R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
D ANIEL B ERNOULLI
Exposé d’une théorie nouvelle sur l’évaluation du risque
Revue de statistique appliquée, tome 19, n
o3 (1971), p. 5-18
<http://www.numdam.org/item?id=RSA_1971__19_3_5_0>
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5
EXPOSÉ D’UNE THÉORIE NOUVELLE
SUR L’ÉVALUATION DU RISQUE (1)
Daniel BERNOULLI
1.
Depuis
letemps
où les mathématiciens se sont mis à l’étude de l’éva- luation durisque,
laproposition qui
suit a rencontré un assentimentgénéral :
les valeurs
espérées
se calculent enmultipliant chaque gain possible
par le nombre despossibilités
del’atteindre,
et en divisant la somme desproduits
obtenus par le nombre total des cas
possibles,
étant bien observéqu’il
im-porte,
dans cettethéorie,
que les cas considérés aient tous la mêmeproba-
bilité. Si l’on admet cetterègle,
il reste, dans le cadre de laditethéorie ,
à énumérer toutes les variantespossibles,
à lesdécomposer
en casd’égale probabilité,
et enfin à les distribuer suivant des classescorrespondantes.
2. Un examen
adéquat
des nombreuses démonstrationsqui
ont été données de laproposition ci-dessus,
faitapparaftre
que toutesreposent
sur une mê-me
hypothèse,
savoir que, dès lorsqu’il
n’existe pas de raison d’admettre que de deux personnesqui
se trouvent enprésence
derisques identiques (2) ,
chacune s’attendra à une satisfaction
plus large
de ses propresdésirs,
lesrisques
considérés par chacune devront êtreregardés
commed’égale
valeur .---
(1) Traduit du Latin en Anglais par Dr. Louise Sommer, American University, Was- hington, D. C., de "Specimen Theoriae Novae de Mensura Sortis", Commentaires de l’Académie Impériale des Sciences de Petersbourg, Tome V 1738, pages 175- 192. Le professeur Karl Menger, Illinois Institute of Technology a rédigé les notes 4, 9, 10 et 15.
NOTE DE L’EDITEUR : En raison de la fréquence de la mention du mémoire de Bernoulli dans les études économiques récentes, il a été jugé opportun de le ren- dre plus accessible en publiant une traduction en Anglais. Dans sa traduction, le professeur Sommer s’est efforcé autant que possible de conserver l’esprit XVIIIe
siècle de l’original. La notation mathématique et la plupart de la ponctuation ont été reproduits sans changement. Des références à la littérature récente touchant la théorie de Bernoulli se trouvent à la fin du présent article.
NOTE DU TRADUCTEUR : J’apprécie hautement l’assistance de Karl Manger, pro- fesseur de Mathématiques, Illinois Institute of Technology, qui fait autorité au su-
jet du problème de Bernoulli, pour la révision de cette traduction, et son avis d’expert. J’exprime aussi ma gratitude à M. William J. Baumol, professeur de
Sciences Economiques, Université de Princeton, pour sa précieuse assistance dans
l’interprétation du mémoire de Bernoulli à la lumière de l’économétrie moderne.
Je désire remercier aussi M. John H. Klingenfeld, économiste au Ministère du Travail, pour sa coopération à la mise au point de la présente traduction. La tra- duction est fondée sur le texte original en Latin, seul.
Traduction de l’anglais en français par Mr R. Mille, ancien élève de l’Ecole Poly- technique.
(2) C’est-à-dire propositions avec risques (jeux). (Traducteur).
6
Aucun caractère se
rapportant
aux personnes elles-mêmes n’est à considé-rer. Seuls seront à poser avec soin les éléments relevant des termes du
risque.
Le résultat concerné pourra alors être établi par lesjuges
lesplus
élevés
qu’aura désignés
l’autoritépublique. Cependant,
dans laréalité,
cen’est pas d’un
jugement
que le besoin se fait sentir, mais dediscernement,
en d’autres termes de
règles
établies au moyendesquelles
chacunpourrait
estimer ses
possibilités
dans uneentreprise comportant
desrisques,
en te-nant
compte
des conditions financièresqui
lui sontparticulières.
§ 3. Pour la clarté de
l’exposé,
il serapeut-être
bon de considérer l’exem-ple
suivant. Dequelque façon,
une personne très pauvre est mise en posses- sion d’un billet d’une loteriequi peut,
avec uneégale probabilité
lui fairegagner soit rien, soit
vingt
mille ducats. Cette personne estimera-t-elle sachance de
gain
à dix mille ducats ? N’aurait-elle pas tort de céder le billet de loterie pour neuf mille ducats ? Il me semblepersonnellement qu’il
fau-drait
répondre
par lanégative.
