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Tuberculose de l’arc postérieur vertébral: à propos d’un cas observé au CHU de Cocody à Abidjan.

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Academic year: 2022

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Revue Marocaine de Rhumatologie

CAS CLINIQUE

La tuberculose continue de sévir au plan mondial. L’Afrique seule compte 31% des cas de tuberculose [1]. En Côte d’Ivoire, selon l’Organisation Mondiale de Santé (OMS), l’incidence de la tuberculose y était de 104 cas pour 100000 habitants en 2012 et la prévalence de la co- infection VIH-tuberculose est de 27% [2]. La tuberculose ostéoarticulaire (TOA) représente 2 à 5% de l’ensemble de toutes les tuberculoses et la spondylodiscite tuberculeuse représente la forme la plus fréquente des TOA [3,4]. Elle en représente la moitié des cas et réalise une atteinte du disque et du corps vertébral [3]. L’atteinte isolée de l’arc postérieur vertébral est rare, évaluée à 1 à 3%

selon les séries [3]. Nous rapportons un nouveau cas de tuberculose de l’arc postérieur vertébral au rachis dorsal, observé au service de rhumatologie du CHU de Cocody à Abidjan en insistant sur les caractéristiques cliniques et le rôle essentiel d’une imagerie performante.

ObSErvAtION

Un patient de 25 ans a été hospitalisé pour une dorsalgie d’horaire mixte trainante depuis 15 mois. Cette dorsalgie s’est aggravée 2 mois avant l’hospitalisation en devenant hyperalgique. Elle a été accompagnée d’une névralgie intercostale gauche et l’apparition de 2 tuméfactions froides et molles localisées pour l’une à hauteur de la charnière dorsolombaire et l’autre à la cheville gauche, laissant sourdre du pus inodore. Ce patient trainait également une toux sans expectoration associée à une douleur thoracique droite. L’examen clinique a permis de mettre en évidence une douleur vive au rachis dorsal à l’ampliation thoracique, une spinalgie palpatoire tout le long du rachis dorsal avec un point douloureux exquis à la charnière dorsolombaire. Il n’y avait de syndrome radiculaire ni de déficit neurologique. L’examen pulmonaire a révélé un syndrome d’épanchement pleural droit. Ce tableau a évolué dans un contexte de fièvre

Tuberculose de l’arc postérieur vertébral: à propos d’un cas observé au CHU de Cocody à Abidjan.

Tuberculosis of the posterior vertebral arch: report of a case seen at the University Hospi- tal of Cocody in Abidjan.

Mohamed Diomandé, Boubacar Ouali, Baly Ouattara, Edmond Eti, Marcel N’zué Kouakou

Service de Rhumatologie, CHU de Cocody, Abidjan - Côte d’Ivoire.

résumé

Le mal de Pott représente la localisation la plus fréquente de la tuberculose ostéoarticulaire. En revanche, l’arc postérieur vertébral est rarement touché. Les auteurs rapportent une nouvelle observation de tuberculose de l’arc postérieur vertébral en insistant sur les caractéristiques cliniques et le rôle essentiel d’une imagerie performante.

Mots clés :

Tuberculose ostéoarticulaire, arc postérieur vertébral, rachis dorsal, radiologie

Abstract

Pott’s disease is the most common site of bone and joint tuberculosis. In contrast, the posterior vertebral arch is rarely touched. The authors report a new case of tuberculosis of the posterior vertebral arch emphasizing the clinical features and the essential role of a powerful imaging.

Key words :

Bone and joint tuberculosis, posterior vertebral arch, thoracic spine, radiology.

Correspondance à adresser à : Dr. M. Diomandé Email : diomandemohamed48@yahoo.fr

Disponible en ligne sur www.smr.ma

Rev Mar Rhum 2015; 32: 53-5

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vespérale, d’amaigrissement de plus de 10 kg en 15 mois et de sueurs nocturnes. La radiographie du rachis dorsal ne montrait aucune anomalie notable.

- La tomodensitométrie (TDM) du rachis dorsal a montré une lyse de l’arc postérieur de la vertèbre T12 (voir figure 1) associée à des collections abcédées avec épidurite en regard et des parties molles péri-vertébrale de T4 à T8 (figure 2).

