des vaisseaux
sanguins,
maiségalement
à différents niveaux de laparoi, suggérant
une évacuation desparticules
par voieportale.
Ces observa- tionss’opposent
à celles de GoxAx et I,ATm( 19 6 3 ) qui,
chez lepoisson
Cl:triaslazeva, soulignent
l’absence delipides
dans les vaisseauxsanguins.
La basale des
capillaires sanguins
de la tunicapropria
de Truiteprésente
lamême structure lâche que celle des
capillaires
nouvellement formés(F LOR E Y , 19 66)
ou de nouveau-nés
(S UTER
etM AJ rro, 19 6 5 ),
chez les Mammifères. Or la basale deces
capillaires
laisse passer leschylomicrons
à la différence descapillaires
normauxde l’adulte.
Le passage de
chylomicrons
de la lumière ducapillaire
àl’espace
entre lescellules endothéliales et la basale n’a pas
lieu,
dans les conditions normales chez les Mammifères(S CHOEFL
etF RENCH , 19 68).
Aucontraire,
un passage dechylo-
microns de
l’espace péricapillaire
à lalumière,
via les vésiculespinocytotiques
descellules
endothéliales,
a étérapporté
chez le Poulet(G RANEY , 19 6 7 ),
confirmant les résultats obtenus par voiebiochimique (N OYAN et al., ig6 4 ).
Les zones d’occlusion entre les cellules endothéliales
s’opposent
à un passageextracellulaire des LP
(KAx!rovsKy, 19 68).
Laprésence
de I,P dans certaines des nombreuses vésiculespinocytotiques, indique
que celles-cipeuvent
assurer entreautres
fonctions,
leurtransport
à travers l’endothélium. Le rôle des pores est moins clair car, s’ilspeuvent correspondre
à des vésicules depinocytose
endécharge (PA-
r,AD! et
BRUNS, 19 68),
il estpossible
que leurdiaphragme agisse
comme un filtreréservant ce
transport
à d’autres substances que les LP.Devant l’accumulation des LP dans le réseau des vaisseaux
lymphatiques
situé à la base de la muqueuse, on
peut
penser que l’évacuation de lalymphe
esttrès lente. Ceci
pourrait
être dû à laprésence
du stratumcom!actum.
Des accumu- lationsimportantes
delipides
dans la muqueuse ont été observées chez le Saumonroyal,
pourvu comme la Truite d’un stratumcompactum (G R EE N E, i 9 i 3 ).
Cette couche estsusceptible
de déformations suivant la contraction de latunique
musculeuse(BU
RN ST O C K
, 1959 ). L’obturation
des vaisseauxlymphatiques
au niveau du stratumcompactum indiquerait alors,
s’il nes’agit
pas d’un effet de lafixation,
que l’évacua- tion de lalymphe
de la muqueusedépend
des mouvements de laparoi
intestinale.Reçu pour publication en avvil 1970.
SUMMARY
FORM AND PATHWAY OF LONG CHAIN FATTY ACID INTESTINAL ABSORPTION IN RAINBOW TROUT. 1. - LIPIDES PARTICLES
The small intestinal mucosa of rainbow trout, about 50 g w.. acclimatized at 70C or 22°C,
was studied by light and electron microscopy. Mucosal folds are reticulated. In the free upper part of the fold, blood capillaries with loose and irregular basement lamina and with hightly
fenestrated and vesiculated endothelium were observed. Lymphatic vessels are located in the basal part of the fold intersections.
After giving a long chain fatty acid (oleic, linoleic or stearic) to fasted animals, no particulate lipid was detected in the apical plasmic membrane invaginations of the epithelial absorbing cell.
Lipid particles, less than 0,2 [1. in diameter were observed :
a) in the endoplasmic reticulum, golgi vesicles, perinuclear space and lamellar structures of the absorbing cell ;
b) in intercellular spaces of epithelium and tunica propvia, on each side of the prominent epithelial basement lamina ;
c) between the blood capillary basement Lamina and the endothelium, in some pinocytotic
vesicles of endothelial cells and in the capillary lumen ; d) in the lumen of mucosal lymphatic vessels.
The epithelial absorbing cell in trout as in other vertebrates appears to be able to esterify dietary long chain fatty acids, and export them in a form similar to chylomicra or very low density lipoproteins. It is suggested that these particles may leave the trout intestine by two pathways : portal (as in the chicken) and lymphatic (as in mammals). The effectiveness of each pathway
in the trout has yet to be demonstrated.
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