D’un autrecôté, j’incline
à penserqu’un
homme riche serait mal
inspiré
s’il refusait d’acheter le billet pour neuf mille ducats. Sije
ne metrompe,
ilparaft
évident que tout le monde nepeut
pasappliquer
larègle
pour évaluer lejeu.
Larègle
du § 1 doit donc être écartée. Mais toute personnequi
considérera leproblème
avecperspi-
cacité etintérêt,
se convaincra que leconcept
de VALEUR dont nous nous sommes servis dans larègle
doit être défini d’une manièrequi
rende la mé- thode universellementacceptable
sans réserve. Pour cefaire,
la détermina- tion de la VALEUR d’un article ne sera pas fondée sur sonprix,
mais surl’UTILITE
qu’il
procure. Leprix
d’un article nedépend
que del’objet
lui- même ; il est le même pour toute personne ; en revanche l’utilitédépend
des conditions
particulières
où se trouve la personnequi
a lacharge
de l’é-valuation. Ainsi il n’est pas douteux que le
gain
de mille ducats estplus
im-portant
pour un homme pauvre que pour unriche,
bien que le montant soit le même pour l’un et pour l’autre.4. L’étude est ainsi arrivée à un
point
où chacun pourra continuerl’enquête
en
développant simplement
le mêmeexemple. Néanmoins,
commel’hypothèse
est entièrement
nouvelle, quelques
éclaircissementspeuvent
êtreopportuns .
En
conséquence j’ai pris
leparti d’expliquer
par unexemple,
ce quej’ai
étudié. Pour le moment nousregarderons
comme fondamentale larègle
ci-après :
si l’utilité dechaque espérance
deprofit possible
estmultipliée
par le nombre despossibilités
del’obtenir,
et si l’on divise la somme des pro- duits obtenus par le nombre total des caspossibles,
une UTILITE MOYENNE---
... NOTE BIOGRAPHIQUE : Daniel Bernoulli de l’illustre famille suisse de distingués mathématiciens, était né à Groningen, le 29 Janvier 1700 ; il mourut à Bâle le 17 Mars 1782. Il étudia les mathématiques et les sciences médicales à l’Univer- sité de Bâle. En 1725, il accepta une invitation à l’académie alors nouvelle de
St-Petersbourg, mais revint à Bâle en 1733, pour y être nommé professeur de physique et de philosophie. Bernoulli était membre des académies de Paris, Ber- lin, St-Petersbourg, et de l’Académie Royale de Londres. Il fut le premier àappli-
quer l’analyse mathématique au problème du mouvement des corps liquides.
(Au sujet de Bernoulli, voir Dictionnaire manuel des Sciences Naturelles , 2e édition, 1931, pp. 800-801 : "Les mathématiciens bâlois Daniel Bernoulli et Leonhard Euler. Célébration du centenaire de leur mort par la Société d’étude de la nature", Bâle, 1884 (Annexe à la partie VII des archives de cette société) et Correspondance mathématique... édité par Paul Heinrich Fuss, 1843, contenant les lettres écrites par Daniel Bernoulli à Leonhard Euler, Nicolaus Fuss, et C.
Goldbach).
Revue de Statistique Appliquée. 1971 - vol. XIX N°3
7
ou
espérance morale(3),
seraobtenue,
et leprofit qui correspond
à cette utilité constituera l’évaluation durisque
considéré.5. Il est ainsi rendu évident que nulle estimation valable d’un
risque
nepeut
être obtenue si l’on ne tient pascompte
de sonutilité,
autrement dit l’utilitéqu’un gain, quel qu’il soit, apporte
àl’individu,
oubien, réciproque-
ment, de cequi
est désiré pour procurer une utilité donnée. Ilparaft
diffi-cile d’aller
plus
loin dans lagénéralisation
parce que l’utilité d’un articlepeut
varier suivant les cas.Ainsi,
bienqu’un
homme pauvre trouvegénéra-
lement
plus
d’utilitéqu’un
riche à un mêmegain,
onpeut cependant imagi-
ner
qu’un prisonnier riche, qui possède
deux milleducats,
et àqui
il fau- drait encore deux mille ducats pour recouvrer saliberté,
attribueraplus d’importance
à ungain
de deux mille ducatsqu’un
autre hommequi
a moinsd’argent
que lui. Onpeut imaginer
d’innombrablesexemples
de ce genre, mais ilsreprésentent
desexceptions
d’une rareté extrême. Il vaudra doncmieux ,
pour nous, considérer cequi
arriveordinairement,
et pour mieux saisir leproblème,
nous admettronsqu’il
existe une croissanceimperceptible
dans larichesse
individuelle,
tellequ’elle
s’effectue de manière continue par accrois- sements infinitesimaux. Il est hautementprobable
que touteaugmentation
de larichesse, quelque petite qu’elle soit,
se traduira par uneaugmentation
d’utilitéqui
est inversementproportionnelle
à laquantité
de biensdéjà
pos- sédés. Il est nécessaire de définir ici le sens de"quantité
de biens" pourexpliquer
cettehypothèse.
