PROPORTION DES SEXES («Sex-ratio»)
CHEZ LES VOLAILLES
I. - RÉSULTAT GLOBAL ET CONSIDÉRATIONS
THÉORIQUES
Ph. MERAT Station de Recherches avicoles,
Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMMAIRE
Sur environ r5o 00o
poussins pedigree
de diverses races, appartenant ilplusieurs
troupeaux, laproportion
des sexes à 8 semainesd’âge,
au total, ne s’écarte passignificativement
de i/i. Il en est de même pour les données relatives à 16 familles à ioo p. ioo d’éclosion(nés/incubes)
et de surviejusqu’à
8 semaines.Le résultat est comparé aux travaux antérieurs. Une discussion
théorique
montre que la pro-portion
des sexes à l’éclosion sur les seules familles ayant éclos à roo p. roo estreprésentative
de laa sex-ratio secondaire » de la
population
et non de sa « sex-ratioprimaire )), qu’elle
ne permet donc pas d’évaluer avec une totale sécurité. Le même raisonnements’appliquerait pour la
« sex-ratio » observée à un âge ultérieur.INTRODUCTION
Les ob servations sur la
proportion
des sexes(«
Sex-ratio»)
chez lesvolailles,
soità l’éclosion
(«
sex-ratio secondaire»),
soitplus
tard(«
sex-ratiotertiaire »),
sont asseznombreuses,
les unes mettant en relief laproportion globale
des sexes sur l’ensembledes
données,
d’autres concernant des causes de variationspossibles, génétiques
ounon.
Cependant,
très peu de ces résultatspermettent
de tirer une conclusion sûre vis- à-vis de laproportion
des sexes à lafertilisation,
ou « sex-ratioprimaire
n.Nous avons cherché
précisément,
d’unepart
si nos donnéespermettaient
de déceler un écart de la « sex-ratioprimaire
»globale
vis-à-vis de laproportion 1/1 ,
de l’autre si certains
facteurs, génétiques
ouextra-génétiques, pouvaient
faire variercette « sex-ratio
primaire
».L’article
présent
concerne lepremier point.
Parmi les travaux antérieurs se
rapportant
à laproportion globale
des sexes àl’éclosion ou
plus
tard chez lesvolailles,
etprésentant,
pourcertains,
deshypothèses
sur la « sex-ratio
primaire
», ceux antérieurs à 1949 sontrécapitulés
par Huzr(1949,
p.
457-46 1 )- Depuis,
d’autres résultats ont étépubliés,
parexemple
ceux de HAYS(
1952
et1954 ) ;
RAYS et SPEAR( 1952 ) ;
GODFR>~Yet al.(ig55) ;
COLES(1956
et1957) ;
I,ANDAUER
(1 957 ) ;
CHAMPION( 19 6 0 ).
Certaines de ces donnéesportent
sur des effec- tifs considérables. Laproportion
des sexes à l’éclosion s’écarteparfois quelque
peu dei/i,
mais il faut noter que, dans certains cas, le sexe était déterminé par examendu
cloaque
ou de la couleur duduvet,
cequi peut parfois comporter
unléger
pourcen-tage
d’erreurs.Au
total,
iln’apparaît
pas de déviations très nettes parrapport
à laproportion
de 50 p. cent de
mâles,
et en tous cas, ces données nepermettent
pas de tirer de conclusions absolument sûres pour la « sex-ratioprimaire
»,quoique
les résultats de COLES sur des
Leghorn
blanchesapportent
uneprésomption
en faveur d’un excès de femelles à la fertilisation.Certains auteurs
(Ha y s,
1945, cité par HuTT ; L.!xDau!x, ig5! ;CHAMPION, ig6o)
ontpublié
laproportion
des sexes dans la descendance depoules ayant
donnéioo p. 100 d’éclosion
(poussins nés/oeufs
mis enincubation),
cequi représente donc, Pour ces familles,
la « sex-ratioprimaire
». Lesproportions
trouvées ne s’écartent passignificativement
de1/1 .
