• Aucun résultat trouvé

Conduite à tenir devant un syndrome polyalgique.

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Conduite à tenir devant un syndrome polyalgique."

Copied!
9
0
0

Texte intégral

(1)

Les polyalgies correspondent à des douleurs musculosquelettiques qui se différencient des douleurs

« régionales » par une extension plus importante, touchant au moins 3 régions non contigües des membres ou du tronc. Elles constituent un motif très fréquent de consultation en rhumatologie.

L’éventail des maladies et syndromes à l’origine d’un syndrome polyalgique est très vaste et couvre une grande partie de la pathologie d’où l’intérêt d’une démarche diagnostique rigoureuse permettant un diagnostic aisé [1].

PhysioPathologie De la Douleur [2,3]

La douleur est définie selon l’association internationale pour l’étude de la douleur comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en ces termes ». La douleur est donc une expérience s’articulant autour de 4 composantes fondamentales : sensori- discriminative, affective et émotionnelle, cognitive et comportementale. Trois mécanismes physiopathologiques de la douleur sont possibles dominés par l’excès de

nociception, suivis de la douleur neuropathique et des douleurs idiopathiques et psychogènes. Du point de vue physiologique, la cascade d’événements conduisant à l’intégration des informations douloureuses met en jeu des récepteurs (nocicepteurs périphériques), des voies médullaires ascendantes, des relais dans l’encéphale et en fin des sites de projection corticaux Spécifiques (cortex somesthésiques primaire et secondaire mais aussi insulaire et cingulaire) permettant de moduler et de réguler la perception de la douleur par des voies descendantes (figure 1).

Démarche Diagnostique

interrogatoire

Il constitue un temps capital de l’examen d’un patient polyalgique [1,4,5]. Il porte de principe sur le sexe et l’âge ; généralement le syndrome polyalgique touche les femmes plus que les hommes avec une incidence qui augmente avec l’âge pour les deux sexes jusqu’à 70 ans, sur les antécédents médicaux (rhumatologiques, endocriniens, infectieux et psychiatriques : troubles

résumé

Les polyalgies correspondent à des douleurs musculosquelettiques qui se différencient des douleurs « régionales » par une extension plus importante, touchant au moins 3 régions non contigües des membres ou du tronc. Elles constituent un motif très fréquent de consultation en rhumatologie. Le but de cet article est de reconnaitre la démarche diagnostique devant des algies diffuses et d’énumérer les différentes étiologies de celles-ci.

mots clés :

Polyalgies; Démarche diagnostique;

Etiologies.

abstract

Polyalgia refers to diffuse musculoskeletal pain which differ from «regional» pain by a greater extension, affecting at least three non-contiguous regions of the limbs or trunk.

They are a main reason for consultation in rheumatology. The aim of this article is to recognize the diagnostic approach to diffuse pain and list their different etiologies.

Key words :

Polyalgia; Diagnostic approach;

Etiologies.

Conduite à tenir devant un syndrome polyalgique.

The care management of a polyalgic syndrome.

Zainab Elhadrami, Mougui Ahmed, Dikra Jouida, Ahlam Belkhou, Imane El Bouchti

Service de Rhumatologie, CHU Mohammed VI, Marrakech - Maroc.

Rev Mar Rhum 2016; 38: 10-8

Correspondance à adresser à : Dr. Z. Elhadrami

(2)

Figure 1 : Représentation schématique des données principales résumant les principaux éléments concernant les voies et les systèmes de contrôle de la douleur [2]

Cortex

Thalamus

Tronc cérébral

Moelle _ +

DOULEUR

Facteurs psychosociaux

Endorphine, NA, 5-HT

Grosses fibres

Nocicepteurs Petites fibres

Glu/SP NN

anxieux ou de l’humeur) et chirurgicaux les traitements en cours, à la recherche de médicaments pouvant provoquer des myopathies, voire un lupus, mais aussi d’abus d’antalgiques, responsable d’hyperalgésie et sur l’environnement et le contexte (profession, voyages et événements de vie récents, contact avec les animaux, toxicomanie, éthylisme, pratiques sexuelles à risque…).