Le bilan biologique a révélé la présence d’un syndrome inflammatoire (VS à 55mm à la première heure, CRP à 12 mg/l), la sérologie VIH était positive et des bacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR) ont été retrouvés dans les collections purulentes. Le diagnostic de tuberculose de l’arc vertébral postérieur de T12 a été ainsi établi, associé

à une localisation pleurale et à la cheville. Le traitement antituberculeux selon un protocole 2 mois de Rifampicine- Isoniazide-Pyrazinamide-Ethambutol suivi de 10 mois de Rifampicine-Isoniazide, largement pratiqué dans notre contexte, associé à un corset d’immobilisation vertébrale a permis d’obtenir la guérison au bout de 12 mois (figure 3).

DISCUSSION

Le mal de Pott occupe à lui seul 50% des cas de TOA [3,4]. La localisation du bacille tuberculeux au niveau de l’arc postérieur vertébral est réputée rare et très peu de cas cliniques ont été rapportés [3,5-7]. L’atteinte peut se faire indifféremment à n’importe lequel des segments constitutifs de l’arc postérieur vertébral: pédicules (siège le plus fréquent), apophyses épineuses, apophyses transverses, lames ou isthme voir l’arc postérieur dans son ensemble [3,5,8] comme c’était le cas dans notre observation. Les données cliniques ne sont pas spécifiques: cette atteinte se manifeste par une rachialgie volontiers inflammatoire mais peut parfaitement rester mécanique ou mixte exacerbée à la pression locale avec une raideur rachidienne [9]

comme chez notre patient. A un stade tardif, elle peut se compliquer d’une compression médullaire lente au rachis dorsal par abcès ou épidurite [10]. Chez notre patient, malgré le délai tardif du diagnostic (15 mois) et la présence d’abcès épidural, on ne notait pas de signes neurodéficitaires. L’imagerie performante joue un rôle important dans le diagnostic des atteintes de l’arc postérieur vertébral; l’analyse des radiographies standards n’est pas toujours aisée du faite de la superposition des différents éléments vertébraux [3]. Il faut soigneusement rechercher une lésion lytique de l’arc postérieur pouvant aller de la

Figure 1 : TDM du rachis dorsal montrant une ostéolyse de l’arc postérieur de la vertèbre T12

Figure 3 : TDM du rachis dorsal à la fin de traitement montrant un remaniement avec ostéocondensation

Figure 2 : Abcès des parties molles étendues de T4 à T8vertèbre T12

M. Diomandé et al.

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simple érosion osseuse jusqu’à l’amputation totale des éléments de l’arc postérieur [5,11]. La TDM apprécie mieux les lésions osseuses et les parties molles adjacentes [12]. Dans notre cas elle a permis de faire le diagnostic de l’atteinte de l’arc postérieur, la radiographie standard n’a montré aucune anomalie. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) aussi reste un examen de choix car elle permet d’individualiser des lésions osseuses, l’extension épidurale, le retentissement sur le cordon médullaire et fait aussi le bilan lésionnel [5,6,11]. L’IRM étant trop onéreuse dans notre contexte pour certains patients, nous avons opté pour la TDM qui est beaucoup plus accessible.

Le diagnostic différentiel peut se poser avec les autres atteintes vertébrales associées aux anomalies des parties molles adjacentes: certaines tumeurs osseuses comme le kyste anévrismal, l’ostéoblastome, les métastases osseuses ostéolytiques, l’hydatidose vertébrale, le myelome multiple ou encore le plasmocytome [3,5].

Sur le plan thérapeutique, la laminectomie avec décompression chirurgicale et stabilisation sont proposées pour les patients ayant une atteinte neurologique avancée; cependant pour les autres patients, le traitement conservateur associant les antibiotiques antituberculeux et l’immobilisation orthopédique est indiqué [7] comme chez notre patient.

CONCLUSION

La tuberculose de l’arc postérieur vertébrale est exceptionnelle. La symptomatologie clinique n’est pas significativement différente de la spondylodiscite tuberculeuse. Son diagnostic peut être facilité par les moyens d’imagerie moderne que sont la TDM et/ou l’IRM.

DéCLArAtION D’INtérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.

référENCES

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