MATÉRIEL
Nos propres résultats portent sur environ r5o 00o
poussins pedigree
deplusieurs
souches( 1 )
éclos dans
plusieurs
troupeaux entre 1948 et i96z. Le sexe était déterminé àl’âge
de 8 semaines avecvérification à io semaines. Les nombres de 3 et de observés sont
respectivement
de 74 2g et 73 668.RÉSULTATS
De même que
beaucoup
des résultats antérieurscomparables,
ces données nefont pas
apparaître
d’écartappréciable
vis-à-vis de laproportion 1/1 (x 2
= 2,i4; 1P =
0 , 10 - 0 , 20 ),
et, nepermettent
pas de tirer une conclusionprécise
sur la propor- tion des sexes à la fertilisation. Notre but essentiel étaitplutôt d’analyser
certainescauses
possibles
de variation de cetteproportion,
et les résultatscorrespondants
seront
présentés séparément. ( 2 )
Nous avons en outre, extrait de l’ensemble de ces données les couvées des fa- milles de demi-frères et demi-soeurs de même
père ayant
eu 100 p. 100 depoussins
nés et
ayant
survécujusqu’à
8semaines,
parrapport
aux oeufs incubés. Sur l’ensemble de cescouvées,
au nombre de1 6,
laproportion
des sexes était de 103ç q
pour 939,
cequi,
pour ces familles et cescouvées, représente
la « sex-ratioprimaire »,
et ne s’écartepas
significativement
de laproportion 1/1 .
(i) Comprenant des Wyandottes. Rhode-Island rouges, Sussex, Marans, Bresse, et deux races synthétiques
dénommées « Jouy » et « Vilvert D. _
( 2
) Ces
résultats amènent à nuencer la conclusion globale et la font apparaître comme une première approximation.Toutefois,
on nepeut
considérer sans réserve ces données commereprésentatives
de la « sex-ratio
primaire
» de l’ensemble de lapopulation,
comme nous allons le montrer.Discussion
théorique
relative aux conclusionspossibles quant
à la « sex-ratioprimaire»
»Pour tirer des conclusions aussi
précises
quepossible
sur la « sex-ratioprimaire »,
la méthode la
plus
directe consiste à déterminer le sexe desembryons
morts, dans lamesure
maximum,
defaçon
à restreindre au minimum laproportion
dezygotes
desexe indéterminé. CûLES
( 1957 ) présente, ainsi,
des données où lesembryons
sont sexésà
partir
de7 -8 jours
d’incubation. Le «résidu »,
constitué enpartie d’embryons
mortstrès
tôt,
laisse doncplace
à unepetite
incertitude.Le choix de familles ou de groupes
ayant
eu 100 p. 100depoussins
éclos par rap-port
aux oeufs mis en incubation semble àpremière
vueéchapper
à cet inconvénient.Il
fournit,
eneffet,
directement la « sex-ratioprimaire
» desfamilles
ou des groupesen
question. Cependant,
un examenthéorique
de laquestion, présenté ici,
montre que la « sex-ratio » ainsi relevée n’est pas nécessairement une estimation sans distorsion de la « sex-ratioprimaire
» dans lapopulation
dont fontpartie
les familleschoisies,
contrairement à ce
qu’ont
admisimplicitement plusieurs
auteursdéjà
cités(H AYS ,
I945 !
LANDAUER, I(!57, CHAMPION, I960).