Selonmoi,
cetteexpression comprend alimentation, habillement,
toutes choses propres à rendre la vieplus commode,
et même leluxe,
et tout cequi peut
contribuer à la satisfactionappropriée
de toutesorte de besoin : il
n’y
a aucune personne dequi
onpuisse
direqu’elle
nepossède
rien dutout,
à moinsqu’elle
meure deprivations.
Pour la gran- demajorité,
laplus
estimablepartie
de cequi
estpossédé,
selon la défini-tion
qui précède,
consistera en leurcapacité
deproduction,
le terme s’éten-dant
jusqu’à,
ycompris,
le talent dumendiant ;
un hommequi
estcapable d’acquérir
dix ducats dans l’année enpratiquant
la,mendicité consentira dif- ficilement àaccepter
une somme de 50 ducats si la condition estqu’il
s’abs-tiendra de mendier ou de chercher à se procurer de
l’argent
par tout autre moyen. Eneffet,
il aurait alors à vivre sur la somme, etquand
il l’auraitdépensée,
son existence viendrait à son terme. Je me demande même siceux
qui
nepossèdent
pas un centime et sontchargés
de dettesaccepteraient
de se libérer de leursdettes,
ou même de recevoir un don encoreplus
im-portant
sous une semblable condition. Mais si le mendiant étaitprêt
à refu-ser un tel contrat, à moins
qu’on
lui paye au minimum cent ducats et si l’hommepourchassé
par ses créanciersexigeait
milleducats,
nouspourrions
dire que lepremier
est possesseur d’un avoir de cent, et le second de milleducats,
bienqu’en langage ordinaire,
lepremier
nepossède
rien, et le se- cond moins que rien.6. Cette définition étant
posée, je
reviens à laproposition
faite dans leparagraphe précédent,
selonlaquelle,
en l’absence d’élémentsinsolites,
l’u- tilité résultant de toutpetits
accroissements de larichesse,
est inversementproportionnelle
à laquantité
de bienspossédée
antérieurement. Tenantcompte
de la nature de
l’homme,
il me semble quel’hypothèse qui précède
auraitune
vàlidité
convenable pourbeaucoup
de personnes àqui
cettecomparaison
---
(3) Traduction libre de "emolumentum medium" dans Bernoulli, littéralement utilité moyenne.
8
peut
êtreappliquée.
Peu de personnes seulement nedépensent
pas la totalité de leur revenu annuel. Mais siparmi elles,
l’une a une fortune de cent milleducats,
et uneautre,
une fortune du même nombre dedemi-ducats,
si lapremière
tire de sa fortune un revenu annuel decinq
milleducats, pendant
que la seconde tire de la sienne le même nombre de
demi-ducats,
il est clair que pour lapremière,
un ducat a exactement la mêmeimportance qu’un
demi-ducat pour laseconde,
et que parconséquent,
legain
d’un ducat n’aura pour lapremière
pas de valeursupérieure
augain
d’un demi-ducat pour la seconde. Enconséquence,
si chacune réalise ungain
de unducat,
la deu- xième en tire une utilitédouble,
parcequ’elle
a été enrichie de deux demi- ducats. Le même raisonnement estapplicable
àbeaucoup
d’autres cas, pourlesquels
iln’y
aura donc pas à en discuterséparément.
Laproposition
est d’autantplus
valable pour lamajorité
des hommesqui
n’ont d’autre fortune que leurcapacité
de travailqui
est la source de leur subsistance. A la vé-rité,
il y a des hommes pourqui
un ducat aplus d’importance
quebeaucoup
de ducats pour d’autresqui
sont moinsriches,
maisplus généreux qu’eux-
mêmes. Dessingularités
de cette nature ne sont pas àconsidérer,
attendu que nous ne considérons que des cas individuelsplus
ou moinsfréquents .
L’homme
qui
estpersonnellement
moins sensible à ungain supportera plus patiemment
uneperte. Cependant,
ilpeut
en être autrement dans des casparticuliers ; je
traiterai donc le cas leplus général,
etdévelopperai
ensuitenotre
hypothèse particulière
afin de donner satisfaction à chacun.7.
Représentons
par AB laquantité
de biens initialementpossédée. Ayant porté AB,
il faut construire une courbeBGLS,
dont les ordonnéesCG, DH ,
EL, FMreprésentent
les utilitéscorrespondant
aux abscissesBC, BD, BE ,
BF
qui représentent
lesgains
en fortune. En outre, posons m, n, p, q, etc , Les nombres des voies parlesquelles
lesgains
en fortuneBC, BD, BE, BF, peuvent
être obtenus. Alorsl’espérance
"morale" de laproposition
avec ris- ques dont il estquestion
est donnée parElevons
AQ perpendiculaire
à AR etportons
sur cet axe AN = PO. La lon-gueur NO - AB
représente
legain qui peut
être convenablementespéré,
au-Revue de Statistique Appliquée. 1971 - vol. XIX N°3
9
trement dit la valeur de la
proposition
enquestion.