Nous devons nous intéresser aux caractéristiques de la douleur en recherchant la date d’apparition des douleurs et les circonstances déclenchantes éventuelles, le siège des douleurs en essayant de préciser si elles sont articulaires, péri articulaires, musculaires, axiales ou plutôt périphériques, le type de la douleur (nociceptive, neuropathique ou psychogène) en utilisant le questionnaire DN4 à la recherche d’une douleur neuropathique. Il faut également coter l’intensité de la douleur via l’échelle visuelle analogique ou l’échelle numérique. Le clinicien doit aussi évaluer la progression de la douleur dans le temps (aigue, chronique), préciser l’horaire et le rythme de la douleur (mécanique, inflammatoire, mixte).

Nous devons rechercher par la suite les signes extra- articulaires associés : généraux (une altération de l’état général, fièvre, frissons, sueurs profuses…), digestifs (maladies inflammatoires de l’intestin, constipation), cutanéo-muqueux (érythème malaire, alopécie..), vasculaires (claudication intermittente) et musculaires (fatigabilité, intolérance à l’effort, crampes).Nous évaluerons également la souffrance psychique des malades.

Enfin, il faut préciser la réponse aux médicaments, en cherchant ceux qui sont plus efficaces : antalgiques non morphiniques et morphiniques, myorelaxants, anti- inflammatoires, antidépresseurs.

examen physique [1, 4, 5]

Il doit être soigneux et complet ; il doit réunir les éléments qui permettront de classer la douleur en fonction de son origine :

- Articulaire/rhumatologique : arthrites ou synovites, enthésopathies, raideur rachidienne, mobilité et déformations articulaires, douleurs osseuses reproduites à la palpation et à la percussion osseuse.

(3)

- Neurologique : il faut faire un examen complet avec réflexes ostéo-tendineux (vifs, abolis), recherche du signe de Babinski, de troubles sensitifs, d’une rigidité spastique ou plastique, d’un déficit moteur avec testing musculaire, topographie des douleurs (radiculaire, tronculaire, etc.) ;

- Musculaire : nous cherchons une diminution de la

force motrice surtout proximale (signe du tabouret) ou une amyotrophie.

- Vasculaire : absence de pouls périphériques, syndrome de Raynaud, lésions ischémiques distales, souffle cardiaque ou des gros troncs, etc.

- Cutanéo-muqueux : érythème des paupières, papules de Gottron, psoriasis, livedo.

• Numération formule et plaquettes

• Protéine C-réactive

• Créatininémie, glycémie, kaliémie

• Calcémie, phosphorémie

• Transaminases, phosphatases alcalines

• Électrophorèse des protéines sériques

• Créatine kinases (CPK)

• TSH

• Bandelette urinaire ou protéinurie sur échantillon

• PSA

Tableau 1 : Examens de 1ème intention [1,4]

• Sérologies : virales (par ex., VIH, VHB, VHC, parvovirus B19, EBV, CMV), bactériennes (syphilis, borréliose de Lyme, brucellose) et parasitaires (toxoplasmose, trichinose)

• Uricémie, vitamine D, parathormone

• Cortisolémie

• Electrophorèse des protéines urinaires

• Anticorps antinucléaires, facteur rhumatoïde, anticorps anti-CCP, anticorps antithyroperoxydase, anticorps anti cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA), enzyme de conversion de l’angiotensine

• Recherche de l’antigène HLA B27

• Radios osseuses (mains, pieds, squelette axial, os longs, crane)

• Echographie ou IRM articulaire

• Scintigraphie osseuse

• Myélogramme

• Electromyogramme, biopsie musculaire, épreuve d’effort musculaire, IRM musculaire

• Ponction d’une arthrite

• Test de Shirmer (syndrome sec), biopsie des glandes salivaires accessoires

• Biopsie d’artère temporale

Tableau 2 : Examens de 2ème intention (liste indicative) [4]

(4)

L’examen doit toujours être complet pour ne manquer aucun signe associé pouvant orienter vers une étiologie.