Nous raisonnerons seulement sur la « sex-ratio » relevée à
l’éclosion,
mais un raisonnementanalogue
esttransposable
à la « sex-ratio tertiaire ».Si la sex-ratio secondaire diffère de la sex-ratio
primaire,
celasignifie
que la pro- babilité d’éclosion deszygotes p x
et celle deszygotes 9,
sur l’ensemble de lapopulation,
sont dans un
rapport d,
différent de I.Il suffit alors de remarquer que la
probabilité
pourqu’une
famille ait 100p. Ioo d’éclosion n’est pasindépendante
de sa « sex-ratioprimaire
».Soit P
la « sex-ratioprimaire » (probabilité
de formation d’unzygote çq
à la fertili-sation),
r laprobabilité
d’éclosion desd ’
dans une famille déterminée et y d celles des9, d
étantsupposé,
poursimplifier,
le même dans toutes lesfamilles,
ainsique ! (Si
det !
variaient suivant lesfamilles,
onpourrait
considérer leur valeur moyenne surl’ensemble de la
population).
Soit en outre n le nombre d’oeufs fécondés et mis à incuber dans une famille.
La
probabilité
pourqu’une
famillequi comporte x
mâles sur nzygotes
fertiles ait 100p. 100d’éclosion est :qui dépend
évidemment de x.Autrement
dit,
l’échantillon des familles à 100p. 100d’éclosion n’est pasrepré-
sentatif de la
population,
dupoint
de vue de laproportion
des sexes.Précisons
ceci,
en évaluant laproportion
des sexes dans l’ensemble des familles à 100p. cent d’éclosion.La
probabilité P x
pourqu’une
famille de nzygotes
fertiles ait x mâles à la ferti- lisation est :Ceci
étant, appelons Pi
laprobabilité
pourqu’une
famillequi comporte x
mâlessur n
zygotes
fertiles ait ioo p. ioo d’éclosion.Elle est,
comme nous l’avons vu :et la
probabilité p!’
de trouver une familleayant x
mâles sur nzygotes
fertiles et100p. ioo d’éclosion est :
Enfin,
laprobabilité
conditionnelle pourqu’une
famillequi
a 100p. 100d’éclo-sion sur l’échantillon observé
comporte x
mâles sur nzygotes
est :On vérifie que ce
rapport
estindépendant
de r, seul facteursupposé
variablesuivant les
familles,
etqui
s’élimine haut et bas.Pour
préciser l’expression trouvée,
posons :En divisant haut et bas
l’expression
deII x
par[! !--
d(l-p)Jn,
etremplaçant fi
par sa valeur en fonction de!’,
on aboutitsimplement
à :Ce
qui
est évidemmentl’expression
d’une loi binomiale deparamètre p’.
Or,fi’ représente
par définition la « sex-ratio secondaire dans lapopulation, probabilité
du
sexe (! parmi
leszygotes
éclos( 1 ).
Ceci revient à dire que la « sex-ratio n des familles à 100 p. 100 d’éclosion est,
avec nos
hypothèses
dedépart,
une estimation sans distorsio n de la « sex-ratio secondaire » de lapopulation
et non de sa « sex-ratioprimaire
n,qui
reste dans cesconditions
inconnue,
du moins à l’intérieur de certaines limites. Il ne semble doncpossible
de progresser avec sûreté dans l’estimation de cette dernièrequ’en
cher-chant à déterminer directement le sexe du
plus grand pourcentage possible d’embryons.
Reçu pouy
Qublication
en octobre 1962.SUMMARY
SEX-RATIO IN TIIE FO«’L. I
On about 15000o chicks from several flocks and various breeds, the sex ratio at 8 weeks of age
(tertiary
sexratio),
for the total, does not deviatesignificantly
from 50p. cent. The same is true for the total of r6 families with 100per centhatching
percentage and survival to 8 weeks.The result is
compared
withprevious works.
A theoreticalanalysis
shows that the sex ratio athatching
for the sole families having a ioo per centhatching
percentage is an unbiased estimate of thesecondavy
sex ratio of thepopulation,
and not of theprimary
one ; hence, this does not seem tobe an
appropriate
method forevaluating
the latter.( 1
) On aurait pu exprimer ceci plus succinctement en remarquant que, sous nos hypotheses, la probabilité
pour qu’un individu éclos soit un male est ind6pendante de son appartenance, on non, a une famille a ioo p.
cent d’6closion.
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