Si deplus
nous voulonssavoir
quel enjeu
une personne inclinera àrisquer
sur laproposition
avecrisques,
notre courbe doit s’étendre en directionopposée
de telle sorte que l’abscisseBp corresponde
à uneperte,
et que l’ordonnée poreprésente
laperte correspondante
d’utilité. Dans unjeu loyal,
la désutilité résultant de laperte
doit êtreégale
à l’utilité résultant dugain :
nous devons donc ad-mettre que An = AN ou po = PO. Ainsi
Bp représentera l’enjeu
que ne de- vront pasdépasser
les personnesqui
tiendrontcompte
de leur propreposi-
tion financière.
COROLLAIRE 1
8.
Jusqu’à présent
lesscientifiques
ont ordinairement fondé leurshypothè-
ses en considérant que tous les
gains
doivent être évalués en fonction d’eux-mêmes,
autrement dit de leursqualités intrinsèques,
et en considérant queces
gains produiront toujours
une utilitéproportionnelle
augain.
Dans cettehypothèse,
la courbe BS devient une droite. Si nous reprenons doncet si l’on introduit de
part
et d’autre les facteursrespectifs,
il s’ensuit que :ce
qui
est en conformité avec larègle
ordinairementacceptée.
COROLLAIRE II
9. Si AB était infiniment
grand,
même parrapport
àBF,
leplus grand gain possible,
l’arc BMpourrait
être assimilé à unsegment
de droite infi-niment
petit.
Dans ce cas encore, onpeut appliquer
larègle
ordinaire pour l’évaluation despropositions
avecrisques,
et onpeut
continuer à la regar- der commeapproximativement valide,
dans lesjeux
de peud’importance.
10. Le
problème
a été ainsi traité de la manière laplus générale.
Nousnous tournerons maintenant vers
l’hypothèse
ci-dessus mentionnée parcequ’elle
mérite d’être examinée avant les autres. Tout d’abord il faut recher- cher la nature de la courbe sBS dans le cas des conditionsposées
au para-graphe
7. Nous avons dû considérer desgains
infinimentpetits,
nous regar- derons desgains
BC et BD à peuprès égaux,
leur différence CD étant alors infinimentpetite.
Si noustraçons
Grparallèle
à BR, rHreprésentera
legain
d’utilité infinimentpetit
pour une personne dont la fortune est AC etqui
obtient lepetit gain
CD.Cependant
cette utilité est àrapporter
non seule-ment au minuscule
gain CD, auquel
elle est, toutes autres choses restantégales, proportionnelle,
mais encore àAC,
fortunepréalablement possédée ,
à
laquelle
elle est inversementproportionnelle.
Nous posons donc AC = x, CD =dx,
CG = y, rH =dy
et AB = a. Nousobtenons,
bdésignant
une cons-tante
dy
=-Ou
y = blog ~.
La courbe sB S est donc une courbelogarith-
x a
10
mique,
dont lasubtangente(4) (définition spéciale
àBernoulli) est
en touspoints b,
et dontl’asymptote
estQq.
11.
Comparons
maintenant ce résultat avec cequi
a été dit dans le para-graphe
7 : : ilapparaît
que PO = blog AP/AB,
CG = blog AC/AB,
DH = blog AD/AB,
etc. Mais nous avonsil s’ensuit que
et par suite, que
AP =
(AC.
AD . AE . AF....)
et si nous retranchons AB de ceci, la
grandeur
résiduelle BPreprésentera
la valeur de la
proposition
avecrisques, qui
est enquestion.
12. Le
paragraphe qui précède suggère
ainsi larègle
suivante : toutgain
doit êtreajouté
à la fortunepréalable, puis
la somme doit être élevée à lapuissance correspondant
au nombre des voiespossibles
parlesquelles
legain peut
êtreobtenu ;
on fait leproduit
des termes trouvés. Ensuite on extraitde ce
produit
une racine dont ledegré
est donné par le nombre de tous lescas
possibles,
enfin on retranche du résultat obtenu la fortunepréalable ;
lerésidu
représente
la valeur de laproposition
avecrisques qui
est en ques- tion. Ceprincipe
est essentiel pour l’évaluation depropositions risquées
dans des cas variés. Je souhaiterais tirer de là une théorie
complète
com-me cela a été fait pour
l’analyse traditionnelle,
si desobligations
antérieu-res ne
m’empêchaient
pasd’entreprendre
ce travail si utile etoriginal qu’il
soit
cependant.