Nous recherchons un éventuel syndrome tumoral (hépato- splénomégalie, adénopathies), des signes de dysthyroïdie (bradycardie, myxœdème), des manifestations cutanéomuqueuses (pâleur, ictère, dépilation, éruptions cutanées, phanères cassants…). On en profite également pour voir si les signes cliniques sont reproductibles, s’ils sont majorés lors de l’examen formel.

Après l’interrogatoire et l’examen physique complet, plusieurs étiologies sont évoquées et vont faire pratiquer plusieurs examens complémentaires de première intention. La pratique d’explorations ne sera pas réalisée en cas de forte suspicion d’une infection virale en contexte épidémique.

examens complémentaires [1,4]

Les examens complémentaires de première intention sont orientés vers la recherche d’un syndrome inflammatoire, d’un syndrome myogène, d’anomalies du métabolisme du calcium. Ils comprennent la numération-formule sanguine, la protéine C réactive, l’électrophorèse des protides, l’ionogramme sanguin, la créatinémie, la glycémie, les transaminases, les créatines phosphokinases (CPK), la calcémie, la phosphorémie et les phosphatases alcalines, thyroid stimulating hormone (TSH), le prostate specific antigen (PSA) chez l’homme au-delà de 50 ans (Tableau 1).

Les bilans de seconde intention ne sont prescrits qu’orienté par l’anamnèse, l’examen clinique et les premiers résultats biologiques (Tableau 2).

etiologies

L’orientation diagnostique devant des polyalgies est différente selon le caractère aigu ou chronique des douleurs [6].

Pathologies infectieuses

Elles sont dominées par les maladies virales. Les arguments en faveur de cette origine sont le caractère aigu et brutal des douleurs, la notion d’un contage possible, la fièvre, les signes en fonction des étiologies.

Nous citons :

- La grippe : son diagnostic clinique doit toujours tenir compte de la situation épidémiologique. Elle débute généralement par une fièvre qui peut atteindre 40°c, accompagnée de céphalées et de myalgies et rarement d’arthralgie. L’atteinte musculaire est fréquemment impliquée dans cette infection ; elle peut être banale et peu

sévère comme les myalgies ou au contraire être plus sévère comme dans le cas de myosites et de polymyosite [7].

- Les hépatites virales : il s’ajoute au syndrome pseudo- grippal un rash cutané, des troubles digestifs et un ictère [8].

- La primo infection au virus de l’immunodéficience humaine : les manifestations rhumatismales s’expriment sous forme d’atteinte localisée et ou systémique, où la douleur est toujours présente. Elles sont dominées par l’arthrite réactive, le syndrome de Sjogren et la myosite inflammatoire [9].

- Les infections à virus de coxcackie, dont la forme la plus classique est la myalgie épidémique de Bornholm touchant l’adulte jeune l’été avec une atteinte douloureuse des muscles de la cage thoracique et de l’abdomen [1].

- L’infection à parvovirus B19 responsable d’un tableau de polyarthralgie ou de polyarthrite avec un rash cutané.

- La mononucléose infectieuse associant une angine, des poly adénopathies, une grande asthénie avec des myalgies [1].

Plusieurs infections bactériennes peuvent également être responsables d’un syndrome polyalgique. Nous rappelons :

- La maladie de Lyme : liée à l’infection par Borrelia burgdorferi évoluant en trois stades : un stade localisé précoce caractérisé par l’érythème chronique migrant, un stade disséminé précoce associant polyarthralgies, myalgies, atteinte neurologique et des séreuses et un stade disséminé tardif associant des manifestations musculosquelettiques à type d’oligoarthrite, neurologiques et oculaires [10].

- La Brucellose : associant une fièvre ondulante, un contexte évocateur (consommation de fromage de chèvre frais non pasteurisé), des polyarthralgies. Le diagnostic est porté par la positivité des hémocultures et/ou le sérodiagnostic de Wright.

- Autres : notamment la leptospirose à laquelle il faut penser devant la notion de morsure de rat et les endocardites dont les manifestations rhumatismales sont représentées par les arthralgies des membres, la lombalgie et les myalgies.

