Processus de contamination des eaux par les produits
phytosanitaires
Sylvie GUIET – CRA Bretagne
Source: INRA UMR SAS Chantal Gascuel
Formation « Diagnostic des parcelles à risque de transfert
des produits phytosanitaires » (DPR 2 Phytos)
Sommaire
• Les objectifs de qualité d’eau
• La dispersion dans l’environnement
• Les dynamiques dans le sol
• Les distributions des produits phytos dans un BV
• Le processus de ruissellement
• Le processus de transfert via la nappe
• Synthèse
1. Les objectifs de qualité
• Santé humaine : les concentrations
• eaux distribuées :
– < 0,1 µ g/l : une matière active
– < 0,5 µ g/l: pour l’ensemble des matières actives
• eaux brutes :
– > 2 µ g/l : impropre à la consommation (2 µ g/l : valeur OMS)
• Santé des écosystèmes aquatiques : l’exposition
– Toxicité aigüe : test de toxicité et d’écotoxicité
– Toxicité chronique : les flux et les concentrations
1. Les objectifs de qualité
Une forte diversité de molécules
Des pics de concentration
SOL
Air Eau
Solide
Volatilisation 2% [0-90%]
Rétention
Infiltration Dégradation
POLLUTION EFFICACITE
Absorption Sol/biomasse
Sol/constituants
Phase Atmosphérique
Plante
Nappe, drains agricoles 0,6% [0-3%]
Tous les compartiments de l’environnement sont
touchés: eau-sol-air
La proximité de la nappe en bas de versant
>> 0,6% des transferts
2. La dispersion dans l’environnement
Deux repères : cas 1 – transfert par nappe
• Traitement de 500 g/ha
• Pluviométrie de 800 mm/an et ETP de 400 mm/an, soit une lame infiltrée de 400 mm
• Quantité potentiellement transférée =
dose ((g/ha) * 10 6 ) µg/ha / lame ((mm ou l/m²). 10 -4 ) l/ha
• 100% transféré 125 µ g/l
• 1% transféré 1,25 µ g/l
• 0,1% transféré 0,125 µ g/l
2. La dispersion dans l’environnement
Deux repères : cas 2 – transfert par ruissellement
• Traitement de 500 g/ha, traitement fortement adsorbé sur la fraction solide du sol, répartie dans le premier cm du sol à une teneur en eau de 40 cm3/cm3,
– Q eau = 13 g/ha ; Q solide = 487 g/ha
• On suppose une pluie de 10 mm qui transporte par
ruissellement le pesticide contenu dans les 2 premiers mm du sol
• La concentration de ces 10 mm d ’eau qui ruissellent est de 24 µg/l >> 0,1 µg/l
Produits phytosanitaires: une petite fuite a un impact fort!
Mettre en œuvre une combinaison de leviers d’actions
2. La dispersion dans l’environnement
Traitement Débit eau
Concentration
atrazine
3 µg/l
1,4 µ g/l
0,5µ g/l
- pertes : quelques % - en crue : 70%
- hors crue : 30%
- les fortes concentrations sont en crue
Bilan sur qq années :
Fuites = 1% des applications
CONCENTRATIONS EN ATRAZINE (Naizin, une année)Données IRSTEA
3. Distribution des produits phytosanitaires dans un BV
70% liées aux pluies et 30% à la connexion de la nappe au cours d’eau
Des pertes faibles (1%) mais suffisent au dépassement des normes
Les facteurs clés de la contamination des eaux
1. Les quantités appliquées dans l’année : BV, région, France 2. Les matières actives : mobilité, persistance
3. L’importance du ruissellement
Caractéristiques du sol : M.O. (battance), hydromorphie. Climat.
4. La recharge à la nappe : écoulements rapides
Caractéristique du sol : hydromophie à faible profondeur. Climat Drainage agricole : faible épaisseur de la Zone Non Saturée 5. La rétention et la dégradation des matières actives
Caractéristiques du l’horizon cultivé. Pratiques agricoles 6. La protection du cours d’eau (jachère, BE, haie…)
4. Distribution des produits phytosanitaires dans un BV
5. Processus de ruissellement
Ruissellement Hortonien (1933)
Pluie de forte intensité (orage de printemps,…)
Conductivité hydraulique faible
(croûte de battance)
Ruissellement de versant Sol bien drainé
Nappe profonde Contrôle par la surface
Ruissellement sur surface saturée
Pluie de fort cumul (train d ’averse,…)
Capacité de stockage faible :
« imperméable »
(sol peu épais, bas fonds humide, nappe proche de la surface,
semelle de labour,...) Ruissellement de « bas-fond »
Contrôle par le profil hydrique
Développement d ’un croûte de battance à la surface du sol
réduction de la capacité d ’infiltration du sol augmentation du ruissellement diffus
apparition de ruissellement canalisé et d ’érosion importante
Naizin, versant de Kerolland, hiver 2001
ruisseau Sommet de versant
Photo aval-amont Photo amont-aval
5. Processus de ruissellement
Ruissellement sur surface saturée :se produit sur les sols dont tout le profil est saturé (par le dessous), les pluies tombant sur ces surfaces ne peuvent pas s ’infiltrer et ruissellent vers la rivière
Pluie (P)
Pluie (P)
Ruissellement (R)
Ruissellement (R)
Sur les surfaces saturées
•
R=P•
pas d ’infiltrationnappe
rivière Sommet de versant
Affleurement de nappe
Figure : Photo (en haut) et coupe (à droite) d ’un versant montrant l ’effet de la présence d ’une nappe sur le ruissellement.