Je me contenteraidonc,
pour le moment, de faire état despoints
lesplus importants parmi
ceuxqu’un premier
coup d’oeil m’a rendusperceptibles.
---
(4) La tangente à la courbe y = b
log â
au point(x~ ,
log2013~)
est la droite y - b(X OE
log
x° = b/x
(x - x ). Cette tangente coupe l’axe de Y(x = 0) au point d’ordonnéea
b
log2013°2013
b. Le point de contact de la tangente avec la courbe a l’ordonnée ba
log xo ,
comme la projection de ce point sur l’axe des Y. Le segment entre lesa
deux points indiqués sur l’axe Y a la longueur b. Ce segment est la projection du segment de la tangente entre son intersection avec l’axe Y et le point de contact.
La longueur de cette projection (égale à b) est ce que Bernoulli appelle ici la "sub- tangente". De nos jours on entend par sous-tangente de la courbe y = f(x) au point (xo ,
f (xo»
la longueur du segment comptée sur l’axe des X (non des Y) entre son intersection avec la tangente et la projection du point de contact. Cette longueur estf(x~)/f’(x~).
Dans le cas de la courbe logarithmique, elle est égale à xolog
a (Karl Menger).Revue de Statistique Appliquée. 1971 - vol. XIX N°3
11
13. En
premier lieu,
il semble que dansbeaucoup
dejeux,
même lesplus
absolument
loyaux,
les deuxjoueurs puissent
s’attendre à souffrir d’uneperte :
c’est là un avertissement de la nature pour détourner dujeu.
Ceci résulte de la concavité de la courbe sBS vers BR. Eneffet,
en faisant l’en-jeu Bp égal
augain espéré
BP, il est clair que la désutilité poqui
résulte d’uneperte
seratoujours supérieure
à l’utilité dugain espéré
PO. Bien quece résultat soit évident pour un
mathématicien, je l’expliquerai cependant
par un
exemple,
de sorte que tout le mondecomprendra. Imaginons
donc deuxjoueurs disposant
l’un et l’autre de centducats ;
chacun mise la moi- tié de son avoir commeenjeu
dans unjeu
qui offre les mêmesprobabilités
aux deux
joueurs.
Dans cettehypothèse,
chacun auracinquante ducats, plus l’espérance
de gagner encore cent ducats enplus. Cependant
la somme des valeurs de ces deux valeurs nes’élève, d’après
larègle
duparagraphe 12 , qu’à (50 . 150 ) 1/2 ou V50 . 150,
autrement dit moins de 87 ducats, de sor- te que, bien que lejeu
soit conduit dans des conditionsparfaitement égales
pour les deux
joueurs,
chacunsupportera
uneperte espérée
deplus
de 13 du-cats. Nous devons bien
souligner
cettevérité,
bienqu’elle
soit évidente :l’imprudence
d’unjoueur
sera d’autantplus grande
que seragrande
lapart
de sa fortunequ’il
meten jeu
dans unjeu
de hasard. Nous allons donc mo-difier
l’exemple précédent
ensupposant
que l’un desjoueurs,
avant de miserses
cinquante ducats,
est possesseur de 200 ducats. Cejoueur
a uneperte espérée
de 200 -V 150 . 250,
1 un peuplus
de 6 ducats.§ 14.
Ainsi,
celuiqui parie
unepart
de safortune,
sipetite soit-elle,
dansun
jeu
de hasardmathématiquement loyal,
secomporte
irrationnellement : ilpeut
donc y avoir intérêt à rechercher ce que doit êtrel’importance
del’avantage
dont unjoueur
doitdisposer
parrapport
à son adversaire, pour éviter touteperte espérée.
Considérons unjeu qui
soit aussisimple
quepossible,
et défini par deux issueségalement probables,
dont l’une est favo- rable et l’autre défavorable. Soit a legain qui
seragagné
si l’issue est fa-vorable,
et soitx l’enjeu qui
seraperdu
si le cas est défavorable. Si laquantité
initiale de bienspossédés
est a nous aurons AB = a, BP = a, PO = blog a a (voir § 10)
etpuisque (d’après
leparagraphe
7) po =PO ,
a
il résulte de la nature
logarithmique
de la courbe queBp =2013201320132013.
a + aMais Bp
représente l’enjeu x,
doncx - a aa a grandeur qui
esttoujours
inférieure à a,gain espéré.
Il découle de ceciqu’une
personnequi risque
toute sa for-tune
agit
ensimple d’esprit, quelque
élevé quepuisse
être legain.
Personnen’aura de difficulté à se
persuader
dececi,
s’il a étudié avec soin les défi- nitions que nous avons donnéesplus
haut. En outre, ce résultat éclaire uneproposition qui,
dans lapratique,
est universellement admise : il sepeut qu’il
soit raisonnable pour certains individus d’investir del’argent
dans uneentreprise douteuse,
sans ainsiempêcher
que ce soit chose déraisonnable pour d’autres.15. La méthode traditionnellement suivie par des marchands pour s’assu-
rer dans le
transport
maritime de marchandises semble mériter une atten- tionparticulière.