Certaines infections parasitaires, telles la toxoplasmose et le paludisme peuvent également être responsables de polyalgies [1].

maladies auto-immunes et rhumatismes inflammatoires

- Les connectivites [11] : essentiellement représentées par :

(5)

a/ Le syndrome de Sjogren : une atteinte des glandes exocrines, en particulier des glandes lacrymales et salivaires. Il peut être primitif ou secondaire et associé à une autre maladie auto-immune : lupus érythémateux disséminé, polyarthrite rhumatoïde. C’est la connectivite la plus fréquemment caractérisée par un syndrome polyalgique et dont le diagnostic repose sur les arguments cliniques (syndrome sec oculo-buccal +++) et les examens complémentaires (biopsie des glandes salivaires et bilan immunologique).

b/ Le lupus érythémateux aigu disséminé : retenu devant des critères cliniques (érythème malaire, alopécie..) et des critères immunologiques et histologiques (biopsie cutanée). Il existe par ailleurs de nombreuses situations où l’on observe l’apparition d’auto anticorps non spécifiques, en particulier induites par un traitement (anti-arythmiques, antihypertenseurs, anticonvulsifs, antithyroïdien, antibiotiques (isoniazide, rifampicine)…), dans des maladies infectieuses ou dans les affections néoplasiques. Dans le cas du lupus induit ; il s’agit surtout de signes généraux et d’arthrite et rarement d’atteinte cutanée, rénale ou neurologique. L’arrêt du médicament inducteur entraine la disparition des signes cliniques en quelques semaines

- La polyarthrite rhumatoïde

Ce rhumatisme inflammatoire peut d’emblée toucher de façon symétrique la plupart des articulations périphériques. Il est à évoquer typiquement chez la femme d’âge moyen présentant une polyarthrite bilatérale symétrique avec un syndrome inflammatoire biologique, un facteur rhumatoïde et ou des ACPA positifs et plus tardivement en présence de lésions radiologiques [12].

- Les spondyloarthrites : Surtout devant le syndrome enthésique diffus

Ces atteintes inflammatoires touchent essentiellement le rachis, les sacro-iliaques et les enthèses. Elles s’expriment plus rarement sous la forme d’oligoarthrites.

Il existe souvent (mais pas toujours) un syndrome inflammatoire biologique. La présence de l’antigène HLA B27 augmente la probabilité du diagnostic. [1,4]

- La pseudopolyarthrite rhizomélique :

Son diagnostic est difficile compte tenu du fait qu’il s’agit d’un syndrome et non d’une maladie. La démarche diagnostique doit donc se faire sur plusieurs étapes : il faut tout d’abord rechercher la présence de critères positifs notamment l’âge >50 ans, l’atteinte de

la ceinture scapulaire et ou de la ceinture pelvienne, une raideur matinale prolongée avec un syndrome inflammatoire biologique. Par la suite, il faut recherche la présence de critères d’exclusion et à la fin utiliser une corticothérapie tout en évaluant la réponse des malades [13].

arthrose

L’arthrose des articulations périphériques (doigts, genoux et hanches), les atteintes dégénératives des épaules (coiffe des rotateurs) et péri-articulaire des hanches, les remaniements dégénératifs d’origine discale et arthroses du rachis sont très fréquentes à partir de l’age de 60 ans. Lorsqu’un patient présente une polyarthrose, il souffre de douleurs diffuses.

Le diagnostic des rhumatismes dégénératifs est essentiellement clinique, confronté par les données radiologiques.

myopathies

- Les myosites inflammatoires (polymyosite/dermatomyosite) [14]. Elles sont à évoquer devant des myalgies diffuses aiguës ou subaiguës, elles sont caractérisées par une faiblesse musculaire qui se développe habituellement sur plusieurs semaines à plusieurs mois. Le déficit moteur est typiquement de type myogène touchant la musculature striée de façon bilatérale symétrique et non sélective ; il débute et prédomine sur les muscles proximaux, notamment sur les ceintures scapulaires et surtout pelviennes, avec parfois une dysphagie, signes cutanés et élévation des CPK.