Zone affleurement de nappe:
zones humides de fond de vallée zones ripariennes
zones tampon
5. Processus de ruissellement
Quelques chiffres:
capacité d ’infiltration des sols > 10 mm/h
intensité moyenne horaire des pluies: 2000-2001-2002
•
Rennes (35): 2 fois/996 > 10 mm/h•
Naizin (56): 1 fois/1169 > 10 mm/h•
Plomelin (29): 3 fois/1523 > 10 mm/hCompte tenu des propriétés hydrodynamiques des sols et des intensités de pluie rencontrées
dans l’Ouest de la France, le ruissellement par dépassement de la capacité d ’infiltration se produit rarement sur les sols du Massif Armorcain sauf ...
Massif Armoricain :
5. Processus de ruissellement
intensité sur 6 min des pluies: 2000-2001-2002
•
Rennes (35): 40 mm/h -oct 00- (81 fois/996 > 10 mm/h)•
Naizin (56): 70 mm/h -juil. 00 (96 fois/1169 > 10 mm/h)•
Plomelin (29): 130 mm/h -aout 01- (124 fois/1523 > 10 mm/h)•
pluie d ’orage, intensités fortes sur quelques minutes•
surfaces imperméabilisées (routes, parkings, etc…),•
compactage (engins agricoles),•
développement de croûte de battance,Une trentaine de pluies ruisselantes/an en Bretagne
Des ruissellements toute l’année
D1 D2
D3 D4
6. Processus de transfert via la nappe
Parcelle saine Parcelle hydrom rophe
IP U D ff IP U D F F
05 -m ars N D N D 0,18 µg/l N D
12 -m ars 0,1 µg/l N D 0,38 µg/l N D
16 -m ars N D 0 ,1 µg/l 0,14 µg/l 0 ,2 µg/l
21 -m ars N D N D 0,33 µg/l 0,33 µg/l
ND : inférieur au seuil de détection
La contamination des eaux des drains est importante les drains interceptent la partie superficielle de la nappe présente dans les zones hydromorphes
- concentrations assez élevées - présence prolongée
Moyennement hydromorphe
Saine
Extension des surfaces saturées et relation avec le débit de crue:
Figure: exemple de variation d ’extension des surfaces saturées contributives et du réseau de drainage au cours d ’une crue
(Ambroise, 2000 d ’après Chorley, 1978).
Figure: Variation de l ’extension de la zone saturée, site du Mercy, bassin versant de Kervidy-Naizin.
D ’après Gascuel et al., (1999)
-Equipe SOLEAU,UMR SAS, INRA Rennes-
20% des surfaces saturées + réseau de drainage lors de la crue
6. Processus de transfert via la nap pe
0 50 100 150 200 250
altitude / rivière (m)
-5 0 5 10 15 20
min max PJ4 PJ3
PJ2 PJ1
distance à la rivière (m)
0 100 200 300 400 500 600
altitude / rivière (m)
0 10 20 30
max min PG2
PG3 PG4
PG5
PG6
0 50 100 150 200 250 300 350 400
altitude / rivière (m)
0 10 20 30
max PI1 min
PI2
PI4
PI3 (a) Kerolland
(b) Fournello
(c) Guériniec
Rôle de la haie de ceinture dans l’extension des surfaces saturées
Zone humide en aval d ’un talus
6. Processus de transfert via la nappe
Avec haie de ceinture
Sans haie de ceinture
Temps de transfert dans la nappe du bassin versant de Kervidy-Naizin (56)
crête
rivière
1100 j
Temps de transfert (j)
distance à la rivière / longueur de versant
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
0 300 600 900 1200
< 1 an
→forte variabilité des temps de transfert
En bas de versant les temps de transfert via la nappe sont rapides (35j)