Ceci sera de nouveauexpliqué
par unexemple. Supposons
12
que
Caius(5),
marchand de StPetersbourg,
a acheté à Amsterdam des mar-chandises
qu’il pourrait
vendre pour dix mille roubles s’il endisposait
àSt
Petersbourg.
Il donne donc l’ordre de lesexpédier
par mer, et se demande s’il va les assurer ou non. Il est bien informé de cefait, qu’à
cetteépoque
de
l’année,
sur cent naviresqui
font route d’Amsterdam à StPetersbourg,
la tradition est que
cinq
seperdent. Cependant
iln’y
a pas d’assurance dis-ponible
à moins de 800 roubles parchargement :
c’est un tarifqu’il juge
abusivement élevé. Laquestion
est alors la suivante :quelle
fortune doitposséder Caius,
en dehors des marchandisesconsidérées,
pourqu’il
se per- suade de ne pas assurer. Si xreprésente
safortune, celle-ci, ajoutée
à la valeur de
l’espérance
de bonne arrivée de ses marchandises est1°0 (x
+10000)~ x~= ~V(x + 10000)~ x
dans le cas où il s’abstient. Avec l’assurance sa fortune deviendra avec certitude x + 9200. Enégalant
ces deuxgrandeurs
nous avons(x
+10000)19
x =(x
+9200)2°
ou,approximativement
x = 5043o Si donc
Caius,
en dehors del’espérance
de recevoir ses marchan-dises, possède
une sommesupérieure
à 5043roubles,
il fera bien de ne pas souscrire d’assurance. Au contraire si sa fortune est moindre que cette som- me, il fera bien d’assurer sonchargement.
Si laquestion
avait été :"Quelle
fortune minimum doit être en lapossession
de l’hommequi
propose d’assu- rer, pour que soncomportement
soit raisonnable ? Nous devrionsrépondre
comme suit : soit y la fortune cherchée alors
approximativement,
y =14243,
chiffre qui est tiré de cequi précède
sanscalcul
supplémentaire.
Un homme moins riche serait fou de proposer l’assu- rance, mais un hommeplus
richepourrait
être raisonnable en le faisant.Ce
qui précède
fait clairement voir que l’introduction de cette sorte d’assu-rance a été utile en ce
qu’elle
offre desavantages
à toutes les personnes intéressées. De même si Caius avait pu obtenir l’assurance pour six centsroubles,
il aurait été déraisonnable de refuser si sa fortune était de moins de 20478roubles,
mais il auraitagi trop précautionneusement
s’il avait assuréses marchandises au tarif
offert,
si sa fortune avait étésupérieure
à cemontant. D’autre
part,
un hommeagirait
en étourdi s’il offrait degarantir
ladite assurance pour six cents roubles s’ilpossède
lui-même moins de29878 roubles. Mais aucun
homme, quelque
fortunéqu’il
soit, ne conduirait convenablement ses affaires s’il assumaitpersonnellement
l’assurance pour moins decinq
cents roubles.16. On
peut
tirer de cette théorie une autrerègle qui peut
être utile. C’est larègle
selonlaquelle
il est recommandable de diviser les biensqui
sontexposés
à undanger
enplusieurs parties, plutôt
que de lesrisquer
ensembleen totalité. Cette fois encore,
je
donnerai unexemple. Sempronius possède
chez lui des biens valant au total 4000ducats ;
ilpossède
en outre pour 8000 ducats de marchandises en paysétrangers,
d’où il n’estpossible
de lestransporter
que par mer.L’expérience
montrecependant
que sur dix navi- res, unpérit.
Dans cesconditions, je prétends
que siSempronius
confie les 8000 ducats de ses marchandises à un seul navire,l’espérance
de ses mar-chandises vaut 6751 ou
1 120009 . 40001 -
4000.---
(5) Caius est la forme plus ancienne ; à l’arrière-période romaine on orthographiait
Gaius.
Revue de Statistique Appliquée. 1971 - vol. XIX N°3
Cependant,
s’il confiait desparties égales
de ses marchandises à deux navires, la valeur de sonespérance
seraitDe cette
manière,
la valeur desperspectives
de succès deSempronius
deviendra d’autantplus
favorable que seraplus petite
lapartie
confiée àchaque
navire. Toutefoisl’espérance
nedépassera jamais
7200 ducats. Cetavis
peut également
rendre service à ceuxqui
investissent leur fortune dans des titresétrangers
ou autresentreprises risquées.