Il faut se méfier d’une origine paranéoplasique. L’IRM et la biopsie musculaires sont d’un grand apport diagnostique, avec la recherche de certains anticorps antinucléaires solubles (profil myosite).D’autres myosites peuvent survenir au cours des connectivites, de la sarcoïdose, et d’infections virales. La myosite à inclusions est un diagnostic fait par la biopsie musculaire.Les manifestations articulaires sont également notées chez 15 à 30% des patients ; il s’agit surtout d’arthralgie inflammatoire le plus souvent oligo-articulaire.

- Les myopathies métaboliques (glycogénoses, lipidoses, déficits de la chaîne respiratoire mitochondriale): elles sont suspectées dans un contexte familial parfois évocateur, devant des myalgies accompagnées d’un syndrome d’intolérance musculaire à l’effort (accès douloureux récidivants survenant au cours ou au décours immédiat de l’effort, avec parfois une rhabdomyolyse aiguë) [4].

- Les myopathies iatrogènes : En pratique, devant des

(6)

myalgies diffuses, il faut surtout penser à une origine iatrogène. De nombreux médicaments peuvent être incriminés : en premier lieu les hypolipémiants dont les statines. Les facteurs de risque de myotoxicité sont l’hypo albuminémie, l’hypothyroïdie, l’insuffisance rénale, les posologies élevées, et l’association d’hypolipémiants.

Des médicaments comme les fluoroquinolones peuvent également être responsables de douleurs tendineuses [15].

Pathologies malignes

- Les douleurs sont le principal symptôme révélateur des métastases osseuses. Elles peuvent être osseuses ou radiculaires. La douleur est d’apparition progressive, d’intensité croissante, sans rémission nette, souvent de type inflammatoire, insomniante et rebelle aux antalgiques classiques. Le diagnostic est posé sur les données de la radiographie standard, la TDM et/ou l’IRM pouvant guider les biopsies [16].

- Les hémopathies malignes peuvent être également la source d’algies diffuses. Il s’agit essentiellement de myélome multiple et plus rarement de lymphomes ou de leucémies. Il faut l’évoquer devant la présence de signes systémiques tels qu’une fièvre ou un syndrome inflammatoire biologique persistant [17,18].

- Enfin, plus rarement, des douleurs sont observées dans le cadre de syndromes paranéoplasiques : ostéopathie hypertrophiante pneumique, hyperparathyroïdie secondaire, neuropathies périphériques ou dans le cadre d’infiltration méningée tumorale [1].

endocrinopathies et les troubles métaboliques [1,4]

Les endocrinopathies responsables d’un syndrome polyalgique sont le plus souvent thyroïdiennes (hypothyroïdie), qu’on doit évoquer devant la présence d’asthénie, de frilosité. Le dosage de TSH fait le diagnostic. Plus rarement, les hyperparathyroïdies ou l’insuffisance surrénalienne sont diagnostiquées à l’occasion d’un syndrome polyalgique.

La carence oestrogénique est associée à une exacerbation des douleurs rhumatismales et à des arthralgies.

L’hémochromatose génétique peut également se révéler par des algies non systématisées et des douleurs des articulations métacarpophalangiennes (signe de la

«poignée de main douloureuse»).

ostéomalacie

Les manifestations cliniques d’un déficit en vitamine D sont essentiellement musculosquelettiques. L’ostéomalacie

est associée à des douleurs osseuses généralisées ou localisées. Classiquement, ces douleurs sont diffuses, symétriques, débutent dans la région lombaire puis s

»étendent au bassin et aux cuisses. Des douleurs costales peuvent être également observées. Elle peut aboutir aussi à une faiblesse musculaire proximale pouvant engendrer une démarche avec des mouvements de bascules latérale type « démarche de pingouin», démarche dandinante ou Waddling gate [19,20].

origine neurologique

Les neuropathies périphériques sont à évoquer d’abord : liées à l’alcool, au diabète, par carence vitaminique, secondaires à l’amylose, médicamenteuses, ou paranéoplasiques.