17. Je suis dans
l’obligation
de passer sous silence certaines remarquesnouvelles,
bienqu’elles
ne soient pas sans utilité. Bienqu’il
soit à laportée
d’une personnepassablement judicieuse
par nature deprendre
conscience debeaucoup
de choses quej’ai
iciexpliquées et
de lesappliquer
de sa propreinitiative,
on ne croiraguère qu’il
soitpossible
de résoudre cesproblè-
mes avec la
précision
donttémoignent
nosexemples.
Nospropositions
s’ac- cordantparfaitement
avecl’expérience,
il serait erroné d’en faire peu decas comme si elles n’étaient que des abstractions
reposant
sur deshypothè-
ses
précaires.
Ceci est encore confirmé parl’exemple
suivantqui
ainspiré
les réflexions
qui précèdent,
et dont l’histoire est la suivante. Mon très honorablecousin,
l’illustre NicolasBernoulli, professeur
de l’un et l’autredroits(6)
à l’Université deBâle,
soumit unjour cinq problèmes
au très dis-tingué mathématicien(7) Montmort(8).
Lesditsproblèmes
sontreproduits
dansl’ouvrage "L’analyse
sur lesjeux
de hasard" de M. de Montmort, p. 402.Le dernier desdits
problèmes
s’énonce comme suit : Pierre lance unepièce
et la relance
jusqu’à
cequ’elle
montre "face"quand
elle est au sol. Il con-vient de donner à Paul un ducat s’il tire "face" au
premier jet,
deux ducats s’il tire "face" au secondjet, quatre
autroisième,
huit auquatrième
et ainside
suite,
de telle manièrequ’à chaque jet supplémentaire,
soit doublé lenombre de ducats
qu’il
doit payer.Supposons
que nous voulions déterminerl’espérance
de Paul. Mon susdit cousin a discuté ceproblème
dans une lettreadressée à moi pour connaftre mon
opinion.
Bien que le calcul habituel indi-que(9)
que la valeur del’espérance
de Paul est infinimentgrande,
ir y alieu, disait-il,
d’admettre que toute personne à peuprès
raisonnable serait contente de céder sa chance pourvingt
ducats. La méthode de calcul admise---
(6) Les facultés de Droit des universités européennes continentales délivraient jusqu’à présent le titre de Docteur utriusque juris : Docteur dans l’un et l’autre Droits , droit Romain, et droit canon. (Traducteur).
(7) Cl. - vir Clarissimus, titre de respect. (Traducteur).
(8) Montmort, Pierre Rémond de (1678-1719). Il est ici question de "L’essai d’analyse
sur les jeux de hasard", Paris 1708. En annexe à la deuxième édition publiée en 1713, se trouve la correspondance de Montmort avec Jean et Nicolas Bernoulli au sujet des problèmes de chance et de probabilités. (Traducteur).
(9) La probabilité que face tourne au premier jet est 1/2. Comme alors Paul reçoit
un ducat, cette probabilité apporte 1/2.1 = 1/2 ducat à l’espérance. La probabilité
que face tourne au second jet est de 1/4. Comme Paul reçoit alors 2 ducats, l’ap- port à l’espérance est de 1/4.2 = 1/2. De même pour chaque entier n, la possi- bilité de face tournant au nème jet apporte 1/2
.2 n-, = 1/2
ducat à l’espérance. L’es- pérance totale de Paul est alors 1/2 + 1/2 + ... + 1/2 + ... indéfiniment. (Karl Menger).14
évalue en fait les
perspectives
de Paul àl’infini,
bien que personne ne soitdisposé
à l’acheter pour unprix
raisonnablement élevé.Cependant
si nousappliquons
notre nouvellerègle
à ceproblème,
nous pouvons voir la solution et démêler le noeud. La solution duproblème, d’après
nosprincipes,
est la suivante.18. Le nombre de cas à considérer ici est infini. Dans la moitié des cas , le
jeu prendra
fin aupremier jet,
dans unquart
des cas il finira au secondjet,
dans un huitième des cas autroisième,
dans un seizième auquatrième,
et ainsi de
suite(10).
Si nousdésignons
le nombre des casjusqu’à
l’infinipar
N,
il est clair que dans1/2
N cas, Paul gagnera unducat, 1/4
N casoù il gagnera deux
ducats, 1/8
N casquatre ducats, 1/16
N cas huit ducats et ainsi de suite indéfiniment.Appelons
a la fortune de Paul. Laproposition
en
question
aura pour valeur§ 19.
D’après
cette formulequi
évalue legain espéré
dePaul,
il résulte que cette valeuraugmentera
avec la dimension de la fortune de Paul et n’atteindrajamais
une valeurinfinie,
à moins que la fortune de Paul devienneen même
temps
infinie. Nous déduisons en outre les corollaires suivants . Si Paul n’avait aucunefortune,
la valeur de sonespérance
seraitce
qui
estprécisément égal
à deux ducats. S’ilpossédait
dixducats,
sa chance vaudrait à peuprès
troisducats ;
elle en vaudrait à peuprès
quatre si sa fortune était de 100ducats,
et six si elle était de mille ducats. Nous voyons ainsi aisémentquelle
énorme fortune il faudrait à un homme pour---
(10) Le nombre de cas est infini : on ne peut donc pas partir de la moitié ou du quart des cas, la lettre N dans le raisonnement de Bernoulli n’a pas de sens. Cepen- dant l’espérance de Paul dans l’hypothèse de Bernoulli sur l’évaluation peut être trouvée par la même méthode par laquelle, dans la note 9, l’espérance classique de Paul a été déterminée. Si la fortune de Paul est a ducats, alors selon Ber- noulli, il attribue à un gain de 2n-l ducats la valeur b
log 2013~201320132013.
ex Si la proba-bilité de ce gain est
1/2n,
son espérance estb/2n
logex
+ 2n-1
L’espérance dePaul résultant du jeu est ainsi
Quelle addition D à la fortune de Paul a la même valeur pour lui ? Evidemment b
log a + D
doit être égal à la susdite donnée. D’oùn
Revue de Statistique Appliquée. 1971 - vol. XIX N°3
acheter la chance de Paul pour
vingt
ducats. Le montant que l’acheteur de- vrait payer pour cetteproposition
diffèrequelque
peu du montantqu’elle
vau-drait pour lui s’il en était
déjà
enpossession.
Cette différence est extrême- mentpetite
si a(fortune
dePaul)
estgrand,
nous pouvons donc considérer les deux termes commeégaux.
Endésignant
leprix
d’achat par x, sa va- leurpeut
se déterminer au moyen del’équation
-Si oc est un
grand nombre,
une solution à peuprès
satisfaisante sera donnée parAprès
lecture de ce mémoire à laSociété(11) (Académie Impériale des
Sciences de Saint
Petersbourg) j’en
ai adressé unecopie
à M. Nicolas Ber-noulli,
afin de connaftre sonopinion
sur la solution queje proposais
à la difficultéqu’il signalait.
Dans une lettrequ’il
m’écrivit en1732,
il m’indi-qua
qu’il
n’était pas mécontent de maproposition
d’évaluation desproposi-
tions avec
risques, supposée appliquée
au cas d’une personnequi
a à évaluerses propres chances. Il
pensait
toutefois que le cas est différentlorsqu’il s’agit
d’une tierce personnequi,
à peuprès
dans laposition
d’unjuge,
a àévaluer les chances du
participant
conformément àl’équité
et à lajustice.
J’ai moi-même examiné ce
problème
dans leparagraphe
2. Par la suite cedistingué
universitaire m’informa que l’illustre mathématicienCramer(12)
avait
exposé
une théorie sur le mêmesujet plusieurs
années avant lapubli-
cation de mon mémoire. En effet
j’ai
trouvé sa théorie tellement semblable à lamienne,
queje regarde
comme un miracle que nous ayonsindépendam-
ment réalisé un accord si étroit sur un
sujet
de cette sorte. Je crois donc utile de citer les termes danslesquels
Cramer a décrit sa théorie dans unelettre à mon cousin en 1728 ; les
voici(13).
"Peut-être me
suis-je trompé,
maisje
crois avoir résolu leproblème
extraordinaire que vous avez soumis à M. de Montmort par votre lettre du 9
septembre
1713(problème
5 page402).
Poursimplifier je supposerai
queA lance une
pièce
en l’air et que Bs’engage
à donner à A un ducatsi,
aupremier jet,
lapièce tombe, pile en-dessus ;
deux ducats si ceci n’arrivequ’au
secondjet,
4 ducats autroisième,
8 ducats auquatrième
et ainsi desuite. Le
paradoxe
consiste enceci,
que le calculindique
pourl’équivalent
que A doit payer à B une somme infinie. Ceci
parait
absurde parce que nulle personne raisonnable ne consentirait à payer 20 ducats commeéquivalent.
Vous désirez que le désaccord entre le calcul
mathématique
et l’évaluationvulgaire
vous soitexpliqué.
Je crois que ceci vient du fait que, dans leurthéorie,
les mathématiciens évaluentl’argent proportionnellement à
la quan-tité,
tandis que dans lapratique,
les gens de sens commun évaluent l’ar-gent
enproportion
de l’utilitéqu’ils peuvent
en tirer.L’espérance
mathéma----
(11) Le mémoire de Bernoulli a été présenté à l’Académie Impériale des Sciences de Saint Petersbourg. (Traducteur).
(12) Cramer, Gabriel, illustre mathématicien, né à Genève, Suisse, 1704-1752. (Tra- ducteur).
(13) Le passage suivant est en Français dans le texte original. (Traducteur).