Parmi les causes centrales, citons la sclérose en plaques, les myélopathies cervicales, et le syndrome neuro- anémique par carence en vitamine B12 (possible en l’absence d’anémie de Biermer).

Certaines pathologies strictement motrices en principe peuvent s’accompagner de douleurs, comme la maladie de Parkinson, la sclérose latérale amyotrophique (crampes), et même la myasthénie [4].

syndromes somatiques fonctionnels

- La fibromyalgie : qui est un syndrome rhumatismal caractérisé par un état douloureux musculosquelettique diffus évoluant de façon chronique associé à une fatigue, un dérouillage matinal, des troubles du sommeil et de l’humeur et la présence de zones douloureuses caractéristiques à la palpation ainsi que divers autres symptômes. C’est une affection fréquente mais encore largement méconnue par les médecins avec une physiopathologie toujours mystérieuse. Le diagnostic est cependant très facile et repose uniquement sur la clinique (palpation des points gâchettes siégeant sur les insertions tendineuses).La fibromyalgie n’est pas un diagnostic d’élimination ; elle peut coexister avec toute autre pathologie [21].En 2010, l’ACR a développé de nouveaux critères pour le diagnostic de fibromyalgie, en faisant plus appel à la recherche de ces points gâchettes mais reposant sur un index de douleur généralisée déterminé avec une liste de 19 zones et couplé à une échelle de sévérité des symptômes associés [22] (Figure 2 et Tableau 3).

- Syndrome de fatigue chronique : appelé également l’encéphalomyélite myalgique. Il correspond à un état de fatigue persistant extrême intense, apparaissant soudainement chez une personne jusque la en bonne santé et non dépressive. Il touche essentiellement les adultes jeunes entre 20 et 40 ans avec une prédominance

(7)

féminine et apparait le plus souvent après une infection virale ou bactérienne ; une fois la maladie guérie, la fatigue persiste. Il associe des troubles de la mémoire à court terme, des douleurs musculaires et des douleurs articulaires [23].

syndrome d’hypermobilité articulaire [1,4]

Il est caractérisé par une mobilité articulaire exagérée.

Il peut, dans certains cas être associé à une maladie du tissu conjonctif type Ehlers-Danlos. Des douleurs diffuses sont présentes avec une évolution plus rapide vers l’arthrose. En cas d’Ehlers-Danlos, il existe une hyperextensibilité du tissu cutané, fragile, volontiers siège de cicatrices, des ecchymoses, parfois des anomalies vasculaires et cardiaques.

origine psychiatrique [4]

La dépression, souvent, mais pas constamment, associée aux syndromes fonctionnels cités plus haut, est une cause fréquente de douleurs somatiques mal systématisées, accompagnées d’asthénie, d’anhédonie, de ralentissement (mais pas toujours de tristesse).

Les troubles anxieux donnent des symptômes souvent attribuables à l’hyperventilation, tels que les paresthésies et les douleurs thoraciques en « piquées ».

traitement

Le but du traitement est de soulager la douleur dans le délai le plus court possible d’autant plus qu’il s’agit de la cause qui amène le patient à consulter. Il comporte deux volets : symptomatique et étiologique.

traitement symptomatique

Il fait appel à des moyens pharmacologiques qui comportent en plus de l’échelle à trois paliers de l’OMS;

outil utile pour hiérarchiser les antalgiques en fonction de l’intensité et du retentissement socioprofessionnel de la douleur, les antiépileptiques et les antidépresseurs.

Ces deux derniers ont démontré leur place

essentiellement dans la douleur neuropathique. Quant aux antidépresseurs, leur place a été également prouvée dans le traitement de la fibromyalgie. D’autres moyens peuvent être également utilisés notamment les corticoïdes grâce à leur effet anti-inflammatoire et les myorelaxants.

Les moyens non pharmacologiques telle la rééducation fonctionnelle, la physiothérapie antalgique (effet sédatif et décontracturant musculaire), les massages, la neurostimulation électrique transcutanée (TENS), les thérapies cognitives et comportementales ainsi que les techniques de relaxation sont également utiles notamment en cas de fibromyalgie.

Zones douloureuses 0-19

Echelle de sévérité

Fatigue

Troubles du sommeil Troubles cognitifs Symptômes somatiques

0-3 0-3 0-3

0-3 0-12

Tableau 3 : Scores de diagnostic et d’évaluation de la fibromyalgie selon les nouveaux critères de l’ACR 2010: un score ≥13 a été retenu comme critère de base pour le diagnostic de la fibromyalgie [21]

Figure 2 : Zones douloureuses dans la fibromyalgie selon les nouveaux critères ACR 2010 : Nuque • Ceinture scapulaire droite et gauche • Région dorsale • Région lombaire • Thorax • Abdomen • Articulations temporomandibulaires droite et gauche

• Bras droit et gauche • Avant-bras droit et gauche • Hanches (trochanter-fesse) droite et gauche • Cuisses droite et gauche • Jambes droite et gauche [21].

(8)

Interrogatoire : caractéristiques des douleurs

Début aigu ou subaigu, de date identifiable (vs douleur chronique, de début imprécis)

• Douleur nociceptive vs neuropathique

• Evolution (si aggravation rapide)

• Horaire (si horaire inflammatoire)

• Topographie : articulaire, osseuse, musculaire, tendineuse, systématisation neurologique

• Facteurs d’aggravation et de soulagement (en faveur d’un rhumatisme inflammatoire si douleurs sensibles aux AINS, inefficaces dans la fibromyalgie).

Interrogatoire : contexte

• Prise de médicaments

• Pathologies connues, particulièrement néoplasiques

• Altération de l’état général (anorexie, amaigrissement)

Examen clinique

• Examen ostéo-articulaire anormal (arthrites, synovites, déformations articulaires, etc.)

• Examen neurologique anormal (déficit musculaire, douleurs neuropathiques, anomalies des réflexes ostéotendineux, troubles de l’équilibre, etc.)

• Anomalies de l’examen cutané (purpura, livedo, éruption du visage ou des mains, etc.)

• Organomégalie, adénopathies.

Examens biologiques de première intention

si anormaux, en particulier si syndrome inflammatoire biologique

Tableau 4 : Drapeaux rouges face à des polyalgies [4]

traitement étiologique

Il dépend de l’orientation clinique et des résultats des examens complémentaires. Il fait appel à plusieurs moyens thérapeutiques notamment les antiviraux dans le cas des infections virales, l’antibiothérapie si le clinicien est orienté vers une origine bactérienne, le méthotrexate, la sulfasalazine, les antipaludéens de synthèses voire une biothérapie en cas de maladies auto-immune ou de rhumatisme inflammatoire, les anti-arthrosiques, la chimiothérapie en cas de pathologie maligne.

conclusion

En raison de la multiplicité des terrains et des étiologies, il n’est guère possible de définir un algorithme diagnostique face à la plainte de douleur diffuse. Certains symptômes, signes cliniques, ou éléments de contexte doivent donner l’alerte (« drapeaux rouges ») (Tableau 4) et pousser à poursuivre les investigations à la recherche d’une cause organique.

Déclaration D’intérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.

(9)

réFérences

1. Gayraud M. Conduite à tenir devant des polyalgies. EMC-Traité de Médecine Akos 2012 ;7(4) :1-5

2. Calvino B. Les bases neurales de la douleur. Psychol NeuroPsychiatr Vieil 2006 ;4(1) :7-20

3. White KP, Harth M. The occurrence and impact of generalized pain. Baillières Clin Rheumatol 1999;13:379-89

4. Cathébras P, Roblès A, Vergnou D, Gindre H, Weber E, Chalayer E. Algies diffuses : que faire ?. LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE 2012 ; 26(892) :867-72

5. Finckh A. Stratégies diagnostiques en présence de douleurs diffuses. Rev Med Suisse 2007 ;3 : 1562-8

6. Reilly PA. The differentiel diagnosis of generalized pain. Baillières Clin Rheumatol 1999;13: 391-401

7. Leclercq I, Manuguerra J-C. Grippe.EMC- Maladies infectieuses 2013;10(3):1-19

8. Laurain A, Vallet-Pichard A, Corouge M, Pol S. Hépatites virales.

EMC- Maladies infectieuses 2016 ;13(2) :1-22

9. Righi N, Slimani S, Mansouri OK, Badla Y, Aithamouda R.

Manifestations rhumatismales du virus de l’immunodéficience humaine. Rev Mar Rhum 2015 ;31 :27-33

10. Hatchette TF, Davis I, Johnston BL. La maladie de Lyme: diagnostic Clinique et traitement. RMTC 2014 ;40(11) :215-31

11. Guerne P-A. Manifestations ostéo-articulaires dans les connectivites.

Rev Med Suisse 2013 ;9 : 542-8

12. Machado P, Castrejon I, Katchamart W, et al. Multinational evidence-based recommendations on how to investigate and follow-up undifferentiated peripheral inflammatory arthritis:

integrating systematic literature research and expert opinion of a broad international panel of rheumatologists in the 3E Initiative.Ann

Rheum Dis 2011;70:15-24.

13. De Bandt M. Pseudopolyarthrite rhizomélique et maladie de Horton. EMC-Appareil locomoteur 2014 ;9(3) :1-14 14. Cherin P. Myosites.Traité de Médecine Akos 2011;6(3):1-11 15. Cardon T. Diagnostic des algies diffuses. Rev Rhum 2003; 70:288-91.

16. Durand J-P, Karoubi M, Anract P, Goldwasser F. Métastases osseuses: prise en charge multidisciplinaire, approche diagnostique et thérapeutique. EMC- Appareil locomoteur 2012 ;7(4) :1-15 17. Roux S . Manifestations ostéo-articulaires des hémopathies malignes

(myélome exclu). EMC-Appareil locomoteur 2015 ;10(1) :1-7 18. Cairoli A, Duchosal MA. Myélome multiple : diagnostic et perspectives

thérapeutiques. Forum Med Suisse 2013 ;13(38) :746-51 19. Lafage-Proust M.H. Ostéomalacies.EMC- Appareil locomoteur

2013 ;8(3) :1-17

20. Amstretz V, Cornuz J, Krieg M-A, Favrat B. Vitamine D : actualités et recommandations. Rev Med Suisse 2011 ;7 : 2332-38

21. El Maghraoui A. Diagnostic et prise en charge de la fibromyalgie.

Rev Mar Rhum 2016 ; 35 :16-20

22. Wolfe F, Clauw DJ, Fitzcharles MA et al. The American College Of Rheumatology preliminary diagnostic criteria for fibromyalgia and measurement of symptom severity. Arthritis Care and research 2010;62:600-10

23. Shephard RJ. Chronic Fatigue Syndrome: an update. Sports Med 2001 ;31(3) :167-194

Références

Documents relatifs

L’examen à l’encre de chine permet de mettre en évidence la capsule de Cryptococcus neoformans (peut ne pas exister chez certaines souches d’où l’intérêt de la culture

Examen microscopique du culot : Mettre une goutte du culot urinaire entre lame et lamelle et examen au grossissement x10 et x40.. Résultats : Un œuf embryonné ovoïde à coque mince,

d'endométriose par la mise en évidence d'un contenu hématique dans les formations kystisées de la région du canal de Nück d'un hypersignal T1 persistant après suppression du

La démarche diagnostique et thérapeu- tique proposée est résumée dans la figure 1.Chez un patient présentant un tableau clinique évocateur d’une iléite associée à

• Savoir reconnaitre et prendre en charge des vomissements cycliques idiopathiques.. • Savoir reconnaitre des

Agitation dont l’étiologie est organique: Le traitement doit être prioritairement étiologique quand la cause est somatique et qu’il existe un traitement curatif

Une recherche des facteurs de risques cardio-vasculaires, rénaux ou d’autres comorbidités métaboliques doit être réalisée de manière systématique, étant donné les liens

Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est caractérisé par une diminution signi- ficative du flux respiratoire